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La Société des affects — Frédéric Lordon


Gio

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Hop !

 

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J'ai l'impression que Lordon est en train de devenir la nouvelle coqueluche des socialistes. Quelqu'un a lu ce nouveau livre ?

 

L’économiste et philosophe Frédéric Lordon déploie une critique radicale de la pensée libérale et du capitalisme financier depuis près de vingt ans. Il éclaire encore notre époque dans un nouveau livre ambitieux, “La Société des affects”.
 
Economiste, philosophe, sociologue, dramaturge… Frédéric Lordon circule aisément entre plusieurs statuts, manie les mots, concepts, idées ou chiffres en choisissant de les décupler dans un même geste plutôt que de les découper en sous-catégories rigides. Un dramaturge espiègle se cache chez le sociologue objectif, un philosophe classique éclaire l’économiste hétérodoxe. En assumant de jouer avec les frontières figées du théâtre de la pensée, en revendiquant la nécessité de ne pas céder au didactisme simplificateur exigé par la sphère médiatique, Frédéric Lordon reste un intellectuel aussi discret que central dans le paysage de la pensée.
 
A la mesure de sa rareté, sa parole médiatique fait pourtant à chaque fois du bruit et titille ses ennemis, dont beaucoup d’économistes écoutés dans les antichambres du pouvoir. Un passage éclair sur le plateau de Ce soir (ou jamais !) au moment de la crise des subprimes, quelques interventions dans des documentaires (Les Nouveaux Chiens de garde…) et des émissions sur internet (Arrêtsurimages.net), des prises de parole dans des journaux (dans Marianne, face à Emmanuel Todd, il y a quelques semaines…) ont révélé la puissance iconoclaste de ses visions à un public plus large que celui des arides travaux universitaires. Il suffirait pourtant de se plonger dans ses livres pour mesurer combien sa pensée touche à des questions essentielles nous concernant tous. De Fonds de pension, piège à cons ? (2000) à D’un retournement l’autre – Comédie sérieuse sur la crise financière, en quatre actes et en alexandrins (2013) en passant par Et la vertu sauvera le mondeAprès la débâcle financière, le salut par ‘l’éthique’ ? (2003) ou Jusqu’à quand ? Pour en finir avec les crises financières (2008), tous ses essais déconstruisent magistralement les règles du capitalisme financiarisé.
 
La singularité de son analyse critique du capitalisme actionnarial et des marchés financiers repose sur ses références répétées à la philosophie de Spinoza, dont les fondamentaux lui servent à penser son époque autant que ceux de Foucault, Mauss, Durkheim ou Bourdieu. Une passion spinoziste qui se déploie dans des recherches sur l’autonomie, la confiance, le statut de l’étranger, le conflit, la précarité, le don, le care…
 
Son nouvel essai, sous la forme d’un manifeste théorique d’explication du monde social, La Société des affects – Pour un structuralisme des passions, porte la marque de cette affection particulière pour le philosophe hollandais du XVIIe siècle. D’emblée, Frédéric Lordon avance que “la société marche aux désirs et aux affects” mais en reconnaissant que, paradoxalement, “les sciences sociales ont un problème avec le désir et les affects”. Construites comme sciences des faits sociaux, et non des états d’âme, elles portent une méfiance légitime envers toute forme de psychologie sentimentale. Pourtant, depuis quelques années, le paysage des sciences sociales vit “un tournant émotionnel”. Nous redécouvrons les émotions, le sujet fait son retour, l’individu est remis au coeur du paysage politique : on s’intéresse à nouveau à ses sentiments après avoir décortiqué ses actions ou ses discours.
 
Or, selon Lordon, ce regain d’intérêt est ambivalent, en ce qu’il masque la puissance des structures et des institutions, qui comptent autant que les affects dans la compréhension de nos actes, gestes et pensées. “Les affects ne sont pas autre chose que l’effet des structures dans lesquelles les individus sont plongés”, précise-t-il, en reliant Spinoza à l’autre penseur-clé de son système analytique, Pierre Bourdieu. Le “structuralisme des passions”, dont il trace les lignes théoriques tout au long du livre, émerge de cette tension entre le concept de conatus de Spinoza et celui d’habitus de Bourdieu. Le conatus de Spinoza désigne précisément les énergies désirantes individuelles, les affects qui mettent les corps en mouvement, déterminés à accomplir des choses particulières. Pour Bourdieu, à l’inverse, parler de désirs et d’affects, c’était aller trop loin dans “la détorsion subjectiviste de l’excès objectiviste”. La plupart des choses extérieures qui nous affectent et nous meuvent sont d’abord sociales, souvent conflictuelles. Les individus ne se comportent que dans les rapports sociaux où ils sont pris. “Il y a des structures, et dans les structures, il y a des hommes passionnés ; en première instance, les hommes sont mus par leurs passions ; en dernière analyse, leurs passions sont largement déterminées par les structures.” Ce sont les structures qui descendent dans la rue, disait-on en mai 68 : Lordon affirme, lui, que “ce sont bien des corps individuels désirants qui y descendent”, mais en ajoutant malicieusement qu’“ils n’y descendent que pour avoir été affectés adéquatement dans et par les structures, c’est-à-dire, et ceci sans aucun paradoxe, qu’ils y descendent pour s’en prendre aux structures qui les y ont fait descendre – parce qu’elles ont fini par se rendre odieuses.
 
Méfions-nous donc de la croyance naturelle dans la force de la volonté individuelle, détachée du contexte dans lequel elle s’inscrit. La vertu n’appartient pas aux individus, prévient Lordon, “elle est l’effet social d’un certain agencement des structures et des institutions telles qu’elles configurent des intérêts affectifs au comportement vertueux”. L’exemple le plus éclairant de cette ambivalence de la vertu individuelle renvoie à la fameuse moralisation de la finance, promise par nos dirigeants depuis cinq ans.
 
Il fallait croire à la Pentecôte ou à la communion des saints pour imaginer qu’un univers comme la finance, structuralement configuré pour maximiser les intérêts matériels (et symboliques) au gain spéculatif, pût connaître une régulation spontanée par la vertu, observe Lordon. A part l’hypothèse de la sainteté, comment imaginer demander aux individus de la finance de réfréner d’eux-mêmes leurs ardeurs spéculatives quand tout dans leur environnement les incite à s’y livrer sans frein ? (…) La moralisation est le nom choisi par l’industrie financière pour reconduire le statu quo ; dans un univers aux intérêts aussi puissamment structurés, la moralisation est l’autre nom du rien, le choix même de l’inanité politique.
 
Seul un geste d’arraisonnement brutal – réglementaire, légal et fiscal –, et non des contre-feux individuels, pouvait mettre un terme au fléau de la finance toute puissante.
 
C’est aussi pourquoi Lordon critique les fauxsemblants de la supposée “radicalité” souvent invoquée dans la lutte contre le néolibéralisme : la vraie radicalité (prendre les choses à la racine) antilibérale consiste moins, selon lui, à prôner la nationalisation des banques qu’à “s’en prendre à la matrice inscrite au plus profond de nos esprits, celle que nous transportons en toute inconscience”. Autant dire que la tâche semble rude. En associant, dans un même élan de pensée, le jeu des affects et la force des ordres institutionnels, en réconciliant les sciences sociales et la philosophie, Frédéric Lordon ne cède ni à la facilité scientifique de l’analyse frontale, ni à l’allégresse politique des grands soirs. Jamais dupe des ruses de la raison néolibérale, il n’a que la lucidité et la clairvoyance comme garde-fous contre les affects tristes et les afflictions de la crise. Lire Lordon, c’est aussi se préserver des égarements du politique, des pièges à cons, des fausses évidences.

http://www.lesinrocks.com/2013/08/24/actualite/societe-affects-en-finir-capitalisme-11419630/

 

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"Il fallait croire à la Pentecôte ou à la communion des saints pour imaginer qu’un univers comme la finance, structuralement configuré pour maximiser les intérêts matériels (et symboliques) au gain spéculatif, pût connaître une régulation spontanée par la vertu, observe Lordon."

Lol. La régulation, elle se fait par le tribunal ou/et par la faillite. Evidemment, quand on donne la liberté sans responsabilité...

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T'es en train de répondre à un mec qui confond libéralisme et loréalisme et pour qui le libéralisme s'arrête à liberter de remplir son portefeuille quitte à emmerder les autres. Un gars qui n'a sans doute jamais lu un seul libéral de sa vie à part dans la bouche de Naomi Klein.

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Lordon a déjà un style pénible d'éditorialiste du XIXe siècle qui le disqualifie en partie. 

Ensuite j'ai l'impression que ses raisonnements et ses théories tiennent bien plus d'une tentative littéraire (médiocre) que scientifique, il rencontre un vrai succès mais pas auprès des spécialistes je pense.

Sinon il a toujours refusé le débat, je ne suis pas sur que ce soit pour de bonnes raisons (il y en a), ce qu'il lui faut c'est qu'on lui déroule le tapis rouge et qu'il puisse lancer sa rhétorique sans interruption, il me fait presque penser à Soral dans sa capacité à parler sans s'arrêter. 

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Un gars qui n'a sans doute jamais lu un seul libéral de sa vie à part dans la bouche de Naomi Klein.

Il est économiste de profession, il doit bien avoir connu ça quelque part.

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Il est économiste de profession, il doit bien avoir connu ça quelque part.

Haha, doux rêveur.

 

La fac est blindée de profs d'économie qui pensent que le libéralisme se résume à la théorie néoclassique, à l'homo œconomicus et à Milton Friedman.

 

Lorsque j'ai présenté mon mémoire sur la pensée hayékienne un des profs a trouvé ça "très intéressant, surtout que je ne connaissais pas du tout ce qu'avait fait Hayek".

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Lordon a déjà un style pénible d'éditorialiste du XIXe siècle qui le disqualifie en partie. 

Ensuite j'ai l'impression que ses raisonnements et ses théories tiennent bien plus d'une tentative littéraire (médiocre) que scientifique, il rencontre un vrai succès mais pas auprès des spécialistes je pense.

Sinon il a toujours refusé le débat, je ne suis pas sur que ce soit pour de bonnes raisons (il y en a), ce qu'il lui faut c'est qu'on lui déroule le tapis rouge et qu'il puisse lancer sa rhétorique sans interruption, il me fait presque penser à Soral dans sa capacité à parler sans s'arrêter. 

 

Fagotto, pourquoi, à vos yeux, son style littéraire disqualifie le contenu de sa pensée ? Étonnant comme argument. Ensuite j'aimerais beaucoup que vous nous fassiez un démontage des concepts que Frédéric Lordon utilise dans son livre, et ce de manière rigoureuse et "scientifique", puisque c'est ce que "vous avez l'impression" de lui reprocher. Manifestement l'apparence vous suffit à vous faire une idée des choses.

Concernant son refus à débattre, je partage en partie votre regret, si regret il y a. J'aimerais beaucoup le voir à Cdanslair remettre un peu de pluralité là où les opinions populaires se fabriquent. Mais il faut également comprendre que le format de toutes ses émissions de "débats" ne met pas tout le monde sur un même pied d'égalité. Frédéric Lordon l'a très bien compris et c'est en partie pourquoi il refuse d'y aller. Lorsque le temps de parole est très limité, ce qui est le cas pour l'exemple de Cdanslair, l'avantage est pour celui qui partage le plus les préjugés de son temps, qui utilise le vocabulaire utilisé dans le débat public et qui n'a pas besoin de le remettre en question. Ainsi il peut dérouler tout naturellement son argumentation sans que cela choque personne, et même en faisant preuve d'un certain bon sens. Le problème qui se poserait à frédéric Lordon serait qu'il aurait, avant toute chose, à discuter les termes même du débat. Je vous laisse imaginer le temps qu'il faut pour déconstruire de façon rigoureuse et claire des idées qui façonnent la société depuis des décennies. C'est pourquoi "lancer sa rhétorique sans interruption" est une nécessité pour ceux qui ne partagent pas les postulats communément utilisés dans le débat public. Donc si vous êtes sensibles à la valeur "d'honnêteté intellectuelle", il me semble que vous devriez revoir votre copie Fagotto.

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La fac est blindée de profs d'économie qui pensent que le libéralisme se résume à la théorie néoclassique, à l'homo œconomicus et à Milton Friedman.

Mieux que rien, c'est un début.

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Fagotto, pourquoi, à vos yeux, son style littéraire disqualifie le contenu de sa pensée ? Étonnant comme argument. Ensuite j'aimerais beaucoup que vous nous fassiez un démontage des concepts que Frédéric Lordon utilise dans son livre, et ce de manière rigoureuse et "scientifique", puisque c'est ce que "vous avez l'impression" de lui reprocher. Manifestement l'apparence vous suffit à vous faire une idée des choses.

Concernant son refus à débattre, je partage en partie votre regret, si regret il y a. J'aimerais beaucoup le voir à Cdanslair remettre un peu de pluralité là où les opinions populaires se fabriquent. Mais il faut également comprendre que le format de toutes ses émissions de "débats" ne met pas tout le monde sur un même pied d'égalité. Frédéric Lordon l'a très bien compris et c'est en partie pourquoi il refuse d'y aller. Lorsque le temps de parole est très limité, ce qui est le cas pour l'exemple de Cdanslair, l'avantage est pour celui qui partage le plus les préjugés de son temps, qui utilise le vocabulaire utilisé dans le débat public et qui n'a pas besoin de le remettre en question. Ainsi il peut dérouler tout naturellement son argumentation sans que cela choque personne, et même en faisant preuve d'un certain bon sens. Le problème qui se poserait à frédéric Lordon serait qu'il aurait, avant toute chose, à discuter les termes même du débat. Je vous laisse imaginer le temps qu'il faut pour déconstruire de façon rigoureuse et claire des idées qui façonnent la société depuis des décennies. C'est pourquoi "lancer sa rhétorique sans interruption" est une nécessité pour ceux qui ne partagent pas les postulats communément utilisés dans le débat public. Donc si vous êtes sensibles à la valeur "d'honnêteté intellectuelle", il me semble que vous devriez revoir votre copie Fagotto.

 

Son (mauvais) style littéraire me parait aller contre la clarté requise pour ce genre d'essai, article etc...

Son refus du débat n'est à mon avis pas seulement pour des raisons éthiques, je crois qu'il aime surtout se monter la tête sans prendre en compte la contradiction.

Ensuite là pour nous expliquer le moral hazard de la finance soit une notion économique assez simplement démontrée par une foultitude d'analyse libérale, il se sent obliger de monter un système sociologique complet inspiré à la fois par Spinoza (!) et par Bourdieu. De la part d'un keynésio-marxiste (c'est à dire inspiré par deux théories qui ne marchent pas) pour que son truc soit valable il faudrait que ce soit un génie, la probabilité est faible, donc à mon avis c'est un escroc.

(Et sinon on doit bien trouver sur ce forum un démontage d'un de ses articles)

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(Et sinon on doit bien trouver sur ce forum un démontage d'un de ses articles)

A ma connaissance non. Personne ne semble le prendre au sérieux et ne juge Lordon comme suffisamment "dangereux". Je pense que c'est une erreur.

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Fagotto, pourquoi, à vos yeux, son style littéraire disqualifie le contenu de sa pensée ? Étonnant comme argument. Ensuite j'aimerais beaucoup que vous nous fassiez un démontage des concepts que Frédéric Lordon utilise dans son livre, et ce de manière rigoureuse et "scientifique", puisque c'est ce que "vous avez l'impression" de lui reprocher. Manifestement l'apparence vous suffit à vous faire une idée des choses.

Concernant son refus à débattre, je partage en partie votre regret, si regret il y a. J'aimerais beaucoup le voir à Cdanslair remettre un peu de pluralité là où les opinions populaires se fabriquent. Mais il faut également comprendre que le format de toutes ses émissions de "débats" ne met pas tout le monde sur un même pied d'égalité. Frédéric Lordon l'a très bien compris et c'est en partie pourquoi il refuse d'y aller. Lorsque le temps de parole est très limité, ce qui est le cas pour l'exemple de Cdanslair, l'avantage est pour celui qui partage le plus les préjugés de son temps, qui utilise le vocabulaire utilisé dans le débat public et qui n'a pas besoin de le remettre en question. Ainsi il peut dérouler tout naturellement son argumentation sans que cela choque personne, et même en faisant preuve d'un certain bon sens. Le problème qui se poserait à frédéric Lordon serait qu'il aurait, avant toute chose, à discuter les termes même du débat. Je vous laisse imaginer le temps qu'il faut pour déconstruire de façon rigoureuse et claire des idées qui façonnent la société depuis des décennies. C'est pourquoi "lancer sa rhétorique sans interruption" est une nécessité pour ceux qui ne partagent pas les postulats communément utilisés dans le débat public. Donc si vous êtes sensibles à la valeur "d'honnêteté intellectuelle", il me semble que vous devriez revoir votre copie Fagotto.

 

Un mec qui a besoin d'exposer son glossaire personnel et sa manière de raisonner avant de devoir s'exprimer est soit un génie de rupture absolu (profil extrêmement rare, disons moins d'un sujet par siècle et par planète), soit un tocard gourou de secte en puissance. Ce Lordon a l'air d'appartenir clairement à la seconde catégorie. Comme dit plus haut, je me suis renseigné sur les écrits du bonhomme, j'avoue avoir du mal à bien saisir de quoi il parle. Il est économiste pour de vrai ce monsieur?

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Il est économiste de profession,

 

Pipoconomiste.

 

Lordon, ouvertement communiste, est régulièrement invité dans des médias neutres (comme l’Humanité ou Bellacio) à dire tout le bien qu’il pense de l’économie de marché, du capitalisme et de l’économie en général, passés par sa fine grille d’analyse collectiviste qui lui permet une objectivité à toute épreuve. On comprendra que tout ce qu’il dit sera à prendre avec les restrictions d’usage sur n’importe quel produit toxique dont l’utilisation ou la mise en application provoque systématiquement des morts par millions.

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On comprendra que tout ce qu’il dit sera à prendre avec les restrictions d’usage sur n’importe quel produit toxique dont l’utilisation ou la mise en application provoque systématiquement des morts par millions.

Je pense que ce serait quand même bien de lui répondre, de réfuter ses arguments.

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J'ai l'impression que Lordon est en train de devenir la nouvelle coqueluche des socialistes. Quelqu'un a lu ce nouveau livre ?

 

 

 

Ça me fait penser à du Michel Clouscard, un vieux coco qui fondait aussi sa critique du capitalisme sur les désirs, les passions.

 

 

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Ça me fait penser à du Michel Clouscard, un vieux coco qui fondait aussi sa critique du capitalisme sur les désirs, les passions.

Lordon appuie ses théories sur Spinoza. (Je crois d'ailleurs que le terme affect est directement emprunté à Spinoza.)

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Son (mauvais) style littéraire me parait aller contre la clarté requise pour ce genre d'essai, article etc...

Son refus du débat n'est à mon avis pas seulement pour des raisons éthiques, je crois qu'il aime surtout se monter la tête sans prendre en compte la contradiction.

Ensuite là pour nous expliquer le moral hazard de la finance soit une notion économique assez simplement démontrée par une foultitude d'analyse libérale, il se sent obliger de monter un système sociologique complet inspiré à la fois par Spinoza (!) et par Bourdieu. De la part d'un keynésio-marxiste (c'est à dire inspiré par deux théories qui ne marchent pas) pour que son truc soit valable il faudrait que ce soit un génie, la probabilité est faible, donc à mon avis c'est un escroc.

(Et sinon on doit bien trouver sur ce forum un démontage d'un de ses articles)

 

Merci pour ta réponse,

1) Que son style ne te paraisse pas claire je veux bien le comprendre, mais en déduire pour cela que c'est du sophisme, ça reste à démontrer par des arguments, pas par des jugements gratuits. Sinon comment veux tu convaincre ?

 

2) Tu as raison, son refus du débat n'est pas pour des raisons éthiques. C'est pour des raisons d'efficacité. Ce problème du "débat" est un vrai problème qui doit être pensé en tant que tel. Pour cela il faut faire un détour par un des aspects de sa pensée qu'il développe dans cet ouvrage (la société des affects). 

 

Qu'on le veuille ou non, qu'on en ait conscience ou pas, nos pensées et nos théories (en sciences sociales) ont des axiomes qui prennent naissances dans une vision de l'homme (anthropologie) et du monde (métaphysique). Et comme pour tout, il vaut mieux en avoir conscience et l'assumer, plutôt que de se cacher derrière une prétendue neutralité ou objectivité hors d'atteinte. C'est pourquoi Frédéric Lordon, à la manière de Spinoza, Nietzsche, etc, tente de sonder les présupposés présents dans les pensées néolibérales. Celles-ci prennent leurs sources dans une philosophie du "sujet", cad qu'elle prenne comme modèle anthropologique un homme souverain et auto-déterminé, qui serait un "empire dans un empire" pour reprendre la phrase de Spinoza. Et c'est bien ce présupposé que conteste Frédéric Lordon, et il s'appuie sur la philosophie de Spinoza, la plus anti-subjectiviste qui soit, pour pouvoir déconstruire ce mythe de l'homme ontologiquement suffisant, de l'individu (au sens étymologique, indivisible), de cet homme qui possède ce fameux libre arbitre lui permettant de s'arracher au déterminisme de la nature. L'homme aurait ce quelque chose qui lui permettrait de sortir de la causalité, d'être un effet sans cause, puisque indéterminé, puisque libre et absolument libre de choisir ce qu'il "veut". Une sorte de magicien capable d'exercer son esprit sans que celui ci n'ait autre chose que sa volonté (quid de la volonté) pour l'animer. Cette pensée est d'autant plus présente en nous qu'elle correspond très bien à la manière dont nous nous sentons dans le monde. Au moment où j'écris ces lignes je me sens libre de le faire, absolument libre, mais comme le dit Spinoza "les hommes se croient libres parce qu'ils ont conscience de leurs volitions et de leur appétit, et qu'ils ne pensent pas, même en rêve, aux causes qui les disposent à désirer et à vouloir, parce qu'ils les ignorent." Bref cette anthropologie, cette métaphysique, qui rend possible les discours libertariens par exemple, est au minimum à remettre en question au mieux à remplacer par une autre qui, au regard des connaissances actuelles, tienne l'épreuve de l'analyse et de la critique. La philosophie de Spinoza fait partie de celles là. Bien plus lucide sur les "pouvoirs" de l'homme, elle permet en tout cas de ne pas se raconter des histoires. Elle parle de l'homme "comme s'il s'agissait de lignes, de plans ou de corps", cad qu'il se met à l'abris de toute interprétation trop anthropocentré sur lui-même. Je pourrais, à la demande, rentrer dans le détails de la philosophie de Spinoza, mais ce n'est pas forcément nécessaire, puisque ce que je veux montrer ici c'est que lorsqu'on part de deux philosophies si différentes, il ne faut pas être un génie pour comprendre que la lecture des phénomènes, leurs analyses, leurs interprétations sont très différentes. Elles divergent en fonction des caractéristiques que nous donnons à l'homme et au rapport qu'il entretient avec son environnement. C'est pourquoi la forme que prend le débat dans la plupart des lieux où elle s'organise n'est pas approprié pour ce type de pensées (et il y en a bien d'autres) puisqu'il faut montrer toute la genèse de la réflexion afin d'en montrer tout le bien fondé. Coupée de celle ci, elle ne peut être comprise convenablement, puisque une affirmation ne sera entendu qu'avec des présupposés qui ne lui correspondent pas. Donc il faut du “temps” pour expliquer le cheminement d'une pensée, et en faire l'économie n'apportera que l'incompréhension et la risée de son auditoire. 

Mais il y a une autre raison qui pousse Lordon a ne pas accepter le débat dans ces formes institutionnelles là. C’est que depuis un certain temps déjà, les débats télévisuels (et autres) ne se font qu’entre personnes acceptant un même cadre théorique. Donc ces débats ont toutes les formes respectables de la pluralité et de l’échange constructif, l’idéal type du débat, puisqu'à l'intérieur de ce cadre il y a effectivement des échanges et des conceptions divergentes, mais elle n’en a que la forme seulement puisque reste dans l’obscurité les pensées qui ne s’inscrivent pas dans ce cadre théorique.

C'est pourquoi Lordon préfère ne pas donner une vitrine supplémentaire aux pensées largement médiatisées et que lorsque une occasion s'offre à lui de pouvoir donner une visibilité quelconque à ses propres travaux, il impose les conditions nécessaires pour que celles ci puisse être véhiculé dans les meilleures conditions possibles. Ensuite, le débat il se fait dans nos têtes, par livre interposé, et libre à vous, à la salle et aux spectateurs de lui poser des questions et de mettre à l'épreuve ses idées. Mais au moins il aura pu les exposer clairement, de telle manière qu'elles pourront au moins être comprises, à défaut d'être acceptées.

 

Cela dit il pourrait également y avoir chez lui une forme de mégalomanie ou que sais je encore, ce n'est pas à exclure à priori, mais je ne vois pas le lien qu'il y aurait entre son tempérament et la véracité de sa pensée. Soit il se plante et démontrons le (je ne souhaite que ça), soit on ne sait pas et alors on cherche en ne formulant pas des accusations non fondées.

 

 

3) Au delà du fait que vous critiquez une pensée que vous ne comprenez pas (parce que vous ne la connaissez pas et je ne pense pas vous injurier en disant cela), il me semble que vous vous méprenez sur ses intentions théoriques. Lordon s'inscrit dans une longue tradition de penseurs qui part des grecs avec Démocrite et dont les derniers représentant sont Foucaut, Deleuze et Bourdieu (pour les plus connus).Marx et Spinoza font partie de cette tradition qu'il reprend en les faisant marcher ensemble. Marx a de grandes lacunes concernant son anthropologie. Le vieux Marx pense l'homme comme totalement déterminé par les structures (institutions, lois, etc). La notion de structure a été un apport énorme pour la pensée en science sociale mais chez Marx elle a totalement annihilé "l'agir" de l'individu. C'est pourquoi il empreinte l'anthropologie de Spinoza, qui définie l'homme comme "être de désir" et non pas comme "être de raison", qu'il considère comme un "mode fini" et non pas un "sujet", pour pouvoir faire fonctionner ensemble l'idée de "structure" (l'homme se meut dans un monde régit par des règles sociales qui le dépassent et le poussent à agir d'une manière déterminé) et l'idée d'individu en tant que puissance d'agir (car il est vrai également que les hommes agissent et réagissent différemment en fonction de leur "complexion passionnelle", de leur histoire, de leurs corps, etc).

Il s'agit donc bien de travailler du côté de nos sous-sols mentaux pour pouvoir leurs offrir une théorie cohérente et une base solide à tous les chercheurs en sciences sociales conscients qu'une théorie (en science sociale) ne peut être axiologiquement neutre et objective et qui assume cette donnée épistémologique fondamentale.

Il se sert donc des outils que d'autres avant lui ont pu créer, et il n'est ni un génie, ni un escroc (ce manichéisme fait peur), il est un simple chercheur en science sociale qui connait un certain succès parce que ces travaux intéressent un certain nombre de gens et d'intellectuels.

 

Je vous conseille donc vivement de lire le livre, voir l'ensemble de ses livres (concernant son travail sur spinoza notamment) et de faire de vrais remarques constructives, pour vous comme pour moi, et non pas de faire de la pensée avec des étiquettes (keynésio-marxiste, communiste (h16)) mais avec des idées précises, ce qui, en général, est plus pratique pour penser.

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[...]C'est pourquoi Frédéric Lordon, à la manière de Spinoza, Nietzsche, etc, tente de sonder les présupposés présents dans les pensées néolibérales. Celles-ci prennent leurs sources dans une philosophie du "sujet", cad qu'elle prenne comme modèle anthropologique un homme souverain et auto-déterminé, qui serait un "empire dans un empire" pour reprendre la phrase de Spinoza.[...]

C'est faux.

 

Hayek fait brillamment le tour du problème en deux pages dans La Constitution de la liberté : si les actes de l'homme sont totalement déterminés (il ne l'exclut pas), cela implique que son environnement détermine ses actions.

 

Cela implique que l'homme va avoir des actions différentes dans un environnement qui le responsabilise, que dans un environnement qui ne le responsabilise pas.

 

La nécessité de tenir l'homme pour responsable de ses actions existe toujours dans un monde où l'homme est entièrement déterminé.

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