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Liberté d'expression en France


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A propos de la liberté d'expression, la Cour de cassation donne raison au député Vanneste dans cette sinistre affaire d'homophobie :

Vanneste blanchi en cassation pour injure envers les homosexuels

NOUVELOBS.COM | 12.11.2008 | 15:13

Le député UMP du Nord avait été condamné en appel à 3.000 euros d'amende en janvier 2007. Il avait notamment déclaré : "Je n'ai pas dit que l'homosexualité était dangereuse. J'ai dit qu'elle était inférieure à l'hétérosexualité. Si on la poussait à l'universel, ce serait dangereux pour l'humanité."

En janvier 2006, le tribunal correctionnel de Lille avait condamné Christian Vanneste à 3.000 euros d'amende, ainsi qu'à 2.000 euros de dommages et intérêts à verser à SOS-Homophobie, Act-Up Paris et au Syndicat national des entreprises gays (Sneg).

Le 25 janvier 2007, la cour d'appel de Douai (Nord) avait confirmé cette décision.

Estimant qu'"un parlementaire est investi d'une parcelle de la souveraineté nationale" et que "sa liberté d'expression est une condition de la démocratie et de l'Etat de droit", le député avait formé un pourvoi en cassation.

L'affaire était née de la vive opposition de Christian Vanneste à la loi du 30 décembre 2004, réprimant les injures et discriminations homophobes au même titre que les injures et discriminations racistes ou sexistes.

"L'aboutissement d'un long combat judiciaire"

Christian Vanneste avait notamment affirmé dans la presse régionale que l'homosexualité était "inférieure à l'hétérosexualité. Si on la poussait à l'universel, ce serait dangereux pour l'humanité".

Allant contre l'avis de l'avocat général, qui le 14 octobre avait conclu au rejet de ce pourvoi, la chambre criminelle a "cassé" mercredi la décision de la cour d'appel, sans même renvoyer le dossier devant une autre cour d'appel.

"Si les propos litigieux, qui avaient été tenus dans la suite des débats et du vote de la loi du 30 décembre 2004, ont pu heurter la sensibilité de certaines personnes homosexuelles, leur contenu ne dépasse pas les limites de la liberté d'expression", a considéré la cour suprême.

"C'est une décision de grande ampleur dans la mesure où la plus haute juridiction sanctionne l'ensemble de la procédure et des poursuites au regard de la protection de la liberté d'expression", a réagi l'avocat de Christian Vanneste, Me Eric Morain, saluant "l'aboutissement d'un long combat judiciaire.

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Pour tempérer cet optimisme, notons que la police intellectuelle progressiste a trouvé l'occasion d'exercer son magistère moralisateur sur Longuet, qui a subi un lynchage médiatique à ce sujet cette semaine; ce qui montre à quel point les réseaux de cette nouvelle inquisition sont efficaces, notamment lorsqu'ils s'agit d'abattre tout obstacle à la promotion de l'homosexualité à l'école publique, voire l'éducation des enfants à l'homosexualité au nom de la pseudo lutte contre les discriminations, ce dernier avatar du totalitarisme :

Quand Gérard Longuet (UMP) compare l'homosexualité à la pédophilie

LEMONDE.FR | 12.11.08 |

C'est une vidéo tournée il y a quatre mois, qui commence seulement à faire parler d'elle. La scène se passe au Sénat, le 3 juillet, alors que Xavier Darcos, le ministre de l'éducation, évoque une prochaine campagne de sensibilisation de l'éducation nationale sur l'homosexualité. Le sénateur UMP de la Meuse, Gérard Longuet, prend la parole : "J'avais une question malicieuse, mais je la poserai plus tard… C'était de savoir où commençait et où s'arrêtait l'homophobie, mais enfin, ça c'est un autre sujet (…). C'est extrêmement réjouissant de savoir que l'on promeut en effet des formes nouvelles de sexualité dans l'école et qu'on combat en même temps la pédophilie… Il y a quand même un moment où il faut savoir sur quelles valeurs on s'arrête…"

Au mois de septembre, cette audition de Xavier Darcos au Sénat avait déjà fait polémique pour une autre séquence. Le ministre de l'éducation y estimait que l'activité des professeurs de maternelle se résumait à "faire faire des siestes à des enfants ou leur changer les couches", provoquant la colère des syndicats enseignants. C'est le même jour que M. Longuet a tenu ces propos, qui ont suscité l'indignation de l'ensemble des associations de défense des homosexuels. Cette séance a été filmée par la chaîne Public Sénat et l'extrait où intervient M. Longuet a été révélé samedi 8 novembre par l'association Couleurs gaies, le centre lesbien gay bi transsexuel (LGBT) du nord de la Lorraine. Postée sur Dailymotion par le site Internet Gayclic, elle a déjà été vue plus de 30 000 fois. A la suite de ces propos, Couleurs gaies à décidé d'écrire à Patrick Devedjian, le secrétaire général de l'UMP, pour demander l'exclusion du sénateur de la Meuse.

Interrogé par le quotidien régional L'Est républicain, Gérard Longuet persiste et signe : "Ça ne me dit rien du tout. Je n'ai pas souvenir de ces propos. Mais qu'il y ait un lien entre homosexualité et pédophilie, ça peut arriver. Notamment dans des écoles catholiques, on a pu voir ça." Le sénateur reste de marbre devant la demande d'exclusion formulée par Couleurs gaies : "Leur réaction m'est parfaitement égale. Ce sont des gens qui ne voient le monde qu'à travers leurs préoccupations."

Lors de l'audition au Sénat, Xavier Darcos avait rétorqué à M. Longuet que la prévention chez les jeunes était une nécessité en raison, notamment, du nombre de suicides chez les adolescents homosexuels. Le suicide est la seconde cause de mortalité chez les jeunes de 15 à 24 ans en France, selon un rapport de la défenseure des enfants publié en 2007, et un quart des tentatives de suicide des garçons et 10 % de celles des filles de cette tranche d'âge sont liés à un problème d'homosexualité.

Comme par hasard, cette vidéo tournée il y a 4 mois ressort au moment même où la condamnation scandaleuse de Vanneste est réexaminée par la Cour de cassation.

nb : notez les subtiles orientations idéologiques de l'article, introduites par le réprobateur "quand" signalant l'accident, ou l'usage de la "défenseure" des enfants, dans la ligne de la pseudo lutte anti-discriminatoire

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Une affaire similaire avait opposé les MJS aux Jeunes UMP de mon IEP : ces derniers s'étaient opposés à un argumentaire tenu par les premiers, selon lequel le mariage homosexuel devait être légalisé car l'homosexualité avait toujours existé dans les sociétés humaines. Les autres ont rétorqué en prétendant que la pédophilie, de même, avait toujours été observée, sans pour autant que l'on pense à la légitimer. BAM : procès en homophobie pour comparaison pédophilie/homosexualité.

Inutile de dire ce que j'en pense.

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Une affaire similaire avait opposé les MJS aux Jeunes UMP de mon IEP : ces derniers s'étaient opposés à un argumentaire tenu par les premiers, selon lequel le mariage homosexuel devait être légalisé car l'homosexualité avait toujours existé dans les sociétés humaines. Les autres ont rétorqué en prétendant que la pédophilie, de même, avait toujours été observée, sans pour autant que l'on pense à la légitimer. BAM : procès en homophobie pour comparaison pédophilie/homosexualité.

Inutile de dire ce que j'en pense.

Certes, mais il est clair que, dans ton cas, je vois difficilement comment le choix des Jeunes Pop d'utiliser la pédophilie dans leur argumentaire peut être décrit comme autre chose qu'une provocation à dessein. Ça me semble nettement moins clair dans le cas de Longuet.

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Certes, mais il est clair que, dans ton cas, je vois difficilement comment le choix des Jeunes Pop d'utiliser la pédophilie dans leur argumentaire peut être décrit comme autre chose qu'une provocation à dessein. Ça me semble nettement moins clair dans le cas de Longuet.

Ça c'est sûr qu'ils n'ont pas été malins sur le coup. Il n'en demeure pas moins qu'ils auraient pu, en face, demander des explications avant de les flanquer en procès.

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Il n'en demeure pas moins qu'ils auraient pu, en face, demander des explications avant de les flanquer en procès.

Ça n'est pas le genre de la maison, tu sais bien. L'indignation est un business qui marche bien mieux que la recherche d'explications.

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A propos de la liberté d'expression, la Cour de cassation donne raison au député Vanneste dans cette sinistre affaire d'homophobie :

"Je n'ai pas dit que l'homosexualité était dangereuse. J'ai dit qu'elle était inférieure à l'hétérosexualité. Si on la poussait à l'universel, ce serait dangereux pour l'humanité"

J'ai bien envie de mettre cette phrase en signature, tiens …

A mon avis, l'arrêt de la Cour a du réjouir un certain Jean Sevilla :icon_up:

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Entre parenthèses, et en toute étymologie, l' homophobie désigne la peur du même, de l'identique, sans aucune réfèrence à la sexualité. Les féministes devraient d'ailleurs être scandalisées qu'on impose unilatéralement ce terme avec son sens machiste, et qu'on ne parle pas de lesbophobie. :icon_up:

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Je suis partagé parce que je ne peux pas m'empêcher de penser que les parlementaires UMP qui défraient ainsi la chronique ne sont pas bien malin. Un peu de subtilité dans la formulation pourrait rendre leurs propos inattaquables.

Cela dit je me pose la même question que Longuet : est-ce que la campagne de sensibilisation ne risque pas d'aller à l'encontre de la volonté de certains parents d'éduquer leurs enfants suivant certaines valeurs ? On parle encore de mineurs à ce que je sache.

Et les jeunes Pop de Bordeaux ont aussi joué sur la provoc' mais on ne peut pas leur reprocher leur raisonnement. Ils montrent la contradiction du MJS quand il avance son argument du "ça a toujours existé". Parce que suivant cela, la pédophilie devrait aussi être légalisée… En plus il y a d'autres arguments en faveur du mariage homo…

La relaxe de Vanneste est une bonne nouvelle. C'est marrant. La Cour de cassation remet un peu les points sur les i au moment où la HALDE publie un rapport aux propositions assez sinistres (http://www.causeur.fr/halde-la,1307)…

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La Cour de cassation remet un peu les points sur les i au moment où la HALDE publie un rapport aux propositions assez sinistres (http://www.causeur.fr/halde-la,1307)…

L'article que tu cites est très bon, d'ailleurs l'auteur résume avec simplicité et intelligence les enseignements qu'il faut tirer des nouvelles propositions de la HALDE :

Mon diagnostic est simple : cette Haute Autorité-là est une maison de fous, qu’il faut faire évacuer immédiatement par la force publique.
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En parcourant un peu les commentaires de l'article, je tombe sur :

“Loi n° 2008-496 du 27 mai 2008 portant diverses dispositions d’adaptation au droit communautaire dans le domaine de la lutte contre les discriminations.”

“Article 4: Toute personne qui s’estime victime d’une discrimination directe ou indirecte présente devant la juridiction compétente les faits qui permettent d’en présumer l’existence. Au vu de ces éléments, il appartient à la partie défenderesse de prouver que la mesure en cause est justifiée par des éléments objectifs étrangers à toute discrimination.”

“Le présent article ne s’applique pas devant les juridictions pénales.”

http://www.halde.fr/IMG/alexandrie/3311.PDF

Je ne suis pas juriste. Pourtant je lis clairement : C'est à l'accusé d'apporter la preuve de son innocence, alors qu'il suffit au plaignant de "s'estimer" discriminé.

Je suis pas vraiment au courant de l'évolution de la Justice avec un grand J, ces derniers temps, et peut-être que je m'enivre de vieux principes désuets, mais… la présomption d'innocence, bordel de ventre-merde ?!

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Je suis pas vraiment au courant de l'évolution de la Justice avec un grand J, ces derniers temps, et peut-être que je m'enivre de vieux principes désuets, mais… la présomption d'innocence, bordel de ventre-merde ?!

Il s'agit surtout d'un renversement (aberrant) de la charge de la preuve. Le procédé est aussi utilisé dans la loi belge contre les discriminations, et avait été fort critiqué…

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Il s'agit surtout d'un renversement (aberrant) de la charge de la preuve. Le procédé est aussi utilisé dans la loi belge contre les discriminations, et avait été fort critiqué…

Ce n'est pas justement lié à la présomption d'innocence ? Quoi qu'il en soit, j'espère qu'on a atteint le point limite, autrement dit le fond, de cette inflation de lois anti-discrimination.

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Ce n'est pas justement lié à la présomption d'innocence ?

Il ne peut pas y avoir de présomption d'innocence qui tienne. Discriminer est en passe de devenir le nouveau crime contre l'humanité. Pas de pitié pour les bourreaux.

Quoi qu'il en soit, j'espère qu'on a atteint le point limite, autrement dit le fond, de cette inflation de lois anti-discrimination.

Quel manque de confiance en la capacité créatrice du législateur.

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Vanneste, dans une lettre ouverte aux représentants, se réfère à Muray & Finkielkraut, cite Orwell et demande la suppression de la sinistre police politique "Halde" au nom de la liberté d'opinion :

Christian Vanneste remet en cause la Halde et "l'homophobie"

Christian Vanneste a écrit hier à ses collègues de l'Assemblée Nationale :

Comme vous l'avez sans doute appris par la presse, la Cour de Cassation a cassé, hier, l'arrêt de la Cour d'appel de Douai qui me condamnait pour injures homophobes. Il s'agit d'un événement, puisque sans renvoi l'arrêt de la Cour de Cassation condamne en fait les jugements précédents. Que vous m'ayez soutenu ou non, je voudrais à présent que vous mesuriez les conséquences de cette victoire. C'est d'abord notre victoire, celle du parlement et des élus du peuple dont la légitimité ne doit pas avoir à craindre, au nom de je ne sais quelle compassion artificiellement suscitée, tel ou tel groupe de pression, tel ou tel média, telle ou telle vedette du show-bizz. Quel que soit le respect envers les uns ou les autres, c'est à nous que le mandat populaire a été confié et notre indépendance seule doit nous en rendre dignes. Qu'une association ait pu saisir la justice pour faire taire un député à propos d'une loi et au nom de cette loi qu'il combat relève du scandale. La justice a désormais tranché en faveur de notre liberté.

En second lieu, je voudrais attirer votre attention sur les méfaits de la loi de 2004 portant création de la Halde. En votant cette loi, on a crée une Haute autorité de plus, inutile et couteuse, qu'il est maintenant possible d'intégrer au nouveau Défenseur des droits des citoyens. De plus, nous avons voté de manière précipitée, les articles 17 bis, ter et quater, en « raison » de l'émotion provoquée par l'affaire dite Nouchet. On ne dira jamais assez que celle-ci a abouti à un non-lieu, qu'un jeune homme a passé une année en prison alors qu'il était innocent, parce qu'il n'y avait sans doute pas eu d'agression. Ce malheureux épisode qui est à l'origine de « l'Affaire Vanneste » doit nous faire réfléchir sur deux points : premièrement, il faut cesser de « bricoler » des textes sous le coup d'une vague émotionnelle amplifiée par les médias. Deuxièmement, dans la rédaction de la loi, notamment s'il s'agit d'une loi pénale, il faut employer des termes précis, et parfaitement, étroitement, définis. Le terme homophobie, « peur pathologique du même » en bon français, ou orientation sexuelle (?) sont le contraire de cette exigence. Le premier qui dira de moi que je suis homophobe se retrouvera devant les tribunaux. Néanmoins, on a pu m'y envoyer à deux reprises en disant que je l'étais. Personnellement, je ne sais toujours pas ce que cela peut vouloir dire juridiquement, et cela me semble très grave.

Enfin, d'une manière plus générale, en lisant de nombreux auteurs, de Muray à Zemmour, de Schneider à Bilger, de Redeker à Finkielkraut, on se rend compte de la menace que la pensée unique, le politiquement correct et le terrorisme intellectuel font peser sur la pays de Voltaire. Les techniques de manipulation sont cependant claires : désinformation (exemple : les 5 millions d'homosexuels qui attendaient le Pacs alors qu'ils ne sont que 7% des pacsés…), la victimisation (exemple : l'affaire Nouchet), l'amalgame (racisme et homophobie), la diabolisation (Himmler n'aiment pas les homosexuels, donc si vous ne les soutenez pas…), la mise au ban (pensez à ce pauvre Buttigilone en Italie). Il est temps de réagir : la grande valeur de la droite, ce n'est pas la lutte contre les discriminations, ni la volonté d'être plus « moderne » ou plus « égal » que l'autre, comme disait Orwell, c'est la Liberté : une liberté responsable qui rend compte des actes qu'elle produit au nom des valeurs qu'elle assume."

http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/20…homophobie.html

" la grande valeur de la droite, ce n'est pas la lutte contre les discriminations, ni la volonté d'être plus « moderne » ou plus « égal » que l'autre, comme disait Orwell, c'est la Liberté "

ça faisait longtemps que je n'avais lu des propos aussi sensés sous la plume d'un politicien, notamment l'identification correcte de la dialectique démagogique actuelle : victimisation - diabolisation - législation. Le procès kafkaïen qu'il a subi lui a sans doute permis de tester la mécanique inquisitoriale causée par l'inflation de lois anti-discriminatoires visant le contrôle de la pensée commune, l'envahissement de la sphère privée par le politique et la soumission des individus à la censure.

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Commentaire excellent et éclairant de Philippe Bilger sur l'arrêt Cour de cassation, qui montre la dangerosité juridique du "progressisme correct", qui s'étend sous l'empire de lois aussi clientélistes qu'idéologiques. Idéologie dangereuse non seulement pour la liberté d'expression, mais aussi à cause de sa nuisance sur la faculté de juger rationnellement des questions sociales, inclinant à paralyser le débat critique, théorique et démocratique :

La Cour de cassation et Christian Vanneste : une victoire Indignation de la communauté homosexuelle : j'entends cette annonce bouleversante au journal de France Inter. Immédiatement inquiet, je me demande de quoi il s'agit, quelle catastrophe s'est abattue sur elle durant la nuit, quel homosexuel a été frappé, assassiné, quelle intolérable offense l'a blessée au point que l'information du matin éprouve le besoin de faire part de son émoi.

Je suis très vite rassuré puisqu'en réalité ce qui la désespère au-delà du raisonnable constitue, au contraire, une formidable nouvelle pour la liberté d'expression, pour la démocratie. Ce qui fait scandale pour la communauté homosexuelle, c'est l'arrêt rendu par notre plus haute juridiction, la Cour de cassation, le 12 novembre 2008, qui a cassé sans renvoi un arrêt de la cour d'appel de Douai en date du 25 janvier 2007 ayant condamné le député UMP Christian Vanneste pour injures publiques envers un groupe de personnes à raison de leur orientation sexuelle. Cet arrêt de Douai avait confirmé un jugement du tribunal correctionnel de Lille peu ou prou fondé sur les mêmes motifs.

Contre ces décisions inspirées par le "progressisme correct", contre les conclusions de l'avocat général devant la Chambre criminelle, celle-ci a frappé fort. Dans un attendu capital, elle souligne "qu'en statuant de la sorte, alors que, si les propos litigieux, qui avaient été tenus dans la suite des débats et du vote de la loi du 30 décembre 2004 ,ont pu heurter la sensibilité de certaines personnes homosexuelles, leur contenu ne dépasse pas les limites de la liberté d'expression, la cour d'appel a méconnu le sens et la portée des textes et principe ci-dessus susvisés" (faisant référence à la loi du 29 juillet 1881 et à la Convention européenne des droits de l'homme).

La superbe et commode concision dont la Cour de cassation fait preuve et qui est sa "marque de fabrique" la dispense d'expliciter davantage ce sur quoi elle a fondé son argumentation pour donner raison à Christian Vanneste et satisfaire sa cause. Il n'empêche qu'elle affirme nettement, contre la loi (à mon sens clientéliste) du 30 décembre 2004, les exigences de la liberté d'expression et qu'elle le fait "sans renvoi" - donc avec une certitude telle qu'elle n'éprouve même pas le besoin de saisir une nouvelle cour d'appel.

J'avais moi-même, dans "J'ai le droit de TOUT dire", consacré plusieurs pages à l'arrêt de la cour d'appel de Douai pour démonter une mécanique intellectuelle qui brimait à ce point la liberté d'expression qu'elle confondait l'offense singulière et l'analyse générale. Si elle répudiait à juste titre toute attaque directe et particulière contre tel ou tel homosexuel, elle allait jusqu'à interdire le droit d'avoir une vision critique de l'homosexualité comme phénomène social et groupe de pression politique. Une telle approche ne permettait plus de rien proférer sur l'homosexualité dont au fond on n'avait le droit de parler que si on lui était favorable à tous points de vue. Ce qui est le contraire d'une liberté d'expression authentique. Car celle-ci commence par le droit de dire du mal.

Devant l'arrêt rendu de manière éclatante par notre plus haute juridiction, on nous a généreusement dispensé, dans les médias, les commentaires réprobateurs des groupes et associations homosexuels qui se préfèrent au principe républicain de la liberté pour tous. Pour ma part, je songe à Christian Vanneste, traité sans cesse d'homophobe et qui a eu l'élégance du vainqueur de regretter l'usage de l'adjectif " inférieur". Je pense à lui, longtemps mis à l'écart par ses amis politiques qui pour la plupart ne le valaient pas. Je devine l'embarras de ces juridictions trop heureuses de donner tort à Christian Vanneste quand il se plaignait d'avoir été gravement insulté ou diffamé, surtout par un homosexuel. Quelle importance puisqu'il était qualifié, pour toujours, d'homophobe et que personne ne voulait entendre ni comprendre qu'il ne l'était pas. Mais qu'homme libre, sa pensée était sa fierté. Mis en exil pour rien, la Cour de cassation l'a remis en pleine et honorable lumière pour ceux, seulement, qui avaient douté absurdement de lui.

J'éprouve un sentiment de reconnaissance démocratique pour la Cour de cassation. Moi qui, même si on me le demandait, ne souhaiterais pas m'y trouver, je suis heureux de constater qu'elle ne sauvegarde pas seulement l'acquis. Elle n'a pas pour vocation exclusive de privilégier les sûretés contre les droits, l'ordre d'une société au détriment de l'autonomie de l'individu. Heureusement conservatrice parfois, en matière de liberté d'expression les avancées ne lui font pas peur.

Elle l'a brillamment démontré avec la victoire de Christian Vanneste.

http://www.philippebilger.com/blog/2008/11…e-victoire.html

Il est clair que cette arrêt redonne quelque peu confiance dans les instances supérieures de la justice. Ce pays n'est peut-être pas encore foutu.

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Ce pays n'est peut-être pas encore foutu.

Les pessimistes sont réalistes. Les réalistes optimistes. Les optimistes naïfs.

Souvenez vous de ce qu'on pouvait faire interpréter avant l'époque des quotas du noir dans les films ; pas de noir, du noir, il n'y a qu'un d'obligatoire.

Enfin, il meurt toujours le premier.

[dailymotion]x6ntrj[/dailymotion]

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BOBIGNY, 20 nov 2008 (AFP) -

Brard (app-PCF) jugé pour avoir privé de parole une élue parée d'une croix

Pour avoir refusé la parole à une élue portant une croix "ostensible" au nom de la défense de la laïcité, l'ex-maire de Montreuil Jean-Pierre Brard (app-PCF) a comparu jeudi devant le tribunal correctionnel de Bobigny où un stage de citoyenneté a été requis contre lui.

Le député le plus consulté sur les questions de laïcité était accusé de "refus du bénéfice d'un droit par chargé de mission de service public à raison de la religion" (discrimination réprimée par l'article 432-7 du code pénal) par Patricia Vayssière, élue du Mouvement national républicain (MNR, extrême droite) à Montreuil de 2001 à 2008.

Lors de la séance du conseil municipal du 8 novembre 2006 consacrée au budget de la ville, celle-ci n'avait pas pu s'exprimer.

"Je prierai Mme Vayssière de faire disparaître toute forme d'exhitionnisme religieux provocateur, qui est une violation de la laïcité", lui avait dit M. Brard en privant ensuite l'élue de micro malgré ses protestations véhémentes. La vidéo du conseil est encore visible sur le site internet de la ville où les séances sont diffusées en direct sur une chaîne câblée locale.

Mme Vayssière portait au cou une croix brillante d'environ 6 cm, très visible en raison du pull noir dont elle était vêtue.

"Je porte toujours une croix pour montrer mon attachement à la civilisation chrétienne", a-t-elle dit au tribunal en ajoutant que c'était la première fois que M. Brard lui en faisait le reproche publiquement, "un prétexte pour m'enlever la parole dans un but politique".

Se présentant comme "laïc convaincu mais pas laïcard", l'ex-maire a dit avoir voulu "garantir la neutralité" de son assemblée. Il a invoqué "l'esprit des lois", et notamment celle sur la laïcité de mars 2004 interdisant dans les écoles les signes religieux "ostensibles".

Pour le procureur Rémi Chaise, l'ex-maire "s'est laissé aller à donner à ses convictions personnelles une portée qu'elles ne pouvaient avoir au regard de la loi" et a privé sa concitoyenne de l'exercice de sa liberté religieuse. Il a demandé au tribunal de le condamner à un stage de citoyenneté. Le jugement sera rendu le 18 décembre.

http://www.la-croix.com/afp.static/pages/0…49.vrit8iz5.htm

J'avoue que je trouverai ça excellent si il était condamné à un stage de citoyenneté!

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J'attendrai gentiment que les cendres de cette histoire soient refroidies pour me prononcer. Le dernier acte n'est pas joué, loin s'en faut.

Ne vois pas ici un excès d'optimisme, j'avais commencé par indiquer des raisons d'être pessimiste avant : http://www.liberaux.org/index.php?showtopi…st&p=496209

Mais il s'agit, pour être autant objectif que possible, de repérer tout de même les éléments qui servent de garde-fou contre la dictature du bien et le règne de l'inquisition progressiste qui vient. Or parmi ces freins à la tolérance répressive, il y a certaines institutions, comme la Cour de cassation. Elle permet, par sa jurisprudence, de calmer la folie législative. Il s'agit donc d'être parcimonieux dans notre condamnation de l'Etat.

Dans notre juste résistance face à l'évolution totalitaire du contrôle pénal des citoyens, prendre garde de ménager les cadres civilisateurs qui protègent les libertés individuelles de l'arbitraire politique. Distinguer, afin de ne pas répéter les erreurs passées.

Dans le même ordre d'idée, un excellent article qui illustre bien ces mécanismes :

Tribunes

La banalisation des procédures arbitraires

Extrait d'un texte d'Anne-Marie Le Pourhiet, ouvrage collectif à paraître

On doit admettre que ce sont tous les grands principes libéraux du droit répressif qui sont actuellement malmenés. De la présomption d’innocence, à la charge de la preuve, en passant par le secret de l’instruction, l’interprétation stricte de la loi pénale, l’immunité parlementaire, la proportionnalité des peines, ou la règle selon laquelle le doute bénéficie à l’accusé, tous les grands principes intangibles qui gouvernaient la protection de nos libertés sont altérés et méprisés au nom des nouveaux droits des groupes et de leur prétendue dignité.

(…)

La protection des libertés ne passe pas seulement par la limitation des incriminations pénales, elle repose aussi très largement sur les garanties de procédure du droit répressif. Or, il faut bien admettre que le législateur français, semble également, sous la pression des lobbies de toutes sortes qui ne trouvent jamais l’arsenal pénal suffisant et réclament toujours plus d’efficacité dans la répression, ne plus savoir trouver de limites. L’« envie du pénal » ne s’arrête pas à la multiplication des délits mais s’étend à leur sanction effective par les tribunaux de l’inquisition chargés de nous éduquer au « pas de loi » (1).

L’on rencontre déjà, dans des procédés extra-judiciaires, l’intimidation, la menace et l’injure qui révèlent la violence psychique des militants et l’intolérance de ceux-là mêmes qui, sous prétexte de prêcher la tolérance, utilisent des méthodes dignes du maccarthysme. L’outing pratiqué par les associations homosexuelles qui ne supportent plus qu’un seul membre du groupe se permette encore de distinguer la sphère privée de la sphère publique, ou le procédé sournois et délateur du testing, tristement validé par la Cour de cassation, révèlent une évidente perte de morale et de repères dans les mœurs collectives.

L’utilisation systématique du suffixe « phobie » pour désigner l’opinion coupable suffit à illustrer la « tentation totalitaire » de traiter le dissident en malade mental, auquel une rééducation psychiatrique devrait sans doute être prescrite en sus de la sanction pénale (2).

Mais on doit admettre que ce sont tous les grands principes libéraux du droit répressif qui sont actuellement malmenés. De la présomption d’innocence, à la charge de la preuve, en passant par le secret de l’instruction, l’interprétation stricte de la loi pénale, l’immunité parlementaire, la proportionnalité des peines, ou la règle selon laquelle le doute bénéficie à l’accusé, tous les grands principes intangibles qui gouvernaient la protection de nos libertés sont altérés et méprisés au nom des nouveaux droits des groupes et de leur prétendue dignité.

La manie du législateur français d’assortir toutes ses nouvelles incriminations pénales de la possibilité pour les associations qui se proposent par leur statuts de « combattre » ou de « lutter contre » une phobie quelconque, d’exercer les droits reconnus à la partie civile, c'est-à-dire de déclencher les poursuites pénales, est la principale cause du terrorisme judiciaire qui se répand en France. A l’auto-censure que provoque la menace militante permanente, il faut ajouter la multiplication des actions manifestement mal fondées (contre Max Gallo ou Olivier Pétré-Grenouilleau, par exemple) que les associations ont sans doute les moyens de s’offrir, en partie grâce aux subventions publiques dont elles bénéficient, mais qui causent à la personne poursuivie puis relaxée un tracas judiciaire et financier très grave mal indemnisé par la justice qui hésite toujours à sanctionner les procédures abusives. N’importe quelle association composée de militants parfois incultes et souvent hystériques, simplement déclarée depuis cinq ans, détient ainsi le pouvoir exorbitant de menacer de procès pénal aussi bien les citoyens ordinaires que les intellectuels, journalistes, universitaires ou même les élus de la Nation. Le danger est d’autant plus réel que la formation juridique et la rigueur intellectuelle de certains magistrats siégeant en correctionnelle laissent à désirer, de telle sorte qu’il faut souvent envisager de faire appel pour tenter de se libérer des « groupes d’oppression ». A la violation de la liberté s’ajoute aussi celle du principe d’égalité puisque des catégories d’individus sont ainsi munies de véritables privilèges, au sens étymologique de lois privées, tandis que la sélection qu’opèrent les associations entre les personnes qu’elles décident de poursuivre et celles qu’elles préfèrent ignorer crée une rupture manifeste de l’égalité des citoyens devant la loi.

Non content de privatiser ainsi le ministère public en livrant les citoyens à l’arbitraire et au sectarisme associatifs, le législateur assortit de surcroît ses multiples incriminations de sanctions manifestement disproportionnées. Un an de prison et 45 000 € d’amende (six mois et 22 500 € « seulement » pour l’injure) constituent ainsi le droit commun de la sanction de la mal-pensance ! La Commission nationale consultative des droits de l’homme a beau s’insurger régulièrement contre l’infliction de peines d’emprisonnement pour les délits de presse, le législateur ne veut pas entendre la voix de la raison et préfère réserver son oreille complaisante aux sirènes hurlantes des assoiffés de « fierté ».

La même commission peut aussi s’échiner à expliquer que le libre débat et la libre communication des idées et des opinions sont précisément les meilleurs garants de la tolérance, et qu’une presse libre, informative, contestataire et pluraliste est indispensable à la démocratie, rien n’y fait, la clientèle électorale et le protocole compassionnel comptent désormais davantage que les principes.

On a ainsi assisté récemment au cas extrêmement choquant de la condamnation pénale d’un député coupable de s’être opposé à l’une de ces « loi scélérates ». L’hostilité du député du Nord, M. Christian Vanneste au projet de loi réprimant les propos dits « homophobes » a, en effet, provoqué l’organisation à Tourcoing d’une manifestation d’homosexuels. Invité, pour cette circonstance, à s’expliquer dans la presse locale, le député a simplement répété les arguments qu’il avait développés à l’Assemblée nationale selon lesquels l’homosexualité serait inférieure à l’hétérosexualité et qu’il serait dangereux pour l’humanité de la pousser à l’universel. Le Tribunal correctionnel de Lille l’a condamné le 24 janvier 2006 à une amende de 3000 euros, aux termes d’un jugement médiocre et partial, dans lequel les magistrats ont délibérément tronqué aussi bien les termes de l’avis négatif de la Commission nationale consultative des droits de l’homme sur la loi en cause que ceux de l’arrêt Handyside rendu par la Cour européenne des droits de l’homme en 1976. Non seulement les juges n’ont pas, une fois de plus, respecté le principe d’interprétation libéral selon lequel la liberté est le principe et sa restriction l’exception, mais ils ont, bien au contraire, forcé sur l’interprétation contraire à partir d’arguments impressionnistes assez indigents. Pis encore, le tribunal a reproché au député d’avoir imputé aux organisateurs de la manifestation un « comportement sectaire » et de s’être ainsi rendu coupable d’une « expression désobligeante » … sans doute désormais également interdite par la loi ! Il serait toutefois injuste de s’en prendre exclusivement à des magistrats maladroits et dépourvus de hauteur de vue, contraints d’appliquer ces lois iniques alors que la responsabilité exclusive en incombe à une classe politique tombée, dans sa quasi-totalité, dans la lâcheté, le clientélisme et la compassion à vocation électoraliste.

Il est déjà inacceptable qu’en démocratie une majorité politique puisse interdire à une minorité d’exprimer une opinion contraire puisque cela revient à anéantir l’opposition et donc la démocratie elle-même qui ne se conçoit pas sans pluralisme. Mais il est encore plus grave de constater que des élus en sont arrivés à réprimer l’expression de sentiments et convictions, voire de simples constats d’évidences, partagés, cette fois, par une majorité de citoyens !

(…)

———--

1)Philippe MURAY, Désaccord parfait, précité, p. 183

2)Philippe MURAY, La cage aux phobes, in Exorcismes spirituels III, Les belles lettres, 2002, p. 349

http://www.communautarisme.net/La-banalisa…aires_a883.html

Puissante analyse.

Il s'agit de la même Dame qui s'insurgeait contre l'inflation de textes législatifs mémoriels, dans une vidéo postée par Ash, où elle démontrait le caractère proprement totalitaire de la politisation de l'histoire.

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Il est clair que cette arrêt redonne quelque peu confiance dans les instances supérieures de la justice. Ce pays n'est peut-être pas encore foutu.

Je trouve cela assez rassurant, mais ne nous emballons pas non plus.

J'attendrai gentiment que les cendres de cette histoire soient refroidies pour me prononcer. Le dernier acte n'est pas joué, loin s'en faut.

Exact, wait and see. J'ose espérer que nous aurons un signal démontrant que la liberté d'expression est réelle dans ce pays.

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  • 1 month later...

Valeurs actuelles met les pieds dans le plat du politiquement correct, avec son dernier dossier sur les nouvelles censures.

Les nouvelles censures

On ne peut plus rien dire

Laurent Dandrieu , le 02-01-2009

Procès, pétitions, concerts d’indignation, appels à la vigilance : difficile aujourd’hui d’exprimer une pensée forte sans s’exposer à ces formes subtiles de censure qui jouent sur l’intimidation et la peur. L’actualité en fournit des exemples à un rythme incessant.

On peut plus rien dire : en 2005, le titre de la chanson de Didier Bourdon, qui, avec les Inconnus, avait quinze ans auparavant donné de salvateurs coups de pied dans la fourmilière du politiquement cor­rect, avait sonné comme une évidence. Depuis, les choses ne se sont pas améliorées. La liberté de parole semble se rétrécir comme une peau de chagrin, soit en raison d’une pénalisation du débat (lire aussi en page 52 l’article de Frédéric Valloire sur les lois mémorielles), soit parce que la parole libre, comme nous l’explique Jean-François Kahn (lire notre entretien page 10), devient scandaleuse à force d’avoir perdu l’habitude de l’entendre, soit parce que les clercs de l’idéologie dominante, comme l’expérimente quotidiennement Éric Zemmour (lire notre entretien page 13), manient avec un talent consommé l’art de l’intimidation morale.

Du coup, soit on pense comme tout le monde parce qu’on a oublié qu’il est possible de penser autrement, soit on se cache, par crainte du ridicule ou par peur : c’est ainsi que tel grand comédien, dont on imaginait que sa renommée le mettrait à l’abri des pressions, laisse entendre à demi-mot qu’il juge ridicule l’agit-prop des intermittents du spectacle, mais ne veut surtout pas qu’on l’écrive : « Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Vous voulez que je me fasse massacrer ? »

Il n’est pas jusqu’aux bouffons du roi qui en perdent leur insolence. Certains sketches de Pierre Desproges, à les réécouter vingt ans après, semblent avoir été prononcés sur une autre planète, où l’on ne vivrait pas en permanence, comme sur la nôtre, dans la hantise de franchir une invisible ligne jaune, d’autant plus redoutable qu’on ne sait pas trop qui l’a fixée, ni où elle se trouve. Un sketch des Inconnus comme les Envahisseurs, qui en 1991 avait fait rire la France entière, serait certain aujourd’hui de déclencher la fureur des ligues de vertu. Didier Bourdon en convient : « On aurait des difficultés à refaire certains sketches des Inconnus aujourd’hui. On ne nous l’interdirait pas directement, mais on nous ferait comprendre avant que ça n’est peut-être pas le bon moment, qu’on pourrait peut-être faire ce sketch plutôt dans une prochaine émission… Il y aurait des conseils “amicaux”. Le problème avec le politiquement correct, c’est qu’il n’est jamais tout à fait dénué de fondement : on vous dit “En ce moment, il vaut mieux éviter de heurter telle ou telle sensibilité”, etc. Même au cinéma, si on voulait tourner une comédie un peu corrosive, on aurait certainement du mal à trouver le financement. »

Si les humoristes ont du mal à plaisanter, intellectuels, penseurs, journalistes et hommes politiques sont évidemment soumis à des contraintes bien plus pressantes. L’actualité des dernières années ne manque pas d’exemples de ce rétrécissement de la liberté de parole, toujours sous couvert d’humanisme, de respect et de tolérance. Passage en revue, arbitraire – et, bien évidemment, très loin d’être exhaustif.

L’affaire Gouguenheim, ou quand la pétition remplace la discussion. Après Olivier Pétré-Grenouilleau, traité de « complice des négriers » et de « négationniste » et victime d’un « harcèlement moral » selon Françoise Chandernagor, pour avoir écrit que l’esclavage fut aussi pratiqué par les Africains et en terre d’Islam, c’est au tour d’un autre paisible historien, Sylvain Gouguenheim, de tâter de la diabolisation. En 2008, ce professeur d’histoire médiévale publie aux éditions du Seuil Aristote au mont Saint-Michel, un livre consacré aux « racines grecques de l’Europe chrétienne ». Il y prend savamment à rebours la thèse communément rabâchée selon laquelle l’Occident n’aurait sauvé son héritage antique que grâce aux Arabes et revalorise le rôle de Byzance et des moines occidentaux. La thèse, qui n’est pas neuve, aurait dû susciter le débat. C’est l’invective qui en tint lieu. Le Monde, qui avait d’abord rendu compte favorablement d’un livre « précis, argumenté, fort courageux », fait machine arrière en relayant « l’émotion d’une partie de la communauté universitaire » devant un travail dicté « par la peur et l’esprit de repli ». Suivent deux pétitions de confrères, qui accusent Gouguenheim de « racisme culturel » et de révisionnisme. Télérama dénonce ses « thèses islamophobes » ; sur Internet, on lui prête des liens fantasmatiques avec l’extrême droite… Conclusion de Max Gallo : « Dès lors que l’on n’est pas tout à fait d’accord avec la doxa, avec ce qui règne, même quand on est un médiéviste indiscutable, il devient dangereux de faire de l’histoire. » Et plus encore d’émettre un jugement critique sur Mahomet, comme l’a expérimenté le philosophe Robert Redeker, contraint à vivre dans la clandestinité depuis le 21 septembre 2006, deux jours après avoir publié dans le Figaro une tribune où il qualifiait le fondateur de l’islam de « maître de haine ». À coups de menaces de mort, les islamistes ont semblé vouloir lui donner raison.

Patrick Iafrate

Catholiques anonymes, ou l’opinion interdite. Thierry Bizot le confessait récemment dans son livre Catholique anonyme (Seuil) : « Bien des fois, j’ai été jusqu’à renier mon appartenance à cette religion qui a bercé mon enfance ; je m’en suis même ouvertement moqué, avec ironie. » Dans le secteur de la communication et de la télévision où officie ce producteur, il ne fait pas bon se dire catholique : « Dans le milieu dans lequel je vis, un catholique est ridicule, grotesque, risible, naïf, coincé […] il a les idées courtes et les ongles sales. » Et dans le débat public, quand vous êtes communiste, libre-penseur, anticlérical, partisan du relativisme moral ou de la société sans Dieu ni maître, il est parfaitement légitime d’exprimer vos opinions, et de les laisser vous dicter vos prises de position publiques : ça s’appelle alors “être fidèle à soi-même”. Si vous êtes chrétien, vous devez garder cette opinion pour vous, et en aucun cas tenter de “l’imposer aux autres” – ainsi François Bayrou, refusant de « mélanger » son engagement politique et son engagement chrétien, confine-t-il le second à la sphère privée. L’affaire Vanneste, ou l’art de transformer une opinion en délit. En décem­bre 2004, un amendement à la loi instituant la Halde (Haute autorité de lutte ­contre les discriminations et pour l’égalité) visait à renforcer la protection des homosexuels. Refusant de voter ce texte qui risquait d’assimiler toute critique d’un comportement homosexuel à de l’“homophobie”, le député CNI Christian Vanneste déclarait en janvier 2005 que l’homosexualité est un comportement « moralement inférieur » (terme qu’il regrettera par la suite) à l’hétérosexualité parce que ne contribuant pas à la survie de l’espèce humaine. Attaqué par diverses associations homosexuelles, et devenu une sorte d’incarnation médiatique de l’intolérance rétrograde, il est condamné en première­ et deuxième instance pour “injures en raison de l’orientation sexuelle”. Condamnation annulée en novembre 2008 par la cour de Cassation, qui estime que ses propos n’ont pas dépassé « les limites de la liberté d’expression ». Sur le site Mediapart, Robert Ménard et Pierre Veilletet dénoncent le « néo-pharisaïsme » des bonnes consciences qui « se seraient mieux accommodées d’un recul de la liberté d’expression que du soupçon d’avoir manqué à la cause anti-homophobe ». Déplorant ce jugement, Jacques Lizé, président de SOS Homophobie, une des associations plaignantes, a d’ailleurs déclaré qu’il ne va pas « dans le sens de l’Histoire ». Christian Vanneste continue à mettre en garde contre le terme “homophobie”, dont le flou artistique laisse la porte ouverte à toutes les censures.

Quand la justice poursuit les cigares dans les médias. Inoubliable pour son rôle de postier en chef dans Bienvenue chez les Ch’tis, Kad Merad est amateur de cigares. Dans une interview à un magazine spécialisé, il a ainsi raconté qu’il appréciait « le cigare à l’apéro ». Grave erreur : la cour d’appel de Paris vient de condamner la publication à payer 5 000 euros de dommages et intérêts à l’association Droits des non-fumeurs pour “publicité directe ou indirecte en faveur du tabac”. Le journal avait eu le tort, selon la cour, d’associer le tabac « à une image positive, celle d’un acteur connu de cinéma ». Connaissant l’activisme judiciaire des modernes ligues de vertu, on voit mal comment ce type de jugement ne s’élargirait pas désormais au vin et à l’alcool. Il risque d’être bientôt impossible, sous peine

de poursuites, d’avouer dans la presse qu’on aime le gevrey-chambertin ou les armagnacs hors d’âge. Et pourquoi ne pas traquer aussi les amateurs de religieuses au chocolat, dés lors qu’on exhorte sans cesse les Français à ne pas manger « gras, salé, sucré » ? Dans la presse, la publicité aussi doit se plier au politiquement correct. Ainsi la marque de jeans Diesel a-t-elle été rappelée à l’ordre pour avoir osé représenter des personnages bronzés et souriants dans des paysages urbains transformés par le réchauffement de la planète (la tour Eiffel cernée de palmiers, etc.). Inadmissible aux yeux du très officiel Bureau de vérification de la publicité, pour qui « cette campagne banalise, voire relati­vise, le thème du changement climatique et va à l’encontre des nombreux efforts de mobilisation citoyenne engagés par les pouvoirs publics ». Un courrier a été aussitôt envoyé à la marque pour qu’elle renonce à sa campagne.

Éric Zemmour et les minorités invisibles. Comme Alain Finkielkraut après son interview au journal israélien Haaretz le 19 novembre 2005, où il se moquait de l’équipe de France de football censément “black-blanc-beur” mais « en réalité […] “black-black-black” », Éric Zemmour devra-t-il présenter ses excuses ? En affirmant, le 13 novembre 2008 sur Arte, qu’« évidemment », « les races existent », il a suscité l’indignation bruyante de ceux qu’il nomme « les professionnels du choquage […] qui font du maccarthysme de gauche ». Le Cran menace de saisir la justice, le Mrap ­alerte le CSA « au sujet des dérapages incessants de M. Zemmour ». Va-t-on interdire Zemmour de télé ?

De “diversité” en “technicien de sur­face”, le vocabulaire sous surveillance. Finis les balayeurs, les mendiants, les handicapés, les voyous : bienvenue aux techniciens de surface, aux SDF, aux personnes à mobilité réduite, aux “jeunes”. Adieu les Noirs, les Jaunes et les Arabes, tous fondus dans ce grand melting-pot des “personnes issues de la diversité” – comme si le fait de nommer l’origine de quelqu’un revenait à lui manquer de respect. Le syndicat des bouchers n’a pas manqué de se ­plain­dre, à l’occasion d’on ne sait plus quel fait divers sanglant, que les médias parlent d’une “boucherie”. Le respect des personnes et des communautés se marie mal avec celui du vocabulaire – et l’on sait bien que la censure du vocabulaire débouche toujours sur une cen­sure de la pensée. À force de ne plus donner aux choses leur vrai nom, on finit par ne plus les voir comme elles sont. Et c’est parce que nous ne sommes plus ca­pables de regarder la mort, comme le soleil, en face, que plus personne n’est, jamais, en danger de mort : c’est seulement le “pronostic vital” qui, lui, est “engagé”.

L’homme contre la Planète, ou le scientifiquement correct. C’est une affaire entendue : la responsabilité quasi exclusive de l’activité humaine dans le réchauffement climatique serait une vérité incontestable, unanimement partagée par la communauté scientifique. La Vérité qui dérange, exposée par le Nobel de la paix 2007, Al Gore, est devenue une vérité officielle. Dans Et si la Terre s’en sortait toute seule ?, le journaliste météo Laurent Cabrol relève : « Je cherche les radios ou les télés qui émettent, ne serait-ce que quelques secondes, des réserves sur les infos qu’elles donnent à propos du réchauffement. » Les opposants, fussent-ils scientifiques, sont traités en hérétiques. Claude Allègre, pourtant géochimiste, en a fait l’expérience : après avoir exposé son scepticisme dans l’Express du 21 septembre 2006, il s’est vu taxer, entre autres amabilités, de « négationnisme écologique ». Dans son livre Ma vérité sur la planète, publié en 2007 (Plon), il a dénoncé une « secte verte » dont la méthode est la peur. Opinion qui est aussi celle du président tchèque Vaclav Klaus, auteur en 2007 de Pour une planète bleue (pas verte) dans lequel il dénonce un « dogme trompeur », et par l’ancien chef du gouvernement espagnol José María Aznar, qui a dénoncé une théorie « scientifiquement dis­cutable » érigée en « nouvelle religion ».

Kleber Haedens, ou hors du centre point de salut. En décidant de donner à un collège le nom de l’écrivain Kleber Haedens, le maire UMP de La Garenne-Colombes, Philippe Juvin, ne s’attendait sans doute pas à créer la polémique. Haedens n’avait-il pas reçu le prix Interallié 1966 pour l’Été finit sous les tilleuls, et le Grand Prix du roman de l’Académie française en 1974 pour Adios ? Mais il fut aussi secrétaire de Charles Maurras pendant la guerre. Il n’en fallait pas plus aux représentants locaux du MoDem pour hurler au scandale, au prétexte qu’un écrivain donnant son nom à un collège doit être « irréprochable du point de vue des valeurs républicaines » (critère qui obligerait à rebaptiser une bonne partie des lycées et collèges, ni Montaigne, ni Racine, ni même Henri IV ne semblant avoir été des républicains farouches). Venu poser la première pierre du collège, Jean d’Ormesson leur a répondu dans les colonnes du Figaro : « La littérature se moque bien de la politique […] Contre la bêtise et l’intolérance, je suis du côté du stalinisme, de l’anarchie, du trotskisme et de l’Action française. »

Ronsard, ou quand la littérature ­offense les seniors. En 2007, des plaintes déposées contre le “racisme” de Tintin au Congo décidaient un éditeur américain à renoncer à publier le livre… La même chose arrivera-t-elle bientôt à Ronsard ? Un rapport de la Halde, daté du 6 no-vembre 2008, se penchait sur les “Stéréotypes et discriminations dans les manuels scolaires”. Après nous y avoir appris que le simple fait de représenter un jeune homme qui « aspire au ­mariage avec une femme et à une famille hétéroparentale » constitue un odieux stéréotype « hétérosexiste », et déploré qu’on n’évoque pas les comportements homosexuels dans l’étude de la reproduction du rat, les auteurs, avec leur imperturbable sérieux, attirent l’attention sur les manuels de français : « Le poème de Ronsard Mignonne allons voir si la rose est étudié par tous les élèves. Toutefois, ce texte véhicule une image somme toute très négative des seniors. Il serait intéressant de pouvoir mesurer combien de textes proposés aux élèves présentent ce type de stéréotypes, et chercher d’autres textes présentant une image plus positive des seniors pour contrebalancer ces stéréotypes. » Sans doute faut-il se dépêcher d’en rire, car il se pourrait que nous ne tardions pas à devoir en pleurer.

http://www.valeursactuelles.com/public/val…article_id=3874

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Valeurs actuelles met les pieds dans le plat du politiquement correct, avec son dernier dossier sur les nouvelles censures.

Quand la justice poursuit les cigares dans les médias. Inoubliable pour son rôle de postier en chef dans Bienvenue chez les Ch’tis, Kad Merad est amateur de cigares. Dans une interview à un magazine spécialisé, il a ainsi raconté qu’il appréciait « le cigare à l’apéro ». Grave erreur : la cour d’appel de Paris vient de condamner la publication à payer 5 000 euros de dommages et intérêts à l’association Droits des non-fumeurs pour “publicité directe ou indirecte en faveur du tabac”. Le journal avait eu le tort, selon la cour, d’associer le tabac « à une image positive, celle d’un acteur connu de cinéma ».

Amérique, nous y voilà !

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