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"C'est très mal de mentir. Dans d'autres pays, vous auriez eu la tête coupée."


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Une société de recrutement devant la justice pour discrimination raciale

LE MONDE | 24.06.08 | 15h04 • Mis à jour le 24.06.08 | 15h04

Cassant, cynique, drôle, olivier Fourmy, président de la 17e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine), s'est livré, lundi 23 juin, pendant près de six heures, à un caustique one-man-show. Il n'a pas épargné les trois prévenus : la société Daytona (en tant que personne morale), qui fournit des hôtesses ou des agents commerciaux, François Leveque, ancien directeur général (DG), et Caroline Housset, ex-directrice du département hôtesses. Ils sont poursuivis pour "discrimination lors de l'embauche en raison de l'ethnie" et "enregistrement de données nominatives sensibles sans l'accord de l'intéressé".

Ils sont soupçonnés d'avoir, en septembre 2002, mis en place un fichier Excel (près de 5 000 noms) où ressortait à côté de l'identité de l'employé, une curieuse colonne "O". "O" comme "origine" accompagnée d'un chiffre : 1 pour Européens blancs, 2 pour Maghrébins, 3 pour Noirs et 4 pour Asiatiques. L'entreprise est aussi soupçonnée d'avoir, dans une plaquette destinée aux responsables des ressources humaines, détaillé le profil type d'une hôtesse permanente : elle devait être "de nationalité française et pure white", c'est-à-dire "pure blanche" en anglais.

"Mme Housset, vous avez été la directrice du département hôtesses de 1999 à 2004, ces fichiers ne vous disent rien ?", demande le président. "Mon rôle était d'aller chercher des clients, pas de recruter", explique-t-elle. Pourtant, l'ancienne responsable des ressources humaines témoigne avoir dû préciser, sur son instruction, les origines des employés. "Je n'ai jamais vu ces fichiers", réaffirme-t-elle. "Ce qui veut dire que vous êtes tellement incompétente qu'on a pu faire ça dans votre dos ?"

Ces fichiers ont été découverts par Karim Dhif, le 13 novembre 2002, un employé en CDD. "La directrice des ressources humaines m'a confondu avec un stagiaire, raconte-t-il, et m'a expliqué le premier jour la signification de la colonne "O". Mais j'ai refusé de la remplir."

M. Leveque le charge par la suite de renouveler 60 % des hôtesses d'un client, Gillette. "Le client n'était pas content car il y avait trop de Noirs, raconte-t-il. M. Leveque m'a dit : "Tu peux prendre un Arabe, s'il parle comme toi, il n'y a pas de problèmes."" L'ancien DG reconnaît que Gillette a "pété les plombs, mais je n'ai rien fait". M. Dhif en parle avec des collègues, l'une d'elles lui montre une copie de la plaquette qui mentionne "pure white". En mars 2003, muni des preuves, il se rend à SOS-Racisme, qui portera plainte un an plus tard. L'association s'est portée partie civile tout comme la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra).

Cyril Gosset, avocat de SOS, a dénoncé "un système au seul intérêt de Daytona" qui doit satisfaire la clientèle dans une dure concurrence. L'entreprise a réalisé, en 2006, 13,5 millions de chiffre d'affaires pour un résultat de 80 000 euros. "C'est un système au nombre indéterminé de victimes mais qui potentiellement peut s'élever à 5 000", a-t-il ajouté. "Il aurait été préférable de perdre le contrat que votre âme", a clamé l'avocat de la Licra, David-Olivier Kaminski. La défense a regretté que d'autres responsables de l'entreprise, le PDG de l'époque et deux autres DG n'aient pas été appelés à la barre : "Où sont-ils ? Où sont également les discriminés ?", a estimé l'avocat Philippe Lepek.

Le procureur de la République a requis une amende de 80 000 à 100 000 euros à l'encontre de Daytona et de 6 000 à 8 000 euros pour les deux ex-dirigeants. Dans une ultime diatribe, le président Olivier Fourmy s'adresse à Caroline Housset : "C'est très mal de mentir. Dans d'autres pays, vous auriez eu la tête coupée." Le jugement a été mis en délibéré au 27 octobre.

Mustapha Kessous

http://www.lemonde.fr/economie/article/200…#ens_id=1062292

Que les juges appliquent la loi, c'est bien normal, mais qu'ils fassent du zèle, en s'érigeant en juges moraux, je trouve cela insuportable. Je trouve les prévenus très patients. Je me demande bien comment je réagirai si un magistrat que je respecte, m'insultait de la sorte. Bref, pensez -vous que la remarque du président (mise en gras) soit normale compte tenue de l'affaire et du rôle d'un juge en général ?

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Pour être déjà passé devant des juges de police pour des contraventions diverses (excès de vitesse, etc.), je peux te dire que le mec est tout à fait dans la norme. Ils se croient très malins et se foutent de ta poire devant toi parce qu'ils ont tout l'appareil terroriste d'état derrière eux.

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C'est le but du terrorisme. Par contre, allié au mythe du réchauffement, celui du terrorisme, celui de la récidive, je ne vois pas trop bien où ça nous mène. Mais je sens qu'on va le voir quand il sera tard.

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Dans ce genre de cas, l'homme libre doit bien montrer par son attitude qu'il méprise le juge en se gardant de tomber dans l'outrage à magistrat.

L'homme libre ! :icon_up: Personne n'est libre !

Bon sinon, ce que je trouve hallucinant, c'est qu'il n'y a aucune remise en question de cette attitude, dans la presse notamment. Que les juges aient condamné, c'est bien normal, c'est une stricte application du droit positif. Mais ces termes forts, qui réduisent l'accusé à un petit garçon de cour d'école, n'ont pas de rapport avec le mécanisme juridique par lequel l'accusé tire sa condition.

Ca me rappel un arrêt dans lequel Le Pen était condamné pour négationnisme. La cour avait arrêté quelque chose dans le genre : "par insinuation du doute, ce poison de l'esprit". Là encore, je comprend que Le Pen ait été condamné, mais quel besoins d'accoler l'expression "poison de l'esprit" ? Pourquoi l'arrêt n'énnonce pas tout simplement ses torts en fonction de l'état actuel du droit positif ?

Bref beaucoup de juges profitent de leurs verdicts pour faire passer des idées à vocation générale et s'écartent de leurs rôle de technicien/praticien du droit.

Quelqu'un sait si il y a des ouvrages actuels traitant de ce sujet concernant la France ? Je pense par exemple à un ouvrage qui retracerait ce genre de formule, et dégagerait l'ampleur du phénomène, de façon bien précise, le tout avec des éléments de droit comparé, ça serait intéressant. Est ce que par exemple, le juge espagnol ou anglais s'autorise ce genre de formule ?

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L'homme libre ! :icon_up: Personne n'est libre !

Bon sinon, ce que je trouve hallucinant, c'est qu'il n'y a aucune remise en question de cette attitude, dans la presse notamment. Que les juges aient condamné, c'est bien normal, c'est une stricte application du droit positif. Mais ces termes forts, qui réduisent l'accusé à un petit garçon de cour d'école, n'ont pas de rapport avec le mécanisme juridique par lequel l'accusé tire sa condition.

Ca me rappel un arrêt dans lequel Le Pen était condamné pour négationnisme. La cour avait arrêté quelque chose dans le genre : "par insinuation du doute, ce poison de l'esprit". Là encore, je comprend que Le Pen ait été condamné, mais quel besoins d'accoler l'expression "poison de l'esprit" ? Pourquoi l'arrêt n'énnonce pas tout simplement ses torts en fonction de l'état actuel du droit positif ?

Bref beaucoup de juges profitent de leurs verdicts pour faire passer des idées à vocation générale et s'écartent de leurs rôle de technicien/praticien du droit.

Quelqu'un sait si il y a des ouvrages actuels traitant de ce sujet concernant la France ? Je pense par exemple à un ouvrage qui retracerait ce genre de formule, et dégagerait l'ampleur du phénomène, de façon bien précise, le tout avec des éléments de droit comparé, ça serait intéressant. Est ce que par exemple, le juge espagnol ou anglais s'autorise ce genre de formule ?

Parce que beaucoup de juges sont des acteurs frustrés qui ne ratent pas une occasion de se jouer un joli rôle.

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Invité jabial
Pour être déjà passé devant des juges de police pour des contraventions diverses (excès de vitesse, etc.), je peux te dire que le mec est tout à fait dans la norme. Ils se croient très malins et se foutent de ta poire devant toi parce qu'ils ont tout l'appareil terroriste d'état derrière eux.

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