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R&D


ShoTo

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Je recommande le long article de Neal Stephenson sur l'industrie de la pose de câble sans laquelle il n'y aurait pas d'Internet mais dont on ignore généralement tout. Instructif et marrant (Bref, du Stephenson) http://www.wired.com/wired/archive/4.12/ffglass_pr.html

Détartrage de topic plus de 2 ans après, j'ai enfin fini ce texte interminable et il y a un passage que j'ai trouvé intéressant compte tenu de certains évenements cette année.

At the dirt-and-duct level, the operation in Egypt is much like the one in Thailand. The work is being done by Consolidated Contractors, which is a fairly interesting multinational contracting firm that is based and funded in the Middle East but works all over the globe. Here it is laying six 100-mm ducts (10 inside Alexandria proper) as compared with only two in Thailand. These ducts are all PVC pipe, but FLAG's duct is made of a higher grade of PVC than the others - even than President Mubarak's duct.

That's right - in a nicely Pharaonic touch, one of the six ducts going into the ground here is the sole property of President Hosni Mubarak, or (presumably) whoever succeeds him as head of state. It is hard to envision why a head of state would want or need his own private tube full of air running underneath the Sahara. The obvious guess is that the duct might be used to create a secure communications system, independent of the civilian and military systems (the Egyptian military will own one of the six ducts, and ARENTO will own three). This, in and of itself, says something about the relationship between the military and the government in Egypt. It is hardly surprising when you consider that Mubarak's predecessor was murdered by the military during a parade.

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Une question à se poser dans ce domaine est de savoir si la recherche publique vient simplement s'ajouter à la recherche privée ou si elle s'y substitue. Dans le premier cas, il n'y a pas de raison de s'y opposer du point de vue de l'efficacité de la recherche, mais il y a certainement une incitation pour les entrepreneurs privés à moins investir le domaine lorsque l'état s'en charge.

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Une question à se poser dans ce domaine est de savoir si la recherche publique vient simplement s'ajouter à la recherche privée ou si elle s'y substitue. Dans le premier cas, il n'y a pas de raison de s'y opposer du point de vue de l'efficacité de la recherche, mais il y a certainement une incitation pour les entrepreneurs privés à moins investir le domaine lorsque l'état s'en charge.

C'est surtout que la ressource rare, ce sont les gens qui ont la vocation de chercheur (ce sont des profils particuliers, pas des boulots comme caissière ou facteur où à peu près tout le monde peut le faire), ceux-ci vont travailler soit dans l'un, soit dans l'autre. Sans parler du financement de coûteuses installations, qu'on ne peut pas non plus faire tous les quatre matins…

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Pour ma part je n'ai jamais vu la recherche comme une activité différente de n'importe quelle autre activité humaine. d'une manière générale je ne pense pas qu'il n'y rien de "sacré" tel que la recherche, l'éducation ou encore la santé dans la société. Donc il n'y a pas de raison qu'une préférence interviennent systématiquement en faveur de la recherche au détriment de la production, du marketing ou de la vente par exemple. De plus, ne nous leurrons pas, la recherche est avant tout un moyen de faire progresser la productivité de la société et pas de se "faire plaisir". La recherche "fondamentale" c'est bien jolie mais il faut qu'il en sorte quelque chose et qu'à un moment ou un autre une notion de rentabilité entre en jeu. C'est comme pour la santé il faut savoir à quel moment s’arrêter, à quel moment on arrête de mettre 5000 docteurs en biologie pour travailler sur un cancer qui touche 10 personnes par ans…On peut toujours se dire qu'en travaillant sur ce sujet on va trouver (par hasard) le saint grall qui guérira tous les cancer mais on peut dire ça sur chaque sujet.

J'ai longtemps travail en R&D dans le domaine des peintures. Comme pourront vous le dire beaucoup de chercheurs dans presque chaque domaine, ce qui nous frappe le plus une fois que l'on a intégré les base du métier c'est l'immensité de notre ignorance au vue de nos connaissances. En peinture par exemple, je pouvais facilement donner du travail de recherche pour plusieurs milliers de personnes pendant plusieurs dizaines d'années afin d'essayer de comprendre les innombrables interactions qui entre en jeux dans la simple fabrication d'une peinture tout ce qu'il y a de plus basique et dont nous ne savons strictement rien. le problème c'est que payer ces chercheurs + leurs équipement coûterait plus cher que le chiffre d'affaire annuel du secteur (je ne parle même pas de bénéfice). conclusion il fallait se démerder et jouer sur la chance, l'intuition et le bricolage. Frustrant mais quelquefois glorieux lorsqu'on met la main tout seul dans son coin sur une réponse que les labos suréquipés cherche depuis des années…

Enfin concernant le métier de chercheur, je pense que la formation actuelle gâche vraiment un énorme potentiel. Tout est trop académique et basé sur les connaissances pures alors que la base du métier de chercheurs c'est justement tout le contraire. C'est remettre en cause, c'est de l'intuition, c'est de la motivation, c'est de la passion. Le nombre de crane d'oeufs, froid et prévisible comme une retard de la SNCF qui hantent les labos de recherche est proprement effarant. ce qu'il faut c'est des gens qui ai la rage, l'envie et la passion et croyez moi avec ça vous dézinguer tous les major de promo de la terre.

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Dans le domaine de l'ingénierie je veux bien qu'on puisse se fier au hasard et à l'intuition (qui n'ont d'ailleurs pas beaucoup à voir avec l'ingéniosité), dans les cas où les tests sont facilement réitérables et peu couteux. Les choses changent quand on veut poser une rover sur Mars, vous en conviendrez… Par contre l'ingéniosité est une vertu de l'ingénieur en tant qu'elle consiste à atteindre les mêmes fins de manière bien plus efficace (c'est un peu l'histoire de la révolution industrielle).

Mais en matière de sciences, je ne suis pas sûr qu'on puisse soutenir que le hasard est fructueux, même si cette opinion est véhiculée par des scientifiques de renom et même si (ou justement parce que) le mythe de la recherche fondamentale repose sur elle (et peut-être même celui du privilège de la recherche publique, qui sait… En fait c'est ce que je vais essayer de montrer ;)).

Une expérience scientifique ne peut qu'invalider des propriétés supposées d'un objet qui forment son concept, ce qui sous-entend que l'objet doit être posé d'abord, et affiné. Autrement dit on ne peut pas trouver ce qu'on ne cherche pas (d'ailleurs quand on trouve c'est négativement, cf Popper), et si jamais on croit avoir trouvé quelque chose sans le chercher, qu'est-ce qui garantit qu'on en a un concept juste ? Rien.

Je sais que cette théorie des sciences expérimentale est contestée, mais enfin que font les chercheurs du CERN si ce n'est mettre à l'épreuve des concepts expérimentaux possible des particules ? Le Boson de Higgs est avant tout un concept expérimental qu'on teste et qu'on fait varier en conséquence, donc en se demandant quelles traces il pourrait laisser, comment les observer, etc. En 2000 les chercheurs pensaient avoir trouvé, finalement non. Du coup, pas la peine d'espérer le trouver par hasard… Ici le hasard ça serait l'interprétation d'un signe imprévu, interprétation n'est pas expérience comme on le sait. En ingénierie c'est pas grave, puisqu'on juge une praticité. En science on prête le flanc à l'erreur.

A partir de là, quelle différence entre recherche privée et recherche publique en science et ingénierie ?

La question de savoir si la recherche fondamentale est une recherche scientifique purement tournée vers une avancée théorique "dans l'absolu" n'est pas évidente. En ce qui concerne la physique des particules par exemple, on argue l'inutilité du savoir, au sens où il ne vise pas un débouché. Mais à mon avis ceux qui critiquent les savoirs inutiles et ceux qui veulent d'un savoir éthéré imperméable à l'enjeu des débouchés ne valent pas mieux les uns que les autres (les seconds s'illusionnent tout simplement).

On ne recherche jamais d'abord pour appliquer, mais parce qu'on a des problèmes de compréhension du monde toujours prééxistants, comme on l'a montré, et ces problèmes théoriques ne sont qu'un aspect d'un problème plus large qui est en gros celui de la praticabilité du monde, donc poser une forme d'intérêt scientifique tout à fait détaché d'enjeux techniques ne me paraît pas évident (ma religion n'est pas faite sur ce point, mais je vais quand même essayer de montrer que les enjeux sont liés, j'espère au moins ouvrir le débat).

La recherche expérimentale n'est tout d'abord jamais inutile car en posant l'existence d'un objet elle pose le problème de l'accès à l'objet, donc de l'élaboration du matériel expérimental qui en soi suscite des débouchés.

Ensuite, la compréhension d'un objet n'est pas forcément l'élucidation d'un débouché précis, mais la promesse d'une "praticabilité" de la chose qui s'exprimera par différents débouchés imprévus, mais dans un domaine qu'on peut estimer, et dans lequel on peut investir. C'est pour cela que des recherches apparemment sans direction technique suscitent l'apport de fonds privés venus d'un domaine proche ou commun. Du coup il devient aussi évident que la recherche ne peut jamais exister sans fonds, elle est donc un produit de la richesse tout autant qu'un facteur de richesse.

La question qui s'impose c'est : L'Etat est-il une source fiable de financements ? On a pu le croire, mais qui oserait affirmer aujourd'hui que l'Etat n'est pas soumis à des logiques comptables… Et à la limite il l'est plus que certaines entreprises (par exemple Virgin), et donc moins susceptible de prendre les risques liés à l'innovation, car comme le montrait Schumpeter, si la recherche nécessite la richesse, il n'est pas évident que l'endossement de l'innovation par l'entrepreneur soit le produit d'un calcul rationnel… Bien au contraire l'entrepreneur fait un pari, il a en quelque sorte foi en l'alliance nécessaire entre le développement de la science et des techniques.

Voilà comment je répondrai à la question de ShoTo et à la remarque de Pierre-Gilles de Gennes : il me semble que la recherche publique, par sa position idéologique d'opposer industrie et recherche, et par sa faiblesse comptable actuelle, est loin d'être l'avenir de la recherche.

En ce qui concerne le CERN d'ailleurs il est intéressant de constater, d'une part une mise en valeur de la rentabilité des débouchés 'connexes' que j'évoquais, une reconnaissance (présentée comme concession) de la participation de fonds privés dans la construction du matériel expérimental, mais d'autre part, un discours pro-financement public et "recherche fondamentale" au sens le plus rêveur du terme et une justification à priori de l'endettement colossal de l'organisation. Je vous conseille à ce propos d'explorer leur site officiel.

Quand P.-G. de Gennes parle de tester des idées neuves il n'a pas tort, mais il ne faut pas croire que ces idées peuvent être intéressantes si elles sont hasardeuses. Elles sont toujours des variations sur le dernier état d'une histoire des problèmes, laquelle est façonnée par le progrès technique qui définit les enjeux de praticabilité et donne accès à l'objet de savoir.

Une autre question qu'il serait intéressant de développer outre la capacité de l'Etat à financer des recherche, c'est celle de sa légitimité à le faire, même celle des possibilités démocratiques d'accord sur la direction de cette recherche fondamentale purement théorique que prônent les adeptes de la recherche publique. A mon avis ces possibilités sont nulles, mais vu le gabarit qu'a déjà atteint ce post, je pense qu'il faut remettre ce développement à plus tard.

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C'est comme pour la santé il faut savoir à quel moment s’arrêter, à quel moment on arrête de mettre 5000 docteurs en biologie pour travailler sur un cancer qui touche 10 personnes par ans…On peut toujours se dire qu'en travaillant sur ce sujet on va trouver (par hasard) le saint grall qui guérira tous les cancer mais on peut dire ça sur chaque sujet.

La recherche sur les maladies rares est essentiellement financée par le privé.

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Dans le domaine de l'ingénierie je veux bien qu'on puisse se fier au hasard et à l'intuition (qui n'ont d'ailleurs pas beaucoup à voir avec l'ingéniosité), dans les cas où les tests sont facilement réitérables et peu couteux. Les choses changent quand on veut poser une rover sur Mars, vous en conviendrez… Par contre l'ingéniosité est une vertu de l'ingénieur en tant qu'elle consiste à atteindre les mêmes fins de manière bien plus efficace (c'est un peu l'histoire de la révolution industrielle).

Mais en matière de sciences, je ne suis pas sûr qu'on puisse soutenir que le hasard est fructueux, même si cette opinion est véhiculée par des scientifiques de renom et même si (ou justement parce que) le mythe de la recherche fondamentale repose sur elle (et peut-être même celui du privilège de la recherche publique, qui sait… En fait c'est ce que je vais essayer de montrer ;)).

Une expérience scientifique ne peut qu'invalider des propriétés supposées d'un objet qui forment son concept, ce qui sous-entend que l'objet doit être posé d'abord, et affiné. Autrement dit on ne peut pas trouver ce qu'on ne cherche pas (d'ailleurs quand on trouve c'est négativement, cf Popper), et si jamais on croit avoir trouvé quelque chose sans le chercher, qu'est-ce qui garantit qu'on en a un concept juste ? Rien.

C'est tout le problème de la recherche scientifique, tout ce que peut faire une expérimentation, c'est vérifier qu'une hypothèse H° se vérifie ou pas. Si elle se vérifie, la théorie sous-jacente n'est pas invalidée, sinon, il faut tester une autre hypothèse…c'est là qu'intervient l'intuition, la hasard, la chance…parce qu'il est physiquement impossible de tester toutes les hypothèses, il faut donc que le scientifique à un moment ait une intuition de ce que peut être la vérité.

… A mon avis ces possibilités sont nulles, mais vu le gabarit qu'a déjà atteint ce post, je pense qu'il faut remettre ce développement à plus tard.

C'est pas faux, je me suis arrêté au début.

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C'est tout le problème de la recherche scientifique, tout ce que peut faire une expérimentation, c'est vérifier qu'une hypothèse H° se vérifie ou pas. Si elle se vérifie, la théorie sous-jacente n'est pas invalidée, sinon, il faut tester une autre hypothèse…c'est là qu'intervient l'intuition, la hasard, la chance…parce qu'il est physiquement impossible de tester toutes les hypothèses, il faut donc que le scientifique à un moment ait une intuition de ce que peut être la vérité.

Pas si simple. Si par intuition tu entends une idée indépendante d'un problème préexistant, je ne pense pas que ce soit possible.

Le concept d'un objet expérimental n'est pas à strictement parler "intuitionné". Tout d'abord il y a une différence entre la monstration : "Il y a tel objet", qui est intuitive, et la définition d'un objet de sciences. Un objet de sciences ne se crée jamais à l'écart d'autres objets, même quand on pourrait croire qu'il est intuitionné.

Déjà un scientifique ne crée pas un objet sans raison, il en crée un parce qu'il a un problème. Face à une incompréhension, c'est-à-dire un trou dans le schéma explicatif, il fait une hypothèse, qui consiste à dire : "Je comprendrais la situation s'il y avait cet objet", et il le définit. Du coup on ne peut pas dire que l'objet est intuitionné, car sa définition se fait toujours par différenciation avec les objets déjà existants. Le problème précède toujours l'objet possible, et l'objet possible est pensé par rapport aux autres objets.

A ce sujet, il faut lire la Formation de l'esprit scientifique de Bachelard, mais c'est une idée Kantienne, et comme je le disais précédemment, la physique expérimentale procède encore ainsi.

Ensuite, cette définition de l'objet, elle ne peut exister que sur un mode qui permet son invalidation par l'expérience. Non pas sa vérification, attention à l'erreur, on ne peut pas vérifier la vérité d'un objet. Le seul cas où l'expérience apprend quelque chose au scientifique, c'est quand elle rate, quand son objet ne satisfait pas le situation, et alors il faut varier le caractère qui a été invalidé. Mais dans une expérience la vérification n'est qu'absence de résultat, la preuve c'est que la vérification de mon concept du cygne comme "oiseau blanc" n'a pas valeur de connaissance, il y en a d'autre qui sont noirs, mais avant dans croiser un je n'ai rien appris. Quand j'en croise un je sais que la propriété "oiseau blanc" n'appartenait pas au concept cygne. Du coup ça veut dire aussi que la science n'avance que négativement, et toujours extension de problèmes préexistants.

Sur ce thème il faut lire La quête inachevée de Popper, qui introduit bien à son épistémologie, (et d'ailleurs aussi à sa critique de l'historicisme et du constructivisme).

Du coup tu ne peux pas dire à des chercheurs : "faites de la recherche au hasard pour trouver des choses imprévisibles". Il faut forcément commencer par leur donner un problème, qui ne peut pas faire autrement que de solidariser leur recherche de tout le reste du corps des sciences.

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Pas si simple. Si par intuition tu entends une idée indépendante d'un problème préexistant, je ne pense pas que ce soit possible. Le concept d'un objet expérimental n'est pas à strictement parler "intuitionné". Tout d'abord il y a une différence entre la monstration : "Il y a tel objet", qui est intuitive, et la définition d'un objet de sciences. Un objet de sciences ne se crée jamais à l'écart d'autres objets, même quand on pourrait croire qu'il est intuitionné. Déjà un scientifique ne crée pas un objet sans raison, il en crée un parce qu'il a un problème. Face à une incompréhension, c'est-à-dire un trou dans le schéma explicatif, il fait une hypothèse, qui consiste à dire : "Je comprendrais la situation s'il y avait cet objet", et il le définit. Du coup on ne peut pas dire que l'objet est intuitionné, car sa définition se fait toujours par différenciation avec les objets déjà existants. Le problème précède toujours l'objet possible, et l'objet possible est pensé par rapport aux autres objets. A ce sujet, il faut lire la Formation de l'esprit scientifique de Bachelard, mais c'est une idée Kantienne, et comme je le disais précédemment, la physique expérimentale procède encore ainsi. Ensuite, cette définition de l'objet, elle ne peut exister que sur un mode qui permet son invalidation par l'expérience. Non pas sa vérification, attention à l'erreur, on ne peut pas vérifier la vérité d'un objet. Le seul cas où l'expérience apprend quelque chose au scientifique, c'est quand elle rate, quand son objet ne satisfait pas le situation, et alors il faut varier le caractère qui a été invalidé.
Il faudrait illustrer le développement d'un exemple parce qu'il me semble que c'est un peu flou. Si on prend l'exemple de l'illustre Mendeleiev, je pense qu'on ne peut nier que l'intuition joue pour une bonne part, l'intuition consiste ici à trouver un ordre dans une série d'objets, puis de prédire l'existence d'objets inconnus, enfin, l'observation expérimentale de ces objets et de leur propriétés vient confirmer l'intuition initiale.
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Il faudrait illustrer le développement d'un exemple parce qu'il me semble que c'est un peu flou. Si on prend l'exemple de l'illustre Mendeleiev, je pense qu'on ne peut nier que l'intuition joue pour une bonne part, l'intuition consiste ici à trouver un ordre dans une série d'objets, puis de prédire l'existence d'objets inconnus, enfin, l'observation expérimentale de ces objets et de leur propriétés vient confirmer l'intuition initiale.

Ne faut-il pas distinguer la démarche nomologique : établissement de loi de succession des objets, on est d'accord, mais tu remarques qu'on parle dans ce cas là d'objets connus et préalablement définis, et la démarche consistant à définir un objet par hypothèse ? Ce n'est clairement pas le même type d'explication qui est cherchée dans les deux cas. Je ne vois pas en quoi l'établissement des lois de succession des objet ont à voir avec l'hypothèse des objets, je veux bien que tu m'expliques. Mais je pense que le problème de l'intuition en science est avant tout un problème de prédiction et de définition des objets.

Pour ce qui est de cette prédiction des objets donc, le fait de faire leur hypothèse et de la tester empiriquement pour voir si oui ou non l'objet existe, je vais essayer d'étayer mon argument.

Il y a plusieurs approches : les "réalistes-direct" pensent en effet qu'en matière d'expérience, l'intuition suffit. Ici intuition = définition d'un objet à partir des simples données des sens, sans concept préalable. Chez les empiristes c'est ce qui permet la découverte d'objets.

Mais à mon avis ce réalisme direct ne tient pas, il suppose que face à l'expérience l'objet est clairement défini par un terme, dont la signification est donc transparente sans que le concept précède, ce qui voudrait dire qu'on découvre naturellement des nouveaux objets sans l'avoir prévu. Or ce n'est pas le cas, parce que le terme ne définit pas l'objet précisément, seul le concept le définit, le concept étant un ensemble de prédicats sur la référence. être capable d'intuitionner le sens d'un terme à partir des simples données des sens sans concept préalable revient à l'exemple bien connu du terme de langue étrangère, ou du terme dont tu n'as pas appris le concept mais que tu entends prononcé dans une situation donnée. Un mot de langue étrangère, tu l'entends comme terme sans en comprendre le concept. Si tu es avec un étranger et que quand un lapin passe, il te dit "gavagaï", rien ne t'assure que l'objet est le lapin plus que les oreilles du lapin, ou la course du lapin, tout ce que la prononciation du terme t'as appris c'est qu'il est question de désigner quelque chose dans une situation générale, mais sans concept préalable tu ne peux pas dire quoi. Autrement dit, si tu ne disposes que des données des sens, donc que tu es dans une situation d'intuition, tu ne peux pas former un concept expérimental juste.

Voilà pourquoi en ce qui me concerne je privilégie une approche "réaliste-indirecte". Quand tu t'apprêtes à faire une observation, tu formes toujours au préalable, même sans t'en rendre compte, un concept qui limite l'expérience que tu vas faire, tu n'es donc jamais dans la situation de disposer simplement des données des sens pour inventer une terme, tu n'es jamais en situation de découvrir un lapin, mais toujours de valider ou invalider un concept préexistant.

Cela ne veut pas dire qu'on ne découvre jamais rien de nouveau, cela veut dire que la découverte intervient lorsque, ne comprenant pas une situation, on suppose qu'elle fait intervenir un objet différent de ce qu'on connait, et on fait donc varier les objets qu'on connaît, par variation on crée de nouveaux objets, et on les teste.

Par exemple le premier homme à rencontrer un ornithorynque n'a pas inventé sur le coup un terme nouveau qui décrivait positivement ce qu'est l'ornithorynque, il n'a d'abord pas compris, parce qu'il fallait mobiliser un concept en amont. Il a fallu faire varier nos concepts préexistants, par différenciation, et ensuite tester en disséquant la bête, mais aucune expérience n'était valable sans mobilisation préalable des concepts. Cela explique pourquoi nos sciences empiriques progressent en formant des concepts de classe, d'espèce, etc.

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  • 5 years later...
Le 21/07/2009 à 18:19, Rincevent a dit :

Il faudrait quelques références à lire en termes d'histoire industrielle et d'histoire des techniques.

 

Un petit déterrage de fil, qui me parait adapté pour poser ceci et parler un peu d'histoire des sciences et des techniques.

http://vaclavsmil.com/wp-content/uploads/2017/10/32.TRANSFORMERS.pdf

 

Cette fois-ci, Smil évoque l'histoire (et un peu aussi des évolutions récentes) d'un composant à la fois connu et méconnu : le transformateur.

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