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Critique conservatrice du libéralisme


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Un texte qui résume plusieurs objections formulées dans différents fils. Dans la prolongation de la critique du relativisme inhérent à la neutralité axiologique du libéralisme culturel, par opposition aux conditions de conservation d'une société articulée sur les principes vertueux de la société civile et d'un gouvernement modeste. L'affirmation du contrat et la convention comme seules normes régulatrices tend vers la négation des institutions sélectionnées par la nature, à l'effacement de la loi naturelle et des corps intermédiaires, à la production d'un individu isolé et vulnérable au despotisme bienveillant. Le libéralisme ne dispose pas des instruments moraux pour conserver la liberté comme tradition, en s'opposant à l'individualisme des droits positifs qui procède de la logique du progrès social et démocratique. Ou pourquoi le libéralisme contemporain est devenu pratiquement le moteur de l'interventionnisme, en vertu d'un objectif eudémoniste (l'administration du bonheur, de la circulation et de la santé) qui poursuit un accroissement de la puissance étatique pour accompagner l'efficience du marché et la production de droits nouveaux.

C'est ici et là:

http://aristidebis.b...moderne-12.html

http://aristidebis.b...moderne-22.html

Je passe la critique néo-conservatrice, qui est moins pertinente.

Le mouvement conservateur moderne (2/2)

Les objections au libéralisme

Ces quatre concepts fondamentaux - la culture, le droit naturel, l’ordre spontané, la foi - sont à la base d’une grande partie de ce que les conservateurs reprochent au libéralisme[1]. Les conservateurs sont d’accords entre eux sur un grand nombre de ces objections, bien que pas sur toutes, mais chaque composante du mouvement a, sur la base de son propre concept fondamental, endossé un rôle particulier dans la critique d’une facette différente du libéralisme.

Pour le traditionaliste, la caractéristique la plus contestable du libéralisme est un progressisme désinvolte qui dédaigne complètement l’héritage de l’Amérique et le concept ou l’idée de nation. Les libéraux recherchent ce qui est nouveau, ce qui est à la mode et (pour parler de manière métaphorique) ce qui est « européen », contre ce qui est traditionnel et américain. Les libéraux préfèrent être multiculturels, cosmopolites, ou « transnationaux » ; ils sont plus soucieux d’adopter le point de vue d’autrui que le point de vue de l’Amérique et considèrent de plus en plus la forme politique nationale comme un anachronisme, alors que le monde est en train de se globaliser. Cette posture libérale est diamétralement opposée aux conceptions du traditionaliste, qui est fier de notre propre culture - en partie simplement parce qu’elle est la nôtre.

Les néoconservateurs reprochent au libéralisme son relativisme, son affirmation que la pensée humaine parvient à la conclusion qu’il n’existe aucun critère de ce qui est juste. Les libéraux peuvent éventuellement savoir ce qui est juste en suivant les exhortations du cœur - ils parlent sans cesse d’humanitarisme et de compassion - et ils essayent parfois, de manière incohérente, de tirer du relativisme lui-même une norme inconditionnée de tolérance. Mais lorsqu’on les met à l’épreuve, ils se refusent à expliciter sur quel fondement pourrait reposer un critère rationnel du juste et ils préfèrent à la place se dire « pragmatiques ». Pour le libéralisme, l’édiction d’un tel critère révèle une arrogance et une intolérance qui conduisent à l’extrémisme.

Les intellectuels libéraux les plus en vue sont en faveur de la position théorique connue sous le nom de « néo-pragmatisme » (ou non fondationnalisme politique), selon laquelle on sert le mieux les démocraties avancées en abjurant tout concept fondamental, quel qu’il soit, politique ou religieux. Pour les néoconservateurs, le relativisme des libéraux et leur répudiation du droit naturel risque de se transformer en inconstance dans l’accomplissement des desseins de la nation, comme on a pu le voir durant la guerre froide et aujourd’hui dans la guerre contre le terrorisme.

Pour le libertarien (et pour les conservateurs économiques plus généralement) le libéralisme est condamnable à cause de sa préférence automatique pour la régulation et la planification. Le libéralisme est pratiquement synonyme d’Etat-providence. Aucun effort pour se débarrasser de cette addiction - y compris les déclarations solennelles selon lesquelles l’ère de l’Etat-providence est révolue[2] - ne peut réussir. Le libéralisme est un délinquant récidiviste et un perpétuel adversaire du « système de la liberté naturelle ». Le retour de plans toujours plus grandioses de contrôle gouvernemental, depuis la Grande Société dans les années 1960, en passant par la politique industriel des années 1970 et les vastes projets d’expansion du gouvernement avancés par l’administration Obama, sont, pour les libertariens, la preuve de la « présomption fatale[3] » qui anime la pensée libérale.

La droite religieuse condamne le « sécularisme » libéral, qui est aussi connu sous le nom « d’humanisme séculier » ou de « religion de l’humanité ». Le sécularisme fait bien plus que d’adopter une interprétation de la Constitution qui cherche à ériger un célèbre « mur de séparation[4] » entre la religion et l’Etat. Le sécularisme a un projet qui lui est propre, et son objectif fondamental est de faire en sorte que la foi biblique ne se voit plus reconnu aucun rôle en tant que principe directeur de la culture. Il ne s’estimera pas satisfait tant que la foi ne renoncera pas à jouer quelque rôle public que ce soit, direct ou indirect. Le conflit entre le sécularisme et la foi est au cœur de ce que l’on nomme la guerre culturelle.

L’avenir du mouvement

En dépit du fait que le conservatisme, sous une forme ou sous une autre, ait contribué à fixer l’ordre du jour de la politique américaine pendant la plus grande partie de la période qui va de 1980 à 2008, beaucoup de ses critiques affirment qu’il ne saurait jamais devenir la philosophie d’une force vraiment active ou d’un « parti de gouvernement ». Le mot « conservateur » lui-même, disent-ils, ne dénote-il pas l’inverse de l’activité, ne traduit-il pas une disposition à avancer lentement, à attendre que d’autres prennent l’initiative, et ensuite à réagir ?

Le conservatisme ne peut jouer le rôle de philosophie d’un parti de gouvernement que si ses quatre têtes sont correctement agencées. Cet agencement dépendra toujours en partie des circonstances du moment.

Le traditionalisme et le libertarisme sont susceptibles d’être les plus influents lorsque la tâche du moment est de corriger ou de défaire des politiques libérales erronées. Le traditionalisme s’enorgueillit parfois de ne pas avoir de projet positif ; il trouve sa vocation dans la critique des initiatives imprudentes des autres et souvent fonctionne le mieux en tant que « conscience du conservatisme ». Le libertarisme (y compris le conservatisme économique) est le plus nécessaire lorsqu’il s’agit de contrecarrer les abus provoqués par la planification centralisée. Son point fort est « l’administration » des affaires intérieures - non pas, bien évidemment, dans le sens libéral de construction d’un Etat administratif, mais dans le sens plus ancien de gérer les affaires publiques. De nos jours le conservatisme économique ne peut pas rester passif. Il doit se préoccuper de mettre au point des plans pour superviser l’économie, pour réduire les budgets, et pour faire face à l’énorme pression économique créée par les engagements excessifs de la protection sociale en matière de retraite et de santé.

(…)

Annexe : le conservatisme est-il une forme de libéralisme ?

Le conservatisme américain se voue à la conservation de la république américaine. Il ne peut avoir de but plus élevé ou plus noble. Mais qu’est-ce donc, plus précisément, que le conservatisme est censé conserver ? Dans la mesure où la république américaine est habituellement rangée parmi les régimes « libéraux », certains se sont demandés si le conservatisme aujourd’hui ne devrait pas être considéré comme un synonyme du libéralisme ou comme une branche de celui-ci. Si cela est le cas, comme le croient beaucoup de gens, la tâche centrale du conservatisme serait de conserver le libéralisme (« libéralisme », dans ce contexte, fait référence à la variante originelle du 18ème siècle, c’est à dire un gouvernement limité dont le but principal est de protéger les droits individuels, plutôt qu’à la variante moderne qui désigne un Etat interventionniste visant à réaliser la « justice sociale »).

Il y a sans aucun doute quelques précédents pour identifier le conservatisme avec le libéralisme, dans la mesure où deux des plus grands conservateurs américains, Friedrich Hayek et Milton Friedman, ont préféré à un moment le terme de libéralisme pour décrire leur position. Pourtant, c’est en définitive une erreur de penser que le conservatisme américain est identique au libéralisme, même dans son sens originel. Le conservatisme peut servir le libéralisme et chercher à le préserver, mais il le fait souvent par des moyens que le libéralisme originel concevait à peine et que le libéralisme moderne rejette habituellement. Et il fait cela pour le bien du libéralisme originel. Le fait est que la théorie libérale n’a jamais développé les instruments adéquats pour se maintenir elle-même ; elle a toujours eu besoin de quelque chose de plus qu’elle-même pour survivre. Le conservatisme est la philosophie qui, tout en donnant son aval à une bonne part du libéralisme, reconnait ce besoin. Sans le conservatisme, le libéralisme commencerait à dépérir. En fait il a déjà commencé à dépérir.

Le conservatisme conserve la république américaine en soutenant ses fondements théoriques qui se trouvent dans les droits naturels. Cette « vérité abstraite, applicable à tous les hommes et à tous les temps » (Lincoln), les conservateurs n’ont pas honte de la proclamer, y compris devant l’assemblée générale des Nations Unies. Sur ce point, les conservateurs sont en accord un grand nombre des libéraux originels. Les libéraux modernes, en revanche, préfèrent contester toute prétention à posséder la vérité ou à avoir découvert un fondement ; ils se présentent eux-mêmes comme des pragmatiques ou des « non fondationnalistes », tout en insérant leurs valeurs dans le « processus de développement » ou dans le « changement ».

Le conservatisme conserve la république américaine en soutenant l’idée de nation. La nation est nécessaire pour la sécurité, pour les activités de la vie politique commune, et même pour le bien de l’humanité en général. Après tout, quelle autre entité que l’Etat-nation nous défend, met en œuvre nos lois, et pourvoit au bien-être d’un grand nombre de gens qui ne dépendent pas de son autorité ? Le conservatisme non seulement reconnait les arguments rationnels en faveur de la nation, mais il laisse aussi une place à des sentiments justifiés d’attachement à celle-ci, en reconnaissant que le cœur a ses raisons que la raison ne connait point. Le libéralisme originel était également l’ami de la nation, et il avait développé des notions qui soutenaient la nation, comme la notion de souveraineté. Mais il est également vrai que le libéralisme a eu dès le départ des difficultés à expliquer ce que pouvait être la nation au-delà d’un contrat, et il n’a jamais pu arriver complètement à comprendre des sentiments d’attachement raisonnables à celle-ci. Le libéralisme moderne est devenu de plus en plus mal à l’aise avec la nation. Il considère le patriotisme comme un anachronisme et il promeut une citoyenneté internationale et des études internationales pour remplacer la citoyenneté américaine et une éducation dans notre propre tradition politique. La catégorie principale du libéralisme moderne est « l’humanité ».

Le conservatisme conserve la république américaine en apportant un soutien approprié à la religion biblique. La religion biblique a été la source majeure de notre système d’éthique, un système fait de maitrise de soi et de croyance en quelque chose au-delà de l’existence matérielle. Les conservateurs adhèrent aux principes libéraux de la liberté de religion, de séparation de l’Eglise et de l’Etat, et de tolérance religieuse. Mais ils ne voient pas de contradiction (pourquoi devraient-ils en voir une ?) entre le fait de soutenir ces principes et le fait de promouvoir des mesures raisonnables - que celles-ci concernent l’immigration, la politique fiscale, ou bien l’éducation - pour préserver la place centrale des religions bibliques dans notre culture. La théorie libérale originelle était, dans certaines de ses formulations, réservée envers la religion, et souvent elle n’a pas su reconnaitre ou apprécier à quel point la société libérale avait emprunté au capital de la religion. En ce qui concerne le libéralisme moderne (si l’on met de côté l’importante faction qui est hostile aux religions bibliques), il a pris la norme légale de la liberté religieuse et l’a déformé en un nouvel idéal de neutralité entre la foi et l’incroyance. Le libéralisme ne nécessite pas cette neutralité, et le conservatisme ne la recommande pas.

Le conservatisme conserve la république américaine en promouvant « la tradition », ce qui fait référence, au-delà de la religion et des Lumières, aux idéaux classiques grecs et romains de vertu et d’excellence. Les conservateurs souscrivent au principe libéral d’égalité des droits, mais ils le font, pour une part qui n’est pas négligeable, parce que ce principe libère un espace pour l’apparition des inégalités et des excellences. La tradition fournit également une base théorique pour une hiérarchie des critères, qui permet aux conservateurs de critiquer sans avoir à s’en excuser la vulgarité qui infecte toute société et qui prospère dans la nôtre. Le libéralisme originel avait souvent les mêmes inclinations - Jefferson parlait d’une « aristocratie naturelle » - mais il s’engageait trop aisément dans des attaques contre les classiques et, dans son exubérance rationaliste, il est allé trop loin dans l’élévation de l’utile aux dépends du noble. Le libéralisme moderne, avec sa focalisation sur la compassion, a eu du mal à soutenir et à récompenser ouvertement les différentes formes d’excellence. Culturellement, il s’est aussi allié avec le relativisme, qui est l’application de l’idée d’égalité à toutes les pensées. Le relativisme rend plus difficile de maintenir des critères. Et surtout, dans nos universités, le libéralisme moderne a mis de côté « les vieux livres » afin de faire de la place pour les politiques de diversité et d’identité.

Le conservatisme accueille aujourd’hui les derniers adeptes du libéralisme originel. Et à juste titre, puisque le mouvement conservateur est bienveillant envers le droit de propriété, les marchés et qu’il s’oppose au collectivisme. Mais le conservatisme est également la demeure de ceux qui croient que la défense du libéralisme requiert quelque chose de plus que la théorie libérale. Les conservateurs de cette sorte montrent comment le fait de cultiver la tradition, la religion, et la vertu classique reconstitue le capital culturel qui nourrit le libéralisme. L’existence de ces différents courants de pensée à l’intérieur du conservatisme produit les tensions qui ont été mentionnées plus haut, mais elle est également une source de la grande créativité du mouvement. Cette créativité s’exprime le mieux dans l’idée que le bien public ne se trouve pas dans l’adhésion aux principes les plus simples, mais dans le mélange d’idées différentes et partiellement discordantes. En reconnaissant cette complexité, le conservatisme montre qu’il n’est pas une simple branche du libéralisme.

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[1] Toujours au sens américain du terme. Donc pour nous, la gauche, ou le progressisme.

[2] Allusion à une phrase prononcée par le Président Clinton lors de son discours sur l’état de l’Union en janvier 1996.

[3] Allusion au livre de Friedrich Hayek, The fatal conceit.

[4] Allusion à une formule fameuse employée par Jefferson dans une de ses lettres : “I contemplate with sovereign reverence that act of the whole American people which declared that their legislature should "make no law respecting an establishment of religion, or prohibiting the free exercise thereof," thus building a wall of separation between Church and State.”

Publié par aristide à l'adresse 07:30 2 commentaires: Envoyer par e-mailBlogThis!Partager sur TwitterPartager sur Facebook

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Premier paragraphe :

Il a été dit, en manière de plaisanterie, que de nos jours aux Etats-Unis l’union du mouvement conservateur est maintenue par deux vérités évidentes par elles-mêmes[1] : Barack Obama et Nancy Pelosi[2]. Comme beaucoup de remarques de ce genre, celle-ci contient une part de vérité. Une bonne partie de l’unité qui existe entre les conservateurs provient de leur antipathie partagée envers le libéralisme[3]. Cette aversion est le cœur unique qui bat dans la poitrine des composantes diverses et souvent querelleuses du mouvement conservateur. Si, par quelque étrange arrêt du destin, le libéralisme venait à cesser d’exister demain, le conservatisme commencerait à se fractionner dès le lendemain.

Hussein Obama et Nancy Pelosi sont classés parmi les libéraux?

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Hussein Obama et Nancy Pelosi sont classés parmi les libéraux?

L'auteur répond à cette objection ensuite :

"Le conservatisme américain se voue à la conservation de la république américaine. Il ne peut avoir de but plus élevé ou plus noble. Mais qu’est-ce donc, plus précisément, que le conservatisme est censé conserver ? Dans la mesure où la république américaine est habituellement rangée parmi les régimes « libéraux », certains se sont demandés si le conservatisme aujourd’hui ne devrait pas être considéré comme un synonyme du libéralisme ou comme une branche de celui-ci. Si cela est le cas, comme le croient beaucoup de gens, la tâche centrale du conservatisme serait de conserver le libéralisme (« libéralisme », dans ce contexte, fait référence à la variante originelle du 18ème siècle, c’est à dire un gouvernement limité dont le but principal est de protéger les droits individuels, plutôt qu’à la variante moderne qui désigne un Etat interventionniste visant à réaliser la « justice sociale »)."

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J'ai l'impression que ce texte est une traduction en français d'un texte américain où liberals a été traduit par libéraux. Les libéraux auxquels fait référence cet auteur sont les gens de gauche aux Etats-Unis.

Je ne vois donc aucune critique des conservateurs à l'égard des libéraux mais bien des gauchistes, par conséquent il n'y a rien à y répondre puisque cela ne nous concerne pas, mis à part que l'auteur a raison de dire que ce qui a marché et a été sélectionné par l'espèce humaine doit être gardé.

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Je ne vois donc aucune critique des conservateurs à l'égard des libéraux mais bien des gauchistes, par conséquent il n'y a rien à y répondre puisque cela ne nous concerne pas, mis à part que l'auteur a raison de dire que ce qui a marché et a été sélectionné par l'espèce humaine doit être gardé.

Je pense tout au contraire que cette critique concerne le libéralisme européen, qui suit exactement la même trajectoire que le libéralisme américain quoiqu'avec un certain retard. Mais la tendance est patente si l'on observe les développements récents des partis libéraux européens (et européistes) : relativisme moral, rejet des traditions et des préjugés, sécularisme, humanitarisme démocratique, utilitarisme, ingénierie sociale, économique et juridique, construction d'un gouvernement européen régulateur, utopie supra-nationale, mépris de la culture de l'excellence, etc. Elle fait également écho aux discussions récurrentes ici même sur les sujets touchant au libéralisme culturel : voir entre autres, le fil sur le mariage homosexuel.

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Le titre de ton post est trompeur puisque le libéralisme qui est attaqué est:

[1] Toujours au sens américain du terme. Donc pour nous, la gauche, ou le progressisme.

On comprend donc mieux les extraits suivants

Les libéraux peuvent éventuellement savoir ce qui est juste en suivant les exhortations du cœur - ils parlent sans cesse d’humanitarisme et de compassion

(…)

Le libéralisme est pratiquement synonyme d’Etat-providence.

La thèse selon laquelle le libéralisme "originel" évolue vers le libéralisme "moderne" (le progressisme en fait) n'a pas d'arguments solides. Ce n'est pas parce qu'on donne, à tort, le nom de libéralisme à ce qui n'en est pas, qu'on montre quoi que ce soit sur le libéralisme.

Et ce n'est pas parce que A n'est pas le conservatisme et B n'est pas le conservatisme, qu'il s'ensuit que A=B.

Le libéralisme ne dispose pas des instruments moraux pour conserver la liberté comme tradition, en s'opposant à l'individualisme des droits positifs qui procède de la logique du progrès social et démocratique.

L'individualisme qui procède de la logique du progrès social et démocratique, ce n'est pas de l'invidualisme.

L'eudémonisme est un constructivisme, et le libéralisme s'oppose à tous les constructivisme.

Il le fait de manière aveugle et pas au nom de vertus aristocratiques de la Grèce pré-démocratique mais il le fait quand même.

Si les conservateurs ont envie de ranger dans un même sac tout ce qui n'est pas conservateur, tant mieux pour eux, mais qu'il n'essayent pas de ranger Hayek dans leur camp.

Le même Hayek avait une vision des tendances politiques avec trois axes : libéral, socialiste et conservateur.

Je savais déjà que la majorité des socialistes ne faisaient pas de différence entre libéral et conservateur mais je vois qu'il y a aussi des conservateurs qui distinguent mal socialisme et liberalisme.

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Le blogue que tu nous soumets à lire me semble d'excellente facture. L'article de Ceaser est intéressant, même si effectivement, sa cible privilégiée semble être le new liberalism (progressiste, relativiste et socialisant), ce qui peut un peu affaiblir le sens de sa critique en nos contrées européennes (quand il s'adresse aux autres formes de libéralisme). Ce qui me semble important de souligner, c'est que les critiques adressées au libéralisme (critiques que je partage) peuvent très bien se faire sans quitter le libéralisme lui-même, ce que suggère d'ailleurs l'auteur de l'article (puisqu'il reconnaît que le conservatisme américain, pour certains, est surtout conservatoire du libéralisme du 18eme).

ératoum : Je viens de lire l'annexe de l'article. Ceaser ne pense pas que le conservatisme us se réduise à une forme ancienne de libéralisme, contrairement à certains de ses petits camarades.

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Je pense tout au contraire que cette critique concerne le libéralisme européen, qui suit exactement la même trajectoire que le libéralisme américain quoiqu'avec un certain retard. Mais la tendance est patente si l'on observe les développements récents des partis libéraux européens (et européistes) : relativisme moral, rejet des traditions et des préjugés, sécularisme, humanitarisme démocratique, utilitarisme, ingénierie sociale, économique et juridique, construction d'un gouvernement européen régulateur, utopie supra-nationale, mépris de la culture de l'excellence, etc.

+1, les partis libéraux européens suivent le meme chemin que les démocrates "liberals" américains, aux memes causes, les memes effets.

Elle fait également écho aux discussions récurrentes ici même sur les sujets touchant au libéralisme culturel : voir entre autres, le fil sur le mariage homosexuel.

Je mitigerai quand même ça fortement, c’est justement des sujets de débat musclés ici et le critère commun (avec interpretation variée, d'ou le fritage) reste la liberté et non l’émancipation, librekom étant de mon point de vue le représentant le plus clair d’une position faborable authentiquement libérale, favorable tactiquement à l’union civile homosexuelle sans en faire le constructivisme émancipateur des ‘liberals’ (sauf quand il s’énerve et qu’il laisse se réveiller le punkprog qui est en lui :D).

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Je pense tout au contraire que cette critique concerne le libéralisme européen, qui suit exactement la même trajectoire que le libéralisme américain quoiqu'avec un certain retard. Mais la tendance est patente si l'on observe les développements récents des partis libéraux européens (et européistes) : relativisme moral, rejet des traditions et des préjugés, sécularisme, humanitarisme démocratique, utilitarisme, ingénierie sociale, économique et juridique, construction d'un gouvernement européen régulateur, utopie supra-nationale, mépris de la culture de l'excellence, etc. Elle fait également écho aux discussions récurrentes ici même sur les sujets touchant au libéralisme culturel : voir entre autres, le fil sur le mariage homosexuel.

J'aurais tendance à penser que le libéralisme a toujours fait preuve de "relativisme moral, rejet des traditions et des préjugés, sécularisme, humanitarisme démocratique".

Concernant l' "utilitarisme, ingénierie sociale, économique et juridique, construction d'un gouvernement européen régulateur, utopie supra-nationale, mépris de la culture de l'excellence"

je ne vois pas en quoi ce sont les libéraux qui portent ces valeurs aujourd'hui.

As-tu des noms de personnalités ou des partis libéraux européens qui illustrent cette trajectoire ?

Je doute même de la notion de "trajectoire" puisque les soi-disant "libéraux modernes" américains ne sont pas libéraux.

Si demain je décide que Strasbourg s'appelle Paris, ça ne veut pas dire que Paris a suivi une trajectoire qui l'a déplacé de 400 Km vers l'Est.

Perso, je trouve l'article très américano-centré, d'ailleurs ça :

dans la mesure où deux des plus grands conservateurs américains, Friedrich Hayek et Milton Friedman,

c'est moche.

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Après lecture de l'annexe de l'article de Ceaser (qui tient un blog très intéressant intitulé Postmodern Conservative, rattaché à l'excellente revue oecuménique First Things), je comprends mieux sa thèse, qui est finalement assez proche de certains de ses collègues straussiens plus connus (HC Mansfield Jr ou Walter Berns) ou même d'un Marcel Gauchet : la théorie libérale ne décrit pas adéquatement sa propre pratique, elle participe même à son affaiblissement quand on ne l'inscrit pas dans la tradition politique classique.

Le libéralisme politique masque ou oublie les fondements culturels et / ou historiques qui conditionnent son émergence réelle. Mansfield prend l'exemple dans son petit essai Manliness de la théorie politique de Locke, qui présuppose (même si elle n'en parle jamais), l'entretien de la vertu de courage chez les citoyens comme nécessaire à la défense de la liberté (c'est aussi le cas de Berns dans "Making Patriots").

L'aveuglement théorique libéral conduirait à l'érosion permanente du fondement sociologique nécessaire à son maintien. C'est comme ça que Gauchet explique le triomphe contemporain de la démocratie libérale telle que nous la connaissons aujourd'hui effectivement : une dynamique individualiste qui n'a pas cessé de se modifier depuis le début du 18eme jusqu'au compromis de l'Etat social d'après guerre.

Je crois que ces critiques sous estiment la place prise par l'Etat moderne, à partir de la révolution industrielle, dans la définition des relations politiques et ce que cela signifient pour la place des vertus dans son bon fonctionnement (et la définition même du libéralisme !).

Ceaser comme certains straussiens de sa génération (je pense notamment à David F. Epstein) soutient que l'institution de la république américaine, notamment la mise en place d'un gouvernement national énergique, vise à attirer les citoyens les plus compétents et les plus vertueux aux charges publiques. Il s'agit d'une hypothèse typiquement straussienne : il y a un discours exotérique pour l'ensemble des citoyens dans les federalist papers, et à côté de ça un appel plus discret aux meilleurs pour maintenir la liberté du pays. Notons au passage que celui qui fut son mentor, Martin Diamond (un straussien de la génération précédente), n'a jamais lu quoi que ce soit qui puisse accréditer cette thèse dans ses propres écrits sur le fédéraliste. Mais le conservatisme américain n'existait pas encore vraiment.

On peut se demander

(1) si l'excellence humaine est un bien public que le marché ne suffit pas à fournir (les vertus qu'ils encensent n'existaient pas avant l'Etat moderne ? Qu'est ce qui fait qu'elles sont désormais décriées ou rejetées ? N'est-ce pas parce qu'elles avaient aussi une fonction au sein du monde social ? etc),

(2) si l'excellence humaine ne devient un bien public appréciable qu'à partir du moment ou est reconnu légitime l'existence d'un état moderne générant structurellement vice et corruption (et donc la nécessité d'en tempérer la nature vicieuse par un retour hypothétique aux vertus antiques)

(3) si cette appel à la vertu a une quelconque efficace pour modérer une relation politique désormais médiée par l'Etat (c'est-à-dire l'institutionnalisation et la professionnalisation des politiques et la dépolitisation des citoyens), qui, si l'on suit sérieusement Strauss, tient plus de Machiavel que d'Aristote.

(4) Si Le mode d'être de la politique moderne tient plus de Machiavel que d'Aristote, c'est-à-dire que les vertus morales passent désormais à un second plan par rapport à l'efficacité et à la rationalité instrumentale, alors l'invocation conservatrice à la vertu, au lieu de révéler et de tempérer les tentations proprement tyranniques de la politique, tend plutôt à les masquer et à obscurcir le débat : comparer GW Bush à Périclès, J Calhoun à Thrasymaque ou la bureaucratie fédérale à l'antique vertu de modération n'éclairent pas grand chose à la verita effettuale des rapports de force contemporains.

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ératoum : Je viens de lire l'annexe de l'article. Ceaser ne pense pas que le conservatisme us se réduise à une forme ancienne de libéralisme, contrairement à certains de ses petits camarades.

Je trouve cette annexe fort pertinente et judicieuse par son esprit de combinaison. Ceaser met en évidence que le conservatisme ne peut se borner à conserver le libéralisme du XVIIIè, dans la mesure où celui-ci s'exposait déjà aux excès constructivistes des Lumières critiqués par Burke. Le libéralisme originel de Montesquieu et de Hume est une théorie politique saine, qui fournit des critères corrects de limitation du pouvoir contre les abus des princes. Mais cette théorie est en soi insuffisante pour juger de ses propres conditions de conservation, dans une perspective sociale réaliste qui doit juger du moindre mal.

En somme, la bonne question est : comment sauver le libéralisme de lui-même?

Son versant économiste développé au XIXè a débouché sur une gouvernance utilitaire dont la maxime est le plus grand bonheur pour le plus grand nombre. Ainsi sa catégorie principale n'est plus la société civile ou le pouvoir, mais l’humanité abstraite. Le libéralisme ne contient pas en soi suffisamment de ressources pour s'opposer aux nouvelles gouvernances et résister au "mauvais individualisme" qui accompagne le despotisme démocratique. La tâche du conservatisme serait donc de le revitaliser afin d'en compléter les carences ethiques et culturelles.

Hayek s'y est consacré dans une certaine mesure en montrant que le capitalisme repose sur la conservation de préjugés involontaires, dans laquelle la religion joue un rôle emminent, ainsi que les institutions comme la famille et le mariage mixte, sans lesquelles il n'y aurait pas de propriété privée. Or ces préjugés et ces institutions sont souvent combattus par les intellectuels libéraux actuels, et les intellectuels tout court qui désirent lutter contre les superstitions, mais qui n'en comprennent pas la fonction fondamentale.

La conclusion de Ceaser est intéressante, car elle cherche à densifier le libéralisme en combinant la théorie libérale originelle avec un apport élitiste, l'acceptation d'une religion biblique ou civique comme ciment culturel, et un cadre républicain fondé sur la culture de la vertu ou de l'excellence. Réhabiliter la notion de société civile suppose de la revaloriser par rapport au culte de l'individu abstrait et son corollaire étatique. Or restaurer le cadre de la loi naturelle suppose de se réapproprier l'héritage des anciens. La raison grecque et romaine (singulièrement Aristote), qui articule la réalisation éthique de l'individu avec le bon fonctionnement de la cité au moyen de l'exercice de la vertu, conformément à la loi naturelle, qui passe par la transmission ou l'éducation d'une forme de religion civique.

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Tout cela me paraît bel et bon. Le sens de ma remarque peut se résumer en une seule phrase : le développement de l'Etat moderne post industriel peut-il accueillir et générer la vertu des gouvernants comme des gouvernés, quand on sait que son mode d'existence tient plus de la tyrannie que de la démocratie au sens classique (au sens d'Aristote) ?

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Tout cela me paraît bel et bon. Le sens de ma remarque peut se résumer en une seule phrase : le développement de l'Etat moderne post industriel peut-il accueillir et générer la vertu des gouvernants comme des gouvernés, quand on sait que son mode d'existence tient plus de la tyrannie que de la démocratie au sens classique (au sens d'Aristote) ?

Remarque conséquente : c'est un peu le paradoxe de la situation actuelle, qui nécessite l'alliance du conservatisme (fiscal et politique) avec le libertarisme, pour diminuer l'étendue du gouvernement.

Le premier entend conserver un état de fait qui n'existe plus à cause de l'emprise et du poids démesuré de l'Etat-providence, et ne serait donc pas conservateur stricto sensu, une fois aux affaires. Tandis que le libertarisme, qui s'accorde avec le conservatisme sur la limitation du gouvernement aux pouvoirs régaliens, doit accepter provisoirement un gouvernement fort pour réformer celui-ci, lui imposer un amaigrissement drastique et résister aux immenses forces qui ont intérêt à maintenir un Etat obèse et impotent.

Paradoxe souligné ici :

"Le traditionalisme et le libertarisme sont susceptibles d’être les plus influents lorsque la tâche du moment est de corriger ou de défaire des politiques libérales erronées. Le traditionalisme s’enorgueillit parfois de ne pas avoir de projet positif ; il trouve sa vocation dans la critique des initiatives imprudentes des autres et souvent fonctionne le mieux en tant que « conscience du conservatisme ». Le libertarisme (y compris le conservatisme économique) est le plus nécessaire lorsqu’il s’agit de contrecarrer les abus provoqués par la planification centralisée. Son point fort est « l’administration » des affaires intérieures - non pas, bien évidemment, dans le sens libéral de construction d’un Etat administratif, mais dans le sens plus ancien de gérer les affaires publiques. De nos jours le conservatisme économique ne peut pas rester passif. Il doit se préoccuper de mettre au point des plans pour superviser l’économie, pour réduire les budgets, et pour faire face à l’énorme pression économique créée par les engagements excessifs de la protection sociale en matière de retraite et de santé."

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En somme, la bonne question est : comment sauver le libéralisme de lui-même?

Je veux pas faire le gros lourd qui n'a qu'un seul argument, mais beaucoup d'éléments de réponses sont donnés dans l'essai de Philippe Nemo "La belle mort de l'athéisme moderne".

Si on veut sauver le libéralisme de lui-même, il faut se souvenir de ses origines et des valeurs fondatrices de celui-ci. Quelque chose qui a à voir avec un certain message transcendant …

Son versant économiste développé au XIXè a débouché sur une gouvernance utilitaire dont la maxime est le plus grand bonheur pour le plus grand nombre. Ainsi sa catégorie principale n'est plus la société civile ou le pouvoir, mais l’humanité abstraite. Le libéralisme ne contient pas en soi suffisamment de ressources pour s'opposer aux nouvelles gouvernances et résister au "mauvais individualisme" qui accompagne le despotisme démocratique. La tâche du conservatisme serait donc de le revitaliser afin d'en compléter les carences ethiques et culturelles.

Hayek s'y est consacré dans une certaine mesure en montrant que le capitalisme repose sur la conservation de préjugés involontaires, dans laquelle la religion joue un rôle emminent, ainsi que les institutions comme la famille et le mariage mixte, sans lesquelles il n'y aurait pas de propriété privée. Or ces préjugés et ces institutions sont souvent combattus par les intellectuels libéraux actuels, et les intellectuels tout court qui désirent lutter contre les superstitions, mais qui n'en comprennent pas la fonction fondamentale.

La conclusion de Ceaser est intéressante, car elle cherche à densifier le libéralisme en combinant la théorie libérale originelle avec un apport élitiste, l'acceptation d'une religion biblique ou civique comme ciment culturel, et un cadre républicain fondé sur la culture de la vertu ou de l'excellence. Réhabiliter la notion de société civile suppose de la revaloriser par rapport au culte de l'individu abstrait et son corollaire étatique. Or restaurer le cadre de la loi naturelle suppose de se réapproprier l'héritage des anciens. La raison grecque et romaine (singulièrement Aristote), qui articule la réalisation éthique de l'individu avec le bon fonctionnement de la cité au moyen de l'exercice de la vertu, conformément à la loi naturelle, qui passe par la transmission ou l'éducation d'une forme de religion civique.

+1 pour le reste.

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Son versant économiste développé au XIXè a débouché sur une gouvernance utilitaire dont la maxime est le plus grand bonheur pour le plus grand nombre. Ainsi sa catégorie principale n'est plus la société civile ou le pouvoir, mais l’humanité abstraite. Le libéralisme ne contient pas en soi suffisamment de ressources pour s'opposer aux nouvelles gouvernances et résister au "mauvais individualisme" qui accompagne le despotisme démocratique. La tâche du conservatisme serait donc de le revitaliser afin d'en compléter les carences ethiques et culturelles.

Hayek s'y est consacré dans une certaine mesure en montrant que le capitalisme repose sur la conservation de préjugés involontaires, dans laquelle la religion joue un rôle emminent, ainsi que les institutions comme la famille et le mariage mixte, sans lesquelles il n'y aurait pas de propriété privée. Or ces préjugés et ces institutions sont souvent combattus par les intellectuels libéraux actuels, et les intellectuels tout court qui désirent lutter contre les superstitions, mais qui n'en comprennent pas la fonction fondamentale.

Sur ces deux paragraphes :

- pour le premier : tu parles certainement des économistes tels que ceux que l'on trouve à l'OFCE, à ScPo et compagnie. Certes, ils font fausse route : concurrence pure et parfaite, atomisation de l'individu, etc. Mais d'abord, ce n'est pas leur rôle : on n'est pas obligés de tenir compte de la culture et des structures sociales telles que la famille dès qu'on lève le plus petit doigt. Que viennent faire ces sujets par exemple pour ce qui concerne l'inflation? Ensuite, il ne faut pas que cet économisme que tu dénonces (à juste titre) soit confondu avec ce qu'on appeler le bizness. Le bizness, c'est monter des boites,s'associer, etc. Et dans ce cadre là, le pipeau nihiliste libertariano/libéral que tu dénonces n'a absolument aucun, mais alors aucun rapport. Et le bizness, c'est l'essentiel de l'économie.

- pour le second : idem, c'est peut-être valable pour la poignée d'économistes qui a l'oreille du Prince, mais dans le bizness, ne pas tenir compte de ce que tu expliques à juste titre conduit à l'échec total presque immédiatement. Donc ce genre de démarches disparaît assez vite des radars.

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Je veux pas faire le gros lourd qui n'a qu'un seul argument, mais beaucoup d'éléments de réponses sont donnés dans l'essai de Philippe Nemo "La belle mort de l'athéisme moderne".

Si on veut sauver le libéralisme de lui-même, il faut se souvenir de ses origines et des valeurs fondatrices de celui-ci. Quelque chose qui a à voir avec un certain message transcendant …

+1

L'ennemi, c'est Kant.

J'aime cette concision mais je te supplie, mon cher Lucilio, de développer afin que je puisse saisir toutes les nuances de ce que tu viens de dire (où comment passer pour un fayot et un un ignorant en une phrase^^)

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J'ai l'impression que ce texte est une traduction en français d'un texte américain où liberals a été traduit par libéraux. Les libéraux auxquels fait référence cet auteur sont les gens de gauche aux Etats-Unis.

Je ne vois donc aucune critique des conservateurs à l'égard des libéraux mais bien des gauchistes, par conséquent il n'y a rien à y répondre puisque cela ne nous concerne pas, mis à part que l'auteur a raison de dire que ce qui a marché et a été sélectionné par l'espèce humaine doit être gardé.

J'ai lu la moitié, après j'ai arrêté, je pense pareil.

Rien que lire "le libéralisme est condamnable à cause de sa préférence automatique pour la régulation et la planification", j'avoue loler un peu.

edit : ok pour la dérive de(s) (certains) parti(s) libéraux européen (le MR qui propose une charte liberhallal sur Internet mais qui soutient ouvertement la social-démocratie et Obama) mais de là a ce que ça concerne les libéraux au sens originel du terme, bof.

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Je viens de commencer l'ouvrage de Deirdre McCloskey intitulé Bourgeois Dignity: Why economics can't explain the Modern World, dont la thèse centrale rejoint un peu celle de la critique conservatrice du libéralisme telle qu'elle a été décrite dans ce fil, à savoir la nécessité d'une éthique constituée forte précédant la théorie politique du libéralisme :

"My libertarian friends want liberty alone to suffice, but il seems to me that is not. Changing laws is not enough (though it is a good start -and rotten laws can surely stop growth cold). True, from 1600 on the new dignity and the new liberty normally reinforced each other, and such a reinforcement is one possible source of the economist's "non linearities". Dignity and liberty are admittedly hard to disentangle. But dignity is a sociological factor, liberty an economic one. Dignity concerns the opinion the others have of the shopkeeper. Liberty concerns the law that constrain him. The society and the economy interact. Yet contrary to a materialist reduction, they are not the same (…)" (p. 11)

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Rapport au titre, il me semble clair que les critiques conservatrices sont infiniment plus pertinentes et difficiles que les collectivistes.

J'en reviens à Mearsheimer, et sa "Tragedy of Great Power Politics", dont il ne me semble pas que les libéraux peuvent se dépétrer si facilement que ça.

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J'en reviens à Mearsheimer, et sa "Tragedy of Great Power Politics", dont il ne me semble pas que les libéraux peuvent se dépétrer si facilement que ça.

héhé depuis que tu en as parlé sur le forum, il trône à côté de mon bureau dans l'attente d'être lu, cui-là.

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Franchement bon. Le seul truc qui le relativise, c'est l'absence de guerre. Le test de sa théorie est de toutes façons très facile : qu'est-ce qui va se passer en Europe au fur et à mesure qu'Uncle Sam retire ses billes, et quelle tournure va y prendre la lutte les des grandes puissances dans ce nouveau contexte ? (Bémol: ça ne sera pas comme en 14, parce que désormais il y a l'arme atomique … on a très peu de données sur comment l'arme atomique influe sur l'évolution des choses … une question essentielle, par exemple, du XXIème siècle, en termes de validation de la théorie est : combien de temps l'Allemagne restera-t-elle sans ? S'il a raison, alors, Uncle Sam parti, la réponse doit être, pas très longtemps du tout. Amusant, non ?).

Les enjeux des bisbilles sur l'euro sont-ils juste ça, ou bien plus que ça ?

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  • 2 months later...

J'ai l'impression que ce texte est une traduction en français d'un texte américain où liberals a été traduit par libéraux. Les libéraux auxquels fait référence cet auteur sont les gens de gauche aux Etats-Unis.

Euh oui ça saute aux yeux.

libertarianism traduit "libertarisme" aussi…

http://books.google.com/books?id=WTz-2DB0Xb8C Page 141.

Je pense pouvoir dire sans me tromper que la moitié des participants à ce fil n'ont pas RTFA.

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A noter que le brouillage des cartes vient en grande partie des progressistes eux-mêmes : quand on lit par exemple la fort niaise histoire de la philosophie occidentale de Bertrand Russell, le passage sur l'émergence du libéralisme au 18e est présentée comme le moment précurseur du progressisme triomphant.

 

Cela n'est pas sans lien avec les usages faits de la pensée de John Locke par ses exégètes. Certains l'ont désigné comme un précurseur du progressisme démocratique (cf Louis Hartz ou Willmoore Kendall par exemple), d'autres comme le théoricien par excellence de la propriété (les libéraux classiques).

 

 

Ces deux interprétations possibles viennent de la tension fondamentale qui est au coeur du deuxième traité entre le démocratisme légicentriste lockien et l'idée de droit naturel de propriété. 

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Absolument.

 

Il n’y a pas de honte, en politique, à s’appuyer sur la force de cohésion que fournit un ennemi commun. L’Amérique est un vaste pays, dans lequel un mouvement ne peut espérer remporter une majorité que par une coalition. Le conservatisme est une coalition de ce genre. D’un point de vue théorique, celui-ci est composé de quatre têtes qui tirent d’un même cœur le sang qui les irrigue : le traditionalisme, le néoconservatisme, le libertarisme, et la droite religieuse. Le conservatisme est un mouvement caractérisé par ce que l’on nommait autrefois - avant que le multiculturalisme ne prenne le terme en otage - la diversité

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