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Critique conservatrice du libéralisme


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Tout cela me paraît bel et bon. Le sens de ma remarque peut se résumer en une seule phrase : le développement de l'Etat moderne post industriel peut-il accueillir et générer la vertu des gouvernants comme des gouvernés, quand on sait que son mode d'existence tient plus de la tyrannie que de la démocratie au sens classique (au sens d'Aristote) ?

 

Bonsoir,

 

Je ne comprends pas quand tu dis que le mode d'existence de l'Etat post moderne réleve plus de la tyrannie (et même si je suis familiére en revanche avec la notion de démocratie que tu vises aprés).

Pourquoi? Simplement hein, je connais rien du tout à cela.

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Bonsoir,

 

Je ne comprends pas quand tu dis que le mode d'existence de l'Etat post moderne réleve plus de la tyrannie (et même si je suis familiére en revanche avec la notion de démocratie que tu vises aprés).

Pourquoi? Simplement hein, je connais rien du tout à cela.

 

Je parlais du mode d'existence de l'Etat moderne. Je m'excuse si je n'ai pas été clair. Celui-ci en émergeant dessine un rapport entre gouvernants et gouvernés qui n'existait ni au Moyen âge, ni dans l'antiquité. C'est Machiavel qui couche sur papier la description de la vertu nécessaire à son bon fonctionnement, et Hobbes qui pose les fondements de la science nouvelle du gouvernement représentatif, cette entité hiérarchique et spécialisée (puissance publique) pérenne qui ne peut plus se réduire à la seule activité réglée par la constitution. La Virtus machiavélienne, qui irrigue toute la science politique moderne, est bien connue : il est demandé au politique d'être à la fois renard et lion, et de se tenir à distance de la morale pour garantir l'efficacité de son action, qui est de prendre et conserver le pouvoir. S'il convient de paraître juste (enfin, mieux vaut se faire craindre que de paraître juste nous dit Machiavel), il est nécessaire pour se maintenir en poste de ne pas trop l'être.

 

En d'autres termes, l'esprit du pouvoir selon Machiavel, qui est un enseignement à l'adresse des puissants, c'est le pouvoir pour le pouvoir sans la modération de la justice, ce qui revient, si on prend la grammaire classique, à préférer la tyrannie aux différentes formes de régimes droits. Pour Aristote par exemple, le sens du terme tyrannie oscille entre le gouvernement d'un seul sans lois ou le gouvernement d'un seul mais dont les lois sont à son seul bénéfice. C'est Thrasymaque qui a raison contre Socrate, la justice cède la place à la pure efficacité. 

 

Le deuxième élément de l'approche Machiavélienne, en rupture avec par exemple la science politique aristotélicienne mais pas avec la tyrannie antique, est l'insistance voire la prééminence qu'il donne à à la décision politique sur la délibération. Aristote fait de la loi, cette raison sans passion, le produit de la délibération bonne d'hommes vertueux. Machiavel invente le pouvoir exécutif : une bonne république est une république dans laquelle le souverain est au dessus de la loi et la remplace même de temps en temps histoire de rafraîchir la vertu de son peuple (cf son agressivité et les tensions qui sont à l'origine de la liberté).

 

Hobbes vient après et formalise la physionomie nouvelle du pouvoir : la prééminence de l'exécutif, la distance entre gouvernants et gouvernés, et la liberté absolue du souverain opposé à la soumission absolue des gouvernés (dans tous les domaines, politique comme moral). 

 

Dans les deux cas, les premiers penseurs de la politique (Machiavel) et de l'Etat (Hobbes) moderne vont redécouvrir dans la science politique classique non pas l'enseignement sur la politeia, mais sur cette forme particulière de monarchie déviée qu'est la tyrannie. 

 

Sur le sujet, je te conseille la lecture du commentaire de Leo Strauss sur le Hiéron, un dialogue de Xénophon sur la tyrannie qui a particulièrement inspiré Machiavel, et Le Prince apprivoisé, de Harvey Mansfield Jr, qui montre que la généalogie du pouvoir exécutif qui est au centre de la définition de l'Etat prend sa source (entre autres) dans la tyrannie. Tu peux aussi lire Les Lois de Platon, où l'étranger d'Athènes explique pourquoi dans sa cité idéale (des magnètes), la fondation doit être confiée à un tyran vertueux par souci d'efficacité, qui est encore une fois la marque de fabrique d'un tyran qui ne veut pas s'embarrer d'une loi qui l'oblige à la modération.

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Je parlais du mode d'existence de l'Etat moderne. Je m'excuse si je n'ai pas été clair. Celui-ci en émergeant dessine un rapport entre gouvernants et gouvernés qui n'existait ni au Moyen âge, ni dans l'antiquité. C'est Machiavel qui couche sur papier la description de la vertu nécessaire à son bon fonctionnement, et Hobbes qui pose les fondements de la science nouvelle du gouvernement représentatif, cette entité hiérarchique et spécialisée (puissance publique) pérenne qui ne peut plus se réduire à la seule activité réglée par la constitution. La Virtus machiavélienne, qui irrigue toute la science politique moderne, est bien connue : il est demandé au politique d'être à la fois renard et lion, et de se tenir à distance de la morale pour garantir l'efficacité de son action, qui est de prendre et conserver le pouvoir. S'il convient de paraître juste (enfin, mieux vaut se faire craindre que de paraître juste nous dit Machiavel), il est nécessaire pour se maintenir en poste de ne pas trop l'être.

 

En d'autres termes, l'esprit du pouvoir selon Machiavel, qui est un enseignement à l'adresse des puissants, c'est le pouvoir pour le pouvoir sans la modération de la justice, ce qui revient, si on prend la grammaire classique, à préférer la tyrannie aux différentes formes de régimes droits. Pour Aristote par exemple, le sens du terme tyrannie oscille entre le gouvernement d'un seul sans lois ou le gouvernement d'un seul mais dont les lois sont à son seul bénéfice. C'est Thrasymaque qui a raison contre Socrate, la justice cède la place à la pure efficacité. 

 

Le deuxième élément de l'approche Machiavélienne, en rupture avec par exemple la science politique aristotélicienne mais pas avec la tyrannie antique, est l'insistance voire la prééminence qu'il donne à à la décision politique sur la délibération. Aristote fait de la loi, cette raison sans passion, le produit de la délibération bonne d'hommes vertueux. Machiavel invente le pouvoir exécutif : une bonne république est une république dans laquelle le souverain est au dessus de la loi et la remplace même de temps en temps histoire de rafraîchir la vertu de son peuple (cf son agressivité et les tensions qui sont à l'origine de la liberté).

 

Hobbes vient après et formalise la physionomie nouvelle du pouvoir : la prééminence de l'exécutif, la distance entre gouvernants et gouvernés, et la liberté absolue du souverain opposé à la soumission absolue des gouvernés (dans tous les domaines, politique comme moral). 

 

Dans les deux cas, les premiers penseurs de la politique (Machiavel) et de l'Etat (Hobbes) moderne vont redécouvrir dans la science politique classique non pas l'enseignement sur la politeia, mais sur cette forme particulière de monarchie déviée qu'est la tyrannie. 

 

Sur le sujet, je te conseille la lecture du commentaire de Leo Strauss sur le Hiéron, un dialogue de Xénophon sur la tyrannie qui a particulièrement inspiré Machiavel, et Le Prince apprivoisé, de Harvey Mansfield Jr, qui montre que la généalogie du pouvoir exécutif qui est au centre de la définition de l'Etat prend sa source (entre autres) dans la tyrannie. Tu peux aussi lire Les Lois de Platon, où l'étranger d'Athènes explique pourquoi dans sa cité idéale (des magnètes), la fondation doit être confiée à un tyran vertueux par souci d'efficacité, qui est encore une fois la marque de fabrique d'un tyran qui ne veut pas s'embarrer d'une loi qui l'oblige à la modération.

 

 

Merci, je vais regarder petit à petit parce que c'est beaucoup. Sur le même sujet du pouvoir, j'ai lu un bouquin fascinant à Noël dont j'ai evidememment oublié le titre, mais qui est un Best sellers aux USA, sur les fondements humains du pouvoir et en se basant sur les principales figures récentes (Ghandi,Hitler,De Gaulle etc) l'auteur démontrait surtout qu'à l'origine était l'homme  et une sorte de vision interne qui pour lui serait une composante de l'autisme Aspergeer et qui créerait la mégalomanie nécessaire à l'homme de pouvoir.

 

Je paraphrase evidememment mais de cette sorte de clairvoyance de soi même, les omégas se retrouvaient alors fascinés , comme des lapins dans le phares d'une voiture.Il faut que je le retrouve, ça m'enerve...

Je suis d'accord pour le tyran vertueux, un peu à la de gaulle pourquoi pas mais comment savoir s'il ne sort pas des rangs et comment s'assurer qu'il ne s'agisse pas d'un tyran tout court?

 

 

Et oui, ce serait un super papier pour CP la tyrannie du pouvoir, un peu comme la tyrannie de la faiblesse d'ailleurs.

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Après lecture de l'annexe de l'article de Ceaser (qui tient un blog très intéressant intitulé Postmodern Conservative, rattaché à l'excellente revue oecuménique First Things),

 

Merci pour cette référence, je viens de découvrir et je trouve ça très intéressant.

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