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Vitalité du capitalisme


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Hé bien, s'il s'agit de débattre de la vitalité du capitalisme, je ne suis pas excessivement optimiste... Les extrêmes n'ont pas besoin d'arriver au pouvoir, le simple pourrisement de la situation, la seule inertie de l'Etat-Providence nous mène déjà vers toujours plus de collectivisme.
 
Comme le dit bien de Jasay dont je viens de finir l'ouvrage:

"La transition vers le socialisme réel, dans le sens d'une stratégie de « maximax » de l'Etat, sorte de somnambulisme presque subconscient, visant à la fois à augmenter son potentiel de pouvoir discrétionnaire et à concrétiser la plus grande partie du potentiel ainsi créé, à toutes les chances de se faire sans violence, sans couleur et sans éclat. C'est une stratégie à forte rentabilité et faible risque. Loin de la bruyante « bataille pour la démocratie [ ... ] pour rassembler tous les instruments de production dans les mains de l'Etat » ; à cent lieues de la rupture héroïque des révolutionnaires ; sans besoin aucun d'écraser dans le sang la minorité possédante, la transition vers le socialisme réel sera d'autant mieux assurée qu'elle reposera davantage sur une lente atrophie des sous-systèmes de la société initialement indépendants et autorégulateurs. A mesure que l'on restreint davantage leur liberté de fonctionnement, la perte de vitalité des pans successifs de l' « économie mixte » conduira finalement à ce qu'on accepte passivement une extension progressive de la propriété publique ; on finira même par la réclamer à grands Cris."
-Anthony de Jasay, L’Etat – La logique du pouvoir politique, Les Belles Lettres, coll. Laissez faire, 1994 (1985 pour la première édition anglaise), 500 pages, p.373

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On n'a peut-être pas compris l'article de la même façon. Bainville l'a écrit en 1936, en période de grave crise. Il montre donc par des exemples de crises économiques passées qu'elles ne sont pas fatales, rien de plus. L'objet de l'article n'a rien à voir avec les extrêmes, mais avec le pessimisme et le catastrophisme ambiant qu'on peut constater en période de crise. Après, sur le dieu qu'est devenu l’État, ce n'est pas vraiment son sujet.

 

Mais concernant l'Etat-providence il écrivait déjà en 1929 :

 

"En Allemagne, en Angleterre, les assurances sociales prêtent à des abus désastreux. Elles constituent une charge écrasante pour le budget, car, bien entendu, c'est sur le budget qu'elles retombent. On a fait, surtout en Allemagne, des peintures très exactes des effets qu'elles produisent non seulement au point de vue financier, mais au point de vue moral et psychologique, sans compter l'avilissement de la profession médicale, qui a des conséquences graves pour la santé publique qu'on cherchait justement à protéger."

 

Il disait aussi, c'est ma signature d'en ce moment :

 

"Aujourd'hui, c'est à l'État que chacun se recommande. Il est inutile d'insister sur ce point. L'industrie, le commerce, l'agriculture rivalisent pour réclamer sa protection. L'épargne, elle-même, cette imprudente, se place sous sa garde, et l'épargne ne se distingue pas du capital qui se rend ainsi prisonnier.

 

"Il résulte de là que l'État en arrive à tout réglementer et à tout diriger à la demande des intéressés eux-mêmes. Les citoyens d'autrefois ne souffraient plus d'être des sujets. Ceux d'aujourd'hui sont devenus des « assujettis ». Peu importe que cela s'appelle socialisme, étatisme, corporatisme ou économie dirigée. Peu importe que l'exemple vienne de Russie, d'Allemagne, d'Italie ou d'Amérique. C'est ce que nos pères appelaient du caporalisme. Volontairement ou bien écrasés par les circonstances, l'individu a abdiqué en échange d'une protection. Il se livre aux protecteurs, et, souvent, quels protecteurs !"

 

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j'ajoute : le salariat était minoritaire à cette époque et le maximum des salaires (qui est le corrollaire logique du maximum des prix) s'est surtout appliqué dans les établissements contrôlés par l'Etat (les Manufactures pour l'effort de guerre). Le maximum était impopulaire puisqu'il empêchait les augmentations de salaire et il a contribué à détacher une partie du petit peuple du gouvernement révolutionnaire.

Merci pour ces précisions. La loi du maximum général est abordée avec plus de détails que je ne le fais dans "L'Économie de la Révolution française", de Florin Aftalion, qui, de mémoire, décrivait la loi du maximum général comme étant d'une portée très large, peut-être plus larges que tu ne les décris, et ayant eu des effets désastreux sur l'ensemble de l'économie du pays (en plus d'empêcher les hausses de salaire, comme tu le rappelles fort à propos, alors que l'inflation accélérait précisément à cette période).

Ceci dit, je concède que le mot socialisme est anachronique en l'absence d'administration moderne. Je voulais dire en fait que le contrôle des prix est davantage propre à une économie socialiste (ou contrôlée par l'État), qu'à une économie communiste, où les prix n'existent plus et où les licornes broutent de l'herbe qui fait rire. Ce que j'aurais dû préciser est en effet le besoin d'une administration pour parler de socialisme. Dont acte.

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Bainville ne précise pas de quoi il parle, donc on ne peut que spéculer.

Sinon, vérification faite, le maximum a effectivement concerné davantage que le prix du pain: https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_du_maximum_g%C3%A9n%C3%A9ral

On peut à la rigueur parler de dérive socialiste de la République française dans la phase révolutionnaire de la Terreur. Mais l'association entre jacobinisme et socialisme reste erronée, car comme le dit bien wiki, le maximum est exigé par "les sans-culottes parisiens, emmenés par les Enragés et les Hébertistes", deux factions que Robespierre et Saint-Just ont combattu et purgé.

 

vérification faite = confondre ce qui est écrit dans un texte et son application concrète.

Je suis désolé je parle en historien.

 Dans les faits, pas dans les textes officiels bien sûr, le maximum a essentiellement concerné le pain (et les salaires).

 

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vérification faite = confondre ce qui est écrit dans un texte et son application concrète.

Je suis désolé je parle en historien.

 Dans les faits, pas dans les textes officiels bien sûr, le maximum a essentiellement concerné le pain (et les salaires).

 

Même si c'est encore une fois un tout petit détail de l'article de Bainville, mais c'est toujours intéressant pour se cultiver, vous pouvez fournir vos références en la matière ? Ce serait intéressant en tout cas, Rincevent en ayant filé une pour soutenir son point de vue.

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Très beau texte merci pour le partage, ça donne envie de lire plus de l'auteur.

 

 [communisme primitif]
Qui est un peu du bullshit quand même. On pourrait parler d'anarcapisme primitif avant l'apparition de l'état tant qu'on y est lol.

 

Et pourquoi pas ? Il y a probablement du bon à prendre dans les deux idées et elles ne sont pas forcément incompatibles (par exemple communisme primitif à l'intérieur des tribus et anarcho-capitalisme guerrier entre les tribus ?) Je n'ai pas lu les auteurs dont l'article wikipédia fait mention donc après je dis pas que tout est à conserver dans le "communisme primitif"

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Indeed. Je n'ai guère vu de preuves d'un quelconque communisme primitif dans le passé. Dans une période récente, certains "peuples premiers" ne connaissaient guère la propriété (mais la possession, oui) ; d'autres étaient hyper-propriétaristes. Mais il y a des dizaines de milliers d'années, je doute qu'on puisse trancher aussi radicalement.

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Steven Mithen a écrit un livre intéressant, After the Ice, où entre autres choses, il touche le sujet du début de la stratification sociale dans les tribus. Sa réponse est qu'elle est apparue pendant le Mésolithique (12 000 - 7 000 BC) en Europe.

 

Il y a toujours eu de la compétition entre les hommes des tribus du Paléolithique, mais en l'absence de surplus important les normes culturelles refoulées la possibilité d'accumulation de richesse par certains de ses membres, ceci dans l'intérêt de la cohésion et de la survie même de la tribu. C'est quand le surplus a augmenté - avec les prémices de l'agriculture - que les normes culturelles qui empechaient la trop grande différenciation matérielle entre individus se sont relachées. Cela a augmenté encore la compétition, a accru l'innovation et a donné lieu a une accumulation de richesses importante pour certains qui ont utilisé leurs ressources matérielles pour obtenir du prestige et un pouvoir politique. De là sont nés des proto-Etats. (Cette explication vient d'un autre livre, The Uniqueness of Western Civilization, très bien aussi. Mithen est plus descriptif).

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C'est quand le surplus a augmenté - avec les prémices de l'agriculture - que les normes culturelles qui empechaient la trop grande différenciation matérielle entre individus se sont relachées.

 

Autrement dit, les inégalités matérielles sont vraiment apparues avec l'agriculture. C'est déjà ce que disait Rousseau dans le Discours sur l'origine de l'inégalité.

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Ah bah si Rousseau le dit alors c'est sûr que ça apporte beaucoup de crédibilité.

 

Sinon je trouve que c'est un peu fort de commencer le thread comme ça :

 

Si les mots ont un sens, le communisme est la "Théorie visant à mettre en commun les biens matériels. Formation économique et sociale caractérisée par la mise en commun des moyens de production et d'échange, par la répartition des biens produits suivant les besoins de chacun, par la suppression des classes sociales et l'extinction de l'État qui devient l'administration des choses." ("Communisme", définition sur Larousse.fr : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/communisme/17572).

 

Pour en arriver quelques messages plus tard à relâcher joyeusement cette définition en qualifiant des société pré-capitalistes et pré-étatistes de communistes. Comment peut-on avoir supprimé quelque chose qui n'a jamais existé, mystère.

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Sinon je trouve que c'est un peu fort de commencer le thread comme ça :

  

Pour en arriver quelques messages plus tard à relâcher joyeusement cette définition en qualifiant des société pré-capitalistes et pré-étatistes de communistes. Comment peut-on avoir supprimé quelque chose qui n'a jamais existé, mystère.

 

Je n'ai pas dis que ces sociétés étaient communistes, j'ai dis que la question se posait.

 

Elles le sont (ou pas, je n'ai pas étudié les travaux des historiens de la préhistoire), si on admet une modification à la marge de la définition (Etat et classes sociales absentes plutôt que consciemment supprimées, etc.).

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