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Jean Jaurès et Donald Trump, même combat


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Suite au débat où les alt-rights essayaient de nous faire prendre les vessies populistes pour des lanternes libertariennes, j'ai trouvé cet extraordinaire discours de Jean Jaurès en 1894.

Au cours du procès d'un camarade journaliste, il s'attaque le Président du Conseil Casimir Perier, grand bourgeois, libéral conservateur et orléaniste.

C'est merveilleux comme tous les thèmes de l'anti-establishment sont déjà présents il y a 120 ans. Amis des banquiers, au service d'une oligarchie économique qui appauvrit injustement les classes moyennes et les travailleurs, entourage de coquins plongés dans les scandales et échappant de peu à la justice car protégés par le pouvoir. On finit même sur un passage sur les petits médias citoyens au service de la vérité contre les gros médias mainstream, corrompus et à la solde du pouvoir.

 

 

Vous l’avez vu, en effet, ce n’est pas le pays tout entier qui s’est groupé autour de lui, mais seulement toutes les forces rétrogrades et oligarchiques. Tous ceux qui avaient quelque inquiétude devant l’avenir de justice qui se prépare se sont rencontrés d’instinct autour de l’homme dont le nom signifie réaction et résistance. Il en est qui veulent qu’on renouvelle le privilège de la Banque de France, parce que cela permettra aux gros banquiers de rester maître du crédit contre la bourgeoisie travailleuse aussi bien que contre le prolétariat. Ces hommes se sont dit : Puisque ce sont les Perier qui ont fondé la Banque de France pour les banquiers, nous sommes bien tranquilles : nous allons porter Casimir-Perier à la présidence de la République et le privilège de la Banque sera renouvelé au profit des grands financiers.

D’autres hommes se sont dit : Est-ce que par hasard les ouvriers des mines ou des filatures voudraient élever leurs prétentions ? Eh bien, il y a là le seigneur féodal d’un domaine minier, nous allons le hausser à la présidence de la République, et de là-haut son nom seul rappellera aux ouvriers les massacres de Lyon et les longues résignations silencieuses d’Anzin.

Et puis, il y a tous ceux qui [ont été mêles aux récents scandales financiers]. Expliquez-moi, je vous prie, en vertu de quel instinct et de quelle affinité tous, condamnés et acquittés, se sont groupés dès la première heure autour de la candidature de Casimir-Perier. […] Tous [c]es hommes qui se sentent suspects savent qu’il y a dans les origines de la fortune des Perier des parties louches qui créent entre elle et eux je ne sais pas quelle complicité vénérable. Et les coquins du jour, qui n’ont pu parvenir encore à l’autorité morale par la longue possession des fortunes mal acquises, se sentent protégés par la majesté des rapines séculaires dont le temps a effacé la honte sans abolir le profit.

Voilà pourquoi il y a eu de toute part vers le nouveau chef de la République un concours de toutes les volontés rétrogrades, de toutes les frayeurs oligarchiques, de toutes les cupidités serviles.

(...)

On a parlé de ce qui peut avilir la presse. Ah ! ce ne sont pas des polémiques loyales. Ce qui peut l’avilir, c’est le régime des fonds secrets et des mensualités servies par les banquiers.

Nous protestons contre un régime capitaliste et financier qui livre la presse à la corruption gouvernementale et à la vaste puissance des établissements de crédit : Crédit foncier, Crédit lyonnais, etc., de ceux qui ont volé hier et de ceux qui voleront demain.

Voilà ce qui avilit la presse française et la rabaisse à n’être plus que l’organe des hommes d’argent.

Vous avez en face de vous un homme qui écrit dans un petit journal qu’il a créé, un homme indépendant, loyal, honnête et au concours duquel vous étiez les premiers à faire appel quand il s’agissait de lutter pour les libertés républicaines. Cet homme va chercher ce qu’il écrit non pas dans les fonds secrets de M. Dupuy, non dans les mensualités des institutions de crédit, mais dans sa conscience seule.

 

http://www.jaures.eu/ressources/de_jaures/jaures-contre-casimir-perier-contre-loligarchie-bourgeoise-1894/

 

Comme quoi, il n'y a vraiment rien de neuf sous le soleil.

 

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Jaurès dénonce le monopole de la BdF et la presse subventionnée. N'importe quel libertarien fait de même.

 

Il attaque les financiers qui ont eu des ennuis judiciaires et Casimir-Perier sur l'origine louche de sa fortune (Wikipédia dit que grand-papa Casimir-Perier était un des fondateurs de la BdF et pote de Napoléon, et que papa était régent de la BdF, vachement libéral tout ça). Si c'est la vérité je ne vois pas où est le problème, ce n'est pas l'apanage d'un populiste ou d'un gauchiste de le dire. Peut-être que les attaques anti-establishment se ressemblent au fil des siècles parce que les dynamiques internes à l’establishment se ressemblent.

 

Le seul passage qui montre qu'il est de gauche et auquel un libertarien ne peut pas adhérer, c'est quand il parle des ouvriers des mines.

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Trump est interéssant pour les libertariens parce qu'il a (partiellement) reussi malgre l'absence de soutiens par un parti, par les medias traditionnels, et des depenses bien plus faibles que son adversaire. En soi c'est pas mal.

Le discours anti-élites ne me choque pas, on peut mettre ce qu'on veut derrière, hélas Trump penche rarement pour la solution libéral.

Le fait est que en politique la cohérence intellectuelle ne sert pas à grand-chose.

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Petit joueur quand même de remonter que de 120 ans. Déjà dans Démosthène tu devrais trouver des saillies contre la corruption des élites, si ce n'est dès l'invention de la démocratie. Au lieu d'aller chercher les invariants des discours politiques, il serait peut-être plus pertinent d'aller comprendre ce qui fait la spécificité de Trump.

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C'est marrant parce qu'en lançant ce fil, je voulais plutôt discréditer une icône de la gauche qu'attaquer le looser fasciste orange. Raison d'un fil séparé plutôt que de continuer le pugilat sur l'aitre fil. Mais manifestement certains ne peuvent pas se retenir dès qu'on critique leur candidat alt-right.

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Mais manifestement certains ne peuvent pas se retenir dès qu'on critique leur candidat alt-right.

L'alt-right soutient Trump, mais Trump n'est pas alt-right que je sache... En fait, Trump me semble plutôt "alt-smart". :lol:
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C'est marrant parce qu'en lançant ce fil, je voulais plutôt discréditer une icône de la gauche qu'attaquer le looser fasciste orange. Raison d'un fil séparé plutôt que de continuer le pugilat sur l'aitre fil. Mais manifestement certains ne peuvent pas se retenir dès qu'on critique leur candidat alt-right.

 

Tu voulais discréditer une pointure de la gauche lorsqu'elle s'attaque à Casimir-Périer ? (petit-fils, et pas Casimir Périer grand-père comme dans le lien). Le même Casimir-Périer dont la Présidence du Conseil fut marquée par le vote des lois scélérates ? Quand Jaurès dit, "tous les hommes qui se sentent suspects", d'ailleurs, c'est une critique à peine voilée. Serais-tu pour le Patriot Act et l'Etat d'Urgence ? :D

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C'est marrant parce qu'en lançant ce fil, je voulais plutôt discréditer une icône de la gauche qu'attaquer le looser fasciste orange. Raison d'un fil séparé plutôt que de continuer le pugilat sur l'aitre fil. Mais manifestement certains ne peuvent pas se retenir dès qu'on critique leur candidat alt-right.

 

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C'est marrant parce qu'en lançant ce fil, je voulais plutôt discréditer une icône de la gauche qu'attaquer le looser fasciste orange. Raison d'un fil séparé plutôt que de continuer le pugilat sur l'aitre fil. Mais manifestement certains ne peuvent pas se retenir dès qu'on critique leur candidat alt-right.

 

Tu veux dire que quand un tocard a les mêmes idées qu"un type mort il y a plus de cent ans, on est sensés se moquer de celui qui est mort ?

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