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Napoléon, ce libéral ?


Nigel

Messages recommandés

 J'ai hâte de lire la deuxième partie^^

 

https://minarchiste.wordpress.com/2016/12/09/napoleon-le-liberal-12/

 

 

 

Napoléon le libéral? (1/2)

9 décembre 2016 par Minarchiste

 

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“Napoleon the Great”, par Andrew Roberts, 2014, 832 pages.

 

Si vous m’aviez demandé mon opinion de Napoléon Bonaparte il y a quelques temps, je vous aurais répondu qu’il est pour moi un tyran belliqueux mégalomane narcissique et sanguinaire. Il y a du vrai dans cette perception, mais la réalité est beaucoup plus nuancée. J’ai récemment visionné un excellent documentaire en trois épisodes sur Netflix qui a changé ma perception. L’un des historiens consultés pour ce documentaire, le britannique Andrew Roberts, m’a semblé apporter une perspective fort intéressante sur ce personnage si important, et il apert que Roberts ait récemment publié un excellent livre sur Napoléon, que je me suis empressé de lire.

 

Les sources

La raison pour laquelle beaucoup de gens ont une perception trop négative de Napoléon est que les sources historiques à son sujet sont largement biaisées, provenant trop souvent de ses ennemis, de gens qui avaient une dent contre lui et/ou qui cherchait une position avantageuse auprès des Bourbons après sa chute. Par exemple, les mémoires de son ancien camarade de classe Louis-Antoine de Bourrienne, que Napoléon dû démettre de ses fonctions de secrétaire privé deux fois pour corruption; les deux hommes se sont quittés en mauvais termes. Il est donc normal que les mémoires de Bourrienne soient teintées d’amertume et de ressentiment.

 

Laure d’Abrantès quant à elle fut bannie de Paris par Napoléon en 1813. Lorsqu’elle publia ses mémoires dans les années 1830s, elle était accro à l’opium et affirmait se souvenir verbatim de longues conversations intimes avec l’Empereur. Même son de cloche en ce qui concerne celles de Joseph Fouché. Les mémoires de Talleyrand furent réécrites dans les années 1860s par Adolphe de Bacourt, profondémment anti-napoléonien. Les mémoires du Prince Metternich, ambassadeur d’Autriche à Paris, visaient à servir sa propre cause et furent écrites par un écrivain à gage. Celles de Paul Barras, ancien amant de Joséphine et contraint à l’exil suite au coup de 18 Brumaire, constituent clairement une revanche contre Napoléon. Même chose en ce qui a trait au directeur Louis-Jérôme Gohier, évincé lors de ce même coup d’état.

 

En revanche, les écrits du Marquis de Caulaincourt, d’Henri Bertrand et de Jean-Jacques de Cambacérès sont plus crédibles n’ayant pas été rédigés pour publication immédiate et n’ayant été découverts qu’au 20e siècle. Quant à ceux du Baron Louis de Bausset-Roquefort, préfet du palais, furent bravement publiés durant le règne Bourbon. Les autres mémoires plus fiables sont celles de Claude-François de Méneval et d’Agathon Fain (ses secrétaires privés après Bourienne).

 

Ceci dit, la mine d’or qui a permis à Roberts de revisiter l’histoire de Napoléon est la collection de 33,000 lettres publiées en 2004 par la Fondation Napoléon. C’est d’ailleurs cette impressionnante documentation qui fait de ce livre un ouvrage incontournable sur le sujet.

 

La Révolution Française

La Révolution Française, qui débuta le 14 Juillet 1789 quand une foule en colère a envahi la prison de la Bastille, fut précédée de plusieurs années de crises financières et d’émeutes. Quand les États Généraux de France furent convoqués le 5 mai pour la première fois depuis 1614 dans le but d’augmenter les taxes, il paraissait probable que le roi doive céder une portion de son pouvoir avec les représentants de la Tiers-État. Mais par la suite, les événements se sont bousculés de manière chaotique et imprévisible. Le 26 août, l’Assemblée Nationale adopta la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen et le 6 octobre le Palais de Versailles fut englouti par la foule en colère.

 

Napoléon accueillit la Révolution à bras ouverts, du moins à ses débuts. Son pamphlet pro-républicain Le Souper de Beaucaire lui permit de se faire remarquer par les Robespierre et de se faire nommer commandant de l’artillerie au Siège de Toulon qui avait débuté en septembre 1993. La stratégie adoptée par Napoléon fut très efficace et mena à la victoire contre les Royalistes et les Britanniques. Cet exploit lui valut une promotion comme Brigadier Général et il fut mis en charge de l’artillerie de l’Armée d’Italie. Le 22 décembre 1793, après avoir été absent durant 58 de ses 99 mois de service militaire, parfois sans permission, Napoléon fut nommé général à seulement 24 ans.

 

À ce moment, la Guerre de la Première Coalition est déjà en branle. En termes simples, une panoplie de pays réactionnaires (et craintifs que la révolution ne soit exportées dans leur pays) se sont mis d’accord pour étouffer la Révolution Française et ramener un Bourbon sur le trône de France. C’est la France qui a déclaré cette guerre en premier en 1792, mais seulement que pour prendre l’initiative après que la Coalition eut été formée dans le but d’annihiler la République.

 

Le 5 octobre 1795, lors de l’Insurrection Royaliste du 13 de Vendémiaire de l’an IV(du calendrier révolutionnaire), le général Paul Barras choisi Napoléon pour diriger les opérations visant à protéger la Convention Nationale siégeant aux Tuileries. Grâce à une stratégie consistant à tirer des boîtes à mitraille sur les émeutiers à l’aide de canons, Napoléon réussi à repousser la menace, tuant environ 1,400 contre-révolutionnaires. L’intervention de Napoléon lors des émeutes de Vendémiaire lui valut une promotion à titre de commandant de l’Armée de l’Intérieur, pour avoir sauvé la République et évité une guerre civile.

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La campagne d’Italie

Après un passage remarqué au service de topographie de l’armée, c’est le 2 mars 1796 que Napoléon prend la tête de la Campagne d’Italie, qui fut un succès retentissant. L’Autriche n’aura d’autre choix que de signer le traité de Campo-Formio le 18 octobre 1797, lequel met fin à la Guerre de la Première Coalition. Ce succès conféra à Napoléon une popularité et une notoriété non-négligeables.

 

Les réformes imposées par Napoléon aux territoires qu’il a conquis (et ce dès sa première campagne en Italie, mais aussi en Suisse, en Allemagne, en Égypte entre autres) incluent l’abolition des tarifs internes, la fin des privilèges féodaux, y compris les assemblées de nobles, diminution de la dette de l’état, protection des droits de propriété, fin du système de guildes, tolérance religieuse (abolition de l’Inquisition), établissement d’un système d’éducation moderne, élimination des ghettos (permettant aux Juifs de vivre partout) et parfois la nationalisation des propriétés de l’Église. Ces réformes favorisaient la méritocratie plutôt que l’aristocratie, ainsi que l’égalité devant la loi.

 

L’Égypte et 18 Brumaire

En 1798, le Directoire décide de lancer une expédition en Égypte et nomme Bonaparte à sa tête. Le but officiel était de nuire aux intérêts Britanniques. Suite à la défaite navale d’Aboukir et l’échec de la campagne de Syrie (siège d’Acre), Napoléon choisit de revenir discrètement en France plutôt que d’avoir à capituler devant l’ennemi, ce qui aurait nuit à son prestige. C’est Menou qui rendra finalement les armes le 31 août 1801. Cependant, grâce à une habile utilisation de la propagande, Napoléon a réussi à transformer cet échec de manière à mousser davantage sa réputation. On peut néanmoins affirmer que la victoire éclatante de l’armée française à la fameuse Bataille des Pyramides contre les Mamelouks ainsi que les réformes imposées par Napoléon alors qu’il administre le Caire ont mis en branle un important processus de changements institutionnels au Moyen-Orient.

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L’autre raison pour laquelle Napoléon fuit l’Égypte est que la situation politique a profondément changé à Paris. Un coup d’état se prépare (18 Brumaire de l’an VIII), organisé par Emmanuel-Joseph Sieyès, et c’est Napoléon qui s’occupera du soutien militaire nécessaire à l’opération, qui aura lieu du 8 au 11 novembre 1799. Le Directoire tombe, remplacé par un Consulat, constitué de trois Consuls, dont seulement le Premier (Napoléon) détient véritablement le pouvoir.

 

Après une décennie de révolution, le peuple avait réalisé que le système parlementaire empêchait tout leadership à la tête du pays, lequel était empêtré dans une situation financière et géopolitique très inconfortable. La population était favorable à l’avènement d’un système moins représentatif, mais qui permettrait de faire avancer les choses pendant un certain temps. Le peuple vota donc en faveur de la nouvelle constitution, qui faisait de Napoléon une sorte de dictateur. Quelques années plus tard, un plébiscite allait nommer Napoléon Consul à vie et Empereur des Français.

 

Napoléon voulait renforcir la protection des droits de propriété et défendre les intérêts des petits marchands et entrepreneurs. Il allait s’assurer que les fonctionnaires soient suffisamment éduqués et bien formés, et que les promotions soient attribuées au mérite, et non par corruption ou népotisme. Le nouveau ministre des finances, Martin Gaudin, a simplifié le système fiscal et réduit les taux d’impositions. Il a réussi à équilibrer le budget de l’état pour la première fois depuis 1776. Le 13 février 1800, Gaudin fonde la Banque de France de manière à être moins dépendant du cartel des banques françaises pour le financement de l’État.

 

La Deuxième Coalition

Pendant ce temps, la France est toujours en conflit avec le Royaume-Uni, contre lequel elle instaure un blocus économique. Toutes les exportations britanniques en direction de la France et de ses alliés sont interdites. C’est aussi pour nuire aux intérêts Britanniques que le Directoire envoie Napoléon en Égypte, ce qui froissa énormément l’Empire Ottoman et la Russie. Les Britanniques quant à eux étaient prêts à subventionner généreusement toute nation souhaitant s’attaquer à la France, à hauteur de 14% des revenus de la couronne durant le règne de Napoléon, pour une somme totale de £65,830,228 entre 1793 et 1815, une somme colossale, mais tout de même moins dispendieuse que d’envoyer sa propre armée au front. C’est ainsi que la Seconde Coalition allait être formée, incluant la Russie, l’Angleterre, le Portugal, la Turquie et l’Autriche.

 

Les hostilités commencent en 1799 et la Coalition fait des gains importants en Italie et en Suisse notamment. C’est à ce moment que Napoléon revient d’Égypte pour le coup de 18 Brumaire et prend le pouvoir. Il tente alors d’éviter la guerre et d’obtenir la paix par la médiation, mais l’Autriche et le Royaume-Uni refusent ses offres. Le conflit culmine à la bataille de Marengo le 14 juin 1800, où Napoléon triomphe sur une armée autrichienne beaucoup plus nombreuse. S’en suivit une panoplie d’armistices et de traités en 1801, pour finir par le Traité d’Amiens de mars 1802 en vertu duquel la France entame une période de paix (de courte durée) avec l’Angleterre.

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Les Réformes

Le 21 mars 1804, Napoléon promulgue le Code Civil des Français, surnommé « Code Napoléon ». Ce texte de lois est certainement le plus important (et positif) apport de Napoléon à sa nation (et au monde entier). Napoléon voulait que la France puisse bénéficier d’un système légal uniforme (plutôt que de 42 systèmes comme c’était le cas à l’époque), de poids et mesures standards, d’un système d’éducation adéquat et d’un marché interne ouvert et efficient.

 

Le Code Napoléon garantissait l’égalité de tous les citoyens Français devant la loi, l’habeas corpus, l’inviolabilité des contrats légaux et la non-reconnaissances des privilèges de naissance (i.e. l’aristocratie). Il établissait la tolérance religieuse et la séparation de l’Église et de l’État. Ce Code Civil a survécu au règne de Napoléon et a inspiré celui de nombreux pays, comme la Prusse, la Belgique, le Luxembourg, et Monaco. Certains de ses articles se retrouvent dans le Code Civil d’un quart des pays du monde, incluant le Japon, l’Égypte, le Québec et la Louisiane.

 

Après la Paix d’Amiens, Napoléon a tenté de stimuler l’économie à l’aide de l’interventionnisme et du protectionnisme. Subventions d’industries stratégiques, foires industrielles et technologiques, création de chambres de commerce. Mais la France était tout de même en retard de 30 ans sur l’Angleterre en terme de développement économique. Malheureusement, Napoléon rejetait l’idée que la concurrence et le libre-marché puissent avoir des conséquences positives pour l’économie…

 

Les Troisième et Quatrième Coalitions

En mars 1803, le roi d’Angleterre, George III, demande au parlement de mobiliser et équiper l’armée, pour se protéger d’une potentielle invasion française, car la France aurait mis en branle des préparatifs militaires majeurs, ce qui était faux. Pourtant, la Grande Bretagne déclara la guerre à la France en mai de cette même année. En décembre, l’Angleterre signe un traité d’alliance avec la Suède puis avec la Russie en avril 1805. L’Angleterre s’engage alors à verser 1.25 de livres en or pour chaque 100,000 soldats envoyés au front contre la France. L’Autriche et le Portugal joindrons cette Troisième Coalition un peu plus tard.

 

C’est durant cette campagne que le savoir-faire militaire de Napoléon est le plus évident. Grâce à une manœuvre rapide et brillante, il isole une armée autrichienne à Ulm et fait 60,000 prisonnier. Puis, il rencontre les forces russes et autrichiennes beaucoup plus nombreuses à Austerlitz, où il réalise un chef d’œuvre de tactique militaire et leur inflige une humiliante défaite. L’armistice est signée en décembre 1805. Cependant, la flotte franco-espagnole subit une cuisante défaire contre les Anglais à Trafalgar.

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La paix est cependant de courte durée, puisque dès le 1er octobre 1806, le Royaume-Uni, la Russie, la Suède et la Prusse forment la Quatrième Coalition pour s’en prendre à nouveau à la France. L’hégémonie française sur le continent par la vassalisation progressive des États voisins est insupportable pour les autres puissances européennes, surtout l’établissement par Napoléon de la Confédération du Rhin, formée de 16 états allemands. Après lui avoir lancé un ultimatum, les Prussiens attaquent Napoléon sans attendre leur allié Russe et subisse la défaite. La campagne se transportera ensuite en Pologne, où Napoléon fait match nul avec les Russes à Eylau en février 1807 pour ensuite les écraser brillamment à Friedland en juin.

À suivre la semaine prochaine…

 

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A lire cet article, rien de neuf pour qui a un peu lu sur le sujet.

C'est l'éternel débat entre les admirateurs et les détracteurs du dictateur. Avec toujours les mêmes arguments.

Je rappelle que j'ai écrit pour Contrepoints un article sur Napoléon comme général républicain.

Mais nous raconter que la vision négative de Napoléon domine c'est nous prendre pour des imbéciles (c'est un vieux truc d'écrivain : je reviens sur un sujet rabâché mais attention j'apporte du neuf).

Napoléon est le personnage historique peut-être le plus connu dans le monde entier (même les Américains en ont entendu parler, c'est dire…)

Il ne faut pas confondre modernisateur et libéral. Il introduit les principes modernisateurs de la révolution, cela n'en fait pas un libéral.

  • Yea 9
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Mais nous raconter que la vision négative de Napoléon domine c'est nous prendre pour des imbéciles 

 

 Je pense qu'il parlait de la vision de libéraux. 

 

 Puis, dans l'article, la question est en suspens. Pour ça qu'il faudra attendre le deuxième avant de voir ce qu'en pense vraiment le minarchiste. 

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Mais il aurait fait quoi de vaguement libéral, Bonaparte ?

Parce que les exemples du contraire courent les rues, eux (ce n'est pas l'idole de Zemmour pour rien):

« Rappelons les débuts peu glorieux de la Banque de France. Celle-ci était, à la charnière du XVIIIème et du XIXème siècle, une banque comme les autres, plutôt moins bien gérée et moins recommandable. Or, en 1803, Napoléon lui a accordé le privilège d'émettre les billets de banque pour une partie de la France, c'est-à-dire qu'il a interdit dorénavant aux autres banques de le faire, alors qu'elles n'avaient pas cessé d'émettre des billets dans les meilleures conditions. Mais Napoléon et sa famille étaient actionnaires de la Banque de France et ils avaient bien conscience que l'obtention d'un privilège public était le meilleur moyen d'obtenir des gains privés (aux dépens des autres). »
-Pascal Salin, Libéralisme, éditions Odile Jacob, 2000, 506 pages, p.176.

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il a envahi la Belgique cet enfant de cochon Corse.

on a fini par lui botter le cul au même endroit.

Nuff said

 

Hum…la Belgique était française sous la révolution, il n'a donc pu l'envahir.

Quand aux "on" qui lui ont botté le cul, je crois que ni Wellington ni Blücher n'étaient belges.

 

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Hum…la Belgique était française sous la révolution, il n'a donc pu l'envahir.

Quand aux "on" qui lui ont botté le cul, je crois que ni Wellington ni Blücher n'étaient belges.

La Belgique était autrichienne et oui les révolutionnaire français l'ont envahit et réprimé tout désir d'indépendance.

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La Belgique était autrichienne et oui les révolutionnaire français l'ont envahit et réprimé tout désir d'indépendance.

Elle a changé de maitre sous la Révolution mais ce n'est pas Napoléon qui l'a envahi.

Elle a même connu une prospérité certaine sous le règne de l'Ogre bénéficiant du vaste marché qu'offrait le Grand Empire.

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Hum…la Belgique était française sous la révolution, il n'a donc pu l'envahir.

Quand aux "on" qui lui ont botté le cul, je crois que ni Wellington ni Blücher n'étaient belges.

 

Elle a changé de maitre sous la Révolution mais ce n'est pas Napoléon qui l'a envahi.

Elle a même connu une prospérité certaine sous le règne de l'Ogre bénéficiant du vaste marché qu'offrait le Grand Empire.

 

Je n'ai pas évoqué Napoléon.

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https://minarchiste.wordpress.com/2016/12/15/napoleon-le-liberal-22/

 

 La conclusion du Minarchiste : 

 

 

Conclusion

Cet ouvrage d’Andrew Roberts atténue certaines perceptions négatives qu’ont les gens de l’ère napoléonienne et présente certains de ses côtés plus positifs.

 

Il est vrai que Napoléon était passionné de la chose militaire, voire même qu’il aimait la guerre. Pour Andrew Roberts, qui a visité 53 des 60 champs de bataille où Napoléon a combattu, ce dernier a un sens instinctif de la topographie et des distances. Il avait le sens du ‘timing’ et de la logistique, et n’avait pas son pareil pour ce qui est d’haranguer les troupes. Ceci dit, les guerres Révolutionnaires et Napoléoniennes ont coûté la vie à près de 3 millions de militaires et un million de civils, dont 1.4 millions de Français, un héritage tragique.

 

Cependant, Napoléon aurait définitivement souhaité que son règne soit plus paisible. Il ne faut pas oublier que la France a dû faire face à sept coalitions composées des nations les plus puissantes d’Europe et dont l’objectif était d’annihiler son régime pour rétablir la monarchie! En fait, il est bien plus souvent arrivé à Napoléon qu’une autre nation lui déclare la guerre, plutôt que ce ne soit lui qui ne le fasse. L’Autriche en 1800, 1805 et 1809, l’Angleterre en 1803, la Prusse en 1806. Les attaques en péninsule ibérique en 1907-08 furent de son initiative par contre, mais la guerre de 1812 contre la Russie aurait eu lieu même si Napoléon n’avait pas pris l’initiative, car la Russie planifiait l’attaquer de toute manière. Les conflits de 1813-14-15 furent initiés par les coalitions Alliées. Napoléon a d’ailleurs souvent fait plusieurs offres de traités de paix avant ces guerres. Il a fait quatre offres à l’Angleterre entre 1803 et 1812, toute refusées. Durant l’ère Napoléonienne, l’Autriche a combattu la France durant 108 mois, la Prusse 58 mois, la Russie 55 mois et l’Angleterre a été en guerre contre elle durant un total de 242 mois.

 

Devant cette menace, le but de Napoléon n’était pas vraiment de conquérir militairement d’autres nations pour agrandir le territoire Français, mais plutôt d’entourer la France d’états-clients, menés par des dirigeants de connivence avec la France, de manière à créer un périmètre de sécurité autour de l’Hexagone. L’Italie, la péninsule Ibérique, la Confédération du Rhin, la Suisse et la Belgique entraient dans cette stratégie. Il n’a cependant pas colonisé et asservi ces régions. Il les a plutôt réformées de façon plutôt positives.

 

Ces réformes libérales et le Code Napoléon représentent d’ailleurs l’héritage le plus positif de Napoléon. Même à la seconde restauration bourbonne de 1815, le roi n’a pas réussi à les éliminer. Il est évident que, par ses réformes, Napoléon a grandement contribué à moderniser la fonction publique française et à la « dépatrimonialiser » (voir ceci pour mieux comprendre ce que cela veut dire), plaçant le pays sur la voie du développement économique.

 

Ce qui a causé sa perte est sont dépit pour le libre-échange, qui a mis la France en retard sur l’Angleterre au point de vue de l’industrialisation. Napoléon a lu “La Richesse des Nations” d’Adam Smith et aurait mieux fait de suivre les préceptes, car c’est la richesse engendrée par l’économie Anglaise plus libérale qui a financé les coalitions alliées contre la France napoléonienne. Napoléon avait le meilleur sur le champs de bataille, mais perdait lamentablement sur le plan économique. L’imposition par la force de son système de protectionnisme à la Russie et à ses autres alliés les a retournés contre lui puisque ce système les appauvrissait. Ce fut sa plus grande erreur, car en délaissant son système continental, il n’aurait pas eu à s’empêtrer dans le bourbier de la péninsule Ibérique, ni à combattre la Russie sur son territoire.

 

D’autre part, Napoléon était certes un dictateur. Cependant, cela est un moindre mal quand on considère que le reste de l’Europe était dominée par des monarchies féodales oppressives. Les plébiscites qu’il a tenus lui ont toutefois conféré une certaine légitimité démocratique (même si le truquage des résultats exagérait ses gains).

 

Comme la plupart des pays d’Europe de l’époque, le régime de Napoléon a employé la censure de la presse et une police secrète pour surveiller et contenir la population. On peut reprocher à Napoléon d’avoir fait fermer 60 des 73 journaux de France en janvier 1800. Par contre, les citoyens n’allaient plus être guillotinés simplement que pour avoir exprimé leurs opinions politiques. On peut aussi le blâmer d’avoir souhaité ré-instituer l’esclavage à St-Domingue. Dans le contexte actuel, Napoléon serait considéré comme un despote, mais à son époque, il était plutôt libéral comparativement à ses pairs européens.

 

D’ailleurs, passant de consul à empereur, Napoléon est devenu un quasi-monarque, ce que certains trouvent déplorable. Mais encore une fois, le but était de tenter de trouver une légitimité à son règne. Les souverains d’Europe étaient parvenus au pouvoir en raison de leur lignée familiale datant de plusieurs siècles. Napoléon était parti de rien et avait atteint le pouvoir grâce à un coup d’état et grâce à ses exploits militaires. Sa légitimité aurait pu s’effacer en un clin d’œil (et c’est ce qui arriva). C’est aussi en quête de légitimité qu’il tentait désespérément d’avoir un fils pour lui succéder et qu’il chercha à épouser une princesse (qui s’avéra être Autrichienne).

 

L’autre élément qui a coulé le régime napoléonien est le manque de combativité du peuple français une fois envahi par les alliés. La population ne s’est pas affairée à mener une pénible guérilla contre les envahisseurs comme les armées de Napoléon en ont subi en Sicile, en Espagne, au Portugal et en Russie. Même si aucune des guerres avant 1813 ne s’était déroulée au cœur du territoire français, la population était fatiguée de la guerre, de l’intense conscription et des lourds impôts. Durant la période impériale, près de 2.5 millions d’hommes ont été conscrits entre 1804 et 1813. On peut comprendre que la population ne se soit pas empressée d’envoyer les jeunes hommes restants se faire tuer en faisant la guérilla contre les alliés.

 

En somme, malgré tout ce que l’on peut reprocher à Napoléon Bonaparte, il faut tout de même lui accorder qu’il a brillamment défendu la France contre les coalitions qui cherchaient à détruire son régime au profit d’une monarchie bourbonne, qu’il a protégé la Révolution et qu’il a instauré des réformes qui ont mis la France sur la voie du progrès. Dommage qu’il ait ultimement tenté de vaincre par la force militaire et le protectionnisme, plutôt que par le capitalisme… Je recommande fortement ce livre malgré sa longueur.

 

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Quand un mec se fighte avec tout le monde, c'est en général lui qui a un problème. Pas les autres.

On va quand même rappeler qu'à la fin, tout le monde, absolument tout le monde était contre Bonaparte. Même un ancien général français révolutionnaire comme Bernadotte.

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Quand un mec se fighte avec tout le monde, c'est en général lui qui a un problème. Pas les autres.

On va quand même rappeler qu'à la fin, tout le monde, absolument tout le monde était contre Bonaparte. Même un ancien général français révolutionnaire comme Bernadotte.

 

 Tout le monde est contre le libéralisme, c'est le libéralisme qui a un problème ? 

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 Tout le monde est contre le libéralisme, c'est le libéralisme qui a un problème ? 

Avoir raison seul contre tous, c'est plutôt rare.

Rappelons que le nombre de gens qui sont contre le libéralisme en pensant que c'est Medef et autres cronysteries (néologisme, merci) est très important.

Peu prennent le temps d'expliquer que ce n'est pas du tout ça. En réalité, il y a très probablement plus de libéraux qui s'ignorent que d'anti-libéraux. 

Ainsi, le libéralisme n'a pas de problème mais comme tout le monde j'ai moi aussi un problème avec la description qui en est faite. Par exemple, si ça consiste à sauver les banques en faillite, c'est pas mon truc non...

 

Maintenant, sur la forme, comparer les massacres d'une guerre continentale à la caricature de libéralisme qui est véhiculée dans les médias, si ce n'est pas simplement pas pertinent, c'est vraiment douteux.

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