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Enquête sur l'entendement liborgien


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8 hours ago, Ultimex said:

Je crois qu'il y a confusion entre 2 choses :

- On a, d'un côté, le holisme, l'individualisme méthodologique, l'historicisme, la psychanalyse, l'ordre spontané qui sont (en vrac) des méthodologies ou des théories visant à décrire, à expliquer les rapports entre humains (ce sont leur prétention en tout cas). On est donc dans le domaine descriptif.

- De l'autre côté, on a le libéralisme, le socialisme et, de manière générale, les différentes théories politiques. Celles-ci visent à réguler d'une manière ou d'une autre les rapports entre humains. On est donc dans le domaine normatif.

Et s'il est vrai que les théories politiques (le normatif) s'appuient sur les conclusions issues du domaine descriptif pour se justifier, cela reste deux domaines distincts. Il est donc absurde de parler de "science" conforme aux principes libéraux, socialistes, etc. D'ailleurs l'individualisme méthodologique n'est pas un principe libéral, il existe même des sociologues ou économistes utilisant l'individualisme méthodologique qui n'étaient pas libéraux (le premier nom me venant à l'esprit étant Friedrich von Wieser).

Voilà, faudrait voir à ne pas mélanger les torchons et les serviettes. Si on devait abandonner toute théorie dès qu'elle nous semble aller contre notre doctrine politique on ne serait pas rendus.

 

7 hours ago, Troy89 said:

Désolé, mais l'homme n'est pas la mesure de toute chose

L'homme est la mesure de toute chose que l'homme peut concevoir.

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il y a une heure, Lancelot a dit :

L'homme est la mesure de toute chose que l'homme peut concevoir.

Ben non. La révolution copernicienne de Kant n'est pas une fatalité, et en tout cas, si on a un présupposé idéaliste, qu'au moins on le reconnaisse comme tel (et il y a lieu d'un débat entre réalisme et idéalisme). L'homme est bien capable de créer des concepts et de les prendre pour objets (ce que la philosophie réaliste appelle des êtres de raison). Mais ce sont des objets qu'on connaît, pas des concepts. Le concept n'est que le verbe mental par lequel l'intelligence devient ce qu'elle connaît, la connaissance est un être intentionnel. Donc non, l'homme n'est pas la mesure de toute chose que l'homme peut concevoir.

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14 minutes ago, Johnathan R. Razorback said:

Perso, la partie de la phrase que je ne pige pas, c'est "être la mesure de". D'où coup tous le débat Platon & les chrétiens versus Protagoras me passe un peu à côté. De toute façon, le sens que Protagoras donnait à sa phrase n'est pas non plus clair.

Comme dans tout débat philosophique il y a des tas d'interprétations. Dans ce contexte je le prenais au sens épistémologique et mon argument est le suivant : ce que nous pouvons connaître est déterminé par ce que nous sommes. Ultimement par notre nature humaine.

 

2 minutes ago, Troy89 said:

Ben non. La révolution copernicienne de Kant n'est pas une fatalité, et en tout cas, si on a un présupposé idéaliste, qu'au moins on le reconnaisse comme tel (et il y a lieu d'un débat entre réalisme et idéalisme). L'homme est bien capable de créer des concepts et de les prendre pour objets (ce que la philosophie réaliste appelle des êtres de raison). Mais ce sont des objets qu'on connaît, pas des concepts. Le concept n'est que le verbe mental par lequel l'intelligence devient ce qu'elle connaît, la connaissance est un être intentionnel. Donc non, l'homme n'est pas la mesure de toute chose que l'homme peut concevoir.

Il existe certainement un monde indépendant des êtres humains qui l'interprètent, mais tout ce que nous pouvons connaître de ce monde ce sont nos interprétations (interprétations qui peuvent être plus ou moins étayées, il ne s'agit pas de dire que toutes les opinions se valent). Je ne sais pas si c'est une position plutôt idéaliste ou réaliste. En tous cas je sais que je ne pourrais jamais m'extraire de ma condition d'être humain pour vérifier à quel point les objets correspondent vraiment à la manière dont les humains les conçoivent à l'aide d'un autre point de vue.

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il y a 17 minutes, Lancelot a dit :

Il existe certainement un monde indépendant des êtres humains qui l'interprètent, mais tout ce que nous pouvons connaître de ce monde ce sont nos interprétations (interprétations qui peuvent être plus ou moins étayées, il ne s'agit pas de dire que toutes les opinions se valent). Je ne sais pas si c'est une position plutôt idéaliste ou réaliste. En tous cas je sais que je ne pourrais jamais m'extraire de ma condition d'être humain pour vérifier à quel point les objets correspondent vraiment à la manière dont les humains les conçoivent à l'aide d'un autre point de vue.

Ben c'est une position carrément idéaliste, qui fait du connaître la condition de l'être. Tu pourrais sans problème parler de chose en soi et on serait chez Kant. Et cette position n'est pas une fatalité, et elle est critiquable.

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il y a une heure, Lancelot a dit :

Il existe certainement un monde indépendant des êtres humains qui l'interprètent, mais tout ce que nous pouvons connaître de ce monde ce sont nos interprétations (interprétations qui peuvent être plus ou moins étayées, il ne s'agit pas de dire que toutes les opinions se valent). Je ne sais pas si c'est une position plutôt idéaliste ou réaliste.

 

Elle est idéaliste parce que la seule chose connue (connaissable) c'est l'idée, la représentation du monde plutôt que le monde lui-même. Le kantisme ne va pas jusqu'à nier l'existence d'un monde extérieur (ce qui semble être le cas de Berkeley et de la phénoménologie), mais il est inconnaissable. Du coup l'idée prime, ce qui est un peu la base pour reconnaître une philosophie idéaliste.

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Il est vrai que mon épistémologie réduit beaucoup les prétentions de mon ontologie mais cette dernière n'est pas totalement vide pour autant. De manière transcendantale pour rester avec Kant je peux dire que j'existe, que le monde existe, que d'autres humains existent qui partagent le même monde...

En outre, une fois que j'ai reconnu que ma connaissance est déterminée par ma nature, mon pragmatisme prend le relai et me fait dire que la réalité objective pour les humains est tout ce qui compte de toute manière, et qu'elle est indiscernable en pratique de la réalité objective des réalistes.

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Je n'avais pas vu la suite de ton post Lancelot : ton pragmatisme ne sauve que les phénomènes, mais pas l'être. S'il y a un monde que tu ne peux pas connaître en ce qu'il est, tu ne peux en chercher les causes. Le réalisme n'a aucun problème à situer les sciences modernes dans son architectonique des sciences, en conciliant sciences et philosophie (et même théologie). L'idéalisme est l'ennemi juré de toute perspective proprement spéculative, ou pour parler comme Maritain, de toute analyse ontologique (l'ontologie ne s'arrête pas à poser qu'une chose est), au profit d'un exclusivisme empiriologique et physico-mathématique (on l'a déjà vu ici où des gens n'imaginent pas possible qu'il y ait d'autres savoirs possibles et qui te sortent Popper contre les 5 voies de Saint Thomas d'Aquin, ce qui est juste ridicule). Je pense que les tendances historiques de la philosophie depuis Descartes et Kant parlent absolument contre une conciliation pragmatique de l'idéalisme et du réalisme.

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@Anton_K Il paraît que Benveniste a voulu montrer que la métaphysique d'Aristote découlait nécessairement des structures de la langue grecque. Et Giorgio Agamben va jusqu'à dire que tout langage comporte une métaphysique implicite. J'admets que ce ne sont que des opinions, mais la méfiance est de mise, et je serais plutôt incliné à suivre Troy89 sur ce point. Une philosophie politique présuppose nécessairement une philosophie spéculative si on peut inclure là-dedans l'anthropologie philosophique. Et dès qu'on se demande ce qu'est l'homme (ce qui semble être un prérequis pour légiférer sur lui), on en vient très vite à le situer par rapport à d'autres classes d'êtres, à la Nature, etc., donc on verse très facilement dans l'ontologie.

 

Et c'est vrai même pour des doctrines politiques (en tout cas chez Marx, qui s'occupe de métaphysique bien avant d'écrire le Manifeste et tout ce qui s'ensuit).

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9 hours ago, Johnathan R. Razorback said:

J'admets que ce ne sont que des opinions, mais la méfiance est de mise, et je serais plutôt incliné à suivre Troy89 sur ce point.

Je n'ai pas compris. En ce qui me concerne, parce que je suis méfiant quant à la l'élicitation ad hoc des métaphysiques, je ne suis pas près à accepter une affirmation du type :

 

Quote

Une philosophie politique présuppose nécessairement une philosophie spéculative

Et je lui oppose mon post précédent. Il me semble qu'on pourrait souvent s'arrêter à une profondeur de justification qui serait jugée non-spéculative (et peut-être non philosophique par certain...) tant que les principes retenus peuvent être acceptés sans justification. Je ne nie pas que toute théorie ait des principes non justifiés, et qu'elle ait même un ontologie dans un sens faible (qu'elle mette en jeu un ensemble bien défini d'entités) mais est-ce que ces principes et cette ontologie sont nécessairement spéculatifs? Je ne crois pas, et je pense que les méthodes employées pour éliciter un fondement spéculatif (les méthodes que j'appelle de type (iii)) sont peu fiables.

 

Quote

si on peut inclure là-dedans l'anthropologie philosophique.

Qu'est-ce que tu entends par là?

 

Quote

Et dès qu'on se demande ce qu'est l'homme (ce qui semble être un prérequis pour légiférer sur lui),

J'en doute. Non seulement je pense que les lois préexistent au discours métaphysique, mais qu'en plus ce dernier n'est pas nécessaire à faire de bonnes lois. Il me semble que les reconstructions de métaphysiques implicites destinées à réfuter la première affirmation sont douteuses. Mais peut-être que je pèche par scepticisme.
 

Par ailleurs j'ai déjà fait dériver ce topic plus que de raison.

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Je n'ai pas beaucoup de temps pour répondre, je m'étendrai un peu plus un autre jour (dites, d'ailleurs, on a vachement dévié du sujet initial là).

 

@Ultimex Non, c'est beaucoup plus compliqué que ça, ce n'est pas une simple jonction de la physique pré-socratique et de la dialectique socratique, même si ça en repense les données. Il n'y a pas de monde des Idées chez Aristote, il n'y a que le monde des êtres, qui sont composés de forme (intelligible) et de matière (pour les êtres matériels), d'acte et de puissance, etc. Bref, il te faudrait une vraie introduction à la philosophie d'Aristote.

 

@Johnathan R. Razorback J'y reviendrai, mais toute cette philosophie moderne du droit naturel et de l'individu est une fumisterie d'un point de vue réaliste (remarque que c'est la même chose pour le personnalisme de Maritain). Il y a un livre de Charles de Koninck qui s'oppose certes à Maritain plus qu'à Rand qu'il ne connaît pas, mais on y trouvera de bons éléments : De la primauté du bien commun contre les personnalistes. Quant au schéma, j'ai dit que c'était sec, c'est plus une invitation à aller plus loin qu'autre chose. Maritain est extrêmement clair dans Les Degrés du savoir, et par ailleurs, ce qui est représenté, ce n'est jamais rien d'autre que le b.a.ba de l'architectonique de la philosophie aristotélicienne (voir par exemple le livre I du De Anima), je ne pense pas que c'est à ça que pensait Descartes en parlant des obscurités de la scolastique...décadente de son siècle.

 

@Anton_K Je suis vraiment désolé, je m’accroche à ce que tu écris, mais j'ai du mal avec le style universitaire. Cela dit, c'est intéressant. Je ne reviens pas tout de suite dans le sujet, mais juste une petite remarque de détail (quoique) : je crois que tu confonds philosophie spéculative et métaphysique (la première ne se réduit pas à la seconde). L'anthropologie philosophique, c'est la philosophie de l'homme, qui est une partie de la physique, qui appartient à l'ordre spéculatif. Je pense aussi qu'il y a confusion, par ma faute, entre philosophie (comme discours) et champ des objets philosophiques. Pour le reste, je t'inviterais volontiers à lire "Anthropologie platonicienne et anthropologie aristotélicienne" de Marcel de Corte si son oeuvre n'était pas tombée dans les oubliettes (ce sera l'oeuvre de ma vie que de l'en sortir ^^). Maintenant j'ai une question : quelle philosophie politique existante n'est pas liée à une philosophie spéculative dans l'histoire de la philosophie ? Qui sont les "purs philosophes politiques" dans l'histoire de la pensée ?

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il y a 15 minutes, Troy89 a dit :

Bref, il te faudrait une vraie introduction à la philosophie d'Aristote.

 

J'y viens tout doucement. Merci de la réponse en tout cas. :)

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Il y a 1 heure, Troy89 a dit :

 quelle philosophie politique existante n'est pas liée à une philosophie spéculative dans l'histoire de la philosophie ?

 

Je vais me faire l'avocat du diable: le rousseauisme ? Ou alors elle n'est jamais explicite.

 

En revanche, et pour répondre à @Anton_K, il y a une anthropologie philosophique chez Rousseau (cf: https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Rousseau#Passions.2C_raison_et_perfectibilit.C3.A9 ), c'est-à-dire la partie de la philosophie qui s'interroge sur ce qu'est l'Homme (qu'est-ce qui le distingue des autres êtres, quels sont ses facultés, quelle est sa faculté dominante (qui le distinguerait de l'animal par exemple), est-il un être naturel ou supranaturel, est-il bon ou mauvais, a-t-il le libre-arbitre, est-il perfectible, qu'est-ce qui le fait former une société, que cherche-t-il, quelle est sa destination tant pris individuellement que comme espèce, quels sont ses passions, etc.), et qui permet par voie de suite de chercher les mœurs, les lois et les institutions qui lui conviennent.

il y a 8 minutes, poney a dit :

Les mecs, vous avez totalement dévié du sujet.

 

C'est la faute de Coligny, qui devait nous inviter à la conversion et qui a disparu dans un vortex.

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Il y a 1 heure, Troy89 a dit :

 Qui sont les "purs philosophes politiques" dans l'histoire de la pensée ?

Hmmm celle de Leo Strauss peut-être ? Je lance un peu ça sans trop avoir approfondi le sujet, c'est vrai. 

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il y a 19 minutes, poney a dit :

Les mecs, vous avez totalement dévié du sujet.

Il faut dire que la démonstration de Coligny se fait attendre. ;)

 

il y a 8 minutes, poney a dit :

C'est en relisant ce thread que je sais pourquoi j'ai pas étudié la philo et pourquoi mes collègues qui se prennent pour des philos m'agacent très vite.

Spéculation over 9000, manque de données comparatives.

 

Anthropology takes all.

Remarque aigre d'un non INTJ. :icon_volatilize:

(Bon, je ne suis pas INTJ non plus).

 

Il y a 1 heure, Troy89 a dit :

 

@Ultimex Non, c'est beaucoup plus compliqué que ça, ce n'est pas une simple jonction de la physique pré-socratique et de la dialectique socratique, même si ça en repense les données. Il n'y a pas de monde des Idées chez Aristote, il n'y a que le monde des êtres, qui sont composés de forme (intelligible) et de matière (pour les êtres matériels), d'acte et de puissance, etc. Bref, il te faudrait une vraie introduction à la philosophie d'Aristote.

Autre question quand j'y pense : quel est la meilleure porte d'entrée pour commencer à lire Aristote ? De Anima ?

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il y a 5 minutes, poney a dit :

C'est en relisant ce thread que je sais pourquoi j'ai pas étudié la philo et pourquoi mes collègues qui se prennent pour des philos m'agacent très vite.
Spéculation over 9000, manque de données comparatives.

 

Tu dis ça mais en fait tu es sous l'emprise d'un cartésianisme implicite et de ses conséquences civilisationnelles:

 



« Au lieu de cette philosophie spéculative, qu'on enseigne dans les écoles, on peut en trouver une pratique, par laquelle connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. » -René Descartes, Discours de la Méthode, sixième partie, (1637), 10/18, 1976, 313 pages, p.90-91.

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  • Yea 4
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il y a 2 minutes, Ultimex a dit :

Remarque aigre d'un non INTJ. :icon_volatilize:

(Bon, je ne suis pas INTJ non plus).

 

 

 

Si je fais 4x le test, je suis intj 1 ou 2x

 

mais j'ai mes limites, j'aime bien spéculer sur des faits

 

Edit : bon sang il est épique ce meme de Descartes

  • Yea 1
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il y a 11 minutes, poney a dit :

j'aime bien spéculer sur des faits

 

Oui mais les faits ancienne manière empêchaient de délirer à fond sur fonds publics.

 

Du coup on a décidé que c'était naïf de croire encore aux "faits". Les faits nouvelle manière seront plutôt des constructions sociales discursives aux services des institutions de pouvoir dominantes ultralibérales. Comme ça on pourra les contester tranquillement en passant pour des rebelles.

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C'est un autre débat et on repart dans un autre HS mais on est quand même tout doucement reviendu de ces délires, ça reste vrai pour quelques croutons mais dans la jeune génération, ça agace.

 

Good.

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Il y a 2 heures, Ultimex a dit :

Autre question quand j'y pense : quel est la meilleure porte d'entrée pour commencer à lire Aristote ? De Anima ?

 

Surtout pas, le De Anima ça doit être le pire ! :D

Le meilleur moyen pour commencer à lire Aristote, c'est de ne pas lire Aristote, mais un, deux, trois bouquins sur Aristote. Personnellement je suis venu à Aristote par Saint Thomas d'Aquin, et je ne suis pas allé directement à Saint Thomas d'Aquin, il a fallu passer par Maritain, et par des manuels de philosophie thomiste (celui de l'Abbé Collin, et le Cours de philosophie thomiste de l'Institut catholique de Paris, qui est juste excellent). Bon, et en plus, j'ai un prof spécialiste d'Aristote dans ma fac.

 

@Rincevent Leo Strauss ne fait que s'appuyer sur des auteurs qui ont développé toute une philosophie spéculative incroyablement riche et sans laquelle leur politique est incompréhensible, et il ne semble pas se priver de le rappeler.
 

@Johnathan R. Razorback Je crois que tu as répondu tout seul à ton objection, il y a toute une anthropologie chez Rousseau.

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@Troy89 :

Tout ça rend Aristote fort engageant. :lol:

Bon, je note en tout cas, merci. J'ai aussi Histoire de la philosophie politique de Strauss et Cropsey (sur les conseils de F. Mas) avec, forcément, un chapitre introductif consacré à la philosophie politique d'Aristote (pas encore lu pour le moment, je ne me suis replongé dans le bouquin qu'il y a peu).

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20 hours ago, Troy89 said:

Lancelot : Tu peux le dire, mais ça pose une tonne de problèmes qui sont précisément les apories de l'idéalisme. Le fameux "problème du pont" du cogito cartésien (Descartes était écartelé entre ses tentations idéalistes et son souci de sauver le réalisme, mais on ne peut pas dire que ce soit une franche réussite), de la chose en soi kantienne, qui est complètement injustifiée et qui a été vite supprimée par ceux qui lui ont succédé, et même le problème du solipsisme du sujet, pour peu qu'il soit vraiment sujet (Nietzsche a mis en pièce le sujet kantien).

De manière générale l'outil qui me permet de conclure des trucs en ontologie est l'élimination des vols de concepts. Cet outil a toujours existé sous des tonnes de formes mais je trouve que cette formulation est la plus simple. Pour commencer Descartes nous informe que dire "je n'existe pas" est un vol de concept. Et si j'existe le monde existe (au minimum pour les solipsistes ce monde n'est composé que de moi). Mais le monde existe-t-il indépendamment de moi ? Par exemple dans La Construction de la réalité sociale, Searle montre (entre autres) que la structure même du langage présuppose l'existence d'autres sujets que moi, et donc qu'argumenter pour le solipsisme est un vol de concept. J'existe donc dans un monde que je partage avec d'autres sujets (Schopenhauer dirait que l'essence du monde n'est en fait composée que de sujets mais je n'irais pas si loin). À partir de là pour savoir ce que je peux connaître de ce monde on passe à l'épistémologie.

 

20 hours ago, Troy89 said:

Je n'avais pas vu la suite de ton post Lancelot : ton pragmatisme ne sauve que les phénomènes, mais pas l'être. S'il y a un monde que tu ne peux pas connaître en ce qu'il est, tu ne peux en chercher les causes. Le réalisme n'a aucun problème à situer les sciences modernes dans son architectonique des sciences, en conciliant sciences et philosophie (et même théologie). L'idéalisme est l'ennemi juré de toute perspective proprement spéculative, ou pour parler comme Maritain, de toute analyse ontologique (l'ontologie ne s'arrête pas à poser qu'une chose est), au profit d'un exclusivisme empiriologique et physico-mathématique (on l'a déjà vu ici où des gens n'imaginent pas possible qu'il y ait d'autres savoirs possibles et qui te sortent Popper contre les 5 voies de Saint Thomas d'Aquin, ce qui est juste ridicule). Je pense que les tendances historiques de la philosophie depuis Descartes et Kant parlent absolument contre une conciliation pragmatique de l'idéalisme et du réalisme.

Mon pragmatisme me dit qu'on ne pourra jamais le savoir (puisqu'on ne pourra jamais ne pas être humains) et qu'en outre ça n'implique aucune différence pour toutes fins utiles, donc effectivement c'est moins une conciliation qu'un haussement d'épaules. Mais le pragmatisme épistémologique admet tout à fait d'autres manière d'accéder au savoir que la science et se réserve le droit de sélectionner la plus pratique pour chaque problème donné.

 

J'ajouterais tout de même sur la possibilité d'accéder à la réalité des choses, et même si je sais que pour certains philosophes les considérations de ce genre sont sales, que si on regarde la manière dont fonctionne notre cerveau ça ne ressemble pas du tout à un appareil photo. Nous construisons nos représentations en essayant en permanence de modéliser ce qui va suivre (les aires visuelles primaires reçoivent plus de connections en feedback qu'en feed-forward), notre perception change en fonction de nos attentes et de nos connaissances.

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Il y a 16 heures, Lancelot a dit :

La Construction de la réalité sociale, Searle montre (entre autres) que la structure même du langage présuppose l'existence d'autres sujets que moi, et donc qu'argumenter pour le solipsisme est un vol de concept.

 

Exactement, je ne comprends pas pourquoi Descartes ne s'appuie pas sur la dimension sociale et intersubjective du langage pour réfuter le solipsisme (même Deleuze y arrive, ce n'est pas quelque chose de difficile).

 

Ou plutôt, je comprends que ça lui aurait permit de faire l'économie de la médiation de Dieu et des idées innées (Méditations III et IV) pour passer du cogito à la certitude du monde extérieur. Économie qu'il ne voulait ni ne pouvait vraisemblablement faire dans les conditions de son époque. C'est bien dommage...

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Je ne vois pas pourquoi le langage des autres résisterait au doute hyperbolique. Dans la perspective du doute hyperbolique, le langage réclame moins d'autres sujets que des objets parlants (des machines parlantes par exemple) : ceci suffit pour douter. Ça pose d'autres problèmes pour le cogito cela dit (comment dire "je pense, je suis", si même le langage est douteux).

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Il y a 4 heures, Johnathan R. Razorback a dit :

 

Exactement, je ne comprends pas pourquoi Descartes ne s'appuie pas sur la dimension sociale et intersubjective du langage pour réfuter le solipsisme (même Deleuze y arrive, ce n'est pas quelque chose de difficile).

 

Ou plutôt, je comprends que ça lui aurait permit de faire l'économie de la médiation de Dieu et des idées innées (Méditations III et IV) pour passer du cogito à la certitude du monde extérieur. Économie qu'il ne voulait ni ne pouvait vraisemblablement faire dans les conditions de son époque. C'est bien dommage...

 

 

Il y a 20 heures, Lancelot a dit :

De manière générale l'outil qui me permet de conclure des trucs en ontologie est l'élimination des vols de concepts. Cet outil a toujours existé sous des tonnes de formes mais je trouve que cette formulation est la plus simple. Pour commencer Descartes nous informe que dire "je n'existe pas" est un vol de concept. Et si j'existe le monde existe (au minimum pour les solipsistes ce monde n'est composé que de moi). Mais le monde existe-t-il indépendamment de moi ? Par exemple dans La Construction de la réalité sociale, Searle montre (entre autres) que la structure même du langage présuppose l'existence d'autres sujets que moi, et donc qu'argumenter pour le solipsisme est un vol de concept. J'existe donc dans un monde que je partage avec d'autres sujets (Schopenhauer dirait que l'essence du monde n'est en fait composée que de sujets mais je n'irais pas si loin). À partir de là pour savoir ce que je peux connaître de ce monde on passe à l'épistémologie.

 

 

 

Peux-tu nous en dire plus sur Searle et cet essai, stp ?

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