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Drone

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Everything posted by Drone

  1. Je ne sais pas, j'ai un peu paniqué et j'ai cité en gros tout ce qui me venait à l'esprit tant que ça rentrait dans le mouvement de pensée dans lequel j'étais embarqué - ce qui était précisément l'attitude que je dénonçais à travers le terme totalitarisme d'ailleurs. Tout réduire à une seule interprétation, y soumettre les faits, se laisser convaincre par une énorme construction linguistique etc. Le manque de rigueur me tuera.
  2. Je me suis souvenu que citer l'interprétation matérialiste dialectique de l'histoire en exemple de totalitarisme aux côtés de la lutte des races n'était pas nécessairement une si bonne idée. Je dois vraiment avoir un gros problème pour que la pensée ne m'ait pas même effleurée l'esprit pendant que je rédigeais.
  3. Bon, j'en ai marre, faut vraiment que je trouve une meilleure manière d'écrire sur mon clavier. Je sais plus trop ce que je voulais dire en dernière phrase, en fait, j'ai l'impression que ça n'a plus de sens du tout. Mais si quelqu'un a de bonnes objections à me faire (ou des lectures intéressantes qui vont dans ce sens) à me donner, je suis très preneur, car j'ai vraiment l'impression d'être dans une impasse.
  4. Bon, je reprends ma correction ici, vu que j'ai appuyé sur "entrer" sans le vouloir : D'ailleurs,
  5. Je lis un peu Lénine (Que faire? et des extraits de l'Etat et la Révolution), c'est passionnant, en fait. Peu de monde illustre mieux le militantisme révolutionnaire, dont il est en quelque sorte l'entéléchie. Cet homme était un véritable accomplissement de l'idéologie dans l'histoire, ça se ressent partout. Je recommande, pour peu qu'on ait un peu de second-degré, une propension au rire jaune et quelques lubies malsaines. Plus sérieusement, je trouve qu'il offre tout de même quelques clefs de compréhension utiles du communisme (ce qui est plutôt évident, en fait). Mais au-delà de la mythologie bolchévique, je suis sûr qu'il peut déclencher chez un libéral coincé quelque part au début du XXIe siècle des réflexions très intéressantes sur ce qu'on doit pratiquer ou non si on veut dépasser la contrainte étatique, et même sur le rôle des révolutions en générale. Pour nous, ce sera en particulier sur la manière dont on doit jouer, ou non le jeu de la politique, pour permettre la naissance de sociétés libérales. Parce que je pense qu'il n'échappe à peu de monde ici que la voie démocratique (et j'irais peut-être jusqu'à dire politique, mais je risque de rentrer dans un paradigme Schmittien qui ne me plait pas trop) a été jusque là une défaite monumentale suivie le plus souvent d'un contrecoup violent, comme ça a au moins été le cas en France. Je n'ai pas l'impression que les autres nations soient elles mêmes sur la bonne voie. En fait, il nous dresse un tableau fort intéressant du renversement de l'ordre dont il se fait l'un des avatars. Essayer de se situer par rapport à ça peut-être intéressant, pour un anarchiste en particulier. Pour ma part, je ne sais pas vraiment comment dépasser cette aporie. D'un côté, on peut supposer un ordre spontané comme c'est le cas chez Hayek puis ceux qui l'ont suivis, mais je ne sais pas trop comment éviter, d'une manière ou d'une autre, un utopisme propre à un Lénine, en réagissant à l'immixtion d'organes. La défense inconditionnelle du droit de sécession Naturellement, pas besoin de Lénine pour tout ça, mais j'estime qu'il faudrait veiller à ne pas se montrer aussi idéologues que nos camarades soviets, et que, finalement, cette lecture constitue une mise en garde intéressante. J'ai souvent que l'impression que le libéralisme oscille entre l'utopisme et l'anti-utop
  6. Je dirais davantage hostile à l'Allemagne en général. Après, ça ne les a pas empêchés pour une partie d'entre eux au moins de louer Pétain. Il y a eu des oppositions cela dit, genre de la part de D'Estienne d'Orves ou Girardet. Cela dit il me semble que le mouvement était plutôt en faveur d'une grande décentralisation, et apparaissaient même comme plus ou moins anti-étatiques. Certainement pas liberaux, cela dit. Mais ce n'est pas incohérent vu les idées de base de Maurras. Après il y a aussi une histoire de race latine confrontée à la race germaine, c'est un peu plus compliqué. Ils étaient plus ambigus sur Mussolini par ex. Je crois. Mais c'était pas vraiment les plus racialistes à l'époque, ça ressemble plus au culte du moi d'un Barrès.
  7. Ça m'étonnerait qu'on puisse encore se faire déporter pour manque d'engagement dans la révolution prolétarienne, là bas. Je crois que ce délire leur est passé depuis les quatres modernisations. Àmha c'est plus un problème de susceptibilité du gouvernement. À vrai dire, Pékin préfère éviter la diffusion de la moindre critique à son égard, et il me semble que certaines de ses couvertures s'avéraient problématiques. http://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/hong-kong-les-cinq-personnes-disparues-ont-elles-ete-enlevees-par-pekin Voilà, bon après, ça fait un moment que ça se sait. Le coup du "1 pays, 2 systèmes", ce n'est plus vraiment une réalité. Comme pour Taïwan : ce qui compte, maintenant, c'est la volonté de la Chine. La réalité, en Chine, c'est que Xi Jiping guide le peuple et comme pour tous les guides, il faut faire attention à ne pas y toucher. En soi c'est pas vraiment étonnant, c'est le comportement de tous les politiques qui se donnent - et se sont donnés - une carrure autoritaire. Plus particulierement quand ils sont à la tête d'une puissance plus grande que celle de leurs freres. Ça ressemble un peu aux relations Russo-Ukrainiennes par exemple.
  8. Le raisonnement de celui qui a élaboré sa comm a du se présenter à peu près comme ça : Majeure : Raymond Aron est un penseur de droite modéré. Mineure: il faut séduire les gens de droite modérés. Conclusion : citer Raymond Aron peut nous aider à nous faire passer pour des gens de droite modérés. Après, il reste le pb de l'identité de Raymond Aron avec une définition claire de la droite modérée. Mais pourquoi s'embarrasser de précisions et de détails inutiles quand on veut tout mettre en œuvre dans le jeu d'une stratégie électorale ?
  9. http://www.lepoint.fr/politique/kevin-razy-l-erreur-de-casting-de-matignon-06-02-2016-2015938_20.php C'en est trop. Il faut vraiment que ça s'arrête. On pourrait en pleurer.
  10. Ils enchaînent les mouvements sociaux et les incidents technique en ce moment. Grâce à eux, ce matin, je suis arrivé en retard de 45min à mes épreuves anticipées (pas que j'y attachais une quelconque importance, mais quand même).
  11. Bof, l'intention de Kant n'est vraiment sujette à interprétation. Il ne buvait pas, après tout.
  12. Willkommen! Ca doit pas être facile tous les jours d'être Kantien sur le plan éthique, tu fais comment ?
  13. C'est atroce, je viens de me relire et j'ai l'impression d'avoir formulé la plupart de mes idées comme un autiste en plus d'avoir commis quelques phrases dénuées de toute syntaxe. Je dois vraiment faire l'effort de me relire. Je suis à peu près d'accord. Mais j'ajouterai - et répèterait - que la tension que Voegelin recherche dans cette "phénoménologie des représentations" consiste essentiellement en une quête de l'ordre, qui doit se reformuler chaque fois que les précédents symboles ont été brisés. D'où le déploiement de la philosophie, ainsi que les renouveaux mythologiques et religieux qui accompagnent les périodes de crise. C'est en cela qu'il est on ne peut plus politique d'ailleurs, mais aussi en cela qu'il est philosophe : il faut dépasser le problème du politique en cherchant l'éternité. Dans un monde qui s'enfonce dans l'immanence, celui qui serait amené à reformuler les symboles serait amené à reformuler le monde lui même, et c'est pour lui tout l'enjeu de la modernité : dépasser l'immanence. Son entreprise consistera donc à chercher l'"archè" de la plupart des ordres politiques pour mieux comprendre l'ordre de la nature humaine. C'est, il me semble, ce qui amène sa formulation de la metaxy. C'est ce qui l'amènera à conduire une entreprise de l'ambition de Order & History, et donc à se servir, en définitive, de l'histoire. D'un autre côté, il voit très bien les problèmes que posent les différentes formes d'historicisme, dont on peut observer la critique un peu partout dans son œuvre. Le problème c'est que je n'ai lu que le début du premier volume de son magnum opus, donc je ne peux pas rendre compte de ces aspects là de son œuvre. Chez Strauss c'est plus complexe, et en même temps très différent. Il appartient à une certaine tradition de l'art d'écrire et de la praxis philosophique. Tout y est pensé contre la doxa, contre le sens commun et contre la masse (c'est le principal reproche que fait Arendt à l'ensemble de la philosophie politique d'ailleurs). Le rationalisme classique, ça apparait chez lui comme l'ensemble des moyens que se donnaient les antiques pour tenter de comprendre le monde. S'il est chez lui question d'éternité, le problème ne se pose pas, cette fois dans un paradigme Kantien qui utiliserait des termes d'immanence et de transcendance. Strauss maintient clairement, dans l'ensemble de son œuvre de maturité, une distinction claire entre la quête désintéressée de la vérité et les différentes formes de vérité révélée. L'éternité prendra chez lui son sens dans une opposition violente à l'historicisme, et correspondra plutôt à une idée de vérité an-historique. C'est, en quelques sortes, sa propre théorie des formes ( ). D'où ses allusions constantes à la distinction entre philosophie et science, qu'il lie au problème historique, et dont il regrettera la généralisation, qui amènera la philosophie à n'être considérée que comme une vague attitude réflexive. Tout le problème de la modernité, c'est selon lui un problème de conscience historique (qui s'apparente aussi à une sorte de matrice du relativisme) et dont il diagnostique avec succès les contradictions. Contradictions qui amèneront à cette crise de la raison qu'à connu le XXe siècle, chez les post-modernes en particulier. Viennent après se poser les problèmes de l'abandon du droit naturel, de tout critère de justice, et, en fait, de vérité. Sa démarche consistera à dépasser cette aporie et à tenter de retrouver l'attitude des classiques face au monde. C'est, en tout cas, ce que je pense en avoir compris. Je ne peux aussi que remercier ce message pour ces éclaircissements à propos de la philosophie de Blumenberg. Je devrais me hâter de me procurer La légitimité des Temps Modernes si je veux avoir une meilleure compréhension de la question de la sécularisation. Quant au problème de la rationalité et de ses divers sens, pas besoin de débattre, Anaxagore a eu raison avant tout le monde en découvrant le noùs, et Hayek s'en est vaguement approché dans l'Ordre Sensoriel, c'est tout. Les autres ont juste simplement tort. Lire les classiques c'est très bien, mais Droit Naturel et Histoire est aussi une bonne lecture, et n'est pas très difficile pour peu qu'on ait quelques bases en philosophie politique. C'est aussi une excellente introduction au problème de l'historicisme qui est un thème centrale de la philosophie politique du XXe siècle. Les passages sur Al Farabî et Maïmonide sont ardus sans avoir fait une lecture préalable des deux, vu que la grille de lecture est strictement ésotérique, moi, par exemple, je n'ai encore rien lu de Maïmonide faute de connaissance approfondie des grands textes juifs (et j'estime qu'une seule lecture traduite de l'ancien testament s'avèrera largement insuffisante). Rien de ce qu'il en disait ne m'en est resté sinon que du politique était masqué dans un traité de logique. Le reste, ça va suivant le niveau de lecture. ; Pour tenter de répondre à ça et en venir à Popper & Platon qui semblent agiter un peu ce forum : l'aversion pour Popper vient d'une mauvaise lecture de Platon (Hegel aussi, en fait, il a seulement eu l'occasion d'en lire de la littérature secondaire à son sujet, et pourtant il y a beaucoup à en dire). Dans tout son ouvrage il adopte une grille de lecture qui correspond aux exigences de la démocratie libérale de l'époque, et pas du tout comme une compréhension authentique des textes de Platon en tant que textes de Platon. Ce qui lui est reproché, c'est d'être un épistémologue qui sort largement de son domaine de compétence, ce qui ne se fonde pas sur rien, puisqu'il n'agit qu'en homme d'opinion pour juger d'un coup des textes fondateurs et les balayer d'un revers de main. Comprendre Platon en termes d'humanisme, de totalitarisme et "d'idéalisme tribal" (sic), c'est stupide et péremptoire, rien de moins, rien de plus : le philosophe ne s'est jamais posé ce genre de question. Le lire comme ça, c'est beaucoup s'avancer dans la manière qu'il a eu de rendre sa pensée. Et en agissant de la sorte, on peut aussi occulter une bonne partie de sa pensée, ce qui est très dommage. C'est juste un souci d'honnêteté, en quelque sorte. En faire un communiste ou un nazi, un ennemi de la Grande Société, c'est aussi pertinent que de dire la même chose de Zarathustra, d'Hamûrabi, ou même de Moïse, en fait. Ce dont il faut se rendre compte, c'est que la philosophie de Platon est aussi en mouvement (une lecture du Banquet devrait être suffisante), qui est aussi une réflexion d'une richesse rarement atteinte auparavant sur la justice, le politique et le philosophique. En plus, malgré le côté up-to-bottom, je suis certain que la seule lecture de la République fait un excellent traité d'éducation de soi, qui n'amènerait que très rarement ses exégètes à envahir la Pologne. En dehors de ça, Voegelin a aussi une lecture très particulière de Platon, puisqu'il est lui même un Platonicien avéré sous plus d'un aspect. Il pense le problème de la politique en cherchant l'ensemble de ses interrogations à partir de l’œuvre de ce dernier (dont je conseille fortement la relecture, d'ailleurs, et pas seulement de la République). Il dialogue constamment avec lui et l'ensemble de ses concepts, et tout ou presque semble avoir la mythopoeïa platonicienne pour point de départ dans sa pensée. L'attaque est aussi justifiée par une divergence d'interprétation, c'est plus ou moins évident.
  14. C'est une peinture de Franz Marc qui représente un tigre, et que je trouve incroyablement bien achevée.
  15. D'une certaine manière, il y a quand même un bouleversement pas vraiment difficile à observer qui s'opère entre l'ancienne manière de concevoir le philosophico-politique (Voegelin dirait qu'elle est la restauration d'un Ordre de symbolisation) et celle qu'on connaît en gros depuis le XVIIIe siècle (qui s'est généralisée) : une volonté de changer le monde pour le faire approcher de la perfection. Je soupçonne le philosophe d'avoir un regret envers l'ordre des anciens. Mais ce qu'il vante c'est surtout une union de la philosophie et du christianisme comme le seul bastion de la transcendance, pour éviter d'incarner de force une Cité de Dieu dans la Cité de l'homme. Il se rapproche beaucoup de Saint-Augustin en ce sens, qui est d'ailleurs cité en frontispice du premier volume de Order & History d'ailleurs, sans compter son opposition systématique aux hérésies de toutes sortes. Par contre, je ne sais pas si c'est l'eschatologie Marxiste qui est la plus critiquée (même si le cas du marxisme est sans doute le plus évident à remarquer) dans sa Nouvelle Science du politique. Hegel l'est bien plus à mon goût, là où Marx n'est qu'une conséquence maladroite, Hegel a exalté et le Christianisme, la philosophie, et en même temps la mort de Dieu (qui se contentera de s'accomplir dans l'histoire) ce que Voegelin ne saurait lui pardonner (d'ailleurs c'est frappant, comme, sous cet angle, Hegel est dans le droit sillage de Hobbes). Pourtant, àmha, il existe des similitudes évidentes entre ces deux voies. Là où je rejoins cette réponse, c'est que Voegelin est un philosophe de la tension existentielle vers la vérité et de "l'entre-deux de l'humain et du divin", et certainement pas un doctrinaire. Je pense qu'il verrait une très nette différence entre faire de l'humanitaire et tenter de mettre fin à toute société de classe eu égard au sens de l'histoire. Plusieurs remarques ; on peut considérer que le cosmos est harmonieux malgré l'essor des sciences expérimentales, et on peut même refuser de faire la distinction courante entre science et philosophie, tout en acceptant largement les vérités que nous a enseigné la première, séparée de l'autre. Je ne suis pas très compétent en philosophie des sciences, mais Ensuite, je pense qu'on peut largement accorder à Maistre la même critique que Strauss a fait à Burke : se contenter des lois de l'histoire, accepter nombre de prémisses du relativisme, et refuser toute quête des universaux. En fait, la manière dont les conservateurs contre révolutionnaires ont abusés du relativisme pour justifier le régime qui semblait s'effacer au profit du progrès est assez étonnante. Chez Maistre, je trouve que le défaut est accentué parce qu'il adopte plus de défaut encore que Burke. Il est véritablement idéologue avec tous les défauts que cela implique, et on peut très clairement observer chez lui cette "immanentisation de l'eschaton", dont nous parlions plus haut, dans sa manière de se servir de l'histoire : son eschatologie de la révolution française est authentiquement catholique, et en même temps refuse la transcendance du Dieu des Chrétiens, d'ailleurs, àmha, son attaque du protestantisme et de l'évangile sans Eglise est ridicule, et montre bien la faiblesse de son argumentation qui ne se sauve - littéralement - que par l'intervention d'un Deus Ex Machina, dont il conviendrait de connaître le plan. Je suis plus ou moins d'accord, en tout cas dire que toute la modernité, dans tous ses effets, résulterait entièrement d'une théologie chrétienne sécularisée me parait pour le moins absurde et réducteur comme, en fait, la plupart des thèses sur ses origines et des fondements, mais d'un autre côté ce n'est pas vraiment une grille de lecture entièrement inadaptée. En tout cas, pas dans la compréhension des structures idéologiques et étatiques : il y a vraiment une volonté de voir naître le paradis sur Terre - et tenter de déclencher son incarnation - qui a pris son essor dans la philosophie occidentale, qui n'existait pas vraiment avant, ni de tendance à s'imaginer au sommet de son passé. En fait c'est un immense problème qui exigerait de ma part beaucoup plus de connaissances en philosophie de l'histoire - et en histoire des religions - que ce dont je dispose en l'état actuel des choses. A part ça, je n'ai pas lu Blumenberg (seulement de très courts extraits) mais il me semble que son aspiration consisterait plutôt à dépasser cette querelle. Je ne trouve aucune critique de la raison chez Voegelin, sûrement parce qu'en tant que telle elle est raison, et donc un juste milieu (et je suis tout à fait d'accord avec ça). Il appelle par ailleurs plus ou moins explicitement à son secours face aux errements actuels, sans que ce soit une des thématiques principales de sa pensée. Il préférera employer les termes relatifs au nous c'est à dire à l'intelligence. Par contre, c'est vrai que cette même raison n'est pas tout à fait la même que celle que les cartésiens puis les scientistes glorifient. C'est plutôt le mode d'application de la raison (mais je préfère le terme de connaissance) au réel, perçu comme étant essentiellement dysharmonique, qui sera le plus à même d'être critiqué par le philosophe. Pour Hayek et Oakeshott, la critique s'adresse en gros au rationalisme appliqué en politique, dans la direction d'une société humaine. Il y a des similitudes, mais je ne sais pas si tous ces auteurs figurent bien sur le même plan et aient tout à fait les mêmes préoccupations.
  16. Je ne suis pas théologien, donc ça va être difficile pour moi d'être très précis, mais de ce que j'en ai compris, la gnose c'est une vieille tradition très floue et très difficile à définir (pcq elle englobe beaucoup trop de choses, et pcq le concept a énormément de définitions), qui remonte elle aussi certainement à l'Egypte, qui existe aussi en Orient et qui désigne à peu près toute forme de connaissance initiatique invitant au détachement du monde. Si j'étais Jungien je dirais qu'il s'agirait d'un archétype, dont même le chamanisme primitif est une forme. Plus communément, et dans un paysage déjà plus proche du politique, le gnosticisme ça désigne plus souvent la croyance dans un monde mauvais, créé par un mauvais démiurge. Le gnostique doit en gros lutter contre ce monde mauvais et récupérer le paradis, dont il peut connaître le plan grâce à sa gnose, et enfin se libérer. En option, ils peuvent faire ça pour le Vrai Dieu, mais ce n'est pas nécessaire. Après, on peut faire des analogies avec plein de phénomènes idéologiques plus proches de notre époque dans la version sécularisée : le progressisme, le socialisme utopique, le phalangisme, le communisme, le nazisme, le féminisme, d'une certaine manière le Djihadisme aussi, et même certaines formes de libéralisme. En fait, tout ce qui a un -isme peut être suspecté de gnosticisme. C'est un outil très pratique, mais je ne sait pas s'il s'agit du plus pertinent. En tout cas, c'est ce que Voegelin nomme "nouvelle gnose", et qui est omniprésente dans sa pensée politique. Sinon pour reprendre Ultimex qui a répondu avant moi : il se sert aussi abondamment des sens traditionnels du mot, en tout cas dans certains ouvrages (je pense ici à Immortality : Experience & Symbols ).
  17. Je n'ai pas tant lu de lui que ça, même si il s'agit d'un auteur que j'apprécie beaucoup. En faire un compte-rendu détaillé dépasse largement mon domaine de compétence. Peut-être que quand j'aurais eu l'occasion de lire Order & History je pourrais donner un avis formulé plus clairement. J'estime en tout cas, pour le moment, que c'est un historien des idées - et philosophe politique - de grande envergure, ainsi qu'un excellent commentateur, qui illustre très bien la nécessité de la participation (au sens platonicien). Il témoigne d'un amour sincère de la connaissance, en tout cas, c'est certain. Ses mises en gardes sont révélatrices (parfois mêmes angoissantes) et je les trouves souvent très justes. Sa critique des jugements sur le sens de l'histoire et des utopies de toutes sortes, est en tout cas salvatrice et permet de décomposer avec une efficacité certaine la plupart des idéologies modernes, libéralisme inclut et peut-être même surtout (c'est de lui que j'ai lu la critique du Locke politique la plus acerbe ; il détestait aussi le Popper de la Société Ouverte et ses ennemis). J'apprécie beaucoup la capacité qu'il a de mettre à mal le péché d'orgueil des modernes qui se figurent être au sommet de l'histoire, enfin maîtres de tout. Il n'est peut-être pas fondamentalement novateur, mais il met assez bien en évidence la sécularisation prégnante qui a eu lieu depuis les débuts de la modernité, en particulier dans son analyse de l'Etat moderne, à partir de ses commentaires - géniaux - de Bodin et de Hobbes en particulier, mais aussi de Hegel. Le concept de religion politique est, enfin, une arme de choix dans un débat d'opinion, en particulier pour un libéral (c'est dans ce sens que nous pouvons, en tant que tel, le trouver très sympathique) mais je ne suis pas certain que c'est un compliment qu'il apprécierait. Son grand problème, c'est la tendance qu'il a d'abuser de certains concepts, en particulier quand ils sont formulés en grec ancien, du reste, je trouve que sa pensée, de ce que j'ai pu en lire, est beaucoup trop souvent aporétique. Je ne crois pas du tout à la mort certaine de l'Esprit qui est censée suivre la modernité (qu'on ait tenté de le faire mourir, à la rigueur), ni à sa tentative de concilier en un tout cohérent la philosophie et le mysticisme (un défaut qui vient sans doute de Bergson), comme si les deux se plaçaient exactement sur le même plan.C'est sans doute une question de goût. Je n'ai pas non plus l'impression qu'il soit exempt de tout don de sens à l'histoire, malgré ses dires là-dessus mais ça vient peut-être d'une incompréhension, il faudrait que je relise les passages qui m'avaient interpellés et que je regarde les dates de parution. Last but not least, je ne suis pas certain de voir à quoi correspondrait cette nouvelle science du politique qu'il essayait de fonder. Sinon, l'omniprésence de la gnose et du gnosticisme dans ses explications peut aussi se montrer assez irritante, et a tendance à me laisser un peu sceptique malgré l'importance et la qualité de cette illustration dans la décomposition de la modernité. Pour revenir à la théorie des trois-âges, c'est un mythe antique qui remonterait à l'Egypte. Qui sera repris par un demi hérésiarque, demi-bienheureux chrétien, Joachim de Flore (que je n'ai jamais lu, malheureusement). Ce dernier sectionnera l'histoire en âge du père, âge du fils et âge du saint-esprit (càd le moment où le paraclet est censé descendre sur Terre), et le sectionnement recommencera encore chez un certain nombre d'idéologues qui, eux, tenterons de réaliser la dernière étape. Par exemple, dans la distinction des lumières : antique, médiéval, et moderne. Or, le mythe est très présent dans le projet d'histoire universelle qu'établit Vico, ce dernier étant évidemment l'une des inspirations de la Nouvelle science du politique.
  18. Bon, vu que je ne trouve pas la fonction éditer (qui ne doit sans doute pas m'être donnée avant un certain nombre de messages). J'allais dire, en gros, qu'à mon avis, les idées de progrès de l'esprit que l'éducation du peuple rendra possible dans sa victoire contre l'obscurantisme (qu'on peut trouver un peu partout dans les Lumières, mais surtout en France, les exemples qui me viennent en tête c'est Condorcet et Turgot quand ils parlent d'histoire), sont une voie royale vers la transformation de l'homme par le socialisme. Ça vaudrait aussi pour la conception d'un droit de l'individu, qui pourra, en changeant les prémisses, exiger son émancipation de la part de l'Etat, et ainsi passer d'une liberté positive à une liberté négative. Je vois, en tout cas très bien comment de Locke on aboutit au discours sur l'inégalité et aux derniers livres du contrat social de Rousseau , de comment une béatitude un petit peu naïve peut amener un Saint-Simon à imaginer une société organisée scientifiquement, etc. mais surtout à comment cet ensemble a pu donner naissance à l'idée d'une fin de l'histoire à provoquer dans la pensée des Hegeliens de gauche, vers un paradis communiste par exemple. De même, en économie, la théorie économique marxiste bénéficie beaucoup d'erreurs de jugement libérales, la valeur-travail est sans doute l'exemple le plus frappant. Toujours par analogie, la liberté d'expression, ainsi que l'amélioration des conditions de vie dans des classes dites inférieures (ce qui sont, en soi, de bonnes choses), mêlée à l'accès à un paysage idéologique composé en grande partie des ensembles sus-cités, peuvent facilement entraîner des exigences qui mènent tout droit à la folie des syndicats d'aujourd'hui. En fait, être capable de ne plus être politique et d'accepter l'ennemi est un fardeau incomparable. Surtout dans une démocratie qui donnera la possibilité à quiconque d'obtenir gain de cause du moment que son opinion est celle du nombre. Le mouvement de l'histoire vers l'égalité pourra ainsi faire un pas de plus, aidé d'un armada d'intellectuels qui y consentiront, si ils veulent se donner bonne conscience, s'ils pensent valoir beaucoup mieux que le personnage de l'entrepreneur, ou s'ils ont l'orgueil de vouloir diriger cette voie. Mais je ne nie en aucun cas le libéralisme des lois de 1901 du tout, par contre. Ce n'est pas du tout le genre de choses dont je parlais quand j'utilisais le terme "errements. Je voulais plutôt exprimer des sortes de conséquences à ce que décrit Tocqueville ici, plutôt dans le monde des idées. En fait je pense que je n'aurais pas du utiliser le terme "historique", qui peut amener à confondre avec le programme politique appliqué des libéraux. Ce que je voulais exprimer, c'est que le libéralisme ne s'est pas seulement construit contre, mais malheureusement, avec le libéralisme. Et c'est dommage, parce que je ne vois pas du tout comment éviter l'émergence d'un égalitarisme nauséabond dans une société à proprement parler libérale. Une exigence permanente d'Anarchie, peut-être, ou peut-être aussi une séparation des pouvoirs très stricte dans une aristocratie qui aurait le mérite de rester fixe. Mais j'ai du mal à croire qu'on puisse en empêcher les décadences. Sûrement, en effet, parce que les gens sont des cons.
  19. Oui, c'est tragique, mais certains errements de la pensée libérale, ou au moins de la pensée moderne (dont je ne saurais dater avec précision ni l'émergence ni le contenu) ont eu en germe l'esprit du socialisme. L
  20. C'est vrai mais je n'ai pas non plus dit que ce serait souhaitable. C'est, certes, une des situations que j'aimerais le moins connaître, déjà désagréable en expérience de pensée. Mais, en l'occurrence, la seule personne visée était ce cher ministre de l'intérieur qui se retrouverait dans un contexte similaire à celui que fuient les personnes qu'il va rapatrier dans la bénédiction de leurs droits. Je dois vraiment être très maladroit.
  21. Je n'ai pas prétendu que ça avait une quelconque vraisemblance. Je disais simplement qu'imaginer quelque chose de tel était, en définitive, plutôt amusant.
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