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Cortalus

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Tout ce qui a été posté par Cortalus

  1. L'objection des détracteurs de Caplan est justement que mathématiquement, cela n'a pas de sens d'employer des nombres ordinaux dans une fonction ou une équation comme MU1/P1=MU2/P2... Diviser un ordre de préférence par un prix est absurde. L'utilité doit être cardinale pour être employée ainsi. Il est donc exagéré de dire que les néo-classiques n'ont recours qu'à une notion d'utilité ordinale. Il serait tout aussi exagéré de dire que les néo-classiques ignorent la distinction entre utilité ordinale et cardinale. Bref, autrichiens comme néo-classiques sont d'accord sur le fond : l'utilité cardinale ne peut pas être mesurée en réalité. Là où les autrichiens excluent par conséquent tout raisonnement qui se baserait sur l'utilité cardinale, les néo-classiques disent : OK, ça ne se passe pas comme ça dans la tête du consommateur, mais ce serait dommage de se priver d'une notion bien pratique pour des exercices de pensées et la construction de modèles. Suite à la parution de l'article initial de Caplan, voici le contre-argumentaire de Hülsmann (1999) sur la question de l'utilité cardinale : Et les objections de Block (1999) sur la même question : Et finalement la réponse de Caplan (2001) : Honnêtement, je ne comprends pas l'argument de Caplan, qui ne répond d'ailleurs pas à toutes les objections de ses contradicteurs.
  2. Pas vraiment. La subjectivité de la valeur est d'abord une théorie de la formation des prix (qui s'oppose à la conception classique selon laquelle le prix d'un bien découle du coût de ses facteurs de production), alors que le marginalisme est une évolution de la théorie de l'utilité. Bien sûr, utilité et prix sont liés, et la théorie subjective de la valeur explique justement la baisse tendancielle de l'utilité marginale.
  3. C'est une affirmation quand même assez péremptoire. On juge ça sur quel critère ?
  4. L'article initial de Caplan a évidemment fait réagir à l'époque. Le point de vue autrichien a notamment été défendu par ces deux articles : Block, Walter (1999). Austrian Theorizing : Recalling the Foundations. Quarterly Journal of Austrian Economics, hiver 1999, volume 2 (no 4) Hülsmann, Jörg Guido (1999). Economic Science and Neoclassicism. Quarterly Journal of Austrian Economics, hiver 1999, volume 2 (no 4) Le QJAE a bien sûr proposé à Caplan de répondre, ce qu'il a fait avec cet article : Caplan, Bryan (2001). Probability, Common Sense, and Realism : a Reply to Hülsmann and Block. Quarterly Journal of Austrian Economics, été 2001, volume 4 (no 2) Après toutes ces lectures, l'impression qui me reste est que fondamentalement Caplan reproche aux autrichiens de s'être éloignés des sujets économiques pour aller sur le terrain de la philosophie, du droit, de l'histoire des idées...
  5. Euh... malgré les délires sur le climat, il me semble encore qu'un débat scientifique ne se résout pas par une règle de majorité. Hum... on n'a pas du tout la même lecture du texte de Caplan... Celui-ci relève que la critique de la cardinalité de l'utilité par Rothbard est abusive car les néo-classiques aussi ont recours à une utilité ordinale. Bref, il dit que les néo-classiques et les autrichiens sont en fait globalement d'accord sur ce point. En quoi cela remet-il en cause le scepticisme épistémologique des autrichiens ? Sur le fond, il serait très exagéré de prétendre que l'utilité est toujours ordinale chez les néo-classiques. Il suffit d'ouvrir n'importe quel manuel pour voir la formule : MU1/P1 = MU2/P2 = MU3/P3 etc. où MUn est l'utilité marginale du bien n et Pn le prix du bien n. Le simple fait que l'utilité marginale soit présente au numérateur d'une division prouve que c'est une utilité cardinale. Car cela n'a aucun sens de diviser un nombre cardinal. Une mise en garde sur la différence entre utilité ordinale et utilité cardinale est donc toujours d'actualité. Dès qu'on introduit l'utilité dans une formule ou qu'on la représente graphiquement, on est généralement en présence d'une utilité cardinale et des précautions épistémologiques s'imposent. Bref, évitons de caricaturer les idées des néo-classiques (je suis entièrement d'accord là-dessus avec Caplan). Mais il faudrait quand même voir à ne pas caricaturer non plus les autrichiens (et sur ce point, Caplan, comment dire... n'est pas au-delà de tout reproche).
  6. Du coup, on comprend mieux pourquoi il a les boules.
  7. J'avoue que je suis un peu perdu, là. Qu'est-ce que "dépasser le débat sur une conception positiviste physicaliste old school" veut dire, concrètement ? En ce qui concerne la psychophysique, ses apports sont certainement tout à fait valables dans une approche d'économie comportementale, mais du point de vue de l'économie politique, quelles conclusions en tirer ? Peut-on même en tirer des conclusions ?
  8. The Leftovers, c'est fini. Une des meilleures séries de ces dernières années de mon point de vue.
  9. Les autrichiens ne rejettent pas les mathématiques ! Ils font simplement preuve d'humilité par rapport à leur discipline : l'économie est une science humaine, pas une science exacte. C'est pour cela qu'il faut prendre des précautions avec l'utilisation du langage mathématique, car il peut conférer une dangereuse illusion de véracité scientifique pour le lecteur malavisé. Le positivisme dans les sciences humaines (économie, mais aussi droit, histoire, sociologie...) pave la route vers la servitude. Et je ne pense pas que le scepticisme épistémologique des autrichiens soit en retard d'une bataille sur ces questions. L'économétrie est une branche toujours plus importante de la discipline. Samuelson, avec ses formalisations mathématiques et son projet de donner à l'économie la légitimité d'une nouvelle thermodynamique, est peut-être l'économiste le plus influent de notre époque. En tout cas, tous les étudiants l'ont biberonné à l'université (c'est moins vrai en France, et je dois avouer honnêtement que j'aurais préféré avoir Economie de Samuelson comme manuel plutôt que la série des Généreux...). On n'est donc pas prêt de manquer d'apprentis sorciers pour nous expliquer qu'il faut toujours plus d'Etat pour corriger la société comme ci ou comme ça avec des arguments d'autorité du genre the science is settled. En tout cas, j'entends des trucs de ce genre chaque fois que Nicolas Doze invite un clerc de l'OFCE dans les Experts.
  10. Ce que j'entends par modèle à but didactique, c'est par exemple une équation qui permet d'exprimer de manière synthétique ce qui aurait nécessité un développement littéraire indigeste. On utilise le langage mathématique, mais ce ne sont pas des mathématiques au sens où l'on ne peut pas prétendre avec ce genre d'équation démontrer des égalités réelles, ne serait-ce que du fait que l'on utilise des symboles pour représenter des quantités d'objets en réalité hétérogènes.
  11. Les autrichiens se méfient de la tendance des économétristes à confondre la carte avec le territoire. Il y a là un fond "sceptique" au sens épistémologique qui me semble de bon aloi. L'illusion de scientificité conférée par le recours aux mathématiques favorise en plus les attitudes positivistes. Or, en matière de sciences sociales on sait où ça mène... Pour autant les autrichiens ne rejettent pas les outils mathématiques, tant qu'il est bien précisé qu'il s'agit de modélisations à but didactiques, sans prétentions à refléter la réalité.
  12. Cortalus

    Jeux vidéo

    Après FFXV (pas si mal), Nier Automata (un des meilleurs jeux auxquels j'ai joué), Persona 5 (bien, mais trop long : 110 h pour finir le jeu...), je me remets à Dark Souls 3 avec l'extension Ringed City. Niveau 125, même pas en new game +, et je galère comme jamais... En new game+ dans le DLC de Bloodborne, je m'en sortais bien mieux !
  13. On peut encore trouver certains des cinq volumes sur Amazon, mais pas la collection complète...
  14. Qu'est-ce qui empêcherait techniquement de reconnaître l'existence de l'état islamique, puis de lui déclarer la guerre ? Puisque l'état islamique revendique des assauts menés contre la population en France, ce serait bien une guerre défensive. Politiquement, je vois bien les obstacles : reconnaître l'état islamique serait céder à une de ses revendications, et ça pose un problème diplomatique avec les pays voisins. Mais ne serait-ce pas plus sain du point de vue du cadre d'intervention juridique des forces armées, à l'étranger, et des forces de police et de la justice, sur le territoire national ? Je pose la question naïvement.
  15. Je ne suis pas familier avec cette notion de Rothbard (pas facile de se procurer L'homme, l'économie et l'état en français). Pour moi, la taille optimale, qui permettrait d'avoir 100 % de transactions de compte à compte à l'intérieur de la banque (en-dehors des retraits en moyens fiduciaires), c'est la banque monopolistique. La concentration du secteur est bien liée sous cet angle à une volonté d'optimisation du rendement (autrement dit, la croissance n'est pas une fin en soi). Mais c'est un raisonnement à court terme. Pour définir la véritable taille optimale de la banque, il faudrait intégrer le risque. Une banque peut avoir le meilleur rendement du marché pendant des dizaines d'années et s'écrouler en un jour parce qu'elle a sous-estimé son exposition au risque. La bonne analyse comparative de rendement est celle qui tient compte des banques qui ont coulé et pas uniquement de celles présentes sur le marché à un moment donné. Une petite banque qui conserve plus de réserves aura peut-être un taux de marge plus bas, mais elle sera toujours plus rentable que celle qui a fait faillite. C'est là que De Soto fait remarquer que la tentation est trop forte et que les banquiers finissent toujours par prendre trop de risques en pensant qu'ils pourront sortir leurs billes avant les autres quand la crise pointera le bout de son nez (cf. l'extrait que j'ai cité plus haut). Ceci dit, l'exemple de la Nouvelle-Angleterre montrerait qu'il est peut-être trop pessimiste.
  16. Est-ce que le système de la Nouvelle Angleterre comprenait beaucoup de banques de petite taille ? Parce que mécaniquement, plus le secteur est oligopolistique, plus les banques ont tendance à baisser leur ratio de réserve (plus on a en clientèle une part importante des déposants, plus la part des transactions de compte à compte à l'intérieur de la banque est importante ce qui diminue le besoin de liquidité). Ceci explique d'ailleurs les stratégies de croissance externe et interne des banques : plus grande part des déposants -> moins de réserves -> amélioration du rendement.
  17. Il n'y a aucun souci. Un de mes gros défauts est la susceptibilité mais je ne suis pas rancunier ! En l'espèce j'étais surtout frustré de ne pas avoir plus de détails sur tes objections et c'est réparé...
  18. C'est une lecture intéressante. Il me semble que la problématique se noue largement autour d'une hypothèse de base qui est discutable : On peut en effet penser que dans un système libre, sans état et banque centrale pour venir voler au secours du banquier défaillant, les banques devraient a priori tendre à mieux gérer leur risque et donc leurs réserves. C'est sur ce point qu'un défenseur de la réserve à 100 % comme Huerta De Soto diverge (extrait pages 257-258 de Monnaie, crédit bancaire et cycles économiques) :
  19. Il faut bien avouer que De Soto explore de larges pans de l'histoire bancaire, mais le système de la Nouvelle-Angleterre avant l'Indépendance n'en fait pas partie. De manière générale, il s'appuie plutôt sur l'histoire bancaire européenne. Je suis donc très curieux. Est-ce qu'il y a moyen de trouver la thèse de Nataf quelque part en pdf à ta connaissance ? Huerta De Soto s'attaque à la doctrine de la common law au chapitre III de Monnaie, crédit bancaire et cycles économiques, mais n'aborde pas en effet la question du droit hébraïque. J'imagine que son argumentation reprendrait les mêmes points : même si le contrat de dépôt avec système de réserve fractionnaire n'est pas entaché de dol ou d'error in negotio dans la culture juridique hébraïque (ce dont je n'ai aucune idée), les clauses typiques des parties (disponibilité de l'argent pour le client de la banque, possibilité de prêter l'argent reçu pour le banquier) sont fondamentalement incompatibles et le contrat est inexécutable et donc nul en l'absence d'une banque centrale prêteur en dernier recours. En admettant que la banque centrale ne soit pas nécessaire car la loi des grands nombres serait vérifiée (ce qu'il réfute), le contrat serait en fait aléatoire ce qui ne saurait correspondre à la volonté du déposant et annulerait donc encore une fois le contrat : À noter quand même qu'il n'y avait pas que les juifs qui prêtaient au Moyen-Âge. Au sujet de l'interdiction de l'usure, De Soto fait un développement intéressant sur la pratique du depositum confessatum, qui permettait de la contourner : En tout cas, merci de m'avoir éclairé sur tes objections. J'apprécie sincèrement.
  20. D'une part, je n'ai pas répété mon argument. Je l'ai étendu en montrant que la critique faite à l'appropriation par la banque d'un dépôt irrégulier de monnaie pouvait également s'appliquer à un contrat moderne de "compte courant" dans le sens où, même s'il s'agit techniquement d'un prêt, l'intention du client de la banque n'est pas de réaliser une épargne. D'où un impact similaire sur la distorsion des signaux sur le marché du crédit. L'incohérence entre l'intention du client, à savoir conserver de la liquidité, et l'intention de la banque, qui est d'élargir son offre de crédit grâce à la réserve fractionnaire, est rendue possible par un artefact du droit positif : la banque garantit en effet à son client la disponibilité des sommes versées car il existe un organe régulateur et coercitif, la banque centrale, qui assure un rôle de prêteur en dernier recours. Cependant, cette garantie de la banque centrale ne porte que sur la quantité d'unités monétaires et pas sur leur qualité, ou pouvoir acquisitif, en l'absence de convertibilité-or de la monnaie. Elle est donc vide de sens. D'autre part, quand bien même j'aurais répété le même argument, cela ne le rendrait pas plus vrai que cela ne le rendrait faux. Bref, le ton de cette conversation commence à devenir vraiment désagréable. Je ne me contente pas de scander un slogan. J'ai expliqué de manière synthétique pourquoi on pouvait estimer qu'il y avait un vice dans le contrat de "compte courant" et quelles sont grosso modo les conséquences de ce vice selon la théorie autrichienne du cycle. J'ai pointé ma source de référence, Monnaie, crédit bancaire et cycles économiques de Huerta De Soto, dont j'ai présenté plusieurs extraits qui résument les idées de l'auteur. J'ai bien conscience que c'est un sujet à débat au sein même des autrichiens, et je prendrai connaissance avec plaisir des contre-arguments qui ont pu être opposés à Huerta De Soto. En revanche, je ne prends pas connaissance avec plaisir de ce genre de commentaires lapidaires. Je ne suis pas un chercheur en train de défendre une thèse et il me semble que le niveau d'argumentation, d'articulation des idées et de référence à une source de mes posts sur ce sujet est acceptable pour un forum internet, même exigeant. Je ne demande qu'à apprendre des vétérans, mais cela ne m'est pas possible si on me répond de manière condescendante et sans rien apporter à la conversation. Je n'ai pas la prétention de prouver quelque chose. Dans l'intérêt du débat, je présente la thèse d'un auteur de référence que j'ai lu et apprécié, citations à l'appui. Afin que le débat puisse progresser, je t'invite à m'orienter vers tes propres sources, qui interprètent manifestement de manière complètement opposée l'histoire bancaire. Ainsi, l'un d'entre nous aura au moins pu apprendre quelque chose. Encore une fois, la monnaie est un bien fongible dont le contrat de dépôt est dit "irrégulier" puisque c'est le tantundem qui fait l'objet d'une obligation de conservation en réserve, et non pas les unités monétaires individuelles initialement déposées. À la différence d'un bien non fongible déposé dans un coffre, qui ne saurait être inscrit au bilan du dépositaire, les choses faisant l'objet d'un contrat de dépôt irrégulier imposent donc un nécessaire suivi des quantités. Ceci dit, je considère comme une anomalie que ce suivi passe par un traitement comptable ou le dépôt est enregistré en trésorerie à l'actif et en dette au passif, puisqu'en réalité il n'y a pas de transfert de propriété ou concession de droits réels sur les unités monétaires déposées. Mais le débat de doctrine comptable sur le traitement du dépôt irrégulier est assez secondaire par rapport à celui sur les réserves fractionnaires et le rôle de la banque centrale. S'il y a une problématique comptable prioritaire du point de vue des impacts sur le cycle expansion/dépression, c'est plutôt l'abandon du principe de prudence dans l'évaluation des actifs (valeur historique) à qui on a substitué la fair value.
  21. Non. D'une part, il est rare que l'agence ait la personnalité morale. Elle ne sera souvent qu'un établissement, autrement dit une unité de distribution de service distincte géographiquement, mais juridiquement dépendante de la société (qui peut elle-même bien sûr être une filiale d'un groupe). Si j'ai signé mon contrat de compte courant dans l'agence X, établissement de la société régionale Y, filiale du groupe bancaire Z, la logique voudrait que ce soit la société régionale Y, personne morale avec qui j'ai contracté, qui soit assujettie à l'obligation de maintenir une réserve de 100 % de mon dépôt. Après, cela peut être consolidé comptablement au niveau du groupe. D'autre part, rien n'empêche les parties de stipuler que le dépositaire fournit au déposant un service de retrait applicable dans un certain nombre d'établissement bancaires faisant partie du réseau du dépositaire ou avec d'autres banques avec lesquelles le dépositaire réalise des opérations de compensation. Ce type de service, apprécié des voyageurs et particulièrement des marchands, a été associé très tôt au contrat de dépôt. Dans ce cas, l'obligation de maintenir une réserve à 100 % ne concerne toujours que la personne morale dépositaire. Cf. ma réponse précédente à Rincevent. La banque vend le produit en garantissant la disponibilité des fonds, et non pas en prévenant que c'est un placement sujet à risque. La procédure requise pour signer un contrat de compte courant ou autre variante de comptes rémunérés est d'ailleurs très différente de celle d'un placement. Or, la banque ne peut promettre cette disponibilité des fonds en système de réserves fractionnaires que grâce à l'existence de la banque centrale. Par ailleurs, cette "garantie" de la banque centrale ne porte que sur la quantité d'unité monétaire, pas sur leur qualité (leur pouvoir d'achat). Elle est donc nulle. Le contrat a été vendu sur la base d'une fausse promesse et il est nul. Bien sûr que la banque centrale est le cœur du réacteur à caca. Mais la diffusion du principe des réserves fractionnaires, favorisée par les états impécunieux toujours à la recherche de nouveaux crédits, a rendu inévitable à terme l'apparition de la banque centrale comme prêteur en dernier recours. Avant de supprimer la banque centrale, il faut donc rétablir une situation saine en rétablissant un coefficient de réserve de 100 % des dépôts. Je vais citer à nouveau De Soto (pages 258-259 de Monnaie, crédit bancaire et cycles économiques) : Je suis bien sûr d'accord. Après, c'est une question de convention de langage. J'appelle taux d'intérêt ce qui résulte de la préférence temporelle. S'y ajoute la prime de risque et la prime d'inflation pour obtenir un taux de rémunération (ou rendement). Comme ce taux de rendement est communément appelé taux d'intérêt, on peut aussi dire pour éviter la confusion que le taux résultant uniquement de la préférence temporelle est le taux d'intérêt "naturel" ou "originaire".
  22. J'apprécierai que le débat demeure cordial, merci. Je n'ai pas comparé le métier de faux-monnayeur avec celui d'employé de banque. Je parle des effets économiques d'une expansion monétaire qui n'a pas pour origine une épargne volontaire mais une tromperie. Falsification matérielle pour la fausse monnaie, dol entachant le contrat de "compte courant" dans le cas du multiplicateur bancaire, l'impact est comparable. De Soto dirait même que l'impact des réserves fractionnaires est bien pire car la nécessité de mettre en place une banque centrale comme prêteur en dernier sort se traduit par une amplification des phases d'expansion/récession, et donc des dégâts induits sur le système économique. Cf. page 113 de Monnaie, crédit bancaire et cycles économiques la synthèse de son analyse sur la qualification juridique du contrat de "compte courant" moderne : Dans le cas où le compte courant est rémunéré, on pourrait considérer que le client de la banque n'est pas victime de dol puisque l'intérêt est la contrepartie d'un prêt, alors qu'un dépôt irrégulier de monnaie devrait au contraire impliquer la rémunération de la banque pour service rendu. Cependant, le produit n'est pas vendu comme cela. Le déposant d'un compte courant rémunéré se voit promettre la disponibilité à tout instant du solde de son compte (avec éventuellement des contraintes de prévenance selon les montants). Comme pour le contrat de compte courant non rémunéré, la banque ne peut faire cette promesse que parce qu'il y a une banque centrale. A ce sujet, notons bien qu'avec l'abandon de l'étalon or, la "garantie" que peut fournir la banque centrale comme prêteur en dernier ressort porte seulement sur la quantité d'unités monétaires. Pas sur leur qualité, ou autrement dit sur leur capacité acquisitive. Bref, cette garantie ne vaut rien. Dans le cadre d'un véritable contrat de dépôt irrégulier, le dépositaire a l'obligation de conserver une quantité de la chose égale à celle déposée à qualité constante.
  23. Bah c'est un contrat synallagmatique. Je le signe en tant que déposant. Une autre personne physique ou morale le signe en tant que dépositaire. C'est cette personne qui a la responsabilité d'exécuter le contrat et donc de justifier le cas échéant qu'elle ne s'est pas approprié indûment le dépôt en manquant à l'obligation de maintien d'une réserve à 100 %. La quasi disparition du véritable contrat de dépôt irrégulier de monnaie est en effet une réalité commerciale, grâce à la connivence entre banques et états. Mon opinion est que le contrat de type "compte courant" n'est pas valide car il résulte d'un dol. Peut-être pas pour moi parce que j'ai lu ce que j'ai signé et parce que j'ai une petite culture économique et juridique. Mais la plupart des clients des banques tomberaient des nues si on leur expliquait qu'ils prêtent de l'argent à leur banquier, que cet argent n'est pas le leur et qu'ils sont simplement détenteurs d'une créance. Sur le plan économique, ce dol à l'origine de la signature du contrat de compte courant, qui est en fait un prêt à la banque et non pas un dépôt comme le croit le client, produit bien tous les effets décrit par la théorie du cycle autrichienne. L'agent économique qui ouvre le compte courant n'a pas eu pour intention de réaliser une épargne. Il considère le montant versé à la banque comme disponible pour sa consommation courante, ce qui ne serait pas le cas s'il avait eu pour intention d'offrir de la monnaie présente en échange de monnaie future. Le taux d'intérêt en système de réserve fractionnaire ne reflète donc pas le taux réel de préférence temporelle des agents économiques, avec pour conséquence de mauvaises anticipations des entrepreneurs et une mauvaise affectation des moyens de production, etc. Il y a création monétaire au même sens qu'un faux-monnayeur fait de la création monétaire. Si le déposant n'a jamais eu l'intention de prêter son argent, le crédit proposé par la banque suite à l'appropriation du dépôt ne résulte pas d'une épargne volontaire, mais d'une tromperie.
  24. Quels seraient les risques de bank run sans l'intervention des états et sans banques centrales ? En fait, le système de réserves fractionnaires ne tient pas debout sans coercition étatique. L'histoire des faillites bancaires commence avec les premier dépositaire qui s'est approprié l'argent du premier déposant. Puis l'état s'en est mêlé car il trouve son compte à ce système de production de monnaie. Désormais, la banque moderne peut compter sur tout l'appareil de répression et de contrôle de l'état pour empêcher les bank run. L'histoire économique récente ne nous apprend donc rien sur le risque de bank run sans banque centrale et sans coercition étatique en cas de réserves fractionnaires. L'histoire économique moins récente regorge par contre d'exemples de faillites bancaires. On pourrait discuter aussi de l'aspect assurantiel. Dans un contexte de banque libre avec réserves fractionnaires, le risque de bank run est-il modélisable par une distribution gaussienne ? N'est-on pas plutôt dans l'univers "mandelbrotien" de l'extrêmistan, à la merci d'un cygne noir pour reprendre la terminologie de Nassim Taleb ? Surtout qu'en faussant les signaux de préférence temporelle, les réserves fractionnaires génèrent elles-mêmes les phénomènes d'expansion monétaire qui se dénouent par une crise, et donc un risque de bank run. Or, on ne peut pas assurer une activité qui génère elle-même le risque (théorie de l'aléa moral). Enfin, sur le plan juridique, cela n'a pas de sens. Soit je dépose, soit je prête. Je ne dépose pas à x %, le reste étant prêté à la banque. Concrètement, la banque n'a qu'à proposer des contrats clairs : si elle veut garder seulement 50 % du montant reçu en caisse et prêter le reste, le contrat le précise et indique qu'il s'agit techniquement d'un prêt à taux d'intérêt 0 dont le remboursement peut être demandé en totalité ou partiellement à tout instant, mais sans privilège de créancier en cas d'insolvabilité de la banque au-delà de 50 % du montant versé. En contrepartie de ce risque, le titulaire du compte serait par exemple exonéré des frais forfaitaires qui pourraient être exigés par la banque dans le cadre d'un véritable contrat de dépôt. Au moins, les choses sont claires.
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