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Coligny

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Tout ce qui a été posté par Coligny

  1. Pourquoi considères tu Heidegger comme un auteur de seconde zone en définitive ? (abstraction étant faite de ses écrits délirants sur le Fürher of course). Le concept de Dasein est super intéressant : « Cet étant que nous sommes nous-mêmes et qui a entre autres la possibilité essentielle de questionner, nous le saisissons terminologiquement comme Dasein. » Lire Heidegger : "Le temps, chez Heidegger, ce n'est ni le temps de l'horloge qui s'écoule hors de soi selon une mécanique implacable, ni le temps psychologique qui passe et nous file entre les doigts. Encore moins le temps des physiciens. Le temps est d'abord ouverture. Ouverture vers ce qui n'existe pas encore, vers l'indéterminé et donc la liberté. L'homme en tant qu'il habite le temps est donc un être ouvert. L'essence de l'existence humaine, c'est d'abord le fait d'être abandonné à soi-même, ouvert aux possibles, projet à s'accomplir" Mais ce qui est le plus fascinant chez Heidegger c'est qu'il ôte d'emblée toute illusion à l'homme. L'ouverture au monde confronte directement au néant, l'angoisse (confrontation à la mort), l'ennui (confrontation au vide), la peur (confrontation au danger). Un brin de Schopenhauer et de Flaubert donc.
  2. J'ai lu votre conservation (ce que j'aurais dû faire avant visiblement) ; je raye cette idée reçue de ma mémoire. Encore désolé, je n'aime pas véhiculer des inepties ! Conversation *
  3. Mea culpa. C'est une idée reçue donc ? Un philosophe Jean Pierre Faye avait écrit un article dans le Monde : "Ainsi les trois amis, Schmitt, Jünger, Heidegger contribuent au langage de ce Reich qui dévaste l'Europe de la seconde guerre mondiale. Tous trois se retrouvent donc en 1955 pour fêter l'anniversaire de l'un d'eux, Jünger. A l'occasion de cette fête, Heidegger décrira ce qu'il nomme l'Abbau, que le philosophe français Gérard Granel (1930-2000) traduira par la "déconstruction". Quand j'écrivais "rejoindre les rangs", je n'entendais pas forcément la mobilisation juridique (rejoindre le parti) mais au moins intellectuelle. Mais tu as l'air bien renseigné sur le sujet donc je prends note, merci.
  4. Je suis encore en train, après 3 ans, d'essayer de dompter Être et temps. Je ne peux donc pas affirmer que j'en ai saisi toute la nuance. Mais bordel ce livre me donne des jouissances terribles. Je ne sais pas si Heidegger se foutait parfois de nous, mais la conceptualisation est simplement brillante.
  5. Comme tu dis de véritables génies tels que Heidegger, Schmitt ou Jünger ont rejoint les rangs du nazisme ; mais je ne suis pas sûr que ce soit pour la personne même de Hitler. "L'incontestable attrait qu'exercent les mouvements totalitaires sur l'élite de la société, et pas seulement sur la populace est plus troublant pour notre tranquillité d'esprit que la loyauté des membres des mouvements totalitaires. Il serait téméraire d'ignorer, sous prétexte de caprice artistique, la liste impressionnante d'hommes éminents que le totalitarisme compte parmi ses sympathisants". "Ce qui séduisait l'élite c'était l'extrémisme en tant que tel". Arendt. Et elle explique ensuite de manière exceptionnelle la promiscuité entre élite (intellectuel, politique...) et la personne du chef. Je vous conseille "Le système totalitaire", petit livre mais renversant. Les élites qui étaient en orbite autour de Hitler acceptaient volontiers de s'effacer, si l'emploi de la barbarie leur était, à leur tour, permis. D'ailleurs les décisions les plus inhumaines et les plus dégradantes n'ont, la plupart du temps, pas été décidées par Hitler lui même. A chaque échelon, il y avait un tyran. C'est quelque chose que l'on masque souvent dans le totalitarisme en pensant que seul le chef exerce sa tyrannie face à des individus atomisés. La cruauté était en fait hautement rationalisée et surtout hiérarchisée.
  6. Je pense que c'est justement car il était un raté que Hitler s'est entouré de ratés pour paraitre moins raté qu'il ne l'était. D'où l'obsession des ratés subalternes pour le raté au sommet de la hiérarchie. C'est en creux ce que dit Arendt. Dans ces années-là, les gens ne devenaient pas ratés uniquement pour ce qu'ils étaient mais également du fait de la conjoncture économique calamiteuse. Et Speer, qui était relativement intelligent, a eu un parcours professionnel assez calamiteux (pas de rémunération, démissions récurrentes) et a acquis une assez franche hostilité vis-à-vis de la société.
  7. C'est la lettre du 3 février 1765 à Madame de V. Un an après que Voltaire ait révélé que Rousseau avait abandonné ses enfants. A ce moment là Rousseau réside à Berne. Et c'est là qu'il va subir pas mal d'atrocités (en plus de l'excommunions, il faudrait donc étudier son séjour dans ce canton) Lettre
  8. Bienvenue ! Vous avez la sagesse de l'âge, vous ne serez donc pas conspué systématiquement par accord tacite des puissances célestes de ce forum comme je le suis moi.
  9. Je ne sais pas si on peut retrouver une preuve écrite de la tentative d'assassinat mais une lettre de Rousseau est assez importante : "Je vous avoue cependant que je n'entends pas bien le conseil qu'il me donne de ne pas me mettre à dos M de Voltaire, c'est comme si l'on conseilloit à un passant attaqué dans un grand chemin de ne pas se mettre à dos le brigand qui l'assassine. Qu'ai je fait pour m'attirer les persécutions de M de Voltaire et qu'ai je à craindre de pire de sa part ? M de Buffon veut il que je fléchisse ce tigre altéré de mon sang ? Il sait bien que rien n'apaise ni ne fléchit jamais la fureur des tigres. Si je rampois devant Voltaire il en triompheroit sans doute mais il ne m'en égorgeroit pas moins. Des bassesses me déshonoreroient et ne me sauveroient pas. Monsieur je sais souffrir j'espère apprendre à mourir et qui sait cela n'a jamais d être lâche. Il a fait jouer les pantins de Berne à l'aide de son ame damnée le jésuite Bertrand, il joue à présent le même jeu en Hollande. Toutes les puissances plient sous l'ami des ministres tant politiques que presbytériens. A cela que puis je faire je ne doute presque pas du sort qui m'attend sur le canton de Berne si j'y mets les pieds cependant j'en aurai le cœur net et je veux voir jusqu où dans ce siècle aussi doux qu'éclairé la philosophie et l'humanité seront poussées. Quand l'inquisiteur Voltaire m'aura fait brûler cela ne sera pas plaisant pour moi je l'avoue mais avouez aussi que pour la chose cela ne sauroit l'être plus" Et c'est précisément dans le canton de Berne que Rousseau va prendre très cher : on va voler ses affaires, brûler ses livres, sa maison va être incendiée ; les foules constamment agitées par les philosophes vont même le conspuer physiquement, etc. Rousseau était sûrement paranoïaque, il n'empêche que c'était aussi une victime. Comme nous le sommes de ses doctrines. La boucle est bouclée.
  10. Les leaders communistes ont d'ailleurs souvent des parcours scolaires beaucoup plus brillants que les leaders nazis qui sont les saltimbanques et parias du système. Lénine était par exemple tout à fait brillant. Trotski également, Kerenski, Rosa Luxembourg, Louise Michel ibid. P'têtre pour ça que les systèmes éducatifs sont aussi réceptifs aux idéaux de ces gens qu'ils ont eux-même façonnés.
  11. Coligny

    Aujourd'hui, en France

    Les petites phrases comme ça des journalistes de caniveaux sont super malaisantes.
  12. Coligny

    Aujourd'hui, en France

    Beh en soi, c'est plutôt sympa. (L.221-2 du code de la route : "conduire sans être titulaire du permis de conduire peut entraîner une amende allant jusqu'à 15 000€ et une peine de prison de 1 an"). Là, avec récidive... !
  13. Tiens, je ne savais même pas que Staline provenait d'un milieu très populaire. Je pensais qu'il faisait au moins parti des classes moyennes. Voir de l'aristocratie comme Oulianov.
  14. Je pense exactement la même chose que toi. C'est juste que dès qu'il faut penser à un nom un peu tabou, c'est le premier qui me vient en tête. Comme disait Arendt : "Le totalitarisme remplace tous les vrais talents par ces illuminés et ces imbéciles dont le manque d'intelligence et de créativité reste la meilleure garantie de leur loyauté". Bon cela dit, Hitler n'est peut être pas extra-ordinaire, il reste qu'une telle ascension reste extra-ordinaire voir extraordinaire (dans la bêtise bien sûr).
  15. Désolé. A force de lire les philosophes je décompose bêtement tous les mots. Mais parfois c'est utile : si je dis que Hitler est un homme extra-ordinaire, c'est pour dire qu'il sort de l'ordinaire et non pas qu'il est extraordinaire.
  16. Au final, c'est peut être parce que les libéraux sont libéraux qu'ils ne s'adonnent pas à ces pratiques ?
  17. Et puis on aurait raté les 400 dernières pages des Confessions où Rousseau pense qu'il y a un complot universel contre lui mis en branle "par les puissances célestes" Voltaire est incroyablement sur-côté en effet. Il n'a rien inventé, se contentait de synthétiser. Mais quel esprit de synthèse ! et quelle plume extraordinaire ! Je n'ai jamais lu quelqu'un maniant aussi bien la langue française (Montaigne à part).
  18. Exact. Et plus encore, dans ses correspondances, il prend plaisir à nous compter toutes ses manigances pour saboter des oeuvres, des évènements, salir la réputation d'un tel (il excellait dans cet art : pauvre Elie Freron !) par la calomnie, le mensonge, la trahison. Quand je lis que la tolérance ce n'est pas le respect, je reste sceptique. Dans le sens, "je respecte votre oeuvre" (= considération), càd en terme qualificatif, certainement pas. Respect au sens kantien du terme, oui.
  19. Le truc c'est qu'il n'accepte pas, ne respecte pas et, au surplus, ne tolère pas.
  20. Je suis en train de lire les correspondances de Voltaire en treize volumes à la Pléiade. Ça décoiffe sévèrement. Il n'y a pas une personne que cette chenille n'ait souillée. Quelques billets de tolérance : A propos des protestants : "Prêtres de Genève, je ferai tirer à balle sur vous" A propos des musulmans : "Ces animaux venus d'Afrique" A propos du catholicisme : "Laissons l’infâme au peuple, elle est digne des sots ». A propos des juifs : "Ils nous insultent, ils nous oppriment, mais patience nous aurons notre tour " A propos du peuple : "Cette canaille qui n'est pas digne d'être éclairée" / "Je veux que mon procureur, mon tailleur, mes valets croient en Dieu et j’imagine que j’en serais moins volé " / « J’ai acquis un très profond mépris pour les hommes, je n’en excepte pas les femmes, tout au contraire je les trouve bien pis ». Etrange d'en avoir fait la figure personnifiée de la tolérance ! Enfin, au delà de ça, c'est juste du bonheur à lire. Voltaire est un immense personnage. Il a inventé la mondanité moderne, on a juste envie de cracher notre bile avec lui sur tous nos semblables. Et sa plume est extraordinaire.
  21. C'est intéressant en effet. Cela vaudrait peut être pour de nombreux peuples. Mais pour un français, pour qui le champ politique représente l'alpha et l'omega cela me semble difficilement réalisable. Tu pourras certainement t'évertuer à convaincre les gens dans la société civile, et cela sera parfaitement légitime, mais à côté il y aura une Marine Le Pen qui tapera du 30 %. La politique quoi que l'on en dise légitimise les discours et repose essentiellement sur des arguments d'autorité et les intellectuels ont, de nos jours, perdu cet apanage là. Il fut un temps où un intellectuel faisait l'opinion publique, c'est vrai.
  22. Elle a d'ailleurs dit chez Ruquier qu'elle exproprierait tous les riches qui ne consentiraient pas à distribuer leur fortune. Ça faisait longtemps qu'on avait pas atteint à nouveau ce degré de bêtise, non ? Bon de toute manière elle fait du 0,5 % dans les sondages. Merci pour ton explication. En effet j'ai 20 ans ; encore idéaliste, sans doute. J'ai simplement l'impression que le libéralisme, comme d'autres philosophies, ne peut pas se passer d'activisme, au moins intellectuel. Je ne suis pas d'accord avec certains lorsqu'ils affirment qu'un candidat libéral (voir libertarien) qui récolterait seulement 1% n'aurait pas d'influence. Je pense qu'au contraire investir les champs du pouvoir, avoir une représentativité quelconque, est primordial. La plupart des grandes forces politiques actuelles se sont construites sur du néant. Il suffit de songer au FN. Pourquoi un parti libéral ne pourrait pas, un jour, après investissement dans la sphère politique et médiatique, faire un tel score ? N'invalidez pas mon propos en disant que les français sont hermétiques par nature au libéralisme... la plupart n'ont juste pas conscience de la portée de cette philosophie. En outre le problème est que la plupart des libéraux se tournent vers le privé (par attraction naturelle si je puis dire) alors qu'on ne peut changer un système que de l'intérieur, donc en intervenant au sein de la sphère politique.
  23. Ce n'est pas toi que je voulais citer pour cette partie ; je ne peux toujours pas éditer mes messages.
  24. Non, c'est l'hécatombe. Toute la tradition occidentale a consisté à, sur le modèle de Saint Augustin, séparer la cité des hommes de la cité de Dieu. Dans la cité des hommes tout pouvoir d'un homme sur un autre est illégitime et seul l'obéissance aux préceptes de Dieu peut guider l'individu (Saint Augustin est peut être l'un des premiers penseurs de la conscience individuelle). Le socialisme a rompu avec cette tradition là en fusionnant ces deux cités qui, en principe, coexistent. Sauf que la dichotomie de Saint Augustin implique que les efforts réalisés (au sens du développement humain) dans la cité des hommes conduisent à la cité de Dieu ; à partir du moment où la cité de Dieu descend sur terre, qu'est ce qui justifie désormais le perfectionnement moral ? C'est justement, à mon sens, le point d'achoppement du libéralisme. Contrairement aux idéologies que tu cites qui militent activement pour influer sur la conscience même des gens, le libéralisme se présente seulement comme une philosophie du ne pas ; mais comment pérenniser à long terme une telle philosophie ? Peut-on imposer la liberté ? Je raisonne dans l'abstrait mais je peux très bien prendre des cas concrets. Si un gouvernement quelconque accède au pouvoir, réduit drastiquement la dépense publique, qu'est ce qui empêche le suivant de ne pas déconstruire l'oeuvre du précédent ? (on peut envisager des contraintes juridiques, telle qu'une inscription dans la Constitution de certaines règles d'or mais c'est évidemment laconique). C'est ce qui différencie le libéralisme de toutes les autres philosophie : le marxisme tout comme le nationalisme, dans leur conjonction réciproque, l'un par désir d'imposer une utopie sociale et politique qui transgresse le présent historique, l'autre par volonté de régression à un état révolu veulent figer l'histoire et essaieront de faire coïncider l'Histoire présente avec leurs représentations verbales. Le libéralisme doit se contenter du contingent (et cela est noble), et aussi longtemps que dure l'histoire, connaitra des flux et des reflux. Les concepts développés par le communisme ne sont même pas intelligents et prouvent au contraire toute la tartufferie de cette idéologie. La volonté de Marx de penser des "classes sociales" n'est pas anodine et traduit bel et bien évidemment une volonté politique (comme tous les penseurs des concepts tels que la Nation, la Société, etc). Le marxisme n'a jamais cherché à décrire la réalité mais à la construire fictivement. Le concept de classe sociale est scientifiquement une ineptie. Et la distinction qu'a faite Marx de la "classe en soi" et de la "classe pour soi" est géniale car elle montre tout le processus par lequel Marx lui-même nous prend pour des crétins. Il a prêté sur le papier à certains groupements (qu'il a lui même désigné) des caractéristiques communes, des valeurs communes, des schèmes de perception communs (etc.) et a demandé aux individus qui souscrivaient à ces caractéristiques d'adhérer à une représentation collective et identitaire donnée. Les ouvriers sont devenus les ouvriers en adhérant aux valeurs que Marx présupposait que les ouvriers possédaient, etc. Bourdieu a fait la même chose avec les dominants / dominés. En écrasant l'individu et en formant des entités qui détiennent une forte conscience d'elle-même, on forme par là même de belles masses à gouverner. A partir de là, on peut dérouler tout le communisme et son messianisme. Je lisais d'ailleurs les correspondances de Lénine et c'est tout simplement effroyable. En Russie, il n'existait pas de classe ouvrière. Preuve que la théorie de Marx était au moins temporellement infondée. Il n'y avait que des moujiks qui étaient, contrairement à ce que tu dis Hayek's à priori absolument pas réceptifs aux idéaux marxistes car loin d'être dans la misère des classes ouvrières. Il reste que les idées marxistes ont pénétré la Russie de l'époque. Lénine dans ses correspondances expliquait qu'il fallait délibérément appauvrir la classe paysanne pour la projeter dans le prolétariat et ainsi qu'elle puisse acquérir la conscience de classe susceptible d'impulser une révolution prolétarienne. Le marxisme est donc hautement rationnel comme l'a écrit Ultimex. Relis mon message, je dis exactement la même chose que toi. Alala, je ne pensais pas que l'on gloserait autant sur mon message. Vous êtes bien terre-à-terre et pour le coup l'écart qui vous distance d'un trottoir de rue est bien faible...............
  25. L'idéologie est intrinsèquement idiote. La façon dont elle a été levée pour soulever autant de masse relève par contre du génie.
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