Ataraxie

Bienvenue chérie !

"Malhonnêteté intellectuelle", c'est un jugement plutôt sévère. Prenons Hayek qui, dans La Route de la servitude réduit la pensée d'Auguste Comte au totalitarisme pendant que dans le même temps il ne trouve rien à redire à celle de John Stuart Mill. Hayek fait-il preuve de malhonnêteté intellectuelle pour autant ? Charitablement, on peut dire que non. Ce n'est pas conscient, et il ne faut jamais sous-estimer l'empire des passions et des sentiments en face desquels les intellectuels sont plus qu'impuissants. Bref, on devrait même féliciter Jacques Sapir dans une certaine mesure dans ses interprétations d'Hayek vis-à-vis de son milieu : non seulement il le lit mais en plus il le déforme probablement moins que d'autres pour qui Hayek est un sombre "ultra-libéral" sans en avoir lu la moindre ligne.

Concernant Sapir : je ne comprends pas la réaction de certains. D'une part, pourquoi partir du principe qu'il ne serait pas sincère ? Autrement dit, il peut tout à fait déformer la pensée d'Hayek (comme de n'importe quel autre individu) en toute bonne foi sans la moindre malveillance. D'autre part, à sa décharge, il est moins l'exception que la règle parmi les universitaires : ces derniers ne cherchent pas forcément à être fidèles à ce qu'a voulu dire l'auteur X ou Y (quand bien même ils le seraient, ce n'est pas ce qui est valorisé au sein de ce milieu, donc cela consisterait, dans cette perspective, à se donner beaucoup de mal pour rien). Les idées de l'auteur X sont utilisées comme moyen et non comme fin.

Au fait, quel type de marque-marque pratiquez-vous ?

M'en parlez pas !

J'affine mes recherches : la majorité des libertariens sont-ils ce que vous appelez des INTP ?

Mathieu_D a fait une observation de bon sens : si l'on est véritablement bibliophile, alors on ne peut pas ne pas composer avec des livres d'occasion, n'en déplaise aux "hygiénistes".

Sauf erreur, l'illustre neuneu ne lui préférait-il pas la dépénalisation ?

Plus sérieusement, j'ai une question savante à vous soumettre : la proportion de libertariens est-elle plus importante parmi les introvertis ou les extravertis ?

Ah, ces ados ! "La vie est trop dure, je suis incompris, c'est pas que les gens sont chiants, c'est que c'est chiant de leur parler, je suis trop subtil pour eux, qu'ils sont relous ! "

Peut-être que ce sont des lieux communs. Imaginez un monde où tous seraient introvertis parce que "les gens sont chiants". Je comprends pourquoi l'on parle à raison d'adulescence.

Mathieu_D n'a, peut-être, pas tort. Il pose cette question : faut-il se complaire éternellement dans la posture de l'adolescent ?

Rincevent, êtes-vous foucaldien ?

Dardanus, êtes-vous un professeur désabusé ?

En fait, je parlais des théoriciens, les plus en vue, du péril néo-libéral ainsi que des adhérents à ce discours qui se veut critique. Il ne faut pas négliger leurs intentions : de même que dénoncer le capitalisme de connivence, l'existence de l'armée et de la police n'en fait pas des libertariens. Par exemple, que veut Audier à la place de cet empire néo-libéral ? Je serais étonné qu'il réclame un Etat cantonné à ses fonctions régaliennes. Ce n'est sans doute pas un hasard si l'on ne parle pas de "néo-socialisme" mais de "néo-libéralisme".

Pour le coup, Gio n'a pas entièrement tort : ce dernier a rappelé, à juste titre, que l'étiquette ("néolibéralisme") compte moins que la chose à laquelle cette étiquette renvoie. Et il se trouve que cette chose est sans doute antérieure à l'existence du terme "néolibéralisme". D'un point de vue pratique, indépendamment de la justesse de l'analyse : les libéraux ont-ils beaucoup à gagner de se faire compagnons de route des universitaires et journalistes qui combattent le "néolibéralisme" ? Quoi qu'il en soit, personne n'a la naïveté de croire que ces individus sont favorables au libéralisme (ils sont plutôt, au choix, marxistes, foucaldiens, étatistes, socialistes, libertaires, socio-démocrates).

Le libéralisme reste injustement associé à la droite, d'où sa mauvaise réputation.

En quoi ne trouvez-vous pas cette affiche politiquement correct, neuneu2k ?

Enfin le vivre-ensemble libertarien.

Compte rendu de l'ouvrage Le suicide par Pareto :

Elardag, je me demande s'il ne serait pas plus approprié de trouver la cause moins dans le capitalisme que dans le progressisme (c'est-à-dire en dehors du progrès technique et scientifique).

Il est vrai qu'il est bien difficile de trouver des illuminés au sein de la première catégorie !

Et en admettant que ce soit vrai, que se passe-t-il ensuite pour l'individu qui ne croit plus au socialisme scientifique ?

Pourquoi partir du principe que les gens ne sont pas sincères ? Quelqu'un d'honnête et rationaliste peut très bien adhérer au socialisme scientifique (c'est ça qui lui donne du crédit). Une fois confronté à la méthode de Popper il peut abdiquer et se tourner vers le socialisme (irréprochable car il n'a pas la prétention d'être une science) qui a, en plus, le grand avantage d'être flexible.

C'est à double tranchant : cela peut faire revenir au socialisme non scientifique qui, sous ce point de vue, devient inattaquable.