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Critique Du Minarchisme


Punu

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Eti-n, j'ai tenté de retrouver le fil que tu avais posté au sujet de ta profession de foi minarchiste, mais tu l'as supprimé ? Et l'article sur ton blog également ? Je comptais lire ton article.

D'ici-là, un texte que j'ai écrit il y a un peu plus d'un an. Ma pensée était moins claire que maintenant, mais je pense que ce qui s'y trouve est plus ou moins bon.

Les minarchistes sont pris dans une contradiction philosophique insoluble : d'un côté, ils se rendent compte que les relations humaines libres sont plus morales et plus efficaces que les relations contraintes. D'un autre côté, ils ont l'impression que la responsabilité de certains types de relations ne peut échoir que dans les mains d'une entité contraignante, qui assurera stabilité et, dans une certaine mesure, légitimité morale et équité. D'un côté, ils reconnaissent que les êtres humains poursuivent des objectifs différents et personnels, mais de l'autre ils semblent ne pas en tenir compte et imposent à tous certains choix. En fait, ils professent vouloir garantir la justice et la liberté mieux que ne le ferait une société totalement libre, et pour ce faire ils mettent sur pied une société où certaines libertés fondamentales sont brimées et où la justice est imposée. Eclairage sur une théorie incohérente.

Le minarchisme est une théorie politique qui défend un état limité à ses seules fonctions régaliennes : justice, armée, police, et, dans certains cas, politique étrangère et voirie (routes, barrages, etc.).

Les arguments que les minarchistes opposent à la vision anarcho-capitaliste sont, de façon synthétique, les suivants :

1) quand on observe les sociétés qui sont apparues au cours de l'histoire, on se rend compte qu'elles sont toutes nées d'un monopole, quels que soient leur mode d'émergence, leur structure initiale et la culture d'où elles étaient issues.

L'étatisme et, partant, le minarchisme, sont donc des maux obligatoires, inhérents à toute société.

2) les anarcho-capitalistes ne tiennent pas compte de toutes les caractéristiques comportementales des êtres humains, et plus précisément de deux désirs : le désir de stabilité (qui passe par la sécurité, la continuité du pouvoir, de certaines règles éthiques, etc) et le désir de puissance (volonté de puissance, chez Nietzsche). Ce désir de puissance induit que certains chercheront à s'approprier du pouvoir et à l'imposer aux autres (par exemple en prenant la tête d'une agence de sécurité et en en faisant un monopole). Sans autorité supérieure pour contenir ces tentatives, la société versera rapidement dans le totalitarisme ou le chaos.

Le minarchisme est donc stable et pacifié. Il se conforme à la nature humaine.

3) la justice est le fondement d'une société libre. La définition de celle-ci est donc capitale pour l'état de liberté d'une société. Le système le plus à même de rencontrer les aspirations des êtres humains et de garantir la liberté est la théorie des "droits naturels". Il faut donc l'appliquer à tous (monopole de la justice) et veiller à sa stricte application (monopole de la police et de l'armée).

Le minarchisme est donc juste. Il est le seul capable de garantir la liberté.

4) la société minarchiste n'est pas imposée : il faut y souscrire volontairement (entrée libre et sortie libre).

Le minarchisme n'est donc pas autoritaire.

***

Voici mes réponses :

1) Avant toute chose, il est utile de différencier les deux types de monopoles qui existent : d'un côté, le monopole que je qualifierai de "commercial", qui est révocable à tout moment et ne doit donc son caractère monopolistique qu'à la qualité ou la rareté de ses produits/services, bref à la satisfaction et aux besoins de ses clients ; et de l'autre côté, le monopole "coercitif" ou "violent", qui ne doit son existence qu'à la loi ou la force, qu'il utilise pour empêcher l'accès à son marché. Le premier monopole est, à l'inverse de ce que beaucoup croient, totalement légitime (Microsoft, par exemple), tandis que le second, toujours à l'inverse de ce que beaucoup croient, pas du tout (n'importe quel état). Ci-dessous, lorsque je parle de monopole, j'entends naturellement monopole coercitif, sauf mention contraire.

Pour revenir à la question : l'observation des organisations humaines dans l'histoire (donc depuis l'invention de l'écriture) nous apprend qu'il y a toujours eu un pouvoir. Ce pouvoir variait néanmoins quant à son caractère (monopolistique ou non), à ses domaines d'application (religion/médecine, sécurité/armée, justice/morale, économie/politique) et à ceux à qui il s'appliquait (village/nation, hommes/femmes/population, races/religions, richesse/profession). Plus le temps a passé, plus nombreux ont été les domaines concernés, et plus large le public visé. Mais il est faux de penser que l'état originel de l'organisation sociétale est le monopole. A certains moments de l'histoire humaine sont apparus quelques monopoles, qui ont ensuite disparu. Le code d'Hammourabi s'est éteint en même temps que son créateur. La justice moyenâgeuse variait selon les villages. Sous le système féodal, les nobles possédaient leur propre armée, qu'ils décidaient de mettre ou non au service du roi. Le monopole n'est pas "l'état de nature" de toutes les sociétés humaines. Il n'est d'ailleurs pas réclamé par les populations (pas à l'origine, en tout cas. Il se peut que les citoyens soient néanmoins intoxiqués par la propagande menée par la caste d'intellectuels payés par le pouvoir pour légitimer le monopole ; ce que Marx a très bien vu et qu'Antonio Gramsci a théorisé).

Par contre, il appert que ceux qui détiennent un certain pouvoir cherchent à l'étendre et à le consolider par tous les moyens. Ainsi, le monopole est la solution générique la plus efficace pour ces personnes. Ce qui signifie que la concurrence est précisément la plus à même de saper ce pouvoir (sinon, elle ne serait pas interdite). Ce qui signifie également que le monopole est une machine ne servant que ceux qui sont à sa tête.

Toutefois, la question qu'on est en droit de se poser est celle-ci : étant donné que le monopole n'est pas l'état de nature des sociétés, mais qu'il ne cesse (apparemment) de se développer avec celles-ci, ne peut-on pas inférer que la complexification des organisations humaines impose la présence de monopoles divers ? Je ne crois pas. Ce serait donner raison à Mussolini, qui disait en 1923 : "Nous avons été les premiers à comprendre que plus une société est évoluée, plus les libertés doivent être restreintes".

Qui dit monopole dit, automatiquement, limitation de la liberté de choix.

Car il s'agit de cela, au fond : les minarchistes décident de restreindre, d'une façon qui leur semble légitime, les libertés de tous, au nom de la protection de ces mêmes libertés. Malgré l'ambiguïté manifeste de la position minarchiste, la question est importante. Je pense que la réponse se trouve dans une mauvaise compréhension des mécanismes du marché, de l'organisation sociétale et des différents types de monopoles.

Quel est le principal avantage compétitif des grandes entreprises par rapport aux petites ? Des prix moins élevés, car elles peuvent profiter d'économies d'échelles. Ces économies d'échelle proviennent de la pression que les grandes entreprises peuvent imposer à leurs fournisseurs, car elles achètent en grosses quantités. Les prix moins élevés trouvent également leur origine dans la diminution des coûts de production, les grandes entreprises disposant de moyens importants en matière d'investissements, de R&D, de mécanisation, etc. Ils proviennent finalement de leur capacité à limiter leur marge, car elles récupèrent le bénéfice relatif perdu sur la quantité vendue. De l'autre côté, quels sont les inconvénients des grandes entreprises ? Un manque de flexibilité, d'évolutivité, de rentabilité. La réactivité aux variations du marché est basse, ainsi que l'adaptation à des nouveaux concurrents, produits ou méthodes de production, livraison, etc. Qui plus est, les produits proposés ne peuvent être trop complexes, car les grandes entreprises tirent précisément leur avantage compétitif principal de la reproduction ad infinitum de produits standardisés, selon des processus rationalisés.

On peut donc en déduire qu'une entreprise de grande taille s'adapte parfaitement à un environnement stable, à des acteurs de sa taille et à des produits qui ne sont pas soumis à des évolutions complexes et rapides. On remarquera d'ailleurs la tendance récente des grandes entreprises à se diviser en Business Units distinctes, voire même en filiales se chargeant de marchés séparés.

En conséquence, d'un point de vue économique (efficacité), les grandes entreprises n'ont pas spécialement un avantage compétitif décisif sur les petites organisations (d'ailleurs, si c'était le cas, la fameuse prédiction marxiste sur la concentration maximale du capital et des moyens de production se serait réalisée).

Etant donné que les grandes entreprises n'ont pas d'avantage compétitif décisif mais, qu'étant sujettes à la concurrence, elles ne peuvent se reposer sur leur lauriers, il semble inévitable que les monopoles non soumis à la concurrence (coercitifs), deviennent très rapidement inefficients, pour ne pas dire inopérants. Compte tenu, de plus, que ces monopoles ont pour zone d'activité des environnements particulièrement complexes (dans le cadre d'une société minarchiste, il s'agira de la sécurité et de la justice), il est évident qu'ils sont, dès leur création, inutiles, dépassés et stériles.

L'idée qu'une matière complexe ne puisse être réglée par des forces libres est vieille comme le monde. Elle provient directement d'une vision conflictuelle de la société et des interactions humaines, où chacun a des objectifs non seulement différents, mais surtout antagonistes. En découle que seule une autorité régulatrice et bienveillante pourrait s'assurer que chacun travaille dans un sens déterminé, à une fin unique.

Pour illustrer ceci, il suffit de prendre comme exemple la création des voies de chemin de fer aux Etats-Unis au dix-neuvième siècle, qui s'est déroulée dans le cadre d'un marché concurrentiel et privé, et celle en Europe et en Russie au vingtième, qui a eu lieu dans le cadre d'un marché étatique. Résultat : les voies ont toutes le même écartement aux Etats-Unis, alors que les voies européennes ont un écartement différent des russes, pour des raisons politiques.

Les exemples sont nombreux.

La complexification n'induit donc pas un monopole, mais une organisation et de la coopération. La création de monopoles n'est qu'une des possibilités de réaction face à la complexification, possibilité d'ailleurs souvent directement issue de l'action gouvernementale, comme l'a montré Friedrich von Hayek dans "La Route de la Servitude". En fait, la meilleure façon de répondre à cette complexité, c'est la présence de forces concurrentes mais non antagonistes, pour qui la coopération prévaut, pour des raisons de coûts. L'anarcho-capitalisme est, in fine, la meilleure réponse à cette situation.

En ce qui concerne l'argument voulant que si l'on ne trouve pas de modèle de société anarcho-capitaliste dans l'histoire des civilisations, celle-là ne peut exister, je ne peux l'accepter. Premièrement, car cela signifierait que l'humanité est à jamais liée aux stades d'organisation politique par lesquels elle est passée (vision éminemment conservatrice, pour ne pas dire conformiste). Deuxièmement, car, de la même façon que, selon la pyramide des besoins de Maslow, certains besoins n'apparaissent que lorsque des besoins premiers sont contentés (par exemple, le besoin d'estime de soi n'apparaîtra que lorsque les besoins en nourriture et en sécurité auront été satisfaits), on peut considérer que certaines formes d'organisations sociétales n'apparaissent qu'à un certain niveau de développement desdites sociétés. Cette position est toutefois dangereuse, diront certains, car elle prône des situations qu'on ne trouve nulle part dans l'histoire de l'humanité, qu'elle nie donc les tempéraments humains (leur programmation évolutive, leur psychologie) et se base, comme les idéologies étatistes (communisme, socialisme, fascisme, nazisme) sur un être humain inexistant, parfait (dans le sens où il ressemble à la matière dont l'idéologie a besoin).

Ce n'est pas le cas, car le fondement même de l'anarcho-capitalisme est précisément l'absence de coercition. Il est donc hors de propos de parler d'un risque totalitaire. D'autre part, l'anarcho-capitalisme n'a rien d'une idéologie, c'est-à-dire une interprétation du monde conçue a priori et en amont de la réalité, mais se base sur l'étude de la société, de ses modes de fonctionnement ; bref, sur la praxis.

En fait, il est erroné de dire que si un type de société n'a jamais existé, il ne pourra jamais le faire. Ce qu'il faut faire, c'est considérer les caractéristiques psychologiques des êtres humains, et tenter de trouver le type d'organisation qui s'y conforme le mieux. Or, que désirent les êtres humains ? C'est le deuxième point.

2) Les minarchistes qui m'ont écrit m'ont dit : les êtres humains ont différents besoins qui doivent être satisfaits pour qu'ils soient heureux. Ces besoins ont été exposés par Abraham Maslow dans sa fameuse pyramide. Tant que les besoins primaires ne sont pas contentés, il est impossible d'être heureux. Or, m'ont dit les minarchistes, un système anarcho-capitaliste serait instable par nature, et priverait les citoyens du deuxième besoin le plus important : la sécurité.

C'est totalement faux. Occupons-nous d'abord de la sécurité dans son acception physique, puis dans son acception psychologique.

Les minarchistes, et la majorité de la population des pays occidentaux, ont pour drôle d'idée que la sécurité physique d'une société ne peut être assurée que par un service étatique et monopolistique. Or, la simple considération des carences de celui-ci (banlieues "chaudes", zones de "non-droit", milieux politiques) devrait plutôt indiquer le contraire. Mais le virus étatiste est aussi perfide que tenace, si bien qu'il supplante l'expérience quotidienne des sens et la simple raison.

La sécurité physique peut être ramenée, grosso modo, à deux niveaux : le niveau personnel et le niveau global. Le niveau personnel, c'est la possibilité de se défendre en tant qu'individu, par quelque moyen que ce soit (armes, arts martiaux, etc.). Le niveau global, c'est de pouvoir compter sur d'autres pour se défendre (entreprise de sécurité, vigiles, gardes du corps, etc.). Dans les sociétés étatistes, la défense individuelle est sévèrement restreinte (car, comme le disait le poète romain Lucain : "(…) ils ignorent que les épées sont données afin que personne ne soit esclave"), et la défense globale inopérante. Il n'y a aucune raison de penser que ce ne soit pas le cas dans une société minarchiste.

Dans un environnement anarcho-capitaliste, la vente d'armes serait libre. La criminalité s'en trouverait fortement diminuée (voir, à ce sujet : http://minilien.com/?kYXEJzg03Z et http://minilien.com/?wcFgbPIq6j. En outre, les services actuellement fournis par la police seraient assurés par des entreprises privées. Ces entreprises proposeraient de multiples types de contrats, depuis la protection des bâtiments jusqu'à celle des rues. Comme discuté au point 1, la concurrence garantirait des services moins coûteux et plus efficaces. La sécurité physique serait donc assurée. Pour de plus amples informations au sujet de la sécurité privée, "Vers une société sans état", de David Friedman, est un livre très intéressant car alliant théorie et pratique.

Les minarchistes pointilleux argueront qu'une agence de sécurité pourrait très bien décider de prendre le pouvoir et d'imposer sa loi à tous les habitants. Il faut donc une autorité supérieure qui fera en sorte que personne ne prenne le pouvoir.

Comme d'habitude, le piège est le bon sens. Nous avons tous tendance à considérer les sujets à l'aune des exemples que nous connaissons, sans changer de paradigme (c'est-à-dire que nous ne modifions qu'un seul élément et conservons le même environnement, ce qui mènera invariablement à une situation aussi improbable qu'explosive). En outre, notre réflexion face à un problème idéologique nouveau excède rarement les cinq secondes, soit le temps de trouver une solution en accord avec notre vision du monde et de son organisation.

Ainsi, la première caractéristique de la vision minarchiste est sa contradiction intrinsèque : pour empêcher qu'un groupe ne prenne le pouvoir, donnons-le à un autre ! Naturellement, rien ne dit que le groupe ainsi choisi ne profitera pas du pouvoir qui lui est conféré pour le tourner, par exemple, à son avantage, ou pour en étendre les domaines d'application. La réponse minarchiste à ce problème est que le groupe au pouvoir sera sévèrement contrôlé. Mais par qui ? Si l'état a le monopole de la sécurité et, qui plus est, du droit, qui pourra s'opposer à lui ? Personne – et donc toute velléité de changement s'achèvera dans une guerre civile.

Deuxième contradiction minarchiste : les hommes désirent le pouvoir à des fins malveillantes, sauf les hommes de l'état minarchiste. Dans la vision minarchiste, une société anarcho-capitaliste virera rapidement à la dictature, car une clique d'hommes assoiffés de pouvoir prendront le dessus sur les autres et imposeront leurs lois. Par contre, une société minarchiste garantira tranquillité et stabilité, car les hommes à sa tête seront justes et bienveillants. Pour quelle raison ? Les minarchistes ne le disent pas. Et si les hommes de l'état ne sont pas justes et bienveillants, il n'y aura, une fois encore, personne pour s'opposer à eux.

Troisième contradiction minarchiste : leur pétition de principe (ceux qui se chargent de la sécurité vont désirer prendre le pouvoir) découle typiquement d'un a priori de type "deux poids deux mesures" : les forces de sécurité privées prendront le pouvoir, tandis que les forces publiques ne le feront pas. On peut se demander pour quelle raison les unes le feraient et pas les autres. Il suffit de considérer la situation actuelle en Europe et aux USA pour se rendre compte que la police et l'armée pourraient très bien prendre le pouvoir, mais qu'elles ne le font pas. Pour quelle raison ? Parce qu'elles n'y pensent pas, ou n'y voient pas d'intérêt. Qu'est-ce qui pousse les minarchistes à considérer que les services de sécurité privés voudront le pouvoir ? Cela les intéressera-t-il seulement ?

On entre ici dans ce que certains minarchistes appellent la volonté de puissance, ou désir de prendre le pouvoir politique pour imposer aux autres ses propres objectifs. Mais la solution proposée par les minarchistes est précisément celle qui convient le moins pour répondre à cette donnée de la psychologie humaine. L'état minarchiste, par essence, bénéficiera de différents monopoles (dont celui, capital, de la définition du Droit et, partant, de la légitimité), et il décidera, en dernier ressort, de certaines questions. Dès lors, étant donnée la fameuse volonté de puissance, il me semble évident que les gens qui en seront animés chercheront précisément à pénétrer l'organe qui l'incarnera le plus : l'état. Une fois ces personnes arrivées aux commandes de l'état en question, elles n'auront pas perdu leur soif de puissance, que du contraire. Elles tenteront alors d'étendre le champ d'application de leur pouvoir ou bien la taille de l'état. Elles trouveront toujours une bonne raison pour le faire, quel que soit le degré d'éducation et de conscience à la liberté de la population (par exemple en cas d'attaque terroriste, qui induit toujours plus de contrôles car la population les demande).

Donc, les minarchistes ne règlent pas le problème de la volonté de puissance : ils ne font que donner un incroyable instrument pour la réaliser à ceux qui en sont animés. D'ailleurs, les dictatures sont toutes issues de systèmes étatiques (parfois eux-mêmes dictatoriaux, mais également démocratiques), car les bases logistiques nécessaires à l'oppression existaient et étaient opérationnelles.

L'état minarchiste sera donc, comme tous les états, le rendez-vous des êtres les plus assoiffés de pouvoir, et le siège de luttes continuelles pour le conserver. A contrario, dans une société anarcho-capitaliste, personne ne bénéficierait d'un quelconque monopole coercitif. Vu la concurrence, toute personne désirant se lancer dans des mesures contraignantes ne disposera pas de la moindre légitimité pour le faire, et sera aussitôt arrêtée par d'autres.

Ainsi, un état minarchiste sera, comme tous les états, le principal facteur d'instabilité, car toutes les mesures qu'il prendra fausseront le jeu des interactions individuelles libres, et que sa présence même fera peser une épée de Damoclès au-dessus des citoyens, de leur propriété, de leur liberté et de leur intégrité physique.

En fait, les minarchistes sont des cyniques. Ils acceptent le mal pour un pire potentiel, posent que les hommes doivent de toute façon avoir un maître et qu'il faut seulement travailler à le rendre le moins injuste possible. Ils espèrent (en y croyant ?) trouver la perle rare qui respectera la liberté de chacun. Ils ne se dotent d'aucun contre-pouvoir tangible, comptant sur la bienveillance de leur maître, son honorabilité et sa conformation au Droit.

Le Droit, voilà précisément notre troisième point.

3) Il s'agit de la question la plus sensible, car si certains minarchistes sont d'accord avec une privatisation (partielle ou complète) de la police et de l'armée (au risque de se trouver de facto dans l'impossibilité de faire respecter leur conception du droit), aucun n'est prêt à privatiser la définition du Droit.

Les minarchistes (et la majorité des libéraux, en fait) conçoivent que le Droit est capital pour l'état de liberté d'une société. Selon eux, une théorie du droit doit garantir une liberté maximale au sein d'un environnement stable, moral et efficace. Et fort heureusement pour eux, cette théorie existe : la théorie des droits naturels. Théorie conçue par John Locke, les droits naturels ont été entre autres développés par Murray Rothbard dans son chef-d'œuvre "L'Éthique de la Liberté". Ces droits (droit à la vie, à la liberté et à la propriété) ne découlent pas d'une définition législative, ce sont des droits inhérents à la nature humaine (ils sont dans l'ordre de l'être) et dont la légitimité est supérieure à toute loi (à tout droit positif. Les droits naturels ne sont pas inventés ou décrétés mais découverts). Le libéralisme économique n'en est qu'une conséquence directe, tout comme les libéralismes social et moral. De cette théorie est issue la conception moderne des droits de l'homme qui a fourni historiquement la justification idéologique de la révolution américaine et de la révolution française, sans pour autant préconiser la démocratie, de crainte que la "tyrannie de la majorité" ne vienne limiter les droits individuels. Pour les tenants de la thèse des droits naturels, ces droits ont un caractère universel, applicable à tous les hommes, sans égard au lieu ni à l'époque, ce qui les distingue de "droits" arbitraires fictifs (par exemple un droit au logement ne saurait être un droit naturel, car il est impossible à réaliser sans prendre aux uns pour donner aux autres, ce qui lui ôte tout caractère universel).

Du point de vue minarchiste, l'adoption de la théorie des Droits naturels est contradictoire, car l'état nie, entre autres, l'inviolabilité de la propriété. Étant donné que cette dernière est un des principaux droits naturels, et que l'état ne peut fonctionner qu'en ponctionnant de force les citoyens (sinon il serait une simple entreprise), il ne peut que transgresser les droits naturels et est donc illégitime par essence, dans une optique libertarienne.

Ce à quoi les minarchistes libertariens répondront par une pirouette empruntée à Frédéric Bastiat : l'usage de la force étatique est légitime si elle protège les droits de l'individu. Il s'agit d'un sophisme : un voleur (venant de vous dérober quelque chose) qui vous protège d'un assassin n'en reste pas moins un voleur, et cet acte n'excuse pas son vol. Bien sûr, vous lui serez reconnaissant de vous avoir protégé, mais son aide ne l'absoudra pas le moins du monde de son vol (à moins que vous n'en décidiez ainsi). Qui plus est, comment l'individu peut-il être sûr que les vols commis par l'état servent précisément à le protéger, lui ? Tant du point de vue de la répartition de la protection que de la valeur intrinsèque de celle-ci ? Il n'en sait rien, et il y a en fait une grande chance que l'argent volé (et partant ses droits bafoués) soit bien plus important que le service "fourni" en contrepartie, s'il l'est (car il n'est pas certain que l'individu ait besoin d'une protection, ni que celle proposée lui convienne, ni qu'elle lui serve en cas de besoin, et encore moins qu'elle soit efficace le cas échéant).

Mais, disent alors les minarchistes désespérés, libre à lui de ne pas faire partie de la communauté minarchiste.

A-t-il vraiment le choix ?

4) Bien sûr que non ! Un état, par définition, impose sa loi à tous ceux qui se trouvent sur son territoire. Si ce n'était pas le cas, il ne serait plus un état mais une entreprise. Les minarchistes qui laissent ouverte la possibilité de choix semblent ne pas comprendre les implications de cette liberté, qui supprimera d'office la substance même de l'état minarchiste - et le fera disparaître.

En somme, les minarchistes ne peuvent honnêtement se prétendre libertariens, ou alors ils n'ont pas saisi le caractère ontologique des droits naturels.

***

En conclusion, l'idéologie minarchiste est intrinsèquement contradictoire. De plus, les minarchistes ne parviennent pas à se débarrasser de l'a priori profondément humain qui veut que leurs idées personnelles soient pondérées et plus ou moins exactes, et que leur valeur dépasse le cadre strictement individuel. Je pense également qu'ils confondent stabilité et inertie : ils associent le dynamisme et le changement au chaos, à une menace.

À mon sens, la réussite d'un système sociétal tient dans cinq points : ce système est-il conforme à la nature humaine ? est-il moral ? est-il efficace ? est-il flexible ? et est-il stable ?

L'anarcho-capitalisme est totalement conforme à la nature humaine, puisqu'il en est la formalisation via la théorie des droits naturels ; il est moral (absence de coercition) ; il est particulièrement efficace (puisque nous constatons tous les jours que les relations libres sont bien plus efficaces que les relations contraintes) ; il est infiniment flexible, capable de s'adapter à tous les individus et toutes les situations (ce qui le rend de plus hautement évolutif) ; et il est stable (de par l'absence de coercition, d'instruments de pouvoir et la généralisation des relations libres).

Dès lors, on peut considérer qu'une société anarcho-capitaliste est tout à fait viable ; qu'elle n'ait encore jamais existé ne signifie pas qu'elle est utopique, car elle est la plus à même de concilier et de respecter les natures humaines, avec efficacité et stabilité. Il ne faut pas tomber dans le piège constructiviste et considérer qu'un modèle sociétal doive incarner certaines valeurs, mais bien plutôt trouver les valeurs et en inférer le modèle qui leur conviendra le mieux.

Toutefois, je tiens à préciser que le minarchisme n'est pas un collectivisme aussi criminel que le socialisme et qu'il est même enviable par rapport à la situation actuelle, mais il n'en reste pas moins un étatisme – une idéologie incohérente et liberticide.

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Eti-n, j'ai tenté de retrouver le fil que tu avais posté au sujet de ta profession de foi minarchiste, mais tu l'as supprimé ? Et l'article sur ton blog également ? Je comptais lire ton article.

D'ici-là, un texte que j'ai écrit il y a un peu plus d'un an. Ma pensée était moins claire que maintenant, mais je pense que ce qui s'y trouve est plus ou moins bon.

Je te lirai demain. Quand aux fils sur le forum, il s'agit de ceux-là :

- http://www.liberaux.org/index.php?showtopic=11852

- http://www.liberaux.org/index.php?showtopic=11677

Et en ce qui concerne le blog, malheureusement, il rame ce soir, sinon, tu peux le consulter sur le Réseau Libéral (merci Pankkake :icon_up:) :

http://reseauliberal.headfucking.net/ (à "Pourquoi je suis minarchiste")

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Pardonner ma bêtise et mon ignorance, mais est-ce qu'un minarchiste pourrait être qualifié d'anarchiste ayant perdu la foi ??

En ce fait où il croit en une société libre MAIS avec un minimum de règles (edit : imposées).

Désolé si j'ai rien compris :icon_up: !!

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Gadrel, ce texte me paraît drôlement bizarre. Moi je suis un peu con, je ne sais pas si je suis libéral classique, minarchiste, anarcap, randien ou extropien. Mais j'ai essayé d'envisager tous ces cas de figure. Or, les principaux arguments qui conduiraient à ne pas systématiquement éliminer l'état, donc vers le minarchisme, et que je trouve pertinents - sans que j'ai encore tranché :

1/ Ne sont pas tous présentés

2/ Ne sont pas certains de ceux-là

Maintenant, je suis embarrassé pour présenter correctement des idées vagues et intuitives. néanmoins:

Ton argument 1/ présente le minarchisme comme défendant une position attenante au matérialisme historique :icon_up: ? Diable!

Ton argument 2/ est complétement étranger à ma façon de penser, et je ne vois pas comment tu pourrais prouver que toute position minarchiste inclut nécessairement ce postulat.

Pour le 3/ et le 4/, je laisse à d'autres - Wapiti ? - présenter des objections plus pertinentes que je ne saurais le faire ce soir avec la fatigue, mais je poserais une colle à Gadrel, juste pour voir: estimes-tu qu'il est techniquement possible que demain, un pays, disons le Luxembourg, devienne un territoire anarcho-capitaliste opérationnel?

Probablement oui?

Parce que si oui, je ne vois pas comment on pourrait parallèlement soutenir que certains territoires habités peuvent se débarrasser de l'Etat, mais que d'un autre côté, le sécessionisme minarchiste est irréalisable?

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Etant donné que les grandes entreprises n'ont pas d'avantage compétitif décisif mais, qu'étant sujettes à la concurrence, elles ne peuvent se reposer sur leur lauriers, il semble inévitable que les monopoles non soumis à la concurrence (coercitifs), deviennent très rapidement inefficients, pour ne pas dire inopérants. Compte tenu, de plus, que ces monopoles ont pour zone d'activité des environnements particulièrement complexes (dans le cadre d'une société minarchiste, il s'agira de la sécurité et de la justice), il est évident qu'ils sont, dès leur création, inutiles, dépassés et stériles.

Parfait.

Je pense qu'actuellement, parmi nos amis minarchistes mais surtout libéraux classiques, c'est un point essentiel à démontrer complètement. C'est le sens du débat que Valentin a lancé avec sa notion d'accaparement.

A ce titre, notez que la notion de "vendor lock in existe". (concept qui explicite la manière dont un fournisseur lie les mains de son client, en diminuant drastiquement ses choix futurs: un peu comme si le fait d'acheter une fois du pain dans une boulangerie obligeait, par un certain mécanisme, à y retourner pendant au moins un an tous les jours)

http://en.wikipedia.org/wiki/Vendor_lock-in

Je n'ai malheursement pas trouvé d'article qui détaille cette notion, et la manière que les clients ont de se "protéger" * , mais je vous renvoie à ça: http://builder.com.com/5100-6387-1058909.html C'est très orienté software, donc il vaut mieux être un peu au courant pour comprendre. J'essaierai d'en trouver d'autres.

* Une remarque: cette demande de protection des clients devient un marché, laissant la place pour des acteurs économiques pour résoudre ce problème, aider les clients à ne pas trop dépendre d'un seul fournisseur….. c'est pas beau la liberté? :icon_up:

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C'est précisément impossible. Le minarchisme est un étatisme comme les autres, c'est-à-dire que l'état minarchiste est souverain sur son territoire.

Le fameux droit de sécession n'existe pas en minarchie. Par contre, il existe en panarchie.

http://www.panarchy.org/depuydt/1860.fr.html

A peu près; mais où voulez-vous en venir? Plus de révolutions, à la bonne heure!  Je suis d'avis qu'elles coûtent, neuf fois sur dix, plus qu'elles ne rapportent. Nous conserverons donc le vieil édifice, mais où logerez-vous ce qui déménagent?

Où ils voudront; ce n'est pas mon affaire. J'entends qu'à cet égard on conserve la plus entière liberté. C'est la base de mon système: laissez faire, laissez passer.

Je crois comprendre: ceux qui seront mécontents de leur gouvernement en iront chercher un autre. Il y a du choix, en effet, depuis l'empire de Maroc, et sans parler d'autres empires, jusqu'à la république de San Marino; depuis la cité de Londres jusqu'aux Pampas de l'Amérique. Est-ce là toute votre invention? Elle n'est pas neuve, je vous en avertis.

Il ne s'agit pas d'émigration. On n'importe pas la patrie à la semelle de ses souliers. D'ailleurs, un aussi colossal déplacement est et sera toujours impraticable. Toutes les richesses de l'humanité ne suffiraient pas à payer les frais de déménagement. Je n'entends pas davantage parquer les citoyens suivant leurs opinions; reléguer, par exemple, les catholiques dans les provinces flamandes et tracer de Mons à Liège la frontière du libéralisme. Je désire que l'on continue à vivre ensemble, là où l'on est, ailleurs si l'on veut, mais sans discordes, en bons frères, chacun professant librement ses opinions et soumis aux seuls pouvoirs qu'il aura personnellement choisis ou acceptés.

Je n'y suis plus du tout.

Vous ne m'étonnez nullement. Mon plan, mon utopie, n'est donc pas une vieillerie, comme vous le pensiez d'abord, et cependant rien au monde n'est plus simple et plus naturel; mais il est reconnu qu'en gouvernement comme en mécanique les idées simples viennent toujours les dernières.

Venons au fait: rien de durable ne se fonde que par la liberté. Rien de ce qui est fondé ne se maintient et ne fonctionne avec tout son effet utile que par le libre jeu de tous ses éléments actifs. Autrement, il y a perte de forces, usure prompte des rouages et, en définitive, rupture et accidents graves. Je demande donc pour tous et chacun des éléments de la société humaine, la liberté de s'aggréger suivant leurs affinités et de ne fonctionner qu'au pro-rata de leurs aptitudes; en d'autres termes, le droit absolu de choisir la société politique où ils veulent vivre et de ne relever que de celle-là. Ainsi vous, vous êtes républicain . . .

Moi! le ciel m'en garde!

Simple supposition. L'édifice monarchique ne vous convient pas; l'air y est trop lourd pour vos poumons et le jeu de vos organes n'y a pas l'action que votre constitution réclame. Dans l'état actuel des idées, vous tendez à renverser cet édifice, vous et vos amis, et à bâtir le vôtre à sa place. Mais pour ce faire, vous avez contre vous tous les partisans de la monarchie, qui tiennent à leur monument, et en général tous ceux qui ne partagent pas vos convictions. Faites mieux: assemblez-vous, rédigez votre programme, dressez votre budget, ouvrez des listes d'adhésion, comptez-vous, et si vous êtes en nombre suffisant pour en faire les frais, fondez votre république.

Où cela? Dans les Pampas?

Non vraiment, ici; où vous êtes, sans déplacement. Il est nécessaire jusqu'ici, j'en conviens, que les monarchistes soient consentants. Je suppose résolue, pour la facilité de ma démonstration, la question de principe. Je n'ignore nullement, du reste, la difficulté d'amener ce qui est à faire place à ce qui voudrait et devrait être. Je livre mon idée, et n'entends l'imposer à personne, mais je ne vois que la routine qui puisse la repousser. Ne sait-on pas qu'en tous lieux, gouvernants et gouvernés font assez mauvais ménage. Dans l'ordre civil, on a paré aux mauvais ménages par la séparation légale ou le divorce. C'est une institution analogue que je propose dans l'ordre politique, et sans avoir besoin de l'entourer d'autant de formes et de lenteurs tutélaires, parce qu'en politique un premier mariage ne laisse ni traces physiques ni progéniture. Mon procédé diffère des procédés injustes et tyranniques suivis jusqu'à ce jour, en ce que je n'entends pas qu'on violente personne.

Vous voulez fonder un schisme politique? Vous en êtes les maîtres, mais à une condition, c'est de faire cela entre vous, en famille, sans toucher en rien aux droits ni à la foi des autres. Pour cela, point n'est besoin de fractionner le territoire de l'État en autant de cases qu'il y a de formes de gouvernement connues et acceptées. Encore une fois, je laisse chacun et chaque chose à sa place. Je demande seulement que l'on se serre un peu et que les dissidents puissent librement bâtir leur église et adorer le dieu Pouvoir à leur manière.

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C'est précisément impossible. Le minarchisme est un étatisme comme les autres, c'est-à-dire que l'état minarchiste est souverain sur son territoire.

Merci de ta réponse, qui ne m'étonne pas :icon_up: .

Maintenant, j'aimerais avoir l'avis des minarchistes, que je trouve bien discret quant à ta critique.

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Merci de ta réponse, qui ne m'étonne pas :icon_up: .

Maintenant, j'aimerais avoir l'avis des minarchistes, que je trouve bien discret quant à ta critique.

Tout ce que dit Gadrel est intéressant et limpide, mais il y a un côté spéculatif dans son raisonnement. Il me semble aussi que le minarchisme est un étatisme, et qu'il résulte, dans mon cas, d'un certain cynisme (le cynisme n'est d'ailleurs pas que un défaut).

Je viens par ailleurs lire le texte de EtiN "pourquoi je suis minarchiste" sur son site http://edenlord.free.fr/dotclear/ et je suis très proche de son point de vue.

Il faudrait que Herr Doktor Wapiti nous donne son avis :doigt: !

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Invité Lafronde
La question que je me pose, c'est comment, en minarchie, on peut faire sécession, sans devoir déménager et aller vivre ailleurs, si certaines matières indispensables sont toujours gérées par l'Etat?

Quelles "matières indispensables"? J'ai du mal à croire que l'on peut tolérer la gestion ce certaines routes ou barrages par l'Etat tout en se disant "mais noon mais nooon on ouvre pas la boite de Pandore", qu'est-ce qui peut freiner le processus d'apropriation étatique de l'espace si l'on permet cela? Il vaut mieux oublier les routes et les barrages, et je n'ai pas vu beaucoup de minarchistes souhaitant une intervention "exceptionelle" de l'Etat dans ce genre de cas.

Quant à faire sécession, tu peux très bien être affilié à une communauté ou un autre gouvernement et être dépendant de lui sans bouger d'un iota, dans un autre fil j'avais pris l'exemple des affiliés à une Eglise ou à une association.

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Je m'attends à un bottage en touche, du genre "une société anarcho-capitaliste ne serait pas stable". :icon_up:
Un argument massue que j'invoquais par le passé :doigt:

Ce à quoi on peut répondre : "Une société basée sur des relations de coopération forcée n'est jamais stable. Voilà pourquoi l'Etat, par la coércition qu'il impose, est le principal agent d'instabilité des sociétés, la seconde étant les mentalités en terme de "rapport de force" qui ont été à l'origine de la création de l'Etat et que ce dernier entretient".

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Invité Lafronde
4) Bien sûr que non ! Un état, par définition, impose sa loi à tous ceux qui se trouvent sur son territoire. Si ce n'était pas le cas, il ne serait plus un état mais une entreprise. Les minarchistes qui laissent ouverte la possibilité de choix semblent ne pas comprendre les implications de cette liberté, qui supprimera d'office la substance même de l'état minarchiste - et le fera disparaître.

Monsieur minarchiste n'est pas obligé de voir la minarchie comme l'ultime stade de l'évolution politique mais seulement comme un simple niveau qui ne peut pas être une fin en soi car si l'on s'imagine dans un lointain futur avec du Spencer dans les bibliothèques et du Marx dans les poubelles, on peut très bien estimer que l'inconscient collectif étant passé de notre côté, il y aura un partie de la population, de nouveaux penseurs ou des journalises qui agiteraient l'étandard du droit de sécession dans leurs publications. Dans une société qui dit un amen (tout relatif en raison du monopole judiciaire, etc.) au Droit Naturel, le droit de sécession peut apparaître comme une revendication et l'on verra ses défenseurs défiler dans nos rues, bien entendu tout cela est abstrait et de l'ordre de la pure spéculation mais si l'on fait l'effort d'imagination de se placer dans une minarchie alors ça me paraît vraisemblable.

Et de toute façon, un Etat qui ne contrôle plus ses frontières (liberté de migrer et d'échanger sans douanes, etc.), qui n'a plus le moindre rôle interventionniste à jouer entre deux individus liés (ou prochainement liés) par un contrat et qui s'en tient à administrer un service de sécurité pour la population est condamné sur le long terme à ne plus être un Etat et à ne devenir qu'une compagnie ayant un monopole exclusif sur le territoire, l'Etat-minarchique est trop faible pour rester un Etat, une minarchie ne peut aller que vers le droit de sécession et la panarchie, elle est y contrainte et forcée par l'évolution des aspirations humaines, tout simplement, et on ne pourra rien y faire.

Et c'est entre autre une raison pour laquelle l'on peut être à la fois panarchiste et minarchiste, on peut tout à fait préférer le monopole au marché libre mais on ne va pas pour autant imposer ce monopole à tous et à toutes, laissez-faire laissez-passer

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Pour en revenir à mon précédent post:

Je ne connaissais pas le terme de panarchie, je ne faisais pas la distinction avec minarchie. Moi aussi, je concevais un minarchisme kasher :icon_up:

Blague à part, je ne vois guère plus qu'un raisonnement basé sur un modèle "coûts de transaction" pour défendre sérieusement le maintien d'une minarchie.

C'est un Belge qui a inventé le terme? Mais il pleut de l'eau bénite par chez vous, ou bien? :doigt:

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Monsieur minarchiste n'est pas obligé de voir la minarchie comme l'ultime stade de l'évolution politique mais seulement comme un simple niveau qui ne peut pas être une fin en soi car si l'on s'imagine dans un lointain futur avec du Spencer dans les bibliothèques et du Marx dans les poubelles, on peut très bien estimer que l'inconscient collectif étant passé de notre côté, il y aura un partie de la population, de nouveaux penseurs ou des journalises qui agiteraient l'étandard du droit de sécession dans leurs publications. Dans une société qui dit un amen (tout relatif en raison du monopole judiciaire, etc.) au Droit Naturel, le droit de sécession peut apparaître comme une revendication et l'on verra ses défenseurs défiler dans nos rues, bien entendu tout cela est abstrait et de l'ordre de la pure spéculation mais si l'on fait l'effort d'imagination de se placer dans une minarchie alors ça me paraît vraisemblable.

Et de toute façon, un Etat qui ne contrôle plus ses frontières (liberté de migrer et d'échanger sans douanes, etc.), qui n'a plus le moindre rôle interventionniste à jouer entre deux individus liés (ou prochainement liés) par un contrat et qui s'en tient à administrer un service de sécurité pour la population est condamné sur le long terme à ne plus être un Etat et à ne devenir qu'une compagnie ayant un monopole exclusif sur le territoire, l'Etat-minarchique est trop faible pour rester un Etat, une minarchie ne peut aller que vers le droit de sécession et la panarchie, elle est y contrainte et forcée par l'évolution des aspirations humaines, tout simplement, et on ne pourra rien y faire.

Et c'est entre autre une raison pour laquelle l'on peut être à la fois panarchiste et minarchiste, on peut tout à fait préférer le monopole au marché libre mais on ne va pas pour autant imposer ce monopole à tous et à toutes, laissez-faire laissez-passer

Bon, la prochaine fois que tu traiteras mon argumentation de romantique et de lyrique, je te resortirai ce texte là. :icon_up:
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Invité Lafronde
Bon, la prochaine fois que tu traiteras mon argumentation  de romantique et de lyrique, je te resortirai ce texte là.  :warez:

parfois ça a du bon d'être un romantique passioné… :icon_up::doigt:

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Quelles "matières indispensables"? J'ai du mal à croire que l'on peut tolérer la gestion ce certaines routes ou barrages par l'Etat tout en se disant "mais noon mais nooon on ouvre pas la boite de Pandore", qu'est-ce qui peut freiner le processus d'apropriation étatique de l'espace si l'on permet cela? Il vaut mieux oublier les routes et les barrages,  et je n'ai pas vu beaucoup de minarchistes souhaitant une intervention "exceptionelle" de l'Etat dans ce genre de cas.

Quant à faire sécession, tu peux très bien être affilié à une communauté ou un autre gouvernement et être dépendant de lui sans bouger d'un iota, dans un autre fil j'avais pris l'exemple des affiliés à une Eglise ou à une association.

J'aimerais que tu m'expliques de quoi tu parles… Sincèrement… Pourquoi est-ce que "matières indsipensables" = routes?

Puisque visiblement ma question n'était pas claire (et je crois que tu es la seule personne qui ne l'a pas comprise), je vais la reformuler: comment le droit de sécession peut-il être mis en pratique en restant au même endroit si les taches de police, de sécurité et de justice sont dévolues à un Etat? Comment?

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comment le droit de sécession peut-il être mis en pratique en restant au même endroit si les taches de police, de sécurité et de justice sont dévolues à un Etat? Comment?

Comment procède-t-on pour étranger en territoire français ?

Si l'on poussait ton raisonement jusqu'au bout on ne pourrer changer de pays sans en adopter la nationalité et les règles, de façon unilatérale.

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Comment procède-t-on pour étranger en territoire français ?

Si l'on poussait ton raisonement jusqu'au bout on ne pourrer changer de pays sans en adopter la nationalité et les règles, de façon unilatérale.

J'ai l'impression d'être complètement bouché aujourd'hui, mais tu peux m'expliquer le rapport?

J'habite dans la rue V de la ville U au numéro 123, étage S, dans l'Etat minarchiste T. Je veux faire sécession. Je fais mes paquets et je me casse. Mais si je veux rester sur ma proriété, comment on fait, puisque tous ce qui est sécurité, justice, police est assuré par un Etat que je ne reconnais pas et auquel je ne paie plus d'impots?

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J'habite dans la rue V de la ville U au numéro 123, étage S, dans l'Etat minarchiste T. Je veux faire sécession. Je fais mes paquets et je me casse. Mais si je veux rester sur ma proriété, comment on fait, puisque tous ce qui est sécurité, justice, police est assuré par un Etat que je ne reconnais pas et auquel je ne paie plus d'impots?

Tu parle dans l'optique d'un monopole publique ? Dans ce cas là il est évident qu'un Etat qui pratique le monopole publique ne peut pas mettre en place le droit de sécession, ce serait du suicide.

Ce n'est possible que si aucune des activités assurés d'offices par l'Etat n'est le monopole de l'Etat, et que celui mets en place des moyens de payements et d'action de telle sorte à échapper au maximum au truc du passager clandestin.

Pour le reste c'est une histoire d'externalité positive, et ça n'est nullement spécifique à l'Etat. Si je paye une entreprise de sécurité afin de patrouiller dans mon quartier pour m'y sentir plus en sécurité, tous les habitants de mon quartier en profite.

Le rapport avec l'histoire de l'étranger c'est qu'un type qui séjourne sur le sol d'un pays bénéficie de la protection de la police de ce pays sans payer d'impôts.

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Invité Lafronde
J'habite dans la rue V de la ville U au numéro 123, étage S, dans l'Etat minarchiste T. Je veux faire sécession. Je fais mes paquets et je me casse. Mais si je veux rester sur ma proriété, comment on fait, puisque tous ce qui est sécurité, justice, police est assuré par un Etat que je ne reconnais pas et auquel je ne paie plus d'impots?

On peut tout à fait imaginer que l'ancien Etat-minarchique devenue une simple agence monopolistique accepte l'introduction d'agences privées sur le territoire minarchique sous la pression des sécessionistes souhaitant rester sur place. Tu me répondras alors que cette agence n'est plus monopolistique à partir du moment où d'autres agences peuvent inter-agir sur le même territoire, c'est parce que jusqu'à maintenant l'on a traité uniquement de l'hypothèse dans laquelle des sécessionistes rejoignent physiquement des communautés anars au delà des limites du territoire minarchique, dans le cas présent, où le sécessioniste reste sur place, la compagnie de sécurité "minarchique" aurait un monopole sur tous ceux qui auraient une CI délivrée en minarchie.

*edit* Ca mène à ce qu'il y ait plusieurs agences inter-agissant sur un marché librement concurrentiel offrant leurs différents services de sécurité aux sécessionistes et une seule agence pour les "adhérants" minarchiques (on ne peut plus trop parler de "citoyens"..) qui serait par là, monopolistique car elle proposerait le même service à tous, sans prise en compte de la spécificité de chacun, soit un Etat transformé en compagnie mais gardant les caractéristiques d'opération d'un Etat dans le sens où elle resterait fidèle à cette idée voulant que la Justice est du ressort de l'intérêt général donc que l'on doit offrir un similaire service à tous, quelle que soit leur bourse.

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Cette position est toutefois dangereuse, diront certains, car elle prône des situations qu'on ne trouve nulle part dans l'histoire de l'humanité, qu'elle nie donc les tempéraments humains (leur programmation évolutive, leur psychologie) et se base, comme les idéologies étatistes (communisme, socialisme, fascisme, nazisme) sur un être humain inexistant, parfait (dans le sens où il ressemble à la matière dont l'idéologie a besoin).

Ce n'est pas le cas, car le fondement même de l'anarcho-capitalisme est précisément l'absence de coercition. Il est donc hors de propos de parler d'un risque totalitaire. D'autre part, l'anarcho-capitalisme n'a rien d'une idéologie, c'est-à-dire une interprétation du monde conçue a priori et en amont de la réalité, mais se base sur l'étude de la société, de ses modes de fonctionnement ; bref, sur la praxis.

- L'anarcho-capitalisme n'est pas l'absence de coercition mais l'absence de monopoles de la coercition.

- L'anarcho-capitalisme écarte effectivement définitivement le risque totalitaire

- La mise en oeuvre d'un système politique basé sur l'anarcho-capitalisme ne relève t il pas de l'idéologie puisque, précisément, la praxis tend à montrer qu'il n'y a rien de naturel à ce que les droits naturels de chacun soient respectés. Et d'ailleurs leur non respect ne date pas de la création des Etats puisqu'au moyen-âge, précisément, les rapports sociaux étaient conditionnés par des rapports de cerf à seigneurs, ce qui n'a rien de respectueux du point de vue des droits naturels.

La sécurité physique peut être ramenée, grosso modo, à deux niveaux : le niveau personnel et le niveau global. Le niveau personnel, c'est la possibilité de se défendre en tant qu'individu, par quelque moyen que ce soit (armes, arts martiaux, etc.). Le niveau global, c'est de pouvoir compter sur d'autres pour se défendre (entreprise de sécurité, vigiles, gardes du corps, etc.). Dans les sociétés étatistes, la défense individuelle est sévèrement restreinte (car, comme le disait le poète romain Lucain : "(…) ils ignorent que les épées sont données afin que personne ne soit esclave"), et la défense globale inopérante. Il n'y a aucune raison de penser que ce ne soit pas le cas dans une société minarchiste.

La défense individuelle est restreinte au niveau du port des armes à feu, et un assouplissement du Droit au regard des armes non léthales pourrait être envisagé pour améliorer la sécurité individuelle (idée copyright Eskoh :icon_up: ).

La défense globale est actuellement déficiente (terrorisme, zones de non droit) mais pas inopérante, et d'ailleurs les services de sécurité par contrats signifierait que le niveau de sécurité auquel on a accès dépend de nos ressources et revenus, ce qui est injuste, par opposition à un service public de la sécurité.

Il suffit de considérer la situation actuelle en Europe et aux USA pour se rendre compte que la police et l'armée pourraient très bien prendre le pouvoir, mais qu'elles ne le font pas. Pour quelle raison ? Parce qu'elles n'y pensent pas, ou n'y voient pas d'intérêt. Qu'est-ce qui pousse les minarchistes à considérer que les services de sécurité privés voudront le pouvoir ? Cela les intéressera-t-il seulement ?

L'histoire tend à montrer que les guerres entre souverainetés ou nations se sont arrêtées le jours où ces souverainnetés ont réalisé que la situation géopolitique et l'état des forces en présence rendaient impossible ou trop coûteuses l'extension et le phagocytage d'autres nations (1er et 2nd guerres mondiales)

Elles tenteront alors d'étendre le champ d'application de leur pouvoir ou bien la taille de l'état. Elles trouveront toujours une bonne raison pour le faire, quel que soit le degré d'éducation et de conscience à la liberté de la population (par exemple en cas d'attaque terroriste, qui induit toujours plus de contrôles car la population les demande).

Dans une démocratie de citoyens éclairés, ce n'est pas si sûr. La guerre en Irak a été rendue possible par la propagande préalable du gouvernement et surtout des médias qui n'ont pas joué leur rôle de contre-pouvoir. Bref, les USA se sont comportés sur ce coup là comme une nation d'abrutis.

L'état minarchiste sera donc, comme tous les états, le rendez-vous des êtres les plus assoiffés de pouvoir, et le siège de luttes continuelles pour le conserver. A contrario, dans une société anarcho-capitaliste, personne ne bénéficierait d'un quelconque monopole coercitif. Vu la concurrence, toute personne désirant se lancer dans des mesures contraignantes ne disposera pas de la moindre légitimité pour le faire, et sera aussitôt arrêtée par d'autres.

Arrêté par qui ? Pourquoi une coalition ne pourrait elle pas s'approprier les biens de son prochain si celui-ci ne dispose pas des ressources suffisantes pour contracter un service de sécurité ?

Comme le disait mélodius, l'autorité n'est pas soluble dans l'anarcho-capitalisme, y compris son versant injuste et négatif, je crois.

Je pense également qu'ils confondent stabilité et inertie : ils associent le dynamisme et le changement au chaos, à une menace.

Le changement est à priori doublement porteur d'innovation et de chaos, sans pouvoir en juger à priori.

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