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Grandeur Et Danger De La Méritocratie


Chitah

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Cette chronique sur la mérictocratie s'appuie sur un livre d'un certain Michael Young

En cherchant sur Google le titre du livre, je suis tombé sur plusieurs sites qui, autant que je puisse me rendre compte, devraient intéresser alpheccar ou Gadrel, je pense.

http://human-nature.com/rmyoung/

http://www.gnxp.com/

Grandeur et danger de la méritocratie

Méritocratie : un mot plein de promesses. C'est le règne du mérite individuel au sens des résultats scolaires et universitaires, fruits du talent et de la formation. On le mesure grâce à des diplômes et à des classements. A, B, C, D, ou premier, deuxième, troisième… Comment ne pas être favorable à un tel système, sans aucun doute préférable à la ploutocratie - gouvernement des plus fortunés -, à la gérontocratie - domination des vieillards -, ou même à l'aristocratie, où le statut dépend de titres et de biens hérités ?

La méritocratie semble donc positive, du moins à première vue. Pourtant, à y regarder de plus près, les choses ne sont pas si simples. Pour beaucoup, la France a longtemps été la parfaite illustration de la méritocratie. Pour accéder aux hautes sphères de la fonction publique et de la magistrature, mais aussi de la politique, des affaires et des universités, il fallait sortir des célèbres grandes écoles. Nombre d'heureux élus se soumettaient ensuite à une formation exigeante pour devenir inspecteurs des finances. Pourtant, l'estime de la population pour les élites françaises n'est plus ce qu'elle était. Il est évident que les dirigeants français n'échappent pas à la corruption. Les rapports délicats entre argent et politique ont donné lieu ces dernières années à plusieurs scandales très médiatisés. Les dirigeants extrêmement instruits ne semblent donc plus nécessairement capables de diriger le pays plus efficacement et plus honnêtement que d'autres.

La bureaucratie japonaise, qui utilise des critères de sélection semblables, est, elle aussi, confrontée aujourd'hui à l'antipathie du public. De fait, on lui impute souvent le manque de souplesse et la stagnation chronique du pays. Au Royaume-Uni, le gouvernement, qui brigue un troisième mandat, s'est prononcé plus d'une fois en faveur de la méritocratie. Le chancelier Gordon Brown, héritier présomptif de Tony Blair, en est particulièrement partisan. C'est pourtant un sociologue britannique (membre du Parti travailliste), Michael Young, qui a écrit il y a quarante ans un ouvrage très controversé intitulé « The Rise of the Meritocracy ». Ce n'était pas une description du chemin vers la terre promise, mais au contraire une fresque quasi orwellienne. La méritocratie ou le « 1984 » de Young.

Deux questions majeures soulevées par Young sont toujours d'actualité. D'abord, si le pouvoir et le statut passent par la réussite universitaire, qu'en est-il de ceux qui ne vont pas à l'université ; quel est le sort réservé à 50 % de la population ? Selon Young, ils sont condamnés à des emplois inférieurs, sans aucune chance d'occuper une position éminente ou même un poste à responsabilité. Ceux qui ont un certain talent forment la corporation des plombiers, maçons et autres travailleurs qualifiés. Ceux qui n'arrivent même pas à ce niveau demeurent des ouvriers non qualifiés. La situation morose dépeinte par Young ressemble étrangement à celle que nous connaissons aujourd'hui. A l'élite méritocratique s'oppose une classe d'exclus. Les immigrés, en particulier, ne bénéficient pas de l'égalité des chances suggérée par le mot « mérite ».

De nos jours, la méritocratie semble n'être qu'une autre expression des inégalités qui caractérisent toutes les sociétés. C'est peut-être même l'un des systèmes les plus cruels, car ceux qui ne réussissent pas ne peuvent accuser ni la malchance ni l'injustice. Ils ne peuvent que conclure à un échec personnel. A cela s'ajoute une autre particularité décrite par Young : une fois qu'ils ont acquis un certain statut, les enfants de la méritocratie ferment les portes derrière eux, comme tout groupe au pouvoir. Ils veulent tout avoir, non seulement le pouvoir et l'argent, mais aussi la possibilité de choisir les nouveaux venus. Young avance donc que, tôt ou tard, les élites du mérite se ferment : elles font en sorte que leurs enfants aient de meilleures chances que ceux des catégories inférieures. Comme toute élite, une fois établies, elles font tout leur possible pour maintenir le statu quo.

Nul besoin de suivre le raisonnement de Young jusqu'à la révolution. Cependant, un certain scepticisme est de mise face aux principes d'une méritocratie fondée exclusivement sur le succès universitaire. Une telle société ne répond pas en effet à nos exigences de respect et d'équité, et ne permet pas de prendre de bonnes décisions. Mieux vaut garder à l'esprit qu'un bon dirigeant a besoin de beaucoup de qualités autres qu'un diplôme avec mention. Quant aux institutions, on ne peut accepter qu'elles utilisent un critère de sélection unique. La diversité, plus que le mérite, garantit l'ouverture, véritable signe distinctif d'une société libérale.

RALF DAHRENDORF est membre de la Chambre des lords et ancien recteur de la London School of Economics.

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A cela s'ajoute une autre particularité décrite par Young : une fois qu'ils ont acquis un certain statut, les enfants de la méritocratie ferment les portes derrière eux, comme tout groupe au pouvoir. Ils veulent tout avoir, non seulement le pouvoir et l'argent, mais aussi la possibilité de choisir les nouveaux venus. Young avance donc que, tôt ou tard, les élites du mérite se ferment : elles font en sorte que leurs enfants aient de meilleures chances que ceux des catégories inférieures. Comme toute élite, une fois établies, elles font tout leur possible pour maintenir le statu quo.

Bourdieu dirait qu'ils "reproduisent" un "habitus" ou un galimatias de ce genre.

San rigoler, la méritocratie n'a que peu de rapport avec le libéralisme. (A ma connaissance ,il n'y a que RH pour s'y référer)

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Invité critico

Cette chronique sur la mérictocratie s'appuie sur un livre d'un certain Michael Young

[

Bien entendu, si la MERITOCRATIE s'appuie uniquement sur les diplômes , on va droit dans le mur .

Tout simplement parce qu'on privilégie avec cette méthode , les " têtes bien pleines " au détriment des "têtes bien faites " .

Ce n'est un secret pour personne que les anciens de certaines grandes écoles constituent des maffias qui se répartissent les meilleurs postes , dans le privé comme dans le public .

Ce n'est pas un secret non plus qu'on rencontre parfois des universitaires hautement diplômés qui sont c…. come des balais ( excusez mon impertinence , mais je parle d'expérience ) .

La méritocratie a des effets pervers chaque fois qu'on l'applique automatiquement

comme sait le faire l'Administration .

Un titre et vous entrez . De l'ancienneté et vous gagnez plus !

Une fois que vous êtes dans le fromage, quoi que vous fassiez ( ou ne fassiez pas ) vous êtes dans le petit train qui avance malgré tout .

Parfois les grosses entreprises privées qui ont utilisé la méthode, surtout au niveau de leurs cadres dirigeants ( les chasseurs de têtes en sont en partie responsables ) , se trouvent piégées comme les administrations avec des gars inadaptés aux nouveaux postes attribués . Mais qui ont des parchutes dorés…

Dans les PME , la méritocratie s'appuie sur les …RESULTATS .

En économie, il n'y a que ça qui compte .

Le reste c'est de la littérature pour intellos .

Un plaidoyer pour l'INDIVIDUALISME se trouve sur le site http://www.safog.net .

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Bourdieu dirait qu'ils "reproduisent" un "habitus" ou un galimatias de ce genre.

San rigoler, la méritocratie n'a que peu de rapport avec le libéralisme. (A ma connaissance ,il n'y a que RH pour s'y référer)

:icon_up: J'ai été l'un des rares sur ce forum à écrire voici plus d'un an et demi que la méritocratie n'était pas libérale.

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Ce texte parle de la méritocratie 'à la française', pour être exact, c'est à dire une méritocratie qui sélectionne sur la base du QI et de la connaissance des filières pour pantoufler sa vie durant dans un statut, un grands corps etc. En revanche, point question des vertus de courage, d'enthousiasme, de sens du risque et du challenge dans notre système 'méritocratique' français …

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