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Qu'est-ce Que La Laïcité?


Chitah

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Un commentaire intéressant sur ce livre, trouvé sur le blog 1984.

La laïcité, une exception française?

La laïcité, une exception française ? Voilà une question qui revient périodiquement sur la table, souvent d’ailleurs apportée au débat par des adversaires affichés ou des partisans d’une laïcité ouverte, rénovée, ré-actualisée, plurielle, enfin d’une redéfinition de la laïcité en prétextant du caractère prétendument singulier d’une éventuelle conception ou acceptation franco-française de ce terme.

Et question qui a été soulevée récemment à nouveau lors des débats autour du texte du Traité Constitutionnel Européen, en France mais aussi par certains intervenants européens. « Notre » laïcité ne serait ainsi pas « euro-compatible ».

Donc en quoi la situation française présenterait-elle une singularité quant au concept de laïcité ? Avant même d’étudier plus avant cette question, il n’est peut-être pas inutile de vous indiquer quel sens je mets derrière ce terme. Je vais reprendre pour cela une définition proposée par Henri Pena-Ruiz dans un ouvrage au titre particulièrement évocateur « Qu’est-ce que la laïcité ? », définition que je fais mienne sans aucune restriction :

Lacit« La laïcité est l’affirmation simultanée de trois valeurs qui sont aussi des principes d’organisation politique : la liberté de conscience fondée sur l’autonomie de la personne et de sa sphère privée, la pleine égalité des citoyens (et en cela des athées, des agnostiques et des divers croyants), et le souci d’universalité de la sphère publique, la loi commune ne devant promouvoir que ce qui est d’intérêt commun à tous. »

Cette définition est riche, dense, complexe, et pourrait constituer un programme politique en soi. C'est une définition qui va bien au-delà de la simple séparation juridique des Eglises et de l'Etat. Elle donne ainsi un droit à tout citoyen, celui de la liberté absolue de conscience, principe plus large et englobant la liberté religieuse. Elle protège ainsi le citoyen de toute "religion d'Etat" et assure donc la stricte égalité de tous les citoyens en ne reconnaissant aucune croyance particulière. Mais elle impose également un devoir  tant au citoyen qu'aux Eglises, celui de la neutralité de la sphère publique. La spiritualité devient affaire privée et se détache du temporel. Ce n'est pas une négation, c'est un retour au source ("Rendons à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu"). C’est surtout un idéal de vie commune, et en ce sens, il n’est jamais totalement et pleinement concrétisé. Ce qui, au passage, n’est peut-être pas plus mal car l’histoire nous a appris qu’il ne faisait pas toujours bon de concrétiser certains de nos idéaux : « La voie du bonheur est dans le cheminement vers l’idéal, non dans sa réalisation » aurait certainement pu dire Lao Tseu ! Je crois d’ailleurs, en fait j’en suis sûr pour l’avoir vérifié, qu’il a dit : « le but n’est pas le but, c’est la voie ».

La laïcité est donc un idéal, un idéal universaliste. Nous avons là une première réponse : comment un idéal universel pourrait être singulier à un pays ? La laïcité en tant qu’idéal universaliste d’organisation de la Cité, de l’espace public du débat, rejoint en ce sens les idéaux universalistes des Droits de l’Homme. Irait-on soutenir que les Droits de l'Homme sont une exception française, ou même occidentale?

Le concept de laïcité, et celui inséparable de liberté de conscience, n’a donc rien de spécifiquement et d’exclusivement français. Il a d’ailleurs été pensé également ailleurs, en d’autres temps, et par des hommes d’autres pays, d’autres cultures.

Mais la laïcité désigne également le dispositif juridique qui tout à la fois se fonde sur cet idéal universaliste et le réalise. Si exception, ou du moins singularité, française il y a, elle peut sans doute se comprendre non dans le concept mais dans sa mise en application concrète et juridique, dans sa transposition dans le droit.

En France, cette application, c’est la loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905, avec toutes les imperfections qu’elle contient, avec toutes les dérives qu’elle a connu depuis, avec une accélération ces quinze dernières années. Ce qui montre bien d’ailleurs l’écart entre l’idéal et sa concrétisation. Et ce qui montre également que la laïcité de l'espace public n'est jamais acquise, qu'elle est à défendre en permanence contre les tentatives des Eglises de se réapproprier la sphère publique. C'est en ce sens qu'il faut comprendre les débats en France sur l'article I-52 du TCE. Et c'est également en ce sens que je notais il y a quelques semaines sur Publius que la construction européenne et la Constitution que l'on nous proposait n'étaient pas d'essence laïque.

Et ailleurs en Europe ? Je me restreins volontairement et consciemment à l’Europe, le débat portant souvent sur la singularité française en Europe sur ce point.

La laïcité entendue comme séparation stricte semble de mieux en mieux reconnue un peu partout en Europe, ou du moins, les débats sont de plus en plus vifs autour de cette notion, preuve que l’idée fait son chemin.

En Allemagne, « l’affaire » des crucifix dans les salles de classe ou du voile portée par une enseignante musulmane d’origine afghane dans le Land du Bade-Wurtemberg prouve que ce sujet est porté de plus en plus sur la place publique et que la place de la religion dans la sphère publique y est là-bas aussi de plus en plus contestée. Même si on a pu entendre Mme Angela Merket, leader de la CDU et peut-être future chancelier, déclarer que « ce processus pourrait aboutir à une séparation exagérée de l’Etat et de l’Eglise ». Je vous laisse juger d’un concept de séparation exagérée.

En Espagne, des associations laïques comme la Fundacion Cives, Europa Laica ou encore Alpima, trouvent une oreille de plus en plus attentive au sein d’une opinion publique par ailleurs en voie de décléricalisation rapide (voir par exemple les évolutions sociétales plus radicales qu’en France). Par ailleurs, la Constitution de 1978 proclame qu’il n’y a pas de religion d’Etat.

La Suède a prononcé récemment la séparation de l’Etat et de l’Eglise luthérienne.

En Belgique, le Centre d’action laïque poursuit toujours son but de séparation institutionnelle de l’Etat et des Eglises dans une société pourtant profondément marquée par une organisation communautariste.

Aux Pays-Bas, c’est le concept de tolérance qui prédomine mais la crise latente que semble connaître la société batave avec la montée de populistes xénophobes pourrait éclairer là aussi sur les limites d’un tel système fondé sur la seule notion de tolérance.

En Italie, un juge saisi par un parent d’élève musulman avait ordonné fin 2003 de décrocher un crucifix présent dans une classe d’école. Le crucifix est resté et l’école s’orne désormais d’un autre, bien plus imposant, cadeau d’un couvent voisin !

En Grèce même, état européen régulièrement condamné par le Cour Européenne des Droits de l’Homme pour atteinte au principe de liberté de conscience, la mention de la religion sur la carte d’identité nationale a été supprimée, premier pas, timide pour certains mais symbolique, d’un affranchissement par rapport au poids de l’Eglise orthodoxe, intimement liée à l’identité nationale grecque.

Bien évidemment, restent les cas de la Pologne ou encore de l’Irlande. Mais là encore, le temps et l’uniformisation culturelle, en particulier par les droits des femmes fera son œuvre. Ce qui ne doit pas nous empêcher, nous laïques de tous les pays, de mener le combat partout en Europe pour accélérer la course du temps. Après tout, qu’est ce que cent ans à l’échelle de l’histoire de l’humanité ? Mais à condition que les institutions, en particulier européennes, le permettent !

Un argument souvent entendu par rapport à cette pseudo exception française est que, finalement, nos voisins et en particulier les plus proches, allemands ou anglais par exemple, semblent vivre sans aucun problème particulier sans cette laïcité à laquelle nous semblons tant tenir. Tout d’abord cela reste à démontrer. Je ne suis pas certain que les tensions communautaires soient inexistantes en Grande-Bretagne, ni que les athées ou agnostiques allemands ne vivent pas comme une atteinte à leur liberté de conscience la présence de crucifix dans les salles de classe de certains lands. Par ailleurs, est-ce que, sous le prétexte que, finalement, la monarchie parlementaire anglaise permet a priori le développement d’une société aussi avancée et démocratique que la notre, on doit abandonner l’idée qu’une République de citoyens égaux en droits n’est pas préférable à une Monarchie ?

Un fait ne démontre rien contre le droit. Et la solitude n’est en rien un signe d’erreur ou d’injustice. Le 26 août 1789, la France était bien seule à proclamer les droits de l’homme et du citoyen. Avions-nous tort alors ? Le 10 décembre 1948, le monde entier les adoptait. Avions-nous tort en 1905 ? Avons-nous tort aujourd’hui, soit disant seuls laïques au milieu de tous ?

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AHMA, le problème de la laïcité à la française, c'est qu'il ne s'agit pas réellement d'une laïcité, dans le sens "neutralisme de l'Etat vis-à-vis des différentes religions", mais plutôt d'une sorte d'anti-religiosité, bref, bien loin d'être neutre, l'Etat se montre plutôt hostile.

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Elle protège ainsi le citoyen de toute "religion d'Etat" et assure donc la stricte égalité de tous les citoyens en ne reconnaissant aucune croyance particulière.

Pourquoi tant de précautions oratoires et ne pas dire clairement que la laïcité à la française a été conçue par et pour des athées et des agnostiques?

Historiquement, la laïcité dans notre pays fut le produit du conflit entre les républicains (majoritairement non-croyants) et les catholiques afin d'obtenir le magistère moral sur la société française. En laïcisant l'école puis les institutions, la République éliminait du même coup un contre-pouvoir gênant. Ce n'est pas par hasard que la France est le pays le plus sécularisé d'Europe (ce que les laïcs, ces apôtres de la tolérance, considèrent comme un objet de fierté) et que le peuple est dopé aux valeurs républicaines, citoyennes et que sais-je. Tout a été fait pour cela. D'où les inquiétudes face à la montée du communautarisme: la République ne voulant connaître que des citoyens, si possible "formatés", l'existence de groupes en dehors du champ républicain est pour elle une menace.

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On pourrait ajouter un petit plus d'huile sur le feu à se pencher de plus près sur la concrétisation législative de la laïcité en France : la loi de séparation de l'Etat et de l'Eglise de 1905.

La prétendu neutralité de l'Etat qui consiste entre autres à ne pas financer les cultes crées une inégalité entre d'une part les chrétiens et juifs disposant de somptueux lieu de culte et d'autre part les musulmans arrivés très majoritairement en France avec la vague d'immigration fini dans les années 70 qui eux n'ont pas de lieu de culte et surtout n'ont pas les moyens financiers pour ériger des mosquées dignes de ce nom.

L'égalité de traitement se traduit donc dans les faits par une très forte inégalité sociale. Bien sur en tant que libéraux nous considéront qu'il n'est pas du devoir de l'Etat de réduire les inégalités sociales mais sachant que c'est tout de même l'objectif premier de nos gouvernants (cf débats stériles sur l'intégration) il y avait la une incohérence à relever.

Pour une analyse plus approfondie (et assez confuse je le reconnais : un article du DailyJungle, journal à rédaction ouverte

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De fait, il n'y a pas de laïcité française, il y a une religion d'Etat : L'athéïsme.

La formule claque, mais je la trouve un peu vide.

Chirac est super-catho et Jospin est protestant. Un religion d'Etat à laquelle les candidats présidents n'adhèrent pas, voilà qui est déjà curieux. l'Education Nationale n'est pas athée, elle est socialiste et si les deux ne sont pas incompatibles, on ne peut pas non plus les assimiler. De plus, l'enseignement catholique se porte plutot bien pour une institution concurrente à une religion d'Etat.

La seule vrai religion en France, c'est le culte de l'Etat : La France est grande et De Gaulle est son prophète !

PS: a propos de lacité, la pub avec la dernière cène entre nenettes a été interdite !

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La seule vrai religion en France, c'est le culte de l'Etat

Précisément. Or, la laïcité n'a de sens que dans les rapports entre Eglise et état.

La laïcité à la française est un type particulier d'athéisme mêlé d'adoration de l'état dont la France et la Turquie sont à peu près les derniers représentants.

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Précisément. Or, la laïcité n'a de sens que dans les rapports entre Eglise et état.

La laïcité à la française est un type particulier d'athéisme mêlé d'adoration de l'état dont la France et la Turquie sont à peu près les derniers représentants.

Je ne sache pas que les dirigeants turcs ou français sont très athées. Ils se definiseent comme au service (de l'Etat) mais pas athées.

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Ce n'est pas le premier ministre ou le président qui importent dans ce contexte, c'est la piétaille au sein des services publics et notamment de l'enseignement (France) ou de l'armée (Turquie).

Ce qui démontre leur force est précisément le fait que même le président ou le premier ministre sont impuissants à infléchir la machine.

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Ce n'est pas le premier ministre ou le président qui importent dans ce contexte, c'est la piétaille au sein des services publics et notamment de l'enseignement (France) ou de l'armée (Turquie).

Ce qui démontre leur force est précisément le fait que même le président ou le premier ministre sont impuissants à infléchir la machine.

Tu as raison e ce qui concerne l'enseignement, mais pas la haute administration. Les classes sup françaises sont bcp plus intégrées que les classes sup belges. L'identité religieuse y est moins importante que chez nous, et le passage par les grandes écoles ne témoignent pas d'une orientation philosophique ni dans un sens ni dans l'autre. Or chez les hauts fonctionnaires (même catho), la laïcité est indiscutée. La haute fonction publique a complètement intégrée cette donnée, les hauts fonctionnaires ont sans doute placé l'Etat au dessus de Dieu.

C'est pourquoi, je ne pense pas que l'athéisme puisse être décrit comme religion d'Etat.

C'est la laïcité à la française (et on sait ce que veut dire à la française derrière un mot) et l'Etat qui s'impose à tous, pas l'athéisme.

PS: la turquie semble effectivement partagé la même logique que la France, mais je ne connais pas assez la situation.

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Blasphème : le retour en disgrâce

Anne Morelli

Le Vatican n'a pas attendu l'arrivée au pontificat du cardinal Ratzinger pour orchestrer au niveau européen une opération réactionnaire tous azimuts contre ce que l'Église estime être les "péchés capitaux" de la société moderne.

Sa lutte contre le "blasphème", qui entre dans ce cadre, est en fait une lutte contre la liberté d'expression.

Les intégristes catholiques, malgré (ou à cause) de l'effondrement de l'influence de leurs valeurs dans notre société, luttent ouvertement depuis quelques années contre ce qu'ils considèrent comme les plaies de notre société : le " libertinage " sexuel, la contraception, le divorce, l'avortement, l'euthanasie, l'usage du préservatif et l'homosexualité… On connaît moins la campagne anti-blasphème menée parallèlement en Europe par les milieux intégristes catholiques pour faire disparaître de l'espace public les affiches, spectacles ou émissions qu'ils jugent " blasphématoires ". On savait la force, l'efficacité et la violence du lobby intégriste aux États-Unis. Il n'est plus nécessaire aujourd'hui pour rencontrer ce genre d'actions de traverser l'Atlantique.

L'Europe contaminée

Les offensives intégristes contre la laïcité connaissent un regain manifeste en Europe. Elles sont coordonnées au niveau européen par un lobby catholique officiel qui est situé à Bruxelles (1) et compte bien influencer les décisions européennes. Constitution, lois anti-avortements, protection du mariage " traditionnel "… Ce lobby fait feu de tout bois. Et les créatifs (artistes, publicitaires, écrivains…) n'ont qu'à bien se tenir…

En France, par exemple, on se souvient que " Je vous salue Marie " de Jean-Luc Godard (1985) puis " La dernière tentation du Christ " de Martin Scorcese (1988) avaient déclenché l'ire catholique. Plus récemment, en mars 2005, la justice française a donné satisfaction aux milieux religieux en prononçant l'interdiction d'une publicité de la maison de mode Marithé et François Girbaud qui présentait une parodie de la dernière Cène, représentée par des jeunes femmes, pourtant pudiquement habillées des vêtements de la marque. Ce sont les évêques français qui, par le biais de l'association " Croyance et libertés ", ont intenté cette action.

La Belgique, pas épargnée. Il serait candide d'imaginer que l'intégrisme catholique s'arrête à nos frontières. Il suffit de visiter le site de " Belgique et chrétienté " pour constater que ces tactiques d'intimidation sont aussi en vigueur chez nous. La page de présentation du site annonce en effet que l'un des buts essentiels de " Belgique et Chrétienté " (2) est d'utiliser des juristes et avocats pour faire interdire les "blasphèmes et offenses" contre la religion et les valeurs familiales. Et elle menace : "se moquer de la religion catholique deviendra dangereux ".

Ces " actions " consistent souvent à dénoncer ou à porter plainte auprès des autorités compétentes à propos de manifestations culturelles ou d'annonces publicitaires. Les firmes et les événements incriminés sont nombreux : l'exposition sur les vaches dans Bruxelles en 2003, des publicités de Brantano, de Renault, de la RTBF, Fortis, Dexia, Iglo, Ola, le festival de Dour, le Théâtre Varia, l'IBDE… Les consignes données aux adhérents (avec l'appui moral de l'archevêque de Malines-Bruxelles) sont de submerger de protestations par courrier, fax, ou mails les firmes, de saturer d'appels leurs standards téléphoniques, de porter plainte auprès des élus politiques et, s'il s'agit de réclames, auprès du jury d'éthique publicitaire (JEP). Le site de ce dernier (3) révèle en fait qu'un certain nombre de ces actions concertées ont été couronnées de succès, même si toutes les plaintes n'aboutissent évidemment pas.

On assiste donc bien, dans notre pays aussi, à une récente volonté de certains catholiques de dominer à nouveau l'espace public et culturel sous prétexte d'en effacer les " offenses " à leurs croyances. Des laïques sont ébranlés par les arguments de ces religieux et concèdent que, par tolérance, il faudrait éviter de heurter les convictions d'autrui, même au prix de la censure et de la limitation de la liberté d'expression.

Priorité à la liberté d'expression

L'espace laïcisé doit-il à nouveau être confisqué par une religion sous prétexte que certaines photos la choquent ? Faut-il interdire la "Gay Pride" parce que l'Ancien Testament condamne l'homosexualité ? Si on cède aux intégristes catholiques aujourd'hui en interdisant les publicités qui les choquent, quel argument pourra-t-on avancer demain face aux intégristes musulmans pour ne pas retirer les photos de chevilles ou de chevelures féminines qui, pour ceux-là, seront choquantes ?

Face aux violences liberticides, les laïques devront réapprendre à se radicaliser. Peut-être devrons-nous faire comme ces Parisiens qui ont perturbé la messe à Notre-Dame avec des pancartes pour protester contre le parallèle qu'avait fait le pape entre l'IVG et l'holocauste (4) ? C'est Salman Rushdie, qui nous prédit que le spectre vociférant et répressif des religions actuelles s'en prend à nous tous. Et il nous annonce de manière inquiétante qu'il nous faudra relever ce défi. Si l'on échoue, cet ombrageux spectre finira par nous engloutir.

Anne Morelli, juin 2005, Esprit libre n° 32, ULB 

Historienne, Université libre de Bruxelles, Centre interdisciplinaire d'étude des religions et de la laïcité

(1) la COMECE ou Commission des épiscopats de la Communauté européenne.

(2) www.bechrist.be

(3) www.jepbelgium.be

(4) La Croix, 28 février 2005

http://prolib.net/#4

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Ceci m'a écoeuré:

On assiste donc bien, dans notre pays aussi, à une récente volonté de certains catholiques de dominer à nouveau l'espace public et culturel sous prétexte d'en effacer les " offenses " à leurs croyances. Des laïques sont ébranlés par les arguments de ces religieux et concèdent que, par tolérance, il faudrait éviter de heurter les convictions d'autrui, même au prix de la censure et de la limitation de la liberté d'expression.

Traduire par: "Les vilains calotins souhaitent pouvoir s'exprimer sans demander l'autorisation à notre secte laïcarde ! Et des sociaux-traîtres leur donnent raison par dessus le marché !"

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Rien de particulièrement choquant, en effet : il ne s'agit là que des mêmes conneries laïcardes habituelles.

Je veux dire : on n'est pas obligé d'être d'accord avec cette personne (que je ne connais pas mais il semble qu'en Belgique, elle soit connue comme le houblon..) pour se positionner contre les appels à la censure, non? Ou alors la censure devient-elle désirable dès lors que c'est une autorité religieuse qui la réclame?

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Ou alors la censure devient-elle désirable dès lors que c'est une autorité religieuse qui la réclame?

Certes non, mais les diatribes de la Morelli seraient plus crédible si cette dernière dénonçait de même manière les censures exigées et obtenues par la gauche.

Car la Morelli ne prend excuse de quelques cas limites que pour diaboliser la prise de parole par les chrétiens : pour elle et ses correligionnaires, un bon chrétien est un chrétien qui ferme sa gueule. Business as usual : les laïcards ne souffrent pas que la religion puisse s'exprimer.

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Ceci m'a écoeuré:
On assiste donc bien, dans notre pays aussi, à une récente volonté de certains catholiques de dominer à nouveau l'espace public et culturel sous prétexte d'en effacer les " offenses " à leurs croyances. Des laïques sont ébranlés par les arguments de ces religieux et concèdent que, par tolérance, il faudrait éviter de heurter les convictions d'autrui, même au prix de la censure et de la limitation de la liberté d'expression.

Traduire par: "Les vilains calotins souhaitent pouvoir s'exprimer sans demander l'autorisation à notre secte laïcarde ! Et des sociaux-traîtres leur donnent raison par dessus le marché !"

C'est (très largement) surinterprêté.

- elle n'a pas dit qu'elle souhaitait la censure pour les religieux ou alors il faut me montrer où. Et je ne vois pas ou est mentionnée une quelconque autorisation.

- elle critique le fait que "certains laïques" accepteraient une limite à la liberté d'expression. (cf 2ème phrase) . Sauf à donner raisons à ses personnes ( que tu qualifies de "sociaux traitres"), je vois mal comment on peut s'opposer à elle sur ce point.

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Je veux dire : on n'est pas obligé d'être d'accord avec cette personne (que je ne connais pas mais il semble qu'en Belgique, elle soit connue comme le houblon..) pour se positionner contre les appels à la censure, non? Ou alors la censure devient-elle désirable dès lors que c'est une autorité religieuse qui la réclame?

Quelle censure ? Celle exercée par la Morelli et ses affidés ?

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Certes non, mais les diatribes de la Morelli seraient plus crédible si cette dernière dénonçait de même manière les censures exigées et obtenues par la gauche.

Car la Morelli ne prend excuse de quelques cas limites que pour diaboliser la prise de parole par les chrétiens : pour elle et ses correligionnaires, un bon chrétien est un chrétien qui ferme sa gueule. Business as usual : les laïcards ne souffrent pas que la religion puisse s'exprimer.

Je suis bien d'accord, alors.

J'avais précisé d'ailleurs que je ne connaissais A Morelli ni des lèvres ni des dents.

Cependant, "diaboliser la prise de parole par…" sans appel à la censure ( dans le texte qui nous intéresse) ne veut pas dire grand chose, sinon qu'elle n'est pas d'accord avec….

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Quelle censure ? Celle exercée par la Morelli et ses affidés ?

Réponse : déjà mentionné ici :

elle critique le fait que "certains laïques" accepteraient une limite à la liberté d'expression. (cf 2ème phrase) . Sauf à donner raisons à ses personnes ( que tu qualifies de "sociaux traitres"), je vois mal comment on peut s'opposer à elle sur ce point.
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C'est (très largement) surinterprêté….

Ah bon ? Voyons donc…

Le Vatican n'a pas attendu l'arrivée au pontificat du cardinal Ratzinger pour orchestrer au niveau européen une opération réactionnaire tous azimuts contre ce que l'Église estime être les "péchés capitaux" de la société moderne.

Délire paranoïaque.

Sa lutte contre le "blasphème", qui entre dans ce cadre, est en fait une lutte contre la liberté d'expression.

Ne pas vouloir se laisser insulter, c'est mal. Of course.

Les intégristes catholiques, malgré (ou à cause) de l'effondrement de l'influence de leurs valeurs dans notre société, luttent ouvertement depuis quelques années contre ce qu'ils considèrent comme les plaies de notre société : le " libertinage " sexuel, la contraception, le divorce, l'avortement, l'euthanasie, l'usage du préservatif et l'homosexualité…

Aaah… les intégristes… c'est-à-dire les chrétiens qui professent les idéaux de leur foi.

L'Europe contaminée

Admirable ! La Morelli qui reprend la terminologie qu'elle condamne dans la bouche des autres.

…un lobby catholique officiel qui est situé à Bruxelles (1) et compte bien influencer les décisions européennes.

Horresco referens ! Les catholiques tentent de convaincre des politiques. Mais que fait l'État !

…utiliser des juristes et avocats pour faire interdire les "blasphèmes et offenses" contre la religion et les valeurs familiales.

So what ? Le problème n'est pas que les catholiques fasse appel à la loi pour faire "interdire les blasphèmes et offenses contre la religion et les valeurs familiales". Le problème est que la législation actuelle permet ce genre de choses. Évidemment, les gauchos, lorsqu'ils établirent tout cet arsenal législatif pour fermer la gueule de leur adversaires politiques, ne s'imaginèrent pas que ces derniers pouvaient retourner cet arme contre eux. L'arroseur arrosé, tout simplement. Que la Morelli dénonce donc plutôt cette législation liberticide et non son usage par une partie de la population.

On assiste donc bien, dans notre pays aussi, à une récente volonté de certains catholiques de dominer à nouveau l'espace public et culturel…

Horreur et damnation ! Les catholiques veulent s'exprimer et il n'est, décemment, pas possible de leur fermer la gueule.

Face aux violences liberticides…

Liberticide toi-même, connasse !

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Cependant,  "diaboliser la prise de parole par…" sans appel à la censure ( dans le texte qui nous intéresse) ne veut pas dire grand chose, sinon qu'elle n'est pas d'accord avec….

Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage.

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