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Le Fantastique Français Condamné à La Médiocrité?


Taranne

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A part Maupassant, Gautier, quelques contes de Mérimée et d'Erckmann-Chatrian, et si l'on compte à part les auteurs belges francophones comme Jean Ray ou Thomas Owen, le fantastique français est historiquement faiblard comparé à ses voisins anglais ou allemand. Comment expliquer une telle atrophie dans un pays pourtant riche en contes et légendes?

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La décadence culturelle accompagant la sociale-démocratie, la culture subventionnée, qui affecte de manière générale tous les secteurs, le folklore alter-comprenant qui tente de se poser en alternative impuissante face à la production formatée des majors elles-même subventionnée par l'Etat et protégées par la "propriété" intellectuelle, tout ça, tout ça, rien de nouveau, Guy Debord s'en était déjà rendu compte il y a plus de 40 ans de cela.

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Je ne suis pas convaincu par les explications de Légion.

Il me semble que le fantastique est assez étranger à la mentalité latine et notamment française; je ne connais pas des masses d'auteurs fantastiques italiens ou espagnols, par exemple.

Ce n'est d'ailleurs pas par hasard que les grands du genre en langue française* sont Belges et même Flamands (Jean Ray).

*Maupassant, Gautier et Mérimée sont évidemment des auteurs plus importants que Ray ou Owen, mais à la différence de ces derniers, ils ne se sont pas cantonnés au fantastique.

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Voir aussi pour le cinéma. Hormis quelques exceptions notables (Meliès, Cocteau ou Franju), peu de réalisateurs hexagonaux se sont intéressés au fantastique. Pour la Belgique, ils sont à peine plus nombreux… et flamands: André Delvaux ("Un soir un train") et Harry Kumel ("Malpertuis", d'après J. Ray, et "Les Lèvres rouges").

Le classique de Franju est incontestablement "Les Yeux sans visage", avec Pierre Brasseur dans un rôle surprenant de savant fou (mais pas caricatural).

Pour la littérature fantastique française au XXe siècle, ne négligeons pas Gaston Leroux (son chef d'oeuvre étant "Le fauteuil hanté", suivi de près par "La Poupée sanglante" qui fut adapté à la TV dans les années 70), Maurice Renard ("Les Mains d'Orlac" et "L'Etrange Cas du Dr Lerne") ou encore le méconnu Jean-Louis Bouquet (auteur des années 40-50, qui fut réédité chez Bourgois et en Marabout dans les années 70).

Pour la littérature italienne, il ne faut pas oublier l'Arioste et son "Orlando Furioso" (qui est assez délirant) ou, plus récemment, Calvino et Buzzati. Chez les hispanophones, il y a quand même eu Borges et Cortazar.

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Gaston Leroux (son chef d'oeuvre étant "Le fauteuil hanté", suivi de près par "La Poupée sanglante" qui fut adapté à la TV dans les années 70)

J'ai déjà lu Le Fantome de l'Opéra et Le Mystère de la chambre jaune, mais tu juges qu'ils sont mineurs à coté des deux que tu cites.

(Je suis absolument nul en littérature, il ne faut pas m'en vouloir)

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Pour la littérature italienne, il ne faut pas oublier l'Arioste et son "Orlando Furioso" (qui est assez délirant) ou, plus récemment, Calvino et Buzzati.

Je suis un peu étonné que tu qualifies ces auteurs de "fantastiques".

A mon sens, il y a dans le fantastique nécessairement un élément mythique ou légendaire (pré-existant à l'oeuvre ou non) et surtout un certain goût de l'irrationnel qui est totalement absent chez les auteurs que tu cites.

Ce qui nous mène à la question "qu'est-ce que le fantastique ?"

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Invité jabial
Je suis un peu étonné que tu qualifies ces auteurs de "fantastiques".

A mon sens, il y a dans le fantastique nécessairement un élément mythique ou légendaire (pré-existant à l'oeuvre ou non) et surtout un certain goût de l'irrationnel qui est totalement absent chez les auteurs que tu cites.

Ce qui nous mène à la question "qu'est-ce que le fantastique ?"

Buzzati, c'est pas fantastique? Quand même… Encore qu'il a pas fait que ça.

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Le substrat amerindien modifie en effet profondément la donne.

Ceci étant, il y a dans le goût espagnol du grotesque voire du repoussant, que l'on retrouve par exemple en peinture ou dans le cinéma, quelque chose qui va un peu à l'encontre de ma thèse.

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Ceci étant, il y a dans le goût espagnol du grotesque voire du repoussant quelque chose qui va un peu à l'encontre de ma thèse.

C'est tout à fait vrai en ce qui concerne la peinture: Goya et ses freaks madrilènes, par exemple.

Je ne connais pas assez bien la littérature d'Espagne pour me positionner dans ce domaine (je comptes combler cette lacune).

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Ce qui nous mène à la question "qu'est-ce que le fantastique ?"

Ah, tiens, un truc que j'ai fait en 4éme, avec une prof de Français agrégé (non, ce n'est pas un argument d'autorité).

Le fantastique, disait-elle, c'est une oeuvre dans laquelle l'auteur cherche toujours à faire hésiter le lecteur entre une explication irrationnelle et une explication rationnelle, et ceci tout au long du livre. Au contraire du merveilleux, qui lui pose, l'explication irrationnelle comme trait conducteur.

A l'époque, on avait bossé sur La Venus d'Ille de Mérimée

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Taisei , tu as répondu avant que je n'édite mon post, et je pensais également à Goya, Picasso, voire El Greco.

Je ne connais rien de comparable dans le reste de l'aire culturelle latine. Encore que j'avoue ne pas être un grand expert de la culture roumaine…

Bon, mon idée ne me semble en tout cas pas fausse a priori pour la France, l'Italie, le Portugal et la Catalogne (plus "méditerranéenne" que le reste de l'Espagne).

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Sinon, il me semble que, en général, les Français n'ont jamais été les rois de la paralittérature. Je ne dis pas, par exemple, qu'il n'y a pas eu de bon polar français, mais bien que, contrairement à la littérature américaine, cette paralittérature ne s'est jamais frottée à la "grande" littérature. Les écrivains sérieux ne s'y sont jamais mis, et les meilleurs du polar par exemple n'ont jamais eu une grosse influence sur la littératrure en général.

Il n'y a pas d'égal français de la hard boiled school.

Un exception, peut-être: la littérature d'aventure à la Dumas.

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Oui, enfin bon, ça pose surtout la question de savoir qui sont les grands auteurs français du 20ème siècle.

A priori, je n'en vois pas des masses.

Moi non plus, mais je suis un adversaire rabique de la littérature française en général post WWII. C'est mon petit aveuglement personnel, ça me fait vivre et me donne de la force au quotidien :icon_up:

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Invité jabial
Tu penses à quel bouquin ? Je n'en ai pas lu des masses, donc c'est peut-être là l'explication de ma surprise.

Bon, le Désert des Tartares c'est pas maxi fantastique, mais quand tu lis des trucs comme le Veston Ensorcelé, c'est quand même pas très ancré dans la réalité vraie :>

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Ah, tiens, un truc que j'ai fait en 4éme, avec une prof de Français agrégé (non, ce n'est pas un argument d'autorité).

Le fantastique, disait-elle, c'est une oeuvre dans laquelle l'auteur cherche toujours à faire hésiter le lecteur entre une explication irrationnelle et une explication rationnelle, et ceci tout au long du livre. Au contraire du merveilleux, qui lui pose, l'explication irrationnelle comme trait conducteur.

C'est la définition classique du genre, principalement défendue par P.G. Castex et Tzvetan Todorov. Elle n'est pas fausse, mais un peu restrictive.

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Pour les anglophones (son oeuvre n'ayant été que peu traduite chez nous) le must en matière de fantastique feutré bien horrifiant reste l'exquis professeur Montague Rhode James:

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Moi non plus, mais je suis un adversaire rabique de la littérature française en général post WWII. C'est mon petit aveuglement personnel, ça me fait vivre et me donne de la force au quotidien :icon_up:

Sans trop d'hésitations, Camus (bien que son oeuvre soit très inégale) et peut-être Yourcenar (bien que itou).

Dans le style "pas trop mal", disons Tournier et Aymé ? Giono peut-être ?

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Sans trop d'hésitations, Camus (bien que son oeuvre soit très inégale) et peut-être Yourcenar (bien que itou).

Dans le style "pas trop mal", disons Tournier et Aymé ? Giono peut-être ?

Les deux Julien, Gracq et Green (oui, je sais, ce dernier était américain, mais il écrivait dans notre belle langue, donc on peut le considérer comme français)?

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Je suis un peu étonné que tu qualifies ces auteurs de "fantastiques".

A mon sens, il y a dans le fantastique nécessairement un élément mythique ou légendaire (pré-existant à l'oeuvre ou non) et surtout un certain goût de l'irrationnel qui est totalement absent chez les auteurs que tu cites.

Ce qui nous mène à la question "qu'est-ce que le fantastique ?"

De Buzzati, je pense au recueil "Le K", à "L'Invasion de la Sicile par les ours" ou encore - mais je ne le connais que de réputation - à l'un de ses premiers récits "Le Secret du Bosco Vecchio" (qui ressortit plutôt au merveilleux).

Pour Calvino, il y a le très oulipesque "Château des destins croisés", "Cosmicomics" ou encore le cycle "I Nostri Antenati".

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J'ai déjà lu Le Fantome de l'Opéra et Le Mystère de la chambre jaune, mais tu juges qu'ils sont mineurs à coté des deux que tu cites.

(Je suis absolument nul en littérature, il ne faut pas m'en vouloir)

"Le Fantôme de l'Opéra" n'est pas à proprement parler un roman fantastique. Un peu comme le cycle "Fantômas" de Souvestre & Allain, l'atmosphère l'est, mais pas l'intrigue.

Pour "Le Mystère de la Chambre jaune", c'est un pur roman d'énigme (très bon, en l'occurrence).

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Ok pour Buzzati (même si son principal roman n'est pas fantastique) mais pas du tout pour Calvino.

Comme tu le soulignes, il était membre de l'Oulipo et les (excellents) bouquins que tu cites me semblent être étrangers au fantastique parce que totalement fondés sur des jeux logiques (même "Cosmicomics").

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Ok pour Buzzati (même si son principal roman n'est pas fantastique) mais pas du tout pour Calvino.

Comme tu le soulignes, il était membre de l'Oulipo et les (excellents) bouquins que tu cites me semblent être étrangers au fantastique parce que totalement fondés sur des jeux logiques (même "Cosmicomics").

Assurément, ils sont fondés sur des jeux logiques et langagiers, mais le résultat est "fantastique". Je pense que c'est moins l'intention ou la technique de l'auteur que le résultat final (et donc le sentiment du lecteur) qui importe ici.

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Hmmm.

J'ai lu à peu près tout Calvino et j'ai été réellement surpris que tu le qualifies d'auteur "fantastique". Le sentiment du lecteur ne correspond donc pas au mien ! :icon_up:

J'imagine que cela dépendra fortement de ta compréhension de sa technique, mais honnêtement, j'ai du mal à imaginer que quelqu'un qui lit un auteur aussi intello que Calvino ne sache pas cela.

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