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Film: 10eme Chambre, Instants D'audience


Antoninov

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Salut,

Dans le cadre du festival Ecran Total au cinéma Arenberg, quelques 90 films (indédits, classiques, reprises, …) sont projetés cet été, chaque film étant projeté plusieurs fois.

Parmi eux, "10ème chambre, instants d'audience" de Raymond Depardon (photographe français, membre de l'agence Magnum).

C'est l'une des rares fois où un cinéaste a pu poser une caméra dans un tribunal…

De mai à juillet 2003, Raymond Depardon et son équipe ont obtenu l'autorisation exceptionnelle de filmer le déroulement des audiences de la 10ème Chambre Correctionnelle de Paris. Dix ans après Délits flagrants, le cinéaste poursuit sa démarche en nous proposant ce nouveau documentaire citoyen, témoignage inédit sur le fonctionnement de la machine judiciaire. De la simple convocation pour conduite en état d'ivresse aux déférés de la nuit, 10e chambre nous plonge dans le quotidien d'un tribunal : douze affaires, douze histoires d'hommes et de femmes qui se sont, un jour, retrouvés face à la justice.

Ce film passe encore ce mercredi 6, jeudi 7, et dimanche 10.

Sinon, programme et horaire complet sur:

http://www.arenberg.be/

Quelqu'un a vu ce film?

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Invité Miredo

J'ai vu ce film. Très intéressant quant au fonctionnement de ce type de tribunal. Apparemment, le métier de juge n'est pas simple. Quelques exemples emblématiques de personnes paumées, roublardes, procédurières… Humanité de la juge, dans ses décisions et ses faiblesses. Bref : à voir.

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Voilà, j'en reviens ou presque.

Mon verdict: très intéressant.

Bon certains clichés: la difficulté de juger, le procureur et ses grandes phrases pour un petit délinquant, les avocats commis d'office de qualité inégale… mais très bien. Pas de grand message au montage, juste un témoignage, des instants choisis pour faire passer certaines émotions. Et pas de tournage ou montage complexe (les caméras étaient fixes, etc) donc pas d'effets compliqués.

Juste deux perles:

1) le type qui se défend lui-même et énerve la juge parce qu'il cite le code pénal

il prétend -apparement avec raison pour ce qu'on voit- que son opinel numéro 8 n'est pas une arme de catégorie x, contrairement à ce que dit le procureur, et comme il le savait au moment de son arrestation (musclée), il a refusé la prise d'empreintes… les deux faits lui sont reprochés. le procureur s'énerve et ça tourne un peu mal.. ça fait peur… à première vue, c'est un peu le gars contre le système et le système qui lui tape bien fort dessus pour calmer toute envie de résister.

(question stratégie, il aurait mieux fait de faire dire les mêmes arguments par un avocat, ce serait mieux passé je pense, parce qu'il s'est pris quelques remarques du juge genre: "vous n'avez pas étudié le droit, vous".)

2) le type qui roule sans permis depuis longtemps, avoue qu'il est même venu au tribunal en voiture (le mec était un jeune type sympa et très attachant, une bonne bouille) et qui va peut-être se faire condamner à quelques travaux d'intérêt généraux:

- vous savez ce que sont des travaux d'intérêt généraux?

- un TIG!

- TIG, oui…

- ben oui, ça veut dire… euh.. travailler gratuitement..

- travailler gratuitement oui si on veut, et pourquoi ou pour qui?

- ben euh… pour vous, m'dame le juge! :icon_up: la salle a applaudi…

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Très bon docu en effet, dans le même esprit que "Délits Flagrants".

La salle riait beaucoup…

ben t'étais là??

oui la salle riait beaucoup… si tu as entendu en particulier un mec qui riait assez fort, dans les aigus, et plus longtemps que les autres, c'était le pote avec qui j'étais.

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t'as le cinéma Flagey qui doit être pas mal dans son genre :icon_up:

j'y suis allé voir un film suédois mardi: des jeunes mi-paumés mi-fêtards qui se cherchent un peu, mais en tous cas n'aiment pas le parti nationaliste en campagne à ce moment-là. Ils finissent par enlever le chef du parti (profitant d'une anesthesie) et veulent l'emmener dans une banlieue difficile pour lui montrer que les gens y sont sympas. Là, ils sont accusés d'êtres membres de ce parti et se retrouvent à protéger le "nazi endormi" contre la vindicte du quartier.. celui-ci finira par les remercier. Bon sinon le reste c'est une petite histoire d'amour, le tout entrecoupé d'images de manifs et de repression policière..

pas transcendant mais sympa. un bon moment.

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ben t'étais là??

oui la salle riait beaucoup… si tu as entendu en particulier un mec qui riait assez fort, dans les aigus, et plus longtemps que les autres, c'était le pote avec qui j'étais.

Je ne pense pas, nous avons été samedi soir.

Le programme du Flagey n'est pas mal non plus, mais je déconseille "Sangre", un film mexicain assez tordu.

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Hello,

10ème chambre est en effet un très bon documentaire, très symptomatique du fonctionnament de la justice.

J'ai particulièrement apprécié le passage avec le psychologue qui se défend seul.

C'est bien là qu'on sent toute la suffisance de la juge, tellement certaine de détenir la vérité. On sent qu'elle n'est finalement à l'aise qu'avec des illettrés devant lesquels elle peut jouer la maîtresse d'école". Dès qu'elle est face à quelqu'un d'éduqué (bac + 5 dans le cas du psy), elle se sent menacée et devient extrêmement agressive. Alors pour bien montrer qu'elle domine (bah oui, c'est elle qui représente l'Etat, le Droit) elle empêche le type de se défendre. Pourtant, sa défense était bien moins mauvaise que celle des avocats extrêmement mauvais que l'on voit précédemment.

Je regrête que noue n'ayons pas le jugement de ce pauvre homme qui a toute ma sympathie (tout comme celui qui conduit sans permis). l'un d'entre vous a-t-il pu se rappeler son nom? une petite recherche sur le net pourrait ensuite nous éclairer sur la mauvaise foi de la juge.

Parce que franchement, le coup sur les "armes par destination", ce n'était pas convainquant: c'est certain que mes chaussures à talon aiguille peuvent me permettre de crever l'oeil de qqn, est-il pour autant nécessaire que l'Etat m'interdise d'en porter ?????

Bien à vous,

Sabine

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Hello…

Je regrette que nous n'ayons pas le jugement de ce pauvre homme qui a toute ma sympathie (tout comme celui qui conduit sans permis). l'un d'entre vous a-t-il pu se rappeler son nom? une petite recherche sur le net pourrait ensuite nous éclairer sur la mauvaise foi de la juge.

Attention que, comme précisé au début du film, la plupart des noms ont été modifiés (on l'entend, à chaque fois qu'un nom est prononcé, que la nom a été doublé par un faux nom au montage). Mais c'est clair que j'aurais bien voulu savoir ce qu'il lui est arrivé au final…

Parce que franchement, le coup sur les "armes par destination", ce n'était pas convainquant: c'est certain que mes chaussures à talon aiguille peuvent me permettre de crever l'oeil de qqn, est-il pour autant nécessaire que l'Etat m'interdise d'en porter ?????

Si j'ai bien compris, c'est parce que son opinel était classé comme 'arme par nature' qu'il était poursuivi, alors que lui l'aurait classé comme 'arme par destination',

la loi n'interdisant pas de porter une 'arme par destination': tournevis, petit opinel, talon-aiguille, …

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Si j'ai bien compris, c'est parce que son opinel était classé comme 'arme par nature' qu'il était poursuivi, alors que lui l'aurait classé comme 'arme par destination',

la loi n'interdisant pas de porter une 'arme par destination': tournevis, petit opinel, talon-aiguille, …

Non, je n'ai pas compris ça. Dans mon souvenir, le psy dit que son opinel n'est pas une arme de la catégorie interdite. Il cite la taille de la lame et son épaisseur. Il A RAISON. Mais la juge pleine de suffisance lit en entier l'article du code pénal qui interdit de porter sur soi des armes de telle taille et telle épaisseur. Le pb de cet article c'est qu'il se termine par qqch du genre "… et toute arme par destination".

Donc son opinel qui en effet ne rentrait pas dans la catégorie interdite du fait de sa trop petite taille, finit par y rentrer quand même, car son opinelle peut devenir une "arme par destination". Tout est question d'interprétation, et vous imaginez celle de cette juge qui se sent piquée au vif dans sa connaissance du droit.

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J'ai pu être témoin, en assistant à des comparutions immédiates, d'une scène rejoignant celle de l'homme à l'opinel.

Il s'agissait ici d'un prévenu alcoolique, à qui l'on reprochait je ne sais quel fait, tellement celui-ci était dérisoire. Et, lorsque l'homme prit la parole, chaque personne présente dans la salle d'audience fut époustouflée par l'éloquence et le recul sur lui-même dont faisait preuve ce RMIste, bien meilleur orateur que son avocate.

En effet, il expliquait qu'il souffrait d'un problème récurant avec l'alcool, et que les mesures plus symboliques qu'efficaces qu'avait précédemment pris la justice pour y remédier avaient échoué. L'homme, pointant les incohérences du réquisitoire d'un procureur bien prétentieux, a même poussé celui-ci à une confidence : ses erreurs étaient dues à "une lecture approximative du dossier"…

Enfin, le verdict est tombé : prison ferme qui "au moins, privera le prévenu de boisson"…

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C'est le bon sens même.

Sinon, mes bons amis, l'éloquence, ça sert peut-être en Cour d'assises et dans les "courtroom dramas" du cinéma américain, mais dans la vraie vie des prétoires, ce n'est réellement pas cela qui fait la différence. Souvent, il vaut même nettement mieux la mettre en sourdine.

Je n'ai pas vu le film, donc je ne peux pas vous donner mon avis éclairé sur les faits précis relatés ici, mais sachez que souvent les personnes qui assistent à un procès ne pigent absolument pas ce qui est important et ce qui ne l'est pas. Et de fait, quand on est un professionnel, on se fatigue vite de se faire donner des cours de droit par des personnes qui en ignorent tout.

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Invité Miredo

Le coup du gars à l'opinel est en effet particulièrement intéressant. Encore une fois : il a raison. Le seul problème, c'est qu'il est terriblement maladroit et qu'on sent qu'il a l'habitude, lui aussi, de donner des cours aux gens et donc d'être dans une position de domination. Ce genre d'expérience où il se trouve dans la position de celui qui se fait humilier alors qu'il est pleinement dans son droit lui a sans doute fait du bien (ce qui ne veut pas dire, bien sûr, que ce qui s'est passé est bien). La juge a l'air aussi crevée (apparemment, il y a des jours où les comparutions durent jusqu'à 2 h du matin…) et on a l'impression qu'elle craque. Assez humain, finalement. Dommage (ou révoltant) pour le type qui comparaît.

Pour le gars qui conduit sans permis, on est en face d'un décalage complet, d'une incompréhension totale. La vraie faille du système judiciaire est là, béante. On peut l'interpréter à mon avis de deux façons. Dans une optique libérale : l'Etat n'a pas à intervenir là où personne n'est lésé (ce qui est le cas, si je me souviens bien : tout ce qu'il a fait de "mal", c'est de conduire sans permis pour bosser). Dans une optique marxiste : la position du gars dans les rapports de production lui impose de prendre des risques (ici légaux) qu'il ne prendrait pas s'il avait la possibilité réelle d'avoir un autre boulot et de passer son permis. Dans les deux cas, la réponse de la juge (qui condamne, même si on ne connaît pas exactement la sentence) est à côté de la plaque.

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La faille du système judiciaire serait de ne PAS condamner un type qui a enfreint une loi votée par le parlement.

Un juge est là pour appliquer les lois, pas pour les faire, en décidant laquelle il applique ou non, ou encore en inventant des solutions créatives. Je rappelle qu'un juge n'est pas élu, qu'il est inamovible et qu'il ne doit de comptes à personne, sauf gros problème pénal ou disciplinaire.

La vraie solution est que les politiciens votent moins de lois stupides sans lien aucun avec le sentiment de justice des gens et assorties de sanctions draconiennes histoire de bien enfoncer le clou. En d'autres termes, qu'on arrête de vouloir changer la société contre son gré.

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J'ai particulièrement apprécié le passage avec le psychologue qui se défend seul.

C'est bien là qu'on sent toute la suffisance de la juge, tellement certaine de détenir la vérité. On sent qu'elle n'est finalement à l'aise qu'avec des illettrés devant lesquels elle peut jouer la maîtresse d'école". Dès qu'elle est face à quelqu'un d'éduqué (bac + 5 dans le cas du psy), elle se sent menacée et devient extrêmement agressive. Alors pour bien montrer qu'elle domine (bah oui, c'est elle qui représente l'Etat, le Droit) elle empêche le type de se défendre. Pourtant, sa défense était bien moins mauvaise que celle des avocats extrêmement mauvais que l'on voit précédemment.

Très bonne analyse en effet. C'est fou comme les positions, rôles, représentations réciproques, etc., déterminent bien plus la communication car basées sur la définition (et des tentatives mutuelles de définition) de la relation, plutôt que sur le contenu.

Hélà j'ai pris le film en cours lors de sa rediffusion à la télé et n'ai pas pu tout voir. Mais j'ai reconnu de suite la griffe de Depardon, ayant quelques instants cru que c'était le premier qui repassait.

Excellent, et qui montre bien l'abîme entre deux mondes. Celui qui est, avec sa simplicité, son bon sens, son innocence même. Et celui qui doit être. Quant à savoir qui l'a décidé…

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Il y a aussi les "carnets de justices" de Libération (qui n'est, certes, pas un journal proche de nos idées), paraissant tous les lundis. C'est un petit texte qui relate une ou plusieurs comparution immédiates, et qui fait bien ressortir la différence entre ces "deux mondes" qui sont contraints de s'affronter pendant un moment.

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