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Lectures Estivales, Lectures Libérales


(V)

Messages recommandés

Voici quelques uns des ouvrages que je me suis procuré au cours de ces dernières semaines, en rapport avec le libéralisme :

> L'Etat, de Atila Ozer :

Vous connaissez peut-être la collection Corpus de Flammarion : des sélections de textes philosophiques de référence choisis et présentés par un auteur sur un thème donné. Pour ma part j'avais déjà quelques ouvrages de cette collection dont je m'étais servi pour des cours, et je peux garantir qu'ils présentent un bon début de biblio et de pistes à suivre. Si je me suis arrêter sur celui-ci, c'est d'abord parce que le titre de la Ve partie a retenu mon attention : "Le nécessaire recul de l'Etat", et, en feuilletant, j'ai eu la surprise de découvrir que les deux derniers textes étaient de Nozick et Rothbard. Comme quoi les libertariens percent toujours un peu plus dans le milieu universitaire français. Ca a suffit à motiver mon achat. Je me suis contenté de le feuilleter quelques fois, mais c'est justement l'intérêt de ce format : vous le laissez traîner aux wc, et à chaque commission vous prenez le temps de lire un extrait et son commentaire :

> Les fondements philosophiques du libéralisme, de Francisco Vergara :

Le meilleur "manuel libéral" sur lequel je suis tombé à ce jour ! Peu de pages (200 pages et non un pavé de 600), dans une collection très agréable à manipuler (ça compte) qui reprend tous les grands auteurs de Locke, Smith, Bentham, Hume, à Hayek, Friedman, Rawls, en passant par Turgot, Condorcet, John Stuart Mill, Kant, etc. Néanmoins la thèse de l'auteur en irritera peut-être certains sur ce forum : en confrontant les points de vue et conceptions des anciens et des modernes sur le libéralisme, l'auteur cherche en fait à montrer en quoi le courant de pensée "ultra-libéral" (le terme est employé par l'auteur…) qui réunit Hayek et Friedman appartient en fait à une tradition philosophique opposée à celle du libéralisme classique. Malgré cela, ou plutôt grâce à cela, je pense que cet ouvrage est une excellente entrée en la matière surtout pour un non-libéral :

> Les Théories de la justice, de Will Kymlicka :

L'un des ouvrages les plus passionnants que j'ai lu dernièrement. Tout comme pour l'Etat, ce qui a de suite retenu mon attention est le fait que les libertariens soient pris en considération dans cet ouvrage - ils y ont même la part belle. Les théories de la justice explorées : libéraux, utilitaristes, libertariens, marxistes, communautariens, et féministes. Cet ouvrage vise, selon l'auteur, à introduire en France un débat sur les théories de la justice encore mal connu mais qui anime vivement le monde anglo-saxon. L'ouvrage est génial car chaque page, chaque paragraphe, est l'amorce d'une immersion en problèmes profonds, soulève des milliers de questions et ouvre des millions de pistes, chaque page mériterait d'être discutée et développée sur un ouvrage entier. Bref, une lecture terriblement excitante ! Par contre, quelques points qui peuvent surprendre : "libéral" est entendu selon son sens anglo-saxon, ce qui peut prêter à confusion (l'auteur ne cesse de parler de "l'égalité libérale" à ce sujet, de "compensation des handicaps naturels", des "taxes et redistribution", et de "l'argument du contrat social") ; quant à "libertariens", le sous-titre de la 1ere partie du chapitre qui leur est consacré est "les différentes théories politiques de droite"… Enfin bon, l'ouvrage est par ailleurs si riche et tellement agréable à lire que ce serait idiot de buter sur ces points de détails :

Will Kymlicka est également l'auteur de La Citoyenneté multiculturelle, une théorie libérale du droit des minorités (que je n'ai pas lu) :

> Histoire intellectuelle du libéralisme, de Pierre Manent

Une référence je suppose, mais très désagréable à lire. L'auteur explore des voies assez originales, que je n'ai pour autant pas pris le temps de suivre jusqu’au bout à ce jour tellement le style est gavant. Du coup je ne me suis pas non plus encore trop plongé dans son autre ouvrage, son Cours familier de philosophie politique, qui m'a pourtant l'air beaucoup plus intéressant après l'avoir simplement feuilleté. (Enfin, quoiqu’il en soit, Pierre Manent demeure une référence pour les libéraux, notamment grâce à son anthologie du libéralisme Les libéraux citée comme ouvrage de référence sur ce forum) :

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Il y a quelques mois, j'avais acheté le GF Corpus sur l'Etat pour les mêmes raisons que toi, Valentin. J'ajoute qu'il est paradoxalement bien plus intéressant, pour s'instruire sur le libéralisme, que celui conçu par Mikaël Garandeau (intitulé… "Le Libéralisme").

Merci aussi pour ta recension du bouquin de Vergara, dont je connaissais uniquement le titre. Je vais peut-être l'acheter.

Enfin, d'accord avec toi pour P. Manent: il est assez pelant (son cours de philosophie politique n'a pas franchement retenu mon attention). Mais, bon, c'est logique: il est aronien. :icon_up:

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Il y a quelques mois, j'avais acheté le GF Corpus sur l'Etat pour les mêmes raisons que toi, Valentin. J'ajoute qu'il est paradoxalement bien plus intéressant, pour s'instruire sur le libéralisme, que celui conçu par Mikaël Garandeau (intitulé… "Le Libéralisme").

Merci aussi pour ta recension du bouquin de Vergara, dont je connaissais uniquement le titre. Je vais peut-être l'acheter.

Bien que je sois d'accord avec ce que dit valentin, c'est vraiment très succinct. Je ne pense pas que cela t'apprennes quoi que ce soit. Il ne cite ni Molinari, ni Rand, ni Nozick, ni Rothbard, par exemple quand il parle des ultra libéraux. Et il prend quelquefois parti sans développer.

Ex : "il en est ainsi dans les zones densément peuplées de la liberté de construire une installation qui fait du bruit, qui dégage de mauvaises odeurs, ou qui conduit à une prolifération des insectes. Il est évident que ces libertés doivent être limitées"

Quand au périodes libérales du 19éme siécle il laisse clairement entendre dans sa conclusion que c'est du passé et… dépassé selon lui.

Donc, Bof ! Mais bon il est vrai que cela se lit agréablement et que ce n'est qu'une introduction.

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Bien que je sois d'accord avec ce que dit valentin, c'est vraiment très succinct. Je ne pense pas que cela t'apprennes quoi que ce soit. Il ne cite ni Molinari, ni Rand, ni Nozick, ni Rothbard, par exemple quand il parle des ultra libéraux. Et il prend quelquefois parti sans développer.

Ex : "il en est ainsi dans les zones densément peuplées de la liberté de construire une installation qui fait du bruit, qui dégage de mauvaises odeurs, ou qui conduit à une prolifération des insectes. Il est évident que ces libertés doivent être limitées"

Quand au périodes libérales du 19éme siécle il laisse clairement entendre dans sa conclusion que c'est du passé et… dépassé selon lui.

Donc,  Bof ! Mais bon il est vrai que cela se lit agréablement et que ce n'est qu'une introduction.

Merci pour les précisions. Mais, afin d'affiner mes arguments, j'aime aussi me renseigner sur la manière dont les auteurs libéraux sont perçus par des non libéraux qui prennent le temps d'écrire sur eux autre chose que des articles du genre "Mode diplodocus" et consorts.

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Pierre Manent m'a fait un compliment, il a trouvé que j'étais très pertinent et que j'avais raison donc c'est mon ami pour la vie, je vous interdis d'en dire du mal. :doigt: Ses livres sont exceptionnels, j'adore. :warez:

D'après certaines sources, j'ai cru comprendre que les libertariens lui insupportaient. De deux choses, soit il s'est moqué de toi, soit tu t'es fait passer pour AK72 ! :icon_up:

Pour Valentin, un autre essai de Manent, au titre très straussien je trouve:

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Sinon, je suis en train de lire un vieux "Pluriel" trouvé en occasion:

Benjamin Constant, De la Liberté chez les Modernes (avec une longue préface de Marcel Gauchet, parfois illisible), 1980.

En plus de la célèbre conférence donnant son titre au recueil, il comprend une autre version des "Principes de Politique" que celle disponible depuis 1998 dans la même collection, ainsi que "De L'Esprit de conquête et d'usurpation" (paru ensuite en GF).

Surtout, on peut y lire ses "Mélanges de littérature et de politique" où il évoque ses conceptions économiques et discute les thèses de Dunoyer, Bentham (contre lesquels il défend le jusnaturalisme), ou l'anarchiste Godwin (qu'il a également traduit en français).

Fab', désolé: édition pas disponible sur Amazon.

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Tiens, "l'écart naît du chemin à cent dents" (comme dirait le cher Maître du Monde) présente le bouquin de Vergara ici: http://www.cca-fr.net/carnetlecture/carnet…sco_vergara.htm

A vrai dire Vergara se cantonne à une critique méthodologique de l'ultralibéralisme, pas une critique de fond.

D'abord il critique surtout hayek en disant que celui ci passe de l'utilitarisme au droit naturel quand ça l'arrange :icon_up:ça c'est peut être pas faux).

"La méthode de Hayek et celle de Turgot et de Condorcet, différent en ce que ces derniers utilisaient toujours le même critère ultime, tandis que Hayek, comme nous venons de le voir change le sien selon le sujet examiné."

Ca c"est l'éclectisme dont souffriraient les ultra libéraux, mais pas tous puisque ce n'est pas le cas de Turgot.

Quand ils sont seulement utilitaristes c'est pas bien non plus et là il cite Spencer :

"La fièvre typhoîde et la diphtérie écrit Spencer sont diffusés par le systéme de drainage d'Etat. A Edimbourg il n'y avait absolument pas de typhoide dans les parties sans drainage de la ville, tandis que cette maladie était très répandue dans les quartiers draînés."

Après avoir cité cet exemple, ce qui est curieux c'est que Verarga a l'air de s'étonner que Spencer pense que l'action publique en matière de santé et d'hygiène est contreproductive.

Donc voilà, peut être pas impartial, mais le bouquin à quelques qualités.

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L'ouvrage de Vergara ressemble à une tentative de récupération du terme "libéralisme" au profit de démocrates-sociaux. Je ne l'ai pas lu, mais distinguer un "libéralisme" d'un "ultralibéralisme" en citant Rawls, Keynes et Schumpeter ça frise le ridicule.

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L'ouvrage de Vergara ressemble à une tentative de récupération du terme "libéralisme" au profit de démocrates-sociaux. Je ne l'ai pas lu, mais distinguer un "libéralisme" d'un "ultralibéralisme" en citant Rawls, Keynes et Schumpeter ça frise le ridicule.

En fait, en lisant son papier sur Turgot, j'ai eu l'impression qu'il cherchait à faire croire que les libéraux contemporains trahissaient la tradition libérale classique. C'est toujours amusant quand un social-démocrate donne des leçons de libéralisme, je trouve !

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Et voici un article de Vergara assez représentatif de ce que Valentin a expliqué me semble-t-il:

http://pageperso.aol.fr/VERGAJOFRA/Turgot28mars2005.pdf

Oui mais la critique de son bouquin se limite à hayek et friedman. Moi je voudrais bien le voir critiquer Nozick et Rothbard qui tous les deux se situent dans la lignée de Turgot (adeptes du droit naturel et non de l'utilitarisme). Puisque manifestement il admire Turgot qui s'en tient à un principe de justice. Qu'a t il a nous dire sur les contemporains qui s'inspirent du même principe ?

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L'ouvrage de Vergara ressemble à une tentative de récupération du terme "libéralisme" au profit de démocrates-sociaux. Je ne l'ai pas lu, mais distinguer un "libéralisme" d'un "ultralibéralisme" en citant Rawls, Keynes et Schumpeter ça frise le ridicule.

En fait sa thèse est la suivante.

Les libéraux classiques, qu'ils se réclament du droit naturel (principe de référence : la liberté) ou de l'utilitarisme (principe de référence : le bonheur) ne condamnent pas systématiquement l'intervention de l'Etat. Ceux qui le font, comme Hayek et Friedman, se réclament alternativement de l'un ou de l'autre de ces principes. C'est une erreur méthodologique qui fait planer un doute sur le sérieux de leurs conclusions.

Donc le jugement rendu en première instance sur la culpabilité de l'interventionnisme étatique est cassé pour vice de forme. Mais la cour ne se prononce pas sur le fond. :icon_up:

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De plus, si deux libéraux contemporains ne condamnent pas systématiquement l'interventionnisme étatique, ce sont justement bien Hayek et M. Friedman.

Oui, bien sûr, je me suis mal exprimé. Au nom du libéralisme classique, qui ne condamne pas systématiquement l'intervention de l'Etat, l'auteur critique Hayek et friedman qui n'y sont pas totalement opposés, alors qu'il ne fait même pas allusion à ceux qui le sont (nozick) voire suppriment la cause de toute intervention (Rothbard).

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