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Droit Et Utilité


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Disons que j'utilisais implicitement la définition (classique) de l'utilitarisme selon laquelle il faut promouvoir ce qui tend à maximiser la somme (ou une somme pondérée) des utilités individuelles.

Peut-être les utilitaristes de ce forum ne se reconnaîtront-il pas là-dedans ?

Ce que tu écris ne s'applique qu'à la théorie micro-économique, qui est un champ tout de même restreint.

Sinon, on peut utiliser des fonctions d'utilité pour construire des modèles sans pour autant être utilitariste, tant que l'on ne fait pas de comparaisons inter-individuelles.

Exact, encore une fois, mon seul et unique but est de ne pas faire dévier le débat vers la question "la mesure du bien-être est-elle possible?"

En effet, je ne peux pas dire "la fonction d'utilité gastronomique de Ronnie vaut 12,3 pour le couscous, 15,7 pour la choucroute, etc…"

Des données qualitatives peuvent être extraites.

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On pourrait encore pousser le raisonnement plus loin, mais avant de le faire, quel lien établis-tu entre utilité et plaisir ? Je n'arrive pas à concevoir comment une action me conduisant au "mal être" puisse m'être utile, à part si l'on différencie "mal être" et "douleur".

Ce que j'essaie de dire, c'est qu'il n'y a pas nécessairement de lien.

C'est au fond un problème de terminologie. La théorie économique parle d'utilité pour exprimer des relations d'ordre entre des choix. Ce qui est "utile", c'est ce que tu choisis, c'est tautologique. Mais faire le lien entre l'utilité ainsi entendue, et une notion de plaisir, c'est faire un saut que rien n'autorise à mon avis.

Tu peux choisir d'être tué plutôt que de tuer par exemple.

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Disons que j'utilisais implicitement la définition (classique) de l'utilitarisme selon laquelle il faut promouvoir ce qui tend à maximiser la somme (ou une somme pondérée) des utilités individuelles.

Peut-être les utilitaristes de ce forum ne se reconnaîtront-il pas là-dedans ?

En ce qui me concerne, pas exactement en fait : comme je le disais au début de ce même fil, l'utilité, à la base, n'a de sens que d'un point de vue individuel. Je cherche à maximiser ma propre utilité ; si je cherche à maximiser celle des autres individus cela ne sera que pour mieux maximiser la mienne. Ceci étant dit, les hommes sont liés entre eux, leurs vies dépendent de celles d'autres individus, leur plaisir dépend de celui d'autres individus. Le concept d'utilité "commune" n'est donc pas forcément dénué de sens à mes yeux, mais je ne le vois que comme étant subordonné au principe d'utilité individuelle. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre, je détaillerai si l'on me le demande.

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En ce qui me concerne, pas exactement en fait : comme je le disais au début de ce même fil, l'utilité, à la base, n'a de sens que d'un point de vue individuel. Je cherche à maximiser ma propre utilité ; si je cherche à maximiser celle des autres individus cela ne sera que pour mieux maximiser la mienne. Ceci étant dit, les hommes sont liés entre eux, leurs vies dépendent de celles d'autres individus, leur plaisir dépend de celui d'autres individus. Le concept d'utilité "commune" n'est donc pas forcément dénué de sens à mes yeux, mais je ne le vois que comme étant subordonné au principe d'utilité individuelle. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre, je détaillerai si l'on me le demande.

Mais alors comment définis-tu ton utilitarisme ?

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En ce qui me concerne, pas exactement en fait : comme je le disais au début de ce même fil, l'utilité, à la base, n'a de sens que d'un point de vue individuel. Je cherche à maximiser ma propre utilité ; si je cherche à maximiser celle des autres individus cela ne sera que pour mieux maximiser la mienne. Ceci étant dit, les hommes sont liés entre eux, leurs vies dépendent de celles d'autres individus, leur plaisir dépend de celui d'autres individus. Le concept d'utilité "commune" n'est donc pas forcément dénué de sens à mes yeux, mais je ne le vois que comme étant subordonné au principe d'utilité individuelle. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre, je détaillerai si l'on me le demande.

C'est précisément parce qu'elle n'a de sens que d'un point de vue individuel qu'elle n'en a pas d'un point de collectif; comment comparer les préférences d'un individu avec celles d'un autre et finalement arriver au grand calcul final qui te permettra de dégager une solution idéale ?

En d'autres termes, le problème est que tu dois faire le saut d'un mesure subjective et relative vers une mesure objective et absolue.

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Je ne sais que te répondre tellement ça me semble évident; peut-être que l'autre branche de l'alternative est absurde ?

Peut-être les deux solutions ne sont pas les bonnes. Ce que je veux dire, c'est qu'est-ce qui nous dit a priori que les traits nous caractérisant aujourd'hui sont ceux qui vont favoriser la vie humaine ? D'autre part, qu'entends-tu par "favoriser la vie humaine" ? Donner le maximum de chances à un individu d'accéder au bien-être ? Permettre la survie de la civilisation le plus longtemps possible ?

Ce que j'essaie de dire, c'est qu'il n'y a pas nécessairement de lien.

C'est au fond un problème de terminologie. La théorie économique parle d'utilité pour exprimer des relations d'ordre entre des choix. Ce qui est "utile", c'est ce que tu choisis, c'est tautologique. Mais faire le lien entre l'utilité ainsi entendue, et une notion de plaisir, c'est faire un saut que rien n'autorise à mon avis.

Tu peux choisir d'être tué plutôt que de tuer par exemple.

Donc si je te suis, ce que tu es en train de dire, c'est que ce que l'on fait est par définition utile mais ne conduit pas nécessairement au plaisir ? Si c'est ce que tu veux dire, je suis aux premiers abords d'accord avec cela.

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C'est précisément parce qu'elle n'a de sens que d'un point de vue individuel qu'elle n'en a pas d'un point de collectif; comment comparer les préférences d'un individu avec celles d'un autre et finalement arriver au grand calcul final qui te permettra de dégager une solution idéale

En d'autres termes, le problème est que tu dois faire le saut d'un mesure subjective et relative vers une mesure objective et absolue.

1 - Comme je l'ai démontré, c'est une erreur de se référer au concept de mesure numérique pour parler des données traitées par les utilitaristes comme DMT.

2 - Lorsque, par exemple, on cherche à observer la fonction d'utilité gastronomique de Ronnie, et celle de Chitah, a priori il faudra aussi observer celle de "Chitah plus Ronnie allant au resto ensemble*" pour l'obtenir.

Il n'y a pas de règles de composition à trouver, à mon avis, a priori. Car les fonctions d'utilité n'étant pas forcément numériques, elles se composent à mon avis mal!

Ainsi: on peut très bien se poser le problème suivant: "quel est la fonction d'utilité gastronomique de deux personnes, un belge et un français, allant au restaurant ensemble?" dont la résolution passera par l'observation de Ronnie et Chitah, mais pas seulement.

Ensuite, seront aggrégés les résultats, et la question à la réponse sera trouvée.

(* je suis pas sûr que ça puisse arriver un jour à nouveau, mais bon)

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Au fait, si on en est là, c'est parce que DMT laissait à penser qu'il y aurait une sorte d'unité de mesure de l'utilité à travers la dopamine.

(@DMT : ce n'est pas un procès en sorcellerie, c'est juste pour situer les choses)

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Peut-être les deux solutions ne sont pas les bonnes. Ce que je veux dire, c'est qu'est-ce qui nous dit a priori que les traits nous caractérisant aujourd'hui sont ceux qui vont favoriser la vie humaine ?

On oriente son action en se fondant sur une réalité observable - la nature humaine telle qu'elle est - et non sur des hypothèses.

Je ne crois pas que la nature humaine changera jamais, mais si elle le fait, le droit naturel changera avec elle.

D'autre part, qu'entends-tu par "favoriser la vie humaine" ? Donner le maximum de chances à un individu d'accéder au bien-être ? Permettre la survie de la civilisation le plus longtemps possible ?

Les deux. Et c'est là qu'il y a une jonction possible, non pas avec l'utilitarisme, mais avec un certain pragmatisme: la réflexion sur ce qui est conforme ou non à la nature humaine doit évidemment se fonder sur l'observation.

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Au fait, si on en est là, c'est parce que DMT laissait à penser qu'il y aurait une sorte d'unité de mesure de l'utilité à travers la dopamine.

Ah d'accord, hé bien dans ce cas il va falloir qu'il détaille.

On dirait que c'est un utilitariste matérialiste, en fait. Au lieu d'utiliser par exemple un questionnaire qualitatif pour observer le plaisir ressenti par les gens ("vous avez aimé, peu, très peu, beaucoup, etc…"), il mesure l'évolution de dopamine.

Je ne sais pas si cela change grand chose, en fait, je me pose la question si du coup ce qu'écris est encore valable, et s'applique à DMT. J'ai le sentiment que oui.

EDIT: après relecture attentive, je ne suis pas certain que DMT parle de mesurer la dopamine pour construire sa fonction d'utilité, mais laissons parler l'intéréssé.

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En ce qui me concerne, pas exactement en fait : comme je le disais au début de ce même fil, l'utilité, à la base, n'a de sens que d'un point de vue individuel. Je cherche à maximiser ma propre utilité ; si je cherche à maximiser celle des autres individus cela ne sera que pour mieux maximiser la mienne. Ceci étant dit, les hommes sont liés entre eux, leurs vies dépendent de celles d'autres individus, leur plaisir dépend de celui d'autres individus. Le concept d'utilité "commune" n'est donc pas forcément dénué de sens à mes yeux, mais je ne le vois que comme étant subordonné au principe d'utilité individuelle. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre, je détaillerai si l'on me le demande.

C'est la question principale du libéralisme dans son approche économique et donc utilitariste. La maximisation de l'utilité individuelle conduit-t-elle à une harmonie collective, à maximiser l'utilité collective? Ou au contraire faut-t-il poser des limites à l'utilité individuelle, notamment en créant une solidarité collective financée par l'ensemble de la catallaxie?

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Mais alors comment définis-tu ton utilitarisme ?

Mon utilitarisme part du principe que la notion de bonheur, de bien-être, etc. est subjective. Mon utilitarisme consiste donc à permettre à tout un chacun d'accéder au bonheur, mais ce bonheur n'est possible qu'en satisfaisant le bonheur des autres individus. J'aboutis donc au principe d'utilité commune.

En d'autres termes, le problème est que tu dois faire le saut d'un mesure subjective et relative vers une mesure objective et absolue.

Je ne suis pas forcément en désaccord avec toi sur ce point-ci. En analysant la réalité et plus particulièrement le comportement humain, on peut dégager des lois générales qui sont toujours vraies. De mon point de vue, c'est donc ce qui est toujours utile qui fonde le juste, et non le contraire ; c'est peut-être là que nos théories divergent.

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Tiens, la question de l'aggrégation des fonctions d'utilité me rappele une scène fameuse du film Encore avec Jackie Berroyer.

Trois personnes, une femme, son prof (futur amant), et son amant du jour.

Quatre tartes, deux à la fraise, deux aux poires.

Le prof prend la femme à part, en lui disant: "je parie que ton mec va prendre une tarte aux poires".

Et il gagne son pari.

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Au fait, si on en est là, c'est parce que DMT laissait à penser qu'il y aurait une sorte d'unité de mesure de l'utilité à travers la dopamine.

(@DMT : ce n'est pas un procès en sorcellerie, c'est juste pour situer les choses)

En fait non, ce n'est pas possible car cela aboutierait tout simplement à n'importe quoi. Le principe de calcul d'unités à dopamine possède un sens d'un point de vue individuel mais non collectif. Imaginons par exemple cinq hommes. Si A tue B,C,D et E, nous savons que l'indice d'utilité de A passera de 1u à par exemple 10u. D'un autre côté, si B,C,D et E ne sont pas tués, leur "indice d'utilité" s'incrémentera pour chacun d'une unité. Si l'on s'en tient au principe que le but d'une société est de battre le score d'unités d'utilité individuelle, nous aboutissons donc au résultat qu'il est utile que l'individu A descende ses collègues, ce qui, bien entendu, est complètement loufoque : je laisse à chacun le soin d'imaginer une société qui serait construite sur ce principe.

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Je ne suis pas forcément en désaccord avec toi sur ce point-ci. En analysant la réalité et plus particulièrement le comportement humain, on peut dégager des lois générales qui sont toujours vraies. De mon point de vue, c'est donc ce qui est toujours utile qui fonde le juste, et non le contraire ; c'est peut-être là que nos théories divergent.

J'ai l'impression à te lire que tu es le Monsieur Jourdain du jusnaturalisme ! :icon_up:

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Je ne suis pas forcément en désaccord avec toi sur ce point-ci. En analysant la réalité et plus particulièrement le comportement humain, on peut dégager des lois générales qui sont toujours vraies. De mon point de vue, c'est donc ce qui est toujours utile qui fonde le juste, et non le contraire ; c'est peut-être là que nos théories divergent.

Je pense que le concept d'utilité commune s'approche de celui d'intérêt général et stipule donc un raisonnement qui n'est pas loin du socialisme…!

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@ DMC

OK.

Mais c'est une définition très éloignée des conceptions classiques, tu n'es pas ce que l'on appelle couramment un utilitariste (si j'ai bien compris).

Ma vision des choses est un peu particulère je te l'accorde, d'un autre côté, je me sens beaucoup plus proche d'un Bentham, d'un Stuart Mill ou d'un Mises que d'un Rothbard.

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Ma vision des choses est un peu particulère je te l'accorde, d'un autre côté, je me sens beaucoup plus proche d'un Bentham, d'un Stuart Mill ou d'un Mises que d'un Rothbard.

Permets-moi de te signaler qu'à mon avis ce sentiment n'est pas très justifié si on regarde les choses de manière plus rationnelle, du moins sur foi de tes derniers posts.

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Ma vision des choses est un peu particulère je te l'accorde, d'un autre côté, je me sens beaucoup plus proche d'un Bentham, d'un Stuart Mill ou d'un Mises que d'un Rothbard.

Tu dis: "Mon utilitarisme consiste donc à permettre à out un chacun d'acceder au bonheur, mais ce bonheur n'est possible qu'en satisfaisant le bonheur des autres individus. J'aboutis donc au principe d'utilité commune."

Il me semble que tu fais ici un raisonnement contraire à l'idée du libéralisme. Smith estimait que lorsque les hommes suivent leurs intérêts EGOÏSTES ils sont conduits par une main invisible à satisfaire l'intéret général. Le bonheur est donc possible en satisfaisant mes intérêts individuels. Le bonheur ne passe donc pas par le bonheur des autres mais par mon propre bonheur.

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Tu dis: "Mon utilitarisme consiste donc à permettre à out un chacun d'acceder au bonheur, mais ce bonheur n'est possible qu'en satisfaisant le bonheur des autres individus. J'aboutis donc au principe d'utilité commune."

Il me semble que tu fais ici un raisonnement contraire à l'idée du libéralisme. Smith estimait que lorsque les hommes suivent leurs intérêts EGOÏSTES ils sont conduits par une main invisible à satisfaire l'intéret général. Le bonheur est donc possible en satisfaisant mes intérêts individuels. Le bonheur ne passe donc pas par le bonheur des autres mais par mon propre bonheur.

Je ne suis pas entièrement d'accord avec Smith sur ce point-ci. Dans bien des cas, l'égoïsme suffit à satisfaire l'intérêt général, mais pas toujours : je peux, par égoïsme, m'accorder - si j'en ai le pouvoir - des privilèges, je peux tuer quelqu'un, etc. ce qui ne sera pas forcément en accord avec l'intérêt général.

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Je ne suis pas entièrement d'accord avec Smith sur ce point-ci. Dans bien des cas, l'égoïsme suffit à satisfaire l'intérêt général, mais pas toujours : je peux, par égoïsme, m'accorder - si j'en ai le pouvoir - des privilèges, je peux tuer quelqu'un, etc. ce qui ne sera pas forcément en accord avec l'intérêt général.

Je pense pas que Smith voulait dire que tuer quelqu'un améliore le bien-être général….! Bien sûr où sont les limites? C'est à la loi de le dire….

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En fait non, ce n'est pas possible car cela aboutierait tout simplement à n'importe quoi. Le principe de calcul d'unités à dopamine possède un sens d'un point de vue individuel mais non collectif. Imaginons par exemple cinq hommes. Si A tue B,C,D et E, nous savons que l'indice d'utilité de A passera de 1u à par exemple 10u. D'un autre côté, si B,C,D et E ne sont pas tués, leur "indice d'utilité" s'incrémentera pour chacun d'une unité. Si l'on s'en tient au principe que le but d'une société est de battre le score d'unités d'utilité individuelle, nous aboutissons donc au résultat qu'il est utile que l'individu A descende ses collègues, ce qui, bien entendu, est complètement loufoque : je laisse à chacun le soin d'imaginer une société qui serait construite sur ce principe.

Et surtout, c'est une fonction d'utilité individuelle F, et en première analyse, si l'on parle des individus A, B, C, D, E, la fonction d'utilité du groupe Fg me semble difficilement obtenable à partir des fonctions individuelles Fa, Fb, Fc, Fd, Fe!

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Je ne comprends pas ce reproche de "lâcheté" dans l'absence d'une "justice distributive". Le DN s'occupe de déterminer le Juste, sans adjectif. Il n'est pas question, dans cette logique, de légitimer en aucune façon les politiques de "redistribution", par exemple. C'est un peu comme de reprocher au libéralisme, plus généralement, de ne pas offrir de proposition "constructive" à la question "comment bien gérer un Etat totalitaire ?".

Ce n'est pas mon propos à proprement parler. Le reproche que peuvent adresser les utilitaristes aux jusnaturalistes n'est nullement que la politique que le droit naturel oblige à suivre est mauvaise du point de vue de la justice distributive/sociale, c'est-à-dire selon un certain nombre de critères : mobilité sociale, pauvreté, exclusion, développement, alphabétisation, etc. Ceci peut effectivement et pratiquement se produire en suivant une politique jusnaturaliste libertarienne, mais c'est sur le plan théorique que tout se joue, puisque une telle situation effective apparait accidentelle, puisque la théorie jusnaturaliste ne s'en préoccupe nullement.

Le reproche ne porte pas sur la politique effective à mener, ni sur ces résultats, mais sur l'évacuation de la "justice sociale/distributive", et de principes qui s'y rapportent dans une théorie libérale/libertarienne. La question n'est pas de légitimer des politiques de redistribution, mais de parler juste de justice distributive et non uniquement de justice commutative.

Pour terminer, j'ajouterai que l'on ne peut demander au Droit naturel et au libertarianisme de promettre le bonheur pour tous et la fin de tous les maux qu'endure l'humanité. Ce n'est pas leur propos; l'un et l'autre ont pour vocation de régler d'une manière civilisée les rapports entre les individus. Cela peut paraître une fin limitée (d'un point de vue, mettons, social-démocrate à la Rawls), pour moi c'est énorme. Le reste est du ressort des individus.

Ca ressemble à la théodicée leibnizienne, mais le propos n'est pas tant de demander au libertarianisme de promettre le bonheur pour tous, mais d'assurer la meilleur structure politique possible tant au regard de la justice commutative que de la justice distributive, par rapport aux autres alternatives (qui cumulent des degrés divers d'interventionnisme, et d'effets pervers associés!).

Je crois que c'est d'autant plus faux que notamment Eti-N n'est pas du tout en train de se destiner à une quelconque carrière scientifique!

Mais je ne pense pas qu'Et-N soit utilitariste (Rawls non plus, du reste, puisqu'il critique ces thèses dans sa fa/fu/meuse "Théorie de la Justice")

Ces deux affirmations sont parfaitement justifiées, même si jusqu'à présent, j'ai fait une section scientifique. Par ailleurs, je m'autocite (cf. ma signature également) :

J'ai, pour ma part, le plus grand mal à me détacher d'une conception déontologique, eu égard à la simple pertinence des arguments, et à mon attachement même au concept de liberté (ce qui est le moins que l'on demande à un libéral).
Mon utilitarisme part du principe que la notion de bonheur, de bien-être, etc. est subjective. Mon utilitarisme consiste donc à permettre à tout un chacun d'accéder au bonheur, mais ce bonheur n'est possible qu'en satisfaisant le bonheur des autres individus. J'aboutis donc au principe d'utilité commune.

Vous comprenez avec cette intervention, pourquoi le conférencier que j'ai citer plus haut, par de l'utilitarisme comme d'une théorie téléologique, holiste et altruiste. (Pour qui l'a adoptée en tant que philosophie morale, il s'entend).

Sinon, il existe aussi un utilitarisme de la moyenne qui pondère les utilités en fonction des alternatives offertes à l'individu (rectifiez mes propos si j'ai écrit une bétise).

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Sinon, il existe aussi un utilitarisme de la moyenne qui pondère les utilités en fonction des alternatives offertes à l'individu (rectifiez mes propos si j'ai écris une bétise).

Ce que je pourrais dire, c'est que ces démarches mes semblent vouées à l'échec, numériser la fonction d'utilité me semble inutile et surtout réducteur.

Même si on utilise des concepts issus d'une discipline (que certains qualifieraient de mainstream) comme la Logique Floue (qui n'est en plus pas très scientifique comme truc, mais bon, ça débute).

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Le reproche que peuvent adresser les utilitaristes aux jusnaturalistes n'est nullement que la politique que le droit naturel oblige à suivre est mauvaise du point de vue de la justice distributive/sociale, c'est-à-dire selon un certain nombre de critères : mobilité sociale, pauvreté, exclusion, développement, alphabétisation, etc. Ceci peut effectivement et pratiquement se produire en suivant une politique jusnaturaliste libertarienne, mais c'est sur le plan théorique que tout se joue, puisque une telle situation effective apparait accidentelle, puisque la théorie jusnaturaliste ne s'en préoccupe nullement.

L'observation et l'expérience seraient-elles suffisantes selon toi pour montrer qu'une telle situation ne serait pas accidentelle?

On dirait presque que tu aimerais lire une démonstration (inductive, par l'observation, je ne sais pas?), à partir des axiomes de base du droit naturel, que le jusnaturalisme conduit nécessairement à des sociétés où, d'un point de vue utilitariste, le bien et le bonheur règnent?

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L'observation et l'expérience seraient-elles suffisantes selon toi pour montrer qu'une telle situation ne serait pas accidentelle?

On dirait presque que tu aimerais lire une démonstration (inductive, par l'observation, je ne sais pas?), à partir des axiomes de base du droit naturel, que le jusnaturalisme conduit nécessairement à des sociétés où, d'un point de vue utilitariste, le bien et le bonheur règnent?

A society is well-ordered when it is not only designed to advance the good of its members but when it is also effectively regulated by a public conception of justice. That is, it is a society in which everyone accepts and knows that the others accept the same principles of justice, and the basic social institutions generally satisfy and are generally known to satisfy these principles. In this case while men may put forth excessive demands on one another, they nevertheless acknowledge a common point of view from which their claims may be adjudicated… Among individuals with disparate aims and purpose a shared conception of justice establishes the bonds of civic friendship; the general desire for justice limits the pursuit of other ends. One may think of a public conception of justice as constituting the fundamental charter of a well-ordered human association.

Le problème est que dans une "conception publique de la justice", on s'attend un minimum à ce que l'on parle de justice sociale/distributive. Que la détermination des principes soient a priori, et pas seulement que l'on constate les situations a posteriori (même si pratiquement, ça ne change rien à ces situations).

C'est précisement pour cela qu'observation et expérience (analysées à partir du pendant théorique de l'économie) ne sont pas suffisants, et le libéralisme aurait un grand intérêt argumentatif à récuperer également cette conciliation entre les approches jusnaturaliste et utilitariste, ou plutôt à l'incorporation d'une dimension de justice distributive dans une théorie déontologique libérale. :icon_up:

Je ne veux nullement une démonstration (si tant est qu'elle est possible), je veux juste des principes. Je peux vous en proposer deux, qui sont un minimum raisonnable et qui conditionnent une intervention de l'Etat (en réalité, ils sont plus restrictifs que permissifs) :

- principe de subsidiarité : intervention éventuelle de l'Etat en cas de "défaillance du marché".

- principe d'efficience de l'intervention : l'évaluation de l'intervention de l'Etat doit prendre en compte les effets pervers entrainés par cette dernière, au regard des objectifs de cette intervention.

Ces deux principes conduisent à évaluer les situations d'une possible intervention au regard de l'état des connaissances économiques, sur les effets des actions de l'Etat, et des origines des crises. De plus, il s'agit de considérer une éventuelle intervention de l'Etat comme une substitution, une béquille, et non comme quelque chose d'automatique (cf. principe de subsidiarité). Par exemple, cela interdit un monopole de l'EN en France, et promeut au moins les chéques-éducation…

(Bien sur, je n'ai pas parlé, du socle de liberté, lexicalement supérieur à ces principes, comme chez Rawls)

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