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Privatiser L'eau


Libertarien

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Paru dans les Echos de ce jour, le point de vue d'un délégué général de l'International Center for Research on Environmental Issues.

http://www.lesechos.fr/journal20050824/lec…ees/4305242.htm

Lisez-le, pour une fois en France, on y parle de la nécessité d'appliquer les lois du marché pour gérer la ressource.

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Excellent, je viens de le voir, et je comptais le publier ici aussi! Merci Libertarien!

Toutefois fidèle à ma réputation mondiale de pondération et d'honnêteté dans le débat, je publie aussi l'autre article, défendant la position inverse, histoire que les lecteurs puissent voir, en tout cas selon moi, comment et pourquoi elle est nulle et inconsistante.

Il suffit d'ailleurs de regarder l'identité des auteurs, du premier article, le président du Centre Français de l'Eau, et le coprésident de ce CFE, un député PS.

C'est le second article, excellent, dont parlait Libertarien!

Eau : changer de comportement…

Le point de vue de JEAN-FRANÇOIS LE GRAND ET PIERRE DUCOUT

Une fois de plus, le sujet de l'eau revient au devant des préoccupations. La sécheresse de ces dernières semaines a contraint plus d'une soixantaine de départements à prendre des mesures de restriction d'usage de l'eau. La situation hydrologique est reconnue comme critique dans de nombreux pays du fait de l'inégalité de sa répartition, d'une demande qui croît deux fois plus vite que la population et d'une pollution qui diminue les réserves du tiers.

La France, et a fortiori les départements de l'Ouest qui sont parmi les plus touchés, semblait à l'abri d'un tel phénomène. Le problème actuel est le résultat d'un déficit cumulé depuis plusieurs années. La faiblesse pluviométrique depuis trois ans n'a pas permis le rechargement des nappes alors que les consommations d'eau, si elles sont désormais stabilisées, sont à un niveau élevé après les augmentations de ces vingt dernières années. C'est notamment le fait d'une irrigation agricole croissante, les surfaces irriguées ayant été multipliées par deux en vingt ans. L'eau est fantasque. La succession de périodes d'inondations et de sécheresse est là pour nous le rappeler. Mais une eau de qualité est un patrimoine collectif qu'il faut préserver et protéger. L'objectif de « bon état écologique des eaux », obligation européenne à l'horizon 2015, sera difficile à atteindre dans notre pays sans une mobilisation de tous autour de ce défi.

La pollution multiforme de l'eau, comme la consommation sans limites - un Européen consomme, tous usages confondus, de 300 à 400 litres d'eau par jour là où un Américain en consomme 1.000 - renvoie aux politiques et aux citoyens les questions fondamentales du mode de vie, de l'industrialisation, de l'agriculture. Toute politique durable et responsable de l'eau implique désormais une utilisation rationnelle de l'eau par l'ensemble des usagers. La réduction des consommations s'impose à tous : agriculteurs, industriels, consommateurs domestiques. Economiser une ressource rare et fragile, c'est répondre aux problèmes de quantité et de qualité qui sont désormais liés.

Au Cercle français de l'eau, nous avons fait le pari de considérer le problème de l'eau non plus comme un sujet de conflit, mais comme une opportunité de coopération. Le cycle de l'eau nous relie les uns aux autres comme il nous lie à la nature. Concilier l'impératif écologique et le développement économique n'est pas une gageure. Une telle démarche implique l'écoute de l'autre, l'acceptation d'efforts librement consentis par chacun et le souci de l'intérêt des générations futures. C'est dans cet esprit que nous avons pris part aux réflexions et au débat sur le projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques. Les événements récents nous rappellent que le processus doit aller à son terme : reconquête de la qualité, responsabilisation des acteurs, économies de la ressource sont des actions indispensables à une politique de l'eau qui s'inscrit dans une logique de développement durable.

JEAN-FRANÇOIS LE GRAND est sénateur (UMP) de la Manche et président du Centre français de l'eau. PIERRE DUCOUT est député (PS) de Gironde et coprésident du CFE.

… ou de système de propriété

Le point de vue de MAX FALQUE

Oui, on observe depuis deux ans un déficit de pluie en Provence et ailleurs. Ce n'est pas vraiment nouveau. Mais ce qui est nouveau, c'est l'augmentation considérable de la demande, notamment par l'agriculture et le tourisme. La science économique, dont l'objet principal est la gestion de la rareté, sinon le simple bon sens, nous a appris que deux solutions sont possibles lorsqu'une demande excède la production : la régulation par les prix ou le rationnement de la consommation. Cette voie est privilégiée lors d'une crise, car c'est la réponse facile des politiciens et des bureaucraties de tous les pays. Malheureusement, elle contredit les politiques en cours et elle est inefficace.

Prenons un exemple : la région Poitou-Charentes comptait d'immenses marais traditionnellement employés pour gérer l'eau. A partir du moment où les politiques agricoles commune, nationale et régionale ont financé de multiples manières les agriculteurs pour transformer les marais en agriculture irriguée, il ne faut pas s'étonner de constater que des sources se mettent à fonctionner à l'envers et que les conflits entre agriculteurs, urbains, pêcheurs et associations de protection de la nature ne puissent être réglés autrement que par des affrontements violents et par les dérisoires gesticulations préfectorales interdisant le lavage des voitures et le remplissage des piscines ! Quant à l'interdiction de l'irrigation… Il faudrait envoyer l'armée associée aux Renseignements généraux. L'administration n'ose même pas contrôler la pose effective des compteurs sur les forages !

Il faut donc recourir à l'autre solution, à savoir l'appropriation de la ressource et le recours au marché, dont les prix traduisent la rareté. Il est clair que si les prix de l'eau avaient été multipliés par trois en deux ans, comme pour le pétrole, il n'y aurait pas de crise. Plus précisément, l'eau aurait été économisée et affectée aux usages les plus utiles. On sait depuis le fameux article de Garrett Hardin, « The Tragedy of the Commons » (1968), que toute ressource en libre accès est vouée à la destruction. Or c'est le cas des aquifères dont l'exploitation ressemble à celle de trois enfants armés de trois pailles qui se disputent le contenu d'une bouteille de soda !

Le gros mot est lâché : « droits de propriété ». Est-ce possible pour l'eau ? Pas si simple, car on connaît mal le fonctionnement des gisements aquifères. Pourtant, c'est possible pour le pétrole car celui-ci a une valeur de marché alors que l'on continue à considérer l'eau comme gratuite et « bien commun de l'humanité ». C'est le plus sûr moyen de détruire une ressource !

La « crise de l'eau » est moins physique que le résultat d'institutions juridiques et économiques moins adaptées à gérer la rareté qu'à organiser le gaspillage. Qui aura le courage de s'attaquer à ce tabou ? Si la sécheresse devait s'installer comme conséquence d'un réchauffement climatique éventuel, il faudra bien recourir aux droits de propriété et au marché, qui non seulement sont au coeur de l'abondance économique, mais aussi, dans une mesure encore largement inexplorée, de la protection et de la gestion des ressources environnementales et notamment de l'eau.

MAX FALQUE est délégué général de l'International Center for Research on Environmental Issues.

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Il faudrait surtout privatiser - aussi impossible que cela puisse paraître - le réseau de canalisation servant à l'acheminement de l'eau, lequel est une véritable catastrophe (personne n'en parle, mais bon).

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Il faudrait surtout privatiser - aussi impossible que cela puisse paraître - le réseau de canalisation servant à l'acheminement de l'eau, lequel est une véritable catastrophe (personne n'en parle, mais bon).

Logique puisque ce sont partout des concessions. Quand il y a une société privée dans le jeu, elle n'est chargé QUE de la distribution. Le réseau et les ressources sont publics donc rien à foutre.

Même problème que pour l'exploitation outrancière de certaines forêt dans le monde.

Il est donc en effet nécessaire de TOUT privatiser et de TOUT libéraliser.

Notons que le gouvernement est en train de recommencer les mêmes conneries avec la "privatisation" des autoroutes. Il ne s'agit en fait que de la privatisation de l'exploitation. Le réseau reste propriété de l'Etat et ce dernier fixe les règles dans le cahier des charges de l'exploitation.

Donc pour les sociétés sur les rangs le but sera de prendre un maximum de fric pendant le laps de temps imparti, de faire le moins possible d'entretien et de développement.

On a pu constater l'échec de ces pseudo privatisations sous contrôle étatique avec l'exemple de l'électricité californienne.

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Tiens, sur un autre registre, pour confirmer encore l'argument synthétisé par Fabrice.

Ce matin, un ami me demande: "dis moi, les ententes entre producteurs pour niquer le consommateur, je croyais qu'il était peu vraisemblable que ça existe si on privatise?"

Il me parlait bien sûr de l'affaire révélée par le Canard Enchainé, concernant l'entente entre les opérateurs mobiles, ce à quoi j'ai répondu:

- l'accès à la bande de fréquence GSM, est-il libre, un nouvel entrant peut-il s'installer? Non, une licence d'Etat est nécessaire

- si demain, moi Chitah, je veux lancer un opérateur mobile travaillant avec une autre technologie (WiMax pour ne pas la nommer) est-ce que je peux? Non plus, les licences sont également données par l'Etat (seule Altitude Telecom en a obtenu une) et il est encore interdit de l'utiliser en situation de mobilité (donc pas possible de concurrencer les opérateurs mobiles.

Bref: ce marché est tout sauf privatisé, et comme le souligne Rocou, l'essentiel, l'accès à la "ressource" est sous tutelle de l'Etat.

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Pour rebondir sur la remarque de Fabrice, j'aime à rappeler inlassablement que la "privatisation" ne représente pas grand intérêt à mes yeux (d'ailleurs, tout n'est pas "privatisable", par exemple: les douanes, le fisc ou - pour prendre le cas extrême de l'horreur étatique - les camps de concentration). Pensons encore à la volonté de privatiser le pétrole irakien au bénéfice d'une certaine compagnie américaine…

Ce que nous, libéraux, devons défendre et expliquer c'est l'intérêt des libéralisations de tel ou tel secteur - et que l'étymon du mot "liberté" soit présent n'est pas pour rien dans ma préférence. "Privé" ne porte en soi rien de valorisant - le crime privé, cela existe aussi.

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