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Modèles d'assurance


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ATTENTION, article très intéressant, quand je l'ai lu, j'y ai vu une confirmation absolue de tout ce que nous racontons sur les assureurs!

Et l'on voit bien que ce que l'on appele "assureur", habituellement, est une entreprise qui combine deux métiers: l'assurance proprement dite (voir article ci dessous, c'est ce que j'entends quand je parle d'assureurs), et des activités de placement financiers.

Lorsque l'on entend que la plupart des assureurs ont un ratio combiné supérieur à 100%, on se dit qu'ils font assez mal leur taf.

Quand les assureurs se font « casseurs »

Dans un laboratoire unique en son genre, des équipes de l'assureur américain FM Global simulent les catastrophes pour apprendre à en réduire l'impact.

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Assureur va bientôt figurer au palmarès des métiers qui font rêver les enfants, avec pompier et maître d'école. A quelques kilomètres de Providence, dans l'Etat de Rhode Island, sur la côte est des Etats-Unis, la société d'assurances FM Global a en effet construit un centre de recherche dans lequel le but est de tout casser, de tout faire exploser, de tout brûler et de tout inonder en toute impunité. Un vrai bonheur, auquel la société a bien compris que les adultes étaient également sensibles : elle utilise ces infrastructures comme outil de marketing en organisant de fréquentes visites pour ses clients ou prospects.

Si FM Global, qui a vendu pour près de 4 milliards de dollars de primes d'assurance en 2004, a investi près de 80 millions de dollars dans ce campus composé principalement de 4 bâtiments hautement technologiques, ce n'est cependant pas pour le seul plaisir de détruire. La société, spécialisée dans l'assurance-dommages de biens d'entreprise (entrepôts, usines…), a fait de la prévention son credo. « Notre devise est : une majorité des pertes sont évitables », lance Ken Davey, responsable de la région Europe chez FM Global.

C'est cela qu'ont en tête chaque matin les 80 employés du campus. Au fond d'un vaste hangar, haut de près de 20 mètres et grand comme un terrain de football, se tiennent ce jour-là deux grandes colonnes de cartons rangés comme dans un entrepôt de stockage. Leurs jours sont comptés. Ils se trouvent en effet dans le bâtiment du campus dont FM Global est le plus fier, son laboratoire de simulation d'incendies, « le plus grand du monde », selon Dennis Anderson, qui s'occupe de la formation des ingénieurs du centre. Ce ne sont pourtant pas eux qui seront soumis à l'épreuve du feu aujourd'hui mais une vingtaine de palettes de plastique. Le but est de quantifier la chaleur créée et d'analyser les fumées, afin d'y exposer le moins de matériaux vulnérables ou bien de mettre en place des parades efficaces. Tous les types d'incendies sont étudiés dans ce bâtiment et ses annexes. On y apprend ce qui brûle le plus vite entre des bouteilles de ketchup, les plaquettes de beurre, les paquets de chips, les ours en peluche et des produits beaucoup plus complexes. FM Global conduit ainsi des simulations à la demande. « Nous avons montré à une société de biotechnologies de nos clients combien son plafond était vulnérable grâce à une simulation vidéo », se souvient Dennis Anderson.

Reproduire les vents d'ouragan

Le feu, qui reste « la cause principale de catastrophes dans le monde », explique Dennis Anderson, est la grande spécialité du groupe. L'assureur a par exemple inventé une couverture anti-incendie ayant la particularité de résister aux ultraviolets. Dans le deuxième laboratoire du campus, consacré à l'hydraulique, la société travaille à l'extinction d'un foyer. FM Global se targue d'être un des grands spécialistes des « sprinklers » ou asperseurs, ayant participé à l'élaboration de plusieurs centaines de ceux-ci. « Dans les années 1980, on pensait que plus on en installait, mieux on était protégé, note Dennis Anderson. C'est une approche simpliste : une certaine quantité de «sprinklers» adaptés suffit et permet de limiter les dégâts provoqués par les eaux. » Humidifier le plafond peut ainsi être une technique efficace. Une des expériences les plus spectaculaires du groupe est le départ d'un incendie dans une chambre d'étudiant mal équipée en têtes d'extincteur et une autre où, au contraire, le dispositif anti-incendie avait été mis en place par FM Global. La différence de résultat est un bon argument pour approcher la clientèle des administrations.

Le troisième laboratoire du campus de recherche est consacré aux dangers naturels, en particulier à l'expérimentation des dégâts causés par les tempêtes. Dans ce bâtiment, les équipes de FM Global simulent des vents d'ouragan et étudient leurs effets sur les maisons et les immeubles. Ils enregistrent par exemple les points de rupture de toitures afin d'y appliquer des renforts.

Les ingénieurs de FM Global possèdent également deux canons à objets divers permettant d'étudier l'impact des projectiles sur les bâtiments en cas de tempêtes de vent. Ces instruments lui ont permis de parfaire la technique de la pose de films de protection sur les parties en verre des bâtiments afin d'éviter les trous et donc les inondations. La protection des fenêtres par des planches de contreplaqué est également peaufinée. « Une épaisseur de 2,5 centimètres est nécessaire pour la plupart des projectiles, pour peu qu'un espace soit laissé entre le contreplaqué et la fenêtre », explique Dennis Anderson après avoir projeté une poutre à une dizaine de mètres sur de grandes planches.

Le campus comporte enfin un laboratoire de recherche sur les dangers liés à l'électricité, le courant étant une des sources principales de départ d'incendie. Ici, FM Global accélère l'usure des équipements électriques pour constater les effets possibles, teste leur propension à provoquer des explosions selon leur environnement gazeux…

L'assureur s'est à tel point spécialisé dans la prévention des catastrophes que son expertise a des débouchés industriels. Ainsi est-il amené à breveter certaines inventions ou à apposer des certifications sur des produits fabriqués par des industriels. Cela ne représente pas une source de diversification de revenus importante, mais c'est excellent pour l'image. En plus des têtes d'extincteur, FM Global est ainsi à l'origine des plastiques 49.10 utilisés dans l'industrie des semi-conducteurs car ils ne propagent pas le feu. La société prévoit d'élaborer un système de contrôle d'usure des transformateurs électriques et travaille sur l'utilisation des brouillards pour limiter les incendies.

Pour faire tout cela, contrairement aux compagnies d'assurances classiques, FM Global n'a pas un seul actuaire et mise tout sur les ingénieurs : elle en compte environ 1.500 (sur un total de 4.700 employés). « Soit davantage que tous nos concurrents réunis, notre challenger le plus proche en comptant 300 », explique Dennis Anderson. C'est grâce à eux que la somme des frais d'exploitation et des remboursements de dommages ne représente chez FM Global qu'environ 80 % des primes vendues. Un « ratio combiné », selon le jargon de la profession, très en deçà de celui de ses concurrents, chez qui il dépasse parfois 100 %, les profits provenant alors des revenus des placements financiers. Et un ratio qui va même reculer de quelques points cette année malgré Katrina et Rita. « La plupart de nos clients étaient dans les 20 % de La Nouvelle-Orléans non inondés, et ce parce que nous les conseillons avant leur implantation sur l'endroit qu'ils doivent choisir », explique Sergio Prete, responsable catastrophe naturelle. Pour FM Global, les pertes assurées causées par Katrina s'élèvent à 300 millions avant impôts, soit moitié moins que ses plus grands concurrents, alors que FM est leader dans la région sur l'assurance-dommages d'entreprise avec plus d'un tiers du marché. Les heureux employés du centre de Glocester ont un bel avenir de vandales devant eux.

NICOLAS MADELAINE

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