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Pour notre génération, l’engagement humanitaire est devenu un substitut au politique, un engagement hors de la politique sinon contre elle, parce que les politiques sont méchants et corrompus, et que l’Etat a sa raison qui ignore la morale. En somme, on va militer dans les ONG faute d’avoir trouvé un beau parti.

Très bien – mais d’abord, d’où vient l’argent? Eh bien, tristement, il provient souvent des généreuses subventions publiques. Oh, bien sûr, il y a aussi de généreux donateurs privés; mais les donateurs seraient-ils toujours aussi généreux, si d’aventure l’Etat supprimait les déductions fiscales afférentes? Croire qu’on est indépendant de toute manœuvre étatique quand on s’engage dans l’humanitaire a quelque chose de risible: le fait que l’action humanitaire est et restera une affaire politique.

De plus, on ne m’ôtera pas de l’idée que le militantisme en pantoufle n’a jamais réussi autre chose que de donner bonne conscience à ses sympathisants. On ne changera pas le monde en mangeant bio et en envoyant des chèques, et signant des pétitions et en triant ses déchets.

“Mais il y a tout de même ceux qui partent !”, me dira-t-on; effectivement, tels des armées de petits BHL, ils y a ceux qui vont ’sur le terrain’. Chaque semaine, de gentils petits bourgeois partent en masse et joyeux pour des terres lointaines, munis de leur charité chrétienne et de leur envie de bien faire, pour aller porter les bienfaits de l’Occident repenti dans les contrées les plus reculées. Ils restent un mois, deux au mieux et ils reviennent plein d’usage et raison, avec la satisfaction tranquille de ceux qui savent leur devoir accompli. Ils ont fait leur stage Tiers-Monde, se sont confrontés à la dure réalité. Ils sont devenus des hommes.

Une fois revenus vivre entre les leurs le reste de leur âge, nos missionaires laïques et républicains se font un devoir de témoigner : ils passent les dix années suivantes à nous casser les couilles avec leur gloire éphémère, à nous montrer combien ils sont sortis grandis d’humilité de cette formidable expérience.

Mascarade ! Il fut un temps, aussi, où on glorifiait le service militaire au nom du brassage des classes; aujourd’hui c’est en Afrique qu’on prend son shoot de réalisme social, mais au fond l’argument reste le même. On reste obsédé par le ‘terrain’, par le ‘vécu’, on fait comme si partir amenait nécessairement sagesse et vision d’ensemble. En fait, on ne s’impose ces expériences traumatiques que pour faire taire sa mauvaise conscience, et payer symboliquement la dette du colonialisme.

http://nologos.killers.cx/wordpress/index.php?p=89

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