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Le 19/08/2022 à 21:02, Bézoukhov a dit :

Je suis complétement hermétique à la poésie ; même les moments où les mecs se mettent à citer de la poésie dans les romans (les chansons de Tolkien, les pouchkinades ou les blokismes dans les romans russes, etc.), je finis par lire en diagonale.

 

Je sais pas si ça se soigne :D . Les seuls trucs que je supporte en versifié, c'est Corneille / Racine.

De ce que tu dis, je soupçonne un problème lié à la traduction, non ? Sauf si tu lis Tolkien en anglais. 

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il y a 1 minute, Marlenus a dit :

Perso j'ai passé le bac français sur Alcools.

 

J'en garde pas un souvenir impérissable (enfin si mais pas pour le fait que le recueil m'ait émerveillé).

 

 

Moi l'huitre de Francis Ponge en oral de Français.

De la merde.

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il y a 26 minutes, Pelerin Dumont a dit :

La poésie repose sur l'éloquence/la musicalité (en alliant les sonorités) et la puissance d'évocations des images (symboles, mythologie etc), ce n'est pourtant pas bien compliqué, bande de béotiens.

 

Francis Ponge de la musicalité ? A la rigueur Saint-John Perse :) 

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Il y a 1 heure, Moustachu a dit :

Moi l'huitre de Francis Ponge en oral de Français.

De la merde.

 

Moi Le Pain. Pareil. Ça joue pour beaucoup dans mon mépris de tout ce qui est contemporain.

 

il y a 37 minutes, Pelerin Dumont a dit :

je n'ai pas lu Francis Ponge

 

C'est nul.

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J'ai lu Alexander Roob:

 

https://www.amazon.fr/BU-Alchimie-Mystique-Alexander-Roob/dp/3836549352/ref=sr_1_1?crid=1Z6N8FI1ABR5S&keywords=alexander+roob&qid=1661346874&sprefix=alexander+roo%2Caps%2C1660&sr=8-1

 

et a chaque livre que je lis (presque quelque livre, sur presque quelque sujet), je pense "comme je sais peu", il y a dizaines d'autres "mondes/connaissances/etc"  et je ne sais rien. Combien de connaissances je ne sais pas? 

 

C'est absurde (et j'ai lu quelques livres dans ma vie...).

 

Mais en même temps je sais plus que beaucoup de gens.

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J'ai noté un passage fort intéressant dans les Histoires Florentines de Machiavel, notamment d'un point de vue libéral, et qui est pourtant à ma connaissance quasi oublié. Il s'agit du chapitre XXIX du livre VIII où Machiavel dresse le portrait (ou plutôt l'éloge) de la banque de Saint-Georges, organisation des citoyens créanciers de la république génoise qui naquit, selon ses dires, des suites de la Guerre de Chioggia; pour éviter un défaut de paiement la Superbe République accorda à ses débiteurs les revenus de ses douanes en proportion des créances de chacun.

Pour organiser cette collecte, les créanciers "créèrent entre eux une sorte de gouvernement, en nommant un conseil de 100 membres pour décider des affaires communes et une magistrature de huit citoyens pour appliquer leurs décisions. Ils divisèrent leur créance en parts qu'ils appelèrent "lieux" ".

Il est donc intéressant de noter que les fonctions de décision et d’exécution est déjà présent pour ce type d’entreprise; Machiavel ne fournit pas de détail quant à la fonction de surveillance (comment révoquer les magistrats récalcitrants ou incompétents?), sans doute qu'une sorte de board des actionnaires devait exister pour contrôler un minimum. Machiavel ne dit pas non plus si ces "lieux" sont librement transférables ou font l'objet de spéculation (sans doute méconnait-il les mécanismes du marché financier de l'époque?). Il est également discret sur la nomination/élection de ces membres (pour partie tirés au sort, pour partie élus lors d'un scrutin secret)

En tout cas l'expérience semble heureuse puisque :

Citation

ce système ayant été ainsi organisé, la commune eut de nouveaux besoins et dut recourir à Saint-Georges pour de nouvelles aides. En retour, de même qu'elle leur avait d'abord accordé les douanes, elle commença à leur concéder des territoires en garantie de l'argent reçu [dont la Corse et la forteresse de Sarzana]. La situation, née des besoins de la commune et des services rendus par Saint-Georges, a évolué de telle sorte que cette banque a pris sous son administration la plupart des places et cités soumises à Gênes. Elle les gouverne, les défend et y envoie chaque année des gouverneurs élus, sans que la commune s'en préoccupe autrement.

On peut noter que la banque, à l'instar des compagnies des Indes Orientales des siècles ultérieurs, s'avèrent plus efficace en matière de gestion que la cité de Gênes, qu'elle semble presque surclasser et englober sous sa férule. Machiavel ne dit pas quel domaine reste du ressort de la cité : la diplomatie ? peut être la location de mercenaires ? la cité de Gênes en elle même?, mais il note qu'il est habituel de confier les territoires que Gênes ne peut défendre (par exemple la Corse rebelle , la forteresse de Sarzana assaillie par les Florentins ou encore ses colonies de la mer Noire et de Péra menacée par les Ottomans) à la banque de Saint-Georges, qui se révèle très adaptable au changement de régimes et aux luttes de factions:

Citation

Il en résulte que les citoyens n'ont plus d'attachement envers une commune tyrannique mais l'ont porté sur la banque, parce qu'elle est régulièrement et justement administré

Les citoyens acceptent donc aisément les changement à la tête de la cité : aussi bien les luttes entre les Fregoso et les Ardono que les souverains étrangers comme le duc de Milan ou le roi de France puisqu’au fond leur allégeance suprême va à la banque de Saint-Georges, qui reconnait aussitôt le nouveau pouvoir.

Machiavel note bien la singularité de cette institution et ses réussites exceptionnelles qui défient la théorie et les conceptions de son temps, mais il ne dit pas si d'autres cités italiennes s'en sont inspirés ou si lui même en a tiré quelque conséquence pratique lorsqu'il participait aux affaires de Florence.

Citation

C'est là un cas vraiment exceptionnel et jamais imaginé par les philosophes dans les républiques qu'ils ont inventées ou décrites : car on voit dans un même milieu, parmi les mêmes citoyens, la liberté et la tyrannie,  la vie civile et la corruption, la justice et la licence,. Car seul cette institution maintient cette cité aux coutumes anciennes et vénérables. S'il devait arriver, comme il arrivera de toute manière avec le temps, que Saint-Georges s'empare de l'ensemble de la cité, alors cette république sera plus digne de mémoire que Venise

 

On remarque que Machiavel associe le gouvernement de la banque de Saint-Georges à la liberté,  et qu'il loue les qualités non de ses membres mais de l'institution en elle même.

Contrairement au Prince qui doit se doter de l'art royal (compétences de l'homme d'état alliant fortune et vertu, audace et ruse) et disposer de qualités éminentes pour compenser son grand pouvoir qui dégénère en tyrannie, ou à une République qui se doit de disposer de bonnes mœurs, lois, principes/éducation/institutions si elle ne veut pas se corrompre, la banque semble dotée d'un mécanisme d'auto-régulation (la concurrence induise par le marché financier et la responsabilité des décisionnaires dont les bons ou mauvais jugements se répercutent directement sur le cours des "lieux"?).

Ajoutons enfin que Machiavel avait prévu de parler plus en détail des actions de la banque Saint-Georges, mais qu'ayant écourté son récit (qui se finit en 1492) pour diverses raisons (notamment pour passer sous silence les déboires des Medicis entre 1492 et 1494), il n'en dira malheureusement pas plus.

 

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J'ai lu la comédie principale de Machiavel, la Mandragore, très courte mais fort burlesque, une réelle bonne surprise, un mélange du Médecin malgré lui, de Tartuffe et des Fourberies de Scapin; on retrouve de plus le style de Machiavel avec des références aux événements historiques contemporains, une critique de l'église et de florence corrompue, et un éloge de la ruse et de l'audace qui saisit la fortune. L'intrigue est centré sur la tentative du héros Callimaco tromper Nicia, un notaire philistin bien naïf avec sa jeune et belle épouse Lucrezia, pour se faire il se fait aider du roué Ligurio, maître en stratagème et soudoie le confesseur et la mère de sa cible. Citons quelques passages :

Dans l'introduction Machiavel montre qu'il est un pro du marketing doublé d'une redoutable publiciste :

Citation

L'auteur n’a pas grande renommée, pourtant, si vous ne deviez pas rire,il consent à vous payez à boire

Citation

L’auteur sait lui aussi médire, car ce fût là son premier art. EN toutes les régions où l’on parle italien,il n’y craint personne 

L'humour misogyne de machiavel :

Citation

Les personnes les plus charitables sont bien les femmes et aussi les plus embêtantes. Écartez les vous échapperez aux ennuis et aux profits. Fréquentez les, vous aurez les profits et les ennuis. Mais il est vrai qu’on n’a pas de miel sans les mouches.

Citation

Pour sûr, je crains des difficultés, car Lucrezia est sage et bonne, c’est par ce moyen que je la roulerai. Au fond les femmes ont peu de cervelle. S’il en est une qui sait dire deux mots de suite, on en parle partout, car au pays des aveugles les borgnes sont rois. La voici avec sa mère, qui est une vraie bête ? Elle me sera bien utile pour l’amener à ses désirs

Citation

« Regarde le hasard en face, fuis le malheur ou bien si tu ne peux le fuir, supporte le en homme, ne t’incline pas, ne te laisse pas aller comme une femme. »

Il tient aussi des raisonnement casuistiques et détournent la théologie pour légitimer l'adultère, le meurtre mais aussi l'avortement (Machiavel serait-il pro choice ?) :

Acte III Scène XI :

Citation

-[le prêtre roublard] : Vous devez dans les cas de conscience, suivre cette règle générale : là où il y a un bien certain et un mal incertain, on ne doit jamais renoncer au bien dans la crainte du mal. Dans cette affaire, il y a un bien certain : vous serez enceinte et gagnerez une âme à Dieu : le mal incertain c’est que vienne à mourir celui qui couchera avec vous après que vous aurez pris la potion, mais il arrive que l’on en meurt pas. Cependant comme la chose est douteuse, il est bon que votre mari ne court pas ce danger. Quant à l’acte en lui même, c’est une légende que cela soit un péché. Car c’est la volonté qui pêche, et non le corps. La cause du péché c’est de déplaire à votre mari et vous lui faites plaisir d’y prendre du plaisir et vous en avez du déplaisir. EN outre, on doit considérer le but de toute chose : votre but c’est d’avoir une place au paradis et de satisfaire votre mari. La Bible nous dit que les filles de Loth croyant être seules en ce monde  eurent des rapports avec leur père. Mais comme leurs intentions étaient bonnes, elles ne commirent pas de péché.
-[l’amante convoitée] :Qu’allez vous me persuader là ?
-[sa mère] : Laisse toi persuader ma fille, ne vois-tu pas qu’une femme qui n’a pas d’enfants n’a pas de maison ? Son mari mort elle est comme un bête abandonnée de tous »
-[le prêtre roublard] : Je vous jure madame, sur ma personne consacrée, qu’il n’y a pas plus de scrupules à avoir dans l’adultère qu’en mangeant de la viande le mercredi : un péché qui s’efface avec un peu d’eau bénite
-[l’amante convoitée] :Où me menez vous mon père ?
- [le prêtre roublard] :  Je vous mène à une chose qui sera cause que toute votre vie vous prierez Dieu pour moi et l’an prochain vous serez plus contente qu’aujourd’hui.
-[sa mère] :Elle fera ce que vous voudrez  c’est moi qui la mettrai au lit ce soir. De quoi as tu peur petite sotte ? Il y a dans cette ville 50 femmes qui rendraient grâce au ciel à mains jointes »
- [l’amante convoitée] :J’y consens mais je ne pense pas que vous me trouverez vivante demain matin
- [le prêtre roublard] :   Ne craignez rien ma fille, je prierai Dieu pour vous : je dirais l’oraison de l’archange Raphael pour qu’il vous aide. Allez en paix et préparez vous à ce mystère car il se fait tard »

 

Acte III Scène IV

Citation

- [complice de l’amant] : soudoie le prêtre avec 25 ducats puis :Je ne sais pas si vous connaissez  Camillo Calfucci ?

-[le prêtre roublard] :  Certes je le connais?

- [complice de l’amant] :Il s'est rendu en France pour certaines affaires il y a 1 an, étant veuf, il a laissé sa fille en âge de se marier à la garde d'un couvent, dont il n'est pas besoin que je donne maintenant le nom.

[le prêtre roublard] : Qu'est-il donc arrivé ?

-[complice de l’amant] :  Il est arrivé, soit par la négligence des religieuses, soit par la sottise de la jeune fille, qu'elle se trouve enceinte de 4 mois. Aussi si l'on ne prend pas prudemment quelque mesure, les religieuses, la jeune fille, son père, la famille Calfucci, tous seront déshonorés. Son père accorde tant d'importance à cette honte qu'il a fait voeu, si l'on étouffe l'affaire de donner 300 ducats pour l'amour de Dieu. Vous seul pouvez trouver la solution.

-[le prêtre roublard] : Comment ?

-[complice de l’amant] :  En la persuadant de donner une potion à la jeune fille pour la faire avorter.

-[le prêtre roublard] : Cela mérite réflexion.

-[complice de l’amant] :  Comment réflexion ? Si vous faites cela, voyez que de bien il en résultera. Vous maintenez l'honneur du monastère, de la jeune fille, de ses parents. Vous rendez une fille à son père, vous faites plaisir à tous ses parents, vous distribuez toutes les aumônes possibles avec 300 ducats. D'autre part,, vous ne faites du mal qu'à un peu de chair qui n'est pas encore né, n'est pas conscient et peut disparaitre de mille façons. Je pense que le bien consiste à faire le bonheur et la satisfaction du plus grand nombre.

-[le prêtre roublard] : Qu'il en soit ainsi, si Dieu le veut ! On fera ce que vous voulez par amour de Dieu et esprit de charité. indiquez moi le couvent, donnez moi la potion et cet argent si vous le croyez bon, pour commencer à faire quelques bonnes œuvres.

-[complice de l’amant] : Vous me semblez tout à fait le moine que je pensais

Quelques tirades se moquant du mari cocu :

Citation

-[complice de l’amant] : Je veux être votre capitaine et commander l’armée lors de la bataille. [l’amant] sera la corne droite, moi celle de gauche, entre les deux le [mari cocu] ! Le mot de passe sera « Saint-Coucou »
-[mari cocu] : Qui est ce saint-Coucou ?
-[complice de l’amant]-Le saint le plus fêté en France.

Citation

-[mari cocu] : Quelles simagrées a encore faites cette folle !  Elle a tant fait de grimaces avant d’aller au lit : -je ne veux pas ! Qu’est ce que je vais faire . Qu’est ce que vous me faites faire ? Oh maman! Et si sa mère ne l’avait pas dit son fait, elle ne serait jamais entrée dans son lit. Qu’elle attrape la fièvre ! J’aime assez que les femmes fassent assez de chichis mais pas à ce point. Elle nous tourne la cervelle cette espèce de linotte. Je sais bien que la trique entrera dans la ville !   Et avant d’abandonner la partie, je veux pouvoir dire comme la commère : vous de mes propres yeux, vu !

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Mon compte rendu du Parti Libéral, son programme et son avenir d'Edouard Laboulaye :

Intro

Après des années de chape de plomb suite au coup d'État de décembre 1851, un nouvel espoir semble se dessiner pour les défenseurs de la liberté : en 1860 le traité de libre échange Cobden-Chevalier avec l’Angleterre consacre les idées de Bastiat, mais plus encore en 1863, avec la loi libéralisant la création des SARL, auparavant approuvée par décret impérial, et par les succès électoraux de l’opposition libérale à PAris (31 mai et 1er juin). Une union de libéraux expérimentés : Wolowski, Batbie et Laboulaye, qui entretinrent la flamme de la liberté au plus fort de la tyrannie du second empire, et de jeunes républicains comme Ferry, Gambetta ou Floquet font chuter le gouvernement de Persigny.
C’est dans ce contexte de renouveau démocratique/de campagne électorale que Laboulaye, professeur au collège de France (chaire de législation comparée), germaniste (il publie aussi en 1863 l’Etat et ses limites inspiré du travail éponyme d’Humboldt) mais aussi américaniste (travaux sur la constitution américaine et histoire politique des US) il s’inspire de Tocqueville pour rédiger le programme du parti libéral. Il ne s’agit pas de lister des mesures positives mais de dresser les contraintes négatives qui entravent la souveraineté individuelle. Rendre aux individus leurs droits fondamentaux, leur pouvoir de décision injustement confisqué, “laissez faire, laissez passer" voilà le programme synthétisé par le triptyque : liberté individuelle, sociale et municipale. Trois formes de libertés, que Laboulaye nomment “droits naturels”, qui découlent directement de l’exercice  de nos facultés.

Laboulaye commence par distinguer deux formes de démocraties celle des césars (plébiscite, l'homme providentiel) et celle individualiste, qui ne cherche pas à diriger les hommes mais à appliquer l’esprit du franc-jeu : laissez les individus trouver leur propres solutions.

Il distingue également deux aspects de la liberté, tous deux nécessaires mais bridés par les lois:
-celles qui subsistent par elles mêmes, qui donnent un sens/un contenu aux secondes
-celles qui garantissent les premières, les libertés politiques qui sans les premières lassent le peuple

 

I) Libertés individuelles
La liberté individuelle est la première des libertés, il s’agit de la propriété de son corps et de ses biens.

Pour la protéger, la police doit être l’auxiliaire de la justice, qui seule décide de ses interventions (hors flagrant délit), et non un pouvoir indépendant et irresponsable(comme le syndicat alliance).
Les procédures extraordinaires et la raison d’état, héritage de la monarchie des Valois, ne sont que des paravents de l’arbitraire légal, des "grands mots qui n'ont pour objet que de cacher la violation du droit commun" . A rebours, Laboulaye réclame la liberté sous caution , comme aux US, et la disparition de la prison préventive, au nom de la présomption d’innocence (héritage de Saint Louis).
Concernant les libertés économiques, Laboulaye critique les multiples barrières et autorisations qui briment l’activité, au nom du prétendu mythe de l'État stratège, vision héritée du colbertisme, qui prétend que le peuple manque de lumière et doit donc se faire encadrer par un tuteur infaillible (l’état). En effet, la sagesse de l’administration est toujours inférieure à l’intérêt particulier pour guider les actions humaines, de plus les membres de l'administration sont issus de ce peuple fou, deviennent-ils magiquement sages en devenant fonctionnaires?

Il cite quelques exemples illustrant son propos : les États gérant l’approvisionnement connaissent généralement la famine, l’inscription maritime handicape la marine française vis à vis de la Royal Navy, la vente de charges monopolistiques comme les agents de change, commissaire-priseur, avoué ou les monopoles de l’eau, du gaz, des transports sont autant de privilèges illégitimes qui brisent toute efficacité et innovation (de tels emplois peuvent tout à fait être ouvert à la concurrence avec un grand profit), de plus les monopoles sur les librairies, l’imprimerie et les journaux assèchent toute vie intellectuelle.
Selon lui, ces attaques contre la propriété, notamment les impôts sur les successions, les importants droits de mutation et les impôts lourds, découlent d’un part du poids de l’état, héritage de la monarchie de Louis XIV et des conceptions égalitaristes d’une partie des révolutionnaires (Mirabeau, Babeuf, Hébert…) , issues des théories d’un Mably ou d’un Rousseau, selon lesquelles la propriété est contre nature, et l'hérédité un privilège social.
Or la propriété n’est que le fruit du travail d’un créateur de richesses, elle ne doit, ni ne coûte donc rien à personne mais contribue à la prospérité de tous. Elle n’appartient qu’à celui qui l’a créé ou ses descendants, puisque c’est pour eux qu’il accomplit sa peine,

Citation

“on croit que c’est la société qui enrichit le propriétaire mais c’est une erreur, tout au contraire c’est le propriétaire qui enrichit la société”


 Remettre en cause la propriété est donc détruire tout incitation à la production, c’est décorréler travail et récompense, les pays riches sont également les pays libres.

Citation

Liberté et propriété se tiennent comme l'arbre et le fruit, l'une est labour l'autre est récolte. Toucher à l'une c'est toucher à l'autre et les tuer toutes deux du même coup


Deux visions de la propriété s’affrontent : selon la première, la propriété est une invention de la loi, c’est un monopole conféré par l’état à une minorité privilégiée, le capitaliste est honni, le pauvre une victime opprimée que des lois spoliatrices doivent venger, la propriété odieuse. Selon la seconde, c’est une création individuelle qui précède la loi, le travail est encouragé, la propriété un droit sacré reconnu par la législation
 

Citation

Dans la première de ces deux société, il y aura haine chez le pauvre, crainte chez le riche, violence et fiscalité chez l'administration, misère partout. Dans la seconde, c’est le travail qui règnera il sera à la fois fructueux et honoré

 

II) Libertés sociales ou associatives

En France, il n’existe nul intermédiaire entre l’individu et l’état (à cause de la centralisation) le second se charge donc de tout ce qui est hors de portée du premier. Contre cela, les libertés sociales, ou associatives ont pour but de décharger l'état de certaines missions dont la portée dépassent les facultés d’un individu; mais l’administration entrave ces initiatives pour deux raisons : trouble à l'ordre public ou prévention contre les charlatans/protéger le consommateur. Laboulaye montre combien ces précautions sont inutiles (la concurrence veille), il faut sortir de ces traditions monarchiques paternalistes qui infantilisent et encadrent les individus. Les obstacles de l’administration entravant toute action, Laboulaye encourage la sortie du despotisme éclairé d’antan au profit d’une république libre et prospère, où priment responsabilité et prise de risques (mais pas l’impunité) nécessaires à l'innovation et la diversité.

 

II.1)La liberté religieuse
Laboulaye milite pour la séparation de l’Église et l’État, rendue difficile par le poids des siècles mais qui s’inscrit dans l’esprit de la Réforme et celui de la Révolution d’après lui.  Ces deux nouveautés balaient  la théorie des deux luminaires d’Innocent III où chacun des deux partenaires agit en harmonie avec l’autre : le prince garantit l’unité de la foi de ses sujets, et en échange l’Église lui garantit l’obéissance de ses ouailles. Depuis l’Alliance du trône et de l'autel sous Constantin, l’état commet nombre de crimes, au nom de la religion, ce qui affaiblit l’autorité et la moralité de celle-ci, Laboulaye tient donc à montrer que cette séparation se ferait au bénéfice de tous :
Les prêtres, s'ils ne seront plus rémunérés par l'État, pourront compter sur la charité et la foi renouvelée des fidèles qui pourront donner en leur nom, comme le montre les exemples des catholiques en Angleterre ou aux US. De plus, il accorde une période transitoire de 10 ans, pour s’habituer à cette nouvelle situation. L'Église sera donc riche (Laboulaye lui rend tous ses biens mobiliers et immobiliers mais non ses terres) mais il n’y aura pas à craindre sa puissance ou son influence politique puisque la recherche de privilèges n’existe que dans les pays où état et religion sont mêlés.

 

II.2) Liberté de l'enseignement
La liberté de l’enseignement va de pair avec la liberté religieuse puisque le monopole de l’éducation de son époque est le fruit du mariage de l'Église et de l’État qui s’arroge le magistère des esprits et la souveraineté des âmes , afin de modeler les individus à leur convenance : bon chrétien et citoyen obéissant, l’uniformité est recherchée à tout prix.
Historiquement, l’Église tient son rôle d’éducateur depuis le Moyen- Âge où elle détenait le monopole de la culture et des sciences, l’État lui fait concurrence à partir de la renaissance (ou des Bourbons?) pour culminer à la sécularisation de l’Université par Napoléon, afin de mieux la contrôler.
Or, la liberté d’enseignement vient de ce principe : notre âme, nos pensées nous appartiennent en propre, non à l'État où à l’Église, on ne peut les changer par la contrainte. Le monopole c’est l’uniformité, et l’uniformité c’est la stagnation, la mort de la pensée. Au contraire, la pluralité est la loi de l’intelligence, source de progrès.  L'État, ni l'Église n’ont donc le rôle de directeur de conscience, la vérité n'appartient à personne, et personne n'a le droit de forcer la pensée.

Citation

L'obéissance passive nécessaire partout où il y a une agglomération d'hommes est une mauvaise éducation de la volonté. Elle fait des soldats et des prêtres, non des citoyens.

Laboulaye affirme que l’individu a le droit de choisir sa méthode d'éducation, même si cela va à l’encontre de l’intérêt commun

Citation

L'utilité de l'éducation, l'intérêt même de la société ne peuvent l'emporter sur le droit du père de famille et de l'individu

Il rappelle plus loin, qu’on ne réforme pas un monopole, on y met fin, et que le mérite des professeurs et la justesse de leur mission ne légitiment en rien leur monopole. Laboulaye propose donc la mise en place d'une double concurrence de l’enseignement : intérieure et extérieure, sur l'exemple des universités allemandes ou belges (Louvain, Bruxelles).
Les différentes facultés (médecine, lettres, sciences) se regroupent en universités et disposent du libre choix en matière de recrutement, offre de formation et des cours, les professeurs seront rémunérés directement par les élèves (pour distinguer les bons pédagogues des mauvais); sur le modèle “honos et proemium, gloire et argent” (Devise de l’université de Gottingen)
Laboulaye dénonce le centralisme parisien qui étouffe la vie intellectuelle des provinces et l'aménagement mal conçu du territoire par des bureaucrates déconnectés des besoins réels :

Citation

Disséminer au hasard quelques facultés de sciences et de lettres avec 6 ou 8 professeurs sans étudiants c'est jeter au vent l'argent public

A cette initiative par la haut, dispendieuse et inefficace, Laboulaye oppose une initiative individuelle par le bas, en prenant pour exemple la formation professionnelle : tandis que les ministre nomme des commissions pour savoir si cet enseignement doit relever du maire, du département ou de l’État, on ne consulte pas les entrepreneurs ou artisans/patrons, pourtant les plus à même de savoir leur besoin de formation.
Enfin, Laboulaye plaide pour une déréglementation de l’enseignement : chacun doit pouvoir être libre d’enseigner ce qu’il sait, sans avoir à demander d'autorisation au préfet ou au ministre, et ses élèves sont les seuls juges de ses mérites. Concrètement, cela passe par la libéralisation des salles de lecture, qui rapprochent rapprocher ouvriers et bourgeois par leur goût d’apprendre,des bibliothèques populaires (pour mettre la culture à portée de tous) et de la presse (pas de timbres fiscaux, pas de censure, cherté de la poste) pour avoir un journal bon marché et aussi complet que possible. Apprécions au passages cette citation sur le fisc ingénieux, qui a bien vieilli :

Citation

En France la poste est chère, le timbre l’est aussi, le fisc, toujours ingénieux, a imaginé le timbre de proportion, qui empêche le journal de grandir. C’est toujours le même système : on a tellement peur du feu qu’on éteint la Lumière” (

Finissons en avec ce système préventif organisé qu’est l'administration, qui multiplie les gênes administratives sur des craintes infondées. A la maxime castratrice du despotisme éclairé
"mieux vaut prévenir que guérir", succède celle du gouvernement libre "ne faites rien n'empêchez rien" ou "ne prévenez pas réprimez" .

 

II.3) Liberté de la charité
Laboulaye soutient qu’il faut remettre dans les mains individuelles ce qui est aujourd’hui du ressort de l'État providence. L’impôt nous oblige à être charitable par procuration mais sans mérite. Laissons les citoyens faire des dons en leur nom, déployer énergie et bienfaits et vous verrez que les français n’ont pas ce cœur de pierre que vous leur attribuez. Laboulaye demande à ses adversaires de poser la question aux ouvriers anglais : préfèrent-ils les hospices alimentés par la charité privée ou l'Hôtel-Dieu public ?


II.4) Liberté d’association
Concernant les associations commerciales et industrielles, Laboulaye se montre sobre car leurs mérites sont évidents aux yeux de tous(<_<). Suivant l’exemple de l’Angleterre, dont la puissance résulte de sa politique de liberté, la libre concurrence éperonne et pousse en avant les individus. Il conclut par la prière d'Ajax (je n'ai pas compris le rapport avec la liberté d'association):

Citation

"grand dieu, rends nous le jour et combat contre nous"?

 

III) Liberté politiques/municipales


Contre la centralisation, il existe des groupes naturels qui rassemblent des hommes ayant des intérêts et des droits communs, comme la commune, le département? ou la province. Ces communautés devraient donc disposer de compétences propres : police, biens communs, règlements pour gérer la vie locale.
Histoire : Au XII et XIII ème siècle la royauté appuie les mouvements communaux contre les grands princes féodaux par l’accord de franchises et d’une relative autonomie (finances, justice, armées), ce qui permet le développement remarquable de villes comme Rouen, Paris,  Laon, de Soissons, de Reims, visible notamment par leur héritage architectural (tours, beffrois, cathédrales). Las, au XIV ème siècle, les rois Valois se mettent à jalouser leur autorité et se mettent à rogner les libertés communales, le coup de grâce étant donné par Louis XIV (la liberté des élections était fréquemment violée, communautés contraintes à payer en bloc le montant de la taille…)

Citation

La ruine atteignit ainsi les communes sous Louis XIV, comme elle avait frappé les curiales sous l’empire romain. Jules Le Berquier, De la Commune et des Biens Communaux en France, 1859

L'Ancien Régime révoqua arbitrairement les privilèges des provinces, ainsi que leur indépendance administrative à son propre profit et celui  d'une minorité d’intendants royaux.
L’Assemblée constituante remet les libertés communales au goût du jour (loi du 14/09/1789 d’Henrion de Pansay), du moins en théorie, car en pratique le despotisme des agents nationaux et des comités révolutionnaires confisque tout pouvoir municipal. Comme l’avait remarqué Tocqueville, la Constituante a conservé et renforcé l'administration et la centralisation de l’ancienne monarchie. La passion de l'égalité et la haine des privilèges ont fait confondre à ses députés unité et uniformité.
 La Constitution de l’an III crée les cantons puis le Consulat met fin aux libertés communales; l’Empire les met au pas et les organisent comme des régiments (Sieyès envisageait déjà de désigner les départements et les villes par des numéros)  pour mieux les spolier, au nom de l’unité du grand empire : enrôlement de force, dépenses non consenties, rétablissement des octrois.

Citation

La liberté a dit-on le défaut d’être prodigue et de coûter cher, elle a du moins cette vertu de ne jamais prendre le bien des citoyens sans leur aveu; c’est le contraire de l'administration qui se charge de nos affaires malgré nous et se trompe à nos dépens

 

Par malheur, la Restauration couche dans les mêmes draps que Bonaparte, les libertés municipales doivent attendre la charte de 1830 pour revoir le jour, celle-ci promet des institutions communales élues, mis en place par la loi du 21/03/1831 .Mais la constitution de 1852 marque un retour aux traditions impériales : le chef de l'exécutif nomme maire et ses adjoints (garde champêtre, commis aux octrois etc) . Cela pose un problème de représentation car un étranger dirige une cité au nom de sa fidélité à l’empereur, une commune doit pouvoir nommer et contrôler ses propres gouvernants.

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Initiative et responsabilité voilà les deux conditions de la liberté

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Se gouverner soi même c'est ce qui fait un homme, une commune, un peuple, se gouverner à ses risques et périls sans avoir rien à espérer ni à craindre de personne, c'est ainsi qu'on fonde l'esprit de liberté

 

Laboulaye se fait l’artisan d’une véritable décentralisation, non pas un terme vide lancé en l’air par des politiciens opportunistes mais un transfert de compétences, une réduction des formalités administratives (paperasse), réduire le pouvoir du préfet, institution infantilisante. Il attire aussi l’attention sur les situation spéciales de Paris et Lyon, mises hors du droit commun,et administrée comme des villes conquises (préfet de la Seine , pas de maires élus) depuis l’Empire, au nom d’un vain intérêt général. Le Parisien est ainsi un étranger dans sa propre ville.

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L'intérêt général ? Cet intérêt élastique n'est que le synonyme de l'arbitraire et ne peut prévaloir contre le droit

En quoi consiste les libertés municipales ?
Son premier principe, qui remonte aux cités libres médiévales, est le consentement à l’impôt, sans lequel toute propriété est précaire comme le rappelle Locke , les insurgés américains (no taxation without representation) et l’article 39 de la constitution.
Secondement, les individus ne s’attachent pas à des chimères abstraites mais des réalités terre à terre qui s’ancrent dans leur vie : leur fidélité pour leur famille, leur commune, leur province. Les institutions pour être soutenues par ces idées morales, doivent donc respecter ces attachements, pour ne pas étouffer leur énergie. En effet, la force du corps entier provient de celles de ses membres, comme le disait Lamennais :

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Avec la centralisation vous avez l'apoplexie du centre et la paralysie aux extrémités

Or:

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en politique l'apoplexie se nomme révolution

 

Conclusion :

L'état constitutionnel doit aspirer à l’épanouissement le plus complet d’un individu en garantissant ses 3 formes de liberté, ce qui passe par une décentralisation, la fin du despotisme éclairé et du régime de surveillance/prévention, faire confiance aux individus en somme.
Le despotisme du Second Empire trouve sa source dans l’adoption du droit romain par les légistes des monarques pour consacrer leur pouvoir. L’Etat a donc remplacé les césars, (puis l’Église? cf Lefort), pour devenir une idole devant laquelle l’individu disparaît (cf Minotaure de Jouvenel). Mais cette croyance dans le pouvoir omnipotent fût ébranlée par trois révolution (Glorieuse Révolution, Révolution américaine et française) (Laboulaye ne voit cependant pas que la souveraineté populaire n’est qu’une extension et un renforcement de la souveraineté divine .)
L’État ne peut pas tout, l'étendue excessive du pouvoir le rend impotent, La France doit prendre exemple sur l’Angleterre dont la puissance dépend de l’absence d'administration. A force de brider les individus et de renier systématiquement leurs droits, ceux ci n'ont d'autre choix que de se révolter pour les conquérir; liberté et pouvoir s'anéantissent tour à tour, ce qui expliquent la série des révolutions au XIX ème siècle :

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En France le pouvoir se charge d'un fardeau qui à la longue l'écrase. Il inspire tout, il prévoit tout, il fait tout; il est responsable de tout car ce qu'il ne fait pas il l'empêche [...]aussi le chargeons nous de nos espérances, de nos ambitions, de nos mécomptes, de nos haines.

Laboulaye conclut que ses propositions ne sont guère utopiques mais s'inspirent d'institutions et d'exemples concrets de pays étrangers : États-Unis, Angleterre, Allemagne Belgique.

Il liste les différents partis de France et tentent de convaincre chacun que la liberté est leur meilleur choix :

  • légitimiste (liberté locale et enseignement ),
  • clérical (église maîtresse de son domaine),
  • orléaniste (la forme des institutions comptent peu, au fond république libérale =monarchie constitutionnelle)
  • socialisme communisme (les malheurs ouvriers apaisées par la liberté d'association syndicale et l'instruction populaire, cf chartisme)

Il se distingue aussi de certains républicains, fétichistes de la Révolution et qui fantasment une assemblée despotique fantasmée. Il oppose pour cela Robespierre et Washington.

 

On pourrait résumer cela pour en faire en article, mais quel angle adopter ? Montrer l'influence de ce programme libéral sur la suite des événements (ce qui a été réalisé ou non?) ou alors en quoi sa description des problèmes et ses propositions demeurent pertinents de nos jours?

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  • 4 weeks later...

J'ai lu Dimensions de la Conscience historique (qu'est qu'une philosophie de l'histoire? qu'est que le sens de l'histoire? Quel est le rôle de l'historien?) qui narre les événements de 1914 à 1945 avec l'ambition de comprendre les événements tout en réfutant les interprétations du type fin de l'histoire comme les marxistes ou Toynbee/Spengler. C'était plaisant mais peu être pas accessible à tous 🤔.

Sinon, happé par la hype des guerres puniques suite aux videos d'oversimplified, j'ai lu histoire militaire des guerres puniques de Yann le Bohec qui nuance fortement voire refute celles-ci.

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  • 2 weeks later...

Je suis en train de lire "Une société sans école" de Illich. Il s'agit littéralement d'un pamphlet pour abolir l'école. Etonnamment pertinent sur beaucoup de points, et très libertarien friendly. Et ça complète assez bien le petit article de Nozick se demandant pourquoi les diplômés sont plus souvent socialistes, ainsi que le coup de gueule de Kaplan contre les universités.

 

Le principal argument de Illich est que l'école, sous sa forme actuelle, et surtout du fait qu'elle soit obligatoire, monopoliste et soumise aux programmes, amène nécessairement à confondre ce qui est appris avec la méthode pour l'apprendre. Ce qui amène, entre autre, à ne dédaigner les vraies connaissances et compétences apprises hors école, et à reconnaître l'autorité de diplôme même creux. Pire, pour lui, il s'agit aussi d'inculquer qu'il faut nécessairement passer par une certaine étape, une certaine classe, avant une autre, ce qui tue la curiosité des enfants en leur faisant croire que ce qui les intéresse est hors de leur portée, et à la fois, pousse au respect de ceux qui ont perdu encore plus de temps que nous à l'école. 

Il y a aussi une critique assez abondante de l'efficacité du modèle scolaire pour l'apprentissage (et aussi de son efficience, Illich en juge le coût faramineux et aberrant), en le contrastant avec d'autres expériences pédagogiques ayant été beaucoup plus efficaces. Il fait aussi remarquer que pour la plupart d'entres nous, la plupart de nos connaissances ne nous viennent déjà pas de l'école de toute façon...

 

Ce qu'il propose à la place n'est pas encore très clair là où j'en suis. Il semble privilégier l'horizontalité de la transmission de savoir, de pair à pair, ainsi que l'apprentissage par la pratique, en se confrontant directement à ce qui a un enjeu pour l'apprenant (#SkinInZeGame). 

 

En tout cas, c'est une œuvre surprenante de la part d'un marxoïde père de la décroissance... La plupart des résumés, et même un interview de Illich en français qui traîne sur yt, présente le livre essentiellement comme une critique du capitalisme et de la société de consommation. Toutefois, pour l'instant, il y passe beaucoup plus de temps à critiquer l'économie planifiée, l'administration, et le monopole que n'importe quoi d'autre. Et s'il y a bien déjà un petit argument d'autorité à Marx qui s'est glissé quelque part... c'est pour justifier le travail des enfants. C'est beau comme du Block. 

 

Pour l'instant, ses seules propositions liberharam sont une volonté d'interdire la discrimination sur la base du diplôme, et une projet présenté par lui comme une alternative au chèque scolaire à la Friedman, en supérieur : il s'agirait de distribuer pour chaque enfant, non pas un chèque scolaire avec obligation de le dépenser dans une école, mais un nombre déterminé de crédits éducatifs, à dépenser pour n'importe quel type de formation n'importe quand, et avec des intérêts pour ceux qui les dépenseraient plus tard, afin de favoriser les familles plus pauvres dont les enfants seraient amené à ne pas dépenser leurs crédits aussi vite que d'autres.

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il y a 20 minutes, Mégille a dit :

En tout cas, c'est une œuvre surprenante de la part d'un marxoïde père de la décroissance... La plupart des résumés, et même un interview de Illich en français qui traîne sur yt, présente le livre essentiellement comme une critique du capitalisme et de la société de consommation. Toutefois, pour l'instant, il y passe beaucoup plus de temps à critiquer l'économie planifiée, l'administration, et le monopole que n'importe quoi d'autre. Et s'il y a bien déjà un petit argument d'autorité à Marx qui s'est glissé quelque part... c'est pour justifier le travail des enfants. C'est beau comme du Block. 

Bah, il a été repris par les marxoïdes, mais il a au moins autant à dire à la frange gauche des libertariens, j'en suis convaincu. C'est simplement qu'il n'y avait, à son époque, à peu près plus de libéraux en France pour engager un dialogue avec lui, alors que les libertaires de son époque étaient (et sont toujours) à la fois les cocus et les faux-nez des bolchos. Tu pourras aussi lire ça après. ;)

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