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 Vers la fin, il dit que les deux doctrines ont 60-70% de trucs en communs. 

 

 Les différences avec les libertariens selon Nisbet, ça serait le "bien commun", un "Etat régalien fort" et la "Nation". Or là encore, c'est fort discutable. Et ça ne marche que pour les libertariens, pas pour les libéraux. 

 

 Bref j'ai l'impression que les conservateurs ne sont que des libéraux modérés/pragmatiques. 

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il y a 14 minutes, PABerryer a dit :

Je suis en plein dedans et je me dis qu'au final il y a une épaisseur de trait entre liberaux et conservateurs. Je dirais que la différence est dans les racines philosophiques et dans l'approche. Quand aux buts, moyens et résultats c'est extraordinairement proche. Je m'étais fait la même réflexion avec Scruton.

 

Je viens de recevoir "De l'urgence d'être conservateur" de Scruton, tu en as pensé quoi ?

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Il y a 4 heures, Johnathan R. Razorback a dit :

 

Les marxistes (ou en tout cas une partie du marxisme) disent exactement cela (l'Etat, instrument de la domination de classe), contre la prétention des auteurs des Lumières à faire de l'Etat un élément neutre et surplombant, une totalité régulatrice de la société civile, concurrentielle, capitaliste. Voir Marx, Critique de la philosophie du droit de Hegel, l'œuvre de Tom Thomas (certains passages attaques Rousseau et Hegel exactement sur ce point), ou encore celles des conseillistes.

 

Ils ne disent pas tout à fait exactement cela. Ils disent au mieux qu'étatisme et libéralisme s'identifient, que le libéralisme est l'idéologie de l'Etat (pour faire court), ce qui n'est pas tout à fait dénué de vérité sur le plan historique. Bref, ils font l'exact inverse de ce que font les libéraux, qui feront du socialisme l'idéologie de l'Etat, ce qui là encore n'est pas du tout dénué de vérité historique. Pour moi, le problème n'est pas tant au niveau doctrinal (de quelle idéologie se sert l'Etat ?) qu'au niveau des mœurs. Il y a une solidarité effective de l'individuation sociale (et cette individuation est tout aussi bien réalisée par des gouvernementalités libérales, comme l'a montré Foucault, que socialistes, comme il a refusé de le voir) et de l'étatisation - et cette solidarité ne s'arrête pas à l'individualisme et au collectivisme qui sont simultanément réalisés, on pourrait y inclure le primat des sciences modernes sur la contemplation, la sécularisation, le primat de l'économique, l’émergence du "social", les médias, etc. On tend trop facilement à séparer tout ça, je pense que ces choses sont beaucoup plus solidaires qu'on ne le croit, et que les libéraux, baignés d'une culture toute favorable à l'État, ne sont pas vraiment capables de lui résister.

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il y a une heure, Eltourist a dit :

 

Je viens de recevoir "De l'urgence d'être conservateur" de Scruton, tu en as pensé quoi ?

 

Que j'aurais pu en citer des pavés entiers et être celui qui récolte le plus de like à ses messages. C'est très intéressant comme approche car il va chercher ce qui peut être pertinent dans différents courants politiques. Le témoignage sur son père est aussi très parlant. 

  • Yea 1
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Il y a 2 heures, Nigel a dit :

Bref j'ai l'impression que les conservateurs ne sont que des libéraux modérés/pragmatiques.

 

C'est très réducteur et même faux... Le conservatisme n'est pas une doctrine ou une idéologie unifiée, c'est plutôt une étiquette qui regroupe des penseurs dont le seul point commun est une grande méfiance, un profond scepticisme envers le rationalisme (i.e. une raison trop abstraite, une disposition de l’esprit moderne caractérisée par la conviction que toute activité humaine peut être synthétisée sous forme de principes abstraits, de règles explicites, de procédures techniques formalisées  et dont la connaissance est suffisante pour maîtriser ces activités).

Il existe donc des conservateurs très proches de nous (Oakshott qui partage pas mal de choses avec Hayek, Burke, etc.) et d'autres qui s'avèrent très anti-libéraux.

  • Yea 2
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Pour étudier la différence entre libéralisme et conservatisme, je dirais qu'il faut se pencher sur la différence entre les conservateurs britanniques et les révolutionnaires français et américains. Peut être Rights of Man ? (il est dans ma pile mais pas entamé...)

 

J'ajouterais qu'on est dans une situation historique un peu bâtarde ; tout au cours du XXème siècle, les libéraux se sont retrouvés proches des conservateurs parce que "le monde d'hier" (càd avant 1914) était un monde plutôt libéral, ou rappelé comme tel, donc plutôt apprécié par les libéraux et les conservateurs.

  • Yea 1
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il y a 18 minutes, Bézoukhov a dit :

J'ajouterais qu'on est dans une situation historique un peu bâtarde ; tout au cours du XXème siècle, les libéraux se sont retrouvés proches des conservateurs parce que "le monde d'hier" (càd avant 1914) était un monde plutôt libéral, ou rappelé comme tel, donc plutôt apprécié par les libéraux et les conservateurs.

 

En fait, ça dépend vraiment des pays. Comme Rincevent l'avait noté dans un de ses articles, chaque pays avait sa tradition conservatrice (dur de trouver une once de libéralisme chez les conservateurs révolutionnaires allemand sous Weimar, héritiers du romantisme allemand par exemple).

 

Edit : ceci-dit, même au sein d'un pays, on peut trouver différents courants.

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il y a 25 minutes, Ultimex a dit :

 

C'est très réducteur et même faux... Le conservatisme n'est pas une doctrine ou une idéologie unifiée, c'est plutôt une étiquette qui regroupe des penseurs dont le seul point commun est une grande méfiance, un profond scepticisme envers le rationalisme (i.e. une raison trop abstraite, une disposition de l’esprit moderne caractérisée par la conviction que toute activité humaine peut être synthétisée sous forme de principes abstraits, de règles explicites, de procédures techniques formalisées  et dont la connaissance est suffisante pour maîtriser ces activités).

Il existe donc des conservateurs très proches de nous (Oakshott qui partage pas mal de choses avec Hayek, Burke, etc.) et d'autres qui s'avèrent très anti-libéraux.

 

 Bah pour Jean-Philippe Vincent, le conservatisme orthodoxe, c'est la ligne Burke-Oakshott. Le conservatisme illibérales semble juste être hétérodoxe.

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Ça me semble être une description très limitée donc... De même que qualifier les conservateurs "orthodoxes" (pour reprendre ton terme) de libéraux modérés/pragmatiques.

 

Je pose ça là au passage : https://www.contrepoints.org/2014/05/07/165373-redefinir-et-reinventer-les-limbes-de-lidealisme-liberal ;)

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On aura fait un progrès dans l'analyse de cette catégorie problématique qu'est le conservatisme lorsqu'on aura distingué en son sein une aile gauche et une aile droite, respectivement:

 

-un conservatisme "libéral" capable d'accepter, voire de favoriser certaines évolutions politiques et sociales, certaines réformes, ultimement de s'accommoder du capitalisme et de la démocratie (Churchill peut être considéré comme un représentant de ce dernier type). C'est le courant qui marque la frontière à gauche avec le libéralisme "conservateur" ou de droite.

 

-un conservatisme contre-révolutionnaire, qui constitue le courant réactionnaire à proprement parler, royaliste, ultramontain, farouchement antilibéral, antidémocrate et antisocialiste, qui promeut le retour à l'Ancien Régime (qui comporte donc une dimension anticapitaliste, ou plutôt romantique au sens de Sayre & Löwy). Joseph de Maistre et Donoso Cortès sont des figures emblématiques de cette aile droite. J'aurais tendance à penser que c'est un courant qui disparaît à la fin du XIXème siècle, début XXème siècle, mais dont les valeurs influenceront directement les droites radicales / révolutionnaires. L'aristocrate italien Julius Evola peut être considéré comme une figure illustrant cette transition du conservatisme contre-révolutionnaire au fascisme. Mencius Moldbug et la mouvance du "Dark Enlightenment" peuvent sans doute être classé comme une résurgence de ce type de conservatisme réactionnaire.

 

A partir de la comparaison de ces deux ailes, on doit pouvoir parvenir à dégager des caractéristiques communes qui dessinent la figure du conservatisme "standard", centriste.

 

Il faut aussi prendre en compte que ce que le conservateur veut conserver à tendance à changer à mesure que la société évolue. Lorsque Chateaubriand lance la revue Le Conservateur et fait l'éloge de la Restauration, qui conserve selon lui une partie des éléments de la Révolution via la Charte, il donne au terme conservateur quelque chose de sensiblement de ce qu'on peut vouloir dire si on présente, par exemple, de Gaulle comme un conservateur. Ou Thatcher, etc.

 

Il faut enfin isoler le conservatisme des autres courants de droite (nationalisme, fascisme, etc.), à partir de différences de contenus politiques. Sur le plan social, sa base semble plutôt faite de classes supérieures. Les milieux aristocratiques et anciennement aristocratiques y sont plus représentés qu'ailleurs.

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Il y a 5 heures, Soda a dit :

 

Oui il en fait des tonnes et c'est gonflant. Il y a autre chose aussi, j'ai lu Thérèse  Raquin de Zola, et à chaque fois après avoir lu un Zola, le livre suivant me paraît fade.

Moi ça me fait le contraire.

Quand je lis Thérèse Raquin, tout ce que je lis ensuite à l'air génial. 

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8 hours ago, Troy89 said:

Les meilleurs critiques du libéralisme sont surtout moins celles qui s'attaquent directement au libéralisme qu'aux catégories politiques et culturelles de la modernité (je ne parle pas là des conservateurs ou des réactionnaires).

[...]

Je crois qu'un des problèmes majeurs du libéralisme, c'est de ne pas voir à quel point la société civile et l'État sont deux faces d'une même pièce, et que l'un ne peut exister sans l'autre tellement ils sont solidaires.

Dans la seconde phrase est-ce qu'il est question de l'état... moderne ? :mrgreen:

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Il y a 2 heures, Lancelot a dit :

Dans la seconde phrase est-ce qu'il est question de l'état... moderne ? :mrgreen:

 

Ben oui...puisque je parle de la société civile. L'étatisme, qui donne tout son sens à la notion d'État (par pitié qu'on ne vienne pas la confondre avec la cité), est un phénomène moderne (oui, la modernité commence avant la Révolution, donc l'Ancien Régime n'est pas une objection, au contraire), et il est directement corrélé à la production de la société civile à laquelle a collaboré la pensée libérale (même aux deux en fait, en un coup). Que le libéralisme contemporain, prenant le contrepied du libéralisme classique, prétende s'opposer à l'État, ne l'empêche pas de défendre encore la société civile, celle-là même qui, du point de vue des mœurs et pour des raisons anthropologiques que ne peut considérer le libéralisme (incapable d'une éthique intégrale), est si docile à l'étatisme. Bref, je me contente de renvoyer à Foucault, De Corte et même Cavanaugh pour les pistes.

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Comme le soulignent @Ultimex et @Johnathan R. Razorback, le conservatisme varie aussi bien dans l'espace que dans le temps. En témoigne par exemple les propos de George Orwell sur Rudyard Kipling : "Kipling was a Conservative, a thing that does not exist nowadays. Those who now call themselves Conservatives are either Liberals, Fascists or the accomplices of Fascists.".

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Il ne faut pas confondre le Traditionalisme, qui est une réaction naturelle au changement et qui vise à maintenir une situation, avec le Conservatisme qui est un corps cohérente de doctrine (Vincent)/ un style de pensée (Kirk) ayant émergé au XVIII° siècle.

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il y a 32 minutes, PABerryer a dit :

Il ne faut pas confondre le Traditionalisme, qui est une réaction naturelle au changement et qui vise à maintenir une situation, avec le Conservatisme qui est un corps cohérente de doctrine (Vincent)/ un style de pensée (Kirk) ayant émergé au XVIII° siècle.

 

On pourrait autant se battre sur la notion de traditionalisme, parce que le confondre avec l’immobilisme me semble particulièrement fallacieux. Je pense qu'on n'y comprend rien si on se contente de simples positionnements politiques et qu'on ne revient pas aux sources spéculatives des conservatismes et du traditionalisme. Pour faire simple, j'ai tendance à dire que le traditionalisme est une défense des énoncés de la politique naturelle à partir des ses sources réalistes et classiques (Platon, Aristote, etc.), tandis que le conservatisme cherche à défendre les mêmes énoncés ou des énoncés similaires, mais à partir des philosophies modernes, ce qui n'est pas sans conséquence pour la valeur finale de ces énoncés. A ce titre, un De Bonald, pétri de cartésianisme et de philosophie malebranchienne, appartient de facto à la catégorie des conservateurs (pas pour rien qu'il est un précurseur d'une science moderne comme la sociologie), de même que Maurras et Comte avec leur positivisme (si on voulait bien voir ce qu'il y a de modernes chez eux !), au même titre qu'un Burke qui se trouve à un autre pôle du conservatisme enraciné dans un certain empirisme et scepticisme. Le problème du conservatisme, et ce qui fera qu'il sera toujours une pensée vaincue, c'est que la philosophie moderne est incapable de justifier et légitimer la politique naturelle. 

 

Pour découvrir une authentique philosophie de la tradition, ai-je déjà parlé de Marcel de Corte ? :icon_volatilize:

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il y a 31 minutes, NoName a dit :

Le conservatisme est une idée cohérente ou pas ? 

A coté de la sélection de ce qui est pertinent par le marché, la sélection de ce qui est pertinent par le temps est tout à fait valable.

Elle implique non pas un rejet de ce qui est nouveau mais la demande de garanties sur la pertinence de la nouveauté, garanties qui pourront, en partie, être apportées à l'usage.

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13 hours ago, Troy89 said:

Ben oui...puisque je parle de la société civile. L'étatisme, qui donne tout son sens à la notion d'État (par pitié qu'on ne vienne pas la confondre avec la cité), est un phénomène moderne (oui, la modernité commence avant la Révolution, donc l'Ancien Régime n'est pas une objection, au contraire), et il est directement corrélé à la production de la société civile à laquelle a collaboré la pensée libérale (même aux deux en fait, en un coup). Que le libéralisme contemporain, prenant le contrepied du libéralisme classique, prétende s'opposer à l'État, ne l'empêche pas de défendre encore la société civile, celle-là même qui, du point de vue des mœurs et pour des raisons anthropologiques que ne peut considérer le libéralisme (incapable d'une éthique intégrale), est si docile à l'étatisme. Bref, je me contente de renvoyer à Foucault, De Corte et même Cavanaugh pour les pistes.

Le sens de ma question était que si, effectivement, il est bon de rappeler que le libéralisme se construit en parallèle de l'émergence de l'état-nation moderne, ça serait pécher par modernisme de partir du principe qu'il est lié pour toujours à ce système. En lisant "la société civile et l'État sont deux faces d'une même pièce, et que l'un ne peut exister sans l'autre", ce que je comprends réellement c'est "il ne peut pas exister de société sans structure". Une fois la perspective ainsi élargie on peut commencer à se poser de meilleures questions comme "quelles sont les différentes formes de structures ?" (comme toujours je cite Les Morphologies sociales de Baechler) et on retombe très rapidement dans une perspective évolutionniste hayekienne.

  • Yea 1
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Il y a 3 heures, Troy89 a dit :

Le problème du conservatisme, et ce qui fera qu'il sera toujours une pensée vaincue, c'est que la philosophie moderne est incapable de justifier et légitimer la politique naturelle.

 

Est-ce que dire les choses de façon si absolue n'est pas accorder beaucoup trop d'importance à la vérité inhérente d'une doctrine, par rapport à tous les autres facteurs qui peuvent en expliquer le succès (à supposer que la vérité soit un facteur de succès d'ailleurs) ? (ou alors tu entends vaincue dans un sens autre que victorieuse sur le plan mondain).

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Il y a 18 heures, Johnathan R. Razorback a dit :

On aura fait un progrès dans l'analyse de cette catégorie problématique qu'est le conservatisme lorsqu'on aura distingué en son sein une aile gauche et une aile droite, respectivement:

 

-un conservatisme "libéral" capable d'accepter, voire de favoriser certaines évolutions politiques et sociales, certaines réformes, ultimement de s'accommoder du capitalisme et de la démocratie (Churchill peut être considéré comme un représentant de ce dernier type). C'est le courant qui marque la frontière à gauche avec le libéralisme "conservateur" ou de droite.

 

-un conservatisme contre-révolutionnaire, qui constitue le courant réactionnaire à proprement parler, royaliste, ultramontain, farouchement antilibéral, antidémocrate et antisocialiste, qui promeut le retour à l'Ancien Régime (qui comporte donc une dimension anticapitaliste, ou plutôt romantique au sens de Sayre & Löwy). Joseph de Maistre et Donoso Cortès sont des figures emblématiques de cette aile droite. J'aurais tendance à penser que c'est un courant qui disparaît à la fin du XIXème siècle, début XXème siècle, mais dont les valeurs influenceront directement les droites radicales / révolutionnaires. L'aristocrate italien Julius Evola peut être considéré comme une figure illustrant cette transition du conservatisme contre-révolutionnaire au fascisme. Mencius Moldbug et la mouvance du "Dark Enlightenment" peuvent sans doute être classé comme une résurgence de ce type de conservatisme réactionnaire.

 

Mes amis réactionnaires prennent "conservateur" comme une insulte !

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Ton post me rappelle une conférence en plein dans le sujet :

Il développe pile poil autour de ces deux courants que tu as distingué

 

Edit : on ne peut pas faire apparaitre les vidéos en taille réduite ?

  • Yea 1
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Il y a 3 heures, PABerryer a dit :

le Conservatisme prend ses sources chez Cicéron.

 

Moi je veux bien (en ce sens que Cicéron défend un compromis social et politique entre les ambitions de l'aristocratie et les revendications des plébéiens), mais c'est un conservateur romain, qui défend la vieille République menacée de toute part. Le même républicanisme ne serait pas conservateur mais hautement subversif et révolutionnaire dans la France de l'Ancien Régime. Donc si on classe Cicéron dans le conservatisme, on vide encore plus la catégorie de tout contenu concret, pour en faire une simple attitude de maintien du statu quo, quel que ce soit ce statu quo. Or, avec une telle définition, on exclut du conservatisme tout le groupe réactionnaire dont j'ai parlé plus haut. C'est une solution théorique qui peut se défendre, mais qui pose d'autres problèmes.

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à l’instant, Johnathan R. Razorback a dit :

 

Moi je veux bien (en ce sens que Cicéron défend un compromis social et politique entre les ambitions de l'aristocratie et les revendications des plébéiens), mais c'est un conservateur romain, qui défend la vieille République menacée de toute part. Le même républicanisme ne serait pas conservateur mais hautement subversif et révolutionnaire dans la France de l'Ancien Régime. Donc si on classe Cicéron dans le conservatisme, on vide encore plus la catégorie de tout contenu concret, pour en faire une simple attitude de maintien du statu quo, quel que ce soit ce statu quo. Or, avec une telle définition, on exclut du conservatisme tout le groupe réactionnaire dont j'ai parlé plus haut. C'est une solution théorique qui peut se défendre, mais qui pose d'autres problèmes.

 

ça se tient, ce que j'ai compris en parlant avec les réactionnaires c'est que pour eux, un conservateur a beau tenter de freiner la folie progressiste, il est déjà lui-même dans l'erreur en tant que moderne qui croit qu'il va pouvoir empêcher le déclin. La solution du point de vue réactionnaire étant évidemment de rejeter en bloc le monde moderne.

 

Je m'exprime mal mais c'est clair dans ma tête :lol:

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Il y a 3 heures, Troy89 a dit :

le traditionalisme est une défense des énoncés de la politique naturelle à partir des ses sources réalistes et classiques (Platon, Aristote, etc.), tandis que le conservatisme cherche à défendre les mêmes énoncés ou des énoncés similaires, mais à partir des philosophies modernes, ce qui n'est pas sans conséquence pour la valeur finale de ces énoncés.

Je conçois fort bien que traditionalisme et conservatisme soient deux choses bien distinctes dans leurs racines. Mais il y a à mon sens d'excellentes raisons à l'existence de philosophies politiques modernes.

 

La première est que la philosophie politique grecque est parfaite pour le monde politique grec, fait de cités-États de taille réduite et de composition homogène. Or, les entités politiques modernes sont plus grandes de plusieurs ordres de grandeur. Et comme on me gouverne pas un grand pays de dix millions d'habitants comme une petite ville qui en compte dix mille, il est nécessaire de se munir d'une nouvelle philosophie politique. Ça peut être le libéralisme, le conservatisme, ou whatever d'autre.

 

Et puis l'autre différence c'est la plus grande pluralité des sociétés ouvertes dans lesquelles nous vivons. Il ne s'agit pas de régner sur plusieurs peuples bien distincts jusqu'au niveau géographique, comme pouvaient classiquement le faire les empires. Il s'agit de faire avec une population entremêlée, de gérer les rapports entre des chrétiens qui acceptent la philosophie de Cicéron et Thomas d'Aquin, des juifs qui refusent ce dernier, des musulmans qui récusent le premier, des bouddhistes qui récusent les deux, des athées qui ont des philosophies encore autres... et pour faire vivre ces gens ensemble, il faut trouver une conception du juste qui les mette tous d'accord. Et cette conception va nécessairement être beaucoup plus limitée que ne le supposaient les philosophies politiques grecque, romaine, médiévale et chrétienne.

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Il y a 2 heures, Eltourist a dit :

Ton post me rappelle une conférence en plein dans le sujet :

Il développe pile poil autour de ces deux courants que tu as distingué

 

C'est très, très intéressant :) (comme le sont souvent les invités du Cercle Aristote).

 

Huguenin fait d'ailleurs des remarques qui vont tout à fait dans le sens de ce qu'explique @Troy89:

 

« [En affirmant que la société prime sur l’individu, là où la philosophie classique –des Grecs jusqu’à Thomas d’Aquin- faisait du bien commun la condition de la réalisation de l’homme, posait l’homme comme fin] Il y a une sorte de renversement de la pensée réactionnaire, qui pour ma part prouve qu’elle est moderne. »

« Il y avait cette idée [dans la pensée classique, grecque] de l’universalité de l’homme ; or tout dans coup, dans la pensée réactionnaire, cela disparaît. »

(Ses remarques sur la manière dont les réactionnaires n'ont fait que renverser/conserver Rousseau, en conservant l'idée de la Souveraineté du politique comme un équivalent de la souveraineté divine, me semblent très judicieuses, et ça explique d'ailleurs l'affinité à première vue incompréhensible entre la pensée de Carl Schmitt, grand lecteur des catholiques contre-révolutionnaires, et celle du démocrate Rousseau, qu'il cite volontiers avec approbation. Comme dirait Nietzsche: "A trop combattre le dragon, on devient dragon soi-même").

 

Là ou je serais moins en accord avec Hugenin, c'est qu'il emploie le concept de "droite(s)" plutôt que de conservatisme ; or ça l'amène à construire une catégorie de droite libérale (où il range Constant, Tocqueville et Aron), là ou la distinction entre deux ailes du conservatisme (réactionnaire et "libéral") et, "au centre" ou "centre-droit", la catégorie de libéralisme conservateur me paraît permettre saisir plus finement la réalité.

 

Typiquement je ne classerais pas Tocqueville et Aron dans le même type de libéralisme (Tocqueville est un libéral d'esprit conservateur -pour inverser la formule d'Aron sur Clausewitz, conservateur d'esprit libéral-, Aron c'est beaucoup moins évident), d'où le problème que pose la catégorie de "droite libérale". De plus, parler de droite libérale plutôt que de libéralisme conservateur enracine le libéralisme à droite, alors que lui-même se présente volontiers comme par-delà droite et gauche, "ailleurs" comme dirait Pascal Salin (ce qui n'exclut évidemment pas, comme je viens de l'évoquer, que le libéralisme est lui-même une aile droite et une gauche -et un "centre", que pourrait illustrer quelqu'un comme Bastiat par exemple).

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Il y a 2 heures, Johnathan R. Razorback a dit :

 

Moi je veux bien (en ce sens que Cicéron défend un compromis social et politique entre les ambitions de l'aristocratie et les revendications des plébéiens), mais c'est un conservateur romain, qui défend la vieille République menacée de toute part. Le même républicanisme ne serait pas conservateur mais hautement subversif et révolutionnaire dans la France de l'Ancien Régime. Donc si on classe Cicéron dans le conservatisme, on vide encore plus la catégorie de tout contenu concret, pour en faire une simple attitude de maintien du statu quo, quel que ce soit ce statu quo. Or, avec une telle définition, on exclut du conservatisme tout le groupe réactionnaire dont j'ai parlé plus haut. C'est une solution théorique qui peut se défendre, mais qui pose d'autres problèmes.

 

L'idée de base du Conservatisme est la préservation, par les réformes nécessaires et non la révolution, de ce qui est bon dans la tradition, les us et coutumes hérités de nos ancêtres. C'est autant une doctrine (apparue au XVIII) qu'une manière d'aborder le monde (plus ancienne ==> Cicéron). Croire que le Conservatisme s'est revenir à SPQR par ce que Cicéron est un conservateur est une erreur. Le Conservatisme m'intéresse du point de vue intellectuel car ce n'est pas, ou pas que, une doctrine clairement établie. Il y a un côté organique et évolutif que je trouve intellectuellement très stimulant.

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