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il y a 53 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

(J'avoue que je ne dois pas avoir l'esprit assez militaire: le Rhin je l'ai vu, ce n'est jamais qu'un peu d'eau à traverser, non ? L'avantage stratégique massif ne saute pas aux yeux)

Y'a un truc qui s'appel le courant. Quand tu l'affrontes et que tu sors de l'eau, t'es pas en pleine forme. Peu importe l'époque, si t'as un ouvrage défensif à prendre d'assaut derrière, c'est mort.

Edit : sans parler de la température, les types n'avaient pas de combinaisons au néoprène à l'époque. Des romains en jupettes qui traversent ça à la nage, les pauvres.

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il y a une heure, NoName a dit :

les gars, si la méditerannée n'est pas un obstacle, le rhin c'est carrément inexistant. Vous imaginez sérieusement que le rhin va arrêter la moindre armée ?

Va dire ça aux dizaines de milliers de barbares qui ont attendu que le Rhin gèle en 406. ;)

 

Blague à part, la navigation en mer et la navigation en eau douce sont assez différentes (pas les mêmes gabarits ni le même nombre de bateaux, tout ça), du coup autant faire traverser la mer à une armée en bateau a un sens (avec pleeeeein de bateaux qui ont un fort tirant d'eau, ça peut marcher), autant faire traverser un fleuve à une armée en bateau en a paradoxalement beaucoup moins (sans même parler de ce qu'il faut construire lesdits bateaux, si possible à l'abri des forces ennemies).

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Il serait intéressant de s'intéresser aux frontières de la Pologne dans l'histoire. Et de chercher le rôle des obstacles naturels. Je dis ça à vue de nez ne m'étant jamais penché sur la question.

Sinon, le thème des frontières naturelles n'a jamais été en France qu'un cache-sexe pour des projets de conquête et d'expansion (notamment de ces fameux bas pays du nord que les Français n'ont réussi à contrôler qu'épisodiquement au cours de leur histoire).

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il y a 36 minutes, Nick de Cusa a dit :

Burmese Days d'Orwell (Une Histoire Birmane). Fort recommandé. Sans le côté fable politique, on apprécie mieux l'écrivain et il est bon. Et on découvre une partie de sa vie puisqu'il a en effet vécu là bas. 

 

Toujours dans une veine autobiographique, son Hommage à la Catalogne est très bien aussi.

  • Yea 1
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Il y a 6 heures, Dardanus a dit :

Il serait intéressant de s'intéresser aux frontières de la Pologne dans l'histoire. Et de chercher le rôle des obstacles naturels. Je dis ça à vue de nez ne m'étant jamais penché sur la question.

Bah précisément, il n'y en a pas beaucoup ; les Carpathes au sud-ouest, quelques fleuves, rien de bien probant. D'où la très forte variabilité de ses frontières au cours des derniers siècles (comme tu le sais, la Pologne sous une forme ou sous une autre s'est un jour étendu de la Baltique jusqu'à la Mer Noire, et s'est translatée a été translatée après la Seconde Guerre Mondiale). Comme disait l'autre, "La scène se passe en Pologne, c'est-à-dire nulle part".

 

Il y a 6 heures, Dardanus a dit :

Sinon, le thème des frontières naturelles n'a jamais été en France qu'un cache-sexe pour des projets de conquête et d'expansion (notamment de ces fameux bas pays du nord que les Français n'ont réussi à contrôler qu'épisodiquement au cours de leur histoire).

En effet. C'est, disons, compliqué de trouver des réflexions géopolitiques dénuées d'arrières pensées partisanes, ou même simplement honnêtes vis-à-vis de leurs commanditaires directs ou indirects. Pour autant, je pense que ce n'est pas une quête vaine.

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Le nom de Pologne nous indique déjà, d’une manière fort approchée, le point d’un continent où naquit l’État polonais ; ce point doit se trouver sur la haute Vistule, dans cette partie du territoire qui conserva longtemps le nom de petite Pologne, par les 50-50 degrés de latitude nord, et 18-19 de longitude –est, entre Cracovie et Sandomir. Quant aux Polonais eux-mêmes, ils se donnent le nom de Léchites, enfants de Lech.

La Vistule est aux Polonais ce qu’était jadis le Tibre aux Romains, qui l’appelaient père,Tiberina pater ; elle est Léchite sur ses deux rives. Ses affluents de droite et de gauche, la Lipuika, la Wistoka, le San, le Wiepz, le Dog, la Nide, la Piliça, sont autant de voies naturelles, ouvertes à la conquête. Les provinces primitives de la Pologne, Cracovie, Sandomir, Galitzia, Lublin, Kalisch, Podlaquée, Ploçk, Mazovie et Kuïavie, sont réunies au faisceau autour du réservoir commun qui est la Vistule. Les diverses capitales qu’a eues la Pologne, - si l’on peut donner le nom de capitale à la résidence du prince, dans un pays où la royauté était si peu de chose, où la noblesse était tout, et dans lequel on peut dire qu’en principe il n’y avait pas de villes, - témoignent de toutes ces annexions. Cracovie, Sandomir, Krusvitza, Guesne, Posen, eurent tour à tour l’honneur de posséder les rois ; plusieurs n’avaient pas de demeure fixe, et comme les nobles, préféraient la campagne, allant de château au château, parfois même, en souvenir des anciennes mœurs, parlant sous la tente toute la belle saison. Pendant longtemps les successeurs de Jagellon sentirent dans leurs états héréditaires : et ce ne fut que par transaction que Varsovie, située entre les deux grandes provinces de Pologne et Lituanie, fut préférée.

Ce système de la géographie polonaise a été respecté par le Congrès de Vienne, sauf Cracovie, qui d’abord déclarée ville libre, a été depuis 1846 réunie à l’Autriche.

Si maintenant l’on remonte les divers affluents de la Vistule jusqu’à leurs sources, on arrivent sur des plateaux d’où coulent, vers l’ouest, l’Oder, la Psosna, la Wartha ; vers le nord, la Passarge, la Prégel, le Miémen ; vers l’Est et le Sud-Est, le Pripet, le Stys, le Bourg, le Sered, le Dmierter, le Pruth, le Sereth : autant d’issues par lesquelles la Pologne déborda, d’un côté sur la Silésie, la Posnanie, la Poméranie, Dantzig, Königsberg, Kowno, Groduo ; de l’autre, sur la Wolhynie, la Podolie, Kiet, la Moldavie, l’Ukraine, etc. Dans ce système, nous remarquerons deux directions principales, celle de la Vistule et de l’Oder, et celle du Dniestr et du Dniéper ou Borysthène, la première allant du Sud-est au nord-est, la seconde du nord-est au sud-est, sur deux pentes adossées l’une à l’autre, comme le sont celles de la Saône et de la Meuse. C’est la route que suivirent les Goths, lors de la grande invasion du 4e siècle. Sortis de la Scandinavie, après avoir traversé la Baltique, ils pénètrent par les bouches de la Vistule, remontent le fleuve, jusque près du Karpathe, et de là vont s’embarquer sur le Dniepr qui les porte au Pont-Euxin. Les Goths traçaient ainsi, sans le savoir, la ligne principale des conquêtes polonaises, plus de six cents ans avant que le monde de Slave eût pris son essor. Et quand les Hérules, une des tribus gothiques, après avoir pillé les côtes de l’Euxin voulurent retourner dans leur pays, ils reprisent ce même chemin, suivant la chaîne des nations Slavonnes du Borysthène à la terre des Warnes, aujourd’hui Mecklembourg. Tant il est vrai que si les hommes savent parfois admirablement disposer des choses, les choses sont avant les hommes et les commandent à leur tour. Telle est enfin la raison de cette configuration singulière que présentait, avant 1779, le territoire de la république, comprimé, à l’est, par les affreux marais de Pinsk, qui le séparent de la Lituanie et de la Russie, au sud, par les monts Carpates qui le séparent de la Hongrie, et développé en écharpe de la Baltique à la mer Noire. Ce tracé, dont on a voulu faire de nos jours une loi de haute stratégie, n’a pas d’autre raison que le rapport des bassins : il a, comme j’ai dit, son analogue dans l’ancien empire lotharingien, s’étendant, par la Meuse, la Saône et le Rhône, de la mer du Nord à la Méditerranée.

De même que la disposition des cours d’eaux donne la formule de l’expansion polonaise, pareillement elle va nous donner celle des attaques, et conséquemment des réductions que la Pologne, en cas de conflit avec les puissances voisines, aura à craindre. Ce que la politique et la guerre lui auront donné, la politique et la guerre pourront le lui reprendre : et la loi de l’annexion deviendra celle des reprises. Les peuples germaniques, remontant les bassins de l’Oder, de la Wartha, de la basse Vistule, de la Passarge, se répandant le long de la Baltique jusqu’à Riga, débouchant en masses par la Sibérie, la Poméranie, la Courlande ; les Zatars, Turcks, et Koozaks, arrivant par le Prout, le Dniestr, le Bourg, le Dniepr ; l’Autriche, devenue souveraine de la Hongrie, maîtresse du Carpathe, débouchant sur la Galicie et s’emparant du haut pays, le faisceau des incorporations se désagrégera de la même manière qu’il s’était formé, et si la Pologne, ramenée de la sorte à sa limite originaire, ne peut vivre, elle sera elle-même démembrée et incorporée. Admettons pour un moment que le Congrès des puissances prenne en considération la demande des Polonais, de rentrer dans leur autonomie nationale ; resterait cette question des territoires conquis et perdus, et sur lesquels la Pologne proprement dite n’a pas plus de droits naturels que la Turquie, la Russie, l’Autriche ou la Prusse... La question change de nature ; et je ne conseille pas aux Polonais de s’y aventurer.

Du reste, dans toute cette région de sol et d’aspect uniforme, les plateaux sont d’une faible altitude ; les vallées peu profondes, les crêtes à peine prononcées. La personnalité de l’État, image du territoire où il s’est formé, n’est point aussi tranchée que dans la Grèce ancienne, l’Italie, l’Asie Mineure, certaines parties de la Gaule et de l’Espagne. On passe d’un bassin dans un autre sans s’en apercevoir […] « La Pologne, dit Malte-Brun, la Lituanie, la Courlande, les Russies blanche et noire, la Polésie, la Polaquie, la Poméranie, et même toutes la Prusse, sont couvertes d’un sable profond qui occupe les plaines et les hauteurs voisines des eaux courantes... La même succession de terrains, de plaines, de collines, de tourbières, de lacs sans nombre ; la même variation du sable et de l’argile règnent en Poméranie, en Brandebourg, en Basse-Saxe, et dans une partie du Danemark. Ces plaines sarmatiques et germano-cimbriques présentent un immense terrain de transport... Toute la Russie, enfin, depuis les montagnes de Finlande jusqu’au Caucase ; de l’Oural au Karpathe, de la Baltique à la mer Noire, n’est aussi elle-même qu’une succession de plaines, de marais et de collines très peu élevées, et formées presque partout de terrain alluvion. »

Tout cet immense territoire dont la plus grande partie est au-delà du 48e parallèle, exposé aux vents du Nord et du Nord-est, était jadis couvert d’eaux et de forêts, moins quelques clairières où passait le bétail. Ce n’est que peu à peu que le défrichement a fait de la Pologne et de la Russie un vaste grenier à blé. Des marais, des prés et des bois ; des bois, des prés et des marais ; partout de la plaine et de l’humidité, voilà le pays. Naturellement, un tel climat a dû agir sur le tempérament, le caractère, l’esprit et les mœurs des habitants, par suite sur la constitution politique, d’une toute autre manière que le climat des îles fortunées de la Grèce ; des Vallées de l’Apennin, de l’Asie Mineure, de la Syrie, de l’Espagne ; des bassins du Rhin, du Rhône, de la Loire, de la Seine, de la Garonne ; de la Suède à la fois montagneuse et maritime, de la Suisse aux pics neigeux et aux lacs profonds. Nous en jugerons bientôt.

En résumé, j’appelle frontières naturelles la circonscription assignée par la nature à un groupe de familles, habitants d’une même vallée, formée ordinairement par un cours d’eau et deux lignes parallèles de hauteurs. Si le cours d’eau est d’une étendue considérable, parcourant des sols divers, sous des latitudes plus ou moins élevées, alors, les cultures et les climats changeant, la race des hommes varie à son tour, et leurs institutions avec eux ; la longue vallée se partage entre plusieurs groupes. L’État primitif peut se réduire à un simple hameau, et ne dépasse guère en population quelques milliers d’âmes. Telles étaient naguère la République de St-Marin et la principauté de Monaco ; tel est encore aujourd’hui le canton de Zoug, en Suisse, qui ne comptait, il y a quelques années, pas plus de 12,000 habitants.

 

Proudhon

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il y a une heure, Frenhofer a dit :

Ça me fait marrer car j'ai l'impression qu'il se fout de la gueule de Marx et des marxistes à chaque page.

 

Castoriadis a un trait de caractère rare (et d'autant plus appréciable) pour un homme de gauche: il a de l'humour.

 

Certains des arguments qu'il mobilise pour réfuter le schématisme de Marx (pensée étonnante, ingénieuse, et, dans une mesure à préciser, favorable aux développements des sciences sociales après la mort de Marx), ont déjà été mobilisé par le socialiste Henri de Man dans Au-delà du marxisme (1926). J'avais lu cet ouvrage avant celui de Castoriadis et ça m'avait paru pertinent. Néanmoins Au-delà du marxisme, bien que précurseur en terme de date, à plusieurs défauts: des affirmations psychologiques discutables, un style un peu old, et, peut-être plus important pour comprendre le manque de célébrité de cette œuvre, son auteur s'est compromis avec la collaboration belge durant la 2ème guerre mondiale... Donc finalement, l'étude de Castoriadis me semble de beaucoup préférable (surtout qu'il tacle implicitement Althusser, alors au sommet de sa popularité dans l'intelligentsia parisienne).

 

André Gorz (Au-delà du prolétariat, 1980), a aussi fait quelques critiques utiles, mais d'une part, il arrive bien après Castoriadis, d'autre part, l'une de ses thèses est que la théorie de Marx repose sur l'existence d'un certain type de prolétariat industriel, et que l'évolution ultérieure ne rend pas possible la révolution telle que Marx l'entendait. Ce qui semble discutable et fondamentalement beaucoup moins incisif que les analyses de C.C.

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Les idées (en l'occurence le substitionnisme) sont toujours plus anciennes que ce que l'on croit:

 

« Au tournant du XIXème siècle, dans la propagande socialiste, le mandat "historique" de préparer la Révolution qui anéantira le capitalisme et le pouvoir de la bourgeoisie glisse des mains de la passive et "veule" masse prolétarienne pour devenir la mission du seul Parti et de ses militants. C'est ici une évolution décisive de l'histoire idéologique moderne. Les "masses", finit-on par constater, ne répondent pas, en leur majorité, à l'Appel de l'histoire. Elles demeurent assoupies dans une "torpeur" résignée. La conscience leur fait défaut et aussi, ajoute-t-on, la "virilité"[Le Parti ouvrier, 5 février 1889, p.1]. En vain, on les tance, on les secoue: "Voyons, peuple d'exploités, masse d'esclaves du Capital, ouvriras-tu les yeux ?" [L'Affamé, anarchiste, 13 juillet 1884, p.1]. La propagande continue machinalement à rêver à "une classe ouvrière qui marche unie, compacte vers son émancipation politique et sociale" [Le Prolétariat, 1 mars 1890, p.1], mais seule la minorité organisée, finalement, lui apparaît porteuse de la conscience historique et prête à "jouer son rôle". Ce sont les seuls prolétaires "conscients et organisés" (épithètes homériques favorites de Jules Guesde), c'est-à-dire les membres du Parti qui sont alors appelés à jouer le rôle d' "accoucheurs du grand renouveau social" et il convient de leur faire sentir leur supériorité sur ces "masses amorphes" pour lesquelles ils se dévouent sans compter [Frédéric Stackelberg, Vers la société communiste, Nice, Au droit du peuple, 1909, p.15]. La propagande socialiste passe ainsi de la dévolution du grand rôle historique au "parti de classe" [Almanach du Parti ouvrier 1892, p.17]. Tout ceci, qui est abondamment attesté en France vers 1900, fait plus que préfigurer le léninisme qui n'est que la version russe de cette évolution significative du discours de l'Internationale au tournant du siècle. Bientôt, assure-t-on du côté des guesdistes français, "le Parti Socialiste [le parti, pas la classe !] aura accompli la mission historique qui lui est assignée dans la grande transformation sociale qui s'impose au monde entier" [Ghesquière, La Défense, Troyes, 18 janvier 1907, p.1]. » -Marc Angenot, L'Histoire des idées. Problématiques, objets, concepts, méthodes, enjeux, débats, Presse Universitaires de Liège, coll. Situations, 2014, 392 pages, p.231.

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C'est très attristant de voir qu'on propose d'opposer à l'esprit de dogmatisme un relativisme ou un historicisme (là où la neutralité axiologique wébérienne -à ne pas confondre avec le scepticisme personnel de Weber- suffirait):

 

"Un historien des idées qui reculerait devant l'historicisation et la relativisation des valeurs et des convictions censées intangibles de son temps et de son milieu, qui croirait à quelque chose comme une vérité enfin atteinte en son temps dans les savoirs sur l'homme et la société, à une normalité contemporaine, qui penserait que, comme par hasard, le monde a adhéré enfin aux vraies valeurs et décisivement progressé en vérité et en rationalité à son époque, ce qui lui permet de juger avec un recul condescendant des erreurs, des chimères et des mythes du passé à l'aune d'un savoir bien étayé, un tel historien devrait changer de métier.
Une autre attitude connexe non moins discutable est celle de l'historien qui, après avoir dûment montré l'historicité contingente, les variations des notions de "liberté", "démocratie", etc., arrive avec sa propre définition censée intemporelle et neutre. Historiciser, c'est écarter l'idée que nous puissions, nous, sortir du cours de l'histoire pour produire une définition transcendantale d'un concept. C'est ce que Quentin Skinner objectait à la théorie libérale d'Isaiah Berlin: élaborer, comme prétendait faire celui-ci, une définition neutre et transcendantale de la Liberté était "une illusion".
"
-Marc Angenot, L'Histoire des idées. Problématiques, objets, concepts, méthodes, enjeux, débats, Presse Universitaires de Liège, coll. Situations, 2014, 392 pages, p.334.

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Fini The Dictator's Handbook.

 

C'est juste monstrueux. Et je pèse mes mots. Près de vingt ans de travail à rechercher les intentions qui gouvernent nos dirigeants partout dans le monde, avec des exemples qui datent de l'Antiquité. Je suis extrêmement impressionnée par l'étendue des recherches et reconnaissante envers les auteurs qui nous ont donné, à travers un ouvrage très accessible, tous les outils nécessaires pour ouvrir les yeux. La leçon est simple : un gouvernement n'a pas intérêt à agir dans le "bien commun" s'il veut conserver le pouvoir, et il n'y a pas de différence substantielle entre un autocrate et un démocrate. Le fait est qu'ils devront respectivement adapter leur politique en fonction de leurs soutiens.

 

Parfait pour anéantir les dernières bribes de naïveté en vous. C'est juste impossible de ne pas faire des liens avec des faits récents. Des militants (Gulalai Ismail au Pakistan), communautés religieuses (les Ouïghours en Chine) se font persécuter au nom de la sécurité de l'Etat, des potentiels rivaux politiques (les libertariens en Russie) se font arrêter arbitrairement, des citoyens lambda (Dong Yaoqiong) un peu trop critiques à l'égard du pouvoir disparaissent soudainement lorsqu'au fond, la seule menace qui existe n'est qu'altérité, opposition susceptible de fragiliser le régime en place. Ce livre m'a littéralement plombée, poussée au cynisme le plus total. Il est grand temps de se réconforter en lisant de la vraie littérature. 

  • Yea 1
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il y a 33 minutes, poincaré a dit :

il n'y a pas de différence substantielle entre un autocrate et un démocrate.

Oui, un des apports majeurs de Bruce Bueno de Mesquita, c'est le concept de "sélectorat", montrant la continuité profonde entre démocratie et autocratie. Pour ma part, ça m'a beaucoup ouvert les yeux (enfin les oreilles, c'était dans un vieux podcast de EconTalk).

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5 hours ago, poincaré said:

Fini The Dictator's Handbook.

 

C'est juste monstrueux. Et je pèse mes mots. Près de vingt ans de travail à rechercher les intentions qui gouvernent nos dirigeants partout dans le monde, avec des exemples qui datent de l'Antiquité. Je suis extrêmement impressionnée par l'étendue des recherches et reconnaissante envers les auteurs qui nous ont donné, à travers un ouvrage très accessible, tous les outils nécessaires pour ouvrir les yeux. La leçon est simple : un gouvernement n'a pas intérêt à agir dans le "bien commun" s'il veut conserver le pouvoir, et il n'y a pas de différence substantielle entre un autocrate et un démocrate. Le fait est qu'ils devront respectivement adapter leur politique en fonction de leurs soutiens.

 

Parfait pour anéantir les dernières bribes de naïveté en vous. C'est juste impossible de ne pas faire des liens avec des faits récents. Des militants (Gulalai Ismail au Pakistan), communautés religieuses (les Ouïghours en Chine) se font persécuter au nom de la sécurité de l'Etat, des potentiels rivaux politiques (les libertariens en Russie) se font arrêter arbitrairement, des citoyens lambda (Dong Yaoqiong) un peu trop critiques à l'égard du pouvoir disparaissent soudainement lorsqu'au fond, la seule menace qui existe n'est qu'altérité, opposition susceptible de fragiliser le régime en place. Ce livre m'a littéralement plombée, poussée au cynisme le plus total. Il est grand temps de se réconforter en lisant de la vraie littérature. 

Entre ça et Hayek

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  • Yea 1
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Il y a 22 heures, Johnathan R. Razorback a dit :

Je ne pense pas que ce soit la conclusion à tirer de ce genre d'ouvrages.

Je fais part d'un sentiment.

 

Il y a 17 heures, Rübezahl a dit :

Tu nous ferais pas une petite recension de l'ouvrage en 30 lignes pour CP ?

sioupié. :jaifaim:

 

Hum, si je trouve le temps. J'avais initialement prévu de faire un article sur le contrat social.

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Sinon, quelques cartouches pour la prochaine fois où vous lirez que le libéralisme repose sur une confiance excessive en la nature humaine et qu'on-ne-peut-quand-même-pas-livrer-l'homme-à-lui-même-ma-bonne-dame:

 

"Few of them accepted the Glorious Revolution and the lax political pragmatism that had followed as the final solution to the political problems of the time. They refused to believe that the transfer of sovereignty from the crown to Parliament provided a perfect guarantee that the individual would be protected from the power of the state. Ignoring the complacence and general high level of satisfaction of this time, they called for vigilance against the government of Walpole equal to what their predecessors had shown against the Stuarts. They insisted, at a time when government was felt to be less oppressive than it had been for two hundred years, that it was necessarily -by its very nature- hostile to human liberty and happiness ; that, properly, it existed only on the tolerance of the people whose needs it served ; and that it could be, and reasonably should be, dismissed -overthrown- if it attempted to exceed its proper jurisdiction.
It was the better to maintain this vigil against governement that they avocated reforms -political reforms, not social or ecenomic reforms, for these were eighteenth, nor nineteenth, or twentieth-century English Radicals- beyond anything admissible in Walpole's age, or indeed in any age that followed in England until well into the nineteenth century. At one time or another, one or another of them argued for adult manhood suffrage ; elimination of the rotten borough system and the substitution of regular units of representation systematically related to the distribution of population ; the binding of representatives to their constituencies by residential requirements and by instructions ; alterations in the definition of seditious libel so as to permit full freedom of the press to criticize government ; and the total withdrawal of government control over the practice of religion.
Such ideas, based on extreme solicitude for the individual and an equal hostility to government, were expressed in a spirit of foreboding and fear for the future. For while they acknowledged the existing stability and prosperity of England, they nevertheless grounded their thought in pessimism concerning human nature and in the discouraging record of human weakness.
"

-Bernard Bailyn, The Ideological Origins of the American Revolution, Cambridge (Massachusetts), Harvard University Press, 1992 (1967 pour la première édition états-unienne), 396 pages, p.46-48.

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J'ai lu ça, sans regarder l'auteur. Juste car j'aime cette collection de mini-BD au final :

 

Résultat de recherche d'images pour "crédulité et rumeurs"

 

 Je me suis dit  "c'est vachement bien, ça me fait penser à Bronner". Bah je regarde la couverture, et c'est lui... Ahah. Je suis content de voir le successeur de Boudon autant dans la lumière actuellement. 

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Il y a 2 heures, Nigel a dit :

Je me suis dit  "c'est vachement bien, ça me fait penser à Bronner". Bah je regarde la couverture, et c'est lui... Ahah. Je suis content de voir le successeur de Boudon autant dans la lumière actuellement. 

 

J'ai écouté le début de l'une de ses conférences, ça semble en effet intéressant.

 

Le problème de son exposition médiatique est qu'il est imprégné de pensée technocratique et soutient des mesures liberticides: https://www.lepoint.fr/debats/gerald-bronner-fake-news-comment-reguler-le-marche-cognitif-17-01-2018-2187447_2.php

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<<Cette ignorance du but et cette contradiction des moyens, qui se retrouvent chez la plupart des utopistes, est le signe non équivoque de l’impraticabilité des théories comme de l’impuissance des réformateurs. Quoi ! vous voulez rendre les hommes plus libres, plus sages, plus beaux et plus forts, et vous leur demandez, pour condition préalable du bonheur que vous leur promettez, de vous abandonner leur corps, leur âme, leur intelligence, leurs traditions, leurs biens, de faire entre vos mains abjuration complète de leur être ! Qui êtes-vous donc pour substituer votre sagesse d’un quart d’heure à la raison éternelle, universelle ? Tout ce qui s’est produit d’utile dans l’économie des nations, de vrai dans leurs croyances, de juste dans leurs institutions, de beau et de grand dans leurs monuments, est venu par la liberté et par la déduction logique des faits antérieurs. Quant au pouvoir lui-même, il n’existe que pour protéger le droit acquis et maintenir la paix : lui attribuer une plus grande part d’action, c’est le faire de protecteur oppresseur, de juge de paix sergent de pionniers. En toute autre chose que la police, les règlements de l’État sont des entraves ; son travail est concussion ; ses encouragements, priviléges ; son influence, corruption. Cette thèse exigerait des volumes : l’histoire des malversations des gouvernements en politique, religion, industrie, travaux publics, finances, impôts, etc., etc., etc., serait en ce moment l’ouvrage le plus utile à la démocratie.

Avez-vous donc conçu une idée heureuse ? Possédez-vous quelque importante découverte ? Hâtez-vous d’en faire part à vos concitoyens ; puis mettez vous-même la main à l’œuvre, entreprenez, agissez, et ne sollicitez ni n’attaquez le Gouvernement. C’est folie et injustice de battre les murailles de l’Autorité de votre bélier démocratique et social ; tournez-le plutôt contre l’inertie des masses, contre le préjugé gouvernemental qui arrête tout élan populaire, et laissez tomber, par son inutilité même, le despotisme. Suscitez cette action collective, sans laquelle la condition du peuple sera éternellement malheureuse, et ses efforts impuissants. Au lieu de pourchasser le pouvoir, priez-le seulement de ne se plus mêler de rien ; et apprenez au peuple à faire lui-même, sans le secours du pouvoir, de la richesse et de l’ordre. >>

 

 

 

Je potasse entre deux brouettes de mortier les confessions d'un révolutionnaire de Proudhon, il y a des passages d'un libéralisme très inspiré.

 

 

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