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il y a 59 minutes, Bézoukhov a dit :

 

C'est le troisième, non ? Et l'Empereur Dieu le 4eme ?

 

Quoi que j'apprends sur wikipédia qu'il y en a un autre qu'on appelle le troisième aujourd'hui. Bizarre.

 

Je n'en ai pas un souvenir impérissable.


ben Dune en soit c’est déjà 3 livres 

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Tout est excellent jusqu'à Emperor God (qui est un plus un traité sur gouvernement/religion/bureaucratie qu'un livre de fiction, ce que beaucoup n'aimeront pas).

 

Heretics/Chapterhouse se lisent sans être exceptionnels, ça part dans tous les sens sans la cohérence des précédents livres.

 

Hunters/Sandworms ont une réputation immonde, mais de mémoire c'est de la fan-fiction potable.

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Il y a 7 heures, ttoinou a dit :

On me recommande L'homme pressé de Paul Morand et les livres de Joseph Kessel. Des avis ?

Kessel je sais pas mais j'adore Morand. J'ai lu L'Homme pressé quand j'étais au lycée. C'est un mec qui fait tout très vite qui tombe amoureux d'une meuf vierge à mort qui vit dans une famille de nobles désargentés avec que des filles qui vivent dans le giron de la matriarche et évidemment quand ils vont se mettre ensemble, le contraste entre l'incarnation de l'immobilité et de la stabilité héritée des siècles et celle du monde moderne malade de lui-même (on pense à la citation de Céline: "la grande faiblesse de la civilisation moderne, cette petite imitation de la civilisation grecque, c'est qu'elle veut faire tout très vite" je cite de mémoire son entretien avec Pauwels) va faire exploser le couple. Les couples explosent toujours fatalement, ce sont des humeurs qui ne se mélangent pas. De ce point de vue Morand est davantage l'héritier, peut-être, du XIXe et de ses types psychologiques, que de Proust, avec qui l'amour rate toujours parce qu'on se trompe et qu'on prend les putes pour des divas.

C'est un style à la fois très XIXe, influencé par les écrivains voyageurs, dandys et cosmopolites du genre Loti ou Gobineau, et très moderne avec plusieurs langues assez souvent, des formules concises qui coupent comme des rasoirs (je crois que c'est dans L'Homme pressé "seul je me porterais à merveille -- mais il y a les autres") qui contrastent avec certaines phrases construites avec grand soin (l'envoi de Venises: "Là, j'irai gésir, après ce long accident que fut ma vie. Ma cendre, sous ce sol; une inscription en grec en témoignera; je serai veillé par cette foi orthodoxe vers quoi Venise m'a conduit, une religion par bonheur immobile, qui parle encore le premier langage des Evangiles.") Ses romans sont pleins d'irrévérence, d'humour parfois, de pitié pour les êtres inaptes au bonheur (formule que Hélène Morand employait pour décrire son mari) perdus dans un monde qui est à la fois admirable pour sa beauté technique et dans lequel ils ne se reconnaissent pas, ce que le personnage de L'Homme pressé ou le protagoniste de cette admirable nouvelle intitulée Monsieur Zéro (sur un banquier qui change d'identité) incarnent pathologiquement. Contrairement à Proust, il ne fait souvent qu'effleurer d'un mot, d'une touche, la complexité des sentiments des personnages, la singularité d'un paysage ou la beauté d'une femme. Regardez-moi cette précision qui tue, ce français chimiquement pur, flaubertien dans l'esprit et déprimé dans l'âme:

Citation

Les filles Boirosé n'avaient aucun succès parce que chez nous le succès chausse du trente-six, gante du six, parce que le succès se joue sur des pointes d'épingle comme la foudre domestiquée. L'échec les guettait; elles avaient la taille du guignon car ce qui est très grand se casse ou se perd : le Nil dans les sables ou Mermoz dans l'Océan. Les Boirosé étaient comme ces immenses tapis d'Aubusson, ces coffres géants du XVIIe siècle qui aux enchères se vendent à vil prix parce que personne n'a de camionneur pour les soulever ni d'appartement pour les loger. Ces êtres humains à taille d'allégories étaient simples et indécis, différant en cela des allégories qui n'ont ni simplicité, ni mystère et qui livrent leur nom inscrit au bas de leur robe. Aux sibylles elles empruntaient un côté vague et sombre; elles étaient les ornements voyants d'un temple invisible aux non-initiés, le temple de la Mère. C'étaient des Templiers femelles, les filles Porte-Glaive de l'ordre utérin. (L'Homme pressé)

Et comme ce vieil homme divin peut devenir sexuel à m'en faire tourner la tête: Hécate et ses chiens est un roman de fou. Personne n'en parle pourtant.

Citation

J'avais essayé de prendre la chose légèrement, comme un fantasme, ou, à la rigueur, une loufoquerie ; de me l'expliquer aussi médicalement. ("… Stimulation nécessaire aux réflexes médullaires…") Il me suffisait de voir Clothilde roucoulante et courte d'haleine, projetée hors d'elle-même, tout son corps démonté, les mouvements de sa tête, de ses hanches sautant comme par ressorts, Clothilde possédée dans mes bras par quelque chose qui n'était pas moi, pour me mettre en déroute. Chaque nuit j'étais vaincu par cette ménade qui ne vivait que pour le moment où elle n'avait plus à contenter qu'elle-même. Lorsque nos corps enclavés enfin se dénouaient, et que je sortais du lit, mes reins n'étaient pas seulement vides ; j'avais l'armature morale brisée. Clothilde était tuante.

C'est cependant avant toute chose un nouvelliste de génie (Ouvert la nuit, L'Europe galante, Milady suivi de Monsieur Zéro). Après ses romans, certains sont dans le style moderne de L'Homme pressé (Bouddha vivant par exemple) quand d'autres sont d'une veine plus classiciste (Le Flagellant de Séville, que j'aime beaucoup mais qui rappelle carrément la période romantique). Et enfin son oeuvre est émaillée de récits de voyages et de portraits de villes (Londres, Venises, New York et pour les journaux son très chiant Journal d'un attaché d'ambassade incomparable à son bouleversant Journal inutile, écrit dans les dernières années de sa vie et non destiné initialement à la publication).

Le mec est quand même le seul à avoir été admiré par Proust (qui l'a préfacé) et Céline -- et je ne résiste pas à l'envie de citer:

Citation

[…] je dois confesser cependant que je trouvais Paul Morand  de l’autre après-guerre, dans le genre, ’ « Ouvert la nuit », plus savoureux, plus costaud, bien mieux armé. Toute la différence du mousseux au champagne — de la masturbation laborieuse à la giclée franche.  Paul Morand est le premier de nos écrivains qui ait jazzé la langue française — Ce n’est pas un émotif comme moi mais un satané authentique orfèvre de la langue. Je le reconnais pour un maître — comme Barbusse du Feu. (Lettre à Milton Hindus, 11 juin 1947)

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Bref, Morand en général est un must-read et L'Homme pressé, c'est très bien :)

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Il y a 9 heures, Lancelot a dit :

Dans mes souvenirs la série perd progressivement en qualité. À ma première lecture je n'avais pas pris la peine de continuer après Heretics of Dune. Pour mes lectures suivantes je me contente de Dune qui marche bien tout seul. Après ça vaut peut-être le coup de pousser jusqu'à l'apparence de l'Empereur-Dieu ?

J'ai tout lu jusqu'à la dernière ligne.

Et je me suis régalé jusqu'à la dernière ligne.

Après, oui l'écriture et le récit évolue au long des bouquins.

(De mémoire, il y en a bien 5 ou 6).

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Il y a 7 heures, Cthulhu a dit :

Tout est excellent jusqu'à Emperor God (qui est un plus un traité sur gouvernement/religion/bureaucratie qu'un livre de fiction, ce que beaucoup n'aimeront pas).

 

Heretics/Chapterhouse se lisent sans être exceptionnels, ça part dans tous les sens sans la cohérence des précédents livres.

 

Hunters/Sandworms ont une réputation immonde, mais de mémoire c'est de la fan-fiction potable.

Pas (encore) lu les Chasseurs / le Triomphe. Les Hérétiques / la Maison des Mères m'ont donné la même impression de décousu. 

 

J'avais beaucoup aimé l'Empereur-Dieu ; il est normal que ça soit dans un ton très différent des précédents, parce que ce n'est pas du tout pareil d'avoir de la prescience pour plusieurs décennies, et d'avoir vécu plusieurs millénaires. 

 

J'avais lu la trilogie des préquelles immédiates, que j'avais trouvé assez scolaires (donc plusieurs crans en dessous) mais pas spécialement mauvaises ; il faudrait que je lise la trilogie des préquelles lointaines aussi.

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Il y a 4 heures, Vilfredo Pareto a dit :

 

 

Tiens, tu me donnes envie de lui redonner sa chance au père Morand. J'avais apprécié le style de L'homme pressé et de quelques-unes de ses nouvelles mais... Pour le reste, et mis à part quelques moments de bravoure, un vague mais persistant sentiment d'ennui m'habitait.

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Et bien, l'impression d'un auteur au style très travaillé mais dont les histoires ne sont pas palpitantes (eu cette impression-là avec L'homme pressé donc mais aussi avec les premières nouvelles d'Ouvert la nuit). Maintenant, possible que ce n'était pas le bon moment pour découvrir cet auteur (mes lectures de ces deux livres remontent à quelques années).

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De mémoire mes préférés sont Venises (livre de vieux certes mais justement ça atténue un peu certains de ses défauts) et Hécate et ses chiens. C'est vrai que c'est souvent assez vieilli dans ses thématiques et ses attitudes (un peu dandy et froid et superficiel, il n'a pas le coté touchant d'un Drieu qui est pourtant un moins bon écrivain) si on ne intéresse pas à l'époque, et son style ultra-brillant tient au final moins la longueur que du Céline ou du Proust (bon évidemment à l'impossible, nul n'est tenu).

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Kessel c'est vraiment bien ; j'ai essayé de lire Le Lion cet été mais mon chien à terminé le livre avant moi. Mais L'Armée des Ombres et Belle de Jour sont vraiment de la grande littérature.

Et puis un mec qui a composé le chant des partisans ne peut etre qu'un type bien.

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il y a 6 minutes, MXI a dit :

Une recommendation ?

 

Le Paul Brunet aux éditions professionnelles BPI sans hésiter.

 

Ca brasse large sans être pointu ou encyclopédique. 

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il y a 2 minutes, Bézoukhov a dit :

 

C'est vrai que si un jour je deviens dictateur, j'envisagerais peut être de l'utiliser pour remplacer la Marseillaise.


La version de Johnny

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  • 3 weeks later...

J'ai commencé à lire Liberty or Lockdown de Jeffrey Tucker, où il décrit d'une manière assez personnelle la folie qui s'est développée en occident depuis mars autour de l'épidémie de coronavirus, et les différentes atteintes à la liberté qui en ont découlé. Il s'agit d'un grand bol d'air par rapport au discours ambiant qui est prescriptif, irréfléchi et liberticide. Jeffrey Tucker est très mesuré (il ne nie pas que le virus existe et qu'il est dangereux, contrairement à beaucoup de personnes opposées aux restrictions), il explique très bien son point de vue et surtout il défend la liberté comme un principe fondamental dont la violation mène au chaos et au désespoir. Bref, ça fait du bien.

 

Lien Amazon https://www.amazon.fr/Liberty-Lockdown-Jeffrey-Tucker/dp/1630692123

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il y a 11 minutes, Lugaxker a dit :

J'ai commencé à lire Liberty or Lockdown de Jeffrey Tucker, où il décrit d'une manière assez personnelle la folie qui s'est développée en occident depuis mars autour de l'épidémie de coronavirus, et les différentes atteintes à la liberté qui en ont découlé. Il s'agit d'un grand bol d'air par rapport au discours ambiant qui est prescriptif, irréfléchi et liberticide. Jeffrey Tucker est très mesuré (il ne nie pas que le virus existe et qu'il est dangereux, contrairement à beaucoup de personnes opposées aux restrictions), il explique très bien son point de vue et surtout il défend la liberté comme un principe fondamental dont la violation mène au chaos et au désespoir. Bref, ça fait du bien.

Lien Amazon https://www.amazon.fr/Liberty-Lockdown-Jeffrey-Tucker/dp/1630692123

Jeffrey Tucker a beaucoup d'articles en ligne sur le sujet,

voir son blog : https://jeffreytucker.me/

dont https://www.aier.org/article/broadway-closed-but-porcfest-stayed-open/

(Si qqun est intéressé à traduire cet article, je serais preneur pour libland.)

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il y a 6 minutes, Rübezahl a dit :

Jeffrey Tucker a beaucoup d'articles en ligne sur le sujet,

voir son blog : https://jeffreytucker.me/

dont https://www.aier.org/article/broadway-closed-but-porcfest-stayed-open/

(Si qqun est intéressé à traduire cet article, je serais preneur pour libland.)

Oui, j'ai oublié de préciser que le livre est une sorte de compilation de ses articles, modifiés et arrangés en un tout cohérent. 

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"L'Utopie", Thomas More.


Et je seulement peux penser que le monde en 1516 était une GRANDE MERDE.


Parce que le monde idéal, "l'utopie" de Thomas More est une merde. Il a écrit sur un pays:


1) avec esclavage;

2) où est nécessaire une permission pour voyager;

3) avec beaucoup d'exportation et presque rien d'importation (un pays économiquement pauvre non?)

4) il n'y a pas d'argent;

5) il y a de confiscation (pour le bien commun);

6) même les vêtements sont égaux;

7) l'enseignement est pour conserver l'État;

etc.


C'est une version de "La République", de Platon, mais de qualité inférieure.

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Pas une lecture, mais en écoutant une conférence de Johann Chapoutot sur le nazisme, j'apprends que les nazis étaient opposés à l'Etat et envisageaient sa déségrégation. Je suis assez surpris par cette affirmation. Ceux qui ont lu son livre Libres d'obéir ou La révolution culturelle nazie, vous pouvez m'en dire plus ?

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Il en parle un peu dans "La loi du sang", via le fait que l'Etat moderne est vu comme en opposition avec la société traditionnelle allemande et notamment le droit qui s'est éloigné du droit naturel. Le peuple allemand pur n'aurait pas besoin d'une machine technocratique pour s'organiser naturellement en une société saine avec des valeurs saines et une hiérarchie saine (un peu comme pour les cocos au final).

Maintenant il force un peu pour trouver une cohérence philosophique au nazisme, et aussi bien sur ce n'est pas vraiment aligné avec la réalité historique.

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Il y a 2 heures, Fagotto a dit :

Il en parle un peu dans "La loi du sang", via le fait que l'Etat moderne est vu comme en opposition avec la société traditionnelle allemande et notamment le droit qui s'est éloigné du droit naturel. Le peuple allemand pur n'aurait pas besoin d'une machine technocratique pour s'organiser naturellement en une société saine avec des valeurs saines et une hiérarchie saine (un peu comme pour les cocos au final).

 

J'entends bien, mais dans la pratique, je ne vois pas grand chose qui prouve que les nazis aient sérieusement envisagé le démantèlement de l'Etat. Est-ce que cette idée n'émanerait pas de quelques penseurs avant garde mais tenus à l'écart par Hitler (à la manière dont il considérait le mysticisme d'Himmler comme délirant) ?

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