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Contradiction: "Le progrès est en raison inverse de l’action coercitive de l’homme sur l’homme." (p.261)

 

"Toute action sociale, collective, qui a pour but de développer la valeur et la puissance de l’individu, et qui l’atteint, a un caractère de progrès et doit être approuvée. Telles sont, par exemple, les lois scolaires dues à la République. Elles mettent en valeur des intelligences qui, autrement, seraient restées en friche." (p.264)
-Yves Guyot, La Tyrannie socialiste, Ch. Delagrave, 1893, 264 pages.

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Je lis l'excellent Crises of the Republic de Arendt (est surtout bien l'article sur la désobéissance civile, mais j'en suis à la moitié). Petits screenshots parce que j'ai la flemme de recopier (je le lis en français, sous le titre Du mensonge à la violence) :

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Et une note sur la société de consommation:

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Pour la substance théorique, en gros: (intéressant de croiser ce qu'elle dit là avec les réflexions de Rawls ou Searle sur la désobéissance civile et la rupture de l'ordered anarchy jasayienne)

Révélation

A la racine de la notion de désobéissance civile, il y a une priorisation des décisions que l’on prend seul avec sa conscience par rapport à celles que l’on prend en commun. Deux exemples importants : Socrate et Thoreau. Dans le Criton, Socrate ne conteste pas les lois d’Athènes mais les juges, et c’est pourquoi il refuse les occasions qui lui sont données de faire son mea culpa ou de fuir, car ce serait donner raison aux juges et abandonner le socratisme (la recherche de la vérité). Thoreau, lui, contestait les lois, mais non du point de vue d’un citoyen, plutôt du point de vue de la conscience morale individuelle. Dans ce cas, « la conscience est apolitique » (Arendt 1972 : 62) : il ne s’agit pas d’améliorer le monde en commun, mais de ne pas participer activement au mal. La conscience ne tremble pas pour le monde (« Je tremble pour mon pays quand je songe que Dieu est juste » écrit Jefferson dans ses Notes sur l’Etat de Virginie, car son pays est pécheur et sera puni), elle tremble pour l’intégrité individuelle, qui passe avant l’intégrité de l’Etat, comme le montre le refus de payer ses impôts : l’Etat peut crouler tant que Thoreau dort sur ses deux oreilles. Fiat justitia et pereat mundus.

Cela nous ramène au problème antique de la vertu dans la Cité : Aristote écrivait que l’homme ne peut être un bon citoyen que dans une bonne Cité, et que le citoyen a des vertus civiques, celles du gouvernant et du gouverné, qui consistent à bien faire les deux. Cependant, le gouvernant a une vertu propre (la prudence) et le gouverné aussi (l’opinion vraie), et les deux vertus s’alimentent : Aristote les compare à un fabriquant de flûtes (le gouverné) et un joueur de flûte (le gouvernant) : cf. Politique, III, 4. A cette distinction, il faut en superposer une autre pour poser le problème de la désobéissance civile : il faut distinguer « l’homme vertueux » et « le bon citoyen » : l’homme vertueux ne peut être tous les hommes, même si tous les hommes peuvent, en puissance, devenir vertueux. L’homme vertueux est comme doté de la capacité de distinguer le bien et le mal, et comme cela ne va pas de soi, que cela suppose un intérêt porté à sa propre intégrité qui n’est pas si partagé, les hommes vertueux ne se révèlent qu’en situation critique, contrairement aux bons citoyens, qui se voient. En situation de crise, par exemple de crise des institutions (la police n’est plus efficace, le système judiciaire est surchargé), se révèlent également les mauvais éléments de la société, comme les criminels, mais il faut distinguer cette désobéissance civile de l’objection de conscience, même si les deux sont liées à l’affaiblissement de l’Etat : la désobéissance civile vise à affaiblir l’Etat, et en même temps l’existence de l’Etat de droit, càd d’un Etat dont les institutions fonctionnent et qui ne soit pas totalitaire, apparaît comme la condition d’exercice du droit d’objection de conscience (Rawls), alors que la criminalité profite de l’affaiblissement de l’Etat, elle ne le cause pas ; les gens qui commettent des crimes dans ce cadre ne les commettent que parce qu’ils savent qu’ils ne seront pas punis, donc par absence de sens moral, tandis que les objecteurs de conscience désobéissent à la loi en vertu de ce sens moral (la conscience morale), ce qui se traduit dans le fait que les premiers désobéissent dans l’ombre, tandis que les seconds violent la loi en plein jour. C’est un peu étrange : d’une part la désobéissance civile semble prospérer dans un Etat qui ne fonctionne plus, qui peut être soit 1) un Etat qui s’effondre, soit 2) un Etat dictatorial, et dans ces deux cas, la désobéissance civile apparaît comme le seul moyen de se faire entendre, dans la mesure où les canaux de l’opinion et les institutions sont inefficaces, mais d’autre part, la désobéissance civile semble aussi requérir un cadre institutionnel : par exemple, on peut pratiquer la désobéissance civile pour indiquer au gouvernement qu’on pense qu’il s’engage dans la mauvaise direction (c’est le cas de Thoreau avec le Mexique comme de beaucoup d’Américains lors de la guerre du Vietnam), càd quand la constitution n’est effectivement plus respectée, mais qu’on croit qu’on peut redresser le mouvement.

C’est ce qui fait qu’on doit distinguer la désobéissance civile de la révolution : la désobéissance civile se fait dans un cadre d’acception des règles et institutions en place ou d’institutions antérieures, que le révolutionnaire rejette, pour instaurer une nouvelle constitution. On pourrait considérer que la désobéissance civile, en ce sens, est conservatrice. Mais la distinction est poreuse : Gandhi, par exemple, pratiquait la désobéissance civile, mais cela ne veut nullement dire qu’il acceptait globalement les institutions du Raj britannique, bien au contraire ! Sa pratique de la non-violence (afin qu’on ne le qualifiât pas de « rebelle ») consiste en une philosophie qui est que l’individu doit être the change he wants to see in the world, ce qui n’est pas la même chose que to change the world (perspective révolutionnaire).

Distinction en anglais entre consciousness, un état permanent (le fait d’être conscient) et conscience, qui désigne la conscience morale, et qui serait une conséquence de l’émergence de la consciousness.

Arendt relie la désobéissance civile avec l’esprit juridique américain. L’obéissance à la loi est en effet fondée, pour les Modernes, sur l’idée que chacun est à la fois son maître et son esclave et n’obéit qu’à lui-même en obéissant à la loi (Rousseau, Kant), ce qui présente le problème de poser la question de l’obligation en termes de conscience (critique de Arendt), mais aussi de considérer chaque homme individuellement et non dans ce que son action a d’universel (c’est la critique hégélienne du libéralisme et du contractualisme implicite dans cette conception). L’association libre en défense des intérêts privés est la forme la plus moderne de cet esprit des lois américain, qui repose sur le consentement, et dans lequel l’association ne vise plus à défendre la « volonté générale » mais au contraire à protéger la minorité contre la majorité. « C’est en jouissant d’une liberté dangereuse que les Américains apprennent l’art de rendre les périls de la liberté moins grands. » (Tocqueville).

Arendt pense qu’il faudrait que la désobéissance civile soit reconnue au même niveau que les groupes de pression d’intérêts privés, le 1er amendement de la Constitution ne prévoyant nullement que la liberté d’association pourrait donner naissance à des groupes de pression politiques. L’association privée a, dans les faits, toujours représenté aux US un rempart contre les défaillances des institutions, dont le symptôme est que le désaccord devient résistance, càd quand les institutions se rigidifient et cessent de fonctionner correctement en détruisant la nature de l’espace public, comme espace de discussion, ce qui entraîne donc la formation d’associations en marge des institutions. Il s’agit donc de savoir si l’on veut pallier ces défaillances hors des institutions ou en rénovant ces institutions. La désobéissance civile s’oppose en effet à la tendance à l’association privée et donc au délaissement des institutions, car elle se veut un remède public à cette déréliction. On pourrait distinguer ces deux tendances de la conspiration à proprement parler, qui se fait contre les institutions, comme la désobéissance civile, mais dans l’ombre.

Ses commentaires de Locke sont brillants (sur l'idée par exemple que le contrat constitue pour toujours la société et temporairement le gouvernement et pas juste le gouvernement, et ses commentaires sur la notion de consentement tacite sont très fins aussi, elle fait un rapprochement avec le traitement des noirs aux US, qui ont été tacitement exclus du consentement tacite (selon sa formule) à la société (pris dans le sens d'association volontaire, de societas), et ce problème ne peut pas être résolu par un règlement abstrait) et le bouquin est habité par un esprit aristotélicien qui caresse mon minarchisme dans le sens du poil. Je dis ça d'autant plus que je partage l'avis de ceux qui trouvent que d'habitude, ce qu'elle écrit est chiant (Condition de l'homme moderne, chiant; La Crise de la culture, chiant (sauf l'article sur l'autorité) mais pas lu les Origines ni Eichmann et On Revolution, même si on dit beaucoup de mal du dernier).

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Il y a 6 heures, Vilfredo Pareto a dit :

les Origines 

 

Le tome 3 est intéressant, mais peut-être inactuel compte tenu de la disparition des régimes concernés.

 

Les 2 premiers tomes sont durs à lire et contiennent des idées atypiques sur lesquelles il est difficile d'avoir un avis.

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Les parties de Apocalypse Never où il raconte sa vie et ses désillusions sont parfois assez rigolotes :

Quote

In Brazil, as in Nicaragua, my enthousiasm for socialist cooperatives was often greater than of that the small farmers who were supposed to benefit from them. Most of the small farmers I interviewed wanted to work their own plot of land. They might be great friends with their neighbors and even be related to them by birth or marriage, but they didn't want to farm with them. They didn't want to be taken advantage of by somebody who didn't work as hard as them, they told me.

I can count on a single hand the number of young people who told me they wanted to remain on their family's farm and work their parent's land. The large majority of young people wanted to go to the city, get and education, and get a job. They wanted a better life than what low-yield peasant farming could provide. They wanted a life more like mine. And I knew, of course, that I didn't want to be a small farmer. Why did I ever think anyone else wanted to? The reality I lived, up close and in person, made it impossible for me to hold on to my romantic views.

 

  • Yea 5
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Le 02/12/2020 à 19:39, Vilfredo Pareto a dit :

Ah mais pour la politique c’est encore autre chose en plus si on prend pas Tricot on rate toutes ses petites notes de bas de page wtf reacs et racistes

 

Bon, j'ai tranché (enfin, à ma manière, conforme à mon indécision récurrente) : why not both ?

J'entame les Catégories :

lecture de la traduction Tricot complétée de celle de Flammarion pour éclaircir les passages plus obscures (ou connaître des traductions plus récentes de termes techniques), ça marche plutôt bien ainsi.

Un reproche concernant Tricot cependant : hey mec, si je lis ta traduction d'Aristote, ce n'est pas pour y trouver des citations en grec ou en latin non traduites dans les notes !

 

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il y a 22 minutes, Rincevent a dit :

(Laughs in Leo Strauss.)

Ça peut se comprendre dans le cadre d'un commentaire/essai.

Mais par contre, si je fais le choix de lire une traduction d'un texte plutôt que sa version en langue originale, c'est qu'il y a une probabilité non nulle que je ne maîtrise pas complètement la-dite langue.

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il y a 27 minutes, Ultimex a dit :

Un reproche concernant Tricot cependant : hey mec, si je lis ta traduction d'Aristote, ce n'est pas pour y trouver des citations en grec ou en latin non traduites dans les notes !

Ah oui Tricot ne jure que par Thomas d'Aquin. Donc tu vas en manger.

Je compatis. Je viens de finir les Questions cartésiennes, un recueil en deux volumes (j'ai pas tout lu) de commentaires de Descartes par JL Marion qui ne cite Descartes qu'en latin et intégré à son texte (pas en citations séparées). Heureusement que Descartes c'est du latin de cuisine (un peu comme la Bible) mais c'est bien relou quand même.

  • Haha 1
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il y a une heure, Rincevent a dit :

(Laughs in Leo Strauss.)

 

Quelqu'un peut m'expliquer d'où vient cette expression étrange ? ^^

 

J'avais déjà pas compris l'apparition du "ok boomer", il y a des choses qui m'échappent dans le comportement de mes congénères... 

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il y a 2 minutes, Vilfredo Pareto a dit :

Ah oui Tricot ne jure que par Thomas d'Aquin. Donc tu vas en manger.

Oui, j'ai bien compris que son Aristote était sous influence scolastique (relata secundum esse ? Dici ? What ?? Heureusement qu'il y a l'encyclopédie en ligne de Stanford).

D'ailleurs, n'est-ce pas un autre problème de Tricot ? Une lecture un peu orientée d'Aristote ?

 

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il y a 1 minute, Johnathan R. Razorback a dit :

Mais pourquoi tant de haine ? :D 

C'est très bien ce que dit JL Marion. Certains articles sont plus intéressants que d'autres (par exemple quand il analyse des écrits de jeunesse où Descartes raconte ses rêves ou un truc comme ça bon c'est pas pour être désobligeant mais on s'en tape), he makes a few striking points comme montrer à Beyssade qu'on n'a pas besoin de démontrer l'existence de Dieu pour garantir la validité de la règle de vérité qu'est l'évidence car mes erreurs, évoquées au début de la Méditation III, sur ce qui paraît évident mais ne l'est pas en fait ne viennent pas d'un déficit de validité de la notion d'évidence comme critère de vérité mais du caractère de pseudo-évidences de ce sur quoi je me trompe. Ce qui implique qu'il y ait des évidences pas évidentes ou plus exactement que l'évidence soit un critère inattaquable, mais que ce qui est évident n'est pas évident, mais enfin après tout c'est ce que Descartes écrit. Sinon il écrit des trucs intéressants dans un article intitulé "la solitude de l'ego" où il montre qu'il n'y a aucune figure d'alter ego dont l'existence est prouvée dans les Méditations et met ça en rapport avec ce que Descartes dit de l'amour dans les Passions de l'âme, c'est vraiment fin comme idée.

Qu'il écrive comme un sac à papier, c'est autre chose. Et son érudition déborde parfois un peu trop; en gros si après avoir lu ça + éventuellement ses autres bouquins comme Sur l'ontologie grise de Descartes et Sur la théologie blanche de Descartes (ouais les titres hein; mais j'ai lu un bout du 2e, un commentaire de "la nature est un livre écrit en langage mathématique" et ce bout était excellent) + son commentaire de la Méditation II dans le recueil de Dan Arbib qui vient de paraître chez Vrin, tu n'as pas compris qu'il était le final big boss des études cartésiennes devant Beyssade, Guéroult et autres Alquié, c'est que t'es bouché.

 

Il paraît aussi que ses livres sur Husserl sont très clairs. Par principe je suis sceptique parce que Husserl m'a vraiment fait désespérer de mes neurones en 1e année de prépa mais je veux bien essayer.

Quant au latin de Descartes, c'est du Jean Yanne. Pardon mais s'il avait des trucs importants à dire il pouvait écrire en français. Il a déjà écrit en français. Il avait qu'à continuer. Ça nous aurait évité de nous taper les commentaires de traduction à la mords-moi-l'noeud sur cogito ergo sum où il n'y a pas de sujet (bah non parce qu'en latin il n'y a pas de sujet exprimé forcément) qui diffère de ego sum, ego existo où là oui le sujet est exprimé :icon_exorbite:

Yapa de haine. J'aime le latin de tout mon coeur, d'ailleurs je traduis Lucrèce depuis hier pour ma prof qui aime bien nous donner des textes d'Ovide sur comment enlever la poussière sur les seins de ta voisine au cirque Maxime pour faire connaissance et des histoires gays sur Achille qui tripote des centaures sous les yeux de sa mère. J'aime bien Marion aussi comme tu vois. J'aime bien la Bible même s'il y a un côté un peu tautologisant et des passages bien chiants (bizarrement c'est plus ressorti quand je l'ai lue en anglais, des trucs comme 'All things were made by him; and without him was not any thing made that was made' (dans st Jean 1:3) tu te sens à peine con en lisant ça).

 

D'ailleurs on peut considérer que je "lis" Lucrèce du coup, même en latin. Il y a un passage qui va me poser un souci de traduction: "et Venus in silvis jungebat corpora amantum". La syntaxe est straightforward, et Vénus [verbe à l'imparfait] les corps des amants dans les forêts, simplement le verbe à l'imparfait le Gaffiot te donne lier, unir mais aussi atteler, et comme Lucrèce parle des premiers hommes bestiaux, j'ai un petit flash de

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d'autant qu'il décrit le passage d'une "union sexuelle violente" à un amour amollissant. Autre petite curiositas: le verbe liquesco (bien que Lucrèce emploie le plus rare mollesco) signifie à la fois devenir liquide, fondre, s'évanouir et s'efféminer, ce qui me fait aussi un peu rigoler.

 

Comme je ne savais pas si tu croyais que ma haine était dirigée contre le latin, Descartes ou Marion j'ai répondu sur un peu tout. Comme dirait @poney "vous pouvez reprendre une activité normale."

  • Haha 1
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il y a 23 minutes, Ultimex a dit :

Un trésor.

il y a 23 minutes, Ultimex a dit :

D'ailleurs, n'est-ce pas un autre problème de Tricot ? Une lecture un peu orientée d'Aristote ?

Si, c'est le reproche que lui font les traducteurs après lui (selon mon prof de philo, l'ineffable Hadi Rizk). Notamment ceux qui veulent souligner les parentés Aristote/philosophie islamique je suppose. Mais je ne sais pas ça de façon certaine.

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il y a 38 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

Quelqu'un peut m'expliquer d'où vient cette expression étrange ? ^^

Ca veut dire que Leo Strauss fait ça (ce côté "lol... you weak feeble bitch" du mec en chemise bleue)

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il y a 9 minutes, Vilfredo Pareto a dit :

Un trésor.

Si, c'est le reproche que lui font les traducteurs après lui (selon mon prof de philo, l'ineffable Hadi Rizk). Notamment ceux qui veulent souligner les parentés Aristote/philosophie islamique je suppose. Mais je ne sais pas ça de façon certaine.

 

Pour le coup, je ne suis pas en train de dire que telle ou telle interprétation est à favoriser, plutôt que Tricot nous "prive" d'un tel choix.

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Je viens de finir Against the grain de James Scott. Ouvrage qui a le mérite de casser la vision assez linéaire - ou plutôt    typiquement “progressiste” - que l’on a du processus d’évolution de l’histoire humaine. Très, très instructif pour cette raison.

 

Sur la formation des premières formes d’États: la partie la plus croustillante à mon goût. Cela recoupe mes précédentes recherches en anthropologie sur les sociétés primitives. Tout ce paradigme rend toute position normative et aussi simpliste que l’anarchisme complètement dépassée, ou du moins assez présomptueuse si on prend en compte les éléments qui vont à l’encontre de nos biais de confirmation. Il y a anguille sous roche, autant sur les raisons de leur formation que leur effondrement mystérieux de part et d’autre, ou encore leur rôle dans l’élaboration de structures sociales plus complexes.

  • Yea 2
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Bon ben je lis Neanderthal mon frère de Condemi et Savatier pour essayer de répondre à la question de sa disparition.

C'est pas gagné, ils proposent des hypothèses pour les réfuter rapidement : infections sur une population naïve mais transmission épidémique peu probable car petits groupes d'individus, éparses, génocide mais peu probable car pas de charniers, pour les deux hypothèses le fait que la disparition se soit passé sur une période de temps relativement longue est aussi un argument négatif.

Un truc intéressant ce sont des modifications du champ magnétique terrestre qui aurait pu mettre à rude épreuve le climat et l'adaptation de Neanderthal.

L'hypothèse de la compétition pour les ressources est aussi évoqué.

Sinon, hybridation avec Sapiens s'est faite essentiellement dans le sens femme Neanderthal + homme Sapiens.

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Mes notes sur l'almanach de Naval que je recommande.

 

L'almanach de Naval (aussi surnommé "Navalmanach") est un assemblage d'écrits de l'entrepreneur et investisseur Naval Ravikant réalisé par Eric Jorgensen. Naval Ravikant (souvent appelé simplement Naval) est passé en quelques années d'entrepreneur reconnu à "sage de la Silicon Valley". Jorgensen a réalisé cet ouvrage à partir de tweets (@naval est suivi par 1,1 million de lecteurs), d'articles, d'entretiens écrits ou en podcast ou encore de son propre podcast. Le livre est donc une suite de citations rigoureusement sourcée.
La préface est écrite par son ami Tim Ferriss qui indique faire une exception à son principe de refuser d'écrire des préfaces. Le livre commence par des éléments biographiques raconté par Naval notamment son enfance dans une famille modeste, à New Delhi puis à New York dans le Queens. Sa carrière y est aussi évoquée avec par exemple son investissent dans Uber en 2010 à l'âge de 34 ans. 

Parmi les éléments importants de la première partie, consacrée à la création de richesse, on peut noter 
- Le long terme, la responsabilité et les intérêts composés qui en découlent (pas uniquement sous forme financière) 
- L'importance du levier (leverage)  : Selon Naval, les trois types de leviers sont faire travailler d'autres personnes, investir du capital financiers et la création de produit réplicables sans coût marginal. Ce dernier, le plus récent, est celui qu'il recommande. Il prend comme exemple l'animateur de podcast Joe Rogan. L'important pour y réussir est de trouver des activités dans lesquelles l'ampleur du résultat  peut être indépendant des entrés (un employé de support téléphonique ne peux traiter que les appels reçus alors qu'un animateur de podcast ou un auteur de logiciel n'a pas cette limite). Cette partie est dérivée d'une suite de tweets nommée "How to Get Rich (without getting lucky)" qui avait été très appréciée en 2018.

 

 

- Comment rester indépendant en évitant de s'accrocher à une identité.

- L'importance de la lecture : ne pas avoir de peur de juste parcourir un livre pour en tire l'essentiel, de lire les classiques en commençant par les bases (en économie par exemple, il recommande Adam Smith, Mises et Hayek).

- Les modèles mentaux : Le titre de l'ouvrage peut d'ailleurs être vu comme une référence au Poor Charlie's Almanach écrit sur le même principe à propos de Charlie Munger, le partenaire de Warren Buffet, grand promoteur des modèles mentaux, des heuristiques pour penser et décider plus efficacement (à ce sujet, Naval recommande le site Farnam Street).

Dans la seconde partie,  Naval présente le bonheur comme un choix et une compétence qui peut être développée. Il est inspiré par le Bouddhisme sous une forme qu'il nomme "Bouddhisme rationnel" en sélectionnant les enseignements qui marchent pour l'aider et qu'il peut rationaliser grâce à la science et l’évolution. La compétence "bonheur"  ne sera pas développé par tous de la même façon mais prendre des bonnes habitudes est nécessaire. Il est important de s'engager dans des jeux à somme positive plutôt que des jeux à somme nulle comme le statut, le monde politique ou universitaire.  Il donne aussi des conseils plus pratiques en matière de nutrition (régime cétogène et jeûne) , d'exercice physique (il s’entraîne avec Jerzy Gregorek, auteur de The Happy Body) et de méditation.

Le livre se termine par une longue et éclectique liste de recommandation de lecture tant en fiction qu'en non-fiction.

L'ouvrage existe en format papier mais des versions PDF, web et ebook sont disponibles gratuitement sur le site https://www.navalmanack.com/. Il est écrit en anglais et il est peu probable qu'une traduction française soit faite. Néanmoins, du fait du style de Naval et de l'origine des ces écrits (tweets, entretien), il est très facile à lire même sans grandes compétences en anglais. 

Le livre est illustré par des petits schémas minimalistes dus à Jack Butcher. 

Earn_Mind@1x.jpg

( @F. mas, @Séverine B, est-ce qu'une mise au propre pour une revue CP vous intéresse ? )

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Il y a 14 heures, Sekonda a dit :

Mes notes sur l'almanach de Naval que je recommande.

 

L'almanach de Naval (aussi surnommé "Navalmanach") est un assemblage d'écrits de l'entrepreneur et investisseur Naval Ravikant réalisé par Eric Jorgensen. Naval Ravikant (souvent appelé simplement Naval) est passé en quelques années d'entrepreneur reconnu à "sage de la Silicon Valley". Jorgensen a réalisé cet ouvrage à partir de tweets (@naval est suivi par 1,1 million de lecteurs), d'articles, d'entretiens écrits ou en podcast ou encore de son propre podcast. Le livre est donc une suite de citations rigoureusement sourcée.
La préface est écrite par son ami Tim Ferriss qui indique faire une exception à son principe de refuser d'écrire des préfaces. Le livre commence par des éléments biographiques raconté par Naval notamment son enfance dans une famille modeste, à New Delhi puis à New York dans le Queens. Sa carrière y est aussi évoquée avec par exemple son investissent dans Uber en 2010 à l'âge de 34 ans. 

Parmi les éléments importants de la première partie, consacrée à la création de richesse, on peut noter 
- Le long terme, la responsabilité et les intérêts composés qui en découlent (pas uniquement sous forme financière) 
- L'importance du levier (leverage)  : Selon Naval, les trois types de leviers sont faire travailler d'autres personnes, investir du capital financiers et la création de produit réplicables sans coût marginal. Ce dernier, le plus récent, est celui qu'il recommande. Il prend comme exemple l'animateur de podcast Joe Rogan. L'important pour y réussir est de trouver des activités dans lesquelles l'ampleur du résultat  peut être indépendant des entrés (un employé de support téléphonique ne peux traiter que les appels reçus alors qu'un animateur de podcast ou un auteur de logiciel n'a pas cette limite). Cette partie est dérivée d'une suite de tweets nommée "How to Get Rich (without getting lucky)" qui avait été très appréciée en 2018.

 

 

- Comment rester indépendant en évitant de s'accrocher à une identité.

- L'importance de la lecture : ne pas avoir de peur de juste parcourir un livre pour en tire l'essentiel, de lire les classiques en commençant par les bases (en économie par exemple, il recommande Adam Smith, Mises et Hayek).

- Les modèles mentaux : Le titre de l'ouvrage peut d'ailleurs être vu comme une référence au Poor Charlie's Almanach écrit sur le même principe à propos de Charlie Munger, le partenaire de Warren Buffet, grand promoteur des modèles mentaux, des heuristiques pour penser et décider plus efficacement (à ce sujet, Naval recommande le site Farnam Street).

Dans la seconde partie,  Naval présente le bonheur comme un choix et une compétence qui peut être développée. Il est inspiré par le Bouddhisme sous une forme qu'il nomme "Bouddhisme rationnel" en sélectionnant les enseignements qui marchent pour l'aider et qu'il peut rationaliser grâce à la science et l’évolution. La compétence "bonheur"  ne sera pas développé par tous de la même façon mais prendre des bonnes habitudes est nécessaire. Il est important de s'engager dans des jeux à somme positive plutôt que des jeux à somme nulle comme le statut, le monde politique ou universitaire.  Il donne aussi des conseils plus pratiques en matière de nutrition (régime cétogène et jeûne) , d'exercice physique (il s’entraîne avec Jerzy Gregorek, auteur de The Happy Body) et de méditation.

Le livre se termine par une longue et éclectique liste de recommandation de lecture tant en fiction qu'en non-fiction.

L'ouvrage existe en format papier mais des versions PDF, web et ebook sont disponibles gratuitement sur le site https://www.navalmanack.com/. Il est écrit en anglais et il est peu probable qu'une traduction française soit faite. Néanmoins, du fait du style de Naval et de l'origine des ces écrits (tweets, entretien), il est très facile à lire même sans grandes compétences en anglais. 

Le livre est illustré par des petits schémas minimalistes dus à Jack Butcher. 

Earn_Mind@1x.jpg

( @F. mas, @Séverine B, est-ce qu'une mise au propre pour une revue CP vous intéresse ? )

 

Je te remercie pour cette découverte.

 

Cependant pourrais tu préciser ce que tu entends par ce point : 

 

"- Comment rester indépendant en évitant de s'accrocher à une identité."

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Il y a 15 heures, Sekonda a dit :


- L'importance du levier (leverage)  : Selon Naval, les trois types de leviers sont faire travailler d'autres personnes, investir du capital financiers et la création de produit réplicables sans coût marginal. Ce dernier, le plus récent, est celui qu'il recommande. Il prend comme exemple l'animateur de podcast Joe Rogan. L'important pour y réussir est de trouver des activités dans lesquelles l'ampleur du résultat  peut être indépendant des entrés (un employé de support téléphonique ne peux traiter que les appels reçus alors qu'un animateur de podcast ou un auteur de logiciel n'a pas cette limite). Cette partie est dérivée d'une suite de tweets nommée "How to Get Rich (without getting lucky)" qui avait été très appréciée en 2018.

 

Crédo d'argent facile, facilement foule sur le même créneau

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7 hours ago, Loi said:

 

Je te remercie pour cette découverte.

 

Cependant pourrais tu préciser ce que tu entends par ce point : 

 

"- Comment rester indépendant en évitant de s'accrocher à une identité."

Je pensais à cette partie https://www.navalmanack.com/almanack-of-naval-ravikant/shed-your-identity-to-see-reality  

En particulier:

Quote

 

It’s really important to be able to uncondition yourself, to be able to take your habits apart and say, “Okay, this is a habit I probably picked up when I was a toddler trying to get my parent’s attention. Now I’ve reinforced it and reinforced it, and I call it a part of my identity. Does it still serve me? Does it make me happier? Does it make me healthier? Does it make me accomplish whatever I set out to accomplish?”

 I’m less habitual than most people. I don’t like to structure my day. To the extent I have habits, I try to make them more deliberate rather than accidents of history. [4]

Any belief you took in a package (ex. Democrat, Catholic, American) is suspect and should be re-evaluated from base principles. 
I try not to have too much I’ve pre-decided. I think creating identities and labels locks you in and keeps you from seeing the truth. 

To be honest, speak without identity. 
I used to identify as libertarian, but then I would find myself defending positions I hadn’t really thought through because they’re a part of the libertarian canon. If all your beliefs line up into neat little bundles, you should be highly suspicious. 

 

 

C'est une idée que je connaissais déjà par Paul Graham (http://www.paulgraham.com/identity.html) et qui m'avait marquée. Il y a beaucoup d'idées communes entre PG et Naval d'ailleurs.

  • Yea 1
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@F. mas, c'était avec toi que j'avais mentionné How China Became Capitalist de Coase ?

 

Side-note: j'espère être au même niveau mental que Coase si je parviens à 100 ans.

 

C'est très complet et intéressant sur les réformes économiques qui ont été mis en place depuis la mort de Mao jusqu'à ~2010. Et comment un mélange de chance (Mao qui, pour tous ses défauts, n'a jamais cherché à imiter le modèle centralisé soviétique) et de pragmatisme ont poussé le PCC à réviser sa définition de marxisme et socialisme jusqu'à son quasi-opposé.

 

J'ai probablement un biais plus récent avec la disparition de Jack Ma, mais je ne partage pas vraiment l'optimisme de sa conclusion sur le futur de la China par contre.

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