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[modéré]Jf Revel


Roniberal

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OK, j'arrête le débat sur l'extinction de l'Etat pour reparler de ce cher Revel.

Néanmoins, j'aurais aimé que tu utilises également ton "pouvoir de police" précédemment quand la discussion s'était encore plus égarée.

Et désolé, la plupart des fils se terminent toujours par des sujets qui n'ont absolument plus rien à voir avec l'origine, voire par des insultes et cela te fait peu réagir en général

Ce thème a été débattu de nombreuses fois.

Quant à mon supposé manque de réaction, je me permets de te signaler, d'abord, que je ne suis pas le seul modo et, ensuite, que je suis aussi réputé avoir la main lourde.

Du reste, je crois me rappeler t'avoir remonté les bretelles il y a quelques semaines quand tu cherchais querelle à Dardanus.

Fin de la parenthèse.

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Quant à mon supposé manque de réaction, je me permets de te signaler, d'abord, que je ne suis pas le seul modo et, ensuite, que je suis aussi réputé avoir la main lourde.

Du reste, je crois me rappeler t'avoir remonté les bretelles il y a quelques semaines quand tu cherchais querelle à Dardanus.

Fin de la parenthèse.

OK, fin de la parenthèse (même si tes explications ne me convainquent pas car quand certains membres m'ont de leur côté, chercher des noises, tu n'as pas réagi), on reparle de Revel

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Citer Mises, Popper et Hayek était très en vogue dans la France des années 80, le "grand renouveau libéral", tout ça… D'ailleurs, il les mentionne encore dans La Connaissance inutile. C'est pourquoi j'ai parlé de syncrétisme chez Revel : un peu de libéralisme pour saupoudrer le propos néoconservateur (lequel est manifeste dans sa défense de la démocratie comme accomplissement civilisationnel.)

Il a parlé aussi de Rawls en disant qu'il barbait les américains depuis 10 ans (je ne me souviens pas dans quel bouquin). Il a, je pense, lu Nozick et Rothbard mais il n'en parle jamais car la démocratie disparaît avec eux et quand on s'en est fait le chantre il est difficile de revenir en arrière. Sans compter que quand on vit du commentaire politique il est difficile d'être libertarien.

Tant qu'on ne veux pas voir que la politique est d'essence mafieuse on ne peut que se planter. Il croyait que la démocratie fonctionnait mal en France mais à peu près bien aux états unis. Je me souviens qu'il a donné l'exemple des USA après la guerre. Jusqu'en 1950, nous a t il dit, les usa auraient pu se servir de leur force militaire sans que quiconque ne puisse s'y opposer (les soviétiques ont eu la bombe qu'en 49) or, ils ne l'ont pas fait. C'est bien la preuve qu'une démocratie est fondamentalement pacifique. Il a simplement oublié que les américains avaient eu leur dose et n'avait pas envie de recommencer immédiatement. Mais quand ceux ci ont attaqué Sadam ce n'est pas parce qu'il n'était pas démocrate, car il ne l'a jamais été, mais parce qu'ils avaient les mains libres de par l'effondrement de l'URSS. (le Koweit n'a été qu'un prétexte bienvenu car Schartzkopf a laissé entendre assez nettement qu'une action contre l'Irak était en préparation avant même l'invasion du Koweit). Je n'ai pas vu Revel faire allusion à tout cela. Quant à Guantanamo qui est un scandale au regard de n'importe quel critère de justice là aussi je n'ai pas entendu grand chose (mais je n'ai pas lu tous ses articles). De toute façon sur la question de la démocratie, Hoppe et Michel, en deux articles, ont su me convaincre là où, en sens contraire, deux livres de Revel ont échoué.

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Il a, je pense, lu Nozick et Rothbard mais il n'en parle jamais

Oui, c'est vrai qu'il ne cite jamais ni Nozick ni Rothbard. Malheureusement, je ne connais pas d'auteur néo-conservateur (je me trompe peut-être) qui les cite. Je suis même sûr que peu de professeurs d'économie non-libéraux les connaissent

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Le problème de la démocratie à la française ou à l'étatsunienne est la tyrannie de la majorité (comme l'a dit Tocqueville mais là je ne t'apprends rien) et Revel n'a pas su le voir dans ses bouquins (du moins, pas assez)…

Au risque de le signaler, chez Tocqueville, la tyrannie de la majorité n'est pas consubstantielle à la démocratie, elle n'en est qu'une possible déviance.

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Au risque de le signaler, chez Tocqueville, la tyrannie de la majorité n'est pas consubstantielle à la démocratie, elle n'en est qu'une possible déviance.

Peut-être mais comme tu dis, elle est devenue une déviance inévitable…

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Peut-être, mais ne fais pas dire à Tocqueville, ce qu'il ne dit pas.

Non, non, là je ne suis pas d'accord, il avait bien dit qu'il redoutait que dans toutes les démocraties, ce phénomène de tyrannie de la majorité s'installe…

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Oui, c'est vrai qu'il ne cite jamais ni Nozick ni Rothbard. Malheureusement, je ne connais pas d'auteur néo-conservateur (je me trompe peut-être) qui les cite. Je suis même sûr que peu de professeurs d'économie non-libéraux les connaissent

Si, il cite une fois Nozick dans Le Regain démocratique :

Mais, selon Robert Nozick, le socialisme semble malgré tout un châtiment excessif, même pour nos péchés les plus lourds. D'autant plus que nous en avons déjà fait l'expéricence.

(coll. "Pluriel", p. 462.)

Et, dans Le Rejet de l'Etat, il mentionne rapidement Lemieux.

Mais ça c'est du vernis. Son logiciel idéologique fonctionne essentiellement en mode néoconservateur.

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Au risque de le signaler, chez Tocqueville, la tyrannie de la majorité n'est pas consubstantielle à la démocratie, elle n'en est qu'une possible déviance.

En es-tu sur ? Il a dénoncé l'égalitarisme dans son oeuvre : la passion de l'égalité qui élève irrésistiblement la démocratie, abolissant l'ordre ancien certes mais aux dépens de la liberté également.

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En es-tu sur ? Il a dénoncé l'égalitarisme dans son oeuvre : la passion de l'égalité qui élève irrésistiblement la démocratie, abolissant l'ordre ancien certes mais aux dépens de la liberté également.

Merci Apollon, c'est bien dans "de la démocratie en Amérique", c'est ça?

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extrait

De la Démocratie en Amérique, vol II

(Quatrième Partie : Chapitre VI)

(1840)

Quelle espèce de despotisme les nations démocratique ont à craindre

Lorsque je songe aux petites passions des hommes de nos jours, à la mollesse de leurs moeurs, à l'étendue de leurs lumières, à la pureté de leur religion, à la douceur de leur morale, à leurs habitudes laborieuses et rangées, à la retenue qu'ils conservent presque tous dans le vice comme dans la vertu, je ne crains pas qu'ils rencontrent dans leurs chefs des tyrans, mais plutôt des tuteurs. Je pense donc que l'espèce d'oppression dont les peuples démocratiques sont menacés ne ressemblera à rien de ce qui l'a précédée dans le monde; nos contemporains ne sauraient en trouver l'image dans leurs souvenirs. Je cherche en vain moi-même une expression qui reproduise exactement l'idée que je m'en forme et la renferme; les anciens mots de despotisme et de tyrannie ne conviennent point. La chose est nouvelle, il faut donc tacher de la définir, puisque je ne peux la nommer.

Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde: je vois une foule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d'eux, retiré à l'écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres: ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l'espèce humaine; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d'eux, mais il ne les voit pas; il les touche et ne les sent point; il n'existe qu'en lui-même et pour lui seul, et s'il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu'il n'a plus de patrie.

Au-dessus de ceux-la s'élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d'assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l'âge viril; mais il ne cherche, au contraire, qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu'ils ne songent qu'à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur; mais il veut en être l'unique agent et le seul arbitre; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre?

C'est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l'emploi du libre arbitre; qu'il renferme l'action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu a peu chaque citoyen jusqu'à l'usage de lui-même. L'égalité a préparé les hommes à toutes ces choses: elle les a disposés à les souffrir et souvent même à les regarder comme un bienfait.

Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l'avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière; il en couvre la surface d'un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige; il force rarement d'agir, mais il s'oppose sans cesse à ce qu'on agisse; il ne détruit point, il empêche de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation a n'être plus qu'un troupeau d'animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger.

J'ai toujours cru que cette sorte de servitude, réglée, douce et paisible, dont je viens de faire le tableau, pourrait se combiner mieux qu'on ne l'imagine avec quelques unes des formes extérieures de la liberté, et qu'il ne lui serait pas impossible de s'établir a l'ombre même de la souveraineté du peuple.

Nos contemporains sont incessamment travaillés par deux passions ennemies: ils sentent le besoin d'être conduits et l'envie de rester libres. Ne pouvant détruire ni l'un ni l'autre de ces instincts contraires, ils s'efforcent de les satisfaire à la fois tous les deux. Ils imaginent un pouvoir unique, tutélaire, tout-puissant, mais élu par les citoyens. Ils combinent la centralisation et la souveraineté du peuple. Cela leur donne quelque relâche. Ils se consolent d'être en tutelle, en songeant qu'ils ont eux mêmes choisi leurs tuteurs. Chaque individu souffre qu'on l'attache, parce qu'il voit que ce n'est pas un homme ni une classe, mais le peuple lui-même, qui tient le bout de la chaîne.

Dans ce système, les citoyens sortent un moment de la dépendance pour indiquer leur maître, et y rentrent.

II y a, de nos jours, beaucoup de gens qui s'accommodent très aisément de cette espèce de compromis entre le despotisme administratif et la souveraineté du peuple, et qui pensent avoir assez garanti la liberté des individus, quand c'est au pouvoir national qu'ils la livrent. Cela ne me suffit point. La nature du maître m'importe bien moins que l'obéissance.

Je ne nierai pas cependant qu'une constitution semblable ne soit infiniment préférable à celle qui, après avoir concentre tous les pouvoirs, les déposerait dans les mains d'un homme ou d'un corps irresponsable. De toutes les différentes formes que le despotisme démocratique pourrait prendre, celle-ci serait assurément la pire.

Lorsque le souverain est électif ou surveillé de près par une législature réellement élective et indépendante, l'oppression qu'il fait subir aux individus est quelquefois plus grande; mais elle est toujours moins dégradante parce que chaque citoyen, alors qu'on le gêne et qu'on le réduit à l'impuissance, peut encore se figurer qu'en obéissant il ne se soumet qu'à lui-même, et que c'est à l'une de ses volontés qu'il sacrifie toutes les autres.

Je comprends également que, quand le souverain représente la nation et dépend d'elle, les forces et les droits qu'on enlève à chaque citoyen ne servent pas seulement au chef de l'Etat, mais profitent à l'Etat lui même, et que les particuliers retirent quelque fruit du sacrifice qu'ils ont fait au public de leur indépendance.

Créer une représentation nationale dans un pays très centralisé, c'est donc diminuer le mal que l'extrême centralisation peut produire, mais ce n'est pas le détruire.

Je vois bien que, de cette manière, on conserve l'intervention individuelle dans les plus importantes affaires; mais on ne la supprime pas moins dans les petites et les particulières. L'on oublie que c'est surtout dans le détail qu'il est dangereux d'asservir les hommes. Je serais, pour ma part, porté à croire la liberté moins nécessaire dans les grandes choses que dans les moindres, si je pensais qu'on put jamais être assuré de l'une sans posséder l'autre.

La sujétion dans les petites affaires se manifeste tous les jours et se fait sentir indistinctement à tous les citoyens. Elle ne les désespère point; mais elle les contrarie sans cesse et elle les porte à renoncer à l'usage de leur volonté. Elle éteint peu à peu leur esprit et énerve leur âme, tandis que l'obéissance, qui n'est due que dans un petit nombre de circonstances très graves, mais très rares, ne montre la servitude que de loin en loin et ne la fait peser que sur certains hommes. En vain chargerez-vous ces mêmes citoyens, que vous avez rendus si dépendants du pouvoir central, de choisir de temps à autre les représentants de ce pouvoir; cet usage si important, mais si court et si rare, de leur libre arbitre, n'empêchera pas qu'ils ne perdent peu à peu la faculté de penser, de sentir et d'agir par eux-mêmes, et qu'ils ne tombent ainsi graduellement au-dessous du niveau de l'humanité.

J'ajoute qu'ils deviendront bientôt incapables d'exercer le grand et unique privilège qui leur reste. Les peuples démocratiques qui ont introduit la liberté dans la sphère politique, en même temps qu'ils accroissaient le despotisme dans la sphère administrative, ont été conduits à des singularités bien étranges. Faut-il mener les petites affaires où le simple bon sens peut suffire, ils estiment que les citoyens en sont incapables; s'agit-il du gouvernement de tout l'Etat, ils confient à ces citoyens d'immenses prérogatives; ils en font alternativement les jouets du souverain et ses maîtres, plus que des rois et moins que des hommes. Après avoir épuisé tous les différents systèmes d'élection, sans en trouver un qui leur convienne, ils s'étonnent et cherchent encore; comme si le mal qu'ils remarquent ne tenait pas a la constitution du pays bien plus qu'a celle du corps électoral.

Il est, en effet, difficile de concevoir comment des hommes qui ont entièrement renoncé à l'habitude de se diriger eux-mêmes pourraient réussir à bien choisir ceux qui doivent les conduire; et l'on ne fera point croire qu'un gouvernement libéral, énergique et sage, puisse jamais sortir des suffrages d'un peuple de serviteurs.

Une constitution qui serait républicaine par la tête, et ultra-monarchique dans toutes les autres parties, m'a toujours semblé un monstre éphémère. Les vices des gouvernants et l'imbécillité des gouvernés ne tarderaient pas à en amener la ruine; et le peuple, fatigué de ses représentants et de lui-même, créerait des institutions plus libres, ou retournerait bientôt s'étendre aux pieds d'un seul maître.

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Je vous invite à aller sur www.libres.org

Le grand Garello vient de rendre hommage à Revel et lui aussi semble avoir une préférence pour "la grande parade".

Je m'incline donc

Tant qu'à faire dans l'outrance, tu aurais carrément pu écrire: "l'immense phare qui éclaire nos pauvres esprits embrumés".

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Tant qu'à faire dans l'outrance, tu aurais carrément pu écrire: "l'immense phare qui éclaire nos pauvres esprits embrumés".

Je ne sais pas si tu es français ou pas mais je te rappelle que Jacques Garello est, avec Pascal Salin, le plus grand économiste libéral français…

Incontestablement!

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Je ne sais pas si tu es français ou pas mais je te rappelle que Jacques Garello est, avec Pascal Salin, le plus grand économiste libéral français…

Incontestablement!

Tu auras une bonne note, bis repetita placent.

Mais, trève de plaisanterie, Garello est le plus grand penseur libéral que l'histoire ait connu !

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C'est vrai, j'avais oublié que Jacques Garello était mon père et que son prestige rejaillissait sur moi…

Merci RH

Je ne savais pas que Pierre Garello fayotait ! C'est du joli !

Bon, blague à part, revenons au sujet du fil. Please, comme dirait Eti-N.

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Je ne savais pas que Pierre Garello fayotait ! C'est du joli !

Bon, blague à part, revenons au sujet du fil. Please, comme dirait Eti-N.

Absolument, qu'es-tu pensé de cet hommage garellien?

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Ce que j'en ai pensé ? Rien de spécial. Comme toujours avec Garello, son libéralisme de circonstance est adultéré par un atlantisme immarcescible.

Je comprends maintenant le sens de ton premier post mais même si Jacques Garello aime beaucoup Georges W. Bush (comme moi d'ailleurs), je te rappelle néanmoins que c'est un anti-Etatiste primaire.

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Superbe texte de Tocqueville "[le souverain] ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige; il force rarement d'agir, mais il s'oppose sans cesse à ce qu'on agisse; il ne détruit point, il empêche de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation a n'être plus qu'un troupeau d'animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger."

ADT affirme que la liberté politique a pour pendant la dictature de l'administration (= le souverain). Nous avons les "grandes libertés" mais pas les "petites". Si le peuple est satisfait c'est parce qu'il choisit lui-même son oppresseur etc. Je crois que ça va dans mon sens :icon_up:

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Je comprends maintenant le sens de ton premier post mais même si Jacques Garello aime beaucoup Georges W. Bush (comme moi d'ailleurs), je te rappelle néanmoins que c'est un anti-Etatiste primaire.

Tu l'aimes pour ses choix politiques en général ou principalement pour sa politique étrangère ?

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ADT affirme que la liberté politique a pour pendant la dictature de l'administration (= le souverain). Nous avons les "grandes libertés" mais pas les "petites". Si le peuple est satisfait c'est parce qu'il choisit lui-même son oppresseur etc. Je crois que ça va dans mon sens :icon_up:

Je rappelle que mon propos était de dire que la tyrannie de la majorité n'était pas chez Tocqueville, consubstantielle à la démocratie, mais une dérive de celle-ci ; si ma thèse est fausse, je me demande bien comment il pouvait être démocrate. :doigt:

Je regarde comme impie et détestable cette maxime, qu'en matière de gouvernement la majorité d'un peuple a le droit de tout faire, et pourtant je place dans les volontés de la majorité l'origine de tous les pouvoirs. Suis-je en contradiction avec moi-même?

Il existe une loi générale qui a été faite ou du moins adoptée, non pas seulement par la majorité de tel ou tel peuple, mais par la majorité de tous les hommes. Cette loi, c'est la justice.

La justice forme donc la borne du droit de chaque peuple.

Une nation est comme un jury chargé de représenter la société universelle et d'appliquer la justice qui est sa loi. Le jury, qui représente la société, doit-il avoir plus de puissance que la société elle-même dont il applique les lois?

Quand donc je refuse d'obéir à une loi injuste, je ne dénie point à la majorité le droit de commander; j'en appelle seulement de la souveraineté du peuple à la souveraineté du genre humain. Il y a des gens qui n'ont pas craint de dire qu'un peuple, dans les objets qui n'intéressaient que lui-même, ne pouvait sortir entièrement des limites de la justice et de la raison, et qu'ainsi on ne devait pas craindre de donner tout pouvoir à la majorité qui le représente. Mais c'est là un langage d'esclave.

Qu'est-ce donc une majorité prise collectivement sinon un individu qui a des opinions et le plus souvent des intérêts contraire à un autre individu qu'on nomme la minorité? Or, si vous admettez qu'un homme revêtu de la toute-puissance peut en abuser contre ses adversaires, pourquoi n'admettez-vous pas la même chose pour une majorité? Les hommes, en se réunissant, ont-ils changé de caractère? Sont-ils devenus plus patients dans les obstacles en devenant plus forts?

Pour moi je ne le saurais le croire; et le pouvoir de tout faire, que je refuse à un seul de mes semblables, je ne l'accorderai jamais à plusieurs.

Ce n'est pas que, pour conserver la liberté, je crois qu'on puisse mélanger plusieurs principes dans un même gouvernement, de manière à les opposer réellement l'un à l'autre.

Le gouvernement qu'on appelle mixte m'a toujours semblé une chimère. Il n'y a pas, à vrai dire, de gouvernement mixte (dans le sens qu'on donne a ce mot), parce que, dans chaque société, on finit par découvrir un principe d'action qui domine tous les autres.

L'Angleterre du dernier siècle, qu'on a particulièrement citée comme exemple de ces sortes de gouvernements, était un État essentiellement aristocratique, bien qu'il se trouvât dans son sein de grands éléments de démocratie; car les lois et les moeurs y étaient ainsi établies que l'aristocratie devait toujours, à la longue, y prédominer et diriger à sa volonté les affaires publiques.

L'erreur est venue de ce que, voyant sans cesse les intérêts des grands aux prises avec ceux du peuple, on n'a songé qu'à la lutte, au lieu de faire attention au résultat de cette lutte, qui était le point important. Quand une société en vient à avoir réellement un gouvernement mixte, c'est-à-dire également partagé entre des principes contraires, elle entre en révolution ou elle se dissout.

Je pense donc qu'il faut toujours placer quelque part un pouvoir social supérieur à tous les autres, mais je crois la liberté en péril lorsque ce pouvoir ne trouve devant lui aucun obstacle qui puisse retenir sa marche et lui donner le temps de se modérer lui-même.

La toute-puissance me semble en soi une chose mauvaise et dangereuse. Son exercice me parait au-dessus des forces de l'homme, quel qu'il soit, et je ne vois que Dieu qui puisse sans danger être tout-puissant, parce que sa sagesse et sa justice sont toujours égales à son pouvoir.

Il n'y a pas donc sur la terre d'autorité si respectable en elle-même, ou revêtue d'un droit si sacré, que je voulusse laisser agir sans contrôle et dominer sans obstacles. Lors donc que je vois accorder le droit et la faculté de tout faire à une puissance quelconque, qu'on appelle peuple ou roi, démocratie ou aristocratie, qu'on l'exerce dans une monarchie ou dans une république, je dis: là est le germe de la tyrannie, et je cherche à aller vivre sous d'autre lois.

Ce que je reproche le plus au gouvernement démocratique, tel qu'on l'a organisé aux Etats-Unis, ce n'est pas, comme beaucoup de gens le prétendent en Europe, sa faiblesse, mais au contraire sa force irrésistible. Et ce qui me répugne le plus en Amérique, ce n'est pas l'extrême liberté qui y règne, c'est le peu de garantie qu'on y trouve contre la tyrannie.

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Je comprends maintenant le sens de ton premier post mais même si Jacques Garello aime beaucoup Georges W. Bush (comme moi d'ailleurs), je te rappelle néanmoins que c'est un anti-Etatiste primaire.

Non, Garello n'aime pas l'Etat français (et qu'il soit actuellement dirigé par des gaullistes réels ou supposés doit certainement le faire enrager), mais chérit l'Etat US qu'il pare de toutes les vertus en dépit de la réalité. Détestant la politique française depuis la fin de la guerre d'Algérie, il a vraisemblablement troqué son nationalisme chagrin contre un nationalisme de substitution pro-américain - comme Madelin, par exemple.

Par exemple : http://www.libres.org/francais/editorial/a…olons_e5005.htm

Je rappelle que mon propos était de dire que la tyrannie de la majorité n'était pas chez Tocqueville, consubstantielle à la démocratie, mais une dérive de celle-ci ; si ma thèse est fausse, je me demande bien comment il pouvait être démocrate. :icon_up:

Tocqueville n'était certainement pas démocrate; il s'est seulement résigné au développement de la démocratie.

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