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A La Défense De L'apriorisme Extrême


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Beaucoup de confusion sur l'apriorisme sur un fil précédent, je vais donc tenter d'éclaircir ma position. C'est vrai que mon apriorisme est différent de l'apriorisme impositioniste (kant) de Mises et beaucoup plus proche de l'apriorisme réflectioniste (Aristote) de Rothbard.

D'abord je réaffirme le paradigme misésien: L'histoire ne peut pas PROUVER une théorie,mais il appartient à la théorie d'expliquer l'histoire. Approche empiriquement plus valide que les autres pseudo-empiristes.

Ensuite,si l'on veut, réfuter l'apriorisme, il faut au moins le faire en évitant de se contredire,parce que si j'affirmes que le concept d'apriorisme est invalide, l'affirmation est par sa nature même une proposition a priori et si c'est une proposition a priori alors nécessairement le concept d'a priori est valide puisqu'on l'utilises pour affirmer sa propre proposition et si ce n'est pas a priori alors ce n'est pas nécessairement vraie,si c'est le cas, l'affirmation n'affirme rien de substantiel a propos de l'essence de l'a priori et dans les deux cas il y a contradiction.

Viens ensuite une confusion récurrente de l'apriori avec le subjectivisme,psychologisme et révélation intérieure. c'est-à-dire l'action de penser avec le contenu de la pensée, une chose intérieure et psychologique avec la simple logique.

Donc,si j'affirme a priori qu'une maison ne peut pas être en même temps toute rouge et toute bleue.Cela n'a rien à voir avec le subjectivisme et je n'ai certes pas besoin de me rendre en chine,au Japon en Australie,en Europe ou même sur la planète mars afin d'être assuré que c'est le cas. C'était vrai il y a mille ans et ce sera vrai dans mille ans.Non seulement il sera impossible de falsifier cette proposition,mais il sera impossible de concevoir intellectuellement une telle maison.

Il n'y a pas besoin de test empirique afin de savoir que tu agis et que tu existes.

Nul besoin de test empirique pour dire que, si la quantité de monnaie demeure pareille,il ne peut logiquement y avoir de hausse générale des prix.

Maintenant une petite référence sur l'oeuvre de Friedman qui a ,à juste titre, été qualifiée par Hayek d'oeuvre aussi dangereuse que la théorie générale de Keynes. Friedman confond:

une abstraction précisive avec une abstraction non-precisive. Les lois économiques ne sont pas des relations entre les évènements passés et les évènements futurs, mais une relation entre évènements réel et contrefactuel. Frédéric Bastiat n'a jamais si bien vulgariser la chose en disant qu'il y a ce que l'on voit et ce que l'on ne voit pas.

Finalement, lorsque je parle d'apriorisme,je préfère parler d'une proposition logiquement incontestable qui est philosophiquement supérieure à la terminologie d'axiome évident en soi. Parce que l'évidence en soi possède une aura psychologique qui est préférable d'éviter: ce qui est évident en soi pour l'individu A n'est pas évident en soi pour l'individu B et peut même apparaître aberrant pour l'individu C.L'évidence en soi n'a pas une connotation de vérité mais d'une très fortes croyance.Le mot axiome est a proscrire aussi dû à sa malheureuse association avec l'interprétation positiviste de la géométrie qui voyait l'axiome comme étant un postulat arbitraire sur lequel des systèmes alternatifs de géométrie peuvent être construits (Euclédien versus Reimannien).Lorsqu'on introduit l'incontestabilité logique cela suggère une démontrabilité qui va au-delà de l'aspect psychologique. Reconnaître qu'une proposition logiquement incontestable est une proposition qui correspond en totalité avec un fait général de réalité ou (la classe centrale des entités dans certains domaines de la réalité à être étudié tel que l'être humain a l'intérieur de la science humaine) est inéluctable; comprendre une telle proposition signifie saisir immédiatement son incontournable vérité et cela va au-delà de l'évidence en soi.La personne qui insisterait pour nier une proposition logiquement incontestable peut à juste titre être qualifiée de confus intellectuellement ou de simple tête de cochon.

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Je fais une première réponse, j'approfondirai à l'occasion :

D'abord je réaffirme le paradigme misésien: L'histoire ne peut pas PROUVER une théorie,mais il appartient à la théorie d'expliquer l'histoire. Approche empiriquement plus valide que les autres pseudo-empiristes

L'histoire ne peut pas prouver, mais elle peut réfuter , au sens faible, une théorie : c'est à dire établir qu'il existe un décalage entre la théorie et les faits et inciter à amender la théorie.

Ensuite,si l'on veut, réfuter l'apriorisme, il faut au moins le faire en évitant de se contredire,parce que si j'affirmes que le concept d'apriorisme est invalide, l'affirmation est par sa nature même une proposition a priori et si c'est une proposition a priori alors nécessairement le concept d'a priori est valide puisqu'on l'utilises pour affirmer sa propre proposition et si ce n'est pas a priori alors ce n'est pas nécessairement vraie,si c'est le cas, l'affirmation n'affirme rien de substantiel a propos de l'essence de l'a priori et dans les deux cas il y a contradiction

Il ne s'agit pas de réfuter l'apriorisme, qui existe probablement et qui n'est pas en lui-même "faux". Mais la question est : est-ce que la méthode aprioriste est pertinente et féconde pour comprendre des phénomènes réels ?

Il n'y a pas besoin de test empirique afin de savoir que tu agis et que tu existes.

Certes, mais après, en quoi cette proposition est-elle informative?

Maintenant une petite référence sur l'oeuvre de Friedman qui a ,à juste titre, été qualifiée par Hayek d'oeuvre aussi dangereuse que la théorie générale de Keynes. Friedman confond:

une abstraction précisive avec une abstraction non-precisive. Les lois économiques ne sont pas des relations entre les évènements passés et les évènements futurs, mais une relation entre évènements réel et contrefactuel. Frédéric Bastiat n'a jamais si bien vulgariser la chose en disant qu'il y a ce que l'on voit et ce que l'on ne voit pas.

La thèse épistémologique de Friedman (l'instrumentalisme) est faiblarde, c'est incontestable. Mais entre l'instrumentalisme et l'apriorisme, il y a d'autres alternatives…

Finalement, lorsque je parle d'apriorisme,je préfère parler d'une proposition logiquement incontestable qui est philosophiquement supérieure à la terminologie d'axiome évident en soi. Parce que l'évidence en soi possède une aura psychologique qui est préférable d'éviter: ce qui est évident en soi pour l'individu A n'est pas évident en soi pour l'individu B et peut même apparaître aberrant pour l'individu C.L'évidence en soi n'a pas une connotation de vérité mais d'une très fortes croyance.Le mot axiome est a proscrire aussi dû à sa malheureuse association avec l'interprétation positiviste de la géométrie qui voyait l'axiome comme étant un postulat arbitraire sur lequel des systèmes alternatifs de géométrie peuvent être construits (Euclédien versus Reimannien).Lorsqu'on introduit l'incontestabilité logique cela suggère une démontrabilité qui va au-delà de l'aspect psychologique. Reconnaître qu'une proposition logiquement incontestable est une proposition qui correspond en totalité avec un fait général de réalité ou (la classe centrale des entités dans certains domaines de la réalité à être étudié tel que l'être humain a l'intérieur de la science humaine) est inéluctable; comprendre une telle proposition signifie saisir immédiatement son incontournable vérité et cela va au-delà de l'évidence en soi.La personne qui insisterait pour nier une proposition logiquement incontestable peut à juste titre être qualifiée de confus intellectuellement ou de simple tête de cochon.

Si j'étais une feignasse, je me contenterai de convoquer les thèses du positivisme logique et l'approche poppérienne et de rappeler que, dans cette perspective, on distingue propositions analytiques et propositions synthètiques. Les premières sont en fait des tautologies (elles sont contenues dans la définition des termes mêmes qui les composent) qui n'ont donc aucun contenu informatif et n'apporte rien. Seules les secondes fournissent un apport car elles ne sont pas auto-référentielles et renvoient au monde "réel". Toute proposition apriori est une proposition analytique : par exemple, quand tu dis

Nul besoin de test empirique pour dire que, si la quantité de monnaie demeure pareille,il ne peut logiquement y avoir de hausse générale des prix.

… cela n'est évident qu'en fonction des définitions de "quantité de monnaie" et "prix", bref l'équation quantitative de la monnaie (puisque c'est de ça qu'il s'agit) est vraie par définition. Pour autant, a-t-elle une valeur informative ? Non (ce qui n'est pas le cas de la théorie quantitative de la monnaie).

Cela met en valeur une erreur fondamentale de Mises et d'autres, à mon avis, à savoir une mauvaise définition de ce qu'est la théorie (et à l'occasion de l'histoire aussi). Mais j'y reviendrai plus tard…

Cependant, je ne me réfère pas à cette thèse (sur laquelle s'appuie la théorie néoclassique) car je pense qu'elle se trompe, mais pour une autre raison. Pour faire simple, l'approche (aprioriste) autrichienne et l'approche (positiviste) néoclassique séparent toutes les deux théorie et histoire, mais de deux façons différentes :

1) la théorie néoclassique, du fait de son appuie sur le positivisme logique, ne distingue pas science de la nature et science sociale. Conséquence : il n'y a aucune réflexion ontologique sur le monde social et celui-ci est appréhendé comme étant identique au monde naturel, d'où l'emploie d'une méthode identique pour les sciences sociales et les sciences de la nature avec l'idée de découvrir des "lois". Il y a là une erreur ontologique fondamentale, mais je ne vais pas plus loin car ce n'est pas le sujet…

2) la démarche autrichienne sépare "théorie" et histoire ce qui l'amène, comme la théorie néoclassique, à développer des concepts universels et atemporels, bref un cadre analytique auto-référentiel (et clos, puisque les faits ne peuvent réfuter la théorie, contrairement à l'approche néoclassique). Mais les autrichiens admettent la spécificité des sciences sociales du fait d'une différenciation ontologique entre sciences de la nature et sciences sociales. Il en découle une posture épistémologique propre ( verstehen, la démarche compréhensive) et une méthodologie spécifique. Mais l'erreur de Mises and co est à mon sens d'avoir voulu faire de la "théorie", c'est à dire la praxéologie, une science logico-formelle, comme les mathématiques. Or, c'est oublier que les sciences sociales, comme les sciences de la nature, sont des sciences qui portent sur le réel , elles n'ont de sens que dans leur reflexivité au monde réel objectif.

Et le propre des sciences sociales (ou sciences "historiques" dans les termes de Dilthey) est de porter sur des objets

a/ qui sont connaissables de "l'intérieur" et dont il importe de comprendre le sens de l'action;

b/ qui sont ontologiquement inscrit dans le temps historique, chose que ne peut prendre en compte l'apriorisme extrême.

Cela ne signifie pas que toute proposition apriorie est à rejeter : dire que l'homme agit est utile (?!). Mais cela signifie que les propositions réellement informatives (par exemple, les buts poursuivis par les individus) ne peuvent être acquise que dans "l'histoire" des phénomènes. Ce n'est qu'une fois que l'on prend au sérieux le particularisme historique des faits auxquels on se réfère que l'on est en mesure de batir une théorie réellement informative qui nous permettent de comprendre et d'expliquer les phénomènes. Ce que je dis là n'a rien d'original : c'est ni plus ni moins la méthode de l'idéaltype défendu par Weber et que celui-ci à élaborer à partir d'une synthèse improbable entre l'essentialisme de Menger et l'historicisme de certains philosophes allemands de la fin du 19ème siècle : la théorie est construite à partir d'une abstraction du concret consistant à épurer un phénomène pour en accentuer le ou les traits spécifiques; à partir de là, on construit des idéaltypes qui nous permettent de comparer les phénomènes (en lieu et place de l'expérimentation des sciences naturelles) pour comprendre la spécificité (et non la généralité comme chez Menger) de chaque phénomène observé.

Pour résumer, l'apriorisme (quelque soit sa variante, misesienne, rothbardienne, etc…) n'est pas "faux" en lui-même, il est juste peu productif, peu informatif et surtout très peu évolutif. Bref, il ne nous apprend pas grand chose…

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Invité Arn0
Ensuite,si l'on veut, réfuter l'apriorisme, il faut au moins le faire en évitant de se contredire,parce que si j'affirmes que le concept d'apriorisme est invalide, l'affirmation est par sa nature même une proposition a priori et si c'est une proposition a priori alors nécessairement le concept d'a priori est valide puisqu'on l'utilises pour affirmer sa propre proposition et si ce n'est pas a priori alors ce n'est pas nécessairement vraie,si c'est le cas, l'affirmation n'affirme rien de substantiel a propos de l'essence de l'a priori et dans les deux cas il y a contradiction.

Le problème ce n’est pas l'apriorisme, mais quel apriorisme. Les principes logiques (tiers exclu par exemple) sont posés a priori, les principes expérimentaux sont aussi posé a priori (l'idée que le monde extérieur existe ailleurs que dans son propre esprit par exemple, ou même le principe de simplicité). Seulement les principes a priori doivent être les moins nombreux possible (donc absolument nécessaire), les plus évident possible et ne doivent pas avoir de concurrence crédible (par exemple rejeter l’existence du monde extérieur est possible, mais ne conduit a rien) ; trois conditions qui d’ailleurs reviennent au même.

Sinon pour les énoncés a priori de Mises comme par exemple qu’un individu agit forcement avec comme but la satisfaction de ses propres fins (qu’elle soit s’enrichir ou sauver le monde ou mourir pour sa secte) même de manière inappropriée est un énoncé falsifiable, et même faux dans certains cas (et un principe faux dans certains cas est faux tout court). Par exemple la psychologie peut montrer qu’on agit souvent de manière inconsciente à l’encontre de ses propres fins consciente (l’exemple de l’automobiliste de Popper) et même inconsciente. Un réflexe est une action indépendante de toute fin consciente et même inconsciente, c’est une programmation liée à l’habitude d’un mouvement. Pour moi ce principe est une approximation très utile, rien de plus. Alors bien sur en définissant intelligemment action et fin subjective on peut arriver à un énoncé infalsifiable. C’est semble t’il ce que fait Mises. Mais ce sera en se reposant sur des définitions et des principes a priori accepté par ailleurs (principes logiques dont j’ai parlé plus haut) voir par des énoncé évident mais fondé sur l’expérience donc falsifiable (tout les énoncés fondé sur l’expérience sont falsifiable, même si ils sont évident comme "la terre est ronde", a part peut-être l’existence de la conscience- du cogito cartésien mais c’est plus de la métaphysique que la science-). Non vraiment je ne vois pas en quoi l’économie a besoin de principes a priori spécifiques (et d’ailleurs tout les autrichiens n’était pas d’accord là-dessus, il me semble que beaucoup avait une vision faible de l’apriorisme, il s’agissait plus de principes incontestable mais théoriquement falsifiable, un apriorisme seulement méthodologique).

Dans l’autre discussion j’ai eu surtout l’impression qu’on confond méthode expérimentale et réductionnisme méthodologique, ce qui n’a rien à voir. Le réductionnisme méthodologique n’est qu’une tentative de simplifier les problèmes lorsqu’ils le sont, rien d’autre (sauf pour les positivistes mal dégrossi).

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Dire que l'affirmation de l'existence d'énoncés a priori est un énoncé a priori est circulaire, ou au moins un vol de concept. Et la circularité est seulement là : nier qu'il existe des propositions a priori n'est pas une proposition a priori (sans quoi elle serait évidemment fausse) mais un énoncé de fait, donc a posteriori.

Le problème vient de ce qu'on croit qu'il existe de facto des propositions analytiques ou des propositions a priori, comme les lois de la logique, et qu'il serait possible d'ajouter d'autres énoncés de ce type à nos croyances de base. Mais les lois de la logique ne sont ni des propositions analytiques ni des propositions a priori. Il est en est donc ainsi pour une "une logique de l'action".

De la même manière, la distinction entre énoncés analytiques et énoncés synthétiques est fausse, puisqu'il n'existe pas d'énoncés analytiques. L'argument de Carnap est circulaire

Carnap entend dire :

1- "Tous les célibataires sont non-mariés" est vrai ssi

2- "Tous les célibataires sont non-mariés" est analytique, lequel est vrai ssi

3- "Tous les célibataires sont non-mariés" est nécessaire, qui est vrai ssi

4- "Tous les célibataires sont non-mariés" est vrai dans tous les mondes possibles, qui est vrai en retour ssi

5-"Tous les célibataires sont non-mariés"est vrai en vertu du postulat de signification "Si X est célibataire, alors X est non-marié"

Mais 5 fait appel à la notion même de vérité analytique ou nécessaire que l'on voulait expliquer. On tourne en cercle.

Une solution consisterait à substituer dans 1 "non-marié" à "célibataire" et à réduire 1 à :

1-"Tous les célibataires sont célibataires" qui est une vérité logique.

Mais on ne peut dire que c'est une vérité logique que si l'on présuppose que "célibataire" a le même sens que "non-marié" ; mais c'est précisément ce que l'on voulait expliquer.

Donc on explique l'analyticité par la signification, et celle-ci par l'analyticité.

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