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Science Et A Priori


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ps : L'a priori de la science, il me semble, c'est qu'il existe quelquechose, ou encore que la vérité existe.

L'a priori d'une science est surtout de traiter son objet de manière novatrice (i.e. différentes des autres types de raisonnements scientifiques). Exemple : si on pense pouvoir expliquer tous les phénomènes sociaux par la science économique, alors la sociologie n'a pas lieu d'être - puisque son objet est précisement d'expliquer les phénomènes sociaux sur des schémas autres que biologiques, économiques, etc.

Et puis, "la" science n'est pas un objet monolithique. :icon_up:

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L'a priori d'une science est surtout de traiter son objet de manière novatrice (i.e. différentes des autres types de raisonnements scientifiques). Exemple : si on pense pouvoir expliquer tous les phénomènes sociaux par la science économique, alors la sociologie n'a pas lieu d'être - puisque son objet est précisement d'expliquer les phénomènes sociaux sur des schémas autres que biologiques, économiques, etc.

Et puis, "la" science n'est pas un objet monolithique. :icon_up:

Je prenais l'a priori au sens de Boudon (dans "l'art de se persuader", que tu as lu je me souviens) ; je ne comprends pas le sens que tu utilises ici. Je confirme que la sociologie n'a pas lieu d'être : Mises l'a mise KO avec l'Action Humaine. Disons qu'il y a autant de différence entre la sociologie d'avant Mises et celle d'après, qu'entre l'alchimie et la chimie moléculaire.

La science ne peut pas être un objet monolitique, pas plus que toute autre connaissance, parce qu'elle est répartie dans des esprits différents.

En fait, je pense que l'on peut voir les choses sous deux angles : 1) soit considérer que les expressions "libéral de gauche" et "libéral conservateur" sont des affaires de morale individuelle (respect de la tradition, attachement aux valeurs morales, etc., ou le contraire) 2) soit penser le conservatisme libéral ou le libéralisme de gauche comme des moyen-termes entre libéralisme et conservatisme pour le premier, libéralisme et socialisme pour le second.

J'ajouterai que les dénominations en question ne s'opposent pas forcément en-soi, puisque l'on peut considérer, par ailleurs (comme feu JF Revel, il me semble) que le conservatisme est la condition du progrès.

Je suis tout à fait d'accord : la définition que je donnais inclut ces deux points de vue (d'une même chose).

Ces définitions sont trompeuses d'un point de vue théorique mais utiles d'un point de vue pratique puisqu'elles permettent de positionner un invididu pas rapport à l'ensemble des autres.

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Je prenais l'a priori au sens de Boudon (dans "l'art de se persuader", que tu as lu je me souviens) ; je ne comprends pas le sens que tu utilises ici. Je confirme que la sociologie n'a pas lieu d'être : Mises l'a mise KO avec l'Action Humaine. Disons qu'il y a autant de différence entre la sociologie d'avant Mises et celle d'après, qu'entre l'alchimie et la chimie moléculaire.

(La sociologie était simplement un exemple.)

Une science suppose grosso modo trois types de présupposés :

- des axiomes (& postulats) ;

- des définitions ;

- l'acceptation de la pertinence de son objet.

Les deux premiers types de présupposés ne suffisent pas pour définir une science. Il y a un troisième type qui est un engagement a priori : en acceptant d'étudier selon les canons d'une science, ou en acceptant les conclusions de cette science, on admet la pertinence de son "approche" des phénomènes et ses distinctions fondamentales. Un exemple simple, qui permet de se faire une idée : si jamais je n'accepte que des explications des phénomènes basées sur l'intervention ordonnatrice de la divinité, alors je dénie à un certain nombre de sciences leurs explications basées sur d'autres types de principes (lois naturelles, gravitation, etc.) C'est d'ailleurs peu ou prou se qui se passe avec l'intelligent design et le darwinisme. De même, la sociologie suppose en tant que science que l'on accepte que l'explication des phénomènes sociaux ne se réduisent pas à des causes naturelles (i.e. biologiques), mais qu'il existe une dimension humaine particulière qui fait qu'on ne peut se satisfaire d'une telle explication. L'a priori fondamental de la géomètrie - à préciser néanmoins - serait qu'il existe et que l'on peut étudier l'espace.

Je veux dire par là que tous ces a priori fondamentaux des différentes sciences, dont l'acceptation est incluse et requise par la science elle-même, sont ce qui relie l'objet étudié au "réel" - parce que si on se suffisait des axiomes et des définitions comme présupposés fondamentaux, les sciences ne seraient alors que des manipulations de symboles, un peu comme pourraient le penser certains logiciens. Comme ils sont des pré-requis des sciences, ces types d'a priori sont antérieurs à ces sciences et ne peuvent être justifiés par elles.

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Et puis, "la" science n'est pas un objet monolithique. :icon_up:

A défaut d'être monolitique, la science me semble formée de différentes disciplines qui sont parfaitement continues et ne paraissent juxtaposées qu'à cause des limites de l'esprit humain.

Si les sciences cherchent à décrire les lois naturelles, je ne vois pas pourquoi ces descriptions ne formeraient pas un tout cohérent (puisque la nature forme un tout cohérent).

Soit dit en passant, ma postition ci-dessous ne suppose aucune place au déterminisme en sciences humaines.

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(La sociologie était simplement un exemple.)

Une science suppose grosso modo trois types de présupposés :

- des axiomes (& postulats) ;

- des définitions ;

- l'acceptation de la pertinence de son objet.

Les présupposés ci-dessous forment la méthodologie scientifique. Cette méthodologie vise à une chose : assurer le progrès infini de la connaissance scientifique (ce que Heidegger critique comme un projet funeste) en permettant de faciliter la transmission des connaissances d'un cerveau à l'autre et en supprimant les "branches mortes" (comme la bonne vieille sociologie ou le freudisme) sans déstabiliser l'ensemble du corpus.

Mais ces présupposés ci-dessous ne sont pas l'a priori de la pensée scientifique ; la science est un processus de découverte des lois naturelles dont tu décris la méthode… mais y a-t-il quelquechose à découvrir ? Voilà l'a priori. S'il n'y a rien à découvrir, s'il n'y a pas de "vérité scientifique", alors toutes les sciences sont invalidées.

C'est pourquoi je disais :

ps : L'a priori de la science, il me semble, c'est qu'il existe quelquechose, ou encore que la vérité existe.
Les deux premiers types de présupposés ne suffisent pas pour définir une science. Il y a un troisième type qui est un engagement a priori : en acceptant d'étudier selon les canons d'une science, ou en acceptant les conclusions de cette science, on admet la pertinence de son "approche" des phénomènes et ses distinctions fondamentales. Un exemple simple, qui permet de se faire une idée : si jamais je n'accepte que des explications des phénomènes basées sur l'intervention ordonnatrice de la divinité, alors je dénie à un certain nombre de sciences leurs explications basées sur d'autres types de principes (lois naturelles, gravitation, etc.) C'est d'ailleurs peu ou prou se qui se passe avec l'intelligent design et le darwinisme.

OK avec ça, c'est pourquoi il est très important de bien montrer que la science est un unique projet de connaissance qui ne peut être accepté que dans son ensemble. Il n'y a en fait aucune raison de ne pas appliquer la méthode scientifique par exemple en sciences humaines à cause de tel ou tel a priori. Ceux qui refusent aujourd'hui les explications scientifiques en sciences humaines sont les héritiers de ceux qui demandaient le bûcher pour Copernic et Galilée.

De même, la sociologie suppose en tant que science que l'on accepte que l'explicatioan des phénomènes sociaux ne se réduisent pas à des causes naturelles (i.e. biologiques), mais qu'il existe une dimension humaine particulière qui fait qu'on ne peut se satisfaire d'une telle explication. L'a priori fondamental de la géomètrie - à préciser néanmoins - serait qu'il existe et que l'on peut étudier l'espace.

Je ne suis pas du tout d'accord pour opposer "causes naturelles" et "dimension humaine" : tombes-tu ici dans le piège de ceux qui critiquèrent ces deux astronomes, ou bien est-ce seulement un exemple ?

"qu'il existe et que l'on peut étudier l'espace" (tes mots concernant la géométrie) sont à rapprocher de "qu'il existe quelquechose, ou encore que la vérité existe" (les miens concernant la science). Oui, nous avons précisément la même idée en tête ici, et l' a priori que tu trouves est d'une nature différente des présupposés que tu présentais ci-dessus (les deux premiers pour les raisons que tu donnes, le troisième parce qu'il est réservé à "une" science (Cf ci-dessous).

Je veux dire par là que tous ces a priori fondamentaux des différentes sciences, dont l'acceptation est incluse et requise par la science elle-même, sont ce qui relie l'objet étudié au "réel" - parce que si on se suffisait des axiomes et des définitions comme présupposés fondamentaux, les sciences ne seraient alors que des manipulations de symboles, un peu comme pourraient le penser certains logiciens. Comme ils sont des pré-requis des sciences, ces types d'a priori sont antérieurs à ces sciences et ne peuvent être justifiés par elles.

Bof bof. Il n'y a qu'un a priori fondamental pour la science (au sens de Boudon). Les autres servent à définir des domaines d'étude mais ne sont pas fondamentaux. Si tu as l'impression que tous ces a priori (dans ton sens) relient l'objet étudié au réel, c'est parce que l'a priori fondamental unique joue précisément ce rôle. A poser trop d'a priori on prend le risque de se tromper et de faire du scientisme…

Je ne sais pas si on se comprend bien ?

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D'accord avec tout le reste.

Bof bof. Il n'y a qu'un a priori fondamental pour la science (au sens de Boudon). Les autres servent à définir des domaines d'étude mais ne sont pas fondamentaux. Si tu as l'impression que tous ces a priori (dans ton sens) relient l'objet étudié au réel, c'est parce que l'a priori fondamental unique joue précisément ce rôle. A poser trop d'a priori on prend le risque de se tromper et de faire du scientisme…

Si je désigne par a priori les trois types de présupposés pour les sciences, c'est que 1°/ pour chaque science, ces présupposés ne sont pas inclus dans l'objet d'étude de la science, mais au contraire permettent l'étude en question ; 2°/ ces différents types se retrouvent pour chaque science, de telle manière qu'ils ne sont peut-être pas des a priori pour la science mais des types d'a priori pour l'ensemble des études scientifiques - ces a priori ne sont d'ailleurs pas absolus, mais relatifs à chaque science. Ils sont fondamentaux, mais cette classification est davantage descritive que prescritive.

Enfin, la proposition "il existe une vérité unique" ne relie l'objet étudié au "réel" que d'un point de vue formel, elle ne dit rien sur la pertinence d'une démarche ou d'une autre : il peut exister deux approches, dont les promoteurs se réclament chacun de "la vérité unique" sans pour autant qu'on puisse trancher. Ce qui relie substanciellement l'objet étudié au réel est bien plus l'acceptabilité (ou non) de l'a priori "ontologique", qui permet de valider ou d'infirmer la pertinence de la démarche.

Je donne une exemple simple : l'astrologie. On n'admet pas que la position des astres puisse avoir une influence sur nos dispositions ou nos comportements : c'est l'a priori de l'astrologie. L'astrologie n'est pas considéré comme une science - contrairement à la manière dont elle a été longtemps perçue - que parce que nous refusons son a priori et non pas à cause de proposition du type "il existe une vérité unique" - qui, finalement, ne disent pas grand chose.

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D'accord avec tout le reste.

Si je désigne par a priori les trois types de présupposés pour les sciences, c'est que 1°/ pour chaque science, ces présupposés ne sont pas inclus dans l'objet d'étude de la science, mais au contraire permettent l'étude en question ; 2°/ ces différents types se retrouvent pour chaque science, de telle manière qu'ils ne sont peut-être pas des a priori pour la science mais des types d'a priori pour l'ensemble des études scientifiques - ces a priori ne sont d'ailleurs pas absolus, mais relatifs à chaque science. Ils sont fondamentaux, mais cette classification est davantage descritive que prescritive.

Bien entendu tu as le droit d'utiliser le terme "a priori" dans ce sens, mais je ne crois pas qu'il s'agisse de celui utilisé par Boudon (et dont je veux parler) ? Si on considère la science dans son ensemble (et je pense que cela a du sens), ceux que tu décris font partie intégrante de la méthode, ils sont utilisés tout au long de la démarche, et ne permettent pas de dire si le processus intellectuel, le "projet scientifique" (au sens de Heidegger) est valable du point de vue de la pensée, mais si telle ou telle démarche intellectuelle est scientifique. L'a priori que je cherche est celui qui est caché derrière cette démarche elle-même, dans son ensemble (mais qui ne la décrit pas).

Enfin, la proposition "il existe une vérité unique" ne relie l'objet étudié au "réel" que d'un point de vue formel, elle ne dit rien sur la pertinence d'une démarche ou d'une autre : il peut exister deux approches, dont les promoteurs se réclament chacun de "la vérité unique" sans pour autant qu'on puisse trancher. Ce qui relie substanciellement l'objet étudié au réel est bien plus l'acceptabilité (ou non) de l'a priori "ontologique", qui permet de valider ou d'infirmer la pertinence de la démarche.

C'est vrai en sciences humaines (assez souvent en sciences dites exactes, l'expérience permet de trancher) : deux "vérités concurrentes" peuvent s'affronter pdt un temps non négligeable.

La question que tu poses en fait à mon avis est de savoir comment poser les fondamentaux d'une science, comment délimiter un (nouveau) domaine pour une science. Pourquoi par exemple le choix de "l'étude de l'action humaine" est plus pertinent que celui de "l'étude des classes sociales" ? Ces deux a priori (dans ton sens) ne sont pas tous les deux valides : l'un est un concept "vrai", qui ne sera pas remis en cause, l'autre est une catégorie arbitraire qui mène à l'erreur (et au scientisme). Il y a des réponses, mais on sort du sujet.

Je donne une exemple simple : l'astrologie. On n'admet pas que la position des astres puisse avoir une influence sur nos dispositions ou nos comportements : c'est l'a priori de l'astrologie. L'astrologie n'est pas considéré comme une science - contrairement à la manière dont elle a été longtemps perçue - que parce que nous refusons son a priori et non pas à cause de proposition du type "il existe une vérité unique" - qui, finalement, ne disent pas grand chose.

Je ne suis pas sur cette ligne : si l'astrologie est refusée ce n'est pas parce que son fondement n'est pas établit, mais parce que la méthode scientifique n'est pas suivie. Il y a une chose dont tu n'as pas parlé, c'est le rôle de l'expérience (la mise en relation d'une théorie avec le réel) dans la méthode. C'est cet aspect (que tu appellerais a priori, un quatrième pré-supposé) qui disqualifie à mon avis l'astrologie. Mais il ne s'agit toujours pas de l'a priori dont je parle.

La science (unique, en temps que projet humain, tel que pratiqué par les scientifiques de métier), est un processus de découverte des vérités du monde, qui est décrit par une méthode (la connaissance scientifique en est le produit). Comme toute pensée est fondée sur un a priori (Cf Boudon) je m'interroge sur l'a priori qui soutend cette définition…

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C'est vrai en sciences humaines (assez souvent en sciences dites exactes, l'expérience permet de trancher) : deux "vérités concurrentes" peuvent s'affronter pdt un temps non négligeable. […]

Je ne suis pas sur cette ligne : si l'astrologie est refusée ce n'est pas parce que son fondement n'est pas établit, mais parce que la méthode scientifique n'est pas suivie. Il y a une chose dont tu n'as pas parlé, c'est le rôle de l'expérience (la mise en relation d'une théorie avec le réel) dans la méthode. C'est cet aspect (que tu appellerais a priori, un quatrième pré-supposé) qui disqualifie à mon avis l'astrologie. Mais il ne s'agit toujours pas de l'a priori dont je parle.

Bof. L'expérience ne permet pas si facilement de trancher, même dans les sciences naturelles : sans cela, il n'y aurait pas de grands épisodes épiques au moment des changements de paradigme explicatif, pas plus d'ailleurs qu'on ne se disputerait ou qu'on nierait un certain nombre de faits génants avant à ces moments-là. Savais-tu qu'une théorie héliocentrique avait déjà été formulée au IIIème siècle avant J-C., soit avant Ptolémée ? Pourtant, à cette époque, l'expérience n'a pas permis de trancher en faveur de l'héliocentrisme…

Sinon, ce que tu penses être une caractéristique des sciences humaines - l'absence d'existence d'un paradigme dominant - était également présent dans les "sciences" naturelles avant qu'elles ne deviennent des sciences "matures" : la chimie avant le XVIIIème, la physique avant Newton, l'électricité avant Franklin… (Le cas de l'astronomie est un peu différent, puisque cette émergence d'un paradigme dominant s'est faite dans les premiers siècles du millénaire.)

Un bouquin intéressant sur le sujet :

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Je confirme que la sociologie n'a pas lieu d'être : Mises l'a mise KO avec l'Action Humaine.

La sociologie n'a pas lieu d'etre ?

C'est comme si on écartait la biologie sous pretexte que la physique et la chimie peuvent dejà tout exliquer.

Une science qui explique tout n'est pas une science.

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