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Le Revenu Minimum D'existence


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Dans un pamphlet percutant sur l'horreur de la situation des sdf, Patrick Declerck engueule tout le monde.

Tout à la fin de l'ouvrage, l'auteur s'aventure à suggérer une solution :

Un revenu minimum d'existence, à vie et sans questions, enquêtes, réserves ou contreparties aucunes. Un droit. Un vrai droit de l'homme pour tous les hommes

Comme je ne suis pas du tout d'accord avec cette solution, et comme le reste de l'ouvrage m'a réellement plu, j'ai rédigé une réponse que je compte lui envoyer dans quelques jours. [EDIT: désormais c'est ici]

Qu'en pensez-vous ?

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Dans un pamphlet percutant sur l'horreur de la situation des sdf, Patrick Declerck engueule tout le monde.

Qu'en pensez-vous ?

De lui, j'ai lu l'excellent "Les naufragés", toujours sur les clochards, mais qui est plus un témoignage qu'autre chose.

C'est un profil étrange, je dirais qu'il se rapproche politiquement d'un Céline, un étatiste de gauche aux prises de position extrêmement arrêtées, prenant beaucoup de plaisir et mettant beaucoup de violence à casser certains carcans du zeitgeist gauchiste. "Garanti sans moraline" était un recueil idéologique (que je n'ai pas lu). Gros adepte de la psychanalyse.

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@Gadrel: Je vais donc me procurer "Les naufragés" :icon_up:

ça marche pas non plus, je suis sous explorer

Zut alors ! Bon, je copie le texte ici. Mais je ne sais pas si je rendrai publique la version définitive. J'éditerai peut-être ce message à l'avenir pour retirer ça.

[EDIT] Texte à jour accessible en PDF.

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tout d'abord une question peut être un peu idiote, mais n'est il pas vrai comme dit l'autre que "la misère est moins pénible au soleil"? La misère semble moins pénible à La Réunion qu'à Paris, avec pourtant un assistanat encore plus élevé?

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tout d'abord une question peut être un peu idiote, mais n'est il pas vrai comme dit l'autre que "la misère est moins pénible au soleil"? La misère semble moins pénible à La Réunion qu'à Paris, avec pourtant un assistanat encore plus élevé?

Ben non, les 3 sdf de N'Djamena ne m'avaient pas l'air bien heureux dans la vie. Pas plus pour les nombreux sdf de Pereira, en Colombie.

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Je trouve ton texte tout à fait excellent, sauf un tout, tout, tout petit détail

vous achetez un cahier à 600 alors que le prix pour les plus pauvres est 400 : vous créez un lien social en votre faveur. Un ami pauvre de la famille du vendeur va réussir à obtenir ce même cahier pour 350

Les chiffres sont un peu bizarres. Soit tu mets des unités monetaires derrière, soit tu prend des 10 ou des 100, enfin des chiffres auxquels on est habitué.

Par ailleurs, sais-tu comment on traite les fous et les alcooliques dans les systèmes communautaires dont tu parles ?

Edit : pour ton texte, tu pourrais éventuellement ajouter un passage sur le caractère irréalisable de la mesure.

Pour garantir des droits sociaux, il est essentiel de pouvoir ficher les individus, de pouvoir les traiter administrativement, de connaitre leur identité sociale, c'est à dire d'avoir au minimum un nom et une adresse. Or justement, dans ce cas, ….

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Merci :icon_up:

Les chiffres sont un peu bizarres. Soit tu mets des unités monetaires derrière, soit tu prend des 10 ou des 100, enfin des chiffres auxquels on est habitué.

Ah oui tiens c'est juste. Ce sont en fait les chiffres auxquels je suis habitués … en francs cfa. Je n'ai qu'à le préciser. 1 FF = 100 F cfa.

Par ailleurs, sais-tu comment on traite les fous et les alcooliques dans les systèmes communautaires dont tu parles ?

Alcoolique, une telle partie de la population l'est… du moins pour les parties non-musulmanes des pays que j'ai vu. Mais pour les fous, bonne remarque. Je n'en sais rien. Les populations sont peu tolérantes envers ceux qui sortent du moule. Par exemple, les homosexuels peuvent bien se cacher. Est-ce que une fois adulte on devient fou facilement avec une société aussi liberticide ? Et est-ce qu'on peut considérer que les sdf sont pris pour des fous ? A mon sens, ce n'est pas un accès de folie mais plutôt de dépression.

Il y a des dépressions là-bas aussi. Au Tchad j'ai cotoyé un couple de médecins Italiens qui me disaient que des étudiants, qui comprennaient que leur avenir mirobolant d'après le bac était un leurre, devenaient dépressifs. Ce qui est sûr, c'est qu'ils n'attérissent pas dans la rue. Soit ils se suicident, soit ils remontent la pente. Je ne crois pas qu'ils soient tués. Les bébés et enfants peuvent être abandonnés, tués passivement quoi. Mais d'autres formes d'homicides d'anormaux dans les grandes villes, je n'ai jamais entendu parler.

Il y a aussi le cas des enfants des rues, assez nombreux dans les grandes villes. Ce sont des enfants abandonnés, ou des orphelins du sida. Mais ils ne sont pas assimilables à la situation des sdf de France. Même s'ils n'ont pas forcément de domiciles. Ils sont organisés en mafia, en société indépendante, parallèle. Ce sont eux qui protègent ou siphonent les mobylettes des clients, selon qu'on leur donne ou non un pourboire. Ils ont donc reconstitué des sociétés qui fonctionnent sur les mêmes principes que la société "régulière" : avec eux on a des relations commerciales qui créent des liens sociaux.

Edit : pour ton texte, tu pourrais éventuellement ajouter un passage sur le caractère irréalisable de la mesure.

Pour garantir des droits sociaux, il est essentiel de pouvoir ficher les individus, de pouvoir les traiter administrativement, de connaitre leur identité sociale, c'est à dire d'avoir au minimum un nom et une adresse. Or justement, dans ce cas, ….

Oui j'y ai pensé aussi. Mais comme même si la mesure était réalisable, elle serait mauvaise… et puis ça me ferait parler de ce que je ne connais pas. L'auteur a probablement une idée plus juste que moi de ce qui est réalisable avec les sdf.

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Une petite remarque : Je pense que vous vouliez parler de "sls" et non de "slc" pour les "sans liens sociaux".

Tiens oui :icon_up:

(je corrige)

EDIT: Je viens aussi d'ajouter les associations et assurances dans mon propos : "Accepter une aide de l'Etat, d'une association ou même d'une assurance est si facile (…)"

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Oui, excellente critique, Thomas.

Vers la fin, j'aurais meme insité lourdement sur l'effet contreproductif du tout-Etat : si le système social pourvoit à tout, la solidarité individuelle disparait puisque les gens peuvent rejetter leur responsabilité morale sur l'Etat.

En favorisant l'entraide matérielle par l'entremise de la puissance publique, anonyme et impersonnelle, on défavorise donc l'entraide morale, celle qui est la plus nécessaire pour sortir les gens de leur misère.

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Sur les sociétés de lien social:

bof.

Amha, c'est ça qui donne le phénomène des "Big Men" en Afrique: j'accède au pouvoir et je pique tout, mais mais j'ai une bonne raison de tout piquer puisque j'ai une masse de demandes auxquelles je dois accéder, de ma famille, de mon village, de mon clan, de ma tribu.

Résultat: des pays où le niveau de pourriture et de dégradation morale de tous du à la corruption tel qu'on a du mal à se l'imaginer. Rien ne se fait sans corruption: connection à l'electricité, diplomes, rien.

Une blague célèbre pour décrire le niveau:

2 amis, un Idonésien et un Nigérian font leurs études ensemble à Oxford.

5 ans + tard le Nigérian rend visite à son ami à Djakarta. Grande villa, grosse Mercedes noire, belle fortune.

- Comment t'as fait pour en arriver là?

L'indonésien pointe du doigt par la fenêtre.

- Tu vois la route, là?

- Oui.

- 10%

5 ans + tard, c'est l'Indonésien qui se rend à Abuja. Et là, quelle n'est pas sa surpise. Sublime et énorme Palais de Marbre avec dorures à l'or fin dans tous les coins, collection de Lamborghinis, jet privé, milice privée, un train de vie digne des plus grandes fortunes du monde.

- Wow, tu m'épates. Comment t'as fait ça?

- tu vois la route, là?

Il montre du doigt une parcelle de forêt vierge impénétrable sans la moindre trace de travaux.

- 100%

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Mais tu auras remarqué que le sujet était les sdf.

Ma blague est hors sujet.

Mon premier paragraphe ne l'est pas, il répond à ton post sur les liens sociaux, àmha créateurs de clientélisme et de corruption en Afrique. Le Tchad est un excellent exemple puisque champion du monde l'indice de perception de la corruption de Transparency International.

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Mon premier paragraphe ne l'est pas, il répond à ton post sur les liens sociaux, àmha créateurs de clientélisme et de corruption en Afrique. Le Tchad est un excellent exemple puisque champion du monde l'indice de perception de la corruption de Transparency International.

Sous-entendrais-tu que les SDF soient le prix à payer pour éviter les big men ?

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En tous cas moi je n'ai jamais sous-entendu que les sociétés communautaires "à l'africaine" soient le prix à payer pour éviter les sdf. Ce que je pense c'est que dans les réflexes communautaires, il n'y a pas que du mauvais.

J'ai écrit un texte sur le rapport entre les sdf et l'abandon des réflexes communautaires. Je ne vois vraiment pas le rapport avec ta réponse, Nick de Cusa, qui consiste à dire que les sociétés communautaires ont des défauts.

Oui, et alors ?

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En tous cas moi je n'ai jamais sous-entendu que les sociétés communautaires "à l'africaine" soient le prix à payer pour éviter les sdf. Ce que je pense c'est que dans les réflexes communautaires, il n'y a pas que du mauvais.

J'ai écrit un texte sur le rapport entre les sdf et l'abandon des réflexes communautaires. Je ne vois vraiment pas le rapport avec ta réponse, Nick de Cusa, qui consiste à dire que les sociétés communautaires ont des défauts.

Oui, et alors ?

Des défauts rédhibitoires. A part ça, non, pas de prob'.

Non, c'est vrai, ma réaction mérite un peu d'explication.

Je trouve que mettre en exemple la fameuse entraide dans les pays pauvres, c'est du politiquement correct sentimental. Pour 2 raisons:

1. c'est justement ça qui crée les problème qui les écrasent (big men et corruption)

2. si ça n'existe pas chez nous, c'est que nous n'avons pas le désespoir généralisé qui le rend nécessaire.

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Sous-entendrais-tu que les SDF soient le prix à payer pour éviter les big men ?

Bien sûr que non.

Mais je pense que les obligations tacitement mutuelles finnissent par créer des pyramides d'obligations et qu'au sommet de chaque pyramide, il y a un big man.

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Mais je pense que les obligations tacitement mutuelles finnissent par créer des pyramides d'obligations et qu'au sommet de chaque pyramide, il y a un big man.

Ben justement, c'est pour mettre fin au "big men" qu'on a instauré toute la redistribution étatique.

Prends l'exemple d'une famille avec seulement le père qui travaille. Dans le temps, il touchait son salaire et en donnait une partie à sa femme pour qu'elle en vive. Problème, la femme est dépendente de l'homme. Donc on prend une partie du salaire du mari, et, puisque la famille n'a plus de suffisement pour vivre, on donne une allocation à la femme. Hors le cout du fonctionnaire, ca revient strictement au même. Mais on détruit le lien social de dépendance (c'est explicitement fait pour ça).

Donc, de façon générale, l'Etat entend supprimer les liens de dépendances individuels et détruit pour se faire les structures antérieures d'encadrement social. En cas de vrai coup dur, l'individu se retrouve SDF, mais de fait, on n'a plus de "big men".

Y a-t-il vraiment moyen d'échapper à l'alternative ?

(il va de soi que la problématique big man, et celle de son acces au pouvoir étatique sont deux choses différentes.)

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Ben justement, c'est pour mettre fin au "big men" qu'on a instauré toute la redistribution étatique.

Oui.

Je trouve que mettre en exemple la fameuse entraide dans les pays pauvres, c'est du politiquement correct sentimental. Pour 2 raisons:

1. c'est justement ça qui crée les problème qui les écrasent (big men et corruption)

2. si ça n'existe pas chez nous, c'est que nous n'avons pas le désespoir généralisé qui le rend nécessaire.

Pour le 1 je pense comme toi, pour le 2 je ne pense pas. Mais pas de rapport avec les sdf. Et pour le jugement sur mon texte, de "politiquement correct sentimental", vu ton argumentation à toi grave à côté de la plaque, j'hallucine un peu.

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Ben justement, c'est pour mettre fin au "big men" qu'on a instauré toute la redistribution étatique.

Prends l'exemple d'une famille avec seulement le père qui travaille. Dans le temps, il touchait son salaire et en donnait une partie à sa femme pour qu'elle en vive. Problème, la femme est dépendente de l'homme. Donc on prend une partie du salaire du mari, et, puisque la famille n'a plus de suffisement pour vivre, on donne une allocation à la femme. Hors le cout du fonctionnaire, ca revient strictement au même. Mais on détruit le lien social de dépendance (c'est explicitement fait pour ça).

Donc, de façon générale, l'Etat entend supprimer les liens de dépendances individuels et détruit pour se faire les structures antérieures d'encadrement social. En cas de vrai coup dur, l'individu se retrouve SDF, mais de fait, on n'a plus de "big men".

Y a-t-il vraiment moyen d'échapper à l'alternative ?

(il va de soi que la problématique big man, et celle de son acces au pouvoir étatique sont deux choses différentes.)

En ce qui concerne la femme dépendante de l'homme, la seule bonne réponse c'est que la femme ait un revenu. Dans le cadre d'une femme au foyer libérale et responsable, pourquoi ne facturerait-elle pas à son mari le service de garde des enfants et de ménage?

Oui.

Pour le 1 je pense comme toi, pour le 2 je ne pense pas. Mais pas de rapport avec les sdf. Et pour le jugement sur mon texte, de "politiquement correct sentimental", vu ton argumentation a toi grave à côté de la plaque, j'hallucine un peu.

Les pays à redistribution se portent en moyenne mieux que les pays à big men. La réponse est donc peut-être à chercher ailleurs.

Bon, j'ai été indûment vache, j'avoue. Mais les "liens sociaux" tacites ne constituent pas une réponse qui me convainc.

Le lien social par contrat écrit entre individus, ça c'est autre chose. Pardon de m'écarter encore des SDF, mais j'utilise un exemple qui me vient à l'esprit: les neighbourhood watch pour lutter contre les cambriolages en Angleterre. Chacun s'engage à faire des tournées dans le quartier, chacun se tient à ses obligations et ça marche. Ce qui fait que ça marche, c'est que la contrepartie n'est pas tacite et intangible.

Il me semble que, pour remplacer la répartition par des liens sociaux, il faut des contrats écrits, et non pas ce qui a court dans les sociétés Africaines.

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Y a-t-il vraiment moyen d'échapper à l'alternative ?

On peut déjà, à titre individuel, améliorer sa sécurité en reprenant quelques réflexes communautaires simples tels que ceux que je propose. Pour ma part, même si la synthèse et l'analyse que j'en ai fait est récente, j'applique à moi-même ce que je préconise depuis quelques années. Et ça marche. Ca me permet d'être précaire et d'abuser sur les vacances (je suis indépendant, sans assurance chômage) tout en gardant un moral de fer.

On n'est pas obligé d'opposer un système 100% redistribution impersonnelle à un 100% redistribution communautaire. On peut partir de là où on est (la redistribution impersonnelle) et améliorer beaucoup sans pour autant changer grand chose, avec juste quelques détails.

Les pays à redistribution se portent en moyenne mieux que les pays à big men. La réponse est donc peut-être à chercher ailleurs.

Les pays oui. Les sdf non. Rooooh !

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Les pays oui. Les sdf non. Rooooh !

Ce qu'il y a, c'est que les SDF en France (qq %) vivent à peu prêt comme la quasi totalité de la population tchadienne (en terme de confort matériel) sauf qu'ils ont accès aux soins s'ils se laissent faire (donc en fait leur situation est meilleure).

Je peux donc reformuler ta phrase: au Tchad, la quasi totalité de la population vit dans des conditions pires que nos qq % de SFD.

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Le lien social par contrat écrit entre individus, ça c'est autre chose. Pardon de m'écarter encore des SDF, mais j'utilise un exemple qui me vient à l'esprit: les neighbourhood watch pour lutter contre les cambriolages en Angleterre. Chacun s'engage à faire des tournées dans le quartier, chacun se tient à ses obligations et ça marche. Ce qui fait que ça marche, c'est que la contrepartie n'est pas tacite et intangible.

Il me semble que, pour remplacer la répartition par des liens sociaux, il faut des contrats écrits, et non pas ce qui a court dans les sociétés Africaines.

Les membres des neighbourhood watch seraient moins susceptibles de devenir sdf ? Plus capables de s'apporter un soutien moral ? [EDIT: remarque pourquoi pas. On peut trouver plusieurs autres solutions j'imagine]

Je peux donc reformuler ta phrase: au Tchad, la quasi totalité de la population vit dans des conditions pires que nos qq % de SFD.

Cette incapacité à comprendre que le malheur des sdf n'est pas en premier lieu matériel… Selon ton raisonnement j'ai vécu 6 mois dans des conditions pires que les SDF de France. Je t'assure que je ne tenterais pas 6 mois avec les SDF en France, pourtant.

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