Aller au contenu

On Annonce En Novembre...


Patrick Smets

Messages recommandés

Qu'est-ce qu'il faut comprendre par herméneutique ? L'interprétation des textes fondateurs de la fédération américaine ?

Je n'ai aucune idée du sens du titre et le représentant a eu l'air très embêté que je lui pose la question…

M'enfin, il y a Rothbard dans le titre d'un bouquin en Français et vous êtes pas encore content :icon_up:

A tous hasards, es-tu en mesure de commander des livres en Anglais?

Oui, je n'ai qu'à me connecter sur amazon.com. :doigt:

Lien vers le commentaire
Je ne sais pas trop comment interpreter ta blague…

:icon_up: Ben, l'hérméneutique, c'est l'analyse du sens d'un texte. Si le texte dont on essaye de comprendre le sens contient lui-même le mot "hérméneutique", c'est de l'herméneutique au carré…

C'est vrai que c'est pas hyper drole, mais bon…

Lien vers le commentaire

Je ne sais pas trop comment interpreter (hint! hint! hint!) ta blague…

C'est vrai que c'est pas hyper drole, mais bon…

Oui j'avais compris et trouve ca tres drole…

j'ai voulu continuer la blague avec une hermeneutique au cube mais tu viens de rompre la chaine!

Lien vers le commentaire
:doigt: Ben, l'hérméneutique, c'est l'analyse du sens d'un texte. Si le texte dont on essaye de comprendre le sens contient lui-même le mot "hérméneutique", c'est de l'herméneutique au carré…

C'est vrai que c'est pas hyper drole, mais bon…

Non, mon cher. Dans ce cas-là on dit : méta-herméneutique. :icon_up:

Lien vers le commentaire
Je n'ai aucune idée du sens du titre et le représentant a eu l'air très embêté que je lui pose la question…

M'enfin, il y a Rothbard dans le titre d'un bouquin en Français et vous êtes pas encore content :icon_up:

Vu le titre, je ne pense pas qu'il s'agisse de l'herméneutique de quelque chose. Il devrait s'agir de ce que Rothbard et d'autres autrichiens ont à dire sur l'herméneutique comme substitut à une quelconque méthode à prétention scientifique -c'est-à-dire essayant de faire le tri entre le vrai et le faux. Bref, cela devrait parler en bien du mal que Rothbard avait à dire des Foucault, Derrida et compagnie: Cf. The Hermeneutical Invasion of Philosophy and Economics

Lien vers le commentaire
  • 9 months later...

L'ouvrage est sorti il y a quelques mois, je viens de commencer sa lecture.

Le sujet concerne l'infiltration de la philosophie herméneutique dans la science économique américaine à partir des années 70, et ceci notamment dans le courant austro-américain avec le fameux "hermeneutic turn" (Lachman, Lavoie, Rizzo, O'Driscoll etc.). L'auteur revient en fait sur la position de Rothbard face à cette évolution, l'un des points intéressants étant que ce dernier fait de l'école de Chicago de Friedman et Becker l'un des coupables, par la défense d'un "libéralisme impur" et d'une conception positiviste de l'économie, de cette invasion de l'herméneutique.

A signalé qu'à la fin de l'ouvrage est traduit en français le texte issu de la conférence donné par Rothbard en 1987 sur ce sujet "L'invasion de la philosophie et de l'économie par l'herméneutique". J'ai commencé par lire ce texte et, personnellement, n'étant déjà pas particulièrement fan de Rothbard (de ses productions scientifiques s'entend), ce n'est pas ce texte qui va me réconcilier avec lui. Il est d'ailleurs marrant qu'il reproduise les mêmes travers que ceux dénoncés dans le papier, à savoir discours rhétorique creux et très peu argumenté, auxquels vient s'ajouter (la rothbard's touch habituelle :icon_up: ) une aggressivité et même une grossièreté des plus insupportables.

Mais bon, le bouquin m'a l'air intéressant (même si le sujet est un peu confidentiel), surtout que l'auteur n'est pas un rigolo et qu'il sait de quoi il parle.

Lien vers le commentaire
L'auteur revient en fait sur la position de Rothbard face à cette évolution, l'un des points intéressants étant que ce dernier fait de l'école de Chicago de Friedman et Becker l'un des coupables, par la défense d'un "libéralisme impur" et d'une conception positiviste de l'économie, de cette invasion de l'herméneutique.

Et bien, après avoir étudié assez profondément le positivisme économique et l'analyse économique à la Becker-Posner, je suis tout à fait d'accord avec Rothbard.

Je fais même partie de ceux qui pensent que si ce dernier était un peu plus médiatisé que les économistes de Chicago, le libéralisme aurait pris un petit peu plus, du moins dans le monde universitaire.

J'ai commencé par lire ce texte et, personnellement, n'étant déjà pas particulièrement fan de Rothbard (de ses productions scientifiques s'entend), ce n'est pas ce texte qui va me réconcilier avec lui. Il est d'ailleurs marrant qu'il reproduise les mêmes travers que ceux dénoncés dans le papier, à savoir discours rhétorique creux et très peu argumenté, auxquels vient s'ajouter (la rothbard's touch habituelle :icon_up: ) une aggressivité et même une grossièreté des plus insupportables.

Rothbard explique l'économie dans un langage simple et accessible à tout un chacun.

Quelque part, j'ai l'impression que tu lui reproches d'être… très lisible.

Quant à sa grossièreté et son agressivité, ben c'est son style et sachant qu'il avait peu de chances d'être reconnu dans le monde universitaire, il a eu raison de se lâcher à ce niveau-là.

Lien vers le commentaire
Et bien, après avoir étudié assez profondément le positivisme économique et l'analyse économique à la Becker-Posner, je suis tout à fait d'accord avec Rothbard.

Je fais même partie de ceux qui pensent que si ce dernier était un peu plus médiatisé que les économistes de Chicago, le libéralisme aurait pris un petit peu plus, du moins dans le monde universitaire.

Rothbard explique l'économie dans un langage simple et accessible à tout un chacun.

Quelque part, j'ai l'impression que tu lui reproches d'être… très lisible.

Quant à sa grossièreté et son agressivité, ben c'est son style et sachant qu'il avait peu de chances d'être reconnu dans le monde universitaire, il a eu raison de se lâcher à ce niveau-là.

Non non, je ne lui reproche pas d'être trop lisible. Comme Mises, Rothbard est assez facilement compréhensible et c'est bien une qualité. Mais dans le texte en question (ainsi que dans d'autres) sa façon de s'exprimer fait clairement effet de repoussoir sur moi (et sur d'autres). On ne démonte pas les arguments adverses par l'invective, l'insulte ou l'argument d'autorité. Le pire, c'est que son "style" est repris par certains libertariens français (du genre Salin), avec un talent bien moindre il faut le dire.

Bon ensuite, je n'adhère pas à la méthodologie miseso-rothbardienne (même si j'ai de l'intérêt pour elle), mais c'est une autre histoire. Il est d'ailleurs assez ironique qu'il s'attaque à l'herméneutique comme pensée non scientifique (cela est certainement vrai, encore que dans le texte il fasse joyeusement l'amalgame entre divers courants et auteurs…) alors que dans le même temps l'apriorisme radical fait faire un bond en arrière de plusieurs siècles à la philosophie de la science d'après les canons épistémologiques modernes. Il ose d'ailleurs convoquer Popper pour démolir l'herméneutique alors que les idées de ce même Popper (la falsification, la vérisimilitude et tout ça) sont totalement incompatibles avec l'apriorisme radical.

Lien vers le commentaire

Concernant le positivisme de l'école de Chicago de Becker, Posner and Co, je suis tout à fait d'accord pour dire que cette méthode à ses limites et qu'elle s'avère très peu pertinente, notamment quand on cherche à l'appliquer à des phénomènes "non-économiques" comme la famille (ce que Rothbard souligne dans le texte). Parfois, ça ressemble plus à de l'arnaque intellectuelle. L'an dernier, j'avais d'ailleurs participé à un séminaire d'un prof d'éco américain de l'université du Colorado, spécialiste d'économie du droit et d'histoire de la pensée, qui nous avait raconté que 90% des doctorants en économie du droit de l'Université de Chicago n'avaient jamais suivi un cours de droit de leur vie ou ouvert un bouquin de droit. Ca en dit long sur la fiabilité scientifique des productions de ces personnes…

D'ailleurs, la thèse sous-jacente à cet article de Rothbard est intéressante : en gros, devant la domination outrageuse (mais vaine en terme de résultat) du positivisme en économie, de plus en plus d'économistes se sont mis à chercher une alternative épistémologique. Pour certains, l'herméneutique est effectivement apparu comme la voie du salut. Dommage que cette idée se perde dans le flot des attaques, parfois ad hominem, contre les auteurs adhérant à l'herméneutique.

Lien vers le commentaire
Il est d'ailleurs assez ironique qu'il s'attaque à l'herméneutique comme pensée non scientifique (cela est certainement vrai, encore que dans le texte il fasse joyeusement l'amalgame entre divers courants et auteurs…) alors que dans le même temps l'apriorisme radical fait faire un bond en arrière de plusieurs siècles à la philosophie de la science d'après les canons épistémologiques modernes.

Tu peux développer ton point de vue à ce sujet?

Que reproches-tu à l'apriorisme miseso-rothbardien?

Lien vers le commentaire
Tu peux développer ton point de vue à ce sujet?

Que reproches-tu à l'apriorisme miseso-rothbardien?

C'est assez long, et je ne sais pas si c'est la place, mais soit, je vais faire bref.

Tout paradigme peut être critiqué d'un point de vue externaliste ou internaliste et on considère souvent que c'est la critique du second type qui est la plus féconde, néanmoins je me place également du point de vue externaliste : en d'autres termes, je ne critique pas tant la cohérence du corpus que les principes sur lesquels il repose.

Sur le plan interne, je ne développerai pas ce que des auteurs ont déjà fait très bien, en montrant les problèmes dans la chaîne logique des propositions que l'on retrouve dans Human Action de Mises. J'avouerai que je ne connais pas assez bien Rothbard dans le détail pour savoir s'il a corrigé cela dans ses écrits. Sur les problèmes dans la chaîne des propositions de la praxéologie de Mises, voir ces deux bouquins :

Il faut noter que ce n'est pas un problème de second ordre, dans la mesure où comme cela est rigoureusement montré dans le premier bouquin, c'est tout simplement la loi de l'offre et de la demande qui n'est plus déduisible de l'axiome de l'action !

Une critique sur le plan externe est plus délicate à mener dans la mesure où elle part toujours de certaines préconceptions indémontrables qui, par définition, sont différentes des préconceptions qui sous-tendent le paradigme critiqué. Ce qui me gêne le plus dans l'apriorisme extrême c'est que si on le prend à la lettre, cela signifie que la théorie économique est aujourd'hui complète et n'a plus à évoluer. La position autrichienne tend à défendre une déconnexion totale entre la réalité et la théorie, aussi bien dans la production de cette dernière que dans sa modification. Pour un wébérien comme moi qui voit l'économie comme une science empirique se construisant en interaction avec les faits à expliquer, cela me pose problème.

Mais à la rigueur, ce n'est pas le plus grave. Ce qui est plus embêtant selon moi, c'est la pertinence même de la méthode et sa capacité à faire progresser la connaissance. Je comprend bien sur quoi repose le refus de test empirique des propositions théoriques. A la rigueur, je peux tout à fait concevoir les propositions de base de la praxéologie comme le point de départ de toute théorie économique. Le problème, c'est que la démarche du théoricien ne peut en rester là. Quoiqu'on en dise, la praxéologie est une gigantesque tautologie. Elle est informative mais l'information qu'elle apporte n'évolue pas. A cela s'ajoute le fait qu'à partir du moment où l'on refuse de confronter les propositions théoriques aux faits, je ne vois pas en quoi pourront consister les discussions au sein de la communauté scientifique.

Enfin, la dernière grande critique que je pourrais faire concerne l'axiome de l'action lui-même. Peu importe que celui-ci soit justifié par pure introspection sur un mode kantien (comme chez Mises) ou en tant que première expérience empirique universelle sur un mode aristotélicien (comme chez Rothbard), celui-ci est effectivement formellement irréfutable. Le problème, et c'est le point de départ d'ailleurs de la critique de Lachmann, Lavoie et de tous les herméneutes autrichiens, c'est que (sauf à conférer à ce principe une portée normative) l'action humaine est toujours contrainte par un ensemble de facteurs (à commencer par le langage). Lavoie explique par exemple très bien comment la parabole de Robinson que Rothbard utilise est totalement non pertinente sur le plan heuristique : en fait, partir d'un individu anhistorique et aculturel pour déduire logiquement des propositions est aussi peu réaliste que partir de l'homoeconomicus. Or, comme on dit en sociologie économique, l'action humaine est encastrée dans des structures sociales qui lui confèrent une grande partie de sa signification. Ignorer ça empêche de saisir la spécificité de l'économie ou de la société particulière que l'on étudie.

Le problème est alors de savoir quel statut donner à la praxéologie autrichienne. Ou bien on l'a considère sous forme d'idéaltype, et alors la praxéologie n'est qu'un éclairage particulier, assez restreint, des processus de marché et elle demande à être (largement) complété sur le plan théorique. Dans ce sens, comme tout idéaltype, elle ne peut plus prétendre avoir une portée normative. Il est évident que Rothbard et ses acolytes ne la considère pas ainsi. Ou bien, la praxéologie doit définitivement être considérée comme une approche visant à constituer LA théorie économique et alors on est dans l'obligation de 1) souligner ses incohérences internes et 2) de la marginaliser car elle tout simplement inutilisable dans une optique de progrès scientifique et qu'elle ne laisse place qu'à un dialogue très restreint.

Tu remarqueras que je me suis gardé, dans la mesure du possible, de me servir d'arguments s'appuyant sur une conception positiviste de la science. Or, aujourd'hui, la science est définitivement guidé par une sorte de "positivisme éclairé" hérité de Popper et Lakatos. Même l'économie s'y met (ce n'est pas forcément une bonne chose). Et selon les canons positivistes, il faut dire que l'apriorisme est totalement a-scientifique.

Lien vers le commentaire

Au passage, voici l'ouvrage issu du colloque qui a provoqué l'ire du Père Rothbard Gardien-du-Saint-Dogme-de-la-Praxéologie-Autrichienne :icon_up: (le colloque date de 1986, le bouquin de 1991, tandis que la conférence de Rothbard a été prononcé en 1987. Il faut savoir que Don Lavoie, le chef de fil des herméneutes économistes, est un ancien élève de Rothbard) :

Pour ma part, c'est plus le prix du bouquin qui m'exaspère…

Lien vers le commentaire
Il faut noter que ce n'est pas un problème de second ordre, dans la mesure où comme cela est rigoureusement montré dans le premier bouquin, c'est tout simplement la loi de l'offre et de la demande qui n'est plus déduisible de l'axiome de l'action !

Puisse-tu expliquer en plus de détail l'argument derrière cette critique ? Elle est potentiellement très intéressante à mon avis.

D'autre part, si on peut qualifier Rothbard d'aprioriste radical alors Lachmann et, peut être dans une moindre mesure, Lavoie peuvent être qualifiés sans problèmes des subjectivistes/relativistes radicaux.

En fait les deux camps ouvrent aux extrémités du fragile équilibre en matière de méthodologie et épistémologie des sciences sociales qu'on retrouve dans la pensée de Weber.

Lien vers le commentaire
Puisse-tu expliquer en plus de détail l'argument derrière cette critique ? Elle est potentiellement très intéressante à mon avis.

D'autre part, si on peut qualifier Rothbard d'aprioriste radical alors Lachmann et, peut être dans une moindre mesure, Lavoie peuvent être qualifiés sans problèmes des subjectivistes/relativistes radicaux.

En fait les deux camps ouvrent aux extrémités du fragile équilibre en matière de méthodologie et épistémologie des sciences sociales qu'on retrouve dans la pensée de Weber.

Si j'ai bon souvenir (et si mes notes sont exactes), l'auteur montre que l'on ne peut passer de l'axiome de l'action à la loi de l'offre et de la demande par simple déduction. Le problème tient au fait que, contrairement à ce que fait Mises, on ne peut pas généraliser de manière universelle le caractère économique de l'action : pour qu'un action soit "économique", il faut que les moyens pour atteindre une fin soient rares et que l'action est un coût, ce qui n'est (selon l'auteur) pas le cas de toute action. On ne peut passer de l'axiome de l'action à la loi de l'offre et de la demande qu'en rajoutant deux hypothèses, qui n'ont rien d'apriori (mais que l'on peut vérifier empiriquement) : une indifférence réciproque des partenaires (mon action [moyens, objectifs etc.] n'est pas affectée pas la réussite ou l'échec de l'action d'un autre individu - plus exactement, je me fiche de ce que font les autres) et un intérêt exclusif pour l'argent (par exemple, la "préférence pour les produits nationaux" peut rendre caduque la proposition "quand le prix de x baisse, la demande de x augmente).

Mises dit lui-même que l'intérêt de l'individu, c'est ce qu'il choisit ultimement à son avantage. Mais ce n'est pas forcément à son avantage pécuniaire. On ne peut donc en déduire la loi de l'offre et de la demande.

Voila en gros pour la thèse défendu par P. Demeulenaere.

Sinon, j'ai fini le bouquin et comme prévu il est très intéressant. La première partie est en fait une présentation de l'école autrichienne américaine. L'auteur commence par revenir sur l'histoire de ce courant, issu de l'immigration d'économistes en provenance d'Europe (Mises, Hayek). L'auteur souligne à quel point l'intégration de Mises dans le milieu académique américain a été difficile et jamais complète. L'auteur expose la reformulation de la praxéologie de Mises par Rothbard ainsi que sa conception plus générale de l'économie et de la science. Je n'ai pas trouvé ce passage toujours très clair et on sent que l'auteur a eu du mal à articuler les différents éléments. D'autre part, quiconque connait déjà la théorie autrichienne n'apprendra rien de nouveau.

La suite est plus intéressante. L'auteur présente les trois grandes tendances du courant austro-américain : l'orthodoxie miseso-rothbardienne qui se matérialise avec la création du Mises Institute, le courant initié par Kirzner qui essaye de se rapprocher du mainstream néoclassique et le courant de Lachmann qui essaye de mobiliser les apports d'anciens auteurs tels que Weber. L'étude la formation de l'orthodoxie rothbardienne est vraiment passionnante en ce qu'elle met bien en valeur la volonté de Rothbard de fonder une pensée radicale (extrémiste) tant sur le plan politique que sur le plan épistémologique redonnant ses lettres de noblesse au libéralisme. Pour cela, il ne tolérait aucune concession et c'est la raison pour laquelle il semblait vraiment détester les membres de l'école de Chicago ainsi que les instigateurs de la "reaganeconomics". Comme Mises avant lui, on voit que Rothbard n'a jamais vraiment réussi à s'implanter dans le monde universitaire américain. La thèse sous-jacente défendue dans cette partie est que l'extrêmisme méthodologique de Rothbard ne s'explique pas tant par des considérations épistémologiques que par des considérations politiques : c'est l'extrêmisme politique de Rothbard qui l'a amené à défendre coute que coute une position épistémologique totalement extrême (en radicalisant la praxéologie miséssienne) de manière à constituer un dogme libéral "pur".

La deuxième partie montre que le développement de la philosophie herméneutique dans la science américaine a mis en péril tout le projet de Rothbard, ce qui explique d'ailleurs sa réaction pour le moins violente. L'herméneutique a engendré des fractures au sein même du courant autrichien. Cette deuxième partie est plus technique, puisqu'elle explique les fondements et les objectifs du projet d'économie herméneutique conduit par des auteurs comme Lachmann ou Lavoie. Rothbard a toujours rejeté cette voie car elle conduisait à faire de la praxéologie de Mises un simple point de départ, et non plus LE cadre absolu de la théorie économique.

Lien vers le commentaire
Si j'ai bon souvenir (et si mes notes sont exactes), l'auteur montre que l'on ne peut passer de l'axiome de l'action à la loi de l'offre et de la demande par simple déduction. Le problème tient au fait que, contrairement à ce que fait Mises, on ne peut pas généraliser de manière universelle le caractère économique de l'action : pour qu'un action soit "économique", il faut que les moyens pour atteindre une fin soient rares

Je ne connaît pas l'auteur mais d'après ta description soit il s'agit de quelqu'un qui n'a pas lu avec attention les écrits de Mises ou Rothbard soi il s'agit d'un sociologue-économiste typique de l'école française avec des inclinations socialistes instinctives certes.

Mises et Rothbard sont explicites sur le fait que la praxéologie s'appuie sur un nombre d'évidences empiriques tant que la rareté des ressources, leur diversité, la disutilité du travail et ainsi de suite.

et que l'action est un coût, ce qui n'est (selon l'auteur) pas le cas de toute action.

Le coût en question est un coût d'opportunité, c'est à dire ce qu'on aura pu faire (ou ne pas faire) alternativement à l'action menée. C'est tout simplement la théorie du coût d'opportunité qui est en effet une invention de la deuxième génération de l'école autrichienne (Wieser et Bohm Bawerk), mais qui est à présent le concept standard du coût en économie partagé par tous les courants et toutes les écoles. Toutefois, il y a au moins un économiste assimilable en proportion de 80-90 % à l'école autrichienne misésienne actuelle et qui rejette le concept de coût d'opportunité, il s'agit de George Reisman.

On ne peut passer de l'axiome de l'action à la loi de l'offre et de la demande qu'en rajoutant deux hypothèses, qui n'ont rien d'apriori (mais que l'on peut vérifier empiriquement) : une indifférence réciproque des partenaires (mon action [moyens, objectifs etc.] n'est pas affectée pas la réussite ou l'échec de l'action d'un autre individu - plus exactement, je me fiche de ce que font les autres)

Ca me paraît une grosse mécompréhension de la praxéologie car Mises et Rothbard sont de nouveau explicites lorsqu'il disent que la praxéologie est la logique de l'action humaine et non sa psychologie. Si j'estime que mon action ne sera pas une réussite à cause des actions dans le sens contraire des autres alors je n'agit pas dans le sens praxéologique : je ne fais que résoudre un problème mental qui peut être très intéressant pour le psychologue mais n'a aucune signification pour le praxéologue/économiste (en fait, pour être exact cela n'est pas vrai car le temps étant ipso facto une ressource rare il en résulte que le temps de réflexion sur les effects des actions des autres sur mon action virtuelle a un certain coût d'opportunité, mais bon j'espère que l'idée de base est claire : l'action de la praxéologie signifie effectivement des actes concretes et non des refléctions ou des rêves).

et un intérêt exclusif pour l'argent (par exemple, la "préférence pour les produits nationaux" peut rendre caduque la proposition "quand le prix de x baisse, la demande de x augmente).

Mises dit lui-même que l'intérêt de l'individu, c'est ce qu'il choisit ultimement à son avantage. Mais ce n'est pas forcément à son avantage pécuniaire. On ne peut donc en déduire la loi de l'offre et de la demande.

Ici on retrouve le "structuralisme" de Max Weber qui définit l'économie précisément comme l'activité sociale orientée vers des gains pécuniaires, c'est pourquoi je soupçonne que l'auteur est de formation sociologue.

Cette définition de l'économie est cependant l'exacte contraire de la définition donnée par l'école autrichienne à la discipline économique et totalement en contradiction avec le postulat fondamental de cette école - la subjectivité de la valeur.

Seul un observateur externe peut déceler le champ de l'action humaine dans un champ économique où les acteurs sont motivés uniquement par le profit matériel ou pécuniaire (voilà comment le fameux homo economicus resurgit du homo agens), un champ social où ils sont motivés uniquement par la charité, un champ criminel disons où il sont motivés uniquement par les instincts des brutes et ainsi de suite.

Mais l'école autrichienne, bâtie sur la plus profonde acceptation de l'idée de valeur subjective, tente à surpasser ce découpage artificiel bien que la catallaxie ou la science de l'échange reste la plus élaborée branche de la science générale de l'action humaine (la praxéologie).

Dans ton exemple ci-dessus, l'explication praxéologique (ou l'explication économique standard tout simplement) du fait que tu as choisi des biens nationaux quoique ceux-ci soient plus chers que ceux d'importation c'est que tes préférences démontrés sont en fait pour des produits nationaux et que tes gains sont partiellement matérielle, c'est à dire le produit acheté proprement dit, et partiellement non-matérielle, disons la fierté d'avoir aidé l'industrie autochtone (les économistes néoclassiques te diront la même chose sur la base du concept de préférences révélées et en construisant une fonction d'utilité qui prend en compte aussi la satisfaction non-matérielle de l'achat) - donc il n'y a aucun mystère sociologique de ce côté-là.

Cependant, la loi de l'offre et de la demande est déduite d'une manière assez élégante par Bohm-Bawerk du concept de preférence subjective (et par conséquence de l'action humaine) en montrant que l'offre n'est en fait que la courbe de la demande du vendeur !

L'étude la formation de l'orthodoxie rothbardienne est vraiment passionnante en ce qu'elle met bien en valeur la volonté de Rothbard de fonder une pensée radicale (extrémiste) tant sur le plan politique que sur le plan épistémologique redonnant ses lettres de noblesse au libéralisme. Pour cela, il ne tolérait aucune concession et c'est la raison pour laquelle il semblait vraiment détester les membres de l'école de Chicago ainsi que les instigateurs de la "reaganeconomics". Comme Mises avant lui, on voit que Rothbard n'a jamais vraiment réussi à s'implanter dans le monde universitaire américain. La thèse sous-jacente défendue dans cette partie est que l'extrémisme méthodologique de Rothbard ne s'explique pas tant par des considérations épistémologiques que par des considérations politiques : c'est l'extrémisme politique de Rothbard qui l'a amené à défendre coute que coute une position épistémologique totalement extrême (en radicalisant la praxéologie miséssienne) de manière à constituer un dogme libéral "pur".

C'est peut être vrai, mais ses intentions politiques et la validité de sa démarche théorique sont deux questions indépendantes. En tout cas c'est sûr que son obsession pour des solutions apriori à toutes les questions (juridiques, politiques, économiques, philosophiques…) était assez irritante pour beaucoup de monde, y compris des sympathisants.

La deuxième partie montre que le développement de la philosophie herméneutique dans la science américaine a mis en péril tout le projet de Rothbard, ce qui explique d'ailleurs sa réaction pour le moins violente. L'herméneutique a engendré des fractures au sein même du courant autrichien. Cette deuxième partie est plus technique, puisqu'elle explique les fondements et les objectifs du projet d'économie herméneutique conduit par des auteurs comme Lachmann ou Lavoie. Rothbard a toujours rejeté cette voie car elle conduisait à faire de la praxéologie de Mises un simple point de départ, et non plus LE cadre absolu de la théorie économique.

Cependant, il y a un problème assez sérieux avec les subjectivists radicaux lorsqu'on se rend compte que leur démarche aboutit à la conclusion que toute analyse ou oeuvre économique sont en fait subjectives, c'est à dire une simple réflexion de la personnalités des auteurs….

Lien vers le commentaire
c'est l'extrêmisme politique de Rothbard qui l'a amené à défendre coute que coute une position épistémologique totalement extrême (en radicalisant la praxéologie miséssienne) de manière à constituer un dogme libéral "pur".

Il faut avouer en effet que c'est tout à fait exact. Ceci étant, j'ai pour ma part souvent remarqué que l'on fait dire à Rothbard bien plus que ce qu'il disait réellement.

Lien vers le commentaire
Il faut avouer en effet que c'est tout à fait exact. Ceci étant, j'ai pour ma part souvent remarqué que l'on fait dire à Rothbard bien plus que ce qu'il disait réellement.

Pour le coup, ça correspond bien à ce qu'on appelle l'herméneutique :icon_up:

@ magistre : j'essaye de te répondre dans la soirée, le temps étant effectivement une ressource rare !

Lien vers le commentaire
Sur les problèmes dans la chaîne des propositions de la praxéologie de Mises, voir ces deux bouquins :

Pour avoir lu ce bouquin et l'avoir par ailleur dans ma bibliothèque personnelle, je puis en dire que l'auteur n'a tout simplement pas compris ce que disent les autrichiens tendance mises-rothbard. D'ailleur l'auteur est, si ma mémoire est bonne, un disciple de Raymond Boudon, ce dernier ayant montré à plusieurs reprises qu'il ne comprenait pas la science économique autrichienne à laquelle il s'oppose.

Lien vers le commentaire

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×
×
  • Créer...