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Foucault Recommande Hayek


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D'après le Christmas Issue de The Economist, Foucault sur la fin de sa carrière recommandait à ses étudiants la lecture de Hayek, qui traduisait le mieux sa pensée en économie.

Si c'ets vrai, pourquoi le slibéraux n'exploitent-ils pas plus ce fait?

The pomos wrote about pretty much everything in society—literature, psychoanalysis, punishment, sociology, architecture—except economics. This was perhaps odd, given that they emerged during the longest economic boom in European history and the birth of the consumer society. The only pomo who tried, far too late, to come to grips with this irony was Foucault. In one of his last lectures, in January 1979, four months before Margaret Thatcher came to power in Britain, he shocked his students by telling them to read the works of F.A. Hayek if they wanted to know about “the will not to be governed”. Hayek was the Iron Lady's guru. Surely there was nothing post-modern about her?

But Foucault had belatedly spotted that post-modernism and “neo-liberal” free-market economics, which had developed entirely independently of each other over the previous half-century, pointed in much the same direction. One talked about sex, art and penal systems, the other about monetary targets. But both sought to “emancipate” the individual from the control of state power or other authorities—one through thought and the other through economic power. Both put restoring individual choice and power at the hearts of their “projects”, as the pomos like to describe their work.

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Il me semble que Revel parle lui aussi d'un Foucault complètement transformé à la fin de sa vie, mais il faut que je retrouve la chronique en question…

Edit : La chronique s'appelle "Michel Foucault : l'individu, ultime recours", chronique datée du 23 Juillet 1984, et traite des volumes II et III de son "histoire de la sexualité". Je cite quelques lignes de la chronique du regretté sage du quai Conti.

Foucault est passé entre 1976 et 1984 d'une philosophie de la libération de l'homme par la transformation de la société à une philosophie de sa libération par la "culture de soi", les "techniques du moi", la construction de l'individu par lui-même. En un mot, ce n'est plus de la révolution sociale qu'il faut espérer le bonheur, c'est du "souci de soi". Ce qui compte, le semble-t-il, ce n'est pas tant l'originalité de ce que Foucault écrit sur l'Antiquité, et qui vaut surtout par l'exactitude et la subtilité. Ce qui compte, c'est qu'il ravive au point de l'asssumer, comme l'avaient fait les humanistes italiens, comme l'avait fait Montaigne, une morale des "rapports de soi à soi", un art du gouvernement de l'individu par l'individu. En passant par l'Antiquité il affirme cette sagesse de la liberté personnelle contre laquelle aucun contexte social, aucune idéologie politique, aucune nécessité historique ne sauraient prévaloir.
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Il me semble que Revel parle lui aussi d'un Foucault complètement transformé à la fin de sa vie, mais il faut que je retrouve la chronique en question…

dans Wikipedia:

"Le problème politique décisif n'est donc plus la souveraineté, mais ces micropouvoirs qui investissent le corps, et qui, silencieusement, inventent les formes de la domination, mais peuvent tout aussi bien donner l'occasion de nouvelles possibilités de vie (« Il n'y a de relation de pouvoir qu'entre des sujets libres » se plaisait-il à dire). Ainsi l'utilité chez Foucault, dans son rapport réciproque à la docilité, ouvre un domaine très large de considérations, au-delà de l'utilitarisme, du côté de l'industrie, du travail, de la productivité, de la créativité, de l'autonomie, du gouvernement de soi.

« Le problème à la fois politique, éthique, social et philosophique qui se pose à nous aujourd'hui n'est pas d'essayer de libérer l'individu de l'État et de ses institutions, mais de nous libérer, nous, de l'État et du type d'individualisation qui s'y rattache. Il nous faut promouvoir de nouvelles formes de subjectivité. » (« Le Sujet et le Pouvoir »)

vous en faites ce que vous voulez, moi j'y comprends rien :icon_up:

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Après Proudhon en anarcap, voilà Foucault en libéral ?

Rhooo. Foucault, individualiste (donc protolibéral) après 1980, ce n'est pas complètement absurde.

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D'après le Christmas Issue de The Economist, Foucault sur la fin de sa carrière recommandait à ses étudiants la lecture de Hayek, qui traduisait le mieux sa pensée en économie.

Si c'ets vrai, pourquoi le slibéraux n'exploitent-ils pas plus ce fait?

Une explication serait que les libéraux, comme tout le monde, se braquent sur les étiquettes, les appartenances, etc. Une fois mis dans la case post-moderne, j'me la pète, je te raconte n'importe quoi en prenant l'air de dire un truc vachement puissant, ce qui est certainement vrai dans de nombreux cas, etc., l'auteur est automatiquement relégué dans les oubliettes de l'histoire de la pensée. Et n'ayant pas le temps de lire tout ce qui se produit, le libéral doit bien faire sa sélection. Les étiquettes servent à cela aussi.

On reprochera souvent aux "marxistes" et autres "gauchistes" de ne pas connaitre ce qu'ils critiquent mais il y a fort à parier que ce soit la même chose chez les libéraux.

Mais certains libéraux s'intéressent à Foucault. Je suis récemment tombé sur ce post chez Roderick Long: http://praxeology.net/blog/2006/09/11/overpowered/

A noter, un commentateur dit ce que tu mets en avant, qu'il recommandait la lecture de Hayek, etc. A noter aussi, un autre commentateur explique pourquoi il ne s'est pas lancé dans lecture de Foucault jusqu'ici:

To date I have been deterred from reading anything by Foucault due to:

(1) prior exposure to anti-Foucault commentary from anti-po.mo conservative writers and…

(2) the swirl of obtuse, arcane and just damn hard to read word swirly-gigs that seem to jump out of every page of anything by Mr. F. And…

(3) the picture of his egghead doesn’t encourage me either. Sort of like Lex Luthor or brainiac from the old superman comics

En dehors du point 3, je suppose qu'on a ici une réponse type à la question.

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Pour avoir lu un peu Foucault, je crois qu'il a évolué d'une façon assez classique pour un intello de gauche de la seconde moitié du XXe siècle. Il est passé de la négation de l'homme (cf. Les Mots et les choses) et de toute forme d'autorité (cf. Surveiller et punir, qui n'est pas le titre d'un film SM, en dépit de ses préférences sexuelles) à une autre forme de nihilisme, qui séduit d'ailleurs tant de jeunes libéraux : le culte du moi et de l'individu "sculpture de soi" - ouvrant la voie aux Onfray de toute sorte. Notons, par ailleurs, que l'oeuvre de Foucault dans son ensemble est plutôt prisée au sein de la ND - et ce n'est pas sans raison.

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Notons, par ailleurs, que l'oeuvre de Foucault dans son ensemble est plutôt prisée au sein de la ND - et ce n'est pas sans raison.

Peut-être, mais c'est loin de se limiter à la Nouvelle Droite : contrairement à Deleuze, Derrida ou Lyotard, j'ai entendu un nombre non négligeable de personnes le citer. Il me semble tout de même être le post-moderne français le mieux accepté, ne serait-ce que d'un point de vue académique.

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[…] Il me semble tout de même être le post-moderne français le mieux accepté, ne serait-ce que d'un point de vue académique.

Peut-être parce qu'il avait truqué ses données dans son étude sur la folie, ce qui éveille un certain esprit de corps avec les chercheurs en sciences sociales. :icon_up:

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Ai-je affirmé le contraire ?

Non, non, je tenais juste à compléter : il semble moins choquant de retrouver un philosophe particulier apprécié dans un milieu spécifique s'il est reconnu d'une manière générale par un large panel d'individus aux opinions assez différentes ; c'est l'inverse qui serait plus révélateur.

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Peut-être, mais c'est loin de se limiter à la Nouvelle Droite : contrairement à Deleuze, Derrida ou Lyotard, j'ai entendu un nombre non négligeable de personnes le citer. Il me semble tout de même être le post-moderne français le mieux accepté, ne serait-ce que d'un point de vue académique.

c'était bien Bourdieu l'auteur français le plus cité dans les revues de sciences sociales?

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c'était bien Bourdieu l'auteur français le plus cité dans les revues de sciences sociales?

Sans doute, mais je ne classe pas Bourdieu parmi les philosophes post-modernes, il est tout de même resté davantage cantonné au champ de la sociologie.

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Sans doute, mais je ne classe pas Bourdieu parmi les philosophes post-modernes, il est tout de même resté davantage cantonné au champ de la sociologie.

non, moi non plus bien sûr, c'était pour relativiser la portée de l'outil citations dans certains "champs".

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Non, non, je tenais juste à compléter : il semble moins choquant de retrouver un philosophe particulier apprécié dans un milieu spécifique s'il est reconnu d'une manière générale par un large panel d'individus aux opinions assez différentes ; c'est l'inverse qui serait plus révélateur.

Les gens qui justifient la tyrannie sont toujours populaires auprès des intellectuels, quelque soit leur bord.

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À l'époque, ils avaient leurs fans-clubs. Aujourd'hui, les chouchous des intellos sont plutôt Castro et consorts.

Je ne savais pas que Castro était un intellectuel qui a théorisé la tyrannie, à l'inverse de Robespierre et de Saint-Just qui ont théorisé et pratiqué. :icon_up:

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Pour avoir lu un peu Foucault, je crois qu'il a évolué d'une façon assez classique pour un intello de gauche de la seconde moitié du XXe siècle. Il est passé de la négation de l'homme (cf. Les Mots et les choses) et de toute forme d'autorité (cf. Surveiller et punir, qui n'est pas le titre d'un film SM, en dépit de ses préférences sexuelles) à une autre forme de nihilisme, qui séduit d'ailleurs tant de jeunes libéraux : le culte du moi et de l'individu "sculpture de soi" - ouvrant la voie aux Onfray de toute sorte. Notons, par ailleurs, que l'oeuvre de Foucault dans son ensemble est plutôt prisée au sein de la ND - et ce n'est pas sans raison.

Je ne vois pas ce que la "sculpture de soi" (jolie formule) a de nihiliste, bien au contraire.

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Je ne vois pas ce que la "sculpture de soi" (jolie formule) a de nihiliste, bien au contraire.

Dans la veine postmoderne, elle est fortement liée à un certain narcissisme : moi et mon nombril. J'admets avoir été un peu succinct et lapidaire. En gros, je parle de l'idée suivant laquelle un individu est le seul à même de se façonner selon ses propres lois (cela a un côté stirnerien, si tu veux).

PS: merci pour ton appréciation de la formule, mais elle n'est pas moi… je l'ai empruntée à Onfray (vu le sujet !) :icon_up:

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Pourquoi un anarchiste ne deviendrait-il pas libéral en vieillissant ? :icon_up:

Beaucoup d'entre nous sommes restés sur le Foucault assez antipathique du début des années 70. Pourtant, sa pensée évoluait très rapidement. Chaque fois que je me plonge dans les derniers cours au Collège de France, je sens une évolution vers le libéralisme. Je me promets à chaque fois d'écrire quelque chose là-dessus. Mais je me sens pas à la hauteur.

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J'ai du mal à comprendre comment on peut lire ce genre d'auteur (Foucault, Deleuze and co) compte tenu de la haute probabilité qu'ils ont de dire des conneries du fait de leurs références principales (Marx et Freud)

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