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Moyen Politique Et Moyen économique


Lea

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[…]

Les theses de Franz Oppenheimer en sont le meilleur exemple pour ces dernieres decennies. Oppenheimer proclame que son but est l'extirpation de l'Etat. Son libéralisme est si radical que, meme réduit au role d'appariteur armé, l'Etat ne saurait échapper à sa contestation. D'entrée, il met en oeuvre son extirpation au moyen d'une définition qui est un jugemet de valeur de caractere passionnel. En effet, le concept d'Etat, selon lui, est défini par le moyen politique, le concept (essentiellement apolitique) de société par le moyen économique. Quants aux qualificatifs qui servent ensuite à définir le moyen politique et le moyen économique, ils ne sont que des périphrases caractéristiques de ce refus emotionnel de la politique et de l'Etat dont l'éloquence se déploie entre les pôles de l'éthique et de l'économie, des anthithèses ouvertement polémiques qui refletent le rapport polémique entre Etat et société, politique et économie dans l'Allemagne du XIX siecle. Le moyen économique, c'est l'échange; c'est la réciprocité de la prestation et de la prestation en retour et partant de la mutualité, l'égalité, la justice et la paix et finalement rien moins que l'esprit coopératif de concorde, de fraternité et de justice lui-meme, tandis que le moyen politique est, au contraire, "violence et esprit de conquete extra-économiques, vol, conquete et crimes de tout ordre. Il subsiste bien un ordre hierarchique des valeurs entre Etat et société; mais alors que la conception de l'Etat propre au XIX siecle allemand, systématisé par Hegel, avait abouti à la construction intelectuelle d'un Etat situé loin au-dessus du règne animal de la société égoiste, et où reignaient la moralité et la raison objectives, la hierarchie des valeurs se trouvent à présent inversée, et la société, sphère de la justice pacifique, se place infiniment plus haut que l'Etat, dégradé en zone d'immoralité et de violence. Les rôles sont intervertis, la glorification est la même. En fait, il n'est pas admissible, il n'est pas conforme, ni à la morale, ni à la psychologie et encore moins à la science que l'on établisse des définitions à coups de disqualifications morales, en opposant l'un à l'autre le bon échange, juste et pacifique, sympathique en un mot, et l'abominable politique faite de brigandages et de crimes. On pourrait aussi bien par ces mêmes méthodes, définir la politique comme le domaine de la lutte loyale et l'économie, quant à elle, comme l'univers de la mauvaise foi, car le lien entre le politique, le brigandage et la violence n'est en fin de compte pas plus spécifique que celui qui lie l'économique à la ruse et à la fraude. Echanger et donner le change sont des formules souvent bien voisines. C'est précisement quand elle demeure apolitique qu'une domination des hommes reposant sur une base économique, en évitant toute apparence et toute responsabilité politique, se révèle etre une terrible imposture. Le concept d'échange n'exclut pas au niveau de sa définition que l'une des parties subisse un préjudice et qu'un systeme de contrats bilateraux finisse par se transformer en un systeme d'exploitation et d'oppression de la pire espèce. Quand, dans cette situation, les exploités et les opprimés entreprennent de se défendre, ils ne peuvent naturellement pas le faire à l'aide de moyens économiques. Il est tout aussi naturel que les detenteurs du pouvoir économique nomment alors violence et crime toute tentative extra-économique de modifier leur position de puissance et qu'ils cherchent à l'empêcher. Or, ce fait rejette au néant notre construction idéale d'une société fondée sur l'échange et sur des contrats bilateraux, pacifique et juste eo ipso. Malheureusement, les usuriers et les maitres chanteurs invoquent, eux aussi, le caractère sacré des contrats pacta sunt servanda; la sphère de l'échange a ses limites étroites et son domaine spécifique, et il des choses qui n'ont pas de valeur d'échange. Pour la liberté politique, par exemple, et pour l'indépendance politique, il n'existe pas de juste équivalence, quelque soit le prix de la corruption…

C.Schmitt - 1932 - in "La notion de politique".

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[…]

Les theses de Franz Oppenheimer en sont le meilleur exemple pour ces dernieres decennies. Oppenheimer proclame que son but est l'extirpation de l'Etat. Son libéralisme est si radical que, meme réduit au role d'appariteur armé, l'Etat ne saurait échapper à sa contestation. D'entrée, il met en oeuvre son extirpation au moyen d'une définition qui est un jugemet de valeur de caractere passionnel. En effet, le concept d'Etat, selon lui, est défini par le moyen politique, le concept (essentiellement apolitique) de société par le moyen économique. Quants aux qualificatifs qui servent ensuite à définir le moyen politique et le moyen économique, ils ne sont que des périphrases caractéristiques de ce refus emotionnel de la politique et de l'Etat dont l'éloquence se déploie entre les pôles de l'éthique et de l'économie, des anthithèses ouvertement polémiques qui refletent le rapport polémique entre Etat et société, politique et économie dans l'Allemagne du XIX siecle. Le moyen économique, c'est l'échange; c'est la réciprocité de la prestation et de la prestation en retour et partant de la mutualité, l'égalité, la justice et la paix et finalement rien moins que l'esprit coopératif de concorde, de fraternité et de justice lui-meme, tandis que le moyen politique est, au contraire, "violence et esprit de conquete extra-économiques, vol, conquete et crimes de tout ordre. Il subsiste bien un ordre hierarchique des valeurs entre Etat et société; mais alors que la conception de l'Etat propre au XIX siecle allemand, systématisé par Hegel, avait abouti à la construction intelectuelle d'un Etat situé loin au-dessus du règne animal de la société égoiste, et où reignaient la moralité et la raison objectives, la hierarchie des valeurs se trouvent à présent inversée, et la société, sphère de la justice pacifique, se place infiniment plus haut que l'Etat, dégradé en zone d'immoralité et de violence. Les rôles sont intervertis, la glorification est la même. En fait, il n'est pas admissible, il n'est pas conforme, ni à la morale, ni à la psychologie et encore moins à la science que l'on établisse des définitions à coups de disqualifications morales, en opposant l'un à l'autre le bon échange, juste et pacifique, sympathique en un mot, et l'abominable politique faite de brigandages et de crimes. On pourrait aussi bien par ces mêmes méthodes, définir la politique comme le domaine de la lutte loyale et l'économie, quant à elle, comme l'univers de la mauvaise foi, car le lien entre le politique, le brigandage et la violence n'est en fin de compte pas plus spécifique que celui qui lie l'économique à la ruse et à la fraude. Echanger et donner le change sont des formules souvent bien voisines. C'est précisement quand elle demeure apolitique qu'une domination des hommes reposant sur une base économique, en évitant toute apparence et toute responsabilité politique, se révèle etre une terrible imposture. Le concept d'échange n'exclut pas au niveau de sa définition que l'une des parties subisse un préjudice et qu'un systeme de contrats bilateraux finisse par se transformer en un systeme d'exploitation et d'oppression de la pire espèce. Quand, dans cette situation, les exploités et les opprimés entreprennent de se défendre, ils ne peuvent naturellement pas le faire à l'aide de moyens économiques. Il est tout aussi naturel que les detenteurs du pouvoir économique nomment alors violence et crime toute tentative extra-économique de modifier leur position de puissance et qu'ils cherchent à l'empêcher. Or, ce fait rejette au néant notre construction idéale d'une société fondée sur l'échange et sur des contrats bilateraux, pacifique et juste eo ipso. Malheureusement, les usuriers et les maitres chanteurs invoquent, eux aussi, le caractère sacré des contrats pacta sunt servanda; la sphère de l'échange a ses limites étroites et son domaine spécifique, et il des choses qui n'ont pas de valeur d'échange. Pour la liberté politique, par exemple, et pour l'indépendance politique, il n'existe pas de juste équivalence, quelque soit le prix de la corruption…

C.Schmitt - 1932 - in "La notion de politique".

L'individu qu'il agisse seul ou en collaboration avec d'autres individus a deux options, je dirais existentielles.

Produire et échanger avec ses semblables (économie) ou vivre à leurs dépends par la force (politique).

La liberté de l'individu fait que même s'il choisit le mode de la production/échange il a la possibilité de se soustraire à des engagements qu'il a librement consenti.

Dans ce cas, l'autre partie est fondée a utiliser la force pour obtenir le respect des engagements volontairement souscrits.

Il y a donc un aspect utile et légitime à l'usage de la force qui, dans ce cas là, est un bien économique comme un autre.

Le problème que l'humanité a rencontré depuis ses origines c'est que les détenteurs de la force peuvent l'utiliser à leur propre profit et non pas exclusivement la mettre au profit du réglement des différents opposants ceux qui vivent de la production/échange.

L'usage de la force à son propre profit c'est ça la politique au sens large. De tous temps elle n'a été que cela y compris jusqu'à nos jours sous la forme démocratique actuelle.

Seuls quelques naifs s'imaginent que quand elle revêt les formes sophistiquées définies par le droit public elle échappe à cette logique. :icon_up:

Donc la SEULE question qui se pose est la suivante : "Comment faire pour que les détenteurs de la force ne l'utilisent pas à leur propre profit ?"

Actuellement l'humanité n'a pas la réponse.

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L'individu qu'il agisse seul ou en collaboration avec d'autres individus a deux options, je dirais existentielles.

Produire et échanger avec ses semblables (économie) ou vivre à leurs dépends par la force (politique).

La liberté de l'individu fait que même s'il choisit le mode de la production/échange il a la possibilité de se soustraire à des engagements qu'il a librement consenti.

Dans ce cas, l'autre partie est fondée a utiliser la force pour obtenir le respect des engagements volontairement souscrits.

Il y a donc un aspect utile et légitime à l'usage de la force qui, dans ce cas là, est un bien économique comme un autre.

Le problème que l'humanité a rencontré depuis ses origines c'est que les détenteurs de la force peuvent l'utiliser à leur propre profit et non pas exclusivement la mettre au profit du réglement des différents opposants ceux qui vivent de la production/échange.

L'usage de la force à son propre profit c'est ça la politique au sens large. De tous temps elle n'a été que cela y compris jusqu'à nos jours sous la forme démocratique actuelle.

Seuls quelques naifs s'imaginent que quand elle revêt les formes sophistiquées définies par le droit public elle échappe à cette logique. :doigt:

Donc la SEULE question qui se pose est la suivante : "Comment faire pour que les détenteurs de la force ne l'utilisent pas à leur propre profit ?"

Actuellement l'humanité n'a pas la réponse.

huhuuuuuuu j'ai pas de réponse :icon_up:

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A léa :

Pas mal ce texte. La politique est une création spontanée contre l'économie, qui offre aux hommes un mode d'ordonnancement social différent de l'ordre naturel. Elle est la vengeance des faibles, des laids, des improductifs et elle ne disparaitra donc jamais.

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Invité jabial
Pas mal ce texte. La politique est une création spontanée contre l'économie, qui offre aux hommes un mode d'ordonnancement social différent de l'ordre naturel. Elle est la vengeance des faibles, des laids, des improductifs et elle ne disparaitra donc jamais.

:icon_up:

Décidément, cette façon de voir les choses a de beaux jours devant elle… Et pourtant, c'est une arnaque.

La politique n'est pas la vengeance des faibles, sauf pour les caves à qui les affranchis (les politiciens) le font croire. La politique est l'institutionnalisation de la domination, de la force, de la criminalité.

Elle n'existera que tant que ses victimes ne se défendront pas.

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:icon_up:

Décidément, cette façon de voir les choses a de beaux jours devant elle… Et pourtant, c'est une arnaque.

La politique n'est pas la vengeance des faibles, sauf pour les caves à qui les affranchis (les politiciens) le font croire. La politique est l'institutionnalisation de la domination, de la force, de la criminalité.

Elle n'existera que tant que ses victimes ne se défendront pas.

Même si Adam Smith semble partager le point de vue d'un Etat au service des forts, c'est généralement l'analyse marxiste qui fait cette affirmation. Enfin tu es libre bien sur :doigt:

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Décidément, cette façon de voir les choses a de beaux jours devant elle… Et pourtant, c'est une arnaque.

La politique n'est pas la vengeance des faibles, sauf pour les caves à qui les affranchis (les politiciens) le font croire. La politique est l'institutionnalisation de la domination, de la force, de la criminalité.

Elle n'existera que tant que ses victimes ne se défendront pas.

Finalement il y a trois niveaux à la politique.

1 Les relations des états entre eux.

2 Au sein d'une population donnée, la nature des relations que les étatistes entretiennent avec elle. C'est toujours "pile je gagne face tu perds" mais les modalités sont diverses. (pour de multiples raisons, les étatistes auto limitent l'exercice de leur pouvoir dans des proportions variables).

3 En environnement démocratique, les individus sont invités à se transformer en prédateurs les uns vis à vis des autres (dans leur jargon ils appellent ça "la nécessité du débat politique" c'est à dire l'affrontement idéologique de projets dont l'issue électorale se traduira concrêtement par la spoliation de certains au profit de certains autres.

Dire, comme le fait Appollon, que le point 3 existera éternellement veut dire que la démocratie existera éternellement. Appollon est un disciple de Fukuyama.

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Finalement il y a trois niveaux à la politique.

1 Les relations des états entre eux.

2 Au sein d'une population donnée, la nature des relations que les étatistes entretiennent avec elle. C'est toujours "pile je gagne face tu perds" mais les modalités sont diverses. (pour de multiples raisons, les étatistes auto limitent l'exercice de leur pouvoir dans des proportions variables).

3 En environnement démocratique, les individus sont invités à se transformer en prédateurs les uns vis à vis des autres (dans leur jargon ils appellent ça "la nécessité du débat politique" c'est à dire l'affrontement idéologique de projets dont l'issue électorale se traduira concrêtement par la spoliation de certains au profit de certains autres.

Dire, comme le fait Appollon, que le point 3 existera éternellement veut dire que la démocratie existera éternellement. Appollon est un disciple de Fukuyama.

Le Don Quichotte de pacotille est prié d'aller se trouver un autre moulin.

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Décidément, cette façon de voir les choses a de beaux jours devant elle… Et pourtant, c'est une arnaque.

La politique n'est pas la vengeance des faibles, sauf pour les caves à qui les affranchis (les politiciens) le font croire. La politique est l'institutionnalisation de la domination, de la force, de la criminalité.

Elle n'existera que tant que ses victimes ne se défendront pas.

J'ai invoqué ton point de vue sur le fil "Les Français Sont Devenus Fous…, la hausse d'impôts hollandiste plébiscitée !", pense à y intervenir :doigt:

Sur le fond, nous étions paradoxalement plutôt d'accord, les faibles se sentent vengés par l'Etat même si en vérité ce n'est pas vraiment ce qui se passe.

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