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La Gratuité, C'est Le Vol


Marchange

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http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-…1-867637,0.html

"On n'abolira pas le piratage"



Normalien, agrégé de lettres et énarque, Denis Olivennes est le PDG de la Fnac, premier distributeur de livres et de supports audiovisuels. Il publie La gratuité, c'est le vol (Grasset, 140 p., 9 €), où il s'inquiète de la montée de la revendication de la gratuité dans les pratiques culturelles, facilitée par Internet.

Le titre de votre livre détourne la célèbre formule du rival de Marx, le philosophe Proudhon, "La propriété, c'est le vol". Pourquoi cette allusion ?

A la fin du XIXe siècle, un débat sur la propriété intellectuelle opposait Proudhon à deux économistes libéraux, Bastiat et Walras. Pour Proudhon, l'utilité d'un livre était d'avoir un maximum de lecteurs. Il fallait donc qu'il soit gratuit. Pour les autres, l'absence de rémunération n'inciterait plus les artistes à produire. Ce débat est très actuel…

Qui oppose-t-il aujourd'hui ?

Les principales forces en présence sont : le parti des silencieux, les consommateurs qui ont intérêt à la gratuité ; les fournisseurs d'accès à Internet (FAI), qui y ont, eux aussi, intérêt puisqu'ils se font payer au passage ; les producteurs, les auteurs et les compositeurs, qui sont lésés. Et, entre les deux, les artistes-interprètes.

Le débat technique a révélé un profond débat de société. Le progrès technique peut produire le meilleur (dans le domaine de la santé) et être destructeur (l'environnement). Ce qui est une évidence pour la nature me paraît aussi important pour la culture.

Quel avenir envisagez-vous ?

Il y a trois scénarios possibles. Le premier, irréaliste, c'est l'affrontement - on combat le piratage, qui est criminalisé. Le deuxième est apocalyptique : tout devient gratuit sans contrepartie, on ne peut plus financer la culture. Le troisième, souhaitable, est celui de l'esprit de responsabilité pour les consommateurs, les fournisseurs d'accès, les producteurs, pour concilier liberté d'Internet et financement de la création.

Quelle est votre position ?

Le mécanisme de financement des auteurs par les consommateurs, créé au XIXe siècle, est le plus intelligent qui soit. Il faut le faire perdurer, car je suis hostile à la gratuité, et on ne trouvera pas des revenus annexes suffisants. Pour autant, on n'abolira pas le piratage. Et ce dernier n'est pas seul responsable de la baisse des ventes de CD.

On estime à 1 milliard le nombre de titres piratés en 2005, ce qui représente une perte de 60 millions d'albums. Il y a eu 100 millions de CD vendus. Sans piratage, le chiffre aurait sans doute été de 110 millions.

Quelles mesures préconisez-vous pour garantir le droit d'auteur sur Internet ?

Il y a trois choses à faire. Premièrement, redire que le piratage est illégal. Mais au lieu de centrer la répression sur les internautes, il faut engager la responsabilité des fournisseurs d'accès.

Deuxièmement, les constructeurs d'ordinateurs ou de baladeurs doivent s'assurer que lorsqu'on achète un fichier de manière légale, on puisse l'utiliser sur tout appareil, ce qu'on appelle l'interopérabilité.

Troisièmement, faire baisser les prix pour le consommateur, Internet favorisant le développement du volume de ventes.

Il faut donc maintenir le lien économique entre le consommateur et le créateur, qui est la garantie de la création. Sinon les industries culturelles seront menacées.

Etes-vous optimiste ?

La partie n'est pas jouée, car si la France est la patrie de l'exception culturelle, elle est aussi celle où l'idéal de gratuité a rencontré le plus grand nombre d'adhésions, avec ses risques : raréfaction des oeuvres, fin de la diversité et triomphe du formatage.

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Invité Arn0

Je suis partisan des droits d'auteur mais je vois pas trop en quoi les fournisseurs d'accès sont responsable. Pire ils seraient plus responsable que les pirates eux-mêmes ! C'est du délire.

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Invité jabial

Malheureusement, beaucoup de gens ne comprennent pas que "propriété intellectuelle" est une contradiction dans les termes. Parfois, je me fais reprendre là-dessus par de quasi-cocos. Comme quoi, je suppose qu'il suffit que la liberté soit d'un côté pour qu'ils passent de l'autre.

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