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Main Basse Sur Alger


Copeau

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Des générations d'élèves français ont appris que la conquête de l'Algérie, en 1830, avait eu pour prétexte le coup d'éventail (de plumes de paon, en fait) donné trois ans plus tôt au consul de France par le dey Hussein pacha. Le conflit avait, bien sûr, d'autres causes: une dette ancienne non réglée par Paris, les entreprises des pirates et la volonté de Charles X de redresser son image par une victoire.

Le trésor de la régence. Mais voici que Pierre Péan, journaliste d'investigation que l'on n'attendait pas sur ce terrain, met au jour une autre cause: le trésor de la régence d'Alger. De l'or, en pièces et en lingots. Pour une valeur proche de 4 milliards d'euros. Une note adressée au général de Bourmont, qui commande l'expédition, souligne: «Alger sera prise et avec cette ville les richesses qu'elle renferme.» L'auteur de ce texte ajoute que les frais de l'opération seront couverts par ledit trésor: «Il y a boni.»

Il n'avait pas tort. Les caves de la cassouba (ou casbah) présentaient les mêmes traits que la caverne d'Ali Baba. Mais cet or, transporté en France sous le nom de «plomb», n'enrichit pas seulement l'Etat. Ils furent nombreux à se servir au passage: militaires, banquiers, maisons de fournitures aux armées, comme les Schneider et les Seillière, le nouveau roi, Louis-Philippe, et même son prédécesseur, Charles X, qui put ainsi vivre en exil sur un grand pied.

Péan indique d'ailleurs, au terme d'une méticuleuse enquête, qu'une partie de l'or d'Alger servit à financer, en 1832, le complot légitimiste mené par la duchesse de Berry. Et que Louis Napoléon, futur empereur, ne s'émut guère, plus tard, de cette ténébreuse affaire: bien des profiteurs appartenaient à son entourage.

Les «bat'd'Af'». A l'arrivée au pouvoir du prince président, la France sortait à peine d'une très longue guerre de conquête. Français et Algériens ne s'étaient pas montrés très soucieux de ce que l'on appelle les lois de la guerre, dans des combats sans cesse recommencés que Georges Fleury, historien militaire, détaille avec verve dans un autre ouvrage. Et qui virent la naissance des fameux «bat' d'Af'», les «disciplinaires» de Tataouine et de Biribi, pègre presque oubliée aujourd'hui, après avoir nourri de romanesques légendes, et à qui Pierre Dufour consacre un livre très documenté mais confus.

On retiendra de cette histoire l'arrivée en Algérie, après 1848, de 100 000 «colons français», comme les appelait une bannière alors déployée. Ils étaient les premiers «pieds-noirs». Georges Fleury souligne que Lamoricière et un député nommé Jules Dufaure leur avaient décrit l'Algérie comme un eldorado. Mais l'or n'était pas pour tout le monde.

Lire les premières pages :

http://livres.lexpress.fr/premierespages.a…404/idR=2/idG=8

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