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Les "libéraux autoritaires" font une percée à gauche


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Panique à gauche ! Selon un sondage pour libération, voilà que les sympathisants de gauche ne sont plus aussi critiques à l'égard des idées libérales.

Libé a donc monté un dossier aujourd'hui et se demande gravement si la gauche ne serait pas en train de virer à droite. La manchette de l'un des articles du dossier m'a amusé : "Selon notre sondage LH2-Libération, la famille libérale autoritaire fait une percée parmi les sympathisants de gauche."

Commentaire du sondage (extrait) :

Les références déclinantes de la gauche : la contestation du système économique et du libéralisme

En premier lieu, la question économique n’est plus la clé de voûte de l’identité de gauche. Concrètement la gauche française ne se définit plus majoritairement par la contestation du système économique actuel, et ce registre est de moins en moins important au cours du temps :

  • La mondialisation économique est de moins en moins contestée : seuls 39 % des sympathisants de gauche estiment nécessaire de s’y opposer nettement, et cette proportion est orientée à la baisse (44 % il y a deux ans) ;
  • La structure capitalistique actuelle des entreprises française est de mieux en mieux acceptée : 52 % des sympathisants de gauche considèrent qu’il y a « juste ce qu’il faut d’entreprises nationales et privées », et ce score est en progression de sept points par rapport à 2005.

En second lieu, le libéralisme, dans toutes ses dimensions, n’est plus rejeté par la gauche, même si son acceptation apparaît moins massive aujourd’hui qu’elle ne l’était en 2005 : 77 % des sympathisants de gauche sont favorables au libre choix de l’établissement scolaire par les parents ; 62 % approuvent l’idée de baisses d’impôt permettant une réduction des dépenses publiques ; 61 % se déclarent favorables au développement de la productivité dans l’administration ; 61 % également approuvent le développement des organismes privés en matière de protection sociale.

De façon complémentaire, le principe même de la contestation apparaît lui-même de moins en moins fédérateur : 44 % des sympathisants de gauche estiment « normal de désobéir à une loi lorsqu’elle est injuste « ; ils étaient 51 % il y a deux ans. De façon plus radicale encore (et donc plus marginale), seulement 8 % des interviewés estiment « normal de recourir à l’action violente pour faire avancer ses opinions », contre 11 % en 2005.

L'intégralité des résultats du sondage est ICI

Articles du dossier :

http://www.liberation.fr/actualite/politiques/277787.FR.php

La gauche tremble sur ses fondamentaux

Au premier rang des remises en cause : l’économie.

Par David Revault d’Allonnes

QUOTIDIEN : mercredi 12 septembre 2007

Y aurait-il aujourd’hui, à gauche, une frac­ture? C’est le premier des enseignements du sondage LH2- ­Libération consacré à «l’identité de la gauche» : 88 % des sympathisants estiment que trop de divisions la traversent. L’appréciation n’est pas nouvelle, mais prend aujourd’hui une acuité particulière, puisqu’ils n’étaient que 82% en 2003. Trop de divisions, donc, qui, loin de se limiter au choc des ambitions, recouvrent éga­lement des oppositions idéo­logiques difficilement conciliables. Le récent flottement du PS sur les régimes spéciaux le démontre, qui a vu s’affronter Manuel Valls, «rénovateur», à la gauche du parti, puis à sa direction.

Clivages.

Voilà qui n’incite guère à rêver à des lendemains électoraux qui chantent : 57 % des personnes interrogées pensent que la gauche a «de fortes chances de revenir au pouvoir». Ils étaient 65 % en 2003. Les tenants de l’effacement des frontières politiques en seront néanmoins pour leurs frais: si 52 % des sondés jugent «dépassées» les notions de gauche et de droite, ils sont 47 % à estimer qu’elles sont «toujours valables», contre 36 % il y a deux ans.

Valeurs et clivages reprendraient-ils quelque vigueur ? Paradoxe : dans le détail, ceux-ci ont, doucement mais sûrement, glissé. Alors que les socialistes n’ont que le mot de «rénovation» à la bouche, sans toutefois s’accorder sur les moyens de celle-ci, les Français de gauche, eux, semblent avoir déjà, en partie du moins, révisé leurs positions.

S’habituer.

C’est sur les questions économique que le glissement est le plus flagrant. Au moment où les socialistes clament que la question de l’acceptation du marché n’en est plus une, les sympathisants de gauche semblent ne plus combattre l’ordre économique avec la même vigueur. C’est le cas pour la mondialisation, à laquelle 39 % des sondés es­timent qu’il faut s’opposer nettement. Il y a deux ans, ils étaient 44 %.

Le devoir de contester s’ef­frite. Alors qu’ils étaient 80 % à juger, en 2003, que les altermondialistes exprimaient des critiques justifiées contre la mondialisation, ils ne sont plus, aujourd’hui, que 68%. De même pour la structure de ­notre capitalisme national et le partage entre public et privé auquel, de plus en plus, ils semblent s’habituer. 52 % des sympathisants de gauche considèrent aujourd’hui qu’il y a, «juste ce qu’il faut d’entreprises nationales et privées», 7 points de plus qu’en 2005. Et sur le rôle de la puissance publique, 59 % d’estimer que «l’Etat joue un rôle trop important dans la société française».

La pilule du libéralisme serait-elle désormais moins amère à avaler ? Certes, pour beaucoup à gauche, l’urgence demeure sociale - 49 % consi­dèrent la lutte contre le chômage comme la priorité, devant la précarité (37 %), l’éducation (32 %), les salaires (27 %), la santé (24 %) et l’égalité des chances à 23 % -, mais l’individualisme gagne du terrain. Et il investit l’école (77 % des sondés s’affirment favorables au libre choix de l’établissement scolaire par les parents), la protection sociale (61 % approuvent le développement d’organismes privés), la fiscalité (62 % approuvent l’idée de baisses d’impôt permettant de réduire les dépenses publiques).

Productivité. Même les fonctionnaires n’échappent pas à cette dernière injonction, 61 % des sondés se disant favorables au développement de la productivité dans l’administration…

Un peu moins ferme sur ses fondamentaux, l’opinion de gauche semble l’être toujours envers les partis. Ainsi, 81% des sondés considèrent qu’ «ils ne s’intéressent qu’au pouvoir et pas aux citoyens». Une opinion que ne manqueront pas de méditer les dirigeants socialistes.

http://www.liberation.fr/actualite/politiques/277788.FR.php

La gauche vire-t-elle à droite?

Selon notre sondage LH2-Libération, la famille libérale autoritaire fait une percée parmi les sympathisants de gauche.

Par Paul Quinio

QUOTIDIEN : mercredi 12 septembre 2007

C’est un peu le triangle des Bermudes de la gauche. Elle peut y perdre facilement une partie de son âme, mais aussi y trouver une planche de salut électoral… C’est un morceau «so­ciologique» de la gauche, mais qui transgresse ses frontières. C’est un bloc, mais mobile, ­infidèle, zappeur, qui lorgne parfois sur sa droite. C’est à l’arrivée, en ces temps de rénovation idéologique, un gros point d’interrogation straté­gique et identitaire pour la gauche en général et le Parti socialiste en particulier.

Dans la livraison 2007 de son étude sur les familles de la gauche - réalisée pour Libération à l’occasion du forum Vive la politique qui va se tenir à partir de demain et pendant trois jours à Grenoble -, l’institut de sondages LH2 a identifié parmi les sympathisants de gauche qu’il a interrogés un groupe qui n’a pas fini de faire causer. Le nom de cette famille: libérale autoritaire, «numériquement la plus importante, politiquement la plus mobile, électoralement la plus décisive», résume François Miquet-Marty, directeur des études politiques à LH2.

«Bloc puissant».

Qui sont-ils? En majorité des ouvriers, des employés, des salariés du secteur privé, qui estiment pour la plupart (67%) que leur «situation au sein de la société s’est détériorée» ou que notre «société va de plus en plus mal» (90%). Economiquement, ils acceptent le système libéral, sont favorables aux baisses d’impôts et à la réduction des dépenses publiques (87%). Ils sont sensibles à la productivité dans les administrations (73%) et aux questions comme la sécurité et l’immigration. Mais se disent «plutôt à gauche» pour 51% d’entre d’eux. Au premier tour de la présidentielle, ils ont privilégié le vote Royal (à 56%), mais ont aussi voté Bayrou (10%), Sarkozy (7%), ou Besancenot (6%).

Combien sont-ils ? 35% des sympathisants. Ce qui en fait la famille de gauche la plus nombreuse. Devant la famille sociale-libérale (26%), étatiste (24%) ou antilibérale (15%). «Au cœur de l’ensemble de l’échiquier politique s’est installé un bloc puissant qui se réclame de la gauche mais qui affiche des valeurs libérales et autoritaires et qui est à même de briser la cohérence de la gauche au profit de la droite, et de nourrir la popularité de Nicolas Sarkozy», analyse le directeur de LH2.

Giron.

Dans le rétro de la campagne présidentielle, c’est cette famille que Ségolène Royal a tenté de ramener dans le camp de la gauche après la défection massive des ouvriers le 21 avril 2002, avec les conséquences que l’on sait pour le candidat socialiste Lionel Jospin. Les armes de séduction royalistes, son discours sur «l’ordre juste» et son positionnement antisystème, ont permis à la candidate PS d’en ramener une partie dans le giron de la gauche. Mais une partie seulement.

Après la défaite, l’enjeu est désormais de savoir quelle importance accordera le PS à cette famille dans ses débats sur sa rénovation idéologique. «Tout le travail de la gauche consiste à proposer une offre politique qui fédère durablement cette famille libérale et autoritaire, mais sans renier les valeurs en lesquelles se reconnaissent les antilibéraux, les étatistes et les sociolibéraux», explique Miquet-Marty. Pas simple quand on sait que les premiers veulent à 85% s’opposer «radicalement à la mondialisation», aspirent à des renationalisations (61%) et se reconnaissent dans Besancenot (51%). Que les deuxièmes sont opposés à 70% aux baisses d’impôts. Et que les derniers, majoritairement des cadres, trouvent que leur situation s’est globalement améliorée (49%) et se reconnaissent dans Dominique Strauss-Kahn pour porter la croissance économique.

Fermeté.

Pas simple en résumé de «vertébrer» un nouveau projet capable de répondre «aux tentations centristes et droitières d’une gauche désarticulée». Travaux pratiques: le débat de ces derniers jours sur la réforme des régimes spéciaux, qui a vu les socialistes, de Jean-Luc Mélenchon à Manuel Valls, décliner une gamme impressionnante de positions. Le prochain débat parlementaire, à l’occasion de l’examen de la nouvelle loi sur l’immigration, devant leur fournir une nouvelle occasion de grand écart.

A l’arrivée, et ces débats recouperont évidemment ceux sur les alliances électorales à nouer (lire ci-dessous), c’est bien à la question de sa droitisation que la gauche devra faire face, puisque prêt de la moitié de ses sympathisants (si on cumule les familles libérale autoritaire et sociale-libérale) est réceptive au discours centriste et de droite en matière économique et au discours de fermeté sur les questions plus sociétales… Comme dans le même temps, les sympathisants de gauche sont plus nombreux qu’il y a deux ans à remettre au goût du jour le clivage gauche-droite, la voie est décidément bien étroite.

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