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Le droit à l'oubli


Punu

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C'est une question qui me travaille beaucoup pour le moment, et j'ai récemment découvert que certains l'avaient déjà conceptualisée sous le nom de "droit à l'oubli". L'Internet permettant d'interconnecter des informations, d'accéder à de très nombreuses sources et de conserver les informations à très long terme (car même si un site disparaît, il peut rester en cache et être stocké sur un site du type archive.org), il me semble qu'il modifie radicalement le contrôle d'un individu sur sa propre vie, dans le sens où il n'est plus la principale source d'information à son sujet. C'est bien sûr dangereux vis-à-vis de l'état et de tous les services apparentés, d'autant plus que rien ne dit que les informations soient exactes, mais aussi des entreprises (signer une pétition politique, par exemple, peut nuire à la recherche d'un boulot) et des individus (votre voisin, vos collègues, etc., peuvent apprendre plein de choses sur vous). Et je ne parle pas uniquement des informations fausses, mais surtout des informations exactes, qu'elles soient parcellaires ou non. Au final, je dirais qu'il n'y a aucune raison de considérer que l'information est un droit qui surpasse le droit à l'anonymat (anonymat qui touche toutes les activités de la personne : ses possessions, ses lectures, ses opinions, ses déplacements, sa vie familiale, etc.) et que la divulgation d'informations personnelles ne devrait être in fine qu'entre les mains de l'individu concerné, et donc que chacun doit avoir le droit de faire effacer ou de rendre anonymes les informations collectées et stockées sur lui, que ce soit vis-à-vis de l'état (casier judiciaire, fichiers fiscaux, empreintes génétiques et digitales, etc.), des entreprises (cartes de membre, achats dans les supermarchés, conversations téléphoniques, déplacements (pistés via les téléphones portables et les GPS), commentaire négatif d'un client ou collègue sur un site professionnel ou particulier) et des individus (n'importe qui écrivant quelque chose sur un individu précis). Naturellement, ce droit restreint la liberté d'information, mais alors que les informations personnelles étaient autrefois très difficilement accessibles et compilables et qu'elles étaient rapidement frappées d'obsolescence, aujourd'hui ce n'est plus le cas.

Je me demande ce que vous pensez de ce droit à l'oubli ?

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Au final, je dirais qu'il n'y a aucune raison de considérer que l'information est un droit qui surpasse le droit à l'anonymat (anonymat qui touche toutes les activités de la personne : ses possessions, ses lectures, ses opinions, ses déplacements, sa vie familiale, etc.)

Il n'y a pas une hierarchie de droit se faisant la guéguerre, il n'y a ni droit à l'information ni droit à l'anonymat.

et que la divulgation d'informations personnelles ne devrait être in fine qu'entre les mains de l'individu concerné, et donc que chacun doit avoir le droit de faire effacer ou de rendre anonymes les informations collectées et stockées sur lui

Effectivement, le droit de divulgation n'appartient qu'à l'individu concerné, tu as le droit de divulgueur ou de t'abstenir de divulguer tes informations personelles, mais faire effacer n'a rien à avoir avec l'exercice de ton droit de divulgation.

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Il n'y a pas une hierarchie de droit se faisant la guéguerre, il n'y a ni droit à l'information ni droit à l'anonymat.

Donc une administration peut mettre une caméra thermique devant ton domicile et la braquer dans ta direction, plus l'accompagner de micros à amplification ?

Effectivement, le droit de divulgation n'appartient qu'à l'individu concerné, tu as le droit de divulgueur ou de t'abstenir de divulguer tes informations personelles, mais faire effacer n'a rien à avoir avec l'exercice de ton droit de divulgation.

Si tu es le seul à avoir un droit de divulgation, la conséquence logique c'est que toute personne ayant divulgué une information à ton sujet sans ton consentement est dans l'illégalité, et que tu peux donc faire effacer ces informations.

Intuitivement je suis totalement pour, mais c'est difficile à justifier légalement dans un cadre anarcap.

Ca mérite réflexion.

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J'ai déjà retrouvé mon nom et ma photo sur le net à cause d'amis inscrits sur facebook et rien qu'en tapant mon nom sur google, on peut à peu près connaitre mes hobbies, mes études et quelques infos sur le reste de ma famille.

Même avec la plus grande réglementation du monde, Internet est dans son essence même impossible à contrôler. C'est la vie, faut s'y faire et être prudent.

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Si on admet le principe de propriété intellectuelle pas tellement, mais c'est l'IP elle-même qu'il est dur de justifier.

L'extension que tu donnes au concept de droits intellectuels (et non "propriété intellectuelle", par pitié) est beaucoup trop extensive à mon goût. Je ne nie pas qu'elle correspond à une tendance de fond, mais précisément, cette tendance devrait à mon avis être combattue.

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Donc une administration peut mettre une caméra thermique devant ton domicile et la braquer dans ta direction, plus l'accompagner de micros à amplification ?

Avec des fonds volés? Certainement pas. Si un privé se plante dans ma rue avec une caméra thermique, je n'aurais plus qu'à maudire l'État pour l'existence de "l'espace public".

Si tu es le seul à avoir un droit de divulgation, la conséquence logique c'est que toute personne ayant divulgué une information à

ton sujet sans ton consentement est dans l'illégalité, et que tu peux donc faire effacer ces informations.

J'ai le droit de divulguer ou de ne pas divulguer une information, cela n'est pas un droit sur l'information elle même mais sur ma personne. Quelqu'un qui obtient cette information par un moyen détourné ne viole pas mon droit.

Tu peux divulguer en retenant le droit de divulguer a de tiers partis, mais si le contrat est brisé (le secret que tu avais confié à un journaliste passe dans la presse) les tiers qui prennent connaissance de l'information ne peuvent pas être tenus de l'oublier et ne te doivent aucuns dommages. Il en va de même à mon sens pour la musique, les livres, etc.

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J'ai déjà retrouvé mon nom et ma photo sur le net à cause d'amis inscrits sur facebook et rien qu'en tapant mon nom sur google, on peut à peu près connaitre mes hobbies, mes études et quelques infos sur le reste de ma famille.

Même avec la plus grande réglementation du monde, Internet est dans son essence même impossible à contrôler. C'est la vie, faut s'y faire et être prudent.

Non, ce n'est pas la vie. Par ailleurs, on ne parle pas de Michael Jackson qui devrait contrôler 500 millions de sites, mais de toi ou de moi, et d'un à dix sites qui divulgueraient des informations personnelles. Prenons un exemple simple : un type te demande dans la rue de signer une pétition, tu la signes et puis tu retrouves ton nom sur un site quelconque car il a mis toutes les infos en ligne. Normal ou pas ?

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Invité jabial

Encore un droit à - et comme tous les droits à, c'est facile de voir ce que ça apporte mais pratiquement impossible de prévoir les merdes que ça peut amener à 5, 10, 15 ans de la mise en application.

| trash

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Avec des fonds volés? Certainement pas. Si un privé se plante dans ma rue avec une caméra thermique, je n'aurais plus qu'à maudire l'État pour l'existence de "l'espace public".

Disons que ton voisin d'en face place une caméra thermique sur sa façade, visant ton domicile. Tu n'as rien à y redire ?

J'ai le droit de divulguer ou de ne pas divulguer une information, cela n'est pas un droit sur l'information elle même mais sur ma personne. Quelqu'un qui obtient cette information par un moyen détourné ne viole pas mon droit.

Les informations ont des répercussions sur les personnes. Des informations véridiques peuvent nuire aux individus, donc leur communication est problématique.

Tu peux divulguer en retenant le droit de divulguer a de tiers partis, mais si le contrat est brisé (le secret que tu avais confié à un journaliste passe dans la presse) les tiers qui prennent connaissance de l'information ne peuvent pas être tenus de l'oublier et ne te doivent aucuns dommages. Il en va de même à mon sens pour la musique, les livres, etc.

En effet ils ne peuvent pas être tenus d'oublier, mais la question qui nous occupe est celle de la compilation et de la communication. Il n'y a aucune raison de laisser des gens rassembler et publier des informations personnelles sur un individu lambda sans son accord.

Encore un droit à - et comme tous les droits à, c'est facile de voir ce que ça apporte mais pratiquement impossible de prévoir les merdes que ça peut amener à 5, 10, 15 ans de la mise en application.

| trash

Quelles sont les merdes en question ?

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Certaines analyses en matière de vie privée parlent maintenant de "droit à l'auto-détermination informationnelle", à savoir, j'ai le droit de déterminer ce que les gens savent de moi. Ca couvre le droit à l'oubli, mais ca va aussi beaucoup plus loin (sans doute de mnière abusive d'ailleurs). Néanmoins, je pense que ça pourra t'intéresser.

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Invité jabial
Disons que ton voisin d'en face place une caméra thermique sur sa façade, visant ton domicile. Tu n'as rien à y redire ?

Par défaut, non. Dans les faits, probablement que si, mais ça dépend du DP local.

Les informations ont des répercussions sur les personnes. Des informations véridiques peuvent nuire aux individus, donc leur communication est problématique.

Si tu ne veux pas être confronté à ce problème, ne fait rien dont tu puisses avoir honte. :icon_up:

Il n'y a aucune raison de laisser des gens rassembler et publier des informations personnelles sur un individu lambda sans son accord.

Si, la liberté d'expression, d'information et de communication.

Quelles sont les merdes en question ?

Ne plus rien pouvoir dire sur les politiciens par exemple. Il faut bien comprendre que les seules personnes qui ont intérêt à ce qu'on ne puisse divulguer la vérité les concernant sont ceux qui se conduisent mal. Je refuse de soutenir un régime où on est puni pour avoir révélé qu'untel est un salaud, alors que le salaud, lui, s'en tire à bon compte. Tout ça relève des droits imaginaires. On ne peut s'inventer des droits parce qu'ils nous arrangent.

De toute façon je viens de dire que les effets externes négatifs sont par nature souvent imprévisibles. Le plus évident c'est que ce sera utilisé dans les faits pour museler la presse.

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Il faut bien comprendre que les seules personnes qui ont intérêt à ce qu'on ne puisse divulguer la vérité les concernant sont ceux qui se conduisent mal.

C'est le même argument que l'on entend pour permettre à l'Etat et aux municipalités (surtout) de mettre des caméras de surveillance partout.

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Ne plus rien pouvoir dire sur les politiciens par exemple.

Il ne me parait pas très difficile de prévoir une balance d'intérêts entre droit à l'oubli et besoin du public de connaitre certaines informations sur des hommes publics.

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Invité jabial
C'est le même argument que l'on entend pour permettre à l'Etat et aux municipalités (surtout) de mettre des caméras de surveillance partout.

Ca ne me gêne pas. Au moins comme ça les gens prennent conscience du fait qu'ils sont surveillés. De fait, ils le sont. L'être par des flics en civil ou par des caméras, quelle différence? Tout ça, ce sont des fantasmes liés à la technologie.

Il ne me parait pas très difficile de prévoir une balance d'intérêts entre droit à l'oubli et besoin du public de connaitre certaines informations sur des hommes publics.

Le principe du DN, c'est que les Droits sont absolus. Dès lors qu'on renonce à ce principe, on rentre dans le monde du compromis, qui bénéficie toujours au plus malhonnête.

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C'est le même argument que l'on entend pour permettre à l'Etat et aux municipalités (surtout) de mettre des caméras de surveillance partout.

La caméra n'est pas forcément un mal, mais là en plus quand tu écris quelque chose c'est de toute façon volontaire.

Perso j'ai toujours mes vieux blogs dont j'ai honte en ligne ; je pense qu'au fil des années je laisserai ça seulement dans une archive ou non indexable par Google. Mais je trouve qu'il est dommage de vouloir cacher le passé, et c'est aussi nier le fait qu'une personne puisse évoluer.

Il est clair que les politiciens usent beaucoup de l'oubli, et justement des outils comme Internet permettent de leur renvoyer leurs mensonges dans la gueule.

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Le principe du DN, c'est que les Droits sont absolus.

C'est un beau mantra, mais ce n'est pas vrai. Mon droit de propriété sur ma voiture ne me permet pas de défoncer la tienne avec la mienne.

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Invité jabial
C'est un beau mantra, mais ce n'est pas vrai. Mon droit de propriété sur ma voiture ne me permet pas de défoncer la tienne avec la mienne.

Cette contradiction est une apparence primaire, et le fait que tu l'évoques montre que tu n'as pas compris ce qu'est la propriété.

Le droit de propriété n'est pas un droit de faire ce qu'on veut, c'est un droit d'exclure. Le fait que tu puisses faire grosso modo ce que tu veux avec ta propriété est la conséquence d'un autre principe, qui est que tout ce qui ne viole pas un droit d'autrui est autorisé.

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Cette contradiction est une apparence primaire, et le fait que tu l'évoques montre que tu n'as pas compris ce qu'est la propriété.

En l'occurrence, je préfère m'en référer au seul point sur lequel toute la théorie juridique des 25 derniers siècles est unanime plutôt qu'à l'alter-droit anarcap. Ca permet de voir la subtilité de la réalité qu'une vision réductrice exclut.

De toutes façons, dès lors que tu considères que des droits sont absolus, ils rentreront en conflit.

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En l'occurrence, je préfère m'en référer au seul point sur lequel toute la théorie juridique des 25 derniers siècles est unanime plutôt qu'à l'alter-droit anarcap.

Des milliards de mouches ne peuvent pas s'y tromper, mange de la merde !

Si tu considères que les droits ne sont pas absolus c'est qu'ils sont relatifs. Relatifs à qui, à quoi ?

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Des milliards de mouches ne peuvent pas s'y tromper, mange de la merde !

En l'occurrence, je crois que les juristes ont peut-être un peu plus de crédibilité sur un concept juridique qu'un économiste. Parce que fondamentalement, c'est la vision Rothbardienne, ce "droit d'exclure". Et c'est un biais économiste qu'il prend là, sans en comprendre les conséquences (ce propriété droit d'exclure subitement ne permet plus de justifierla notion d'intérêts par exemple, mais passons).

Et je vais en rajouter une couche. Il est temps d'en finir avec Rothbard. Rothbard est un grand économiste, et un vulgarisateur brillant, mais c'est un piètre philosophe. Il serait temps de s'en rendre compte.

Si tu considères que les droits ne sont pas absolus c'est qu'ils sont relatifs. Relatifs à qui, à quoi ?

Rien à voir, simplement je m'oppose à la vision absurde de Jabial pour qui les droits ne rentrent pas en conflit, et où il n'est jamais nécessaire de faire la balnce entre des droits.

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En l'occurrence, je crois que les juristes ont peut-être un peu plus de crédibilité sur un concept juridique qu'un économiste.

L'économie n'a rien à voir là dedans.

Parce que fondamentalement, c'est la vision Rothbardienne, ce "droit d'exclure". Et c'est un biais économiste qu'il prend là, sans en comprendre les conséquences

Le droit que décrit Rothbard n'est pas une morale conséquentialiste.

(ce propriété droit d'exclure subitement ne permet plus de justifierla notion d'intérêts par exemple, mais passons).

Tu m'expliques ?

Et je vais en rajouter une couche. Il est temps d'en finir avec Rothbard. Rothbard est un grand économiste, et un vulgarisateur brillant, mais c'est un piètre philosophe. Il serait temps de s'en rendre compte.

Rothbard a dit beaucoup de conneries, il ne fait que décrire le droit naturel, il ne l'invente pas.

Rien à voir, simplement je m'oppose à la vision absurde de Jabial pour qui les droits ne rentrent pas en conflit, et où il n'est jamais nécessaire de faire la balnce entre des droits.

Hormis les situations extremes fabriquées de toute pièce, cette balance n'a aucun sens. Ce qui fait la force du droit, ce qui fait son caractère absolu c'est précisément qu'il n'entre pas en conflit.

Le droit existe pour résoudre et éviter les conflits, le droit est une ségrégation qui permet de determiner qui peut faire quoi avec quoi. Ce qui fait la force du droit c'est précisément le fait qu'il tranche, qu'il sépare, qu'il distingue, qu'il discrimine.

Une justice rendue comme la somme de pours et de contres a autant de sens moral qu'une soupe faite de légumes et de merde a de sens culinaire.

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