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Les plus belles intros littéraires


Fredo

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L'idée m'est venue suite à une remarque de BlackJack à propos d'une discussion sur Des Fleurs pour Algernon où je citais les premières phrases du roman, et qu'il rappelait comment souvent la SF introduit brutalement un contexte dès les premiers mots comme le célèbre "J'avais atteint l'âge de mille kilomètres".

Par ailleurs, on entend souvent l'argument de "jeunes" auteurs, dans les démarches pour se faire publier, selon lequel il faut juger une oeuvre dans son ensemble. Ainsi d'aucuns de s'amuser à coller des pages, ou placer un quelconque subtil élément pour détecter si l'éditeur aura dépassé telle ou telle page avant de renvoyer le manuscrit refusé. Et l'artiste incompris de pouvoir s'écrier "Mais vous n'avez pas tout lu ! Comment osez-vous… bla bla bla". Pratique apparemment astucieuse à laquelle Marcel Proust se serait lui-même livré.

Pourtant un jour j'ai entendu un éditeur oser répondre, et la remarque m'a particulièrement fait rire vu son semblant de pertinence, "Quand je vais au restaurant et que je goûte la soupe je n'ai pas besoin de finir l'assiette pour me rendre compte que c'est de la merde".

Récemment je déambulais dans le rayon livres du petit supermarché de mon quartier, lieu généralement peu propice à la grande littérature mais je voulais me mettre quelque chose sous la dent, lorsque je tombai sur un des derniers romans de Christine Angot. Je n'apprécie guère le personnage au vu de ses apparitions et interviews dans la petite lucarne, cependant je voulais juger par moi même. Je m'infligeai alors le douloureux supplice de réussir à dépasser dix pages après avoir commencé de vérifier mes craintes.

Alors peut-être qu'il y a des romans ou des nouvelles dont le style, la narration, etc., décollent au bout d'un moment et qui mériteraient d'aller plus loin plutôt que de les repousser d'un revers de main dès la première page. Mais j'ose penser qu'une œuvre qui commence bien, que la qualité des premières lignes ont plus de chances d'indiquer que le reste sera du même cru.

Je pense à se que fait dire Franck Herbert à la princesse Irulan dans Dune : c'est au moment des commencements qu'il faut particulièrement veiller à ce que les équilibres soient précis.

Aussi je propose ici que l'on (se) donne envie de lire des ouvrages en découvrant comment ils sont introduits.

Quelles sont les plus belles phrases de début de romans ou nouvelles que vous ayez lues ? Les premiers paragraphes qui, selon-vous, ont fait date ? Les premiers mots qui vous ont accroché et fait que vous avez dévoré la suite ? Etc.

Exemple :

"Le 15 septembre 1840, vers six heures du matin, la Ville-de-Montereau, près de partir, fumait à gros tourbillons devant le quai Saint Bernard." L'Education sentimentale, Flaubert.

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"Nous voici encore seuls. Tout cela est si lent, si lourd, si triste… Bientôt je serai vieux. Et ce sera enfin fini. Il est venu tant de monde dans ma chambre. Ils ont dit des choses. Ils ne m'ont pas dit grand-chose. Ils sont partis. Ils sont devenus vieux, misérables et lents chacun dans un coin du monde." Mort à crédit, Céline.

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"Lolita, light of my life, fire of my loins. My sin, my soul. Lo-lee-ta: the tip of the tongue taking a trip of three steps down the palate to tap, at three, on the teeth. Lo. Lee. Ta."

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"Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de l’asile : "Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués." Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier. "

A. Camus, L'étranger

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"Je connais un endroit où il n'y a ni brouillard, ni problèmes de stationnement, ni surpopulation… ni guerre froide, ni bombes H, ni publicité à la télévision… ni conférences au sommet, ni aide aux pays étrangers, ni impôts indirects, ni impôts sur le revenu. Il y règne le climat dont s'enorgueillissent la Floride et la Californie (mais qu'on cherche en vain dans ces deux Etats), le pays est avenant, les habitants sont sympathiques et hospitaliers envers les étrangers, les femmes sont splendides et soucieuses de plaire au point qu'on a du mal à y croire.

Ca se pourrait bien que j'y retourne. Oui, ça se pourrait bien…"

Robert Heinlein, En route pour la gloire.

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"Après son dernier évanouissement, mon père a repris conscience. Il avait le visage trop tuméfié pour pouvoir parler clairement et maintenant, plutôt que de gémir, il bêlait. Du regard il a exprimé sa demande sans ambiguïté et je l'ai doucement poussé par-dessus bord. Il a mis beaucoup de temps avant de se noyer pour de bon. J'observais les écailles de poissons puantes et les fragments de viscères séchés au fond du bateau, puis je levais les yeux et il était toujours là à flotter dans le courant. Et puis, enfin, je me suis réjoui de le voir couler. Quelle étrange façon de dire au revoir à son père."

Jim Harrison, De Marquette à Veracruz

(décidément, j'adore ce topic) :icon_up:

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"Doukipudonktan, se demanda Gabriel excédé. Pas possible, ils se nettoient jamais. Dans le journal, on dit qu'il y a pas onze pour cent des appartements à Paris qui ont des salles de bains, ça m'étonne pas, mais on peut se laver sans. Tous ceux-là qui m'entourent, ils doivent pas faire de grands efforts. D'un autre côté, c'est tout de même pas un choix parmi les plus crasseux de Paris. Y a pas de raison. C'est le hasard qui les a réunis. On peut pas supposer que les gens qu'attendent à la garde d'Austerlitz sentent plus mauvais que ceux qu'attendent à la gare de Lyon. Non vraiment, y a pas de raison. Tout de même quelle odeur.

[…]

Heureusement, vlà ltrain qu'entre en gare, ce qui change le paysage. La foule parfumée dirige ses multiples regards vers les arrivants qui commencent à défiler, les hommes d'affaires en tête au pas accéléré avec leur porte-documents au bout du bras pour tout bagage et leur air de savoir voyager mieux que les autres.

Gabriel regarde dans le lointain; elles, elles doivent être à la traîne, les femmes, c'est toujours à la traîne; mais non, une mouflette surgit qui l'interpelle :

- Chuis Zazie, jparie que tu es mon tonton Gabriel.

- C'est bien moi, répond Gabriel en anoblissant son ton. Oui, je suis ton tonton."

Devinez…

Fastoche.

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"Le monde et son histoire se referment en cercle autour de nous : ce fut Javier Romero, un soir de printemps, à San Miniato, qui m'apporta la nouvelle de la mort de Pandora. La journée, d'un bout à l'autre, avait été glorieuse. Dès le matin, les volets à peine ouverts, une sorte de transparence s'était installée dans l'espace et dans le temps. Par un de ces mécanismes pleins d'évidence et de mystères, un ciel sans nuages promettait du bonheur. La nuit n'était pas tombée que tout un pan de ma vie s'écroulait. Javier apparaissait, posait son sac, me mettait la main sur l'épaule, disait : "Pandora est morte." Quelque chose basculait. Le vent du soir se levait."

Jean d'Ormesson Le vent du soir.

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Difficile de dire où le livre commence vraiment. Bon, je met les débuts possibles.

"Les gnomes sont tout petits. En général, les créatures de petite taille vivent peu. Mais peut-être vivent-elles vite.

Je m'explique."

"1. Au commencement était le Site. 2. Et l'esprit d'Arnold Frères (fond. 1905) se déplaçait à la Surface du Site et vit que le Site ne manquait point de Potentiel. 3. Car il se trouvait sur la Grand-Rue. 4. Et aux Alentours les Arrêts de Bus ne faisaient point défaut. 5. Et Arnold Frères (fond. 1905) dit : que le Grand Magasin soit, et qu'il soit fait de telle sorte que nul n'ait jamais vu son semblable."

"Voici l'histoire du Retour à la Maison.

L'histoire du Chemin Critique.

L'histoire du camion qui rugit à travers la cité endormie pour débouler sur les routes de campagne, démolissant les réverbères sur son passage, zigzaguant d'un trottoir à l'autre, fracassant les vitrines des magasins, pour s'arrêter enfin quand la police le prit en chasse. Et quand les humains stupéfaits regagnèrent leur voiture en annonçant : Hé, écoutez, vous m'entendez ? Y a pas de conducteur à bord ! cela devint l'histoire du camion qui redémarra, abandonna les humains médusés et s'évanouit dans la nuit.

Mais l'histoire ne s'est pas arrêtée là.

Elle n'a pas commencé là, non plus.

Terry Pratchett, Le grand livre des gnômes.

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« Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de sa nature ; et cet homme ce sera moi. » (Rousseau, Les Confessions)

« Je suis un homme malade… Je suis un homme méchant. Un homme repousssoir, voilà ce que je suis. Je crois que j'ai quelque chose au foie. » (Dostoïevski, Les Carnets du sous-sol, trad. André Markowicz)

« Plût au Ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu'il lit, trouve, sans se désorienter, son chemin abrupt et sauvage, à travers les marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison; car, à moins qu'il n'apporte dans sa lecture une logique rigoureuse et une tension d'esprit égale au moins à sa défiance, les émanations mortelles de ce livre imbiberont son âme comme l'eau le sucre. » (Isidore Ducasse, dit comte de Lautréamont, Les Chants de Maldoror)

« Il pensait à elle. On peut dire qu'elle était mystérieuse pour lui comme la Sainte Eucharistie. » (Pierre-Jean Jouve, « La Fiancée » in La Scène capitale)

« La brûlante matinée de février au cours de laquelle mourut Beatriz Viterbo, après une impérieuse agonie qui pas un seul instant ne se rabaissa au sentimentalisme ni à la peur, je remarquai que sur les porte-affiches en fer de la place de la Constitution on avait renouvelé je ne sais quelle annonce de cigarettes de tabac blond ; le fait me peina, car je compris que l'incessant et vaste univers s'éloignait d'elle désormais et que ce changement était le premier d'une série indéfinie. » (Jorge Luis Borges, L'Aleph)

« Enlève donc tes lunettes, dit Turtose à Pierrot, enlève donc tes lunettes, si tu veux avoir la gueule de l'emploi. » (Raymond Queneau, Pierrot mon ami)

« Oui, cela pourrait commencer ainsi, ici, comme ça, d'une manière un peu lourde et lente, dans cet endroit neutre qui est à tous et à personne, où les gens se croisent presque sans se voir, où la vie de l'immeuble se répercute, lointaine et régulière. » (Georges Perec, La Vie mode d'emploi)

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«The sky above the port was the color of television, tuned to a dead channel.

"It's not like I'm using," Case heard someone say, as he shouldered his way through the crowd around the door of the Chat. "It's like my body's developed this massive drug deficiency." It was a Sprawl voice and a Sprawl joke. The Chatsubo was a bar for professional expatriates; you could drink there for a week and never hear two words in Japanese.

Ratz was tending bar, his prosthetic arm jerking monotonously as he filled a tray of glasses with draft Kirin. He saw Case and smiled, his teeth a web work of East European steel and brown decay. Case found a place at the bar, between the unlikely tan on one of Lonny Zone's whores and the crisp naval uniform of a tall African whose cheekbones were ridged with precise rows of tribal scars. "Wage was in here early, with two Joe boys,"Ratz said, shoving a draft across the bar with his good hand. "Maybe some business with you, Case?"»

William Gibson. Neuromancer.

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Ce n'est pas une intro, mais ce passage de La ferme africaine est tout simplement magnifique :

"Quand le souffle passait en sifflant au-dessus de ma tête, c'était le vent dans les grands arbres de la forêt, et non la pluie. Quand il rasait le sol, c'était le vent dans les buissons et les hautes herbes, mais ce n'était pas la pluie. Quand il bruissait et chuintait à hauteur d'homme, c'était le vent dans les champs de maïs. Il possédait si bien les sonorités de la pluie que l'on se faisait abuser sans cesse, cependant, on l'écoutait avec un plaisir certain, comme si un spectacle tant attendu apparaissait enfin sur la scène. Et ce n'était toujours pas la pluie. Mais lorsque la terre répondait à l'unisson d'un rugissement profond, luxuriant et croissant, lorsque le monde entier chantait autour de moi dans toutes les directions, au-dessus et au-dessous de moi, alors c'était bien la pluie. C'était comme de retrouver la mer après en avoir été longtemps privé, comme l'étreinte d'un amant."

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Bon, je tiens à vous faire partager l'intro qui reste la plus belle, à ce jour, de mes lectures :

Au diable vauvert, une tornade déploie sa robe à falbalas dans la danse grand-guignolesque d'une sorcière en transe ; son hystérie ne parvient même pas à épousseter les deux palmiers crucifiés dressés dans le ciel comme les bras d'un supplicié. Une chaleur caniculaire a résorbé les hypothétiques bouffées d'air que la nuit, dans la débâcle de sa retraite, avait omis d'emporter. Depuis la fin de la matinée, pas un rapace n'a rassemblé assez de motivation pour survoler ses proies. Les bergers qui, d'habitude, poussaient leurs maigres troupeaux jusqu'au pied des collines, ont disparu. A des lieues à la ronde, hormis les quelques sentinelles tapies dans leurs miradors rudimentaires, pas âme qui vive. Un silence mortel accompagne la déréliction à perte de vue.

Yasmina Khadra, Les hirondelles de Kaboul

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« Fasciste », « ordure », « pourri », « enc… », « nazi », « ta mère elle suce des ours », tous hurlent, certains crachent, les plus lâches ou les plus courageux – nous ne parlerons que de cela – approchent pour me frapper, moi, je souris, serein : Dieu que la plèbe est orchidoclaste.

Tristan-Edern Vaquette - Je gagne toujours à la fin

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"Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. La terre était solitude et chaos; des ténèbres couvraient la face de l'abîme, et l'esprit de Dieu planait sur la face des eaux. Dieu dit : « Que la lumière soit ! » Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et il sépara la lumière des ténèbres. Dieu appela la lumière Jour, et les ténèbres, il les appela Nuit.

Il fut soir, il fut matin, - jour un."

Si c'est pas la plus grandiose des introductions, ça…

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"L’aube surprit Angelo béat et muet mais réveillé." Jean Giono, Le hussard sur le toit.

"Il y avait en Westphalie, dans le château de M. le baron de Thunder-ten-tronckh, un jeune garçon à qui la nature avait donné les moeurs les plus douces. Sa physionomie annonçait son âme. Il avait le jugement assez droit, avec l'esprit le plus simple ; c'est, je crois, pour cette raison qu'on le nommait Candide." Voltaire, Candide, ou l'optimisme.

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"Il y avait en Westphalie, dans le château de M. le baron de Thunder-ten-tronckh, un jeune garçon à qui la nature avait donné les moeurs les plus douces. Sa physionomie annonçait son âme. Il avait le jugement assez droit, avec l'esprit le plus simple ; c'est, je crois, pour cette raison qu'on le nommait Candide." Voltaire, Candide, ou l'optimisme.

Que de souvenirs… J'étais tombé dessus pour mon oral de Français. Exactement le premier chapitre en plus.

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"Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. La terre était solitude et chaos; des ténèbres couvraient la face de l'abîme, et l'esprit de Dieu planait sur la face des eaux. Dieu dit : « Que la lumière soit ! » Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et il sépara la lumière des ténèbres. Dieu appela la lumière Jour, et les ténèbres, il les appela Nuit.

Il fut soir, il fut matin, - jour un."

Si c'est pas la plus grandiose des introductions, ça…

La plus grandiose, certes ; mais malheureusement pas la plus connue.

"Paroles de Qohéleth, fils de David, roi à Jérusalem. Vanité des vanités, dit Qohéleth, vanités des vanités, tout est vanité.

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"Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de l’asile : "Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués." Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier. "

A. Camus, L'étranger

+1. Mon choix aussi. Terrible.

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"Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. La terre était solitude et chaos; des ténèbres couvraient la face de l'abîme, et l'esprit de Dieu planait sur la face des eaux. Dieu dit : « Que la lumière soit ! » Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et il sépara la lumière des ténèbres. Dieu appela la lumière Jour, et les ténèbres, il les appela Nuit.

Il fut soir, il fut matin, - jour un."

Si c'est pas la plus grandiose des introductions, ça…

Incontestablement. Seulement, je n'ai pas osé la citer eu égard au climat orageux qui ne manque pas de s'installer dès qu'il s'agit de religion.

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"Il y avait en Westphalie, dans le château de M. le baron de Thunder-ten-tronckh, un jeune garçon à qui la nature avait donné les moeurs les plus douces. Sa physionomie annonçait son âme. Il avait le jugement assez droit, avec l'esprit le plus simple ; c'est, je crois, pour cette raison qu'on le nommait Candide." Voltaire, Candide, ou l'optimisme.
Que de souvenirs… J'étais tombé dessus pour mon oral de Français. Exactement le premier chapitre en plus.

Moi aussi, mais sur l'El Dorado (chapitre XVIII si ma mémoire est bonne).

Au commencement, notre Vénéré Daron goupilla la Terre et les Cieux.

À l'époque, la Terre, qui se baguenaudait tristement dans les Ténèbres, épousait pas encore c'te belle rondeur qui, par la suite, créa tant d'emmouscaillures à c'te pauvre Galilée, l'inventeur de l'étourdissement.

Non, la Terre prenait plutôt la forme d'un bigoudi chantourné plein de précipices à ne pas mettre un nougat l'un devant l'autre, surtout que la lancequine débordait partout, et qu'on aurait pataugé dans la bouillasse jusqu'à l'enlisement complet.

Notre Vénéré Daron se bonnit à sa Grandeur :

- Bigre, on y voit que dale, icigo ! C'est pas marrant. J'te vas cloquer une calebombe au dessus de ma création pour éclairer tout ça. Que le grand Lumignon soit !

Et le grand Lumignon fût.

Ainsi notre Vénéré Daron donna au Lumignon le blaze de jourdé, aux Ténèbres le blaze de noille. Ainsi il y eut le borgnon et le mataguin, et ce fut la première journaille.

Pierre Devaux, La Bible en argot.
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Eté 1996

Le petit réveil posé sur la table de nuit en bois clair venait de sonner. Il était cinq heures trente, et la chambre était baignée d'une lumière dorée, que seules les aubes de San Francisco déversent. Toute la maisonnée dormait, la chienne Kali couchée sur le grand tapis, Lauren enfouie sous la couette au milieu de son grand lit. L'appartement de Lauren surprenait par la tendresse qui s'en dégageait. Au dernier étage d'une maison victorienne sur Green Street, il se composait d'un salon-cuisine à l'américaine, d'un dressing, d'une grande chambre et d'une vaste salle de bains avec fenêtre. Le sol était en parquet blond à lattes élargies, celles de la salle de bains étant blanchies à la peinture et quadrillées de carreaux noirs peints au pochoir. Les murs blancs s'ornaient de dessins anciens chinés dans les galeries d'Union Street, le plafond était bordé d'une moulure boisée finement ciselée par les mains d'un menuisier talentueux du début du siècle, que Lauren avait rechampie d'une teinte caramel.

Marc Lévy, Et si c'était vrai….

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It was about eleven o'clock in the morning, mid October, with the sun not shining and a look of hard wet rain in the clearness of the foothills. I was wearing my powder-blue suit, with dark blue shirt, tie and display handkerchief, black brogues, black wool socks with dark little clocks on them. I was neat, clean, shaved and sober, and I didn't care who knew it. I was everything the well-dressed private detective ought to be. I was calling on four million dollars.

Raymond Chandler, Le grand sommeil

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This document supersedes A Guide to the Project Management Body of Knowledge (PMBOK Guide) - 2000 Edition, which was published as the second edition of the PMBOK Guide. In the time since its publication, the Project Management Institute (PMI) received thousands of valuable recommandations for improvements to the PMBOK Guide 2000 Edition that have since been reviewed and, as appropriate, incorporated into the third edition.

PMBOK Guide, 2004 Edition

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Sur le chantier, personne n’avait jamais entendu parler de Norbert Walsung. Un technicien avait même fait une recherche sur Internet, il était tombé sur pas mal de pages, mais aucun rapport avec un type susceptible de laisser son nom à un musée. Tout le monde s’en foutait, d’ailleurs. Pour l’instant, il pleuvait et la boue collait aux bottes. Les planches de coffrage pourrissaient en attendant la toupie qui ne venait pas, car le bétonnier n’avait pas été payé. La justice avait mis son nez dans les comptes du chantier, on n’avait pas respecté les règles de la comptabilité publique.

Zek, La pyramide des besoins. :doigt::mrgreen:

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…je trouve ça excellent…

Au début, c'est marrant. Mais à la longue, c'est assez lassant.

…simplement en ligne sur ce blog ?

C'est une tentative avortée d'un ancien membre du forum (passé aux Pères fondateurs) qui ne se trouve que sur ce blog.

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