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Tout est dit. Avec une querelle d'égos en prime.

A cela il faut rajouter que la libéralisation ne fait pas que tuer la criminalité. Elle améliore l'état sanitaire du consommateur car celui-ci sur retrouve sur un marché légal. Il peut donc faire pression sur le fournisseur pour avoir un produit de qualité, non coupés avec de la merde de chameau, des pneus...

Sur le plan international, il faut regarder ce qui se passerait dans les autres pays. Pas seulement dans les organisations internationales.

Pour ces dernières, elles seraient dans leur domaine à communiquer sur leur domaine. Et ici l'OMS serait obliger de reconnaître des amélioration de l'état sanitaire.

Pour revenir aux autres pays, ce sont les producteurs qui vont nous remercier. La légalisation de toutes les drogues (j'écris bien toutes) va mettre fin aux importations illégales. L'aspiration sera interrompue. Les flux d'argents qui alimentent les mafias et cartels seront coupés. Sachant que ces organisations n'ont aucun moyen de pression dans ce cas. Elles ne peuvent plus corrompre car ce n'est plus nécessaire. Et des acteurs légaux ont pris leur place.

Cas concret, si les USA libéralisent tout, la guerre civile en cour au Mexique s'arrête en une semaine.

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Tout est dit. Avec une querelle d'égos en prime.

A cela il faut rajouter que la libéralisation ne fait pas que tuer la criminalité. Elle améliore l'état sanitaire du consommateur car celui-ci sur retrouve sur un marché légal. Il peut donc faire pression sur le fournisseur pour avoir un produit de qualité, non coupés avec de la merde de chameau, des pneus...

Sur le plan international, il faut regarder ce qui se passerait dans les autres pays. Pas seulement dans les organisations internationales.

Pour ces dernières, elles seraient dans leur domaine à communiquer sur leur domaine. Et ici l'OMS serait obliger de reconnaître des amélioration de l'état sanitaire.

Pour revenir aux autres pays, ce sont les producteurs qui vont nous remercier. La légalisation de toutes les drogues (j'écris bien toutes) va mettre fin aux importations illégales. L'aspiration sera interrompue. Les flux d'argents qui alimentent les mafias et cartels seront coupés. Sachant que ces organisations n'ont aucun moyen de pression dans ce cas. Elles ne peuvent plus corrompre car ce n'est plus nécessaire. Et des acteurs légaux ont pris leur place.

Cas concret, si les USA libéralisent tout, la guerre civile en cour au Mexique s'arrête en une semaine.

Tout à fait, sauf peut-être la dernière phrase, un brin angélique quand même, mais je partage la conviction que ça amènera une réduction de la criminalité.

Il faudrait en plus une sorte de programme de pardon/mea culpa, car d'autres crimes ont été commis par les narco trafiquants dans le cadre du trafic de drogue sans même parler du fait qu'ils se sont diversifiés.

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+1, j'avais jamais vu ces deux trucs comme liés.

Si on peut vendre de l'héroïne sans ordonnance alors pourquoi pas de la morphine ou du sirop pour la toux ?

Ou encore

Pour toutes les mêmes raisons que les drogues (à l'origine les deux sont synonymes d'ailleurs - au moins en anglais) plus baisser les coûts de mises sur le marché.

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Si un pays de l'UE se décidait à légaliser les drogues dures, cela aurait des repercussion sur le trafic international. Ce ne seront plus les dealers qui achemineraient la came mais les clients eux même qui prendraient le risque d'acheminer leur propre conso. Il y a de forte chances que les accro les plus sévères finissent par quitter leur pays d'origine pour s'installer dans le pays qui a légalisé leur drogue favorite, comme en Thaïlande qui accueille un nombre considérable d'accro aux stéroïdes qui s'y installent définitivement.

Au niveau du traité de libre-circulation des personnes dans l'UE et des accords avec Interpol, quelles conséquences possibles ? Le pays qui légalise toutes les drogues devient automatiquement le mouton noir de la communauté internationale ou pas ?

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Les conséquences ne sont pas négatives pour les autres pays.

Peuvent-ils être contre l'émigration de leurs drogués ? J'en doute. Au contraire, c'est leur intérêt.

Pour la war on drug, celle-ci à besoin de résultats or des résultats, il y en aurait en veux-tu en voilà.

Au niveau interne, il y aurait la mise en place progressive de producteurs et de vendeurs licites. Fini les dealers dans les cages d'escalier qui contrôlent les allée et venus de l'immeuble. Fini les mômes payés comme sonnette et peuvent se permettre de ne plus aller à l'école. De plus, les kaïds risqueraient de se massacrer puisque leur source d'argent s'assécherait vite. Et ils ne pourraient rembourser leurs créanciers.

Les flux d'importation illicites baisseraient rapidement avec un décalage. Celui nécessaire pour qu'une production nationale soit en place. Mais là aussi, rien n'empêche d'importer légalement les produits. Les go fast Gibraltar Paris, c'est fini.

Le problème restant serait celui de l'emploi du pays comme lieu de passage. Mais encore une fois, est-ce un problème ?

La libéralisation, c'est le commerce licite. Celui qui veut faire de l'illicite serait pourchassé et aurait à faire à une nouvelle donne : la disparition des réseaux français sur lesquels il ne pourrait plus s'appuyer. La France serait un territoire où trouver une aide serait plus compliqué pour eux, le dealer du coin ayant disparu.

Enfin, la libéralisation sur la France, c'est la perte des ressources du marché français. Une boîte peut-elle perdre 10% de son chiffre d'affaire en quelques semaines ? Si ce n'est plus.

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Bonjour,

 

merci pour vos réponses et vos arguments.

 

 

Ceci dit, a mon tour de répondre (je n'allais pas le faire en même temps que la question^^ )

 

Alors, sachant que l'ignorance est la mère de la haine, je pense que ce qui se passe au Portugal depuis 12 ans, permet aux "simples citoyens" qui n'auraient jamais vu aucuns produits stupéfiants ou psychotropes, ainsi qu'aux consommateurs qui devaient se cacher de se montrer au grand jour sans avoir peur. Ceci fait que les deux "mondes parallèles" se rencontrent. Ils ne sont plus dans l'ignorance (qui engendre la crainte) mais dans la compassion.

Après, c'est vrai, que le problème des gamins qui dealent, n'est pas solutionner. çà c'est le gros point négatif.

 

Oui, même la police est dans la tolérance. Exemple vécu par un amis portugais: il se rendais chez des amis dans une ville qui n'est pas la sienne et qu'il ne connaissait pas. Son train arrivait en début d'après midi, mais ses amis ne pouvaient le chercher qu'en fin d'après midi.  Las d'attendre devant la gare, il s'est roulé un joint. Là, la police arrive et lui dit: <<Franchement, devant la gare? avec des enfants et des personnes âgées qui passent par ici? Vous allez devoir nous suivre, car cet endroit est inapproprié pour çà. Encore, si vous étiez au "Jardim da seria" (parque local) on ne vous aurez même pas regarder, mais ici, c'est trop>>

 

Ce qui me fait penser, qu'un cap psychologique est passé, la tolérance à des endroits précis. D'ici à ce que "cannabis socials clubs" s'ouvrent, je ne vois qu'un pas.

 

 

 

Juste un détail pour Tramp: au Portugal, la qualité s'est amélioré depuis 2002, il y à des tas de gars qui produisent une ou deux paires de plants sans être inquiétés. Et ces consommateurs se dépannent entre eux, voilà pourquoi je pense qu'il est possible qu'il se passe là bas comme aux Pays Bas qui ont augmenter la tolérance aux consommateurs et qui, quelques années plus tard ont commencer à voire les premiers coffee shop "underground" apparaître.

 

 

Mais je peux très bien me tromper. La preuve: aux PB rien de positif s'est produit depuis 40 ans, voire même des régressions.

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Cas concret, si les USA libéralisent tout, la guerre civile en cour au Mexique s'arrête en une semaine.

 

Si les USA légalisent tout, les flux vont s'inverser, mais c'est une bonne chose.

 

Si on peut vendre de l'héroïne sans ordonnance alors pourquoi pas de la morphine ou du sirop pour la toux ?

 

Argument de poids. :icon_wink:

 

Si un pays de l'UE se décidait à légaliser les drogues dures, cela aurait des repercussion sur le trafic international. Ce ne seront plus les dealers qui achemineraient la came mais les clients eux même qui prendraient le risque d'acheminer leur propre conso. Il y a de forte chances que les accro les plus sévères finissent par quitter leur pays d'origine pour s'installer dans le pays qui a légalisé leur drogue favorite, comme en Thaïlande qui accueille un nombre considérable d'accro aux stéroïdes qui s'y installent définitivement.

 

Comme je l'ai dit certaines villes seront des hauts lieux de la drogue et d'autres pas du tout, ne t'inquiètes pas pour cela.

 

Le problème le plus épineux, c'est pas de faire cesser la prohibition à l'échelle d'un pays. Mais d'affronter l'écrasante majorité de nations qui ne vivent que pour la War On Drugs, vous ne croyez pas ?

 

Sûrement, c'est pour cela que je pense que ça sera les USA qui feront ça sur le mode "fuck them all" plutôt qu'un autre pays. Mais bon il faut un président libéral et qui a des couilles.

 

Ce qui est pratique c'est que ça emmerde chaque gouvernement proportionnellement à son niveau de socialisme. La légalisation de la drogue aux USA, ça serait terriblement plus efficace que quelques bases en Asie du sud-est.

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carte-mali.png

 

 

Un tiers de la cocaïne mondiale transite par le Sahel, alimentant la violence. 

Rue89 publie les bonnes feuilles de « Papa Hollande au Mali » de Nicolas Beau.Le Sahara a toujours représenté une formidable zone de passage pour d’innombrables négoces. Depuis les indépendances africaines, les produits de première nécessité, subventionnés par les Etats pétroliers libyen et algérien, étaient revendus au marché noir dans le reste de l’Afrique. Plus récemment, les routes de la contrebande ont été utilisées pour acheminer les armes, les pneus, les pièces détachées et les cigarettes. Les Touaregs ont été à l’avant-garde de ces convois qui leur permettaient d’assurer leur survie.

Making of

« Papa Hollande au Mali », du journaliste Nicolas Beau, est l’un des premiers livres sur la guerre menée dans ce pays par les troupes françaises. Un livre très critique contre le rôle joué par la France dans les pays du Sahel.

L’auteur et l’éditeur, Balland, ont accepté de nous donner quelques « bonne feuilles ». Ce texte correspond au chapitre sept, « Coke à tous les étages ». Pascal Riché

Les mêmes pistes ancestrales sont empruntées aujourd’hui par les trafiquants de stupéfiants. A l’image des banlieues françaises les plus délaissées, gangrenées par le marché noir des drogues, mais à l’échelle d’une région semi-désertique de 8 millions de kilomètres carrés, ce commerce illicite constitue un formidable palliatif pour une économie en faillite.

Ces trafics juteux en direction de l’Europe, mais aussi de l’Egypte, du Moyen-Orient et jusqu’en Asie, représentent le fléau le plus grave de la zone sahélienne. Les cartels de la drogue bénéficient d’immenses complicités au sein d’administrations délabrées. Jusqu’à l’entourage de certains chefs d’Etat de la région, que cet argent facile a définitivement éloigné des réalités vécues par leurs peuples.

Premières alertes

Obsédée par les seuls djihadistes, la France n’a jamais pris la mesure de cette menace.

« Papa Hollande au Mali » de Nicolas Beau

Successivement ministre mauritanien des Affaires étrangères, ambassadeur de son pays aux Etats-Unis puis représentant de l’ONU en Afrique de l’Ouest en 2002 puis en Somalie en 2007, le Mauritanien Ahmedou Ould-Abdallah est catégorique :

« Les trafics de stupéfiants vont faire sauter le Sahel. Les rapports de l’ONU ont donné l’alerte dès le début des années 2000. Les Américains considéraient que les Européens Papa Hollande au Mali devaient agir. Mais ces derniers détournaient les yeux. »

Sollicité par les militaires français ou encore consulté par Elisabeth Guigou, présidente de la commission des Affaires étrangères, cet expert respecté avait été invité, à la fin du mois d’août 2012, à la traditionnelle Conférence des ambassadeurs qui réunit à Paris l’ensemble des représentants français à travers le monde.

Lors d’une discussion à bâtons rompus, quelques diplomates français l’interrogent sur les périls qui guettent l’Afrique.

« La drogue, assène Ahmedou Ould Abdallah, est bel et bien le problème numéro 1 de la région. – Que voulez-vous dire ? Que faites-vous du problème terroriste au Sahel ? », s’étonne Jean-Félix Paganon, un vieux routier du Quai d’Orsay chargé du Sahel depuis le mois de juin 2012 jusqu’à sa mise à l’écart par Laurent Fabius qui le nomme ambassadeur au Sénégal.

« Naturellement, répond le diplomate mauritanien, les combattants d’Aqmi qui ont investi le nord du Mali représentent un véritable danger, mais les trafics de stupéfiants, qui financent le terrorisme, constituent la principale menace pour le Sahel. »

Ces derniers mois, des mises en cause judiciaires se sont multipliées contre quelques très hauts dirigeants africains, notamment en Guinée-Bissau et au Sénégal. La pression de la Drug Enforcement Administration (DEA), la puissante administration américaine de lutte contre la drogue, a provoqué plusieurs arrestations spectaculaires.

Le 18 avril 2013, Antonio Indjal, le chef d’état-major des armées de Guinée-Bissau, un pays livré aux mafias de la drogue, est inculpé par les Etats-Unis de complot de narcoterrorisme. Ce gradé est accusé par la DEA d’avoir conspiré pour stocker puis transporter des stupéfiants.

Deux semaines auparavant, l’ancien chef de la marine de Guinée, José Bubo Na Tchuto, avait été arrêté par la DEA au Cap-Vert, un autre pays africain connu pour accueillir de gros chargements de cocaïne, puis inculpé aux Etats-Unis. Enfin, le 25 juillet 2013, le chef de la police du Sénégal, Abdoulaye Niang, est relevé de ses fonctions par les autorités de son pays suite aux accusations d’un trafiquant notoire.

Du hash au crack-cocaïne

Les routes de la drogue évoluent en permanence.

Les voies d’accès sont sans cesse modifiées. Autant hier, les ports africains de l’Atlantique et des aéroports improvisés dans le Sahara étaient privilégiés, autant aujourd’hui, le transport des stupéfiants se fait via des containers, par plus petites quantités.

La première des drogues à transiter par le Sahel aura été le haschich. Le Maroc, avec 7,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 10% de son PIB, en est le principal fournisseur.

Une partie de cette production prend la direction de l’Espagne, par des convois de trois ou quatre voitures baptisés « go-fast », pour gagner les banlieues françaises à vive allure. Le reste de la résine marocaine se dirige vers le sud du pays, puis vers le Mali, le Niger et le Bénin, pour rejoindre les destinations lointaines comme le Golfe et le Moyen-Orient.

En 2005, la cocaïne sud-américaine fait une entrée spectaculaire dans la région. Les cartels colombiens contournent les ports européens, trop contrôlés, pour transiter par l’Afrique sahélienne. La région présente plusieurs avantages : une population locale peu solvable et donc non consommatrice de cocaïne, des routes déjà tracées pour transporter des marchandises illicites, des Etats faillis qui ferment les yeux. Les trafiquants de Colombie et du Pérou ont racheté des îles entières en Guinée-Bissau, un Etat totalement mafieux où les trafiquants évoluent comme chez eux. Leurs avions chargés de drogue gagnent les pistes d’atterrissage que les Américains avaient construites pendant la Seconde Guerre mondiale. Le Nigeria et la Guinée-Conakry offrent également de nombreux ports d’accès hospitaliers pour les mafias en tous genres.

Rien qu’entre 2005 et 2008, 46 tonnes de cocaïne sont saisies en Afrique de l’Ouest. Ces chiffres ont quadruplé aujourd’hui. 40 tonnes de cocaïne sont destinées chaque année à l’Europe, qui représente 26% de la consommation mondiale et 34 milliards de dollars de chiffre d’affaires.

Après le haschich et la cocaïne, l’héroïne produite en Afghanistan commence à envahir, depuis 2009, les pays du Sahel. Cette fois, c’est l’Afrique de l’Est qui reçoit les containers venus d’Asie, d’après Pierre Lanaque, représentant de l’Office de l’ONU contre la drogue et le crime (ONUDC). D’après ce spécialiste, « des échanges héroïne contre cocaïne » se produisent « entre les groupes basés en Afrique de l’Est et ceux d’Afrique de l’Ouest ».

L’Afrique n’est plus seulement une zone de transit, mais aussi une zone de production. Cinq laboratoires de fabrication d’amphétamine à destination de l’Asie du Sud-est ont été démantelés au Nigeria, pays préféré des gangs de trafiquants.

La mondialisation de la voyoucratie précède de loin la prise de conscience des Etats démocratiques. Or le commerce de la drogue, avec les ressources occultes qu’il draine, est un terreau favorable au développement de mouvements violents. Ce n’est pas un hasard si c’est dans le premier pays africain producteur de drogues dures, le Nigeria, que le péril djihadiste, sous la forme du mouvement Boko Haram (« l’Education à l’occidentale est un péché »), est le plus palpable.

Des Etats passoires

Face à cette gangrène, les Occidentaux restent passifs. Lorsqu’un officier chargé de la lutte antidrogue raconte que Bamako est devenu la plaque tournante mondiale de la drogue lors d’un déjeuner à l’ambassade de France en 2007, personne ne réagit.

« Il nous faisait un tableau sidérant, explique Danièle Rousselier, à l’époque attachée culturelle à l’ambassade, les informations me paraissaient capitales, mais j’étais la seule à m’en émouvoir. Les télégrammes diplomatiques ne reprenaient guère ces informations. »

Du moins jusqu’à l’affaire connue, en 2009, sous le nom d’« Air cocaïne ».

Un Boeing 727 avait décollé du Venezuela pour atterrir à Tarkint, au nord de la ville de Gao. L’avion aurait transporté entre deux et dix tonnes de cocaïne et sera détruit en plein désert après avoir été vidé de sa cargaison. Les Maliens soupçonnés sont immédiatement blanchis par la présidence. Certains sont même promus au Haut Conseil territorial, l’équivalent de notre Sénat. En 2011, deux ans après les faits, un malheureux français est arrêté, sans preuve. Son tort est de s’être rendu à l’aéroport de Bamako et de s’être intéressé à l’heure d’arrivée de ce fameux avion, qui devait finalement être détourné. La diplomatie française s’est mobilisée pour faire relâcher ce bouc émissaire.

Personne ne peut ignorer que des passerelles existent au Mali entre les plus hautes autorités des Etats, les cartels de trafiquants et les « narcoterroristes » qui financent leur djihad avec la dîme qu’ils prélèvent sur ces convois clandestins.

Un document des douanes maliennes fort instructif datant de 2012 illustre bien, à lui seul, les connivences de l’administration locale avec les trafics. Le bilan des saisies de stupéfiants, tel qu’il a été transmis à l’Organisation mondiale des douanes, n’est pas lourd. En une année, seize saisies seulement ont été effectuées, dont onze de cannabis et une seule de cocaïne, pour un poids total de 784 kilos.

Après les interpellations, la moitié seulement des trafiquants a été retenue. Ce bilan est dérisoire lorsqu’on sait que désormais, près d’un tiers de la cocaïne mondiale transite par le Sahel.

« Le trafic a érodé le système douanier en raison de la corruption et de la collusion entre les contrebandiers et les officiels », écrit Wolfram Lacher dans une passionnante étude de la Fondation Carnegie datant de septembre 2012.

Sur le territoire algérien que sillonnent de nombreuses cargaisons de stupéfiants, les contrôles sont légers et la répression rare. Les trafiquants s’approvisionnent en carburant pas cher en traversant la frontière qui sépare le Mali et la Mauritanie de l’Algérie, sous l’œil bienveillant de militaires algériens.

« Nous infiltrons les réseaux de trafiquants aussi bien en Mauritanie qu’au Mali, explique un diplomate algérien. Il faut éviter que les trafiquants ne s’érigent en contre-pouvoir face aux Etats. Le deal est clair : vous ne faites pas de politique, et nous fermons les yeux sur vos trafics 5. »

Accessoirement, le partage des profits permet aux militaires relégués dans le Sud algérien d’arrondir leurs fins de mois. Dans son roman policier « Panique à Bamako », le corrosif inventeur des SAS, Gérard de Villiers, est un des rares à lâcher le morceau avec l’humour qui est le sien.

Une Algérienne généreuse de ses charmes, Malika Ahmar, constitue le lien entre les trafiquants de drogue et les militaires algériens. Le célèbre héros de son livre, Malko, tombe sous le charme de cette correspondante du DRS (services algériens). Le créateur de SAS puise ses informations, depuis des années, auprès d’éminentes personnalités des services français. Le rôle des Algériens dans ces trafics n’est pas le seul fruit de son imagination.

Complicités mauritaniennes

La Mauritanie profite des retombées de l’économie de la drogue davantage encore que l’Algérie. L’implication des plus hauts dirigeants dans de telles mafias ne date pas d’aujourd’hui. Durant la dictature d’Ould Taya, qui régna de 1984 à 2005, le pouvoir prélevait sa dîme sur l’ensemble des trafics qui avaient lieu en territoire mauritanien, haschich, armes et cigarettes. Cet « impôt » alimentait une cagnotte secrète qui permettait au chef de l’Etat d’acheter la paix sociale lorsque certaines tribus commençaient à bouger.

Dès la fin des années 90, des accords s’étaient dessinés entre des représentants du régime mauritanien, les djihadistes algériens, regroupés à l’époque au sein du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), et les combattants du Polisario, las de cette guerre sans fin avec le Maroc pour la reconquête du Sahara.

Après le coup d’Etat en 2005 contre le dictateur corrompu qu’était Ould Taya, les arrestations de trafiquants se sont multipliées. Trois ans plus tard, l’arrivée au pouvoir du général Aziz, qui fit ses classes à l’époque de la dictature, se solde par l’élargissement des principaux suspects.

« Durant l’année 2010, écrit le chercheur Simon Julien, les autorités mauritaniennes ont opéré près de 276 arrestations de trafiquants de drogue, dont 202 ressortissants étrangers. Pourtant les 103 opérations de police menées n’ont permis la saisie que de 20 kilogrammes de cocaïne et de 1,2 tonne de chanvre indien. »

C’est peu ! Les « mafias d’Etat », comme les appelle notre chercheur, sont constituées « de segments venus du monde des affaires, de la haute administration, de la parentèle et du premier cercle d’amitié du président et de personnes issues du monde politique ». Ces réseaux sont pour beaucoup dans l’impunité générale qui se manifeste à Nouakchott. Le 15 février 2011, Aziz libère par décret plusieurs trafiquants, dont Eric Walter Amegan, extradé du Sénégal vers Nouakchott où il devait être jugé. Le décret présidentiel du 15 février 2011, fait étrange, n’est jamais paru au Journal officiel.

Un autre trafiquant notoire, Sidi Ahmed Ould Taya, officiellement commissaire de police chargé de la coordination avec Interpol, est lui aussi relâché, à la demande de la présidence.

Interrogé sur la situation au Sahel sur la chaîne Arte, le député écologiste Noël Mamère affirmait que le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz était impliqué dans des affaires de trafic de drogue :

« Est-ce que vous imaginez que les djihadistes vont disparaître et qu’ils ne vont pas se réfugier en Mauritanie, où il y a un président qui est le parrain d’un trafic de drogue par exemple ? »

Cette déclaration fracassante a fait l’effet d’une bombe en Mauritanie. Interrogé par le site mauritanien d’information Mauriweb, le député français réitère ses accusations :

« Les propos que j’ai tenus concernant le président de la Mauritanie ne font que confirmer ce qui est de notoriété publique. »

En effet, les relations du président mauritanien avec Hamdi Boucharaya, consul général de Guinée-Bissau, plaque tournante du trafic de la région, sont avérées.

« On ne compte plus, poursuit Noël Mamère, les visites de ce dernier au palais présidentiel de Nouakchott. C’est véritablement un secret de polichinelle que de savoir qu’il a pignon à la présidence mauritanienne et que le président Aziz ne lésine pas sur les marchés publics attribués en sa faveur. »

Et ce n’est pas tout. Le 15 décembre 2010, Aziz avait reçu officiellement Antonio Indjai, l’actuel chef d’état-major des armées de Guinée-Bissau, inculpé officiellement par la DEA le 18 avril 2013 pour trafic de drogue et d’armes.

Si la France s’était intéressée un peu au marché de la drogue au Sahel, l’ignorance des services de l’Etat serait moins grande sur l’acheminement de stupéfiants sur le marché hexagonal.

« Au fond, reconnaît un des patrons des douanes à Bercy, nous ignorons comment les drogues parviennent d’Afrique vers leur destination finale en Europe. Nous savons que le Sahel est approvisionné depuis le Maroc ou l’Amérique du Sud. Il faudrait chercher par quelles voies ces cargaisons arrivent sur le marché européen via l’Espagne, les Balkans, la Grèce, à l’exception du haschich marocain qui est bien tracé. Le port de Marseille, par exemple, est une véritable boîte noire. »

Dans la cité phocéenne, la plupart des règlements de compte sanglants (vingt-quatre victimes pour la seule année 2012, un nombre équivalent d’assassinats pour l’année 2013) sont dus à des guerres de territoires entre gangs de trafiquants. La fin de l’impunité pour les assassins qui courent les rues marseillaises commence par le renforcement de la lutte contre les grandes mafias sahéliennes, dont la France est un des débouchés.

Encore faudrait-il connaître les routes que prend la drogue. Or, confronté à la rigueur budgétaire, le ministère de l’Intérieur stabilise les effectifs de l’Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants (OCTRIS) et réoriente les enquêteurs vers le travail de terrain dans les banlieues. La décision, voici deux ans, d’envoyer un douanier français dans chacune des capitales du Sahel, Bamako, Niamey et Nouakchott, constitue une initiative dérisoire face à l’ampleur des trafics et à l’impuissance des États concernés. Le gouvernement français doit admettre l’idée simple que les stupéfiants n’arrivent pas de nulle part.

Le Pacte national contre les trafics de drogue réclamé par le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, suppose d’investir des moyens importants pour comprendre la géopolitique des stupéfiants et de s’attaquer enfin aux réseaux mafieux.

Infos pratiques
« Papa Hollande au Mali »
De Nicolas Beau

http://leblogalupus.com/2014/11/09/coke-a-tous-les-etages-au-sahel-les-occidentaux-passifs/

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Le gros problème avec les stupéfiants, ce n'est pas tant les consommateurs que les dealers.

L'approche naïve est donc de se dire "Criminalisons la vente et la production mais non la consommation", puisque c'est du deal que provient la majeure partie des maux. C'est ce qui a été fait au Portugal.

Le problème étant que le vecteur des maux n'est pas ce que l'on voit (le deal et ses externalités), mais ce que l'on ne voit pas : la prohibition. Mais le reconnaître, aucun politique ne s'y osera.

En dépénalisant possession et consommation, et en gardant la prohibition en place, on ne résous qu'une infime partie du problème. On évite certes d'avoir des innocents en prison, ce qui est toujours bon à prendre, mais on ne pallie pas aux problèmes causés par la prohibition : un commerce sous-terrain dont les acteurs, puisque hors-la-loi, n'hésitent pas à régler leurs comptes par eux-même, s'imposer sur des territoires par la force et non la concurrence, voler ou saccager les propriétés de ceux qui gênent leurs affaires...

De là à dire qu'il s'agit d'un bon début... j'hésite. Car en gardant la prohibition, et donc la violence relative au marchés "illégaux", on ne se place pas à l'abri d'avoir un politicien tête-de-con (pléonasme) qui déboulera en expliquant que la dépénalisation n'a rien changé —voire aggravé le phénomène— et qu'il est donc nécessaire de revenir dessus.

Un pas dans la bonne direction donc, mais si petit qu'il est négligeable, et si hésitant qu'il me donne l'impression qu'il sera plutôt suivi de deux pas en arrière qu'un grand saut en avant.

— Captain Obvious est passé par là, ne le remerciez pas. —

 

Effectivement je pense aussi que la prohibition est le problème majeur. Elle appauvrit les petits cultivateurs. Prenons les cultivateurs d'herbe en Jamaïque et au Maroc. Souvent très pauvres, la prohibition les empêche de vendre leur production sur le marché local. Supprimer la prohibition améliorait considérablement leur situation financière.

 

   

 

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Si les USA légalisent tout, les flux vont s'inverser, mais c'est une bonne chose.

Pas forcément.

En cas de légalisation, les transferts de drogues vont s'interrompre et tous leur environnement violent avec. Il n'y aura plus d'argent pour payer des tueurs et corrompre. Il n'y aura plus à corrompre pour alimenter le marché US.

Il restera en revanche le nécessaire pour alimenter les consommateurs locaux. Certains feront leur shopping aux USA d'ailleurs. Ils auront accès à un produit de qualité et sans se ruiner.

Je doute que l'on puisse seulement parler d'inversion de flux. Ce qui compte, c'est la nature de celui-ci. On passerait à un flux massif tenu par des milices à même d'attaquer la police au grand jour à un flux d'approvisionnement familial.

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Et l'état avec toutes les taxes.

Une de mes connaissances est tout à fait d'accord avec moi sur les méfaits de la prohibition. Il est d'accord pour la vente libre mais il veut une taxe particulière.

Quand je lui demande pourquoi, il répond "il faut une taxe." C'est tout. Pas d'analyse mais un réflexe "il faut une taxe".

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paradoxalement je ne suis pas forcement pour la légalisation de toutes les drogues. Par exemple la cocaïne et l'héroïne...Certainement il me semble qu'il serait judicieux d'ouvrir des salles de shoot où les personnes dépendantes à ces produits peuvent trouver des seringues propres, des produits de substitution, une écoute, des conseils et éventuellement une aide...en quelque sorte humaniser cette consommation.

Bah. Au début du 20ème, coke et héro étaient en vente libre (libre, oui), et ... rien.
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Bah. Au début du 20ème, coke et héro étaient en vente libre (libre, oui), et ... rien.

Et rien ne prouve que c'est nocif (enfin le produit tel que, pas la merde vendu sous cette appelation):

 

"Il est en fait impossible de trouver des preuves scientifiques étayant l'assertion selon laquelle l'héroïne porterait préjudice au corps ou à l'esprit de ses consommateurs. Selon une étude datant de 1965 et menée à New York par le Dr Richard Brotman, "la médecine a depuis longtemps enterré le mythe selon lequel les opiacés seraient manifestement nocifs pour le corps". "

 

http://cannabis.free.fr/analyses/guardian_legalise.html

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Effectivement je pense aussi que la prohibition est le problème majeur. Elle appauvrit les petits cultivateurs. Prenons les cultivateurs d'herbe en Jamaïque et au Maroc. Souvent très pauvres, la prohibition les empêche de vendre leur production sur le marché local. Supprimer la prohibition améliorait considérablement leur situation financière.

 

Si la prohibition en occident est abolie, ils perdent leur marché.

 

Pas forcément.

En cas de légalisation, les transferts de drogues vont s'interrompre et tous leur environnement violent avec. Il n'y aura plus d'argent pour payer des tueurs et corrompre. Il n'y aura plus à corrompre pour alimenter le marché US.

Il restera en revanche le nécessaire pour alimenter les consommateurs locaux. Certains feront leur shopping aux USA d'ailleurs. Ils auront accès à un produit de qualité et sans se ruiner.

Je doute que l'on puisse seulement parler d'inversion de flux. Ce qui compte, c'est la nature de celui-ci. On passerait à un flux massif tenu par des milices à même d'attaquer la police au grand jour à un flux d'approvisionnement familial.

 

A part les canadiens qui fera son shopping familial aux USA ? Non si les USA légalisent tout ils vont exporter en masse vers l’Europe et l'Asie, mais c'est cool.

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Je ne voyais pas l'inversion de flux sous cet angle. Ma réflexion se bornait à la route des drogues que traverse le Mexique.

Ta remarque en appelle une autre :

La pertinence de l'analyse de légalisation doit se faire sur une grande population. Prendre en exemple un petit pays peut conduire en erreurs d'interprétation.

En revanche, suivre la situation d'un pays qui pèse aujourd'hui dans le marché mondial et qui a suffisamment de place pour avoir des cultures et être autonome, c'est garantir la qualité des observations.

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1.Je ne voyais pas l'inversion de flux sous cet angle. Ma réflexion se bornait à la route des drogues que traverse le Mexique.

2.Ta remarque en appelle une autre :

La pertinence de l'analyse de légalisation doit se faire sur une grande population. Prendre en exemple un petit pays peut conduire en erreurs d'interprétation.

En revanche, suivre la situation d'un pays qui pèse aujourd'hui dans le marché mondial et qui a suffisamment de place pour avoir des cultures et être autonome, c'est garantir la qualité des observations.

 

1.C'est de ma faute, c'est vrai "qu'inversion des flux" ne représentait pas bien mon idée.

 

2.Tu veux dire que si on réfléchit "légalisation drogue USA" il faut réfléchir aux conséquences sur le monde entier et pas juste aux USA ?

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