Aller au contenu

Alexandre Soljénitsyne : En finir avec l'idéologie


Ronnie Hayek

Messages recommandés

Vient de paraître :

Présentation de l'éditeur

" C'est avec le cœur pur et une intelligence de bonne foi, écrit Alain Besançon dans son avant-propos, que Daniel Mahoney est parti à l'assaut du massif soljénitsynien. " De fait, son essai original et chaleureux rend justice à la réflexion politique de Soljenitsyne, riche de nuances et d'humanité. Contrairement à ce qu'ont affirmé les élites soi-disant progressistes en Occident, le prix Nobel de littérature ne condamne nullement le monde moderne au profit d'un conservatisme slavophile. Simplement, il se refuse à assimiler le progrès moral au développement technologique, s'inscrivant ainsi à la fois dans le grand héritage littéraire et intellectuel russe et dans la tradition de Platon et d'Aristote, de Burke et de Tocqueville. Par là, il a été le plus éloquent pourfendeur de l'idéologie qui a endeuillé le XXe siècle, et son message n'a rien perdu de son actualité pour une humanité en quête de sens. Alexandre Soljenitsyne est décédé le 3 août 2008 alors que l'ouvrage de Daniel J. Mahoney était sous presse.

Biographie de l'auteur

Daniel J. Mahoney est professeur de philosophie politique à Assumption College, près de Boston. Spécialiste américain de la pensée française, il a écrit sur de Gaulle, Bertrand de Jouvenel et Raymond Aron. Il a reçu en 1999 le prix Raymond Aron.

Critique du livre disponible ici : http://www.hommenouveau.fr/index.php?id_categorie=11

Lien vers le commentaire

Un regard peu flatteur.

Sur le grand écrivain qu'il fut.

Comme Victor Sonkine, éditorialiste littéraire pour la section "Contexte" du Moscow Times et professeur d'études de la culture à l'Université d'Etat de Moscou l'a écrit dans son commentaire :

"Soljénitsyne ne comprenait que superficiellement la société occidentale, et bien des choses alarmantes qu'il en a dites n'étaient tout simplement pas exactes. Rejetant le 'mauvais totalitarisme' de type soviétique, Soljénitsyne mettait en avant une espèce de 'bon totalitarisme', comme s'il pouvait exister une telle chose dans le monde."

Voilà qui promet de faire polémique.

PH2007061200876.jpg

http://docs.google.com/View?docid=dc2m8p62_237c4mx33dk

Lien vers le commentaire
Un regard peu flatteur.

Sur le grand écrivain qu'il fut.

Comme Victor Sonkine, éditorialiste littéraire pour la section "Contexte" du Moscow Times et professeur d'études de la culture à l'Université d'Etat de Moscou l'a écrit dans son commentaire :

"Soljénitsyne ne comprenait que superficiellement la société occidentale, et bien des choses alarmantes qu'il en a dites n'étaient tout simplement pas exactes. Rejetant le 'mauvais totalitarisme' de type soviétique, Soljénitsyne mettait en avant une espèce de 'bon totalitarisme', comme s'il pouvait exister une telle chose dans le monde."

Voilà qui promet de faire polémique.

Ben voyons, je me demande bien où Soljenitsyne a mis en avant un "bon totalitarisme"… Je crois, en outre, que l'écrivain récemment décédé a bien mieux compris la société occidentale que nombre d'Occidentaux bouffis d'autosatisfaction et repus dans leur confort matériel et intellectuel.

Lien vers le commentaire
Je connais l'auteur de nom.

Pour ce livre-ci, je suppose ?

EDIT : bibliographie de Daniel J. Mahoney

http://www.assumption.edu/about/meetfac/facbios/mahoney.html

(Je vois qu'il a également écrit sur de Gaulle.)

Ce bouquin a l'air fort intéressant !

Il l'est. L'auteur essaie en particulier de dissiper les malentendus relatifs aux positions de Soljenitsyne. Il rappelle notamment que, bien qu'il ait soutenu la poursuite de la guerre en Tchétchénie par Poutine (alors qu'il en avait dénoncé la conduite sous Eltsine, qu'il méprisait cordialement), Soljnetsyne n'était pas aussi tendre envers Vlad l'empaleur qu'on le croit, lui reprochant son dédain pour le self-governement. En effet, le romancier - loin de souhaiter un retour du régime impérial - souhaitait que la Russie se dirigeât vers une sorte de régime mixte : pouvoir présidentiel "gaullien" combiné à une forte implantation démocratique locale (cf. l'expérience prérévolutionnaire du zemstvo). Et de rappeler la profonde estime que Soljenitsyne nourrissait envers Stolypine (haï aussi bien sur sa droite que sur sa gauche), soucieux de faire de la Russie une terre de propriétaires et d'assouplir nombre de dispositions légales vexatoires et iniques (notamment envers les juifs).

Mahoney tient aussi à souligner l'acuité de la vision que l'écrivain avait des erreurs métaphysiques produites au cours des temps modernes, et notamment celle d'un humanisme dévoyé car anthropocentrique et expulsant la foi de la vie publique. Sur cette base, l'idéologie et le totalitarisme n'ont pu que prospérer.

Par ailleurs, il nie les accusatons de "panslavisme" ou de fanatisme slavophile chez Soljenitsyne (tout en admettant certains excès et erreurs de jugement). De manière convaincante, Mahoney rappelle la dette intellectuelle de l'écrivain envers le meilleur de la pensée occidentale : Aristote, saint Thomas d'Aquin, Erasme, Burke, Tocqueville et d'autres encore. Les avertissements - qualifiés parfois avec ironie d'emphatiques ou d'apocalyptiques - que délivra ce grand témoin du siècle dernier sont donc à considérer dans cette perspective d'attachement à ce que la culture européenne a pu offrir de plus sain et de plus juste moralement (et de comparer à cet égard l'évolution entre le discours de Harvard en 1978 et celui prononcé en 1993 au Liechtenstein). Au passage, je signale que Mahoney raille le provincialisme culturel… régnant aux USA, où l'indifférence envers Soljenitsyne est bien plus grande qu'en France.

De façon générale, l'image que Mahoney donne de Soljenitsyne est celle d'un homme profondément modéré, ayant parfaitement saisi à quelles catastrophes politiques, sociales et surtout morales conduit la démesure idéologique.

EDIT 2 : l'essayiste participe aussi au City Journal. Il a notamment écrit cette intéressante recension des mémoires de Václav Havel. L'extrait ci-dessous montre combien l'écrivain et homme d'État tchèque partage certaines préoccupations de feu Soljenitsyne :

Responding to his critics on the Right—represented above all by the Civic Democratic Party of Václav Klaus, Havel’s principal rival and detractor in the 1990s and his successor as president of the Czech Republic—the old dissident points out the subterranean bonds connecting “market fundamentalists” who ignore the moral foundations of the free society with their Communist enemies. In their facile dismissal of moral imperatives and their reduction of politics to an essentially economic problem, they perpetuate some of the core pathologies of the totalitarian Left, Havel believes.
Lien vers le commentaire
Pour ce livre-ci, je suppose ?

EDIT : bibliographie de Daniel J. Mahoney

http://www.assumption.edu/about/meetfac/facbios/mahoney.html

(Je vois qu'il a également écrit sur de Gaulle.)

Il l'est. L'auteur essaie en particulier de dissiper les malentendus relatifs aux positions de Soljenitsyne. Il rappelle notamment que, bien qu'il ait soutenu la poursuite de la guerre en Tchétchénie par Poutine (alors qu'il en avait dénoncé la conduite sous Eltsine, qu'il méprisait cordialement), Soljnetsyne n'était pas aussi tendre envers Vlad l'empaleur qu'on le croit, lui reprochant son dédain pour le self-governement. En effet, le romancier - loin de souhaiter un retour du régime impérial - souhaitait que la Russie se dirigeât vers une sorte de régime mixte : pouvoir présidentiel "gaullien" combiné à une forte implantation démocratique locale (cf. l'expérience prérévolutionnaire du zemstvo). Et de rappeler la profonde estime que Soljenitsyne nourrissait envers Stolypine (haï aussi bien sur sa droite que sur sa gauche), soucieux de faire de la Russie une terre de propriétaires et d'assouplir nombre de dispositions légales vexatoires et iniques (notamment envers les juifs).

Mahoney tient aussi à souligner l'acuité de la vision que l'écrivain avait des erreurs métaphysiques produites au cours des temps modernes, et notamment celle d'un humanisme dévoyé car anthropocentrique et expulsant la foi de la vie publique. Sur cette base, l'idéologie et le totalitarisme n'ont pu que prospérer.

Par ailleurs, il nie les accusatons de "panslavisme" ou de fanatisme slavophile chez Soljenitsyne (tout en admettant certains excès et erreurs de jugement). De manière convaincante, Mahoney rappelle la dette intellectuelle de l'écrivain envers le meilleur de la pensée occidentale : Aristote, saint Thomas d'Aquin, Erasme, Burke, Tocqueville et d'autres encore. Les avertissements - qualifiés parfois avec ironie d'emphatiques ou d'apocalyptiques - que délivra ce grand témoin du siècle dernier sont donc à considérer dans cette perspective d'attachement à ce que la culture européenne a pu offrir de plus sain et de plus juste moralement (et de comparer à cet égard l'évolution entre le discours de Harvard en 1978 et celui prononcé en 1993 au Liechtenstein). Au passage, je signale que Mahoney raille le provincialisme culturel… régnant aux USA, où l'indifférence envers Soljenitsyne est bien plus grande qu'en France.

De façon générale, l'image que Mahoney donne de Soljenitsyne est celle d'un homme profondément modéré, ayant parfaitement saisi à quelles catastrophes politiques, sociales et surtout morales conduit la démesure idéologique.

EDIT 2 : l'essayiste participe aussi au City Journal. Il a notamment écrit cette intéressante recension des mémoires de Václav Havel. L'extrait ci-dessous montre combien l'écrivain et homme d'État tchèque partage certaines préoccupations de feu Soljenitsyne :

Oui, je connaissais bien ce bouquin sur Aron, sorti au début des années 2000.

A propos de Stolypine, j'avais effectivement été fort frappé par l'admiration que semblait lui porter l'auteur de l'Archipel du Goulag.

On a d'alleurs souvent écrit que si l'intéressé n'avait pas été assassiné en 1911, il aurait pu aider le Tsar à éviter l'escalade de juillet 1914 …

Maintenant, il faut reconnaître que mis à part pour les historiens, le nom de Stolypine n'a plus rien d'évocateur.

C'est un peu comme si j'écrivais qu'August Beerrnaert avait empiriquement trouvé le bon point d'équilibre entre l'Etat minimal du début de la Révolution industrielle et l'Etat interventionniste d'après 1914 … qui comprendrait ???

Lien vers le commentaire
  • 5 weeks later...

@Ronnie: merci pour cet excellent compte-rendu. Tu m'as convaincu d'acheter le bouquin qui m'a l'air effectivement passionnant.

Responding to his critics on the Right—represented above all by the Civic Democratic Party of Václav Klaus, Havel’s principal rival and detractor in the 1990s and his successor as president of the Czech Republic—the old dissident points out the subterranean bonds connecting “market fundamentalists” who ignore the moral foundations of the free society with their Communist enemies. In their facile dismissal of moral imperatives and their reduction of politics to an essentially economic problem, they perpetuate some of the core pathologies of the totalitarian Left, Havel believes.

Cette critique havélienne de Klaus, dépeint en marchéiste fanatique, est un pur straw man, ce dernier étant un authentique libéral-conservateur:

http://en.wikiquote.org/wiki/V%C3%A1clav_Klaus

Dear electors, if you long for such morrows, where your free election is controled and everyone, who dares to put forth his own opinion, is threatened, then I am surely a man of yesterday. If you feel fine in atmosphere of enmity, hostility, conflict, slur and stultification, I cannot be yours candidate, because in whole my political career I strived for fair political competition and finding of consensus; and I always denied crudeness and offences. If you don't want to respect tradition of our civilisation, hers christian values, emphasis on classic family and respect to every man's life, don't elect me, because I respect these values. If you want to live in future made of fashion-fads, when smoking will be prohibited, but drugs'll be tolerated, when wedlock will be instute of extinction and only couples to registration will be going to town-hall [to get married], when we will mercifully deprive old and patient of life, when they will prescribe to us, what to eat, drink, and how to speak; then this is not my programme. This is not my view of future… (2008)
Lien vers le commentaire
  • 2 years later...

Oh, il y a été un instant.

Le contributeur rusé le "flash" quelques secondes pour générer une dépendance subliminale.

Encore un peu de patience alors. Je sais que c'est dur, mais qu'est-ce que ça va en valoir la peine après.

Lien vers le commentaire

Quel bonheur de trouver un sujet sur Soljenitsyne ! et d'y trouver des propos un peu plus intéressants que " quel alcolo" ou " oui mais dans les tanks connaissent la vérité et ses discours aux dirigeants de l'URSS il était quand même vachement réac, antisémite et conservateur "

Evidemment, pendant que Sartre disait que tout anti-communiste est un chien et que la liberté de critique est pleine et entière en URSS, le type écrivait un méga-bouquin en enterrant et cachant des notes format post-it au 4 coins de la Sibérie . C'est un peu plus compliqué comme ambiance de travail que les cafés de Montmartre ! Mais ça permet d'avoir un peu de recul sur l'histoire et les hommes, et de ne pas raconter que des conneries, loin de là !

Mais en 2011, Sartre est tjs un génie et Soljenitsyne un barbu alcolique et nationaliste . Merci la gauche parisiano-bobo-politico-littéraire .

Lien vers le commentaire
Lecture plaisante.

J'y vois un lien - peut-être incongru ? - avec le Prix Nobel de la paix (le monsieur chinois) dans son texte sur "l'ennemi".

Je ne connais pas. Lien Source ?

Lien vers le commentaire
Source ?

:icon_up:

http://www.courrierinternational.com/artic…i-pas-d-ennemis

La notion d'ennemi, fil rouge de sa déclaration.

Aujourd’hui, à plus de 50 ans, je suis une nouvelle fois mis au banc des accusés par un pouvoir obnubilé par l’idée de “l’ennemi”. Cependant, je veux malgré tout dire à ce régime qui m’a privé de ma liberté que je reste fidèle à mon credo, exprimé il y a vingt ans dans ma déclaration lors de la grève de la faim du 2 juin : je n’ai pas d’ennemis, ni de haine.
Lien vers le commentaire

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×
×
  • Créer...