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Zeev Sternhell, victime d'un attentat


Ronnie Hayek

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http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2008/09/25/l-historien-israelien-zeev-sternhell-vise-par-un-attentat_1099251_3218.html

L'historien israélien Zeev Sternhell visé par un attentat

L'historien israélien Zeev Sternhell, professeur de sciences politiques à l'université hébraïque de Jérusalem, connu pour sa vive opposition à la construction de colonies en Cisjordanie, a été légérement blessé, jeudi 25 septembre, par un engin explosif devant chez lui. La police a dit soupçonner les milieux ultranationalistes israéliens d'être responsables de l'agression. Selon Radio Israël, des tracts ont été retrouvés sur les lieux, proposant une récompense d'un million de shekels (200 136 euros) à quiconque tuera un membre de l'organisation pacifiste israélienne La Paix maintenant, qui s'oppose à la colonisation par des juifs des territoires conquis au cours de la guerre des Six-Jours, en 1967.

Zeev Sternhell, né en Pologne en 1935, a survécu à l'occupation allemande et à l'extermination des juifs du pays. Il rejoint Israël en 1951. Il publie régulièrement des tribunes dans le quotidien israélien Haaretz. Il a pris des positions en flèche ces dernières années contre le camp ultranationaliste en Israël et la colonisation et prône un compromis pour faire la paix avec les Palestiniens.

Dans un article qui avait provoqué une vive polémique, il avait affirmé : "si les Palestiniens faisaient preuve de plus de clairvoyance, ils concentreraient leurs actions contre les colonies au lieu de s'en prendre à des femmes et des enfants" en territoire israélien. Récemment, il s'est prononcé contre le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza, jugeant cette mesure "immorale et inefficace". Le Prix d'Israël, la récompense civile la plus prestigieuse du pays, lui a été remis en 2008, ce qui avait déclenché des critiques d'une partie de la droite et de l'extrême droite.

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http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2008/09/25/l-historien-israelien-zeev-sternhell-vise-par-un-attentat_1099251_3218.html

Hé ben… Et après, on dira que seuls les Palestiniens recourent à la violence.

De plus, si un million de shekels est proposé pour le meurtre de tout membre de l'organisation (pourtant sioniste) La Paix Maintenant, on peut se demander à combien se monte la récompense qu'obtiendra celui qui tuera un rabbin de Neturei Karta.

Pathétique… :icon_up:

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http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2008/09/25/l-historien-israelien-zeev-sternhell-vise-par-un-attentat_1099251_3218.html

Hey ! ce n'est pas parce que ses livres sont très franchement malhonnêtes qu'il faut le tuer ! Terroristes, laissez "Steev" tranquille !

C'est à ses camarades universitaires de le lyncher !

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Hey ! ce n'est pas parce que ses livres sont très franchement malhonnêtes qu'il faut le tuer ! Terroristes, laissez "Steev" tranquille !

C'est à ses camarades universitaires de le lyncher !

"Malhonnêtes", "malhonnêtes", comme vous y allez… Par certains côtés, fort discutables et criticables (je pense à son ouvrage récent consacré aux anti-Lumières), mais ceux qu'il a consacrés à la droite révolutionnaire française sont précieux (même si ces interprétations ne sont pas toujours convaincantes).

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"Malhonnêtes", "malhonnêtes", comme vous y allez… Par certains côtés, fort discutables et criticables (je pense à son ouvrage récent consacré aux anti-Lumières), mais ceux qu'il a consacrés à la droite révolutionnaire française sont précieux (même si ces interprétations ne sont pas toujours convaincantes).

Faire de l'Action Française la matrice du fascisme, et du fascisme une réaction contre les Lumières, déclaration qu'on retrouve chez Sternhell (plutôt à gauche) comme chez Nolte (plutôt à droite) me paraît très franchement malhonnête. J'ai juste eu l'occasion de parcourir son dernier ouvrage sur les anti-lumières (il y fait d'ailleurs un très curieux panégyrique de M Oakeshott, à croire qu'il oublie sa critique du rationalisme des Lumières radicales et kantiennes, ses écrits sur les ratés de la morale de l'individualité ou de la politics of faith ), mais ça ne m'a pas incité à le lire.

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Faire de l'Action Française la matrice du fascisme

Il ne dit rien de tel, il explique que le fascisme est un phénomène hybride, dont le moteur est la synthèse du nationalisme et du néo-socialisme, c'est-à-dire ce qu'il appelle une révision anti-matérialiste du marxisme (Déat par exemple) et d'autre part que la France fut le lieu où a couvé idéologiquement ce phénomène depuis la fin du XIXè (Sorel par exemple). Et cette dernière hypothèse est très féconde, si on l'examine à la lumière des faits concomitants à la propagation de cette idéologie.

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Il ne dit rien de tel, il explique que le fascisme est un phénomène hybride, dont le moteur est la synthèse du nationalisme et du néo-socialisme, c'est-à-dire ce qu'il appelle une révision anti-matérialiste du marxisme (Déat par exemple) et d'autre part que la France fut le lieu où a couvé idéologiquement ce phénomène depuis la fin du XIXè (Sorel par exemple). Et cette dernière hypothèse est très féconde, si on l'examine à la lumière des faits concomitants à la propagation de cette idéologie.

C'est bien sa thèse. Ensuite, on peut la discuter, la contester - mais je n'y vois rien de malhonnête.

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C'est bien sa thèse. Ensuite, on peut la discuter, la contester - mais je n'y vois rien de malhonnête.

Réduire le fascisme à une sorte d'idéologisation de la contre-révolution minore son caractère moderne, c'est-à-dire postérieure à la pensée des Lumières et procédant des débats et des contenus qu'elle a elle-même posé. Sternhell défend un agenda politique et idéologique substantiel, celui de l'esprit libéral des Lumières, qui le rend aveugle sur bien des points à sa dimension illibérale (j'évoquais dans le post précédent son traitement partiel de Oakeshott dans son dernier livre. J'avoue ne plus m'en souvenir parfaitement) et aux différences entre conservatisme, contre-révolution, fascisme et nazisme.

Je n'ai sans doute pas été assez précis. Effectivement, Sternhell dit que le fascisme est un phénomène hybride, mais il soutient également que sa matrice, c'est-à-dire ce qui constituera le déclencheur de la réflexion fasciste s'est trouvé dans le giron de l'Action Française, à savoir dans l'expérience de synthèse entre nationalisme intégral et le syndicalisme révolutionnaire aux alentours de 1905, au sein du cercle Proudhon. On appel ça au choix : un illusion rétrospective ou téléologique, qui consiste à reprendre des éléments historiques éparses pour reconstituer un phénomène apparu postérieurement (dans un autres pays, avec d'autres acteurs, d'autres références intellectuelles explicites) ; une erreur d'appréciation, si on se reporte aux ambitions théoriques fascistes tel que Mussolini les posent dans son manifeste de 1919, qui se propose principalement de tout restaurer dans l'Etat : le syndicalisme révolutionnaire mutualiste dans la lignée de Proudhon, ou l'Action Française première version (fédéraliste) ne sont pas spécialement statôlatres ; un raccourci sur l'antisémitisme commun au fascisme et à l'AF : Mais le fascisme mouvement ne devient réellement antisémite qu'à partir de 1938 ; une erreur de perspective, qui sous évalue le discours moderniste qui existe au sein du premier fascisme (mouvement), mais surévalue celui d'Action Française (qui se targue de vouloir restaurer une monarchie certes antiparlementaire, mais aussi traditionnelle et décentralisée : ce qui signifie, au début du siècle, revenir au statu quo ante); une erreur historique, s'il s'agit de circonscrire -comme le fait Nolte par ailleurs- l'Action Française à un mouvement antilibéral. Georges Valois s'est fait exclure du mouvement, Jacques Bainville est resté à sa tête jusqu'à sa mort.

Pour Sternhell, le monde se divise en trois catégories : les libéraux, les socialistes et les fascistes. Le néosocialisme, les non conformistes, les planistes, les personnalistes sont tous, ont été ou seront plus ou moins fascistes, et sa définition extensive, encore plus plastique que celle de Nolte, la vide de toute substance, de tout caractère heuristique, et donc d'intérêt. J'avoue que cet auteur m'énerve presqu'autant qu'Ernst Nolte.

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@ F. mas

En fait, je rejoins votre critique en plusieurs points, et notamment le principal défaut de la thèse de Sternhell (qu'avaient détecté plusieurs historiens - des idées ou non) : il constitue une sorte de modèle "platonicien" et a priori du fascisme, d'où il déduit différentes formes politiques, parfois convergentes parfois non (on connaît la fortune intellectuelle de ses travaux chez certain épigone français malhabile). Et, par ailleurs, la comparaison avec Nolte me semble intéressante, mais je crois que c'est le tropisme nationaliste de Nolte qui le pousse finalement à gommer quelque peu la spécificité allemande du nazisme en le rangeant avec d'autres mouvements politiques fascistes ou non.

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@ F. mas

En fait, je rejoins votre critique en plusieurs points, et notamment le principal défaut de la thèse de Sternhell (qu'avaient détecté plusieurs historiens - des idées ou non) : il constitue une sorte de modèle "platonicien" et a priori du fascisme, d'où il déduit différentes formes politiques, parfois convergentes parfois non (on connaît la fortune intellectuelle de ses travaux chez certain épigone français malhabile). Et, par ailleurs, la comparaison avec Nolte me semble intéressante, mais je crois que c'est le tropisme nationaliste de Nolte qui le pousse finalement à gommer quelque peu la spécificité allemande du nazisme en le rangeant avec d'autres mouvements politiques fascistes ou non.

Sur Nolte : je pense effectivement que Nolte défend par patriotisme l'Allemagne et cherche à faire porter le fardeau à quelqu'un d'autre (la France) : la thèse du "fascisme dans son époque" est plus outrée que celle de Sternhell, qui a d'ailleurs critiqué ses raccourcis (les deux hommes n'ont cessé de se croiser et de s'estimer, ce qui est mauvais signe). La comparaison entreprise par Nolte n'est pas entre Action Française et fascisme, mais Action Française et Nazisme. C'est d'ailleurs assez curieusement en cela que Nolte et Sternhell se retrouvent : ils privilégient tous les deux l'analyse de l'idéologie des phénomènes politiques sur leur insertion dans leur contexte historico-social, ce qui fait dire à l'historien allemand que l'idéologie d'Action Française, par sa cohérence interne, est beaucoup plus proche du nazisme que du fascisme. Mais je retrouve chez Nolte le même problème que chez Sternhell : le fascisme prend une nouvelle définition à chaque page.

Ceci étant dit, je trouve les deux auteurs contestables voire malhonnêtes mais pas complètement dépourvus d'intérêt. Je suis prêt à reconnaître l'extraordinaire érudition de Sternhell (même si c'est desservi par des postulats intenables).

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Sur Nolte : je pense effectivement que Nolte défend par patriotisme l'Allemagne et cherche à faire porter le fardeau à quelqu'un d'autre (la France) : la thèse du "fascisme dans son époque" est plus outrée que celle de Sternhell, qui a d'ailleurs critiqué ses raccourcis (les deux hommes n'ont cessé de se croiser et de s'estimer, ce qui est mauvais signe). La comparaison entreprise par Nolte n'est pas entre Action Française et fascisme, mais Action Française et Nazisme. C'est d'ailleurs assez curieusement en cela que Nolte et Sternhell se retrouvent : ils privilégient tous les deux l'analyse de l'idéologie des phénomènes politiques sur leur insertion dans leur contexte historico-social, ce qui fait dire à l'historien allemand que l'idéologie d'Action Française, par sa cohérence interne, est beaucoup plus proche du nazisme que du fascisme. Mais je retrouve chez Nolte le même problème que chez Sternhell : le fascisme prend une nouvelle définition à chaque page.

Ceci étant dit, je trouve les deux auteurs contestables voire malhonnêtes mais pas complètement dépourvus d'intérêt. Je suis prêt à reconnaître l'extraordinaire érudition de Sternhell (même si c'est desservi par des postulats intenables).

Le plus intéressant et fécond intellectuellement chez Nolte réside dans ce qu'il écrira plus tard sur la nature des relations (girardiennes, oserais-je écrire) entre bolchevisme et nazisme.

Quant à l'angle d'attaque qu'il utilise et que vous semblez contester, je pense qu'il est dû à sa formation de philosophe.

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Il ne dit rien de tel, il explique que le fascisme est un phénomène hybride, dont le moteur est la synthèse du nationalisme et du néo-socialisme, c'est-à-dire ce qu'il appelle une révision anti-matérialiste du marxisme (Déat par exemple) et d'autre part que la France fut le lieu où a couvé idéologiquement ce phénomène depuis la fin du XIXè (Sorel par exemple). Et cette dernière hypothèse est très féconde, si on l'examine à la lumière des faits concomitants à la propagation de cette idéologie.

+1

Je crois pour ma part que c'est l'analyse la plus féconde du fascisme qu'il m'ait été donné de lire.

Réduire le fascisme à une sorte d'idéologisation de la contre-révolution minore son caractère moderne, c'est-à-dire postérieure à la pensée des Lumières et procédant des débats et des contenus qu'elle a elle-même posé. Sternhell défend un agenda politique et idéologique substantiel, celui de l'esprit libéral des Lumières, qui le rend aveugle sur bien des points à sa dimension illibérale (j'évoquais dans le post précédent son traitement partiel de Oakeshott dans son dernier livre. J'avoue ne plus m'en souvenir parfaitement) et aux différences entre conservatisme, contre-révolution, fascisme et nazisme.

Je n'ai sans doute pas été assez précis. Effectivement, Sternhell dit que le fascisme est un phénomène hybride, mais il soutient également que sa matrice, c'est-à-dire ce qui constituera le déclencheur de la réflexion fasciste s'est trouvé dans le giron de l'Action Française, à savoir dans l'expérience de synthèse entre nationalisme intégral et le syndicalisme révolutionnaire aux alentours de 1905, au sein du cercle Proudhon. On appel ça au choix : un illusion rétrospective ou téléologique, qui consiste à reprendre des éléments historiques éparses pour reconstituer un phénomène apparu postérieurement (dans un autres pays, avec d'autres acteurs, d'autres références intellectuelles explicites) ; une erreur d'appréciation, si on se reporte aux ambitions théoriques fascistes tel que Mussolini les posent dans son manifeste de 1919, qui se propose principalement de tout restaurer dans l'Etat : le syndicalisme révolutionnaire mutualiste dans la lignée de Proudhon, ou l'Action Française première version (fédéraliste) ne sont pas spécialement statôlatres ; un raccourci sur l'antisémitisme commun au fascisme et à l'AF : Mais le fascisme mouvement ne devient réellement antisémite qu'à partir de 1938 ; une erreur de perspective, qui sous évalue le discours moderniste qui existe au sein du premier fascisme (mouvement), mais surévalue celui d'Action Française (qui se targue de vouloir restaurer une monarchie certes antiparlementaire, mais aussi traditionnelle et décentralisée : ce qui signifie, au début du siècle, revenir au statu quo ante); une erreur historique, s'il s'agit de circonscrire -comme le fait Nolte par ailleurs- l'Action Française à un mouvement antilibéral. Georges Valois s'est fait exclure du mouvement, Jacques Bainville est resté à sa tête jusqu'à sa mort.

Pour Sternhell, le monde se divise en trois catégories : les libéraux, les socialistes et les fascistes. Le néosocialisme, les non conformistes, les planistes, les personnalistes sont tous, ont été ou seront plus ou moins fascistes, et sa définition extensive, encore plus plastique que celle de Nolte, la vide de toute substance, de tout caractère heuristique, et donc d'intérêt. J'avoue que cet auteur m'énerve presqu'autant qu'Ernst Nolte.

J'aime bien Nolte aussi, spécifiquement sur le dynamisme bolchévisme-nazisme. :icon_up:

Tes critiques me semblent fondées, mais je pense que tu jettes l'enfant avec l'eau du bain. Sternhell n'a pas raison sur tous les points, mais son intuition fondamentale me semble très très très valable, en ce compris le décodage du fascisme comme un extrème-centre.

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