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"L'argent-dette", la vidéo conspirationniste à la mode


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J'ai hésité à placer ce fil en taverne, mais le sujet me paraît demander des réponses sérieuses, puisque le succès de cette vidéo est tel qu'elle a acquis un statut d'explication de la crise pour les nuls. J'en ai reçu plusieurs fois la promotion par mail et elle se répand comme une trainée de poudre via les blogs. Elle fait des ravages sur les forums. Certains journaleux prétendument sérieux comme ceux Libé en font la publicité. Elle se présente comme une pédagogie des mécanismes du crédit et de la création monétaire, en même temps que le dévoilement du secret de l'enrichissement des banquiers par l'intérêt. Cette apparente neutralité lui permet de réactualiser des thèses assez anciennes quant à la désignation de boucs-émissaires. Le contenu informatif en est pourtant assez pauvre et en grande partie erroné, elle expose comme une révélation des idées assez banales que l'on trouve dans n'importe quel manuel d'étudiant de section économique : la création de monnaie scripturale par le crédit et l'inflation de la masse monétaire. Mais ce mécanisme est décrit comme une machination dissimulée aux yeux du sens commun, servant une oligarchie de profiteurs, un système d'exploitation financière mis en place avec la complicité des politiciens pour spolier la population. D'autre part elle comporte des erreurs (sur la nature de l'intérêt), des informations tronquées (pas de mention de la destruction de monnaie par le remboursement d'une dette), des falsifications : par exemple la proposition que l'usure n'existerait pas dans une économie sans croissance, que l'intérêt est donc la cause de l'enrichissement. La création monétaire y est réduite à une conspiration de banquiers. On n'y trouve aucune explication de la relation de dépendance entre le système des banques à réserve fractionnaire, le système interbancaire et la banque centrale, ni de la manipulation des taux grâce au monopole d'émission. Nulle mention que la monnaie est largement étatisée. Bref, aucune explication sérieuse du cycle ni de l'expansion du crédit.

Son succès inquiétant dans l'opinion pose plusieurs questions: la corrélation entre le conspirationnisme et la mentalité anti-capitaliste, le rôle d'internet dans la vitesse de diffusion de cette rumeur, l'échec des économistes à émettre une pédagogie raisonnable du crédit vers le grand public. Ensuite sur le fond : ce genre de construction paranoïaque qui mélange le vrai et le faux est-elle réfutable? Peut-on la tester et la démolir par un modèle plus conforme aux faits? Comment montrer qu'une pseudo dénonciation de manipulation est elle-même une manipulation, sans tomber dans la théorie conspirationniste?

Le petit film en question : [dailymotion]x75e0k[/dailymotion]

Rue89 y consacre un article : (badurl) http://www.rue89.com/mon-oeil/2008/10/13/largent-dette-video-star-du-net-a-une-sale-petite-odeur (badurl)

La dénonciation de "l'usure" (le prêt à intérêt, une formidable invention qui a permis de développer le commerce) et du complot des banquiers "internationaux" (on disait autrefois "apatrides") m'a toujours semblé louche. Et sur le fond de la vidéo? Que l'essentiel de la monnaie soit créé par le crédit bancaire, ce n'est pas vraiment un secret, c'est dans tous les manuels d'économie. Mais pas de quoi en faire un grand complot.

Or la voix de la vidéo se demande pourquoi les gouvernements choisissent d’emprunter de l’argent aux banques privées et de payer des intérêts alors qu'ils pourraient créer tout l’argent dont ils ont besoin, exempt d’intérêts. La réponse implicite du film, c'est que les gouvernements sont complices de leurs maîtres, les banquiers.

Mais la réponse des économistes à cette question est plus simple:

  • D'abord, l'Etat n'emprunte pas auprès des banques (à court terme, il leur prêterait plutôt de l'argent…). Pour se financer, il émet des titres négociables, des obligations, qui sont souscrites par des particuliers, des entreprises, des assureurs, diverses institutions. La dette publique est financée par leur épargne.
  • Ensuite, la création monétaire par les banques centrales est bien plus inflationniste que l'emprunt. Pourquoi? Parce que lorsque l'Etat emprunte, la ponction sur le marché des capitaux a lieu au détriment d'autres financements: les obligations d'Etat "évincent" le secteur privé, qui aurait lui aussi besoin de cet argent ("effet d'éviction": lorsque l'Etat emprunte, il fait grimper le taux d'intérêt, ce qui pousse des entreprises à renoncer à leurs projets d'emprunts).

On se méfie en revanche beaucoup (peut-être trop?) de la création monétaire directe par la banque centrale. Il est vrai qu'elle a très souvent, par le passé, conduit à de l'inflation. Pour être saine, elle doit entraîner la création de nouvelles activités. A tort ou à raison (c'est un autre débat), la plupart des pays occidentaux ont préféré éloigner d'eux ce pouvoir trop tentant. Ils ont confié la "planche à billet" à des banques centrales indépendantes, au motif "qu'on ne laisse pas la crème à la garde du chat".

Mais peut-être les économistes font-ils partie du complot…

Daniel Schneidermann lui consacre une tentative de décryptage dans une émission récente d'Arrêt sur Images :

http://www.dailymotion.com/video/k4xCl1R4oL05yUO3G1

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Je crois qu'on en a déjà parlé quelque part. Delaigue a tout dit chez Schneiderman : cette vidéo fonctionne non pas parce qu'elle informe mais parce qu'elle tape dans nos préjugés : banquier parasite, taux d'intérêt illégitime.

A rapprocher aussi de l'île aux naufragés de Louis Even, dont un fil régulièrement nécromancé est consacré à son applatissement.

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cette vidéo fonctionne non pas parce qu'elle informe mais parce qu'elle tape dans nos préjugés : banquier parasite, taux d'intérêt illégitime.

Je te plussoie.

Eh oui, tout arrive :icon_up: .

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C'est marrant depuis tout petit j'ai toujours trouvé normal les intérêts, j'en faisais payé à mon frère quand il m'empruntait de l'argent.

Ce qui me valait d'ailleurs le fait de me faire traiter de rapace par mes parents.

Par contre je n'ai jamais fait payer d'intérêt à mes parents pour les dépanner en liquide.

PS: c'était du temps ou il n'y avait de distributeur de billets.

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C'est marrant depuis tout petit j'ai toujours trouvé normal les intérêts, j'en faisais payé à mon frère quand il m'empruntait de l'argent.

Ce qui me valait d'ailleurs le fait de me faire traiter de rapace par mes parents.

Par contre je n'ai jamais fait payer d'intérêt à mes parents pour les dépanner en liquide.

Quel sens de la famille. :icon_up:

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  • 3 weeks later...

venant d'horizons divers, nous sommes, entre autre, un groupe d'économistes et de chercheurs en alternatives économiques et financières, conférenciers et auteurs d'ouvrages de vulgarisation de l'économie qui souhaitons ouvrir les yeux des politiques, des media et du public sur les conséquences de la création monétaire privée et en particulier sur la dette des administrations publiques.

source http://www.public-debt.org/savoirplus.php?public-debt=6c9c2db5492c5fa66e53b

Toute une sérié de liens sur ce "phénomène" :

http://www.bankster.tv/liens.htm

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J'ai trouvé ça dans mes recherches :

Les intérêts pris par les banquiers, provoquent une pénurie d’argent chez les consommateurs.

La monnaie sans intérêts, c’est la garantie d’un pouvoir d’achat correspondant aux biens et aux services produits dans le pays.

Pour qu’une production soit vendue il faut et il suffit qu’elle soit achetée.

Pour qu’elle soit achetée, il faut et il suffit que la quantité de monnaie en circulation soit égale à la valeur de la production.

vos avis sont les bienvenues

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Les intérêts ne sont pas pris par les banquiers mais par les prêteurs.

Le banquier lui se fait rémunérer sur le service qu'il apporte la mise en relation : entre un prêteur et un emprunteur.

Frédéric Bastiat : Gratuité du crédit

Votre argumentation nouvelle implique ce dialogue:

l'emprunteur. Monsieur, je voudrais monter un magasin, j'ai besoin de dix mille francs, veuillez me les prêter.

le prêteur. Volontiers, nous allons débattre les condition.

l'emprunteur. Monsieur, je n'accepte pas de conditions. Je garderai votre argent un an, deux ans, vingt ans, après quoi je vous le rendrai purement et simplement, attendu que tout ce qui, dans le remboursement du prêt, est donné en sus de prêt, est usure, spoliation.

le prêteur. Mais puisque vous venez me demander un service, il est bien naturel que je vous en demande un autre.

l'emprunteur. Monsieur, je n'ai que faire de votre service.

le prêteur. En ce cas, je garderai mon capital, dussé-je le manger.

l'emprunteur. « Monsieur, je suis socialiste, et le socialisme, redoublant d'énergie, proteste et vous dit par ma bouche: je n'ai que faire de votre service, service pour vous et spoliation pour moi, tandis qu'il est loisible à la société de me faire jouir des mêmes avantages que vous m'offrez, et cela sans rétribution. M'imposer un tel service, malgré moi, en refusant d'organiser la circulation des capitaux, c'est me faire supporter un prélèvement injuste, c'est me voler. »

le prêteur. Je ne vous impose rien malgré vous. Dès que vous ne voyez pas, dans le prêt, un service, abstenez-vous d'emprunter, comme moi de prêter. Que si la société vous offre des avantages sans rétribution, adressez-vous à elle, c'est bien plus commode; et, quant à organiser la circulation des capitaux, ainsi que vous me sommez de le faire, si vous entendez par là que les miens vous arrivent gratis, par l'intermédiaire de la société, j'ai contre ce procédé indirect tout juste les mêmes objections qui m'ont fait vous refuser le prêt direct et gratuit.

Vous retrouverez l'intégralité de la gratuité du crédit dans le liens suivant :

http://bastiat.org/fr/lettre6.html

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Les intérêts pris par les banquiers, provoquent une pénurie d’argent chez les consommateurs.

La monnaie sans intérêts, c’est la garantie d’un pouvoir d’achat correspondant aux biens et aux services produits dans le pays.

Pour qu’une production soit vendue il faut et il suffit qu’elle soit achetée.

Pour qu’elle soit achetée, il faut et il suffit que la quantité de monnaie en circulation soit égale à la valeur de la production.

En gros: "de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins"…

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Payons le travail des banquiers, mais pas les intérêts.

Sans production de biens et de services, la monnaie ne serait rien, n’aurait aucune utilité, aucune valeur.

L’ennui, c’est que les banquiers confondent la monnaie avec les richesses produites à l’extérieur des banques.

L'argent n'est qu’un permis d’acheter, une représentation chiffrée, sur ordinateur, des biens et des services.

Les marchandises commercialisées n’appartiennent pas aux banquiers, ils n’ont donc pas à en prélever des intérêts.

Seul le capital emprunté devrait être remboursé. C’est à l’Etat de contrôler ce bien public qu’est la monnaie.

Non seulement ils veulent pas payer des intérêts (spoliation des banquiers), en plus, ils veulent que ce soit à l'Etat de contrôler la monnaie et son émission, et que celui-ci puisse se trouver du crédit sans intérêts auprès d'une banque centrale pour financer sa dette publique. Un autre argument avancé par toutes ces théories "conspirationnistes" c'est que l'actuelle dette de l'Etat est essentiellement dûe aux intérêts payés et que sans intérêts la dette serait déjà bouclée.

Vous pensez quoi de tout ça, crédible, pas crédible ?

Le banquier lui se fait rémunérer sur le service qu'il apporte la mise en relation : entre un prêteur et un emprunteur.

Toujours selon ce "collectif" , vu que le banquier crée de la monnaie à partir de rien (ex nihilo), cela constitue un scandaleux privilège non-légitime, l'Etat ayant perdu en 1973 son droit régalien d'émission de monnaie …

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Toujours selon ce "collectif" , vu que le banquier crée de la monnaie à partir de rien (ex nihilo), cela constitue un scandaleux privilège et non-légitime, l'Etat ayant perdu en 1973 son droit régalien d'émission de monnaie …

La je pense qu'on peut être d'accord: ce sont bien les banques qui ont le plus grand pouvoir de création de monnaie, me semble-t'il. La banque centrale n'est que le prêteur de dernier recours. Reste à savoir en quoi c'est illégitime.

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Non seulement ils veulent pas payer des intérêts

Libre à eux de chercher des prêteurs ne désirant pas d'intérêts!

Mais ce sont nos gentils chtarbés écosociétaux que tu nous cites là. Ils avaient déjà essayer de troller par ici.

Il faudra qu'ils comprennent un jour que la travail ça ne vaut rien!

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Valeur-travail et Plan sous une forme new-age écolo

Effectivement, le prêt sans intérêt serait lié sur la base d'un certain projet de travail (le plan), du type : ok, on te prête de l'argent sous condition que cela réponde à notre plan tracé d'avance.

Cette "banque" prêterais non seulement aux particuliers mais aussi à l'Etat (ce qui leur permettrais de ne plus avoir de dette et pouvoir continuer à financer les "gros travaux" publics), et ceci sans intérêts.

Selon les informatons que j'ai pu récolter leurs idées s'inspirent de l'économiste Muhammad Yunus et du nobel Maurice Allais.

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Effectivement, le prêt sans intérêt serait lié sur la base d'un certain projet de travail (le plan), du type : ok, on te prête de l'argent sous condition que cela réponde à notre plan tracé d'avance.

Cette "banque" prêterais non seulement aux particuliers mais aussi à l'Etat (ce qui leur permettrais de ne plus avoir de dette et pouvoir continuer à financer les "gros travaux" publics), et ceci sans intérêts.

Selon les informatons que j'ai pu récolter leurs idées s'inspirent de l'économiste Muhammad Yunus et du nobel Maurice Allais.

Le projet de Yunus est avant tout un projet coopératif. Le mouvement coopératif est effectivement un projet collectiviste, vu que le capital/outil de production appartient à l'entité juridique coopérative (indivisibilité des réserves) et à aucun "privé" en particulier.

Cependant la règle numéro un du mouvement coopératif c'est la liberté d'adhésion, ce qui est bien loin d'une planification centralisée globable…

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:icon_up: Pour autant que sache, le micro-crédit de Yunus est avec intérêt (et pas un petit taux qui plus est).

Je me demande d'ailleurs s'il n'est pas allé jusqu'à s'exprimer contre l'interdiction de l'usure.

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Cependant la règle numéro un du mouvement coopératif c'est la liberté d'adhésion, ce qui est bien loin d'une planification centralisée globable…

Je crois que dans leur projet "écosociétal" tout est mélangé, pure extraction du jus de différentes doctrines, difficile d'apréhender la cohérence du tout, l'essentiel de leur pensée est là, enfin je crois :icon_up:

Sous prétexte qu'actuellement c'est pas l'Etat qui crée de la monnaie directement, "monnaie" qui servirait aux investissements de l'Etat, l'intérêt est perçu comme un vol fait par les banquiers …voilà en gros

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Je crois que dans leur projet "écosociétal" tout est mélangé, pure extraction du jus de différentes doctrines, difficile d'apréhender la cohérence du tout, l'essentiel de leur pensée est là, enfin je crois :icon_up:

Je trouve au contraire très cohérent à la lumière d'une approche néo-marxiste de l'économie.

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Je trouve au contraire très cohérent à la lumière d'une approche néo-marxiste de l'économie.

Non

3 - De ce fait, il n'y a pas besoin de capital monétaire pour engager une production souhaitée par les individus ou la collectivité, mais seulement de rémunérer le travail (au fur et à mesure de la production) par une création monétaire (électronique) permanente, dont l'unité de compte équivaut à six minutes de travail.

7 – Chacun reste totalement libre du choix de son activité, et le travail, à toute étape d'une production, est rémunéré au prorata de son effet direct sur le bien être collectif.

D'un coté on définit une valeur pour le travail de l'autre on parle de la valeur du bien produit par le travail!

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Non

D'un coté au définit une valeur pour le travail de l'autre on parle de la valeur du bien produit par le travail!

Je le trouve en phase avec le concept marxiste du travail indirectement social. Un marxiste dirait que tant qu'un produit n'est pas vendu, il n'est pas avéré que le travail consacré à le produire est du travail utile à la société. Lorsque le produit trouve acheteur, il apparaît que le travail de production est du travail socialement utile. La vente assure donc la réalisation de la valeur-travail, car tant qu'un produit n'est pas vendu, le temps de travail qu'il incorpore ne compte pas comme valeur, mais simplement comme du travail en quête d'une reconnaissance sociale.

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Je vois plutôt l'écosociétalisme comme un genre néo-keynésien radical, ils veulent tout changer y compris la constitution, c'est un gros projet (gros saucisson théorique) de changement radical de la société, et tout cela se voulant apolitique et au service des peuples opprimés par l'argent-dette, amén

Les intérêts pris par les banquiers, provoquent une pénurie d’argent chez les consommateurs.

je ne vois pas dans quelle mesure l'intérêt provoque une pénurie d'argent, dur dur de trouver l'explication dans leur bidoule de site

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