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Globalia


Moon Man

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Il s'agit d'un très bon roman d'anticipation à la sauce mondialisation.

Globalia est une dictature socialiste, vaste comme la planète. Ceux qui y vivent sont convaincus que c'est une démocratie parfaite, et les médias, rigoureusement controlés par la Protection Sociale, font tout pour ne pas les détromper.

En particulier, les Globaliens ignorent ce qui se passe dans les non-zones (celles qui sont en dehors de Globalia, les anciens pays du Tiers-Monde). La très protectionniste République Globalienne a détruit tous les autres gouvernements sous prétexte qu'ils pourraient abriter des terroristes.

Finalement, Globalia est obligée d'inventer des ennemis dangereux pour que ses habitants soient heureux de vivre à l'abri dans leurs villes protégées sous des coupoles transparentes. Tout ce que les Globaliens pourraient consommer est sévèrement controlé. Meme les livres, trop subversifs, sont quasiment interdits. Place à la télé du divertissement et de l'information sélective.

"La sécurité, c'est la liberté. La sécurité, c'est la protection. La protection, c'est la surveillance. LA SURVEILLANCE, C'EST LA LIBERTE."

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Rufin est un super étatiste anti-capitaliste et tiers-mondiste : la prudence est de mise. Son bouquin a été présenté comme une critique du néolibéralisme, etc. bla-bla-bla et patati et patata.

Quant à la dernière phrase, bravo il a découvert Orwell.

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Je sais, son roman a été applaudi par toute une clique d'altermondialeux.

Mais le Globalia qu'il décrit est bel et bien socialiste, avec un gouvernement qui s'appuie sur des considérations écolos pour limiter les libertés individuelles (on ne mange pas de viande, attention).

Et puis il cite Tocqueville au début de sa postface, c'est quand meme pas mal pour un anti-capitaliste.

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Globalia est un mauvais remake de Brave the new world version anti-capitaliste/anti-"néo-libéral"…

Le problème avec toutes ces critiques de "super-Etat" c'est qu'elles visent avant tout les Etats-Unis - et bien sûr leur "ultra-libéralisme -, et quand elles s'attaquent à l'Etat en lui-même, c'est plus pour en critiquer une possible dérive totalitaire que sa véritable nature - et l'idée est qu'il est donc tout de même possible d'en faire quelque chose de bien, à condition que ce soit les "bonnes" personnes qui en aient le contrôle…

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Je suppose que les "alter"mondialistes qui l'ont applaudi n'ont jamais lu Orwell, sinon ils auraient hurlé au plagiat…

Après vu que d'après les altermondialistes (et pas qu'eux d'ailleurs) les gouvernements en place sont "néo"libéraux, pour eux ça peut paraître une critique du libéralisme. Oui c'est totalement incohérent mais ce n'est pas l'incohérence qui va faire peur à ces gens là :icon_up:.

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Le problème principal de Huxley, c'est qu'il écrit comme un pied. "Retour au meilleur des mondes" est de loin meilleur que le "Meilleur des mondes", qui est pompier et mal écrit. Orwell est un très grand romancier doublé non pas d'un visionnaire, mais d'un esprit synthétique qui va au fond des choses. Huxley, de son côté, s'est largement inspiré des travaux de son frère généticien pour la trame de Brave new world.

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Il a bien raison de plagier Huxley plutôt qu'Orwell. Je trouve que Brave New World est une anticipation de ce que pourrait devenir la société beaucoup plus inspirée que 1984.

si je peux me permettre 1984 ne se voulait pas un roman d'anticipation mais il me semble plus une critique frontale du totalitarisme en l'occurence ici le stalinisme de 1948. chef d'ouvre absolu pour tout anti-étatiste qui se respecte

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si je peux me permettre 1984 ne se voulait pas un roman d'anticipation mais il me semble plus une  critique frontale du totalitarisme en l'occurence ici le stalinisme  de 1948.

Exactement. Cette confusion est très populaire chez les alters-mondialeux: 1984 serait en fait une anticipation de la dictature neolibérale / capitaliste / du profit avant l'homme. C'est l'un des points que Pynchon a le mérite de souligner dans l'intro dont j'ai parlé 2 posts plus hauts.

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Le problème principal de Huxley, c'est qu'il écrit comme un pied. "Retour au meilleur des mondes" est de loin meilleur que le "Meilleur des mondes", qui est pompier et mal écrit. Orwell est un très grand romancier doublé non pas d'un visionnaire, mais d'un esprit synthétique qui va au fond des choses. Huxley, de son côté, s'est largement inspiré des travaux de son frère généticien pour la trame de Brave new world.

Retour au meilleur des mondes n'est pas un roman mais plutôt un exposé visant à montrer que le monde décrit dans Le meilleur des mondes est aujourd'hui possible avec les moyens techniques que l'on maîtrise. Je trouve donc que ça n'a pas grand chose à voir, et surtout le Retour a peu d'intérêt sans une "visite" préalable du Meilleur des mondes

Par ailleurs, je ne vois pas en quoi le fait que Huxley se soit inspiré des travaux de son frère devrait lui porter préjudice. Ca devrait même être le contraire.

Je pense que le peu de succès du Meilleur des mondes (par rapport à 1984 par exemple) vient du fait que nous croyons en connaître tout l'univers, ayant pratiquement toujours été résumé au clonage humain développé industriellement à l'échelle globale (c'est d'ailleurs sur une scène dans une usine de clonage que commence l'ouvrage, et le style étant effectivement un peu balourd je me demande si beaucoup ont vraiment pris la peine d'aller au-delà, croyant avoir fait le tour).

Certains en tirent plus profondément une critique contre le progrès technique et scientifique en lui-même. C'est vrai que de prime abord Huxley peut passer pour un gros conservateur. C'est dans cet esprit que j'avais au début rapproché le soma du shit et non de véritables remèdes médicaux anti-dépresseurs. C'est aussi dans cet esprit qu'on peut voir le comportement de Bernard Marx à l'égard de Lenina par rapport aux moeurs de la nouvelle ère comme un éloge du couple exclusif traditionnel. (Mais en réalité Huxley manifestait un intérêt positif vis-à-vis de drogues comme le LSD par ex, cf. Les portes de la perception. Quant au Bernard Marx, lui qui semblait vouloir se réserver pour une seule s'en enfile tout plein dès que sa notoriété le lui permet…)

Je crois que cette vision du Meilleur des mondes tient aux éléments que l'on retient généralement et que l'on considère comme constitutifs de l'ouvrage. Je dirais qu'il s'agit de ces trois points :

- Le clonage humain industriel (ressorti aujourd'hui pour nous faire craindre le potentiel totalitaire du clonage en lui-même, sans considérer que dans l'ouvrage c'est sa mise en oeuvre par l'Etat qui représente une menace…)

- Toutes les méthodes de conditionnement, cf. Centre d'incubation et de conditionnement, le procédé Bokanovsky, etc. (critique que les anti-pubs osent reprendre à leur compte !)

- Et le fameux "Notre Ford" et les séances avant le travail où on lui rend hommage au travers d'une partouze politique (ici c'est une critique de l'organisation scientifique du travail qui est retenue, généralement assimilé à une critique du capitalisme et des gros organismes de production, et non, plus essentiellement, l'esprit positiviste qui régit la nouvelle société).

Selon ces trois points, Le meilleur des mondes peut donc passer pour un 1984 pas forcément très saisissant et qui manque d'action…

Maintenant, voici ma lecture. Elle tient surtout de la préface que Huxley a rajoutée dans une édition de quelques dizaines d'années après la première. Il y précise avec le recul qu'il semble lui manquer un troisième caractère (en plus des citoyens et des sauvages) : c'est celui de l'esprit sain. Avec cette remarque rétrospective en tête, voici les éléments qui m'ont apparus réellement constitutifs de l'oeuvre d'Huxley :

- Le comportement de Marx vis-à-vis de Lenina ;

- L'ancienne citoyenne dans le camp des sauvage, qui est devenue grosse et moche mais qui continue de garder pour seul accomplissement de soi quelques accoutrements à la con ;

- Et enfin, un point qui peut sembler un détail mais qui m'a fortement marqué : lorsque Lenina discute avec une collègue de leurs "coups" respectifs : la collègue présente d'abord une série d'une dizaine de partenaires comme un "bon score" -d'une certaine manière-, et semble réagir par un léger malaise teinté d'une certaine envie lorsque Lenina lui rétorque qu'elle doit bien en être à une quarantaine depuis le début de l'année…

Pour moi ces éléments sont les plus importants car ils sont la passerelle directe avec le monde que nous connaissons. Plus que l'ordre social décrit dans le Meilleur des mondes, c'est bien l'esprit, l'attitude, les centres d'intérêts des personnages qui nous révèlent les véritables perspectives du totalitarisme douceâtre qui s'installe lentement : c'est d'abord une limite, une sclérose des esprits.

Marx essaye de faire son intéressant en parlant d'une mythique relation amoureuse, mais baise tant qu'il peut dès qu'il profite de son succès (n'est-ce pas d'ailleurs sa seule motivation pour aller dans le camps des sauvages, plutôt que des motifs anthropologiques ?).

La grosse ex-citoyenne se rattache aux vêtements brillants qu'elle mettait pour sortir et paraître plus belle. C'est le règne du paraître, de l'image que l'on essaye de renvoyer aux autres donc de la séduction par dessus tout. On croit que le paraître peut suffire, que les vêtements peuvent être comme une cape qui masque ce que vous êtes réellement, car seul compte le rapport superficiel, soit sexuel par exemple.

Enfin, la collègue de Lenina, dans un monde où l'on est supposé ne plus avoir d'envies en les assouvissant toutes, prend soudain conscience qu'il existe et existera toujours, malgré tous les contrôles et forçages, une égalité de nature indépassable, et voilà soudain que pointe une larme de jalousie dans son regard.

Donc en clair, pour moi, la véritable histoire du meilleur des mondes est bien une interrogation sur le rapport de soi à soi : dans notre rapport avec les autres, parce que nous sommes toujours en quête, il y aura toujours une part de frustration. Là seule solution pour un véritable socialisme, pour un véritable Meilleur des mondes, c'est que tout le monde, toute l'humanité, fusionne véritablement d'un coup et pour toujours : une partouze à l'échelle de la planète où tout le monde est connecté corporellement et même sexuellement à tout le monde. Mais c'est physiquement impossible, et c'est pour ça que l'utopie socialiste est irréalisable. Elle est atteinte à la dignité de l'homme, simplement parce qu'elle la révèle ! Sous la prétention d'un monde où tout le monde se lâche et baise avec tout le monde, le véritable lâchage est inatteignable, et c'est le fait que cela frustre l'homme qui révèle qu'il est si misérable…

Voilà pour mon interprétation du Meilleur des mondes… Je pense donc que c'est une oeuvre plus subtile et plus grande que la simple description d'un monde totalitaire que le Retour viendrait appuyer.

Par rapport à 1984 :

1984 décrit un totalitarisme dur, hardcore, comme dans Brazil où surgissent de partout des flics-robots à matraques. Le pouvoir s'impose par une violence physique, directe, les rebelles sont frappés et éliminés. Tandis que l'imposition de l'ordre du Meilleur des mondes repose sur les citoyens eux-mêmes : elle est d'autant plus violente qu'elle est totale, elle est aussi intellectuelle, spirituelle même, avant d'être physique.

D'une certaine manière, dans 1984 la relation du pouvoir et du citoyen ressemble à celle du maître et de l'esclave, tandis que dans le Meilleur des mondes elle s'apparente aux liens maître/disciple : dans le premier cas, l'autorité est imposée au citoyen-esclave ; dans le second cas, c'est le citoyen-disciple qui, comme dans une secte, recherche l'autorité.

C'est en ce sens que Globalia se rapproche don davantage du Meilleur des mondes que de 1984 : car le système qui y est décrit semble être pour ses citoyens assez endoctrinés un monde très bon : ils ne se conforment pas à l'ordre, croyant qu'il est nécessaire ou qu'il leur profite : ils sont l'ordre. C'est en ce sens qu'on peut parler de totalitarisme douceâtre - comme celui que nous subissons en fait… - dans le sens où la violence n'est même plus perceptible car il n'existe plus de consciences claires pour la subir. Le totalitarisme douceâtre est presque plus horrible en un sens qu'une dictature hardcore car alors plus aucune rébellion n'est possible (ces propos peuvent-ils être prétexte à un débat sur la guerre en Irak ?).

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