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Sloterdijk et l'Etat fiscal


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J'avoue être quasiment tombé de ma chaise en lisant un article de Sloterdijk, repris dans le dernier courrier international (n° 978) intitulé "Oui, le pauvre exploite le riche". La charge qu'il y mène contre ce qu'il nomme "l'état fiscal" et la vigueur avec laquelle il s'attaque à la sociale-démocratie bien pensante et dégoulinante de moraline à 2 centimes est incroyable.

Malheureusement je ne trouve pas de référence libre sur le net, la version de courrier international est là : http://www.courrierinternational.com/artic…ploite-le-riche (mais il faut être abonné), et je n'ai pas réussi à trouver l'original sur le site du Frankfurter Allgemeine Zeitung (si quelqu'un parlant mieux que moi l'allemand pouvait y arriver je pense qu'une traduction vaudrait le coup).

Quelques passages, pour commencer le constat (rien que de très normal mais c'est si rare de le voir écrit tel que) :

Cette métamorphose résulte avant tout de l'élargissement prodigieux de l'assiette d'imposition, avec notamment l'introduction de l'impôt progressif sur le revenu qui, dans le fond, ne constitue rien de moins qu'un équivalent fonctionnel de l'expropriation socialiste. …

des Etats fiscaux organisés réclament chaque année la moitié des bénéfices économiques de leurs classes productives pour les remettre au fisc, sans que les personnes concernées tentent de trouver leur salut dans la réaction la plus plausible qui soit, la guerre civile antifiscale.

Une fois ces considérations faites, on comprend aisément pourquoi la question "le capitalisme a-t-il encore un avenir ?" est mal posée. A l'évidence, nous ne vivons pas le moins du monde dans un système capitalise - comme le suggère de nouveau, depuis peu, des discours aussi irréfléchis qu'hystériques. Nous vivons dans un ordre des choses qu'il faut définir, avec prudence, comme une forme de semi-socialisme animé par les médias de masse, qui se développe grâce à l'Etat fiscal …

Quelques lauriers pour les libéraux (c'est si rare ne gâchons pas):

Les observateurs libéraux de ce monstre kleptocrate, pilier de l'Etat providence actuel, ont le mérite d'avoir attiré l'attention sur les dangers inhérents à ce système : la surréglementation, qui réfène à l'excès l'élan entrepeneuria ; la surimposition qui pénalise la réussite ; et le surendettement, où la rigueure budgétaire - dans le secteur public comme privé - se trouve contrecarrée par une frivolité spéculative.

Enfin la version CSEF (S pour Système) de Sloterdijk :

A l'heure actuelle, le principal danger pour l'avenir du système tient à l'endettement de nos Etats intoxiqués par le keynesianisme. Aussi discrètement qu'inéluctablement, nous nous acheminons vers une situation où les débiteurs déposséderons de nouveau leurs créanciers - comme cela s'est vu si souvent dans l'histoire des prélèvements fiscaux, depuis l'époque des pharaons jusqu'aux réformes monétaires du XX° siècle. Ce qui est nouveau aujourd'hui est l'ampleur pantagruelique de la dette publique. Amortissement, insolvabilité, réforme monétaire ou inflation ? Peu importe, les prochaines grandes expropriations sont en route. On peut dores et déjà déterminer quel sera le titre du prochain article de notre histoire : le pillage de l'avenir par le présent. Aujourd'hui la "main qui prend" va jusqu'à se servir dans les poches des générations à venir. Cette absence totale de de respect pèse également sur la disponibilité des ressources naturelles vitales et pour la survie des prochaines générations.

Pour qu'une force puisse s'opposer au pillage de notre avenir, il faudrait au préalable une refondations sociopsychologique de la société. Il sagirait ni plus ni moins d'une révolution de "la main qui donne". Elle entrainerait la fin de l'impôt obligatoire et sa transformation en don à la collectivité, sans pour autant conduire à un apauvrissement du secteur public. Ce boulversement thymotique devrait montrer que, dans l'éternel conflit entre la cupidité et la fierté, cette dernière peut également prendre le dessus.

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Et la réaction de Marianne sur ce texte est grotesque

http://www.marianne2.fr/Sloterdijk-joue-le…re_a181720.html

Libéraux.org est d'ailleurs cité :icon_up:

En fait, j'ai l'impression que cet auteur brillant n'a jamais été compris. Il s'était déjà lancé dans ce genre d'attaque contre nos Etats foncièrement socialistes. Là il a poussé le bouchon plus loin en termes de violence verbale, c'est tout.

J'avais relevé une interview sur des thèmes proches il y a quelques années :

http://www.lepoint.fr/actualites-politique…ux/917/0/283153

Je cite un bout de l'interview, très clair

La crise a au moins une conséquence salubre : elle oblige les Etats faussement libéraux à admettre que la nature de l’Etat moderne est structurellement socialiste, dans le sens où est socialiste une structure qui avoue sa préférence pour le bien public. C’est ainsi que les Etats crypto-socialistes commencent à se rassembler pour tenter de domestiquer les événements. Au cours des dernières décennies, aucun Etat n’aurait osé se réclamer de principes socialistes, mais leur pratique l’était : avec un taux d’imposition de 50 % et plus [53 % en France], le système est eo ipso socialiste

En gros, il a compris que nous étions sorti il y a belle lurette du capitalisme pour nous complaire dans une sorte de social-feodalisme.

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Je tiens le texte complet à dispo pour ceux qui le veulent :icon_up:

L'original? Ja, sicher.

La crise a au moins une conséquence salubre : elle oblige les Etats faussement libéraux à admettre que la nature de l’Etat moderne est structurellement socialiste, dans le sens où est socialiste une structure qui avoue sa préférence pour le bien public. C’est ainsi que les Etats crypto-socialistes commencent à se rassembler pour tenter de domestiquer les événements. Au cours des dernières décennies, aucun Etat n’aurait osé se réclamer de principes socialistes, mais leur pratique l’était : avec un taux d’imposition de 50 % et plus [53 % en France], le système est eo ipso socialiste

En gros, il a compris que nous étions sorti il y a belle lurette du capitalisme pour nous complaire dans une sorte de social-feodalisme.

Apollon va encore avoir des crampes aux muscles orbitaux de son smiley.

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