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Vers la faillite des États (et au-delà)


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Aucun des deux n'arrivera dans un futur prévisible, si l'on continue à être gouvernés par la classe actuelle d'indécrottables "pragmatiques".

"Manque à gagner" n'est pas un terme qui convient, mais peu importe. L'important, c'est l'effet d'éviction : dès que les activités économiques en question ne seront plus exemptées d'impôt, leur importance diminuera, et ce serait bien le diable si l'Etat arrivait à en extraire plus de 10 ou 12 milliards.

Il récupérera plus selon moi, ceux qui utilisent les niches fiscales doivent être les contribuables aisés qui ne peuvent pas s'expatrier. Sachant que nombre de ces niches aident des secteurs d'activité qui ne créent pas de richesse. Pour moi, les niches permettent d'alimenter des intermédiaires parasitaires distribuant des produits ne rapportant rien (FIP, SCPI, FCPI…). C'est de l'argent jeté par les fenêtres, même pour l'épargnant car le gain fiscal est mangé par des performances en général détestables.

Et je persiste à penser qu'on n'est pas encore dans la situation grecque, on sera à 6% de deficit en 2011 sans faire aucun effort sérieux de rigueur (voir les excellents posts de H16 ou les petits cris de Jean Artuis). En s'y mettant sérieusement, on pourrait revenir à l'équilibre d'ici à 3 ans. Ce qui est la clé pour permettre une baisse progressive de la dette.

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j'ai la certitude absolue qu'avec quelques modifications (majeures, il est vrai), la France pourrait être un pays prospère, riche, etc.

J'en suis convaincu. Mais elles sont tellement majeures et l'inertie tellement grande que je ne vois pas comment on peut y arriver sans une crise profonde et majeure.

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Pour moi, les niches permettent d'alimenter des intermédiaires parasitaires distribuant des produits ne rapportant rien (FIP, SCPI, FCPI…). C'est de l'argent jeté par les fenêtres, même pour l'épargnant car le gain fiscal est mangé par des performances en général détestables.

C'est précisément parce que les objets de ces niches ne sont que très peu rentables que les milliards qui y sont investis disparaitront dès que chaque niche sera annulée, et que cette mesure ne rapportera que très peu. Le fruit se retirera devant la main de l'Etat, et la source vive se tarira avant qu'il n'ait eu le temps de se baisser pour y boire.

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C'est précisément parce que les objets de ces niches ne sont que très peu rentables que les milliards qui y sont investis disparaitront dès que chaque niche sera annulée, et que cette mesure ne rapportera que très peu. Le fruit se retirera devant la main de l'Etat, et la source vive se tarira avant qu'il n'ait eu le temps de se baisser pour y boire.

Si le contribuable ne s'exile pas (la cible de la défiscalisation vit en France, n'a ni l'envie ni la possibilité de s'exiler), il n'aura plus la possibilité de défiscaliser pour réduire son impôt. Il paiera donc plus d'impôt, c'est tout. La différence, c'est qu'un secteur d'activité parasitaire vivant grassement des niches fiscales disparaîtra.

Mais ne nous méprenons pas : on ne grattera pas plus de 10 à 15 milliards de la suppression des niches, tout simplement parce que certaines ne seront pas remises en cause (quotient familial par exemple). Il faudra donc panacher avec un gel des dépenses sur plusieurs années, une hausse de taxes, des ventes d'actifs…

Donc, pour moi on peut encore éviter la sortie de route.

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Si le contribuable ne s'exile pas (la cible de la défiscalisation vit en France, n'a ni l'envie ni la possibilité de s'exiler), il n'aura plus la possibilité de défiscaliser pour réduire son impôt. Il paiera donc plus d'impôt, c'est tout. La différence, c'est qu'un secteur d'activité parasitaire vivant grassement des niches fiscales disparaîtra.

Et un autre secteur d'activité parasitaire vivant de la distorsion causée par l'impôt continuera à prospérer, ou en tout cas à survivre. :icon_up:

Mais ne nous méprenons pas : on ne grattera pas plus de 10 à 15 milliards de la suppression des niches, tout simplement parce que certaines ne seront pas remises en cause (quotient familial par exemple).

On grattera sans doute beaucoup moins si elles ne sont pas toutes remises en cause, pour les raisons que j'ai exposé. Et ce n'est pas plus mal. Le problème, ce n'est pas de faire rentrer du pognon, il n'y en a plus guère à prendre : c'est d'arrêter de claquer à tout va.

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Aujourd'hui la volonté politique est inexistante (en fait les politiques sont inexistants) mais quand on sera au pied du mur, il y aura bien un politique qui devra faire le sale boulot.

On en a trouvé en Grèce, on en trouvera bien un en France.

Ceux qui ne sont pas au pied du mur ne font rien mais quand ils le seront, ça sera trop tard. Les US font comme si de rien n'était, la France idem, l'Allemagne cache ses déficits avec les Länder, le Japon fait semblant de croire que son épargne nationale permet d'absorber tous les déficits imaginables.

Pourtant les avertissements ont été nombreux avec l'Islande, l'Irlande, la Grèce… mais rien à faire, on se plait à croire qu'on fait partie des pays sérieux, que les investisseurs ont et auront confiance (valable pour US, All).

Il ne reste plus que le Portugal qui peut être sauvé et ensuite n'importe quel pays peut jouer le rôle du 1er domino.

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Sauf que si l'un des gros dominos tombe (Italie, France, Japon, Etats-Unis), c'est la fin du monde. Un défaut de ces pays entraînerait une réaction en chaîne incontrôlable. La chute d'une banque prestigieuse mais de taille finalement moyenne (Lehman) a failli nous plonger dans le chaos, on a le même risque en cas de défaut de pays majeur.

Les gouvernements, les grandes entreprises, toute l'intelligentsia fera tout pour éviter un désastre ce qui passera par une cure d'austérité pour la population, l'impression de monnaie (cf. le QE américain) et un coup de frein aux dépenses. N'ayant plus les moyens de leurs ambitions, les Occidentaux devront par contre partager le pouvoir mondial avec certains pays émergents.

La réponse ne sera pas l'inflation. On connaît une inflation forte des matières premières à cause de l'instabilité géopolitique mais surtout à la création de monnaie ex-nihilo par la FED. L'argent fraichement imprimé vient alimenter une bulle sur les Commodities. Finalement, l'inflation a certes augmenté mais on est loin de l'explosion, tout simplement parce que les salaires ne sont plus indexés sur les prix dans la plupart des pays occidentaux (sauf Belgique de mémoire). Or, c'est ce lien qui créé une inflation incontrôlable.

Donc, pour le moment, je penche plus pour un scénario avec une inflation à 2-3%, relativement maîtrisée.

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La réponse ne sera pas l'inflation.

Parce que ?

On connaît une inflation forte des matières premières à cause de l'instabilité géopolitique mais surtout à la création de monnaie ex-nihilo par la FED.

Il me semblais bien aussi :icon_up:

Finalement, l'inflation a certes augmenté mais on est loin de l'explosion

Mouais, ce n'est pas ce que disent mes indicateurs, l'inflation est sectorielle pour l'instant (bulles), mais le nombre de secteurs touchés est croissant.

simplement parce que les salaires ne sont plus indexés sur les prix dans la plupart des pays occidentaux (sauf Belgique de mémoire). Or, c'est ce lien qui créé une inflation incontrôlable.

Qui a parlé d'inflation incontrôlable, on peut faire une inflation a deux chiffres parfaitement contrôlée, et les revenus sont approximativement indexés sur les prix, il y a juste une latence du a l'inélasticité du marché de l'emploi.

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Mon scenario n'est pas un scenario apocalyptique, juste une poussée de fièvre inflationniste pour réduire fortement la charge de la dette européenne (et les U.S.A. sont dans la merde, mais on ne peut pas tout régler), possiblement avec l'accord des Chinois qui eux même finiront par voir comme un moindre mal la dévaluation de leurs actifs 'papier' en échange de la conservation d'un marché mondial.

Il est fort probable, vu l'allocation biaisée des actifs et le fait que globalement le monde entier est trop long en dette, que dans un système de monnaie totalement libre, il y aurai également une période inflationniste de correction.

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La chute d'une banque prestigieuse mais de taille finalement moyenne (Lehman) a failli nous plonger dans le chaos,

Quel chaos ?

Je vois plein de doctes savants nous expliquer que cela aurait été la FIN DU MAÔOonde, mais personne pour m'expliquer le pourquoi et le comment.

Ça aurait merdique le temps de trouver quelque chose, probablement, mais je ne crois pas une seconde à une fin du monde financière.

L'humanité a survécu a bien pire.

Et c'est une question ouverte, je veux bien qu'on me détaille une réponse.

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Mouais, ce n'est pas ce que disent mes indicateurs, l'inflation est sectorielle pour l'instant (bulles), mais le nombre de secteurs touchés est croissant.

Qui a parlé d'inflation incontrôlable, on peut faire une inflation a deux chiffres parfaitement contrôlée, et les revenus sont approximativement indexés sur les prix, il y a juste une latence du a l'inélasticité du marché de l'emploi.

C'est cette latence qui pour le moment nous aide au niveau de la maîtrise de l'inflation. Vu le chômage et les discours catastrophistes véhiculés ici ou là, je ne vois pas les salariés réclamer des augmentations massives. Ils subiront de plein une baisse de pouvoir d'achat, sans compensation. On serait dans un marché de l'emploi tendu, ce serait évidemment une autre musique mais actuellement le pouvoir de négociation des salariés me semble faible.

Autre point, l'inflation est toujours mauvaise pour les épargnants et les rentiers, souvent seniors. Or, ce sont eux qui font les élections, d'autant plus que le nombre de vieux va croissant (papy boom et toussa). Je vois très mal les gouvernements se lancer dans des mesures qui leur seraient défavorables. C'est pour cela que à mon sens, le gros de l'effort sera supporté par les travailleurs en activité via hausse de taxes, hausse d'impôt et pouvoir d'achat en berne.

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Quel chaos ?

Je vois plein de doctes savants nous expliquer que cela aurait été la FIN DU MAÔOonde, mais personne pour m'expliquer le pourquoi et le comment.

Ça aurait merdique le temps de trouver quelque chose, probablement, mais je ne crois pas une seconde à une fin du monde financière.

L'humanité a survécu a bien pire.

Et c'est une question ouverte, je veux bien qu'on me détaille une réponse.

Le problème dans cette histoire c'est que personne ne pensait qu'une banque ferait faillite car l'état interviendrait pour la sauver.

Si on avait eu la certitude contraire les banques auraient agis en conséquence en liquidant une partie de leurs créances pourries ou non pour avoir des liquidités, au lieu d'attendre les sous des états.

Et la suite du problème c'est qu'après Leman Brother rien n'a changé et les états ont sauvé les banques.

La fin du monde c'est quand les erreurs ne sont pas sanctionnées car les prochaines seront toujours plus grosses.

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Le problème dans cette histoire c'est que personne ne pensait qu'une banque ferait faillite car l'état interviendrait pour la sauver.

Si on avait eu la certitude contraire les banques auraient agis en conséquence en liquidant une partie de leurs créances pourries ou non pour avoir des liquidités, au lieu d'attendre les sous des états.

Et la suite du problème c'est qu'après Leman Brother rien n'a changé et les états ont sauvé les banques.

La fin du monde c'est quand les erreurs ne sont pas sanctionnées car les prochaines seront toujours plus grosses.

Intéressant mais ne répond pas à la question.

Lehman Brother se pète la gueule. Les états ne font rien.

Que se passe-t-il ?

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Autre point, l'inflation est toujours mauvaise pour les épargnants et les rentiers, souvent seniors. Or, ce sont eux qui font les élections, d'autant plus que le nombre de vieux va croissant (papy boom et toussa). Je vois très mal les gouvernements se lancer dans des mesures qui leur seraient défavorables. C'est pour cela que à mon sens, le gros de l'effort sera supporté par les travailleurs en activité via hausse de taxes, hausse d'impôt et pouvoir d'achat en berne.

C’est une affirmation que je vois souvent, et je n’en ai jamais vu la raison, que l’inflation soit particulièrement douloureuse pour les pauvres, je n’en doute pas (si ils sont pauvres, c’est en général qu’ils sont les plus mal équipés pour renégocier leur salaire… si salaire il y a), mais pour les rentiers, bof.

En cas d’inflation, en gros, les obligations a taux variable montent, les actions montent, les prix des produits financiers ne sont pas les derniers touchés par l’inflation, ils sont même souvent en avance sur les prix a la consommation.

Un rentier, c’est quelqu’un qui vis des intérêts de ses placements sans amocher le capital, donc il a un rendement au dessus de l’inflation, si l’inflation augmente et que ses rendements augmentent en proportion, son niveau de vie est constant.

Alors bien entendu, il y a des pertes de friction, mais pour qu’elles soient plus mauvaises pour les rentiers qu’une réforme significative de la fiscalité des plus values financières, il faut y aller.

Par ailleurs, il faut bien voire que si d’un coté, il y a des millions de détenteurs d’assurance vie, de l’autre il y a des millions de français endettés a taux fixe pour leur achat immobilier, une forte inflation a un effet sur la dette de tout le monde, pas que de la dette de l’état.

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Le problème dans cette histoire c'est que personne ne pensait qu'une banque ferait faillite car l'état interviendrait pour la sauver.

Si on avait eu la certitude contraire les banques auraient agis en conséquence en liquidant une partie de leurs créances pourries ou non pour avoir des liquidités, au lieu d'attendre les sous des états.

Et la suite du problème c'est qu'après Leman Brother rien n'a changé et les états ont sauvé les banques.

La fin du monde c'est quand les erreurs ne sont pas sanctionnées car les prochaines seront toujours plus grosses.

La fin du monde c'est quand les erreurs ne sont pas sanctionnées car les prochaines seront toujours plus grosses. :icon_up:

C'est bin vrai, ça!!! :doigt::mrgreen: :mrgreen:

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C’est une affirmation que je vois souvent, et je n’en ai jamais vu la raison, que l’inflation soit particulièrement douloureuse pour les pauvres, je n’en doute pas (si ils sont pauvres, c’est en général qu’ils sont les plus mal équipés pour renégocier leur salaire… si salaire il y a), mais pour les rentiers, bof.

En cas d’inflation, en gros, les obligations a taux variable montent, les actions montent, les prix des produits financiers ne sont pas les derniers touchés par l’inflation, ils sont même souvent en avance sur les prix a la consommation.

Un rentier, c’est quelqu’un qui vis des intérêts de ses placements sans amocher le capital, donc il a un rendement au dessus de l’inflation, si l’inflation augmente et que ses rendements augmentent en proportion, son niveau de vie est constant.

Alors bien entendu, il y a des pertes de friction, mais pour qu’elles soient plus mauvaises pour les rentiers qu’une réforme significative de la fiscalité des plus values financières, il faut y aller.

Par ailleurs, il faut bien voire que si d’un coté, il y a des millions de détenteurs d’assurance vie, de l’autre il y a des millions de français endettés a taux fixe pour leur achat immobilier, une forte inflation a un effet sur la dette de tout le monde, pas que de la dette de l’état.

Le problème c'est que les rentiers ont souvent des placements à rendement fixe, non liés à l'inflation (ou alors de manière limitée). Un rentier investi essentiellement en obligations à taux, en fonds euros, en immobilier résidentiel ne pourra pas faire augmenter ses rendements à la vitesse de l'inflation. Et là, il s'appauvrit. Seuls ceux qui se couvrent avec des produits gagés sur l'inflation peuvent s'en sortir mais ils sont ultra-minoritaires.

La guerre de 14 à assassiné les rentiers avec l'inflation et la dévaluation du Franc or. Toute une frange de la population reposant sur la rente (voir la littérature du XIXe Maupassant, Balzac, Flaubert où la rente est un sujet clé. L'intrigue de Bel-Ami est construite autour d'une chasse à la rente menée par le héros) a tout perdu ou presque.

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Quel chaos ?

Je vois plein de doctes savants nous expliquer que cela aurait été la FIN DU MAÔOonde, mais personne pour m'expliquer le pourquoi et le comment.

Ça aurait merdique le temps de trouver quelque chose, probablement, mais je ne crois pas une seconde à une fin du monde financière.

L'humanité a survécu a bien pire.

Et c'est une question ouverte, je veux bien qu'on me détaille une réponse.

+1

M'est avis que ce mantra, jamais explicité, est L'Excuse pour justifier le pognon jeté par les fenêtres et les diatribes contre le "capitalisme sauvage" comme bouc émissaire dans le but de camoufler les vraies responsabilités, celles des Etats.

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Quel chaos ?

Je vois plein de doctes savants nous expliquer que cela aurait été la FIN DU MAÔOonde, mais personne pour m'expliquer le pourquoi et le comment.

Ça aurait merdique le temps de trouver quelque chose, probablement, mais je ne crois pas une seconde à une fin du monde financière.

L'humanité a survécu a bien pire.

Et c'est une question ouverte, je veux bien qu'on me détaille une réponse.

Je vais essayer de répondre de manière simple (si certains veulent compléter, ils sont bienvenus).

Acte 1

Lehman au moment de sa faillite représentait une taille de bilan de 450 milliards d'euros. Ce n'est pas énorme, sachant que Natixis c'est 450 milliards également et BNP Paribas… 2000 milliards. Une fois que cet établissement se met en défaut ceci signifie que 450 milliards se retrouvent inaccessibles pour les contreparties et les clients de Lehman. Évidemment, une partie pourra être récupérée à moyen terme car Lehman a quelques actifs (du cash, des titres, de l'immobilier…) mais ça prend un peu de temps (tous les actifs de la banque n'ont pas encore été soldés à l'heure actuelle). Mais il reste une jolie ardoise. BNP Paribas réclame ainsi 1,3 milliards de USD, SG 800 millions. Et je ne pense pas que ce soient les banques les plus exposées.

Le secteur bancaire doit passer environ 400 milliards de provisions, qui entraînent donc de lourdes pertes, plusieurs dizaines de milliards à très court terme (même si une bonne partie de l'argent peut être récupéré) à passer dans les comptes. Pour la faire courte, les établissements concernés se retrouvent avec un gros trou dans la caisse et un peu gênés niveau liquidités. Mais moyennant augmentations de capital, économies et vente d'actifs on pouvait encore s'en sortir. Fin de l'acte 1.

Acte 2

Dans les jours qui suivent, les établissements commencent à se méfier les uns des autres. J'ai ainsi vu circuler dans des Back Offices de BFI des listes de contreparties à risque à surveiller de près. Concrètement, on ne leur passait plus rien : le moindre suspens, le moindre désaccord sur la valorisation de collatéraux et c'était l'escalade directe à haut niveau. Or, le nerf de la guerre, pour les banques encore plus que pour les autres entreprises, c'est la liquidité. Basiquement, au bilan d'une banque on à l'actif les placements, l'immobilier et le portefeuille de prêt. Au passif, on a les capitaux propres et les dettes. Si la banque n'arrive pas à refinancer ses dettes, elle coule. Or, certains établissements, déjà bien secoué par le défaut de Lehman se sont retrouvés exclus du marché des prêts interbancaires, plus personne ne voulant prêter. Les taux se sont mis à augmenter et là on a commencé à avoir très chaud.

Parce que certains établissement très importants se sont retrouvés dans la merde car incapables de se refinancer. Exemple : AIG. Sauf que là on entrait dans une autre dimension. Si AIG avait fait défaut, Goldman perdait plus 12 milliards de USD, rien que sur les CDS, SG 12 milliards aussi, BNP 4 millards et des poussières. Une telle perte aurait entraîné le défaut d'autres établissements (SG n'aurait pas résisté selon moi entraînant les banques françaises dans sa chute).

Acte 3

Devant le blocage complet du marché interbancaire et les rumeurs de fin du monde (UBS serait en quasi faillite, Macquarie aussi…), les abrutis ayant décidé de la mise à mort de Lehman changent de fusil d'épaule et décident de sauver AIG moyennant prêts directs du trésor et petits arrangements comptables (AIG a l'autorisation de pomper la trésorerie de ses filiales). La FED elle inonde le marché de liquidités, bientôt suivie par les autres banques centrales. Pour la faire courte, on déverse des montagnes de liquidités pour détendre les taux d'intérêts et permettre au marché interbancaire de se remettre d'aplomb. Ce qui finit par fonctionner et faire repartir la machine.

Il était difficile d'attendre que les banques menacées trouvent une solution : la valeur de leurs actifs était au plus bas (suite à la panique boursière liée à la débâcle de Lehman), le cash rare et donc les acheteurs potentiels encore plus rares. Elles n'avaient pour certaines que quelques jours de cash disponible avant faillite.

Si on avait laissé faire, on aurait connu une faillite de la plupart des établissements financiers dans un bel effet domino. Ceci aurait entraîné la destruction de l'épargne de millions de personnes (les fonds de garantie des Etats n'auraient jamais pu faire face) et la faillite de millions d'entreprises dépendantes des lignes de crédit accordées par les banques. On aurait eu le droit à un remake de la Grande Dépression, en pire.

Acte 4

Les banques ont fini par se refinancer mais pendant ce temps là, elles ont fortement réduit la distribution de crédit dont dépendent les entreprises (ne serait-ce que pour financer à court terme la production avant encaissement du produit des ventes). Afin d'inciter les banques à prêter, les taux sont descendus à des taux planchers. Et pour donner de l'air aux consommateurs et aux entreprises, des plans de relance sont mis au point pour éviter une grosse récession.

Moralité

Sur le principe, le "too big to fail" est évidemment immoral. Les entreprises mal gérées devraient faire faillite sauf que l'interdépendance entre banques est si étroite, que la moindre faiblesse d'un gros établissement peut entraîner une catastrophe. Au niveau des solutions, on peut très rapidement, envisager :

1) Le démantèlement des établissements de trop grande taille, présentant donc un risque systémique

2) Un renforcement drastique des exigences en Fonds Propres. C'est la voie suivie mais pas sûr que ce soit suffisant

3) Le renforcement de la responsabilité des dirigeants fautifs, très peu inquiétés au final (avec des peines de prison dissuasives pour les tricheurs)

4) La revue des règles comptables afin de limiter la part du hors-bilan des banques

5) La mise en place de mécanismes de faillite ordonnée, pour toutes les tailles d'établissement, afin d'avoir un plan d'action tout prêt en cas de problème

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Bon résumé, dans la liste des moyens a mettre en œuvre, c’est dommage, tu as oublié le plus simple a mettre en œuvre (sinon le moins couteux), clearing systématique des positions interbancaires.

Ca limite le risque systémique aux écarts de position intraday au lieu d’être sur l’ensemble de la position.

Ca tombe bien, c’est en cours <–<

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Ce que j'ai décrit plus haut, à savoir elles vendent des actifs pour trouver des liquidités.

Heu, certes, mais pour trouver des liquidités en vendant des actifs pourris, il faut un acheteur (au moins un). Et dans ce cas de figure, je vois mal un acheteur potentiel.

La Fed ? :icon_up:

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Heu, certes, mais pour trouver des liquidités en vendant des actifs pourris, il faut un acheteur (au moins un). Et dans ce cas de figure, je vois mal un acheteur potentiel.

Il y a des fonds qui achetaients des prêt subprimes entre un cinquième et un tiers de leurs valeurs nominales avant les plans de sauvetage.

exemple :

Merrill Lynch a reconnu avoir fait 4,4 milliards de moins-values lors de la cession de ces titres (de type ABS CDO).

http://www.lexpansion.com/entreprise/subpr…ars_159470.html

Merrill, the third-biggest U.S. securities firm, this week agreed to sell collateralized debt obligations to private-equity firm Lone Star Funds for about 22 cents on the dollar

http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=new…id=aHlDsDAG61c0

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Il y a des fonds qui achetaients des prêt subprimes entre un cinquième et un tiers de leurs valeurs nominales avant les plans de sauvetage.

Ok, et dans ce cas, est-ce que cela aurait empêché Lehman Bros. ou Merryll Lynch de faire faillite, avec de telles moins-values ?

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Bon résumé, dans la liste des moyens a mettre en œuvre, c’est dommage, tu as oublié le plus simple a mettre en œuvre (sinon le moins couteux), clearing systématique des positions interbancaires.

Ca limite le risque systémique aux écarts de position intraday au lieu d’être sur l’ensemble de la position.

Ca tombe bien, c’est en cours <–<

C'est un moyen de limiter les risques, notamment sur les CDS. Néanmoins, tous les dérivés OTC ne passeront pas par des chambres de compensations. Par ailleurs, le déploiement de cette solution me semble plutôt lent.

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Néanmoins, tous les dérivés OTC ne passeront pas par des chambres de compensations.

Oui, le fond du problème est que tant que le risque de contrepartie sera sous-estimé et que la rémunération des traders ne prendra en compte que le P&L et pas la VaR, l’ingénierie financière continuera à générer des produits pour contourner la régulation, même mise en place par l’industrie financière elle-même, mais c’est tout de même un pas dans la bonne direction.

Par ailleurs, le déploiement de cette solution me semble plutôt lent.

Lent ? lent ! You talkin' to me?

Disons que le démarrage a été laborieux, mais maintenant que la machine est lancée, ça ne va plus être lent.

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Ok, et dans ce cas, est-ce que cela aurait empêché Lehman Bros. ou Merryll Lynch de faire faillite, avec de telles moins-values ?

Il y avait aux environs de 1200 Milliards de dollars de prêt subprime soit pas grand chose après je ne sais pas quelles étaient les expositions des banques que vous citez mais il y avait largement de quoi absorber une décote de 80% de ses prêts.

Le seul véritable problème étaient en fait était d'identifier les créances pourries qui avaient étaient titrisées pour pouvoir s'en débarrasser.

Mais comme les états sont intervenus on ne saura jamais comment tout cela se seraient réglé si ils avaient laissé faire.

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Il y avait aux environs de 1200 Milliards de dollars de prêt subprime soit pas grand chose après je ne sais pas quelles étaient les expositions des banques que vous citez mais il y avait largement de quoi absorber une décote de 80% de ses prêts.

Le seul véritable problème étaient en fait était d'identifier les créances pourries qui avaient étaient titrisées pour pouvoir s'en débarrasser.

Mais comme les états sont intervenus on ne saura jamais comment tout cela se seraient réglé si ils avaient laissé faire.

Les acheteurs n'étaient pas preneurs pour 80% de décote, il fallait offrir un prix beaucoup, beaucoup plus bas. Sinon, 1200 milliards de crédits subprimes, ça fait une somme et ce n'est pas si simple que ça à encaisser. A 20 ou 30 milliards de pertes, la plupart des gros établissements sont déjà au bord du coma…

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