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Théorie(s) autrichienne(s) : un nain dans la science économique ?


DiabloSwing

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Bonjour, voici le numéro de décembre 2009 de Enjeux Les Echos (il y a un sujet spécifique sur un autre topic) :

keynes.png

Bon, je le lis, je relève quelques anneries comme d'habitude (la traditionnelle faute "laisser-faire" au lieu de "laissez-faire" par exemple), et arrivé en page 45, je vois un scanner de la pensée économique. Bon, ok…et là aucun autrichien. C'est un dessin stylisé d'un cerveau, et quelques zones sont associés à des économistes ou des écoles d'économistes. On y voit par exemples des posts-keynesiens, les monétaristes. Et bien d'autres.

Je lis en outre :

Lobbe Occipital : Siège de la vision, Lésion importante de la zone : aucun macroéconomiste n'a vu venir le krach. Réparation en cours jusqu'à ce que la macroéconomie incorpore les travaux de l'économie et de la finance comportementale.

Et là je me dis : ils sont inculques :icon_up:

Passé la phase Caliméro, je réfléchis un peu.

En clair, tout se passe comme si l'économie dite autrichienne n'existait pas. Ce n'est pas une découverte, rassurez-vous, encore qu'on apprend à détester Hayek très tôt dans les classes d'éco au lycée. Mais le canard Les Echos étant censé être traditionnellement un peu mieux fichu, et opposant sur le coup libéralisme à keynesien, nous sort un exemple de journalisme d'investigation tronqué. Le travail sur Keynes est bon, sur l'opposition avec Friedman aussi…mais je constate une certaine malhonnêteté, ou un manque de culture économique, à vouloir évacuer le libéralisme à l'autrichienne. En clair mensonge par omission ou inculture, c'est presque digne d'une pignoufferie de presse ( © ).

En dehors du fait que la théorie autrichienne (au pluriel) n'est pas non plus l'alpha et l'omega de l'économie, que les journalistes français manquent de curiosité, que le libéralisme y est mal vu…que tout ceci parait évident quand on fréquente lib.org…voyez-vous d'autres raisons de ce snobisme de l'économie autrichienne ? En général, les gauchos évitent d'y faire référence, sauf pour lancer quelques ad hominem hors de propos, ou des cris d'orfraies vexées qui fait directement appel aux sentiments (exemple : rapprocher nazis et cocos, comme dans la route de la servitude, ou comme l'analyse de Mises). Il semblerait que lancer une attaque frontale contre l'économie autrichienne requiert quand même un niveau plus robuste que pour claquer l'économie néo-classique. Il y a bien wiz79 sur le forum de la bulle-immo, mais il comprend à moitié ce qu'il lit le pauvre, et reste prisonnier de ses conceptions économiques.

Ce que je constate en plus :

- peu de gens sont au fait

- parmi ce peu, le taux de ceux qui y accrochent est elevé

- les crises actuelles sont biens prévues et relativement cohérentes avec la théorie

En clair, en appréciant les économistes autrichiens, on est pas très loin d'être sectaires ou illuminés :mrgreen: Au début, détenir un savoir que peu connaissent a quelque chose de fascinant, mais au final, à quoi bon, si c'est systématiquement ignoré ? Remarquez, ça change un petit peu, avec le blogueur tropicalbear.

Rien de bien extraordinaire dans ce que je dis, mais ça devait sortir :doigt:

Donc, voilà ma question : est-ce que en tant que libéraux, on ne donne pas trop de poids intellectuellement parlant aux théories économiques autrichiennes ? Faut-il devenir raisonnable et devenir monétariste ?

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encore qu'on apprend à détester Hayek très tôt dans les classes d'éco au lycée.

Ah bon ? Perso, j'en ai jamais entendu parlé en SES.

Petite question HS : Un livre qui présente/détaille/analyse bien l'école autrichienne, ça existe ?

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Ah bon ? Perso, j'en ai jamais entendu parlé en SES.

Petite question HS : Un livre qui présente/détaille/analyse bien l'école autrichienne, ça existe ?

Le meilleur en français est sans doute celui de Thierry Aimar, avec une bibliographie impressionnante :

Il y a aussi celui, plus court, de Stéphane Longuet :

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Donc, voilà ma question : est-ce que en tant que libéraux, on ne donne pas trop de poids intellectuellement parlant aux théories économiques autrichiennes ? Faut-il devenir raisonnable et devenir monétariste ?

En toute rigueur, en tant que libéral, on n'a pas à donner de poids à une théorie économique parce que ce n'est pas le même champ d'analyse. Théorie économique et philosophie politique, ce ne sont pas les mêmes choses. A moins qu'on soit libéral "utilitariste" ou "conséquentialiste", auquel cas la théorie économique, dès lors qu'elle explique des conséquences de choix institutionnels, s'intègre à la philosophie politique.

Sur le choix de donner du poids à une tradition économique plutôt qu'à une autre, quelle bonne raison pourrait-on avoir? A part choisir la tradition qu'on pense être basée sur une bonne méthode pour découvrir la vérité dans le champ d'analyse en question et qui nous permet ainsi de dériver des conclusions correctes, je ne vois pas de bonne raison. C'est quand même le but de la science que d'obtenir une connaissance correcte, non?

Si on commence à choisir sur la base d'une supposée popularité réelle ou potentielle des idées en question, pourquoi ne pas devenir keynésien, puisqu'apparemment Keynes est "l'homme de l'année"? Que le choix soit keynésien, monétariste ou autrichien, il devrait être clair en tout cas que cette façon de choisir n'a rien avoir avec la science ou l'ordinaire décence de l'honnête homme. Cela revient à adopter un corpus d'idées parce qu'il rationaliserait a posteriori nos préférences basées sur tout autre chose que la validité des idées en question. C'est une instrumentalisation malhonnête de la science.

Enfin, supposons qu'on ait des raisons de penser que les théories autrichiennes (ou d'autres théories, peu importe) sont correctes. Supposons de plus qu'elles sont inconnues. On doit donc être intéressé à ce qu'elles gagnent du terrain. Que pourrait-on faire d'autre que de leur donner du poids pour leur faire gagner du terrain? A quoi servirait-il de devenir monétariste étant donné l'objectif? Poser ces questions, c'est déjà y répondre, non?

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Le libéralisme devrait pouvoir s'appuyer sur des théories économiques pour justifier de ses apports à la société. Alors oui on tombe dans l'utilitarisme mais c'est un moyen de convaincre, tout le monde n'étant pas jusnaturaliste (belle litote, malheureusement).

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Prove yourself correct.

Je me suis avancé un peu rapidement tu trouves :icon_up: ? J'ai pas utilisé le conditionnel pour rien, j'attends juste une confirmation.

@ Xara : j'entends bien ce que tu dis, je me demandais juste : "Vu que cette école d'économistes est peu renommée, que les Echos l'ignorent purement et simplement, n'aurions-nous pas tort de nous y référer ?"

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@ Xara : j'entends bien ce que tu dis, je me demandais juste : "Vu que cette école d'économistes est peu renommée, que les Echos l'ignorent purement et simplement, n'aurions-nous pas tort de nous y référer ?"

Cela me semble plutôt une bonne raison pour en parler :icon_up:

Le problème tiens plus à mon avis à notre incapacité à appliquer cette connaissance, c'est pour cela qu'elle n'est pas renommée à mon avis (si elle était appliquée avec succès par un nombre significatif de personnes, le succès parlerait de lui-même).

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@ Xara : j'entends bien ce que tu dis, je me demandais juste : "Vu que cette école d'économistes est peu renommée, que les Echos l'ignorent purement et simplement, n'aurions-nous pas tort de nous y référer ?"

Trois des quatre petits paragraphes que j'ai pondus ci-dessus répondent précisément à ça. Si tu reposes la question, je ne suis pas sûr que tu aies bien entendu justement.

Maintenant, on peut s'y prendre autrement. En quoi le fait que les Echos ignorent l'école autrichienne impliquerait qu'on ait tort de s'y référer? Trouver une raison, une bonne de préférence, me semble loin d'être évident. Explique-nous alors.

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Bonjour, voici le numéro de décembre 2009 de Enjeux Les Echos (il y a un sujet spécifique sur un autre topic) :

keynes.png

Bon, je le lis, je relève quelques anneries comme d'habitude (la traditionnelle faute "laisser-faire" au lieu de "laissez-faire" par exemple), et arrivé en page 45, je vois un scanner de la pensée économique. Bon, ok…et là aucun autrichien. C'est un dessin stylisé d'un cerveau, et quelques zones sont associés à des économistes ou des écoles d'économistes. On y voit par exemples des posts-keynesiens, les monétaristes. Et bien d'autres.

Je lis en outre :

Et là je me dis : ils sont inculques :icon_up:

Passé la phase Caliméro, je réfléchis un peu.

En clair, tout se passe comme si l'économie dite autrichienne n'existait pas. Ce n'est pas une découverte, rassurez-vous, encore qu'on apprend à détester Hayek très tôt dans les classes d'éco au lycée. Mais le canard Les Echos étant censé être traditionnellement un peu mieux fichu, et opposant sur le coup libéralisme à keynesien, nous sort un exemple de journalisme d'investigation tronqué. Le travail sur Keynes est bon, sur l'opposition avec Friedman aussi…mais je constate une certaine malhonnêteté, ou un manque de culture économique, à vouloir évacuer le libéralisme à l'autrichienne. En clair mensonge par omission ou inculture, c'est presque digne d'une pignoufferie de presse ( © ).

En dehors du fait que la théorie autrichienne (au pluriel) n'est pas non plus l'alpha et l'omega de l'économie, que les journalistes français manquent de curiosité, que le libéralisme y est mal vu…que tout ceci parait évident quand on fréquente lib.org…voyez-vous d'autres raisons de ce snobisme de l'économie autrichienne ? En général, les gauchos évitent d'y faire référence, sauf pour lancer quelques ad hominem hors de propos, ou des cris d'orfraies vexées qui fait directement appel aux sentiments (exemple : rapprocher nazis et cocos, comme dans la route de la servitude, ou comme l'analyse de Mises). Il semblerait que lancer une attaque frontale contre l'économie autrichienne requiert quand même un niveau plus robuste que pour claquer l'économie néo-classique. Il y a bien wiz79 sur le forum de la bulle-immo, mais il comprend à moitié ce qu'il lit le pauvre, et reste prisonnier de ses conceptions économiques.

Ce que je constate en plus :

- peu de gens sont au fait

- parmi ce peu, le taux de ceux qui y accrochent est elevé

- les crises actuelles sont biens prévues et relativement cohérentes avec la théorie

En clair, en appréciant les économistes autrichiens, on est pas très loin d'être sectaires ou illuminés :mrgreen: Au début, détenir un savoir que peu connaissent a quelque chose de fascinant, mais au final, à quoi bon, si c'est systématiquement ignoré ? Remarquez, ça change un petit peu, avec le blogueur tropicalbear.

Rien de bien extraordinaire dans ce que je dis, mais ça devait sortir :doigt:

Donc, voilà ma question : est-ce que en tant que libéraux, on ne donne pas trop de poids intellectuellement parlant aux théories économiques autrichiennes ? Faut-il devenir raisonnable et devenir monétariste ?

Bonjour

Ca me fait toujours quelque peu sourire les titres tels que "La fin du libéralisme?" ou "L'echec du libéralisme". Après si on demande "si c'est la fin du libéralisme qu'est ce que vous proposez à la place ma bonne dame?". Et là, la bonne dame répond: "Ehhh ben bien sûr il faut réguler encore plus, par exemple réguler le marché du travail, imposer, taxer pour rendre les choses plus justes". et là si on répond "Si vous comencez par reguler le marché du travail, il vous faut aussi réguler la production et la consommation…". "Bien sûr" répond-t-elle et "l'education aussi…."

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Le fait est que l'école autrichienne, universitairement, n'existe à peu près pas (ce dont je me désole). Qui plus est, quelle idée originale et nouvelle a-t-elle pondu, durant ces 50 dernières années (ce dont je m'inquiète) ?

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Le fait est que l'école autrichienne, universitairement, n'existe à peu près pas (ce dont je me désole). Qui plus est, quelle idée originale et nouvelle a-t-elle pondu, durant ces 50 dernières années (ce dont je m'inquiète) ?

J'ai bien peur que ce ne soit pas grand chose.

Je suis en train de lire des livres sur la période années 30-40 à propos de la structure de production, le capital et l'intérêt, c'est fabuleux, c'est théorique et ancré dans la réalité concrète en même temps, c'est autre chose que les trucs à base d'équations et d'agrégats que l'on voit partout.

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Qui plus est, quelle idée originale et nouvelle a-t-elle pondu, durant ces 50 dernières années (ce dont je m'inquiète) ?

Attention, les écrits de Hayek datent des années 70' pour DLL. Rothbard a pondu ses grands ouvrages après 1960, America's Great Depression en 1963, l'Ethique en 1982, son histoire de la pensée économique en 1995 et son Power and Market (que j'aime bien mais je ne sais pas si il est considéré comme un grand texte…) en 1970. Et la dernière version de Human Action date de 1966. Et tous les travaux de Kirzner datant des années 70 à 90 ont renouvelé l'approche du marché et de la firme (contre l'approche de Coase par exemple). Tout ça c'est depuis moins de 50 ans.

Bref, c'est plutôt depuis la mort de Rothbard (1995) qu'il n'y a plus eu de grand textes dans la pensée autrichienne. Et encore des auteurs comme Holcombe ou Hoppe ont renouvelé l'approche praxéologique du droit pour le premier et de la théorie politique pour le second.

Mais ta question pose un autre problème qui me tiens particulièrement à coeur, à savoir quels devraient être les travaux économiques autrichiens aujourd'hui. J'aimerais fort avoir l'avis d'un Pascal Salin, par exemple, sur les domaines à investir avec l'approche autrichienne dans le futur proche. (la psychologie économique, l'analyse du marché politique etc.)

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Attention, les écrits de Hayek datent des années 70' pour DLL. Rothbard a pondu ses grands ouvrages après 1960, America's Great Depression en 1963, l'Ethique en 1982, son histoire de la pensée économique en 1995 et son Power and Market (que j'aime bien mais je ne sais pas si il est considéré comme un grand texte…) en 1970. Et la dernière version de Human Action date de 1966. Et tous les travaux de Kirzner datant des années 70 à 90 ont renouvelé l'approche du marché et de la firme (contre l'approche de Coase par exemple). Tout ça c'est depuis moins de 50 ans.

Bref, c'est plutôt depuis la mort de Rothbard (1995) qu'il n'y a plus eu de grand textes dans la pensée autrichienne. Et encore des auteurs comme Holcombe ou Hoppe ont renouvelé l'approche praxéologique du droit pour le premier et de la théorie politique pour le second.

Mais ta question pose un autre problème qui me tiens particulièrement à coeur, à savoir quels devraient être les travaux économiques autrichiens aujourd'hui. J'aimerais fort avoir l'avis d'un Pascal Salin, par exemple, sur les domaines à investir avec l'approche autrichienne dans le futur proche. (la psychologie économique, l'analyse du marché politique etc.)

J'ai parlé d'idées en économie. DLL, c'est de la science sociale (dans l'acception la plus large et la plus positive que peut avoir cette expression). AGD est de l'histoire des faits économiques (ce qui est bien, mais n'est pas une idée en soi), l'EDL n'est pas de l'économie… Reste Power and Market, sorte d'annexe de MES mâtinée de la Lesson de Hazlitt. Rien de vraiment original. Et même, Rothbard, c'est un peu le Rand de l'économie : un très grand pamphlétaire, un excellent vulgarisateur, mais rien d'original en économie (sinon la dégénérescence du conceptualisme misesien en un réalisme de mauvais aloi). Bon, OK, il y a la typologie des actions de l'Etat, mais c'est bien en dessous de ce qu'il aurait pu produire.

En revanche, Kirzner, ça c'est important. Le traduire, et l'étudier me semble être de la plus haute importance pour quiconque souhaire défendre l'école autrichienne d'un point de vue académique. Mais les autres… DiLorenzo, Block, Leeson, Hülsmann, Boettke, Salerno : qu'ont-ils vraiment inventé ou découvert ?

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Le fait est que l'école autrichienne, universitairement, n'existe à peu près pas (ce dont je me désole). Qui plus est, quelle idée originale et nouvelle a-t-elle pondu, durant ces 50 dernières années (ce dont je m'inquiète) ?

Conséquence prévisible de la mise en place de banques centrales pour moi (qui incite à financier plutôt certaines autres écoles).

Mais ta question pose un autre problème qui me tiens particulièrement à coeur, à savoir quels devraient être les travaux économiques autrichiens aujourd'hui. J'aimerais fort avoir l'avis d'un Pascal Salin, par exemple, sur les domaines à investir avec l'approche autrichienne dans le futur proche. (la psychologie économique, l'analyse du marché politique etc.)

L'analyse du fonctionnement des entreprises (et du management en particulier), et l'entrepreunariat.

Le marché politique aussi, oui.

Pour la psychologie, je pense que c'est un domaine différent.

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Conséquence prévisible de la mise en place de banques centrales pour moi (qui incite à financier plutôt certaines autres écoles).

Faut arrêter de tout ramener à ça, hein. La mort de l'Ecole Autrichienne est dûe à des causes dramatiquement simples et évidentes. Le nazisme a fait exploser son foyer originel (rappelons que l'EA était surnommée par ses détracteurs "l'école juive d'économie"), et ses survivants ont soit intégré des départements d'économie en s'y assimilant, soit ont joué les cavaliers seuls sans réellement faire souche, comme Hayek, et Mises (qui a certes formé quelques élèves, mais dont aucun n'a eu le quart de son ampleur intellectuelle). Dispersée, en minorité partout et souvent sans volonté de diviser le camp libéral face à la menace keynésienne, l'EA a pratiquement disparu corps et âme. J'en pleurerais presque.

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Faut arrêter de tout ramener à ça, hein. La mort de l'Ecole Autrichienne est dûe à des causes dramatiquement simples et évidentes. Le nazisme a fait exploser son foyer originel (rappelons que l'EA était surnommée par ses détracteurs "l'école juive d'économie"), et ses survivants ont soit intégré des départements d'économie en s'y assimilant, soit ont joué les cavaliers seuls sans réellement faire souche, comme Hayek, et Mises (qui a certes formé quelques élèves, mais dont aucun n'a eu le quart de son ampleur intellectuelle). Dispersée, en minorité partout et souvent sans volonté de diviser le camp libéral face à la menace keynésienne, l'EA a pratiquement disparu corps et âme. J'en pleurerais presque.

Je pourrais être d'accord s'il n'y avait pas aujourd'hui bien plus d'universitaires autrichiens qu'il n'y en a jamais eu. Je continue à penser que c'est plutôt un problème de financement. L'économie autrichienne devient bien plus difficile à rentabiliser lorsqu'il existe des banques centrales, il y a donc moins de financement pour cette école.

Par ailleurs, j'ai souvent lu de très bonnes études, originales, venant de jeunes chercheurs est-européens.

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J'ai parlé d'idées en économie. DLL, c'est de la science sociale (dans l'acception la plus large et la plus positive que peut avoir cette expression). AGD est de l'histoire des faits économiques (ce qui est bien, mais n'est pas une idée en soi.

Je n'ai pas ton pessimisme sur la question autrichienne, je dois être trop jeune. Tu dis qu'il n'y a rien de nouveau en économie, mais pour moi l'approche autrichienne c'est justement plus large que l'économie. Tout le corpus économique de base est bouclé avec Human action et Man, Economy & State non ? Reste donc à étoffer tout ça de considérations philosophiques, politiques, juridiques et historiques.

Un exemple : tout le succès de l'économie du droit aux USA depuis les années 70 ("law & economics" dans le jargon anglo-saxon) n'a pas pris en compte les apports des autrichiens qui avaient déjà relié ces deux domaines dans leur coin. Citons Hayek et Leoni par exemple.

L'analyse du fonctionnement des entreprises (et du management en particulier), et l'entrepreunariat.

Le marché politique aussi, oui.

Pour la psychologie, je pense que c'est un domaine différent.

La psychologie n'est certes pas un domaine praxéologique, par définition quasiment. Derrière ça j'entends en fait toute la pensée qui s'est développée autour de la théorie des jeux, du problème des choix collectifs par M. Olson etc. Quitte à sortir du champs défini par Mises, je trouve (d'après le peu de chose que je connaisse là dessus) que ce domaine a d'immenses possibilités et qu'il pourrait déboucher sur des enseignements libertariens concrets à l'université - contrairement à la théorie autrichienne de Mises "brute" qui a toute ses chances pour rester encore un bon siècle hors des manuels. Je ne sais pas ce que les plus "autrichiens" du forum en pense.

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En revanche, Kirzner, ça c'est important. Le traduire, et l'étudier me semble être de la plus haute importance pour quiconque souhaire défendre l'école autrichienne d'un point de vue académique. Mais les autres… DiLorenzo, Block, Leeson, Hülsmann, Boettke, Salerno : qu'ont-ils vraiment inventé ou découvert ?

Pour Hülsmann, même s’il ne fait rien de bien nouveau, il fait en somme la même chose que Rothbard : arrondir les angles (les points douteux) de Mises. Voir "A Theory Of Interest" (qui répond à quelques problèmes causés par sa définition de la préférence temporelle), "Facts and Counterfactual Arguments in Economic Law" & "A Realist Approach to Equilibrium Analysis" (les deux vont de paire, et je suis persuadé que poussées plus loin, les idées développées là-dedans peuvent être fécondes. Malheureusement, j’ai l’impression qu’il ne compte pas continuer sur cette lancée)

Mais ta question pose un autre problème qui me tiens particulièrement à coeur, à savoir quels devraient être les travaux économiques autrichiens aujourd'hui.

Un gros trou béant, AMHA, c’est la rémunération des facteurs de production en dehors de l’ERE. À ma connaissance, c’est le vide théorique total sur cette question (mais je dois admettre que niveau économique, je ne connais pour ainsi dire rien sur la branche hayekienne de l’EA).

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Un gros trou béant, AMHA, c’est la rémunération des facteurs de production en dehors de l’ERE. À ma connaissance, c’est le vide théorique total sur cette question (mais je dois admettre que niveau économique, je ne connais pour ainsi dire rien sur la branche hayekienne de l’EA).

Les abrévations c'est bien. Mais tu entends quoi par ERE et EA ? (AMHA c'est bien "à mon humble avis" ?)

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La psychologie n'est certes pas un domaine praxéologique, par définition quasiment. Derrière ça j'entends en fait toute la pensée qui s'est développée autour de la théorie des jeux, du problème des choix collectifs par M. Olson etc. Quitte à sortir du champs défini par Mises, je trouve (d'après le peu de chose que je connaisse là dessus) que ce domaine a d'immenses possibilités et qu'il pourrait déboucher sur des enseignements libertariens concrets à l'université - contrairement à la théorie autrichienne de Mises "brute" qui a toute ses chances pour rester encore un bon siècle hors des manuels. Je ne sais pas ce que les plus "autrichiens" du forum en pense.

Je pense que la psychologie peut être étudiée d'une façon aussi précise que la praxéologie, mais en effet ce sont deux domaines différents.

Maintenant, je pense que la théorie des jeux, et sans doute aussi les problèmes de choix collectifs sont de mauvaises applications de la psychologie. D'une part la vie n'est pas un jeu, d'autre part les choix sont et resteront individuels (à chacun son cerveau et ses possibilités).

Au début de MES Rothbard propose une distinction qui m'a toujours semblée justifiée:

Why man chooses various ends: psychology.

What men's ends should be: philosophy of ethics. also philosophy of aesthetics.

How to use means to arrive at ends: technology.

What man's ends are and have been, and how man has used means in order to attain them: history.

The formal implications of the fact that men use means to attain various chosen ends: praxeology.

Il me semblerait abusif de considérer que l'école autrichienne s'est intéressée à toutes ces disciplines, donc oui pour étudier ces sujets d'une façon objective, mais il ne me semble pas juste d'appeler cela "autrichien".

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Les abrévations c'est bien. Mais tu entends quoi par ERE et EA ? (AMHA c'est bien "à mon humble avis" ?)

EA = École Autrichienne, Rincevent l’utilise depuis le début du fil

ERE = Evenly Rotating Economy, abréviation utilisée dans à peu près tout papier de l’EA :icon_up:

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Et là je me dis : ils sont inculques facepalm.gif

Passé la phase Caliméro, je réfléchis un peu.

En clair, tout se passe comme si l'économie dite autrichienne n'existait pas.

Bien souvent Menger et sa suite sont présentés comme des néoclassiques.

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Maintenant, on peut s'y prendre autrement. En quoi le fait que les Echos ignorent l'école autrichienne impliquerait qu'on ait tort de s'y référer? Trouver une raison, une bonne de préférence, me semble loin d'être évident. Explique-nous alors.

Si j'ai bien compris, il veut dire que l'ignorance et le dénie de cette école fait des autrichiens des génies incompris. Or le cas du "génie incompris" est un cas qui marche une fois sur mille.

Je pourrais être d'accord s'il n'y avait pas aujourd'hui bien plus d'universitaires autrichiens qu'il n'y en a jamais eu. Je continue à penser que c'est plutôt un problème de financement. L'économie autrichienne devient bien plus difficile à rentabiliser lorsqu'il existe des banques centrales, il y a donc moins de financement pour cette école.

Par ailleurs, j'ai souvent lu de très bonnes études, originales, venant de jeunes chercheurs est-européens.

C'est une possibilité. Mais j'en vois une autre. La méconnaissance du courant dominant vis à vis de la théorie du cycle. Car la théorie autrichienne repose essentiellement sur elle. Une fois qu'on en a fait le tour, on fait le tour de l'économie autrichienne, qui ne propose pas grand chose à côté.

Quand je lis les critiques adressées à la théorie du cycle, elles me semblent souvent incorrectes.

De façon générale, on trouve des choses comme ceci :

"As a matter of simple arithmetic, total spending in the economy is necessarily equal to total income. Every sale is also a purchase, and vice-versa. So if people decide to spend less on investment goods, doesn't that mean that they must be deciding to spend more on consumption goods implying that an investment slump should always be accompanied by a corresponding consumption boom? And if so why should there be a rise in unemployment?"

Alors oui, Rincevent dit juste. J'ai pas l'impression qu'ils ont beaucoup innové. Ils disent (trop) souvent la même chose. Mais c'est pas ce qui explique que les autrichiens ne sont jamais pris au sérieux par le courant dominant.

Maintenant, je pense que la théorie des jeux, et sans doute aussi les problèmes de choix collectifs sont de mauvaises applications de la psychologie. D'une part la vie n'est pas un jeu, d'autre part les choix sont et resteront individuels (à chacun son cerveau et ses possibilités).

La théorie des jeux (cf économie institutionnelle) ne dit pas que la vie est un jeu. Elle peut parfois s'appliquer, et quand elle s'applique, elle montre bien que la coopération gère mieux que les choix individuels (ou égoïstes).

Et pourtant, ça n'invalide pas du tout le libre marché.

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C'est une possibilité. Mais j'en vois une autre. La méconnaissance du courant dominant vis à vis de la théorie du cycle. Car la théorie autrichienne repose essentiellement sur elle. Une fois qu'on en a fait le tour, on fait le tour de l'économie autrichienne, qui ne propose pas grand chose à côté.

La théorie autrichienne c'est avant tout la méthode et l'épistémologie de l'économie. Tout découle de là à mon sens, plus que de la pensée du cycle. Et c'est parce que cette méthode est trop différente de la méthode néo-classique et keynésienne qu'aucun universitaire ne peut incorporer petit à petit des éléments "autrichiens" dans ses cours.

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La théorie autrichienne c'est avant tout la méthode et l'épistémologie de l'économie. Tout découle de là à mon sens, plus que de la pensée du cycle. Et c'est parce que cette méthode est trop différente de la méthode néo-classique et keynésienne qu'aucun universitaire ne peut incorporer petit à petit des éléments "autrichiens" dans ses cours.

:icon_up:

La théorie des jeux (cf économie institutionnelle) ne dit pas que la vie est un jeu. Elle peut parfois s'appliquer, et quand elle s'applique, elle montre bien que la coopération gère mieux que les choix individuels (ou égoïstes).

Et pourtant, ça n'invalide pas du tout le libre marché.

Ce que je voulais dire c'est que la théorie des jeux s'appuie sur une représentation irréaliste des décisions des personnes (ou des hypothèses psychologiques trop simples.

Sur la base de ces hypothèses simplificatrices, elle peut être utilisée sans trop de dégâts pour décrire une situation et des comportements, pour autant que les acteurs se comportent comme les hypothèses le voudraient. Lorsqu'elle est utilisée pour faire de la prescription ou du normatif, elle devient un jeu dangereux. Malheureusement, on sait combien une description de ce type est rarement utilisée sans arrière-pensée prescritive ou normative.

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Je n'ai pas ton pessimisme sur la question autrichienne, je dois être trop jeune. Tu dis qu'il n'y a rien de nouveau en économie, mais pour moi l'approche autrichienne c'est justement plus large que l'économie. Tout le corpus économique de base est bouclé avec Human action et Man, Economy & State non ? Reste donc à étoffer tout ça de considérations philosophiques, politiques, juridiques et historiques.

Je ne pense pas. Quand on regarde ce qui concerne la théorie du capital, la structure de production et la monnaie, il n'y a plus grand chose après les années 30.

Résultat, on n'a pas d'analyse autrichienne solide sur le système monétaire actuel, avec du fiat non-convertible de partout, et ses problèmes.

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La théorie autrichienne c'est avant tout la méthode et l'épistémologie de l'économie. Tout découle de là à mon sens, plus que de la pensée du cycle. Et c'est parce que cette méthode est trop différente de la méthode néo-classique et keynésienne qu'aucun universitaire ne peut incorporer petit à petit des éléments "autrichiens" dans ses cours.

Je trouve que même sans usage à profusion d'équations les autrichiens se débrouillent bien. Si maintenant leurs théories sont jugées irréalistes, considérées comme étant "simplement une théorie", alors oui, on change de registre.

Le débat décale sur "plus de maths" ou "moins de maths".

Si le courant dominant préconise leur modèle à eux, j'ai dans l'idée que cela a à voir avec les thèses autrichiennes avec lesquelles ils ne sont tout simplement pas d'accord.

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