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Révolution au Moyen-Orient


Invité rogermila

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Pour les historiens ou sociologues de tendance majoritaires, il est inconcevable de donner aux processus ethniques un rôle explicatif ou prédictif majeur dans l'évolution des pays africains. Pour Lugan, à l'inverse, tout doit s'expliquer de cette manière. Il a le mérite d'être le seul à s'opposer aux autres mais la meilleure solution, ici encore plus qu'ailleurs, est la confrontation des sources opposées.

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Pour les historiens ou sociologues de tendance majoritaires, il est inconcevable de donner aux processus ethniques un rôle explicatif ou prédictif majeur dans l'évolution des pays africains. Pour Lugan, à l'inverse, tout doit s'expliquer de cette manière. Il a le mérite d'être le seul à s'opposer aux autres mais la meilleure solution, ici encore plus qu'ailleurs, est la confrontation des sources opposées.

Je ne vois pas sur quoi tu te bases pour affirmer cela.

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Je ne vois pas sur quoi tu te bases pour affirmer cela.

Je ne sais pas quelle partie de mon affirmation tu trouves contestable.

Pour te répondre, je lis assez régulièrement des revues d'histoire telle que l'histoire (progressiste) ou la "Nouvelle Revue d'Histoire", à laquelle participe régulièrement Lugan, carrément d'extrême-droite.

Mon impression est que chacune a ses biais idéologiques. Ceux de la NRH sont tels qu'ils pourraient sembler plus prudent d'accorder toute confiance à l'autre tendance (surtout que le comité de rédaction de l'histoire représente assez souvent la crème des historiens les plus reconnus dans leur domaine) mais le peu de données ou de faits que je connais sur les questions abordées me permet de voir (peut-être à tort) de l'idéologie dans les deux cas.

Concernant spécifiquement le cas de l'Afrique, pour étayer l'affirmation qui l'était insuffisamment dans mon premier post, il me faudrait montrer :

1°) Que le facteur éthnique est réellement prédominant chez Lugan et qu'il n'en a pas chez les auteurs meanstream.

2°) Que dans les deux cas cela procède d'un biais et non d'une prise réaliste de la situation.

Pour le 1°) il est certain que Lugan donne au facteur ethnique une importance bien plus considérable que les historiens qui vont écrire dans l'Histoire. Lugan met régulièrement en avant l'importance du facteur ethnique et reproche régulièrement aux historiens de l'autre bord de le négliger. Même lorsqu'il ne le fait pas explicitement, la prise en compte de ce facteur est transparent dans ces analyses.

En réfléchissant à la réponse à donner à ta question je me suis demandé si j'avais réellement l'exemple d'un tel biais dans le camp opposé ou si cette impression procédait des commentaires que pouvait faire Lugan sur son compte.

En fait, je pourrais donner comme exemple la tendance dans le cas du Rwanda à minimiser les différences ethniques entre Hutus et Tutsis. Pour tout un courant historiographique Hutus et Tutsis seraient comparables à des classes sociales et ce serait la colonisation qui aurait poussé les uns et les autres à s'opposer. Jean-Pierre Chrétien semble par exemple représentatif de ce courant. Dans ce cas précis, j'ai tendance à voir dans cette analyse l'effet d'un biais idéologique niant le facteur ethnique.

J'avoue que je n'ai pas cependant une connaissance suffisamment approfondie de ces questions pour avoir une opinion tranchée sur les "torts" des uns et des autres. Je tente de me fier à mon esprit critique et à mon bon sens.

Je ne pouvais pas mettre en avant ces doutes ou nuance dans mon premier message, que je voulais assez court ;)

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Tout ce qu'on peut dire pour le moment c'est qu'en Libye, les islamistes ça ne manque pas, et la déstabilisation loin d'être finie.

Encore notre cher ami Bernard Lugan.

Les nouvelles images du lynchage du colonel Kadhafi qui commencent à être diffusées sur le net annoncent un « hiver libyen » plein de douceurs et de mièvreries.

Mais au-delà de la mort atroce de l'ancien chef de l'Etat libyen, quelle est la situation sur le terrain au moment où ces lignes sont écrites ?

Plus que jamais, le CNT ne représente que lui-même et c'est d'ailleurs pourquoi il demanda avec une grande insistance, mais en vain, que l'Otan maintienne sa présence. Ce pseudo gouvernement sait en effet qu'il porte un péché originel : celui d'avoir été mis en place par l'Otan, donc par les « impérialistes » et les « mécréants ». Ses lendemains vont donc être difficiles. D'autant que ses principaux dirigeants, tous d'anciens très hauts responsables de l'ancien régime et donc des « résistants de la dernière heure », commencent à être mis en accusation par certains de ces chefs de guerre qui détiennent désormais les vrais pouvoirs.

Le président du CNT, Mustapha Abd el Jalil, a déclaré que la charia serait désormais la base de la Constitution ainsi que du droit, que la polygamie, interdite sous Kadhafi, serait rétablie et que le divorce, autorisé sous l'ancien régime, était désormais illégal. Enfermé dans leur européocentrisme, les Occidentaux ont considéré que ces déclarations étaient « maladroites ». Leur erreur d'analyse était une fois de plus totale car ces propos à but interne étaient destinés à amadouer les milices islamistes auxquelles le pouvoir du CNT est suspendu. Pour mémoire, Mustapha Abd el Jalil, l'ami de BHL, était le président de la Cour d'appel de Tripoli qui, par deux fois, confirma la condamnation à mort des infirmières bulgares et en 2007, le colonel Kadhafi le nomma ministre de la Justice. En dépit de son passé kadhafiste, Abd el Jalid est pourtant respecté par certains islamistes car il est proche des Frères musulmans, mais son pouvoir ne dépasse pas son tapis de prière.

La Libye est en effet éclatée entre plusieurs zones contrôlées par des chefs de guerre jaloux de leur autonomie et prêts à s'entre-déchirer, comme en Somalie. Ces territoires ont tous une ouverture sur la mer et une profondeur vers l'intérieur pétrolier ou gazier, ce qui fait que, comme je le disais il y a déjà plusieurs semaines déjà, le pays est aujourd'hui découpé en « touches de piano ».

Benghazi est sous le contrôle de plusieurs milices islamistes, elles-mêmes éclatées en un grand nombre de petits groupes plus ou moins autonomes, mais c'est à Tripoli que se joue l'unité de la Libye.

Dans la capitale, le chef du CNT, Mustapha Abd el Jalid s'appuie sur le TMC (Tripoli Military Council) qui engerbe plusieurs milices islamistes pouvant mobiliser entre 8000 et 10 000 combattants. Le chef du TMC, originaire de Tripoli, est Abd el-Hakim Belhaj dit Abu Abdullah Assadaq. Ayant combattu en Afghanistan, ce partisan du califat supra frontalier fonda le Libyan Islamic Fighting Group dans les années 1990. Ayant fui la répression anti islamique du régime Kadhafi, il retourna en Afghanistan où il fut arrêté en 2004 puis remis à la police libyenne avant d'être libéré au mois de mars 2010, à la veille de l'insurrection de Benghazi. Durant la guerre civile, le TMC fut armé et encadré par les services spéciaux du Qatar et il reçut une aide « substantielle » de la part de certaines unités « spécialisées» de l'Otan. Ce fut lui qui prit d'assaut le réduit de Bab al-Aziya à Tripoli. Plusieurs autres milices islamistes se partagent la ville et n'acceptent pas le leadership reconnu au TMC par Mustapha Abd el Jalil. Pour encore compliquer l'embrouille locale, le 2 octobre, fut fondé le Tripoli Revolutionists Council ou TRC, par Addallah Ahmed Naker al-Zentani, originaire de Zentan mais indépendant des milices berbères de cette dernière ville.

A Misrata, les milices se considèrent comme l'élite des révolutionnaires et leur prestige est immense depuis qu'elles ont capturé le colonel Kadhafi. Ce furent certains de leurs hommes, gentils démocrates si chers aux médias français, qui lynchèrent et sodomisèrent vivant l'ancien guide et qui, comme « trophée », emportèrent son corps dans leur ville.Misrata est sous le contrôle du Misurata Military Council (MSR), qui engerbe plusieurs milices dont la principale est la Misurata Brigade. La situation est cependant confuse car les combattants sont divisés en plusieurs dizaines de groupes commandés par des chefs indépendants rassemblant au total plusieurs milliers d'hommes. A la différence du TMC, le MSR n'a pas besoin d'aide étrangère car il dispose d'énormes quantités d'armes pillées dans les arsenaux de l'ancienne armée. Les miliciens de Misrata ont une forte tendance à l'autonomie et ils ne semblent pas vouloir accepter de se soumettre au CNT. De plus, ils se méfient des originaires de Benghazi. Pour pouvoir espérer prendre le contrôle de la ville, le CNT devra donc, comme à Tripoli, s'appuyer sur certaines milices contre les autres, ce qui promet bien des « incidents ». Des tentatives de rapprochement ont été faites en direction de Salim Joha, chef de l'Union on Libya's Revolutionary Brigades, mais rien de concret ne s'est produit pour le moment. Le CNT pourrait également tenter d'amadouer Misrata en nommant Abdul Rahman Swehli Premier ministre, ce qui lui permettrait du même coup d'échapper à la main-mise des clans de Benghazi.

Autre zone ayant échappé au contrôle du CNT, le pays berbère de Zentan avec sa puissante milice ancrée sur djebel Nefuza. Ce furent les Berbères qui permirent l'assaut sur Tripoli en prenant à revers les forces de Kadhafi, opération préparée par les forces spéciales de l'Otan. Zentan est contrôlée par le Zentan Military Council (ZMC), dont les milices arborent le drapeau amazigh. Militairement, les milices berbères sont les mieux formées de toute la Libye, leurs cadres étant d'anciens officiers libyens. Les deux principales unités berbères sont la Zentan Brigade commandée par Muktar al-Akdhar et la Kekaa Brigade, chacune forte d'environ 1000 combattants. Ces milices ont refusé de quitter Tripoli en dépit des ordres du CNT, ce qui provoqua de graves tensions. Le 3 octobre, après un ultimatum du CNT, la Brigade Kekaa se livra même à une véritable tentative d'intimidation, paradant dans Tripoli et attirant la réplique des islamistes. La guerre civile fut alors évitée de justesse, mais ce n'est que partie remise.

Ceux qui, poussés par BHL, décidèrent d'intervenir en Libye et de s'immiscer dans une guerre civile qui ne concernait en rien la France, vont désormais porter la très lourde responsabilité des évènements dramatiques qui s'annoncent et qui vont se dérouler à quelques heures de navigation de nos côtes.

Bernard Lugan

29/10/2011

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Les nouvelles images du lynchage du colonel Kadhafi qui commencent à être diffusées sur le net annoncent un « hiver libyen » plein de douceurs et de mièvreries.

Arrêté de lire après cette phrase à la con.

(Sinon, rappelons, que pour l'instant, Lugan a réussi un sans faute : depuis le début du Printemps arabe, il a toujours tapé à côté de la plaque.)

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(Sinon, rappelons, que pour l'instant, Lugan a réussi un sans faute : depuis le début du Printemps arabe, il a toujours tapé à côté de la plaque.)

Il faut être de mauvaise foi pour dire cela, la situation en Libye lui donne raison entièrement, lire toutes ses chroniques depuis le début du conflit. En Tunisie et en Egypte c'est beaucoup trop tôt pour en parler.

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. Pour tout un courant historiographique Hutus et Tutsis seraient comparables à des classes sociales et ce serait la colonisation qui aurait poussé les uns et les autres à s'opposer. Jean-Pierre Chrétien semble par exemple représentatif de ce courant.

JP Chrétien tombe dans le piège de beaucoup, celui qui consiste à apporter à un fait une explication mono-causaule. Le génocide au Rwanda est la résultante d'un ensemble de faits historiques, ou non, qui tiennent autant du social, de l'économie, de la politique, du colonialisme, du pré-colonialisme et du post-colonialisme avant d'être résumé à un machin-truc ethnique, idée fourre tout par excellence, puisque ses contours sont tellement flous qu' on peut y foutre n'importe quoi (mais uniquement en Afrique, ou ailleurs "chez les autres", personne n'osera affirmer que les problèmes belges sont ethniques).

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Arrêté de lire après cette phrase à la con.

(Sinon, rappelons, que pour l'instant, Lugan a réussi un sans faute : depuis le début du Printemps arabe, il a toujours tapé à côté de la plaque.)

Ben non, c'est le souk en Libye comme Lugan l'avait prédit (et pas mal d'autres, il faut l'avouer), on voit resurgir la division tribale que soulignait Lugan, on s'aperçoit que les populations musulmanes ont d'autres priorités que la classe politico-médiatique occidentale, etc…

Bref on est loin de la trame narrative que nous ont servi les médias selon laquelle un peuple se soulève unanimement contre son tyran.

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Je ne sais pas quelle partie de mon affirmation tu trouves contestable.

Merci de ta réponse détaillée. Je n'ai pas les connaissances, ni le temps de creuser la question mais j'ai surtout réagit à l'idée que le facteur ethnique puisse être ignoré délibérément pas les historiens et sociologues ce qui me semble contraire à une démarche scientifique. Maintenant, que ce facteur là soit pondéré parmi d'autres, sans être considéré comme majeur, c'est possible, le plus difficile c'est de s'approcher de la vérité en sciences sociales, et je te rejoint sur la nécessité de multiplier les sources.

Bref on est loin de la trame narrative que nous ont servi les médias selon laquelle un peuple se soulève unanimement contre son tyran.

Si les médias informaient correctement, ça se saurait. Faire l'actualité c'est un autre boulot apparement.

Et Lugan, comment s'informe t il ? Il se rend sur place, il a des sources d'information, est ce qu'il fait un véritable travail scientifique ou bien c'est juste un blogueur qui a des fans ?

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Si les médias informaient correctement, ça se saurait. Faire l'actualité c'est un autre boulot apparement.

Et Lugan, comment s'informe t il ? Il se rend sur place, il a des sources d'information, est ce qu'il fait un véritable travail scientifique ou bien c'est juste un blogueur qui a des fans ?

c'est un historien africaniste qui a écrit pas mal de livre sur l'afrique et vécu là bas (au rwanda je crois)

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JP Chrétien tombe dans le piège de beaucoup, celui qui consiste à apporter à un fait une explication mono-causaule. Le génocide au Rwanda est la résultante d'un ensemble de faits historiques, ou non, qui tiennent autant du social, de l'économie, de la politique, du colonialisme, du pré-colonialisme et du post-colonialisme avant d'être résumé à un machin-truc ethnique, idée fourre tout par excellence, puisque ses contours sont tellement flous qu' on peut y foutre n'importe quoi (mais uniquement en Afrique, ou ailleurs "chez les autres", personne n'osera affirmer que les problèmes belges sont ethniques).

Non, c'est Jean-Pierre chrétien qui affirme qu'il n'y avait pas d'ethnie au Rwanda et que le problème avait été fabriqué par les belges (1)

Comme tu te montres sceptique par rapport à une causalité ethnique je vais tenter d'expliquer rapidement ce que j'entends par là.

On peut constater que les hommes ne sont ni pleinement altruiste, ni pleinement égoïste, la sélection naturelle ayant retenu un équilibre entre ces deux caractéristiques. On peut ajouter à ces deux tendances une troisième tendance intermédiaire consistant à s'identifier à un groupe humain s'opposant à d'autres groupes humains (que ces groupes soient une petite communauté de chasseur cueilleur, des tribus, des ethnies, des nations ou des civilisations).

La troisième tendance existe mais cela ne veut pas dire qu'elle soit exclusive et que les hommes en sont nécessairement prisonniers. Elle s'exercera plus ou moins fortement selon les circonstances économiques, historiques etc.

La présence de deux ethnies sur un territoire comme au Rwanda n'est pas suffisante en elle-même pour déclencher un conflit entre elles. Il faut évidemment un évènement déclencheur, des circonstances propices (souvent d'ordre économique selon moi). Il n'empêche que bien souvent les conflits opposent des groupes préalablement identifiés. C'est donc un facteur de risque important a priori.

Ce qui me semble excessif dans la thèse défendue par JP Chrétien est l'idée que les occidentaux pourraient fabriquer presque de toute pièce les conditions d'un conflit ethnique. Qu'ils puissent allumer l'étincelle qui fera exploser le baril de poudre je veux bien, mais qu'ils apportent le baril de poudre en plus, cela me laisse dubitatif.

Ceci dit, je suis bien d'accord avec toi sur le fait que le facteur ethnique n'est pas en lui-même une explication suffisante.

La thèse de l'origine extérieure des différences ethniques au Rwanda me semble au final relever d'un biais de nature à ignorer ce facteur. J'en avais conclu peut-être un peu rapidement que l'historiographie contemporaine avait tendance à ignorer ce facteur alors que Lugan ramenait tout à lui. Il me faudrait davantage d'exemple pour confirmer la première partie de l'affirmation. Concernant Lugan, je pense avoir davantage d'éléments.

(1) Je parle de mémoire et il est possible que je caricature, n'ayant pas envie de faire un travail de recherche. Sur ce point désolé de citer wikipedia (ethnisme au rwanda) : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ethnisme_au_Rwanda

J'en reviens au Moyen-orient…

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Comme tu te montres sceptique par rapport à une causalité ethnique je vais tenter d'expliquer rapidement ce que j'entends par là.

Merci beaucoup pour ces deux posts successifs.

Comme quoi, une réponse plus longue et étayée est préférable !

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Il faut être de mauvaise foi pour dire cela, la situation en Libye lui donne raison entièrement, lire toutes ses chroniques depuis le début du conflit. En Tunisie et en Egypte c'est beaucoup trop tôt pour en parler.

Bien sûr, on ne peut pas savoir comment évolueront les pays de la révolution arabe et il y a sans doute des facteurs de désagrégation en eux.

Simplement il me semble avoir lu d'ores et déjà des affirmations fort contestables de Lugan concernant ces trois pays :

1°) Sur la Tunisie le fait que les troubles s'expliqueraient par une situation anarchique et non par des milices bénalistes. Dans ce cas, la Tunisie devrait être en situation de quasi guerre civile à l'heure actuelle. Ce sera peut-être le cas bientôt entre laïques et islamistes notamment mais ce n'est pas le cas pour l'instant.

2°) Sur la Lybie, Lugan affirme que le CNT ne représente que lui-même et que ce qui caractérise la situation Lybienne est la division. Dans ce cas comment expliquer que le CNT a été tout proche de prendre Tripoli avant toute intervention de l'Otan ? Pas mal pour une armée non gouvernementale non entrainée, mal équipée et divisée.

3°) Sur l'Egypte, il nous expliquait qu'entre les révolutionnaires de la place Tahrir et les islamistes, il y avait une troisième tendance au moins aussi importante dans la population qui soutenait Moubarak. Je ne m'explique pas qu'avec un soutien populaire aussi fort, l'armée l'ait lâché.

On peut être sceptique sur la situation de ces pays et ne pas être convaincu par Lugan (qui se montre plus intéressant en d'autres occasions).

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en Libye, les islamistes ça ne manque pas

Qu'est-ce que tu entends par islamiste?

Il faut être de mauvaise foi pour dire cela, la situation en Libye lui donne raison entièrement, lire toutes ses chroniques depuis le début du conflit. En Tunisie et en Egypte c'est beaucoup trop tôt pour en parler.

Tu devrais reprendre ses écrits, je l'ai fait pour l'un d'entre eux plus haut, Lucilio a raison Lugan a presque tout faux.

Ben non, c'est le souk en Libye comme Lugan l'avait prédit (et pas mal d'autres, il faut l'avouer), on voit resurgir la division tribale que soulignait Lugan, on s'aperçoit que les populations musulmanes ont d'autres priorités que la classe politico-médiatique occidentale, etc…

Comment se contredire dans la même phrase : il y a des divisions tribales en Libye, mais le peuple libyen a des priorités que tu sembles avoir identifié. Encore plus fort que tout le monde, yiggles sait sonder les âmes des peuples musulmans.

Bref on est loin de la trame narrative que nous ont servi les médias selon laquelle un peuple se soulève unanimement contre son tyran.

Manifestement tu n'as pas lu les journaux, toute personne un peu sérieuse a parlé du risque tribal en Libye, et son inexistence dans les autres pays.

Voir ceci : Lugan a eu tout faux sur la Tunisie.

Lugan se trompe sur l'état économique de la Libye

Je continue?

Je vous conseille à tous, d'une façon générale, de ne jamais boire les paroles de quelqu'un, de ne pas considérer un texte juste parce qu'il fait écho à vos préjugés.

Ainsi, la propagande de Ben Ali ayant très bien marché ("moi ou le chaos islamiste"), elle est parvenue à s'infiltrer jusque sur ce forum.

Un truc de ouf. La Tunisie, donc, si j'ai bien compris le début de ce fil, est supposée virer vers un régime à la saoudienne. Nous allons voir. Manque de pot, le sujet de la Tunisie me tient à coeur, et j'ai une très bonne mémoire. Je saurai rappeler aux intéréssés leur prévision foireuses, assénées avec un aplomb hallucinant.

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Bien sûr, on ne peut pas savoir comment évolueront les pays de la révolution arabe et il y a sans doute des facteurs de désagrégation en eux.

Simplement il me semble avoir lu d'ores et déjà des affirmations fort contestables de Lugan concernant ces trois pays :

1°) Sur la Tunisie le fait que les troubles s'expliqueraient par une situation anarchique et non par des milices bénalistes. Dans ce cas, la Tunisie devrait être en situation de quasi guerre civile à l'heure actuelle. Ce sera peut-être le cas bientôt entre laïques et islamistes notamment mais ce n'est pas le cas pour l'instant.

2°) Sur la Lybie, Lugan affirme que le CNT ne représente que lui-même et que ce qui caractérise la situation Lybienne est la division. Dans ce cas comment expliquer que le CNT a été tout proche de prendre Tripoli avant toute intervention de l'Otan ? Pas mal pour une armée non gouvernementale non entrainée, mal équipée et divisée.

3°) Sur l'Egypte, il nous expliquait qu'entre les révolutionnaires de la place Tahrir et les islamistes, il y avait une troisième tendance au moins aussi importante dans la population qui soutenait Moubarak. Je ne m'explique pas qu'avec un soutien populaire aussi fort, l'armée l'ait lâché.

On peut être sceptique sur la situation de ces pays et ne pas être convaincu par Lugan (qui se montre plus intéressant en d'autres occasions).

Voilà, il a tout faux, c'est un spécialiste de l'Afrique subsaharienne à la base.

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Hier soir, café liberté consacré aux élections en Tunisie, avec un exposé de Habib Saya.

Il a d'abord présenté l'origine des principaux mouvements politiques Tunisiens sous la dictature : Ennahdha, largement réprimé, le mouvement perspective (proche du communisme). Il a poursuivi par une présentation des principaux partis candidats à ces élections, leur thèmes de campagne, leur idéologie, leur financement (avec parfois des contradictions entre ces éléments).

L'échec des partis non islamistes, majoritaires au total, s'explique en grande partie par leurs divisions et par une campagne parfois axée autour d'un laïcisme trop agressif qui a permis à Ennahdha, en retour de faire campagne contre le danger de l'athéisme.

Il a ensuite présenté les perspectives d'évolution pour la Tunisie.

Au final, cet exposé a plutôt renforcé mes inquiétudes.

Tout d'abord, Habib Saya n'est pas un islamophobe, il croit à la possibilité d'un Islam libéral qui a une véritable tradition en Tunisie. Il a commencé son exposé en disant que les titres de la presse française "vague verte en Tunisie", "Allah sort des urnes" procédaient d'exagération. Mais au cours de l'exposé il a été clair sur le fait que la modération dont pouvait faire preuve Ennahdha était stratégique et non constitutive de son identité politique.

Un des principaux dirigeants d'Ennahdha (malheureusement je ne me souviens pas des noms propres cités) avait été interrogé par un journaliste en février. Le dirigeant avait répondu qu'Ennahdha n'était pas favorable à l'application de la Charia en ajoutant "les Tunisiens ne sont pas prêts". Réponse particulièrement ambigüe et le journaliste ne s'en était pas contenté. En insistant avec un acharnement particulier, il avait obtenu une réponse claire de la part de ce dirigeant : " à terme nous sommes pour l'application de la charia et des châtiments corporels. "

Après l'exposé d'Habib Saya, des intervenantes d'origine Tunisienne (qui n'étaient pas venues ensemble, me semble-t-il) ont présenté des faits de nature à justifier leur inquiétude quant à l'avenir de leur pays de naissance. Sur le terrain Ennahdha, au moins dans certains quartiers, a utilisé des méthodes d'intimidation pour faire voter en sa faveur comme par exemple exiger de certaines personnes qu'elles leur présentent le numéro de leur carte d'identité pour pouvoir leur dire : "nous saurons si tu as voté pour nous". Bien sûr, Ennahdha n'a aucun moyen en pratique de savoir pour qui votent les gens mais, sur des personnes qui n'ont jamais voté, et parfois illettrées, ces méthodes peuvent rencontrer un certain succès.

En gros, il est clair qu'Ennahdha ne va pas mettre en oeuvre du jour au lendemain une politique islamiste dont les gens ne veulent pas mais il cherchera probablement à tester la tolérance de la population et à profiter au maximum des capacités de ses militants sur le terrain à un imposer un ordre islamiste (port du voile notamment).

D'autres liborgiens ayant assisté à cet exposé, ils pourront en présenter ce qu'ils en ont retenu si leur interprétation diverge de la mienne. :)

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Cette personne s'est-elle elle-même présentée aux élections?

Je cite la présentation du café liberté :

Cette séance se tiendra comme à notre habitude le lundi à 20h30 au café Le Luxembourg, 58 bd St Michel, 75006 paris (croisement avec la rue Mr le prince, M° Luxembourg).

La séance aura pour thème les récentes élections tunisiennes.

Nous aurons l'honneur de recevoir Habib SAYAH, jeune responsable associatif libéral et candidat de la liste Sawt Mostakel à l'Assemblée Constituante dans la circonscription « France 1 » aux élections tunisiennes, dont la récente interview pour le think-tank italien Libertiamo a été reprise par le magazine libéral français Contrepoints.

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Au final, cet exposé a plutôt renforcé mes inquiétudes.

Sentiment assez partagé. L'orateur avait l'intention première de contester l'image véhiculée par les médias français d'un raz de marée islamique. Seulement une fois la présentation faite et les échanges entre connaisseurs de la situation partagés (Chitah : je crois que seul Habib s'est présenté sur une liste indépendante), j'ai eu l'impression que la Tunisie n'est pas sortie de l'auberge.

Trois raisons principales (et vérifiables) m'inquiètent : Ennahada est un parti islamique qui a visiblement l'intention à plus ou moins long terme de changer radicalement la société tunisienne.

Deuxièmement, force est de constater que Washington voit d'un très bon oeil l'arrivée des islamistes à la tête du pays, qui ont l'avantage d'être beaucoup moins sous la coupe de Paris que les dirigeants précédant (et correspond à un changement de comportement relativement récent vis à vis des Frères musulmans tout comme en Egypte).

Troisièmement, les partis laïques susceptibles de faire contrepoids à Ennahdha en représentant les secteurs de la société civile les plus avancés se sont pris une taule. Il y a là occasion de se défaire à mon avis d'une comparaison égarante, celle faite entre société turque et société tunisienne, Ennahdha et AKP. Pour tempérer la peur du vert, certains ont pris l'exemple de l'akp turque pour faire de la formation tunisienne une sorte d'islamo-conservatisme semblable. Seulement le plein développement d'une forme conservatrice (et non fondamentaliste) du parti islamiste réside pour l'essentiel dans le poids de l'armée dans la société turque, qui est à la fois énorme, admis et garante de la laïcité du pays depuis la mort de Kémal. Je me demande s'il existe de tels contrepoids organisés au sein de la société tunisienne pour gêner l'entreprise du nouveau parti au pouvoir (je garde à l'esprit que l'armée et la police ne bénéficient pas de la même aura -c'est le moins qu'on puisse dire- dans le pays). Je l'espère et je le pense, mais les choses ne vont pas en s'améliorant avec le nouveau pouvoir. Je laisse maintenant la parole aux plus compétents.

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Je n'ai jamais accroché à Charlie Hebdo, rarement trouvé ça drôle, plutôt un journal trivial et vulgaire.

Sans doute à peu près autant que certains barbus…

mais eux n'essayent pas de nous faire rire.

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Je l'achète régulièrement, pour les dessins essentiellement, ainsi que pour l'excellent Wolinsky. En général je suis en désaccord avec le contenu, dont les analyses économiques de Bernard Maris mais bon ils s'inscrivent dans une tradition bien française de la satyre.

Ceci dit, impossible d'en trouver un en kiosque aujourd'hui - sold out - .

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En apprenant que Charlie Hebdo avait brûlé, j'ai d'abord rigolé. C'est assez notable, parce que c'est bien la première fois que ce torchon de sous-doués me faisait rire. Et puis je me suis repris. Et j'ai ri encore. Je dois avoir un mauvais fond <–<

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